dimanche 25 janvier 2015

L’Humeur du Centriste. La drôle de sémantique de monsieur Bayrou

Au cours de l’émission de divertissement «On n’est pas couché» sur France 2 – où se pressent chaque semaine l’ensemble des politiques avides de se montrer où que ce soit alors qu’ils critiquent sans cesse la pauvreté du discours et du débat politique dans ce type de programme –, François Bayrou a expliqué qu’il était aujourd’hui pour l’unité nationale et non l’union nationale, reprenant ainsi le terme d’«unité» qu’il avait déjà utilisé sur BFMTV une semaine plus tôt après avoir parlé d’union ces dernières années.
Or pour tous les dictionnaires des plus communs aux plus scientifiques que l’on peut consulter, union et unité sont des synonymes.
Ce qui fait qu’unité nationale et union nationale sont, par conséquent, également des synonymes.
Quoi qu’il en soit, on est étonné de voir François Bayrou prôner que ce soit une unité nationale ou une union nationale car il s’est embarqué depuis 2013 dans une opposition sans faille au gouvernement en place tout en continuant à stigmatiser l’UMP et Nicolas Sarkozy (surtout depuis le retour de ce dernier au premier plan), responsables à ses yeux tout autant que le PS et François Hollande de sa défaite lors des législatives de 2012 à Pau.
Des récriminations qu’il a, à nouveau, réitérées lors de l’émission de Laurent Ruquier sur France 2.
Dès lors, si ce n’est avec l’UMP et le PS ainsi que ceux qui sont à leur tête, avec qui pourrait-il faire son unité ou son union?!
François Bayrou est passé maître dans le jeu de mots où il donne des définitions différentes à ces derniers pour sa convenance personnelle.
On se rappellera qu’il avait déclaré en 2007 que le mot «Centre» ne faisait pas partie de son vocabulaire avant de se poser en défenseur intransigeant de l’indépendance de ce même «Centre» quelques années plus tard...
Or, le débat politique mérite ce que les penseurs chinois ont appelé «la rectification des noms» et dont Confucius explique que «si les noms sont incorrects, on ne peut avoir un discours cohérent. Si le langage est incohérent, les affaires ne peuvent se régler. (…) Voilà pourquoi l’homme de bien n’use des noms que s’ils impliquent un discours cohérent, et ne tient de discours que s’il débouche sur la pratique. Voilà pourquoi l’homme de bien est si prudent dans ce qu’il dit».
Evidemment, cette exigence est souvent difficile à tenir avec ce temps politique et médiatique qui s’est  dangereusement raccourci de plus en plus et dans cette volonté que les politiques ont de trouver constamment la bonne formule, la phrase choc ou la sentence bien tournée.
Mais c’est justement aux leaders qui nous gouvernent ou veulent nous gouverner que nous devons constamment demander d’être clairs et précis, afin de ne pas nous embrouiller avec une utilisation débridée et incorrecte des mots.
Car l’on peut faire dire ce que l’on veut aux mots, un des exemples les plus célèbres restant le «Je vous ai compris!» du Général de Gaulle à Alger le 4 juin 1958.
Cette exigence, les centristes plus que les autres doivent l’avoir sans cesse à l’esprit eux qui luttent sans relâche contre la démagogie populiste qui justement utilise les mots pour tromper ceux qui les écoutent tout comme tous les extrémismes dont nous sommes entourés.
Sans oublier les clientélismes de gauche et de droite.
C’est pourquoi François Bayrou serait bien inspiré de nous expliquer sa différence entre union et unité.
Au moins, pour ne pas mourir idiot.

Centristement votre.

Le Centriste