mercredi 31 mai 2023

La quotidienne centriste du 31 mai 2023. Morale et politique, le couple impossible?

Le débat sur les arguments moraux ou politiques pour critiquer les extrêmes est vieux comme… la politique! Pour certains, la morale n’a rien à faire dans la politique pendant que d’autres estiment au contraire qu’une politique sans morale est dangereuse pour les valeurs humanistes.

De Platon à Machiavel en passant par Aristote, Montaigne, Kant, Hegel, Weber et d’autres, le débat sur la place de la morale dans la politique a divisé les philosophes.

Morale, vertu, légitimité, efficacité sont, pour certains liées, pour d’autres doivent être séparées.

On peut faire le constat avec Hannah Arendt:

«La véracité n'a jamais figuré au nombre des vertus politiques, et le mensonge a toujours été considéré comme un moyen parfaitement justifié dans les affaires politiques.»

Ou on peut espérer avec Albert Camus:

«Nous sommes décidés à supprimer la politique pour la remplacer par la morale. C'est ce que nous appelons une révolution.»

Quant au soi-disant «recadrage» de Borne par Macron, si on lit des propos rapportés, le président de la république estime que les arguments moraux ne sont «plus» et non «pas» efficaces dans la lutte contre l’extrême-droite et que ceux qui votent pour le RN n’ont pas, pour la plupart, l’impression d’être des fascistes.

Rien de nouveau, c’est une évidence avec la montée de l’extrême-droite dans le monde entier, les arguments moraux et la diabolisation ne donnent guère des résultats à la hauteur de l’enjeu.

Décrédibiliser avec faits et preuves que le projet de l’extrême-droite est un danger tant au niveau de le liberté, de l’égalité et de la fraternité qu’en matière économique, sociale, sociétale et internationale, voilà ce que propose Macron.

Aucune bienveillance évidemment avec l’extrême-droite et le RN, juste une stratégie qui prend acte du peu d’efficacité de la stigmatisation morale.

Croire en effet que de comparer Le Pen à Pétain lui fera perdre des voix est sans doute malheureusement un peu naïf tant la décomplexion de ses électeurs est désormais un acquis.

Pour autant, sans doute également, il ne faut pas se passer de l’argument moral parce qu’il est important de montrer d’où viennent les mouvements extrémistes, quels sont leurs valeurs et de qui ils se revendiquent.

En cela, Borne n’a pas tort.

Et donc, avec Macron et Borne, partager le point de vue d’André Malraux:

«On ne fait pas de politique avec de la morale, mais on n'en fait pas davantage sans.»

 

 

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]

 

mardi 30 mai 2023

Propos centristes. France – Lutte contre la pollution plastique / Immigration / Respect de la Constitution / Lutte contre la fraude sociale / Lutte contre la désinformation sur les réseaux sociaux…

Voici une sélection, ce 30 mai 2023, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Déclaration lors de la deuxième session du comité intergouvernemental de négociations pour un traité sur la pollution plastique.]
Lors de la 5ème Assemblée des Nations unies pour l’environnement à Nairobi, l’an dernier, près de 170 pays ont décidé d’avancer ensemble vers l’adoption d’un nouveau traité international sur la pollution plastique. 
Après une première session en Uruguay, vous êtes aujourd’hui près de 1000 négociateurs, issus de 175 pays, à nouveau réunis à Paris, au siège de l’UNESCO, pour travailler à cet objectif. Je m’en réjouis, car c’est un objectif majeur. 
La pollution plastique est un fléau à l’échelle planétaire, dont nous commençons seulement à appréhender les conséquences. 
- Sur le plan du changement climatique : à trajectoire constante, le secteur plastique émettra 56 milliards de tonnes de CO2 par an d’ici 2050, soit 10% environ du budget carbone restant pour tenir les 1,5°C selon le GIEC. 
- Sur le plan de la biodiversité, le plastique pollue massivement nos océans, nos rivières, nos littoraux. Il est encore plus présent dans nos sols, et il asphyxie le vivant, avec des dégâts majeurs sur la faune comme sur la flore. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis la moitié du siècle dernier, nous avons rejeté plus de 7 milliards de tonnes de plastique dans la nature.
- Sur le plan de la santé humaine, enfin, nous commençons à peine à dévoiler l’étendue des dégâts liés à l’ingestion ou à l’inhalation quotidienne de milliers de particules de plastiques par chaque individu.
Alors aujourd’hui, il n’existe plus un seul lieu sur la planète qui soit exempt de pollution plastique. 
Et cette pollution s’accélère : si nous ne faisons rien, la génération de déchets plastique triplera encore d’ici 2060. La pollution plastique, c’est donc une « bombe à retardement » en même qu’un fléau déjà présent.
C’est notre devoir d’y mettre fin le plus vite possible. 
Nous avons pour cela besoin d’un cap clair. Ce cap, nous l’avons réaffirmé lors du G7 d’Hiroshima il y a une semaine : nous devons mettre fin à la pollution plastique d’ici 2040 au plus tard. 
Ce chantier est immense, et pour y parvenir cela demande une action résolue dès maintenant. 
Pour réussir, ce sont tous nos modes de consommation et de production qu’il va falloir changer. 
La France à cet égard prend d’ores et déjà ses responsabilités, notamment avec la loi contre le Gaspillage et pour l’économie circulaire dite « AGEC », adoptée en 2020. Nous avons déjà pris à ce titre de nombreux engagements : 
- La fin du plastique à usage unique en ciblant en priorité les produits les plus rejetés dans l’environnement. Et bonne nouvelle, cela fonctionne. En quelques années, les consommateurs comme les industries ont adopté des solutions. C’est la preuve qu’on peut prendre des mesures ambitieuses et développer un agenda de solution. Il faut le planifier, il faut donner de la visibilité, changer les comportements et aider à s’adapter.
- L’amélioration de la récupération, du recyclage et du réemploi : la France est ainsi le premier pays au monde à avoir généralisé la vaisselle réutilisable dans la restauration rapide. 
- Le soutien à l’éco-conception.
- L’interdiction de certains produits qui rejettent des micro-plastiques. Là aussi, nous avons développé des solutions technologiques, en partenariat avec les industriels, afin de réduire drastiquement ces pollutions. 
L’Europe accélère aussi ses engagements.
De nombreux autres Etats à travers le monde agissent. Je salue en particulier le leadership de pays pionniers en Afrique, comme le Rwanda, qui a interdit les sacs en plastique dès 2008, ou encore le Kenya comme l’Afrique du Sud.
Mais au-delà des approches nationales sur lesquelles je voulais revenir pour montrer les exemples très concrets, si nous voulons accélérer et tenir le cap, nous avons besoin d’un cadre international qui nous permette d’agir sur le plastique à l’échelle de son cycle de vie complet. 
Ce cadre commun est crucial, tout simplement parce que la pollution plastique ne s’arrête pas aux frontières. 
Ainsi, nous savons qu’il nous faudra investir dans les solutions de traitement et de recyclage partout dans le monde, si nous voulons éviter que la croissance démographique et économique des pays en développement se traduise demain par une pollution plastique massive de l’océan et de l’air. 
Nous savons aussi qu’il nous faudra coopérer pour trouver des voies de transition qui soient justes et qui se traduisent par la création de nouvelles opportunités.
Cela signifie d’abord qu’il nous faut définitivement mettre fin à un modèle globalisé et insoutenable qui consiste à produire le plastique en Chine ou dans les pays de l’OCDE, pour ensuite l’exporter sous forme de déchets vers les pays en développement, qui sont pourtant moins bien équipés en systèmes de traitements de déchets. Aujourd’hui, nous extrayons du pétrole pour produire du plastique que nous brûlons ou que nous enterrons quelques mois après. C’est un non-sens économique et écologique.
Cela signifie aussi que nous devons innover, d’une part pour développer de nouvelles chaînes de valeur qui permettent de compenser la disparition de ce plastique qui nous était devenu indispensable dans tant de domaines. D’autre part, pour que la fin de la pollution plastique soit créatrice de valeur : avec le tri, le recyclage, le réemploi qui permettent de développer des activités économiques porteuses d’emploi et de richesse. 
Sur tous ces sujets, nous sommes interdépendants. C’est pourquoi nous avons besoin d’un traité international, qui soit juridiquement contraignant. Ce traité, c’est ensemble qu’il nous faut le construire.
Il doit nous permette d’avancer sur plusieurs objectifs fondamentaux.
L’objectif premier doit être de réduire la production de nouveaux plastiques, et d’interdire dès que possible les produits plus polluants – comme les plastiques à usage unique – et les plus dangereux pour la santé. 
Nous devons aussi nous fixer des cibles précises sur le recyclage, car aujourd’hui, il faut reconnaitre que nous ne sommes pas performants. 15% du plastique seulement est recyclé à l’échelle mondiale. 100% des plastiques mis sur le marché doivent demain être entièrement recyclables : c’est le meilleur moyen d’éviter qu’ensuite ces plastiques se transforment en déchets.
Il nous faut aussi nous donner les moyens d’innover plus fort, et plus vite, pour substituer au plastique des alternatives réellement écologiques, inventer de nouveaux modes de production et de consommation, y compris en passant par le réemploi. Cela passe aussi par une régulation et des incitations plus fortes vis-à-vis du secteur privé pour passer de l’économie linéaire à l’économie circulaire. 
Enfin, nous devons mieux partager les solutions, les technologies, et assurer une solidarité vis-à-vis des pays les plus pauvres. 
Ce projet que je viens de décrire à grands traits, est un projet historique. 
Il s’inscrit dans la lignée du cadre de Kunming-Montréal sur la biodiversité, et de l’accord sur la biodiversité en haute-mer (BBNJ). Il s’agit au fond de poser les briques d’un nouveau droit international de l’environnement, qui doit nous permettre de construire demain une mondialisation plus juste, qui protège la nature, et qui encourage l’innovation au service de la planète, plutôt qu’elle ne la détruit. 
Pour cela, il n’y a pas de temps à perdre. L’objectif doit être d’aboutir à un texte agréé d’ici la fin de l’année 2024, un an avant la conférence des Nations unies sur l’Océan à Nice. 
Alors pour cela, il nous faut faire preuve d’audace et d’ambition. Oser bousculer et transformer en profondeur nos modes de production. C’est cela qui est au cœur de vos négociations. 
Je ne serai pas plus long. La France est heureuse d’accueillir le deuxième cycle de négociations pour ce traité majeur. Vous pouvez compter sur notre détermination, comme je compte sur votre engagement. 
A nous de faire de cette nouvelle étape un jalon décisif. 
Alors je souhaite bon courage aux négociateurs. Je veux leur dire que nous serons là pour pousser et poursuivre leurs travaux, et aller au bout de ce combat essentiel, pour changer les modes de production, les comportements afin de sauver notre planète. 

> La France et la Turquie ont d'immenses défis à relever ensemble. Retour de la paix en Europe, avenir de notre Alliance euro-atlantique, mer Méditerranée. Avec le Président Erdogan, que je félicite pour sa réélection, nous continuerons à avancer.

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Catherine Colonna (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> Je salue la résilience de notre Ambassade en Ukraine, qui travaille admirablement dans des conditions extrêmement difficiles. Fière de vous tous !

> Hier nous avons condamné la vague de frappes russes contre l'Ukraine, la quatorzième attaque du mois de mai sur la capitale. Nous condamnons pareillement celle de cette nuit, la quinzième.

> La France est attractive : savez-vous que 400.000 étudiants étrangers viennent étudier dans notre pays?

 

Olivier Dussopt (ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion)
> Il y a la fraude aux allocations dont on parle souvent mais le plus gros c'est la fraude à la déclaration.

> [Proposition de loi du groupe Liot] C'est une proposition de loi qui est inconstitutionnelle et irresponsable.

 

Christophe Béchu (ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires)
> Alors que les négociations pour mettre fin à la pollution plastique débutent à Paris, sur le sommet de l’Himalaya, des explorateurs ont retrouvé plus d'une tonne de déchets plastiques. Gourdes, tentes… une triste illustration du combat que nous menons.

 

Jean-Christophe Combe (ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées)
> Frauder, c’est voler. Renoncer à ses droits parce que c’est trop compliqué, c’est l’échec du système. Avec le plan anti-fraude, la solidarité à la source et France Travail, nous réformons la protection sociale. 2 objectifs : accès au juste droit et efficacité.

 

Isabelle Rome (ministre déléguée chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Egalité des chances)
> Ça suffit ! Non, un homme qui sème la terreur sur sa famille n’est pas un bon père. Une femme victime de violences doit être protégée dans l’immédiat. Les magistrats doivent être mieux formés pour mieux évaluer le danger, c’est le sens de nos travaux avec le ministère de la Justice.
- ordonnance de protection immédiate en 24h
- mise en place de pôles spécialisés dans chaque juridiction
- formation renforcée des magistrats et des professionnels de première ligne
- prise en compte du contrôle coercitif pour mieux évaluer le danger en amont.

> En France, 4 millions de femmes et 44% des jeunes sont concernées par la précarité menstruelle.
Permettre dignité et accès à la santé pour toutes est une priorité du gouvernement avec le plan Toutes et tous égaux.
-
Remboursement des protections périodiques réutilisables pour les jeunes jusqu’à 25 ans à compter de 2024.
- Doublement du budget dédié à la lutte contre la précarité menstruelle pour financer les projets portés par les associations.
- Poursuivre l’installation de distributeurs de protections périodiques dans les établissements du secondaire en partenariat avec les collectivités.
- Amplifier les actions de sensibilisation sur l’hygiène menstruelle pour briser le tabou des règles.

 

Gabriel Attal (ministre délégué chargé des Comptes publics)
> La fraude sociale comme la fraude fiscale, est une forme d’impôt caché sur les Français qui travaillent. (…) Les fraudes sociales sont estimées entre six et huit milliards par an par la Cour des comptes.(…) L’objectif, atteindre les trois milliards d’euros redressés. C'est un chantier à dix ans pour lequel je fixe une première étape :en 2027, nous aurons deux fois plus de résultats qu'en 2022.

> Dès le 1er juillet prochain, il n’y aura « plus de versement d’allocations sociales sur des comptes bancaires étrangers hors Union européenne. Puis, au 1er janvier 2024, les fraudeurs payeront 10 % de pénalité en plus, correspondant aux frais de dossier.

> Il est hors de question que les Français payent pour la fraude de ceux qui trichent.

 

Roland Lescure (ministre délégué chargé de l’Industrie)
> L’État a sauvé le cinéma pendant la pandémie. Le CNC est financé par des taxes, assises sur les recettes du cinéma. Le système unique au monde des intermittents permet aussi un soutien public. Pas très néolibéral. Et c’est très bien ainsi! Soyons en fiers.

 

Jean-Noël Barrot (ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications)
> [Désinformation] Nous allons faire rentrer les réseaux sociaux dans une ère de responsabilité.

> À partir du 25 août prochain, de nouvelles règles s'appliqueront aux plateformes en matière de modération et de lutte contre la désinformation. Si Twitter ne s'y conforme pas, il s’exposera à des sanctions pouvant aller jusqu’à son blocage dans l’UE. (…) Si Twitter ne lutte pas contre la désinformation, il ne sera plus le bienvenu.

> [Cyberharcèlement] Il faut bannir comme on le fait avec l'interdiction de stades pour les hooligans, celles et ceux qui, à répétition, se livrent à des à des actions de cyberharcèlement.

> [Cyberharcèlement] Dès la rentrée prochaine, tous les élèves de sixième dans notre pays se verront dispenser un passeport numérique qui les éduquera aux risques et aux bonnes attitudes à adopter en ligne lorsque l’on est témoin ou victime de cyberharcèlement.

> [Majorité numérique] l'autorisation parentale pour s'inscrire sur les réseaux sociaux s'appliquera dans les mois qui viennent.

> La fraude sociale est un impôt sur les Français qui travaillent. L’État va engager des moyens exceptionnels de lutte contre les fraudes sociales et fiscales, afin de mettre fin, une bonne fois pour toute, aux injustices. C’est tout le sens du plan présenté.

> Nous ne pouvons pas nous enfermer dans des décennies de dépendance technologique. L'Europe doit impérativement développer ses propres modèles d’intelligence artificielle. S'il faut évidemment encadrer l'IA, à ce stade la position du Parlement européen est excessive.

> [Sites pornographiques] Les chiffres publiés par l'Arcom sont terrifiants. Les sites ne vérifient pas l'âge de leurs utilisateurs. Ils nous disent qu'ils ne peuvent pas, mais en réalité, ils le peuvent. Mais ils ne veulent pas.

 

Clément Beaune (ministre délégué chargé des Transports)
> Du flan, du « green-washing », une mascarade… ou au contraire une stigmatisation absurde de l’avion !
Si vous êtes nombreux à avoir salué la suppression des vols intérieurs quand il existe une alternative en train de moins de 2h30, je sais que beaucoup s’interrogent sur sa pertinence ou son impact. Non, ce n’est pas du flan ! Oui, c’est une première ! Évidemment, il faut faire plus.
Pourquoi le faire ? C’est une idée issue de la Convention citoyenne pour le climat, qui voulait aller plus loin (liaisons de 4h). Elle a fait l’objet de longues discussions et d’étapes juridiques indispensables avec la Commission européenne (car c’est une dérogation aux règles européennes, la France est la seule à le faire et nous sommes dans un espace commun de libre circulation) ou le Conseil d’Etat (conciliation avec d’autres grandes libertés, comme celle d’aller et venir).
Depuis mardi, le décret est là. Anticipant l’interdiction, les lignes visées ont déjà fermées. Mais elles n’ont pas fermé par l’opération du Saint-Esprit… elles ont fermé car cette interdiction formelle arrivait. Cela montre que cette règle est efficace, pas l’inverse! Et ça veut dire aussi qu’aucune compagnie (notamment « low cost ») ne peut rouvrir une liaison à l’avenir sur ces lignes.
3 lignes sont donc fermées : Nantes-Orly, Lyon-Orly, Bordeaux-Orly. Ce sont plusieurs milliers de vols en moins. Sur ces trajets, cela veut dire une division par 40 des émissions de CO2.
Oui, les lignes entre ces villes et l’aéroport parisien de Roissy sont maintenues, soit parce que le temps de trajet dépasse 2h30, soit pour assurer des correspondances régulières avec des vols internationaux. Fallait-il les fermer maintenant ? Cela aurait été difficile juridiquement, mais surtout cela reviendrait à priver ces métropoles, par rapport à Paris, de connexions internationales essentielles à leur vie économique, à l’emploi local.
On ne fait pas une politique de transports de / pour Paris seulement. Faut-il aller plus loin? Oui! Ne soyons pas la caricature de notre bel esprit français : ne dénigrons pas, ne méprisons pas, engrangeons et avançons !
D’abord, la liste des alternatives ferroviaires en 2h30 sera revue tous les 6 mois. Ensuite, le décret vaut pour 3 ans : on pourra être plus exigeant au fur et à mesure, en augmentant la durée prise en compte (au moins 3h par exemple) ou en restreignant les critères actuels.
Donc, clairement, d’autres lignes seront fermées.
Les mêmes critiques ou leurs opposants (dénonçant une « écologie punitive ») disent que l’essentiel n’est pas dans cette mesure-là. Bien sûr ! C’est pour cela qu’une politique écologique des transports doit être beaucoup plus large, complète et
cohérente.
En permettant d’abord le « report modal », des modes de transport polluants vers les moyens de transport propres. C’est le sens de l’investissement massif et inédit annoncé dans le train (100 milliards € d’ici 2040), dont les premiers éléments se mettent en place.
Investissement dans le réseau ferroviaire, longtemps négligé (+50% de crédits annuels d’ici 2026) ; développement des « RER métropolitains » avec des projets engagés dès cette année dans plus de 10 métropoles ; un plan pour le fret ferroviaire augmenté, de plus de 4 milliards €.

En rendant aussi l’aviation elle-même plus propre - via l’innovation, soutenue par des moyens publics et nos champions industriels : déploiement des carburants durables avec des obligations européennes d’incorporation et une filière de production française en cours de développement, réduction massive de la consommation des moteurs (-20% d’une génération à l’autre), fixation de règles obligatoires « 0 émission » pour 2050, en France, dans l’Union européenne et désormais dans le monde (via un accord obtenu à l’OACI, engageant plus de 180 pays) en obligeant également à une réduction des usages, à la sobriété, tout de suite. C’est le sens de la régulation que j’ai engagée sur les jets privés notamment. Ils sont plus taxés depuis début 2023, ils le seront encore davantage en 2024.
Alors que nous étions seuls à porter cette volonté, 3 autres pays européens demandent désormais une régulation européenne - Pays-Bas, Autriche et Irlande. Le 1er juin se tient un Conseil des Ministres des Transports européens : nous convaincrons d’autres pays et nous avancerons.

 

Assemblée nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> L’interprétation de l'article 40 n’a pas à être politique. Il s'agit d'appliquer la loi telle qu'elle est et non telle qu'on voudrait qu'elle soit. Si Eric Coquerel remplit sa mission institutionnelle, il devrait déclarer la proposition de loi LIOT - ou tout du moins l'article 1 - irrecevable. (…)
J'entends dire que ce serait antidémocratique d'empêcher le vote. Il n'y a rien de plus démocratique que d'appliquer la loi.

> Lorsque vous êtes au volant et que vous n’avez pas tous vos moyens : vous êtes un danger public ! Il faut que la réponse pénale soit implacable.

> Quand on regarde l'histoire du Rassemblement national, on a des affinités avec l'héritage de Pétain.

 

Partis politiques

● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Stéphane Séjourné (Secrétaire général & président du groupe Renew Europe au Parlement européen)
>
Nous sommes très attachés à la liberté d’expression des artistes. Je me bats d’ailleurs sur le sujet au Parlement européen. J’ai entendu le message. Je regrette juste que Justine Triet n’ait pas eu un mot sur les conditions de travail des acteurs ou des réalisateurs partout dans le monde. C’est d’autant plus dommage que la réalisatrice hongroise en a parlé. En tant que responsable politique, mon rôle est de dénoncer les contrevérités et il y en a. La France est l’un des pays qui défend le plus le cinéma. Je me suis battu au Parlement européen pour que les plateformes contribuent à financer la création française. Justine Triet aurait pu rappeler que le régime spécial des intermittents, qui coûte 1 milliard d’euros par an, a été pérennisé. Au bout du compte, cette polémique est surtout révélatrice d’une forme de nombrilisme que nous pouvons avoir parfois en France. Mais il est temps de tourner la page. D’autant plus qu’il y a une volonté collective de relever d’autres défis.

> [Retraites] Le débat est faussé puisque la proposition de loi du groupe Liot est viciée. Elle est inconstitutionnelle. Elle n’aboutira pas. Si je reprends les articles de notre Constitution, je constate que les propositions formulées par amendement au Parlement ne sont pas recevables lorsqu’elles diminuent les ressources ou qu’elles aggravent la charge publique. Ces mots ne souffrent aucune ambiguïté. La PPL Liot est inconstitutionnelle, inutile et surtout inopérante. Son cheminement législatif n’aboutira en aucun cas à l’abrogation du texte sur les retraites. Nous avons affaire à un coup de communication.

> Je ne comprends pas les ambiguïtés de Charles de Courson. Il a fait partie de la campagne de Valérie Pécresse: il était même son conseiller politique. Dans son projet, il défendait la retraite à 65 ans. Je ne sais pas s’il a menti à la candidate LR ou s’il a menti à ses électeurs. Dans les deux cas, il n’y a aucune gloire à tirer de ce genre de reniement. Il y a même une forme de lâcheté à l’assumer.
> C’est à la présidente de l’Assemblée nationale de prévoir comment empêcher l’adoption de ce texte. En tant que chef de parti, j’échange au quotidien avec nos cadres, nos militants, nos parlementaires qui sont particulièrement courageux… Mon sentiment c’est qu’ils attendent que l’on ne dévoie pas nos procédures et notre Constitution. En tant que quatrième personnage de l’État, Yaël Braun-Pivet est garante des institutions et du bon fonctionnement de l’Assemblée nationale. Durant la réforme des retraites, elle a conduit les débats avec sérénité ce qui n’était pas évident. Avec une majorité relative, il a fallu interpréter les textes et innover. Mais là il n’en est pas question puisque la PPL de Liot est inconstitutionnelle. J’insiste: la proposition est irrecevable. Que ce soit en commission ou dans l’hémicycle, il faut soulever cette question. De toute façon, l’objectif politique de cette manœuvre n’est pas d’abroger la loi sur les retraites mais d’entretenir la contestation. Derrière, il y a la volonté de remobiliser la rue. Les oppositions veulent se refaire du muscle sur la réforme des retraites mais c’est un mauvais pari. C’est celui que fait Charles de Courson mais il n’aboutira qu’à renforcer l’extrême gauche et l’extrême droite.
> [Retraites] Même si la proposition de loi était votée, elle n’aurait pas de valeur législative. Il ne faut pas tromper les Français sur la nature de cette opération. À l’Assemblée, on légifère. Ce n’est pas un plateau de télévision.

> Je ne connais pas de projet de loi sur les retraites qui soit facile. On peut refaire le film. Le président l’a dit, peut-être n’avons-nous pas réussi à expliquer aux Français la nécessité de cette réforme. Mais c’est une difficulté que nous connaissons de façon plus large. Depuis la réélection d’Emmanuel Macron, nous constations qu’avec les oppositions, nous ne parlons pas des mêmes faits. Certains s’obstinent à nier la réalité, comme celle du déficit sur les retraites, en espérant en tirer un bénéfice politique. Moi, je suis à la tête d’un parti qui ne doit pas se vautrer dans le populisme. Dans l’intérêt de la nation et de nos concitoyens, il est nécessaire de passer à autre chose. Il y a des gens qui étaient contre la réforme des retraites mais qui veulent maintenant que le gouvernement tourne la page. De la guerre en Ukraine à la lutte contre l’inflation en passant par le bouleversement de l’ordre mondial et la place de l’Europe face aux superpuissances, les sujets sur lesquels nous devons apporter des réponses ne manquent pas.

> [Immigration] Il faut entendre les inquiétudes et les préoccupations des Français. Cela se joue d’abord au niveau européen, à 27: c’est le bon échelon pour réguler l’immigration. Nous allons réussir au Parlement à avoir un cadre européen sur l’asile et l’immigration. Cela se joue aussi au niveau national avec une dimension plus politique. Gérald Darmanin a raison de tendre la main à LR mais on ne peut pas faire de la politique avec uniquement des lignes rouges. En ce qui me concerne, je ne peux pas accepter la proposition de sortir des traités européens. Ensuite, se pose la question de la capacité de LR à conclure un accord avec nous. Cela n’a pas été possible sur les retraites: la question se pose aujourd’hui sur l’immigration.

 

Prisca Thévenot (députée, porte-parole)
> Trop occupés à regarder la main de Marine Le Pen caressant un chat, certains ont oublié de regarder son autre main. Cette main qui :
- salue des dirigeants revenant sur les droits des femmes
- écrit des amendements au relent identitaire
- essaie d’écarter des journalistes.

 

Benjamin Haddad (porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale)
> Les Français attendent une politique de fermeté et de maîtrise sur l’immigration. LR a fait des propositions : nous sommes prêts à travailler ensemble. Mais nous ne soutiendrons pas une politique inefficace de sortie des traités européens qui affaiblirait la France.

> Le RN peut se planquer derrière ses cravates et son silence à l’assemblée, nous n’oublions pas d’où il vient.

> La France « néolibérale » ? Elle qui a fait le choix de protéger les artistes pendant Covid, et d’augmenter de 7% le budget de la culture en 2023 ? Félicitations à Justine Triet pour sa Palme, libre à elle d’utiliser le Festival comme tribune. Mais arrêtons les leçons de morale.

> Protection des minorités, contournement des sanctions, défense de la souveraineté maritime de la Grèce et de Chypre, entrée de la Suède dans l’OTAN: Emmanuel Macron continuera d’avoir un dialogue franc et exigeant avec Erdogan pour défendre la paix et la sécurité.

 

Pieyre-Alexandre Anglade (député)
> En déclarant recevable une PPL anticonstitutionnelle, Eric Coquerel bafoue notre Constitution pour des motifs bassement politiciens. La démocratie exige le respect des règles. En responsabilité, nous sauvons l'équilibre de notre système de retraite par répartition.

 

Mathieu Lefèvre (député)
> Lutter résolument contre toutes les fraudes, c’est l’objectif du plan ambitieux de Gabriel Attal. A ses côtés pour lutter contre le fléau de la fraude sociale, cet impôt caché qui pèse sur ceux qui travaillent. Soyons plus fermes pour être plus justes.

> Elisabeth Borne a eu les mots justes sur le RN qui jamais n’a renié son héritage, qui jamais n’a condamné les propos infâmes de JM. Le Pen sur le « point de détail » de l’Histoire et qui aujourd’hui boycott BFMTV parce que ses journalistes ne lui plaisent pas.

 

● MoDem
Bruno Millienne (député)

> Par sa décision, Eric Coquerel prouve qu'il est incapable de se départir de ses oripeaux mélenchoniens lorsque sa fonction exige avant tout de se porter garant du respect de nos institutions. Il est en cela indigne de la responsabilité que lui ont confiée les députés.

> [ZFE] Je comprends que ça inquiète les gens, il faut être pragmatique et mieux cibler les aides sur les gens qui vont traverser ou qui sont obligés de venir travailler dans les ZFE [Zones à faible émission].

> Sur l'interdiction du moteur thermique, ce n'est pas la technique qu'il faut interdire, c'est l'énergie qu'on utilise. La définition des moteurs neutres en carbone doit être précisée d'ici l'été. Nous devons y inclure les sources d'énergie issue du nucléaire français décarboné.

> Sur les VUL pour les professionnels, nous devons développer le «retrofit» (changement d'énergie utilisée). Tout le monde doit se confronter au principe de réalité et ne pas faire de politique politicienne sur le sujet des ZFE.

> Cet après-midi de Courson défend le RN et remet en question son origine pétainiste, ce soir Léaument salue ses propos sur une hypothétique chute du gouvernement. LFI - De Courson - RN, c'est donc ça leur majorité alternative ? Quelle drame ça serait pour le pays !

 

Autres

● Organisations centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Nathalie Loiseau
> Des blessés parmi les soldats de l’OTAN, des attaques contre la mission de l’UE: la communauté internationale est présente au Kosovo au service de la paix. Il est inadmissible de s’en prendre à elle. Toutes les forces en présence doivent contribuer à ramener le calme et respecter les militaires et les civils européens qui s’engagent pour l’avenir de leur pays.

> L’alliance de Pedro Sanchez avec l’extrême-gauche de Podemos lui porte un coup sévère et expose l’Espagne à la montée de l’extrême-droite. Chaque pays a sa culture politique propre mais on ne peut pas ignorer ce qui se passe chez nos voisins.

 

Bernard Guetta
> [Opinion: «Les trois tâches de l’opposition russe]
A l’intérieur comme dans la diaspora, ils tâtonnent et se cherchent. Autant dire que les opposants russes sont encore loin de former une seule et même opposition avec des objectifs et un programme communs mais à Berlin il y a peu, la semaine dernière à Paris, au Parlement européen les 5 et 6 juin prochains, leurs réunions se multiplient et leurs convergences s’affirment car tous sont désormais convaincus qu’ils auront à définir le post-poutinisme.
Les uns croient l’échéance proche. D’autres comptent en années plutôt qu’en mois mais aucun d’eux ne donne longtemps à ce régime parce qu’un dictateur qui perd une guerre perd aussi le pouvoir et que pour Vladimir Poutine ne pas gagner, c’était s’embourber comme on le voit et bientôt perdre. Cet homme, pensent-ils, est virtuellement fini et le fait est que, si ce n’était pas le cas, Evgueni Prigojine ne se risquerait pas à annoncer une « révolution » en Russie, les peines prononcées contre ceux qui dénoncent la guerre de l’intérieur ne seraient pas aussi invraisemblablement lourdes et il n’y aurait pas autant de cadres de l’économie à se « suicider », poussés dans le vide après avoir tué femme et enfants.
Le pouvoir russe se délite et, pour ses opposants, la tâche est triple. Ils doivent tout à la fois se trouver des alliés au sein de la classe dirigeante, jeter les bases d’un futur modus vivendi entre la Fédération de Russie et l’Union européenne et créer un espoir de paix, de bien-être et de liberté dans la société russe.
Le premier de ces objectifs est le plus urgent des trois car pour les Russes et tout le continent, il est essentiel que la sortie de l’autocratie se fasse sans violence. Il faut que les plus réalistes des hommes des deux piliers de ce régime, les forces de sécurité et les grandes fortunes, puissent se convaincre qu’ils n’auraient rien à perdre à faciliter une transition vers la démocratie.
Nombre d’entre eux savent que Vladimir Poutine conduit aujourd’hui la Russie à une totale catastrophe qui pourrait vite se solder par un éclatement de la Fédération et de ses 89 Républiques, territoires ou régions. Ces hommes savent qu’il faut préparer un tournant mais, sans même parler de la peur qui les muselle, ils ne voient pas d’interlocuteurs avec lesquels jeter les bases d’un post-poutinisme et éviter ainsi une longue et sanglante plongée dans l’anarchie.
Les opposants russes doivent leur parler et se souvenir pour cela de l’intelligence avec laquelle les démocrates espagnols avaient accepté qu’une aile du franquisme ouvre la voie de la sortie du fascisme et d’élections libres. La transition espagnole fut un tel succès que c’est d’elle que s’était inspirée l’opposition polonaise sous l’impulsion d’Adam Michnik et c’est de ces deux précédents que les démocrates russes pourraient maintenant se nourrir.
Deuxième impératif, l’opposition russe devrait parallèlement engager un dialogue avec les pays de l’Union européenne sur les conditions d’une stabilisation militaire, économique et politique du continent. Il est indispensable qu’elle le fasse car elle aura autant besoin d’obtenir un soutien de l’Union quand elle arrivera aux commandes que de convaincre dès maintenant tous les Russes qu’ils n’ont rien à craindre de l’Union ni de l’Otan.
Ce dialogue, l’opposition ne pourra pas l’ouvrir avec les capitales européennes qui ne voudront pas sembler œuvrer à un changement de régime à Moscou mais elle peut en revanche l’amorcer avec le Parlement européen. Elle n’aurait pour cela qu’à répondre à « l’Adresse au peuple russe » qu’avaient cosignée, il y a un an, les présidents de cinq des groupes politiques du Parlement.
Ce texte par lequel la représentation européenne tendait la main non pas à Vladimir Poutine mais à la Russie attend une réponse. Il est temps pour l’opposition démocratique de la donner et ce jour-là, dans un dialogue avec les députés de l’Union, l’opposition deviendra une force ascendante, acteur incontournable de la scène européenne. Ses possibilités de contact avec la frange la moins aveugle des élites dirigeantes en seront augmentées et il ne restera plus alors aux démocrates russes qu’à proposer, comme l’avait fait le Conseil national de la résistance française, un programme commun à leurs concitoyens.
Court et refondateur, ce texte aurait un formidable impact politique s’il s’articulait autour de trois idées forces : les libertés et la démocratie, l’autonomie des 89 entités constituantes de la Fédération et l’équité sociale fondée sur un renouveau des services publics et l’arbitrage de l’Etat entre employeurs et salariés.