jeudi 30 avril 2015

L’Humeur du Centriste. A quel jeu consternant jouent les centristes?!

Quand l’UDI semble faire allégeance à l’UMP, le MoDem monte au créneau pour clamer son indépendance et dénoncer les petits arrangements entre Nicolas Sarkozy et Jean-Christophe Lagarde.
Et puis, ne voilà-t-il pas que ce même MoDem, par la bouche de sa vice-présidente, Marielle de Sarnez – propos avalisés par François Bayrou – trouve tout à fait logique de s’allier à l’UMP en Ile-deFrance pour les élections régionales sur le dos de l’UDI puisque celle-ci présente une liste indépendante dans laquelle elle voulait accueillir le MoDem…
Tout cela donne l’impression que quand l’un dit noir, l’autre dit blanc et inversement.
On l’a compris, il s’agit d’une chasse aux sièges à tout prix, de suprématie obsessionnelle au centre et de petits règlements de compte personnels, toutes choses auxquelles les centristes nous ont malheureusement habitués depuis des lustres.
Mais le spectacle actuel est bien consternant pour tous ceux qui entretiennent l’espoir de voir un Centre uni (ou allié) dans la clarté, la responsabilité et l’indépendance.
Tout cela fait, évidemment, le bonheur de l’UMP et de Nicolas Sarkozy qui boit du petit lait de voir qu’on se tiraille et tire dans les pattes à l’intérieur même de l’UDI ainsi qu’entre l’UDI et le MoDem.
Oui, les centristes sont incorrigibles.
Peut-être jusqu’à ce que les Français les corrigent – électoralement parlant – une bonne fois pour toutes!

Centristement votre.



dimanche 26 avril 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Espace centriste: Quel candidat pour 2017?

Si l’on s’en réfère aux sondages et aux velléités de chacun, plusieurs candidats pourraient se positionner et revendiquer l’espace centriste en 2017.
On trouve principalement, à droite, Alain Juppé, à gauche, Manuel Valls et au centre, François Bayrou, voire Jean-Christophe Lagarde.
Si Alain Juppé n’est pas le favori des sympathisants et des militants de l’UMP, il l’est des sympathisants de la Droite et du Centre ainsi que d’une partie de ceux du centre-gauche.
Manuel Valls, lui, attire vers sa personne la gauche modérée mais aussi est vu d’un bon œil par l’électorat du Centre et une partie, petite mais significative, de celui de la Droite.
François Bayrou est toujours perçu par l’opinion publique comme le candidat naturel du Centre et il pourrait ratisser large s’il avait face à lui, à droite, Nicolas Sarkozy et, à gauche, François Hollande.
Jean-Christophe Lagarde, pour l’instant, n’a que l’envie d’être candidat mais part avec un handicap certain vis-à-vis des trois autres personnalités politiques.
Néanmoins, il commence à être connu et son message sur l’indépendance du Centre, s’il est suivi d’actes forts, peut lui ouvrir une fenêtre dès 2017.
On a coutume de dire que les élections se jouent au centre et, à n’en pas douter, 2017 devrait confirmer cette règle lors du deuxième tour de la présidentielle.
Si l’on se trouve dans une configuration où un des deux finalistes sera celui du FN, il est fort à parier que l’électorat modéré et centriste se reportera sans hésiter sur son concurrent qu’il soit de droite ou de gauche et empêchera ainsi l’élection d’un candidat d’extrême-droite.
En revanche, l’électorat centriste risque de jouer également un rôle essentiel dès le premier tour puisqu’il peut être dans le rôle d’arbitre entre le candidat de gauche et celui de droite, ce qui déterminera quel sera l’opposant au FN au deuxième tour.
Mais il peut aussi être celui qui permettra à un candidat qui le représente le mieux d’accéder à ce deuxième tour.
Les chances d’Alain Juppé, dans ce domaine et sur la foi des actuels sondages, semblent les meilleures.
Encore faut-il, évidemment, qu’il batte Nicolas Sarkozy lors de la primaire de l’UMP ou qu’il aille à la bataille en candidat indépendant, s’il ne parvient pas à être celui de son parti.
Manuel Valls pourrait récolter les fruits de son positionnement social-libéral ainsi que de son activisme à Matignon mais aussi de l’aversion d’une grande partie de l’électorat centriste pour Nicolas Sarkozy pour se retrouver au deuxième tour.
Quant à François Bayrou, il possède une opportunité réelle s’il a face à lui, on l’a dit, François Hollande, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen au premier tour et cette dernière au second.
Mais les faiblesses du président du Mouvement démocrate sont aussi réelles, lui qui n’a qu’un parti peau de chagrin pour le soutenir – on le constate à nouveau avec les chefs de file du MoDem désignés pour les prochaines régionales –, ce qui pourrait dissuader nombre d’électeurs de se prononcer en sa faveur en ne voyant pas comment il pourrait gouverner une fois élu.
On le voit, sur les quatre personnalités qui vont tenter de s’accaparer l’espace centriste dans les mois qui viennent en prévision d’une possible candidature pour 2017, trois auront de véritables occasions de rafler la mise et, ainsi, avoir une chance d’être le prochain président de la république.
Si l’on devait, pour l’instant, désigner un favori pour cette course à l’espace centriste, on citerait Alain Juppé, tout simplement parce que, au-delà des sondages particulièrement positifs en sa faveur, il est le seul qui se soit réellement déclaré candidat pour 2017.
S’il devait y avoir un outsider, on citerait plutôt François Bayrou que Manuel Valls parce que ce dernier risque d’être plombé, pour 2017, par le bilan du quinquennat de François Hollande et qu’il attendra peut-être 2022 pour ses ambitions présidentielles alors que Bayrou n’a pas ce luxe de pouvoir attendre mais, surtout, possède une carte à jouer, petite mais pas chimérique.
Evidemment, les situations politique, économique, sociale, internationale et sécuritaire, très instables actuellement, qui prévaudront l’année prochaine et en 2017 peuvent changer la donne du tout au tout.



vendredi 24 avril 2015

Une Semaine en Centrisme. L’UDI peut-elle résister à l’UMP?

Depuis  les élections municipales de 2014 et, surtout, les élections départementales de 2015, la pression de l’UMP pour que l’UDI se range à ses côtés dans toutes les élections à venir s’est accentuée.
On comprend fort bien l’intérêt de l’UMP pour une alliance électorale dès le premier tour qui devrait permettre aux candidats de la Droite (et, subsidiairement, du Centre) d’arriver en tête devant ceux du PS et du FN, en particulier à la présidentielle mais pas seulement.
De même, l’UMP a pu claironner après les départementales qu’elle était la première formation politique devant le Front national, oubliant fort opportunément son alliée dans la plupart des cantons, l’UDI, sans qui cela n’aurait pas été le cas…
Il ne faut pas, non plus, minimiser l’intérêt pour l’UDI d’une telle alliance.
Que ce soit aux municipales ou aux départementales, le parti de centre-droit (ainsi que le Mouvement démocrate de François Bayrou) est parvenu à avoir plus d’élus qu’il n’en aurait eu en allant seul à la bataille.
Dès lors, en terme d’élus (donc de postes pour ses membres), l’UDI s’y retrouve même s’il faut ajouter que l’UMP a besoin des voix que la première draine pour faire passer moult de ses candidats.
Néanmoins, en termes politiques, la balance d’une telle alliance ne penche qu’en faveur de l’UMP, parti dominant, et ramène l’UDI à une simple succursale du parti-grand-frère.
De plus, cette alliance a une limite, elle empêche la progression de l’UDI au-delà d’un certain niveau qu’elle pourrait dépasser en allant seule devant les électeurs.
Sans oublier qu’elle délégitime la candidature d’un de ses membres à l’élection présidentielle.
La négociation houleuse qui a lieu en ce moment à propos des régionales où l’UMP fait pression sur l’UDI pour avoir des listes communes partout alors qu’il s’agit d’une élection à la proportionnelle qui permet de se passer d’alliances est symptomatique de la volonté de la Droite de s’accaparer le Centre en vue de 2017 avec quelques gratifications mineures à la clé.
La question est de savoir, au-delà des déclarations du président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, si l’UDI possède les capacités de résister à l’UMP et à ses desiderata.
Il faut pour cela quatre éléments essentiels:
1) Premièrement, l’UDI doit être unie.
On sait que l’UDI est une confédération de partis et il n’est pas nécessaire pour qu’elle fasse front commun face à l’UMP qu’elle se transforme en parti centralisé.
Il faut, «seulement», que ses leaders aillent dans le même sens.
Or, aujourd’hui, ce n’est absolument pas le cas.
Les rivalités de personnes ainsi que les ambitions personnelles et les attentes de maroquins ministériels après 2017 ont créé un climat détestable à l’intérieur de la formation créée par Jean-Louis Borloo.
La haine entre Jean-Christophe Lagarde et Hervé Morin ne s’est pas éteinte après l’élection du premier à la présidence ainsi que la partition solo de Jean-Christophe Fromantin qui oublie souvent qu’il est encarté dans un parti.
S’ajoutent à cela les ambitions d’un François Sauvadet, d’un Maurice Leroy, d’un Yves Jégo, d’un Laurent Hénart et de quelques autres qui ne sont d’accord sur presque rien et surtout pas sur la stratégie électorale.
Comment faire front commun quand, par exemple, Hervé Morin déclare qu’en tant que président du Nouveau centre il ira discuter alliances électorales avec Nicolas Sarkozy, court-circuitant ainsi Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, sous la tutelle de laquelle se trouve le Nouveau centre?
Comment négocier sereinement quand François Sauvadet veut des candidatures communes dès le premier tour partout avec l’UMP alors qu’Yves Jégo veut partout des candidatures UDI?
Comment cimenter le parti quand Hervé Morin veut se rapprocher de François Bayrou alors que Jean-Christophe Fromantin y est totalement opposé?
Comment donner une direction politique au parti quand, lors de la loi Macron, une partie des députés UDI voulait voter pour et une autre voter contre?
2) Deuxièmement, l’UDI doit avoir un projet qui la différencie de l’UMP
L’UDI n’a pas de projet politique, ce qui fait qu’il est très difficile quelle est sa position sur telle ou telle question.
Elle n’est pas la seule formation dans ce cas mais, en tant que nouvelle venue sur la scène politique (2012), elle doit dévoiler son identité alors que celles du PS, de l’UMP ou du FN, par exemple, sont mieux connues.
Dès lors, pour la population, l’UDI n’a pas de pensée politique propre, ce qui permet de comparer, dans ce domaine, à l’UMP.
Il faut donc que, rapidement, l’UDI se dote d’un vrai projet politique pour dire enfin ce qui la caractérise (ce qui permettrait aussi une meilleure cohésion interne) et ce qui la différencie, ainsi, de l’UMP.
Non seulement cela lui donnerait du poids dans les négociations en vue d’une alliance électorale et d’un contrat de gouvernement mais une vraie personnalité pour progresser dans son indépendance.
3) Troisièmement: l’UDI a besoin d’un leader capable et non contesté
Jean-Christophe Lagarde a été élu président de l’UDI et son élection n’a été que très peu contestée qu’en à sa régularité.
Ce qui n’empêche pas ses anciens concurrents, Hervé Morin et Jean-Christophe Fromantin, de lui dénier la légitimité nécessaire pour pouvoir diriger dans un climat sain et de confiance la confédération.
Si Yves Jégo a décidé de se rallier à Lagarde (contre un poste de vice-président), il n’en reste pas moins vrai que l’envie de sédition qui anime Morin et Fromantin trouve aussi une part de ses raisons dans les agissements du président actuel du parti.
Certaines de ses méthodes et de ses comportements ainsi qu’une certaine nébuleuse sur son vrai programme (ou son programme, tout court), concourent à permettre à ceux qui lui conteste la présidence d’alimenter la controverse.
Et celle-ci se retrouve dans les médias où Lagarde est souvent décrit comme un arriviste aux pratiques politiques peu orthodoxes, voire proches de celles de Nicolas Sarkozy…
Pourtant, sur bien des points, le président de l’UDI a posé des jalons intéressants.
Que ce soit sur une candidature pour la présidentielle de 2017, la critique sans concession du Front national, la demande d’une dose de proportionnelle aux législatives, une volonté affichée de ne pas céder aux diktats de l’UMP et quelques autres points, il a joué une petite musique centriste que l’on peut saluer.
Evidemment, face à cela, ses sorties agressives contre tout ce qui ne lui plaît pas (et qu’il assume), son opposition systématique sans raison politique (comment, par exemple, justifier de refuser de voter une loi qui va dans le bon sens, comme il le dit, même si elle n’est pas parfaite?), ont troublé son image centriste.
Il lui faut donc encore peaufiner sa personnalité politique et publique.
Mais cela ne lui sera pas d’une grande utilité si l’UDI implose.
Il doit donc, dans le même temps, faire ce qu’il faut pour réduire la contestation en privilégiant, d’abord, le consensus.
Car, en tant que président, il est responsable de l’unité du parti qu’il dirige.
4) Une alliance préférentielle avec le MoDem
Ce qui semble étrange à beaucoup, de prime abord, c’est que l’UDI aille chercher son alliance de base avec l’UMP alors qu’elle devrait a priori le faire avec l’autre formation centriste de l’échiquier politique, le Mouvement démocrate présidé par François Bayrou.
Bien sûr, l’UDI et le MoDem se sont rapprochés et ont créé une sorte de comité de liaison appelé L’Alternative et se sont présentés ensemble aux élections européennes de 2014 et dans certaines villes aux municipales de la même année ainsi que dans des cantons lors des départementales de 2015.
Mais cela ne va pas plus loin.
Or l’intérêt évident de s’allier d’abord avec le Mouvement démocrate est de pouvoir, ensuite, avoir un poids politique beaucoup plus important en vue d’une alliance avec un partenaire autre que centriste.
Quand on parle d’alliance entre l’UDI et le MoDem, on ne parle pas de fondre les deux partis en une seule entité, c’est aujourd’hui impossible.
En revanche, les deux formations se situent clairement dans l’opposition et ont nombre de visions communes même si l’UDI penche un peu plus à droite et le MoDem un peu plus à gauche.
On sait bien que François Bayou ne souhaite pas se lier les mains et les pieds avec l’UDI et que du côté de celle-ci il a de nombreux opposants déterminés comme Jean-Christophe Fromantin ou François Sauvadet.
Néanmoins, une alliance autour d’un programme électoral est loin d’être irréalisable si les bonnes volontés existent.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC



mercredi 22 avril 2015

Actualités du Centre. Finlande: Les centristes ont remporté les élections mais doivent bâtir une coalition

Comme prévu par tous les sondages, c’est le Parti du Centre (Suomen Keskusta ou Kesk) mené par son leader Juha Sipilä, 53 ans, qui a remporté les élections législatives finlandaises avec 21,1% des voix et 49 sièges (soit 14 de plus qu’en 2011) sur les 200 que compte l’Eduskunta (chambre des députés).
Juha Sipilä sera donc le prochain premier ministre s’il parvient à construire une coalition gouvernementale soit avec le centre-droit (Parti de la coalition gouvernementale qui a obtenu 37 sièges), soit avec le centre-gauche (Parti social-démocrate de Finlande qui a obtenu 34 sièges).
Néanmoins, il n’est pas impossible que Sipilä fasse aussi alliance avec les nationalistes de droite et eurosceptiques des Vrais finlandais qui ont obtenu 38 sièges et deviennent ainsi la deuxième formation politique du pays sur fond de crise économique.
Les négociations pour la constitution du nouveau gouvernement vont démarrer et prendront plusieurs semaines.
La priorité est de relancer la croissance et de faire baisser le chômage.

Selon Juha Sipilä, «La situation finlandaise est très difficile et ce sera un projet d’environ 10 ans que de remettre la Finlande sur pied. Et c’est d’une combinaison de baisse des dépenses, de réformes et de croissance que nous aurons besoin».

mardi 21 avril 2015

Actualités du Centre. Grande Bretagne: Les centristes prêts à gouverner avec la Droite ou la Gauche

Alors que se rapproche la date des législatives en Grande Bretagne, le 7 mai, d’où sortira le 56° Parlement du pays, les jeux sont serrés entre les Conservateurs (droite) et les Travaillistes (gauche).
Il faudra sans doute, à nouveau, quel que soit le gagnant, une coalition gouvernementale, comme celle qui réunit actuellement, sous la direction de David Cameron, les Conservateurs et les Libéraux-démocrates (centristes).
Si le parti indépendantiste écossais a déjà indiqué que s’il faisait partie d’une coalition, ce ne serait qu’avec les Travaillistes et que les souverainistes de l’Ukip ne devraient pas être sollicités par aucun des deux grands partis, les Lib-Dems, eux, se voient avec l’un ou l’autre!
Pour expliquer ce comportement que l’on pourrait qualifier d’opportuniste – qui n’est pas forcément condamnable comme l’a montré l’étude de l’Américain Cass Sunstein – les responsables du parti centriste estiment que l’essentiel sera qu’une grande partie de leur programme soit repris.
Dès lors, si les Lib-Dems sont le parti charnière, ils iront vers ceux qui leur feront le plus de concession.
Même s’ils sont plus enclins à continuer leur chemin avec les Conservateurs, les centristes n’oublient pas qu’une grande partie des promesses faites par David Cameron à leur encontre n’a pas été tenue (notamment l’instillation d’une dose de proportionnelle pour les législatives ainsi que nombre de mesures sociales et concernant l’éducation).
De même, ils n’oublient pas que David Cameron veut organiser un référendum sur la sortie de Grande Bretagne de l’Union européenne alors qu’ils sont des Européens convaincus.
Néanmoins, ils fustigent les Travaillistes pour leur programme qui augmenterait, selon eux, les dépenses publiques.
Enfin, il est à noter que la puissance électorale des Lib-Dems s’est effondrée depuis qu’ils sont au pouvoir, une grande partie de leur électorat les ayant quittés du fait de leur politique beaucoup à droite alors que les centristes penchaient, avant leur entrée au gouvernement, parfois beaucoup plus à gauche que le «New labour», le Parti Travailliste à la mode Tony Blair et Gordon Brown…

Reste que s’ils risquent de se retrouver en quatrième voire cinquième position à l’issu du scrutin (contre la troisième place lors des législatives de 2010), ils seront sans doute nécessaires pour construire toute coalition gouvernementale.

lundi 20 avril 2015

L’Humeur du Centriste. Hervé Morin, monsieur 1%

En 2011 lors de sa candidature officielle pour la présidentielle de 2012, Hervé Morin souhaitait que le Centre et, surtout, son parti, le Nouveau centre soit présent à la reine des élections de la V° République.
Il pensait qu’ayant été ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy puis pourfendeur de celui-ci dans un livre vengeur, il s’était fait connaître et apprécié des Français suffisamment pour tirer son épingle du jeu et s’installer pour longtemps comme une personnalité qui compte dans le paysage politique français.
Grossière erreur puisqu’il ne décolla jamais d’intentions de vote à 1% (voire exceptionnellement à 2%).
Plus, il ne put jamais être sûr de réunir les 500 signatures d’élus nécessaires pour être un candidat officiel alors même que des candidats fantaisistes y parvenaient.
On comprend l’amertume de Morin même si personne ne l’avait poussé à se présenter et qu’il ne pouvait raisonnablement rivaliser avec les autres candidats «sérieux» dont, bien entendu, François Bayrou, qui captait sans difficultés l’ensemble des voix centristes sur son nom.
Il s’est sans doute dit «plus jamais», même si cette expression fait peu partie du bagage linguistique des hommes politiques, surtout quand il s’agit de leurs ambitions.
Néanmoins, le voilà désormais à militer pour qu’il n’y ait pas de candidats centristes à l’élection présidentielle de 2017 ou, plutôt, à ce que les éventuels candidats du Centre participent à la primaire de l’UMP (avec, à la clé, un coup de poignard dans le dos de Jean-Christophe Lagarde, son meilleur ennemi et… président du parti auquel il appartient).
Et voilà qu’un sondage est publié par le JDD et qu’il obtient 1% des intentions de vote s’il participait à cette primaire de la Droite.
Décidément, il est bien monsieur 1%.
Pas sûr que cela lui fasse énormément plaisir.
Mais ce qui doit encore lui faire moins plaisir, c’est son score auprès des sympathisants UDI.
Si ceux-ci participaient à la primaire – l’UDI n’a pas encore décidé ce qu’elle fera –, ils ne seraient que 4% à voter pour lui, un véritable camouflet!
Quoi qu’il en soit, ce sondage montre bien l’inutilité totale pour les centristes de présenter un ou plusieurs candidats à la primaire de l’UMP.
Ils seraient complètement laminés et les partis centristes perdraient, non seulement, la face mais aussi leur capacité à négocier un juste et bon accord électoral puis de gouvernement avec la Droite.
Ainsi Morin vient lui-même de démontrer que sa position était la mauvaise.
Dur, dur pour monsieur 1%...

Centristement votre.

Le Centriste



jeudi 16 avril 2015

L’Humeur du Centriste. Comment les Le Pen grugent et se moquent de la démocratie

Quand Jean-Marie dérape – c’est-à-dire souvent –, Marine se désolidarise immédiatement des propos de son père.
La systématisation de cette pratique et la volonté de Marine de «dédiaboliser» le Front national tout en gardant exactement la même vision, la même stratégie et les mêmes points de vue – certes de manière plus policée – que son père qui ne voit pas d’un mauvais œil la montée en flèche du parti qu’il a fondé, font de cette pratique une sorte de duo tragi-comique qui singe la fameuse stratégie des interrogatoires de police entre le bon et le mauvais flic qui se partagent le rôle pour faire avouer le suspect, ici, qui souhaitent amadouer l’électeur en montrant que, oui, le Front national est devenu un parti respectable avec, à sa tête, une femme qui ne supporte plus les propos inqualifiables de son père irrécupérable et proche de la sénilité mais qui envoie, en même temps, une sorte de message subliminal à tous les fascistes, les pétainistes, les xénophobes, les racistes et les antisémites de France, que, oui, le FN demeure, envers et contre tout, le parti de tous les haineux.
La possible exclusion de Jean-Marie du parti qu’il a fondé dont il a donné les clés à sa fille et son possible retrait de la tête de liste aux régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur au profit de sa petite-fille, outre que cela rappelle le caractère népotique et antidémocratique du fonctionnement de la formation d’extrême-droite, montre bien la connivence familiale.
Car, enfin, messieurs les commentateurs et des médias, si Marine Le Pen n’avait pas été d’accord depuis le début avec son père, pourquoi n’a-t-elle pas adhéré à un autre parti ou fondé le sien?
Pourquoi a-t-elle repris sans sourciller la formation fondée par son père dont elle a seulement voulu, par un tour de passe-passe, en faire un parti soi-disant «respectable» alors que tout, de sa création, de son fonctionnement, de ses idées et de son comportement ne l’a jamais été?
Et pourquoi Marine et tous les indignés du FN d’aujourd’hui n’en profitent pas pour démissionner et ne s’en vont pas fonder un nouveau parti pour se débarrasser une fois pour toutes du leader infréquentable et l’idéologie nauséabonde?
Oui, pourquoi?
Parce que l’ADN du FN ainsi que de ses membres est bien identique à celui de son fondateur.
Peut-être que l’«incident Jean-Marie» va coûter quelques voix et quelques militants au Front national à court terme mais ceux qui lui tourneront le dos vont-ils nous faire croire qu’ils ne savaient pas ce que pensait le chef, croyance qui est partagée ouvertement ou en catimini («dédiabolisation» oblige) par la grande majorité des dirigeants.
Tous les démocrates et les républicains, dont les centristes, se doivent donc dénoncer cette mascarade exécrable et cette grossière parodie de série US, mix improbable des «Feux de l’amour» (days of our lives) et de «New York, police judiciaire» (law and order) en ne rentrant pas dans ce jeu pervers dont la finalité est de faire du FN «un parti comme un autre», donc de désinhiber le possible électeur et de décomplexer l’actuel électeur.
Ils doivent demeurer mobiliser et continuer de dénoncer ce parti qui n’a rien de républicain avec ou sans Le Pen père.
On demanderait bien aux médias de faire de même, mais on va sans doute prêcher dans le désert où l’on trouve, heureusement, encore quelques oasis…
Car, que personne n’en doute, avec ou sans Jean-Marie, le FN restera le FN.
Si ce n’était pas le cas, il disparaîtrait de l’échiquier politique en quelques mois, ce qui serait, là, une vraie bonne nouvelle.

Centristement votre.

Le Centriste



mercredi 15 avril 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Hillary Clinton, une centriste pour succéder à un centriste à la Maison blanche?

Hillary Clinton a donc décidé de se lancer dans la course à la présidence des Etats-Unis qui se conclura en novembre 2016.
Ce n’est pas une grande surprise tant il semblait évident qu’elle voulait y aller, d’autant que les sondages lui donnent une vraie chance de gagner, elle est actuellement la grandissime favorite.
Bien entendu, il s’agit d’abord, comme pour toute personnalité politique, d’une ambition personnelle et d’une envie de servir son pays en laissant sa marque dans l’histoire.
Mais Hillary Clinton poursuit également deux autres buts.
Le premier est d’être la première femme à prendre la tête de la première puissance du monde, elle qui lutte depuis toujours pour la cause des femmes.
Le deuxième est de réformer les Etats-Unis avec un programme essentiellement centriste où la lutte pour la méritocratie et la réalité de l’égalité des chances («opportunities» aux Etats-Unis, c’est-à-dire la réalité effective de pouvoir utiliser toutes ses capacités pour réussir) ainsi que la lutte contre les inégalités sont les principales lignes directrices.
Mais elle n’a jamais, non plus, stigmatisé la libre-entreprise et le monde des affaires et de la finance, sachant l’importance qu’ils revêtent pour l’économie américaine.
Mais s’il fallait un argument définitif à son centrisme, il viendrait de… ses adversaires!
Attaquée de manière indécente par les conservateurs du Parti républicain (on ne parle même pas de la frange radicale proche de l’extrême-droite), elle l’est également par l’aile gauche du Parti démocrate qui ne supporte pas son positionnement centriste et tente par tous les moyens de lui opposer un candidat de gauche pour les primaires sans, pour l’instant, en trouver un.
Bien évidemment, Hillary Clinton se mettra dans les pas de deux autres centristes, son mari et ancien président, Bill Clinton (1993-2000) et celui qui occupe actuellement la Maison blanche, Barack Obama (2009-2016).
Si elle partage nombre de points communs et d’idées avec ceux-ci, Hillary Clinton a également une vraie différence dans sa vision d’une Amérique populaire de ceux qui veulent réussir par leur courage et leurs qualités ainsi que celle qui est un phare de la démocratie dans le monde et qui doit montrer ses muscles à ses ennemis quand il le faut (elle est bien plus un «faucon» que ne l’est Barack Obama).
Si, comme je l’ai dit, elle est la grande favorite de cette élection, la campagne ne s’annonce pas comme un long fleuve tranquille loin de là.
Ainsi, ses concitoyens sont très majoritaires à estimer qu’elle possède sans conteste la compétence pour occuper le poste de présidente mais ils sont nettement plus réservés sur sa personnalité, ce qui donne globalement un pays divisé en deux, entre ceux qui l’apprécient, parfois la divinise, et ceux qui ne l’aiment pas, parfois la haïssent.
Elle devra donc convaincre que ses détracteurs sont dans un «Hillary bashing» souvent plus dans la fantasmagorie que dans le réel.
Mais il n’’en reste pas moins que ces derniers – dont de nombreux membres des médias – ont un vrai pouvoir de nuisance qui a fait, entre autres, qu’elle a perdu la primaire démocrate en 2008 face à Barack Obama (même si elle avait remporté plus de voix que son adversaire mais que les règles de la primaire démocrate faisait que celui-ci avait plus de délégués qu’elle).
Reste, pour conclure, cet étonnant paradoxe qui fait que la politique américaine n’a jamais été autant polarisée du fait de la volonté des républicains de se démarquer à tous prix des démocrates en récupérant tout l’électorat radical, parfois même raciste et réactionnaire avec des discours populistes (au sens français) et démagogiques mais que l’hôte actuel de la Maison blanche est un pur centriste et que la favorite pour lui succéder en est une autre.
On peut l’expliquer par la participation électorale, assez faible pour les élections législatives et surtout dominée par le vote des plus conservateurs et des plus âgés, plutôt masculins, alors que la présidentielle, reine des élections, voit un nombre beaucoup plus importants de votants où domine la classe moyenne, où les minorités afro-américaine, latino et asiatique ainsi que les jeunes et les femmes font la différence.
De même, autre paradoxe, c’est encore une fois le parti démocrate qui part favori pour la présidentielle alors même que les deux chambres du Congrès sont dominées par les républicains.
Mais là, il s’agit avant tout de cuisine électorale et de découpage de circonscriptions réalisé par les deux partis mais surtout les républicains car la démographie et la sociologie du pays le porte actuellement plus vers le Parti démocrate que vers le Parti républicain.
Ainsi, par exemple, en 2012, les républicains obtinrent une forte majorité à la Chambre des représentants alors même que les démocrates avaient obtenus un million de voix de plus qu’eux lors du scrutin…



lundi 13 avril 2015

Actualités du Centre. Etats-Unis: Hillary Clinton sera candidate à la Maison blanche en 2016

Hillary Clinton a annoncé qu’elle serait candidate à la candidature démocrate à l’élection présidentielle américaine de 2016 espérant être la première femme à occuper le bureau ovale de la Maison blanche.
Elle est la première prétendante du camp démocrate à faire acte de candidature et pourrait d’ailleurs être la seule tellement elle semble inévitable.
Elle s’est déclarée via internet en postant une vidéo (voir ici) et en envoyant une déclaration écrite à ses soutiens dans lequel elle se présente comme une championne des classes moyennes mais aussi de celle qui permettra à tous d’avoir les opportunités qu’ils méritent, se plaçant en cela au centre de l’échiquier politique.
Voici ce texte:
«J’ai été élevée dans la croyance que vivre dans ce pays était un des plus grands bienfaits que n’importe qui puisse avoir.
Aujourd’hui, pour beaucoup trop de familles, le chemin vers la prospérité demeure peu clair.
Les familles se sont battues pour sortir d’une période économique difficile. Mais ce n’est pas assez – pas quand le dirigeant moyen gagne plus de 300 fois ce que l’ouvrier moyen est payé.
Tous les jours les Américains ont besoin d’un champion et je veux être ce champion.
J’ai passé ma vie entière à défendre les femmes, les enfants, les familles et tous ceux qui avait besoin d’un petite aide le long du chemin. C’est de cela que parlera la campagne et c’est de cela que je m’occuperai chaque jour comme votre présidente.
Il est temps pour nous de se battre pour des gens comme mon papa qui dirigeait une petite entreprise et s’était engagé à bâtir une meilleure vie pour sa famille. Des gens comme ma maman qui comptait sur la gentillesse des autres pour traverser une enfance difficile – et comme ma petite fille qui mérite de grandir dans un pays où chaque enfant a l’opportunité de s’élever jusqu’à son potentiel.
Ce ne sera pas facile. Et je ne prendrai rien comme acquis. Je vais travailler avec mon cœur pour mériter chaque vote parce que je sais qu’il n’y a pas de temps à perdre.»


samedi 11 avril 2015

Une Semaine en Centrisme. Primaire UMP: Les bonnes raisons pour que le Centre n’y participe pas

L’UMP a donc fixé les règles de sa future primaire qui lui permettra de choisir son candidat à l’élection présidentielle de 2017.
Une primaire qui sera «ouverte» aux candidats centristes si ceux-ci souhaitent y participer.
Cette annonce a déjà semé la zizanie chez les leaders du Centre, François Bayrou se déclarant opposé à toute participation, Hervé Morin y étant totalement favorable et Jean-Christophe bottant en touche, indiquant que cette question serait traitée plus tard…
Au-delà des conditions «techniques» d’une candidature (parrainage, représentativité, etc.), c’est des conditions politiques qu’il convient de discuter pour savoir si les partis centristes doivent ou non s’y associer comme le veulent ardemment tous les responsables de l’UMP.
On connait les raisons qui militent en faveur d’une candidature commune de la Droite et du Centre en 2017 tellement elles sont rabâchées du côté UMP et dans les médias.
D’abord, une meilleure efficacité dès le premier tour de la présidentielle – puis aux législatives – qui éviterait la possible absence d’un candidat de droite au second tour, devancé par celui du PS et du FN au cas où les voix centristes viendraient à lui manquer (ce qui permettrait alors et par ailleurs de faire porter aux centristes l’entière responsabilité de l’échec d’une Droite incapable aujourd’hui d’être porteuse d’une véritable dynamique politique).
Ensuite, une meilleure efficacité dans la mise au point d’un programme électoral commun Droite-Centre en vue d’une victoire qui semble inexorable puis d’un contrat de gouvernement qui s’appuierait sur ce programme.
Enfin, un jeu gagnant-gagnant puisque l’UMP hériterait de la présidence de la république en tant que parti dominant de la coalition mais les partis centristes, eux, auraient droit à des lots de consolation importants avec l’élection de nombreux députés et des places de choix dans le gouvernement qui serait formé après les victoires à la présidentielle et aux législatives.
Certes, ce n’est pas rien pour les partis centristes qui ne semblent pas à l’heure actuelle capables de faire un score conséquent à la présidentielle et qui devront nécessairement nouer des alliances aux législatives pour le deuxième tour.
Mais de meilleures raisons militent pour que le Centre ne participe pas à cette primaire et qu’il en ressorte, tout comme la France, malgré tout, gagnant sur le moyen et le long terme.
La première est évidemment celle de l’identité centriste et la deuxième, son corollaire, celle de son indépendance.
La participation des partis centristes à la primaire de l’UMP (qui sera rebaptisée d’ici là «Les Républicains») est une perte, et de la première et de la seconde.
Une perte d’identité puisque les candidats centristes, pour avoir une chance d’emporter la primaire (ce qui semble une évidence s’ils se présentent, sinon leur présence ne sert à rien d’autre qu’à servir la soupe à l’UMP et à faire croire qu’il s’agit d’une primaire Droite-Centre, ce qu’elle n’est pas en réalité), devront s’adresser à une population majoritairement de droite, donc de présenter un programme électoral sensé la séduire et non véritablement centriste qui n’aurait guère de chance de l’intéresser.
Une perte d’indépendance parce qu’en se présentant à cette primaire, les partis centristes acceptent donc la perte d’identité dont on vient de parler mais aussi de s’en remettre à un parti tiers pour l’organisation de la désignation de leur candidat et de lier leur destin à celui de l’UMP quoi qu’il arrive.
D’où un risque évident et important de vassalisation qui embarquera les partis centristes dans un processus de satellisation pour les cinq prochaines années après la présidentielle.
La troisième raison est l’existence même d’un espace centriste au-delà des échéances de 2017.
En abandonnant son indépendance (et son identité), les partis centristes réduisent de fait leur espace politique, tant en matière programmatique qu’électorale.
Si voter pour le Centre revient au même que de voter pour la Droite puisque le candidat sera évidemment de Droite vu la supériorité de l’UMP dans cette alliance totalement déséquilibrée, alors les électeurs qui feront ce choix se demanderont pourquoi continuer à voter pour les partis centristes d’autant que ceux-ci auront adopté un programme commun avec le parti de droite vainqueur.
Comment, en outre, affirmer sa spécificité, autrement que par des rodomontades ridicules et sans aucun effet genre Radicaux de gauche face au PS, alors que l’on a décidé librement de la mettre en retrait.
Mais cela ne serait pas aussi problématique s’il ne s’agissait que de cuisine électorale.
Car, c’est la quatrième raison et sans doute la principale, en abdiquant d’être un pôle politique indépendant, les partis centristes abdiquent de présenter leur projet et leur programme aux Français lors du premier tour de la présidentielle et de celui, par la suite, des législatives.
Ils affirment donc, dès le départ, que leurs différences et leur originalité n’existent pas et, en tout cas, ne sont pas assez importantes pour être soumises à l’appréciation des électeurs.
Rappelons-nous tout le mal que ce comportement a fait aux centristes lors de l’élection de 1995 où certains soutinrent Chirac et d’autres Balladur, deux hommes de droite, deux hommes de l’UMP.
Car, en V° République, ne pas présenter un candidat à la présidentielle, élection-phare, que l’on s’en félicite ou qu’on le regrette, est un aveu d’inexistence politique même si cela permet de se garantir des postes futurs.
Mais l’engagement politique n’est pas un engagement pour ceux-ci mais pour des idées.
Si les centristes décident, dès le départ, de ne pas se battre pour les leurs, alors à quoi servent-ils?
Bien sûr, ils prennent un risque mais celui-ci fait partie du courage politique, essentiel à la démocratie qui, pour fonctionner réellement, doit avoir le choix entre des projets politiques différents.
Tout cela n’empêche nullement les coalitions et les unions pour le second tour.
Actuellement, il semble que celle qui concerne les partis centristes se fera avec l’UMP.
Pourquoi pas?
Mais avant de s’allier avec un parti qui défend une vision politique différente, même si elle a des proximités avec la vôtre, vous devez aller au combat politique pour présenter cette dernière, la défendre et convaincre les électeurs qu’elle est la bonne pour eux et pour le pays.
Quant à la crainte de voir un deuxième tour PS-FN, disons tout de suite que les centristes doivent également avoir la même crainte qu’un duel UMP-FN.
La démocratie perdra effectivement si l’extrême-droite se retrouve qualifiée pour le second tour quelle que soit la configuration de celui-ci.
Nous en sommes encore loin et, in fine, si la situation politique fin 2016-début 2017 montrait que le FN était en capacité d’éliminer le candidat de droite, il y aurait alors la possibilité pour l’UMP, l’UDI et le Mouvement démocrate de s’assoir autour d’une table de négociation pour la désignation d’un candidat commun et unique autour d’un véritable programme électoral Droite-Centre.
Mais cette négociation n’aurait rien à voir avec l’abdication des partis centristes à désigner leur(s) propre(s) candidat(s) et d’adopter leur(s) propre(s) programme(s) en se fondant d’ores et déjà dans une primaire UMP qui n’est pas la leur et ne sera jamais la leur.
Oui, à ce moment-là, ce sera une vraie négociation entre partenaires indépendants et ayant gardé, chacun, leur dignité politique.
Et ça change tout pour les centristes et, surtout, pour le Centrisme, ce pourquoi les partis centristes se battent… ou sont sensés se battre!
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC



mercredi 8 avril 2015

Actualités du Centre. Présidentielle 2017: Morin joue contre Lagarde et l’UDI

Décidément, Hervé Morin a du mal à se remettre de sa défaite à la présidentielle de l’UDI face à son ennemi – le mot n’est pas trop fort –, Jean-Christophe Lagarde.
Il multiplie ainsi les déclarations de défiance à l’égard de ce dernier notamment pour estimer que l’UDI n’a pas de candidat valable pour l’élection présidentielle de 2017 et qu’elle doit participer activement à la primaire de l’UMP.
En faisant cela, il règle ses comptes avec Jean-Christophe Lagarde (qui n’avait pas soutenu sa candidature à la présidentielle de 2012 puis qui avait fait scission au Nouveau centre, ceci expliquant cela) qui souhaiterait un candidat centriste au premier tour, issu de l’UDI, mais qui n’a pas encore pris une position définitive à ce sujet, ni d’ailleurs l’ensemble de la formation de centre-droit.
Mais, dans une interview au Figaro, Hervé Morin monte d’un cran dans l’opposition à Jean-Christophe Lagarde.
Il déclare ainsi de manière très étonnante qu’«en tant que président du Nouveau Centre, j’irai quoi qu’il arrive en discuter avec l’UMP» à propos de l’organisation de la primaire.
Ce qui signifie qu’il refuse que ce soit le président de la confédération dans laquelle se trouve le Nouveau centre, l’UDI, de mener les discussions au nom de tous les partis qui la composent.
Cela signifie-t-il qu’Hervé Morin souhaiterait que le Nouveau centre reprenne sa liberté?
Sans doute mais ses amis politiques du Nouveau centre, eux, sans doute pas.
D’où ses déclarations à l’emporte-pièce et contradictoires dont le but est d’exister politiquement, de contrer Jean-Christophe Lagarde tout en ne précipitant pas l’UDI et le Nouveau centre dans une crise grave qu’il devrait assumer comme en étant le principal responsable.

Reste qu’à force d’’être dedans et dehors en même temps de l’UDI, il brouille son message et risque de porter atteinte à son image.


lundi 6 avril 2015

L’Humeur du Centriste. Le gentil et le méchant centristes de Sarkozy

Il y en a un qui n’arrête pas d’être chouchouté par Nicolas Sarkozy alors que l’autre n’a droit qu’à des attaques incessantes.
Jean-Christophe Lagarde est le «gentil» centriste de Sarkozy et François Bayrou, le «méchant».
Ce qui n’étonnera personne…
Que d’attentions pour le premier nommé.
Que de mépris pour le second.
Et ça marche!
Lagarde semble se sentir bien dans le rôle du «gentil» et Bayrou se délecte d’être le «méchant» de Sarkozy.
On voit Lagarde tout content d’être souvent en compagnie de l’ancien président de la république et Bayrou tout aussi satisfait de la publicité que lui donne celui-ci en l’ostracisant.
Cette stratégie de diviser les centristes entre eux serait risible si elle ne donnait pas les résultats que l’on vient de citer.
Avoir un espace centriste divisé est, quoi qu’il arrive, une bonne nouvelle pour Nicolas Sarkozy et pour l’UMP, en général.
Et puis tout cela n’est évidemment pas gratuit.
De Lagarde, Sarkozy attend qu’il rejoigne le camp de la Droite et qu’il mette fin à ses envies de candidature autonome de l’UDI à la présidentielle et qu’il fasse de son parti ce que fut le Nouveau centre de 2007 à 2012, un allié peu encombrant.
De Bayrou, Sarkozy attend rien du tout puisqu’il sait que celui-ci se présentera une quatrième fois à la présidentielle si ce n’est pas Juppé qui est le candidat de l’UMP.
Récupérer les voix des centristes de l’UDI dès le premier tour de la présidentielle en pariant sur un flop de Bayrou qui fera figure de candidat perpétuel sans aucune chance de l’emporter, voilà le grand dessein de Sarkozy pour les centristes, ces gens qu’il n’a jamais aimés…
Il serait bon que les deux centristes de cette histoire s’en rendent compte rapidement ainsi que leurs partis respectifs et qu’ils décident de ne pas marcher dans la combine en se rapprochant afin d’envisager un programme commun pour les échéances de 2017 ainsi qu’une primaire centriste.
Pour cela, il faudrait que Lagarde cesse de renvoyer Bayrou à son désistement de 2012 en faveur de François Hollande pour l’ignorer et que Bayrou cesse d’avoir une attitude condescendante envers son ancien «responsable des jeunes» afin de le rabaisser.
Et qu’ils ne viennent pas se plaindre s’ils sont les dindons de la farce au cas où ils ne feraient rien contre.
Car la tactique du gentil et du méchant ne peut marcher que s’ils sont d’accord pour interpréter les rôles que le metteur en scène Sarkozy leur a dévolus.
Oui, messieurs Bayrou et Lagarde, si vous vous faites gruger, c’est que vous l’aurez bien cherché.

Centristement votre.

Le Centriste



samedi 4 avril 2015

Une Semaine en Centrisme. L’UDI, «incontournable» pour l’UMP mais UMP-dépendante

Dans l’euphorie de la victoire aux départementales de la coalition UMP-UDI, Jean-Christophe Lagarde, en déclarant que son parti, l’UDI, avait doublé le nombre de ses conseillers départementaux, a estimé que celui-ci était également devenu «incontournable» pour l’UMP.
Il a ainsi expliqué que celui-ci avait acquis «un pouvoir, relatif, mais un pouvoir au sein de l'opposition» et que «nous sommes incontournables (pour l’UMP), alors que ça n'a pas toujours été le cas».
Et de réitérer l’affirmation selon laquelle l’UDI serait le troisième parti de France derrière l’UMP et le PS en se basant sur le nombre d’élus, ce qui permet d’occulter l’évidence qu’il ne vient qu’en quatrième position en nombre de voix, très loin derrière le FN, l’UMP et le PS, dans l’ordre d’arrivée des élections européennes et qui est sans doute encore le même lors de ses départementales si l’UMP avait été seule à la bataille.
Mais c’est de bonne guerre de gonfler le poids de sa formation politique.
En revanche, l’incontournabilité supposée de l’UDI pour l’UMP semble plus vraisemblable même si elle s’accompagne, dans le même temps, d’une UMP-dépendance de l’UDI.
Car, au cas où le rapport de force électoral n’évolue pas d’ici là, si l’UMP a besoin de l’UDI pour espérer avoir une majorité en 2017 et devancer le Front national lors du premier tour de la présidentielle, l’UDI a besoin de l’UMP pour exister électoralement parlant.
Mais est-ce du «gagnant-gagnant», selon une des expressions favorites de Nicolas Sarkozy?
Oui et non.
Oui si l’on se place dans le rapport de force électoral du moment que l’on vient d’évoquer.
Ainsi, si l’UMP doit avoir l’UDI à ses côtés pour espérer remporter la présidentielle (après avoir passé le premier tour grâce à un candidat commun) et les législatives, l’UDI a besoin de l’UMP pour avoir des députés en nombre et pouvoir participer de manière significative à un gouvernement de la Droite et du Centre.
Non si l’on se place en matière d’indépendance et de spécificité politiques.
La différence de poids électoral en faveur de l’UMP ne permet pas à l’UDI de peser d’un poids politique suffisant pour infléchir de manière importante la ligne droitiste de l’UMP vers plus de centrisme.
Cela ne veut pas dire que l’UDI n’aura pas de moyens de pression pour, à la marge, obtenir des concessions et faire passer quelques unes de ses idées.
Il se peut même que ces concessions excèdent le poids électoral de la formation de centre-droit si les sondages révèlent que l’électorat centriste en attend davantage d’une union UMP-UDI, ce qui obligera l’UMP a plus de souplesse.
Reste que quelque soit le nombre et l’importance des concessions, elles demeureront dans un programme et un projet de droite et non du centre.
Quant à l’indépendance, elle sera évidemment mise à mal uniquement du côté de l’UDI.
Nous en serons alors à revivre la situation de 2007 où une partie de l’UDI (le Parti radical) était dans l’UMP et une autre (le Nouveau centre) était un appendice de cette même UMP, c’est-à-dire dans un suivisme politique des centristes vis-à-vis du parti de droite.
Le paradoxe de tout cela est que pour être incontournable pour l’UMP, l’UDI doit être, en même temps, UMP-dépendante.
D’où cette nécessité pour les partis centristes de s’entendre pour devenir un partenaire de poids dans les années à venir pour leur allié, où qu’il se trouve.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC