dimanche 26 mars 2017

Une Semaine en Centrisme. L’inanité de la théorie de l’alliance «naturelle» Centre-Droite démolie par les faits

S’il n’y avait qu’un bénéfice pour le Centre et le Centrisme en France lors de cette élection présidentielle, c’est bien la démonstration de l’inanité de la théorie de l’alliance «naturelle» du Centre et de la Droite dans la vie politique depuis l’instauration de la V° République mais, bien plus profondément, selon ses défenseurs, par la proximité des valeurs entre les deux courants de pensée.
Et ceci est fondamental.
Rappelons qu’ici, depuis toujours, nous avons dénoncé cette affirmation fallacieuse qui était démentie par les faits puisque le ralliement du gros des troupes centristes à la Droite (mais jamais de la totalité), datait de 1974 et de l’élection du libéral de centre-droit, Valéry Giscard d’Estaing à l’Elysée.
Et elle ne durera que jusqu’en 2002 où l’UDF se mit dans l’opposition à Jacques Chirac, refusant même de voter le budget du gouvernement Villepin.
Depuis, le Nouveau centre puis L’UDI se sont voulus des alliés fidèles de la Droite mais le MoDem, lui, a, certes, navigué entre droite et gauche mais a prouvé par ce tangage qu’il n’était pas une simple appendice de l’UMP puis de LR.
Cette théorie de l’alliance naturelle a, bien évidemment, était largement popularisée par la Droite pour des raisons uniquement électoralistes, ce qui lui permettait, entre deux scrutins, d’insulter et de ridiculiser copieusement les centristes avant de les appeler à la rescousse.
Mais elle l’a aussi été par les nombreux opportunistes qui naviguent au centre de la vie politique dont beaucoup sont actuellement membres de l’UDI, parti qui revendique être dans cette alliance naturelle.
Sans oublier les médias et leurs «experts» en tout et n’importe quoi et, plus étonnamment, beaucoup de politologues, de politistes et de professeurs de sciences politiques au mépris de toute réalité et de toute étude historique mais pas d’esprit partisan...
Tous ceux-là vont devoir apprendre l’humilité et à réapprendre leur histoire politique nationale grâce à cette élection et à la présence d’Emmanuel Macron, qu’il soit ou non, vainqueur.
Et c’est tant mieux.
Car, aujourd’hui, quelle est la situation?
Le MoDem, principale formation en voix du Centre, une partie non-négligeable de l’UDI et chaque jour plus nombreuse, une partie de la droite et de la gauche modérées se sont rangées derrière un Macron, personnalité de l’axe central (de la droite réformiste à la gauche réformiste en passant par le Centre) qui se réclame comme un homme à la sensibilité de gauche, social-libéral, progressiste, tout le contraire de ce qu’est une majorité de la Droite radicalisée autour de ses leaders naturels qui sont Nicolas Sarkozy et François Fillon.
Pour cette élection, ce ne sont donc pas quelques centristes qui se sont ralliés à un homme de centre-gauche mais la majorité du Centre.
Bien entendu, cela ne veut pas dire qu’il y aura désormais une alliance «naturelle» Centre-Gauche.
Cela veut simplement dire qu’il n’y a pas de tropisme droitier du Centre et du Centrisme et que lorsqu’un candidat partage leur vision, leurs valeurs, leurs principes de gouvernance, peu importe qu’il vienne de la Droite ou de la Gauche.
Le seul regret est que ce candidat ne soit pas venu directement du Centre.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

Présidentielle 2017. Le quart des sénateurs centristes rejoignent Macron

Michel Mercier
Dix sénateurs centristes (sur 42 que compte le groupe Union centriste), viennent de publier une tribune dans le JDD pour apporter leur soutien à Emmanuel Macron.
Réunis autour de Michel Mercier, ancien président du groupe centriste au Sénat, ancien président du Conseil général du Rhône et ancien ministre de la Justice et de l’Aménagement du territoire de Nicolas Sarkozy, certains, comme lui, sont des figures du Centre, en particulier de l’UDI comme Michel Canevet (cofondateur de la confédération et initiateur du ralliement des sénateurs UDI de cette tribune à Macron), Jean-Marc Gabouty (trésorier du Parti radical, membre de l’UDI) ou encore Jean-Marie Vanlerrenberghe, le maire d’Arras.
La moitié des signataires de cette tribune sont d’ailleurs membres de l’UDI (Michel Canevet, Jean-Marc Gabouty, Christian Namy, Gérard Roche, Jean-Marie Vanlerrenberghe).
Une est membre du groupe écologiste, ralliée depuis peu à François Bayrou (Leila Aïchi) et un est divers droite (Bernard Delcros)
Les trois autres sont membres du MoDem (Michel Mercier, Jacqueline Gourault, Jean-Jacques Lasserre).
Ces nouveaux soutiens d’élus centristes à Macron montrent une dynamique certaine de ce dernier auprès du Centre.
Ils montrent également que l’UDI en tant que parti a cessé d’exister dans les faits (si l’on y ajoute les soutiens à Macron précédents comme ceux de l’Alliance centriste, parti membre de l’UDI, de Jean Arthuis, de nombre d’élus et de militants dont des présidents de fédération).
La tribune est intitulée «Pourquoi nous soutenons Emmanuel Macron»
Les signataires y affirment que «Notre pays a besoin d’une majorité renouvelée et de rassemblement plutôt que d’opposition» et que «Emmanuel Macron propose une méthode à laquelle nous sommes fondamentalement attachés: dépasser le vote paralysant droite-gauche qui a pour conséquence qu’à chaque élection nationale le camp vainqueur ne pense qu’à défaire ce que les prédécesseurs ont fait».
Et d’ajouter que «La méthode choisie par Emmanuel Macron est la bonne: ne pas diviser, ne pas chercher à monter les Français les uns contre les autres.»
En outre, ils estiment qu’il faut «Redonner de la liberté à nos entreprises, les rendre plus compétitives, les ouvrir plus encore sur le numérique, leur offrir la possibilité d’être les créatrices d’un monde nouveau où chaque Français, en s’appuyant sur notre modèle social réformé, gardera la maîtrise de son destin. Il faut aussi encourager les solidarités, réduire les inégalités sociales et territoriales. Sans cet équilibre, sans protection, il n’y a pas de liberté réelle».
Selon eux, «Le projet d’Emmanuel Macron répond à ces objectifs, il remet en cause les faiblesses et les habitudes mais il est réalisable parce qu’il est juste et qu’il répartit équitablement les efforts entre tous».
De même, pour eux, «Emmanuel Macron est le seul à affirmer clairement, et avec force, que le destin de la France est étroitement lié à celui de l’Europe».
Enfin de faire ce triste constat que «La campagne électorale que nous vivons est certainement l’une des plus calamiteuses que notre pays ait connue».
D’où «Notre soutien à Emmanuel Macron repose d’abord sur la moralisation de la vie publique».
Il est possible que d’autres élus centristes rejoignent le candidat d’En marche! dans les prochains jours.


Alexandre Vatimbella


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Actualités du Centre. La lente agonie de l’UDI

Lagarde & Morin, les 2 fossoyeurs de l'UDI
Une chose semble sûre, l’UDI n’a plus que quelques semaines à vivre.
Même si, par extraordinaire au vu des sondages d’aujourd’hui, François Fillon venait à gagner la présidentielle, on ne voit pas comment ce cartel électoral pourrait survivre à ses profondes divisions, son absence totale de projet politique et les haines personnelles.
On a encore constaté cette faiblesse fondamentale lors du conseil national de ce samedi de la confédération que l’on n’ose plus appelée de centriste mais que la campagne de Fillon réaffirme sans cesse qu’elle l’est, comme une sorte de preuve que le Centre serait derrière le candidat de LR alors que la majorité de celui-ci, en termes de votes, l’a déjà quitté pour Macron.
Les discours des présents – il y avait beaucoup d’absents – ont bien évidemment été tous en faveur de l’alliance électorale entre LR et l’UDI pour les législatives et contre Emmanuel Macron.
Comme un révélateur du malaise qui traverse le parti, peu de défense et de promotion de François Fillon sauf de la part d’un Philippe Vigier dont l’opportunisme et le suivisme sont devenus un cas d’école.
François Zocchetto, le président du groupe Union centriste au Sénat qui est en train d’imploser mais aussi le principal soutien de Fillon, a bien tenté de faire croire que tout allait bien dans le meilleur des mondes tout en essayant de marginaliser tous les ralliements de leaders et de militants de sa formation à Macron.
Laurent Hénart, le président du Parti radical (membre de l’UDI) s’est à nouveau ridiculisé dans sa défense de l’alliance avec LR et le soutien à Fillon lui qui disait voici quelques mois qu’une union avec Emmanuel Macron était plus qu’envisageable.
Surtout que l’on sent bien que sa seule justification de l’alliance avec LR est un accord électoral bien généreux de la part de l’équipe Fillon qui ne pouvait faire autrement pour garder une caution soi-disant centriste.
Quant à Jean-Christophe Lagarde, il a continue à démontrer qu’il n’a pas la pointure de diriger un parti et que sa démarche politicienne a tué l’UDI (même s’il faut associer Hervé Morin à cet assassinat politique).
On observera avec quelque amusement qu’il revient sans cesse sur le petit nombre de ralliements de militants de son parti à Macron au fur et à mesure que ceux-ci deviennent de plus en plus nombreux.
Rappelons enfin que l’Alliance centriste qui a appelé à voter pour Emmanuel Macron ne fait plus partie de l’UDI et que Jean Arthuis, député européen de la confédération a été exclu du parti pour avoir rejoint le leader d’En marche! comme il l’a indiqué dans un tweet.
Il semble temps que la farce UDI cesse.