lundi 18 août 2008

L'Editorial d'Alexandre Vatimbella. Pourquoi Barack Obama pourrait perdre

Il y a quelques semaines, tous les médias américains (sans parler de ceux du monde entier...) étaient unanimes: sans faute politique majeure ou scandale de dernière minute déterré par des Républicains fouineurs, le candidat démocrate Barack Obama ne ferait qu'une bouchée du candidat républicain John McCain le 4 novembre prochain et deviendrait le prochain et premier président noir des Etats-Unis d'Amérique. Aujourd'hui, les jeux sont loin d'être faits et les manques politiques de Barack Obama ainsi que la campagne intelligente de John McCain remettent ce scénario du triomphe en question.
Ce n'est pas que Barack Obama soit devenu moins intelligent mais, alors que les médias ne semblaient pas en faire grand cas voici quelques mois lors des primaires démocrates face à Hillary Clinton , ni même d'ailleurs les électeurs, de plus en plus de gens s'interrogent sur le contenu du fameux "changement" promis par le sénateur de l'Illinois. Car il ne suffit pas de dire "changement" à tout va pour en faire une réalité palpable. Or, au moment où le pays traverse une crise économique mais aussi une crise de confiance, le peuple américain veut savoir où l'on va l'emmener. Avec John McCain, les choses semblent connues: ce sera une politique de centre droit avec des relents de conservatisme au niveau des impôts, de la guerre contre le terrorisme et de certaines valeurs prônées (mais sans doute pas mise en oeuvre comme l'interdiction de l'avortement par exemple). Avec Barack Obama, c'est une toute autre paire de manche car le flou est assez grand sur plusieurs questions. Ce sera, sans doute, une politique de centre gauche mais on ne sait plus très bien quelles sont les options retenues pour la guerre d'Irak (retrait immédiat ou non) et pour certaines valeurs (Obama est apparu très conservateur sur la peine de mort et la possession d'armes) sans parler d'un discours assez atone sur l'économie, la principale préoccupation des Américains.
Du coup, la timidité des propositions de Barack Obama est de plus en plus mise en avant même au Parti démocrate où certains demandent instamment à son futur candidat d'être plus ferme et plus entreprenant en la matière. Mais c'est aussi sa personnalité et son expérience qui font de plus en plus problème et John McCain en profite pour affirmer que Barack Obama n'a pas l'expérience requise pour le poste et qu'il ne suffit pas qu'il dise qu'il n'est pas un "politicien de Washington" pour apparaître comme un homme providentiel (McCain joue aussi sur son côté "en marge" du Parti républicain pour affirmer qu'il n'est pas non plus un politicien de cette espèce détesté par l'Amérique profonde).
Bien sûr, les élections sont loin encore et tout peut évoluer d'un côté comme de l'autre. Barack Obama est le favori incontestable mais cette position qu'il occupe pour la première fois de sa vie (il ne l'était pas quand il a été élu sénateur de l'Illinois, ni non plus lors des primaires démocrates) semble le mettre mal à l'aise et le paralyser. D'autant que tous les observateurs expliquent que cette élection est dans la poche des Démocrates. Dès lors, toute inflexion de l'image de leur candidat apparaît comme un signe de faiblesse. C'est ce qui se passe actuellement. La Convention démocrate à Denver à la fin de cette semaine devrait redonner un peu de lustre et d'allant à la campagne de Barack Obama. Il faut surtout qu'elle retrouve une dynamique, celle qui lui a permis de battre Hillary Clinton lors des primaires démocrates.
Le seul problème est que Barack Obama, avec une couverture médiatique aussi forte voire indécente, n'est plus tellement un "homme nouveau" qui électrisait les foules par son discours mais aussi par ce sentiment que tout allait devenir comme dans le "Rêve américain". D'autant que le candidat démocrate a des idées politiques de longue date que l'on peut retrouver dans ses livres et ses discours: il est du Centre, ce qui pourrait, de plus en plus, décevoir la partie la plus bruyante et la plus exposée médiatiquement de ses fans: les jeunes à la gauche du Parti démocrate, voir de gauche tout court...


Alexandre Vatimbella

Actualités – Etats-Unis

Présidentielles 2008

Les deux candidats tentent se séduire les électeurs évangélistes


Barack Obama a évoqué en public ses expériences de jeunesse avec la drogue et l'alcool, les décrivant comme le résultat d'une grande détresse morale devant un grand rassemblement évangélique en Californie. Dans l'immense église de Saddleback, à Lake Forest, le candidat démocrate à la présidentielle de novembre s'est également risqué à parler du droit à l'avortement et du mariage gay, auquel il est favorable. Le candidat républicain, John McCain, était également invité. Les deux hommes se sont salués sur scène et ont été interrogés, chacun à leur tour, par Rick Warren, l'un des pasteurs les plus en vue des Etats-Unis, qui leur a demandé ce qui avait été leur plus grand échec d'un point de vue moral. "J'ai eu une jeunesse difficile. Il y a eu des moments où j'ai pris de la drogue", a répondu Obama, qui avait déjà écrit sur le sujet mais qui l'aborde rarement en public. De son côté, John McCain a estimé que le plus grand signe de faillite morale qu'il ait montré dans sa vie fut l'échec de son premier mariage. Rick Warren leur a également demandé quel était l'échec moral le plus patent des Etats-Unis en tant que pays. "La façon dont nous traitons les pauvres", a répondu le candidat démocrate. "Peut-être que nous ne sommes pas assez consacrés à des causes qui dépassent l'intérêt particulier", a avancé le son rival républicain. Obama comme McCain cherchent, pour différentes raisons, à rallier le vote des communautés religieuses. Malgré la séparation de l'Eglise et de l'Etat aux Etats-Unis, la religion joue un rôle incontournable dans la vie politique et les candidats doivent régulièrement s'expliquer sur le rôle que la foi jouera dans leur présidence. Barack Obama a dû batailler contre l'idée reçue selon laquelle il était musulman. Il a également pris ses distances avec un pasteur controversé rencontré dans sa jeunesse. John McCain de son côté connaît des difficultés à séduire les couches les plus conservatrices des protestants évangéliques, qui lui reprochent, entre autres, d'avoir soutenu la recherche sur les cellules-souches. Un adulte américain sur quatre est de confession protestante évangélique et cette communauté est devenue une réserve de voix privilégiée pour les Républicains.

Actualités – Etats-Unis

Présidentielles 2008

Barack Obama et John McCain vont devoir désigner leurs colistiers


A une semaine de l'ouverture de la convention démocrate de Denver, le temps commence à être compté pour Barack Obama comme pour son adversaire républicain John McCain, qui n'ont pas encore divulgué l'identité de leurs candidats à la vice-présidence des Etats-Unis. Les deux candidats à la Maison blanche n'ont donné aucun indice tangible sur celui ou celle qui pourrait les accompagner sur leur "ticket" lors du scrutin du 4 novembre. Dimanche, plusieurs personnalités pressenties ont été interrogées sur leurs chances. Toutes sont restées muettes, à l'exception du gouverneur républicain de Louisiane, Bobby Jindal, qui a annoncé que la fonction ne l'intéressait pas. "J'ai le travail que je voulais. Je ne veux pas être vice-président. Je ne serai pas la personne désignée", a-t-il dit sans équivoque sur l'antenne de NBC. Mais les échéances se rapprochent, et Obama comme McCain vont devoir bouger. La convention démocrate débute le 25 août à Denver, la prise de parole du colistier d'Obama devant les délégués est programmée pour le 27. La convention républicaine s'ouvrira elle le 1er septembre à Minneapolis-Saint-Paul. Le candidat républicain a provoqué des remous la semaine dernière au sein de son parti, majoritairement hostile à l'avortement, en déclarant que l'ancien gouverneur de Pennsylvanie Tom Ridge, partisan du droit à l'IVG, ne pouvait être a priori exclu des "vice-présidentiables". L'aile la plus conservatrice du parti n'a guère apprécié. Ridge lui a tenté de calmer les esprits en soulignant dimanche qu'"à (sa) connaissance, le vice-président n'est pas une voix indépendante mais se fait l'écho des positions du président des Etats-Unis". D'autres candidats possibles, dont Mitt Romney, ancien gouverneur du Massachusetts battu par McCain lors des primaires républicaines, se sont succédé dimanche sur les plateaux de télévision. "Je n'ai rien à vous donner sur le front vice-présidentiel", a dit Romney sur ABC. Même ronde dans le camp démocrate, où des vice-présidentiables comme le sénateur Tom Daschle et le gouverneur Bill Richardson étaient eux aussi invités des émissions politiques dominicales. "Je ne veux pas vous décevoir, mais je n'ai rien à signaler aujourd'hui", a ironisé sur CBS Evan Bayh, sénateur démocrate de l'Indiana. "Même réponse pour moi", a enchaîné le républicain Tim Pawlenty, qui pourrait figurer lui sur le "ticket" républicain. Bayh comme Pawlenty représentent deux Etats (l'Indiana et le Minnesota) susceptibles de jouer un rôle majeur le 4 novembre. Tim Kaine, gouverneur démocrate de Virginie, présente un profil similaire: son Etat n'a plus voté démocrate à une élection présidentielle depuis 1964. Mais lui aussi a refusé de s'étendre sur la question, déclarant seulement que voir son nom sur la liste des vice-présidentiables avait un avantage: "Ma mère adore ça."