mardi 29 juin 2021

Vues du Centre. En 2016, le prochain président de la république s’appelait… Alain Juppé!

Par Jean-François Borrou

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.
Il y en a qui n’apprennent jamais rien et qui n’ont aucune honte à parader bien avant une hypothétique victoire au risque d’être ridicules et pathétiques.

Ceux-là ont déjà écrit l’histoire de la présidentielle de l’année prochaine à l’aune des résultats des régionales de cette année.

Pour eux, pas de doute, ces élections ont cassé la dynamique d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen qui seraient les deux vaincus… d’un vote local auquel ils ne participaient même pas.

Un scrutin marqué par une abstention record où la plupart des «vainqueurs» ont été élus avec moins de 20% des inscrits (17,8% pour Wauquiez, 16,8% pour Bertrand, 14,9% pour Pécresse jusqu’à 10,5 pour Loïg Chesnais-Girard!).

Du coup, ce n’est plus un duel Macron-Le Pen qu’ils prédisent mais Bertrand-Hidalgo!

En réalité, la seule chose que nous savons quand aux finalistes et au gagnant de 2022, c’est que nous ne savons rien.

Oui, les sondages montrent tous que le second tour devrait opposer le président sortant et la candidate d’extrême-droite avec une victoire du premier nommé.

Oui, les élections régionales ont été des échecs pour leurs partisans.

Mais, ni les sondages à un an de l’élection, ni des élections locales n’ont jamais prédit avec exactitude l’issue d’un scrutin national.

En 2016, tous les sondages affirmaient qu’Alain Juppé serait le candidat de la Droite puis qu’il s’installerait à l’Elysée.

En 1980, tous les sondages affirmaient que Valéry Giscard d’Estaing serait réélu.

Et après des élections législatives catastrophiques pour la Gauche – avec la première cohabitation de la V° République –, tous affirmaient que François Mitterrand serait battu en 1988.

En 2001, aucun sondage ne mettait Jean-Marie Le Pen au second tour.

Quand à Emmanuel Macron, personne ne misait un sou sur ses chances d’être président un an avant le scrutin, sondages à l’appui.

En revanche, la photographie actuelle que nous renvoient les enquêtes d’opinion est celle d’un paysage politique morcelé d’où émergent le central-centriste Macron et l’extrémiste Le Pen, ce qui, d’ailleurs, coïncide avec les deux grandes tendances de ces dernières années avec un pan de la population qui soutien une vision de la démocratie républicaine libérale attaquée par l’autre pan qui veut l’abattre et mettre en place un régime populiste autocratique.

Pour autant, le candidat démocrate peut demain être quelqu’un d’autre que Macron et il est également possible que Le Pen ne passe pas le premier tour.

Un dernier mot.

Le plus dérangeant dans cette affaire, ce n’est pas que les politiques instrumentalisent les sondages et les élections pour prétendre qu’ils sont les prochains dirigeants du pays.

Ils sont dans leur rôle.

C’est plutôt la propagande de certains médias qui tordent le cou aux faits pour tenter d’endoctriner les citoyens au lieu de les informer avec une palme au duo Le Monde- Le Figaro et ce n’est malheureusement pas la première fois.

Car, au moment où j’écris, on sait deux choses: les sondages prédisent la victoire d’Emmanuel Macron en 2022; la Gauche et la Droite ont remporté les régionales marquées par une très forte abstention.

Pas plus, pas moins.

Jean-François Borrou