dimanche 7 octobre 2018

Actualités du Centre. Sans surprise, les sympathisants de Macron sont «centraux» et centristes

Les sympathisants d’Emmanuel Macron sont installés au centre de l’échiquier politique avec un positionnement centriste.
Voilà la conclusion d’une courte étude (la lire ici) réalisée par Gilles Finchelstein, le directeur de la Fondation Jean Jaurès (socialiste) qui a été publié au mois de septembre dernier et dont la matière première est le sondage d’opinion réalisée à périodes répétées par l’institut Ipsos pour le Cevipof (centre d’étude de la vie politique de Sciences Po Paris) en association avec le quotidien Le Monde.
Aucune surprise pour tous ceux qui ont lu les sondages mais qui demeure une difficulté pour nombre de politologues comme Gilles Finchelstein.
Ainsi, en conclusion de ses propos, au lieu de qualifier les sympathisants macronistes de centristes il écrit sont «en apparence (…) le plus souvent au milieu» mais «qu’ils ne sont pas ‘ni de droite ni de gauche’ mais ‘et de droite et de gauche’», ce qui, en langage clair signifient qu’ils sont du Centre...
D’ailleurs, pour étayer son propos, il explique leur positionnement:
«La position centrale des sympathisants LREM est la résultante d’une proximité avec la gauche – notamment avec les sympathisants PS – sur le sociétal, sur la démocratie et sur l’Europe et d’une proximité avec la droite – les sympathisants LR – sur l’économie et le social.»
En clair, ils sont des libéraux sociaux, donc des centristes!
Mais, pour Gilles Finchelstein, ce serait trop simple de l’affirmer alors il joue encore à l’ellipse en expliquant que:
«Idéologiquement, c’est sans doute le libéralisme qui se rapproche le plus de ce portrait-robot. (…) Il s’agit d’un libéralisme au sens philosophique, c’est-à-dire à la fois économique, sociétal et politique, très centré sur l’individu.»
A nouveau, cela caractérise des centristes.
Selon l’étude, le nombre de sympathisants du macronisme qui, pour Finchelstein sont entre les adhérents et les électeurs dans la sphère d’influence de celui-ci, se situe à 14% des Français:
«Dans le temps, c’est-à-dire dans le temps court de l’existence d’un mouvement lancé le 6 avril 2016, la progression est spectaculaire. Il faut souligner qu’elle commence tard – en janvier 2017, alors qu’Emmanuel Macron recueille déjà près de 20% des intentions de vote, il n’y a qu’une poignée de sympathisants de LREM. Il faut aussi remarquer qu’elle connaît un tassement récent dont l’avenir dira s’il constitue un moment ou un retournement.»
Et d’ajouter:
«LREM rassemble, si l’on s’en tient aux dernières élections, davantage d’électeurs et compte, si l’on en croit les chiffres officiels des différents partis, davantage d’adhérents mais n’a pas plus de sympathisants.»
Cette étude, écrite, rappelons-le, par un socialiste convaincu (et qui vient de signer un éditorial à charge contre Emmanuel Macron dans Le Monde du 6 octobre), a le mérite d’exister mais elle ne pose que des évidences déjà largement connues et, de manière plus décevantes, reprend des stéréotypes et des attaques contre l’actuel président de la république là où on aurait préférait voir de la profondeur.
Encore un mot: Gilles Finchelstein situe l’UDI à droite alors que le parti est globalement de centre-droit avec, en son sein, de vrais centristes.
Ce qui n’est pas une erreur de sa part mais la volonté de droitiser Emmanuel Macron.


Actualités du Centre. Macron défend le régime de la V° République… même ses imperfections

Emmanuel Macron
Présidentielle ou parlementaire?
La Constitution de la V°République serait, selon ses défenseurs, dont l’actuel président de la république, un objet hybride qui allie avec bonheur les deux systèmes de gouvernement d’un pays démocratique.
Au régime présidentiel, elle emprunte un exécutif fort et stable et au régime parlementaire, le vote de la loi par les représentations de la nation et la responsabilité du gouvernement devant ces derniers qui peuvent le défaire.
Emmanuel Macron s’en est encore félicité lors de l’anniversaire de ce texte fondamental lors d’un discours devant le Conseil constitutionnel, le 4 octobre dernier (lire le texte de celui-ci ici).
Il a notamment déclaré que «la France dispose, face aux déferlantes de l’Histoire, d’un socle de stabilité et de solidité que nous devons maintenir en résistant aux effets de mode, au aspirations du moment, aux tentations du court terme qui, trop souvent, ont motivé les altérations de la Constitution. A ces tentations, opposons le sens du temps long, et sachons utiliser le droit pour façonner l’Histoire.»
Or, pour beaucoup de spécialistes de droit constitutionnel mais aussi pour beaucoup de centristes, c’est bien les emprunts négatifs aux deux régimes qui dominent la Constitution gaullienne et rendent le débat démocratique quelque peu bloqué.
Ainsi, aucun réel contre pouvoir n’existe face à la présidence de la république comme dans un régime présidentiel tel qu’il est pratiqué aux Etats Unis (ou contrairement à ce que l’on croit, le président à moins de pouvoir que son homologue français).
De même, le Parlement, désormais élu (pour ce qui est de l’Assemblée nationale) dans la foulée de l’élection présidentielle, ne possède pas les pouvoirs et les moyens pour faire réellement la loi, n’étant souvent qu’une chambre d’enregistrement des projets de loi gouvernementaux, ses propositions de loi étant souvent enterrées par la priorité des textes venus de l’exécutif.
Ce ne sont que deux exemples que l’on pourrait multiplier d’un régime hybride qui a permis une présidentialisation extrême où une personne entourée de quelques conseillers dirigent toute la vie politique ou pratiquement.
Bien entendu, il est difficile de rédiger un texte qui soit parfait en la matière et, surtout, qui survive en l’état à une pratique du pouvoir où l’une des branches a tendance à prendre le pas sur l’autre et à refuser ensuite de revenir en arrière (le Parlement sous la IV° République, le Président de la république sous la V°).
Pour autant, le Président de la république estime que les institutions nées de la Constitution de la V° République peuvent permettre de gouverner à notre époque de l’immédiateté, de l’impatience et de la défiance:
«Je sais (…) les tempêtes et les avanies que notre époque réserve à ses dirigeants politiques et particulièrement au premier d’entre eux. L’impatience et l’exigence, la tyrannie de l’immédiat, le règne de l’image et le goût pour l’écume des jours n’aident pas forcément à mener une action sereine pour qui céderait à cette tyrannie mais aucun président de la V° République n’en a été préservé jusqu’au général de Gaulle lui-même. Qu’on ne prétende pas gouverner la France ni même la présider si l’on n’est pas prêt aux déferlantes et aux vents contraires. Il faut tout ignorer de notre pays pour espérer une mer d’huile, l’important est ici de conserver le cap et nos institutions nous le permettent, c’est leur grande force, car il en va de l’avenir de la France.»
Quoi qu’il en soit, Emmanuel Macron veut tout de même réformer la Constitution pour la mettre en conformité avec le temps présent comme il l’avait promis lors de sa campagne électorale avec des mesures qui avaient commencé à être discutées à l’Assemblée nationale au début de l’été avant que l’«affaire» Benalla ne vienne perturber cette procédure qui devrait bien reprendre au début de l’année 2019:
«La réforme constitutionnelle à laquelle je m’étais engagé est à mes yeux une tentative de réponse à cette crise. Elle reviendra devant l’Assemblée nationale début janvier et je sais que le Gouvernement, par le dialogue avec l’Assemblée nationale et le Sénat, trouvera la manière de faire intelligemment cheminer cette réforme.»