vendredi 19 janvier 2018

Vues du Centre. UDI: «2018, ça ne peut être que mieux que l'année dernière», vraiment, monsieur Lagarde?!

Par Jean-François Borrou

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.

Jean-Christophe Lagarde
Pour ceux qui suivent les propos de Jean-Christophe Lagarde et qui ont assisté à ses vœux à la presse, on ne peut pas dire que le président de l’UDI leur applique le principe de réalité et qu’il est plutôt devenu un adepte de la méthode Coué.
En plus de cela, ses déclarations changent d’un jour à l’autre.
Exemple sur l’Europe, où il affirmait ses derniers jours qu’il voulait une liste de son parti pour les prochaines élections en 2019.
Maintenant, il affirme, sans rire, qu’«une liste indépendante ou pas, on fera ce choix début 2019».
Car, selon lui, «le débat européen, il doit d’abord avoir lieu».
Mais quel débat puisqu’il déclare dans la foulée que «nous sommes d’accord à 95% avec ce que disent La République en Marche ou le MoDem» et qu’il y a «zéro pour cent de chances» de faire une liste avec LR...
Quant aux sondages, il donne pas plus de 3,5% à une liste UDI indépendante.
Mais pour qu’il y ait une liste indépendante ou commune avec LREM et le MoDem, encore faudrait-il que l’UDI existe encore demain.
Et, là, on entre dans une sorte d’univers parallèle où, tout en reconnaissant que «l'année 2017a été très difficile pour notre famille politique», tout va bien puisque la raison de ces moments difficiles étaient «la multiplication de nos chapelles, de nos luttes internes», en oubliant que l’UDI était jusqu’à présent une confédération et que c’est le départ de toutes les composantes sauf celle de ses amis qui les a créés!
Du coup, l’UDI sera désormais, comme il le dit, «une force politique unifiée et sans chapelles» mais pas par volonté d’«unité» mais parce que plus personne d’autres que ses amis politiques regroupés dans un micro-parti, FED, ne veut travailler avec lui.
En outre, la nouvelle donne politique issue de l’élection d’Emmanuel Macron va permettre, selon le président de l’UDI, pour «la première fois» et «depuis longtemps», «que nous allons pouvoir choisir nos alliés en fonction de leur proximité politique avec nous», sous-entendu, la formation centriste n’est plus un appendice de LR.
Or, donc, fort de cette volonté, les deux premiers choix d’alliance ont été faits avec LR!
Jean-Christophe Lagarde a également expliqué qu’«En 2018, c’est la première fois que nous allons pouvoir faire de la politique sans entrave, pas en fonction d’une étiquette qui nous serait imposée» sans que l’on comprenne ce que cela voulait dire exactement.
Car, si l’on tente de décoder cette assertion, jusqu’à présent l’UDI ne défendait pas véritablement ses positions qui lui étaient imposées de l’extérieur (ou d’ennemis intérieurs).
Mieux vaut en rire qu’en pleurer…
Pour cette cérémonie des vœux, le président de l’UDI était accompagné de ses deux «prises du guerre», Maurice Leroy, ancien allié d’Hervé Morin et membre de Les centristes et Yves Jégo, ancien membre du Parti radical qui a refusé de s’associer à la réunification des radicaux dans le Mouvement radical social-libéral.
Le seul problème c’est que messieurs Leroy et Jégo sont deux opportunistes de haut vol dont les carrières politiques sont jalonnées d’appartenance à des partis variés et divers (Leroy fut au PC puis au RPR, Jégo au RPR puis à l’UMP avant de se transformer soudainement en centristes) et fans transis d’hommes politiques qu’ils ont ensuite critiqués parfois vertement (Bayrou pour Leroy, Sarkozy pour Jégo).
Et si Jégo est un grand contempteur de Nicolas Sarkozy, Leroy a été un de ses soutiens lors de la primaire LR pour la présidentielle.
Bonjour l’«unité» de l’UDI vantée par Lagarde…
Si c’est cela la nouvelle UDI, elle va nous faire regretter l’ancienne, ce qui serait un sacré tour de force!

Jean-François Borrou