dimanche 21 juillet 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le débat Gauche-Droite-Centre encore pertinent?

Certains estiment que le débat Gauche-Droite-Centre est désormais dépassé. Pour eux, les lignes de clivages se trouvent ailleurs. Par exemple entre ceux qui sont pour un monde métissé et ceux qui sont pour un monde cloisonné. Entre ceux qui veulent mettre en avant l’individu et ceux qui défendent la communauté. Entre ceux qui prône la mondialisation ouverte et ceux qui veulent un retour vers des barrières étanches entre les peuples. Entre ceux qui aspirent à une culture mondiale et ceux qui défendent les créations nationales.
On pourrait multiplier les oppositions de ce type.
S’il est vrai que plusieurs lignes de partage n’épousent plus les frontières entre les visions politiques différentes allant des extrêmes de chaque bord jusqu’au Centre, il n’en demeure pas moins que la pertinence du débat traditionnel entre Gauche, Droite et Centre demeure d’actualité.
Car celui-ci permet, in fine, de se situer sur l’évolution du monde au-delà de l’acceptation ou non de certaines réalités et sur ce que doit être notre présent et notre futur.
Prenons la mondialisation, par exemple.
Il y a les défenseurs de la mondialisation et ses opposants.
Mais si l’on prend, d’abord, ceux qui défendent ou acceptent la mondialisation, on trouve des gens de droite qui expliquent que la libéralisation sans entrave des échanges est une chance pour les économies de tous les pays, des gens de gauche qui expliquent qu’il faut bâtir une mondialisation avant tout sociale, des gens à l’extrême-gauche et libertaires qui veulent une «altermondialisation» contre le marché et des gens du Centre qui veulent une mondialisation libérale et humaniste. On retrouve là les divisions idéologiques classiques.
Idem pour les opposants à la mondialisation avec les nationalistes d’extrême-droite et de droite, les marxistes d’extrême-gauche et les étatistes de tous bords qui craignent un affaiblissement de l’Etat-nation. Là aussi, on retrouve, au bout du compte, les divisions classiques du paysage politique.
Et ce débat n’est pas nouveau, loin de là.
Même chose si l’on étudie les nouvelles oppositions entre démocrates et populistes.
D’un côté, il y a ceux qui défendent la démocratie libérale républicaine, représentative et délibérative ainsi que les droits de tous, dont la minorité. De l’autre côté, il y a ceux qui veulent, en s’appuyant sur les mauvaises humeurs populaires, gouverner au nom de la majorité et empêcher les voix des minorités de se faire entendre en prenant des mesures liberticides.
Nous sommes-là, encore une fois dans un débat idéologique qui peut également trouver sa pertinence dans les distinctions politiques traditionnelles même si l’on trouve de chaque côté des gens de Droite, de Gauche et du Centre.
Cela fonctionne également pour des prises de position plus incongrues comme par exemple l’alliance objective entre extrême-gauche et islamisme en France. On s’aperçoit que c’est la grille explicative du monde traditionnelle à cette extrême-gauche (les oppresseurs et les opprimés) qui amène la perception tronquée des trotskystes et autres maoïstes à défendre toutes les minorités quelles qu’elles soient du moment qu’elles s’opposent au système démocratique républicain au nom d’une vision révolutionnaire qui rassemble tous les adversaires de celle-ci (ensuite viendra le temps de l’épuration de chaque côté comme après tout phénomène révolutionnaire…).
Néanmoins, il est vrai que la division Droite-Gauche-Centre n’explique pas tout. Mais elle n’a jamais expliqué tout.
L’ouverture d’esprit qui peut animer des hommes et des femmes de bords politiques différends et à trouver des liens et des consensus à toujours existé au-delà des étiquettes.
Militer pour la mondialisation, c’est se rappeler que l’union des peuples du monde entier est un combat aussi bien chrétien que libertaire, aussi bien libéral que socialiste.
Empêcher que les extrémismes, quels qu’ils soient, ne parviennent à dicter leur loi à la démocratie est un combat aussi bien centriste que social-démocrate ou néolibéral au nom de valeurs communes aux démocrates.
Pour autant, les nouvelles fractures qui se font jour dans la société mondiale ainsi que dans la société française, ne doivent pas être sous-estimées.
Voir certains jeunes des banlieues françaises, originaires d’Afrique et du Maghreb mais pas seulement, se tourner vers un islamisme radical parce qu’ils n’ont pas trouvé de moyen satisfaisant de s’intégrer doit interpeler tous les bords politiques sans exception afin de mettre en place des solutions.
Voir d’autres jeunes, souvent aussi des banlieues, rejoindre les rangs du Front national au motif que les formations politiques traditionnelles ne s’occupent pas d’eux doit amener à développer un discours mais surtout des actions qui démontre le contraire et l’inanité des positions d’extrême-droite.
Voir les populations d’Amérique du Sud se complaire de plus en plus dans un anti-occidentalisme populiste avec des leaders de pacotille au Venezuela, en Bolivie ou en Argentine, voire en Uruguay, ne doit pas conduire à les ignorer mais à leur démontrer qu’aujourd’hui, dans la mondialisation, leurs aspirations sont les mêmes qu’en Europe ou en Amérique du Nord, que ce que nous partageons et plus important que ce qui nous divise.

Dès lors, le débat d’idées et de projets doit continuer à s’articuler dans un espace droite-gauche-centre mais il doit aussi et, de plus en plus, se construire sur l’opposition société ouverte-société confinée, entre ceux qui parient sur l’humanisme, comme les centristes, et ceux qui reste arcboutés sur leurs rigidités et leurs peurs.

L’Humeur du Centriste. Le populaire mais populiste «Hollande bashing»

François Hollande ainsi que Jean-Marc Ayrault et tous les socialistes, en général, sont mal vu par les Français comme le montrent les sondages d’opinion de ces derniers temps.
Du coup, si vous voulez avoir votre quart d’heure de gloire à la manière Andy Warhol, pestez contre le gouvernement et, surtout, critiquez le président de la république sur tout et n’importe quoi, quoi que vous ayez à dire.
L’exemple le plus imbécile de cette notoriété à peu de frais nous a été donné par madame Delphine Batho, socialiste psychorigide qui est venu régler ses comptes après son éviction peu glorieuse de son poste de ministre de l’écologie.
Figurez-vous que, selon un sondage (encore un qui était d’un intérêt discutable), elle a recueilli 73% d’avis positifs sur son comportement de pleureuse mécontente de la part des sympathisants du Front de gauche et… de l’UMP, dont évidemment pas un de ces sondés de droite (et sans doute de gauche) n’auraient été capable de citer son nom et sa fonction la veille!
La voilà donc apte désormais à conduite un gouvernement d’union nationale grâce à sa seule mauvaise humeur de mauvaise perdante…
Ce fait anecdotique est emblématique de cette situation affligeante où il suffit de dire n’importe quoi contre François Hollande et son gouvernement pour être populaire.
Et il vaut mieux y rajouter une petite touche populiste pour augmenter son pourcentage de supporters.
On avait vu Jean-Louis Borloo s’y essayer ce qui n’avait surpris personne du côté centriste, le président de l’UDI étant plutôt un représentant de la droite (modérée).
Car ce n’est pas la manière dont le Centre doit mener le débat public.
L’important, c’est le fond, la politique menée et non les aigreurs de certains et les envies de sortir de l’anonymat d’autres.
La critique et les attaques doivent avoir du sens, non du sensationnel.
C’est pour cela que l’on ne comprend pas quel insecte a piqué monsieur Charles Amédée de Courson, député et président de la commission Cahuzac lorsqu’il est venu affirmer, sans en donner la moindre preuve, que François Hollande était un menteur et savait depuis longtemps que son ex-ministre du budget avait un compte en Suisse.
Ces attaques ne sont guères à l’honneur du Centre.
On comprend que monsieur de Courson voit dans la présidence de cette commission, une chance inespérée de sortir de l’ombre et de se faire connaître du grand public.
Mais on le préfère nettement dans son rôle de député spécialiste des finances publiques qui maîtrise si bien ses dossiers.
Laissons donc aux extrêmes de droite et de gauche ainsi qu’à la droite (et même à la gauche!) cette pratique qui n’est pas l’honneur de la politique.
Le débat public vaut mieux que de tirer à vue sur un président en difficultés pour se faire un nom.

Centristement vôtre,


Le Centriste