mercredi 24 août 2022

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Changer radicalement le monde ou périr?

Il faut être très prudent lorsque l’on aborde ce type de questionnement car on a souvent tendance à s’appuyer sur une situation présente sans le recul nécessaire et en sur-interprétant les signaux dans telle ou telle direction.

Nombre de charlatans mais aussi de chercheurs sérieux se sont trompés dans les constats et les conclusions.

Sans parler des «futurologues» dont les prédictions se sont souvent révélées plus qu’erronées.

Reste qu’une certaine angoisse parcourt les peuples et les médias même les plus sérieux sur le futur de l’Humanité.

En témoigne les déclarations des politiques dont celles assez récurrentes du président de la république Emmanuel Macron qui a parlé encore aujourd’hui pour exprimer son inquiétude et la nécessité d’agir en profondeur:

«Je crois pour ma part que ce que nous sommes en train de vivre est plutôt de l’ordre d’une grande bascule ou d’un grand bouleversement. Nous vivons depuis plusieurs années la fin de ce qui pouvait apparaître comme une abondance. Celle des liquidités sans coût (...), celle de la fin de l'abondance de produits, de technologies qui nous semblaient perpétuellement disponibles» (…) la fin de l'abondance de terre ou de matière, et de celle de l'eau».

Une situation qui, selon lui consiste à prendre les «dispositions pour tirer toutes les conséquences».

Les récents événements ont ajouté désarroi et anxiété dans la population avec ce sentiment que plus rien ne sera comme avant, causant un profond malaise puisque l’on ne sait pas exactement ce que cela signifie pour son mode de vie, si cela sera mieux ou moins bien, voire plus.

Dans le même temps, une certaine conscience que plus rien ne doit être comme avant s’est développée et que nous sommes «à la fin d’un monde».

Le changement du monde en profondeur, pourtant, n’est pas forcément une catastrophe même si ce sont des catastrophes annoncées qui nous obligent à inventer un monde différent.

Il me faut préciser immédiatement que je parle bien ici de changer le monde et non de changer de monde parce que nous vivons dans un seul monde que nous pouvons changer, améliorer et réformer mais nous ne pouvons changer de monde.

Tous ceux qui ont prétendu le contraire, qui ont appelé à la révolution finale et se sont mis en tête de modeler un nouvel humain n’ont in fine apporté que chaos et violence, destructions et crimes en ne changeant en réalité rien du tout, pire, faisant souvent régresser l’Humanité.

En outre, quels que soient les cataclysmes qui nous menacent, il ne faut pas tomber dans le sensationnalisme qui ne sert qu’à faire peur ou, à l’inverse, à rendre ridicule le propos.

Ainsi, quoi qu’en dise camelots de la peur, nous ne devons pas nous attelé à «sauver la planète» car, quoi qu’il arrive notre Terre ne disparaîtra pas ou dans quelques milliards d’années quand le soleil est censé imploser.

Elle sera peut-être un désert mais, franchement, on peut dire qu’elle s’en fiche…

En revanche, c’est bien l’Humanité qui faut secourir même s’il est fort peu probable que l’action humaine puisse faire disparaître l’entière vie sur terre et même notre entière espèce.

Certains d’entre nous ou de nos descendants, peut être peu, en réchapperont certainement si le pire devait survenir à cause de nous.

Seules les catastrophes naturelles peuvent anéantir des formes de vie mais pas éteindre la vie elle-même puisque les mammifères, lors de l’extinction des dinosaures, survécurent sinon nous ne serions pas là.

Ayant dit cela, nous en savons aujourd’hui beaucoup sur ce que nous devons faire pour que le monde soit construit différemment pour tenter de réparer nos erreurs ou, seulement, notre ignorance.

D’une planète où tout semblait en abondance et sur laquelle nous devions constamment nous battre pour ne pas être à la merci de tous les dangers qu’elle recèle, nous sommes passés à une Terre dont les ressources ne sont pas extensibles à l’infini et où nous devons trouver une harmonie avec une nature que nous avons réussie, sinon à domestiquer – ce qui sera toujours impossible –, en tout cas à faire en sorte de dominer certains de ses aspects les plus hostiles à notre encontre.

Donc nous savons à peu près quel chemin nous devons suivre au moment où nous atteignons les limites d’un modèle de développement.

Reste à savoir si nous sommes capables de l’emprunter, tout dans l’Histoire de l’Humanité semblant démontrer le contraire.

Car, oui, grâce à nos capacités intellectuelles, nous avons été capables de lutter contre nombre de fléaux qui nous ont touchés depuis l’aube de notre présence terrestre.

En revanche, nous avons toujours échoué à empêcher que nos comportements néfastes produisent des cataclysmes.

Pire, nous avons même utilisé nos intelligences pour les rendre encore plus cataclysmique.

Nous avons trop souvent choisi de périr plutôt que d’utiliser notre génie à faire de la planète un endroit sûr.

Peut-être que notre science et notre technologie nous permettront d’inventer un futur vivable.

Mais même si c’est le cas, nous devons nous prouver à nous-mêmes que nous pouvons devenir des êtres responsables.

Un challenge à la hauteur des défis que nous avons-nous-mêmes créés.