vendredi 24 février 2017

Présidentielle 2017. Sondages: Macron creuse l’écart avec Fillon au 1er tour et avec Le Pen au 2°

Marine Le Pen, François Fillon, Emmanuel Macron
Est-ce le début d’une nouvelle dynamique pour le leader d’En marche!?
En tout cas, les deux sondages quotidiens (rolling) de ce jour montrent une nouvelle progression d’Emmanuel Macron tant au premier tour qu’au second tour.
Concernant le premier tour, il creuse l’écart pour la seconde place avec Fillon, 23,5% contre 20,5% pour l’Ifop (Paris Match, iTélé et Sud radio) et 23% contre 21% pour Opinionway (Les Echos et Radio classique).
Mais il se rapproche également de Marine Le Pen en étant à moins de trois points (Ifop) du score de la candidate d’extrême-droite (26% pour les deux instituts), c’est-à-dire dans la marge d’erreur.
Au deuxième tour, les deux sondages disent également la même chose avec Macron qui augmente son avance tant pour l’Ifop, 61,5%-38,5% que pour Opinionway, 61%-49%.
Quant à Benoit Hamon il est à 13% (Ifop et Opinionway) tandis que Jean-Luc Mélenchon est à 11% pour les deux instituts.
Par ailleurs, un sondage Odoxa pour France info indique que 62% des Français approuvent la décision de François Bayrou de faire alliance avec Emmanuel Macron.
Mais ils sont seulement 50% contre 49% à estimer que le président du MoDem est un atout important pour la campagne de Macron.
Plus intéressant sont les 61% de Français qui estiment qu’il faut un gouvernement représentant l’axe central, allant de la droite libérale à la gauche réformiste.
Cette opinion est très fortement majoritaire chez les sympathisants de gauche (70%) mais elle est également soutenue par une majorité de sympathisants de droite (57%).
(Sondage Odoxa réalisé les 22 et 23 février 2017 par internet auprès d’un échantillon de 980 personnes âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points // Sondage «rolling» Opinionway réalisé quotidiennement par internet auprès d’un échantillon de 1500 personnes – dont 500 interrogées quotidiennement par roulement – âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points // Sondage «rolling» Ifop réalisé quotidiennement par internet auprès d’un échantillon de 1500 personnes – dont 500 interrogées quotidiennement par roulement –  âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)


Alexandre Vatimbella


A lire aussi:


Actualités du Centre. Parution de la nouvelle édition du Centrisme du XXI° siècle

Les Editions du CREC viennent de publier la nouvelle édition entièrement revue et très largement augmentée de l’ouvrage d’Alexandre Vatimbella, «Le Centrisme du XXI° siècle, Humanisme de la Liberté, du Respect et du Juste équilibre».
Cet ouvrage présente et permet de comprendre ainsi ce qu’est le Centrisme et le Centre aujourd’hui au moment où celui-ci joue un rôle important dans la campagne présidentielle avec l’axe central et une réelle chance de victoire.
Il explique pourquoi une politique centriste possède les capacités à relever les défis du XXI° siècle en accord avec les valeurs et les principes du Centrisme défendus par le Centre.
Il montre l’existence évidente d’un Centre porteur du projet de société du Centrisme, un humanisme qui a ses propres valeurs et ses propres principes et qui n’est ni à gauche, ni à droite, ni de gauche, ni de droite, ni au centre (mais du Centre) ou dans une position centrale qui serait d’être et de gauche et de droite mais qui se trouve défini par sa recherche constante du juste équilibre et son refus sans concession des clientélismes tout en se battant pour la liberté dans l’égalité, le respect, la tolérance et la solidarité dans une démocratie républicaine.

Le Centrisme du XXI° siècle, Humanisme de la Liberté, du Respect et du Juste équilibre, Alexandre Vatimbella, Editions du CREC, 343 pages, disponible en versions papier ou PDF)

Pour lire un extrait, consulter la table des matières ainsi que pour commander cet ouvrage cliquez ici

Présidentielle 2017. Bayrou peut-il faire perdre Macron?

François Bayrou et Emmanuel Macron le 23 février
L’alliance que François Bayrou a proposé à Emmanuel Macron et que ce dernier a accepté ressemble comme deux gouttes d’eau à celle que le président du Mouvement démocrate avait scellé avec Alain Juppé.
Bien entendu, la situation n’est pas totalement identique mais il convient de rappeler pour beaucoup d’amnésiques ce qui s’est passé depuis que Juppé a décidé d’être candidat à la candidature LR pour la présidentielle.

Dès l’annonce de celle-ci, François Bayrou s’est immédiatement déclaré en sa faveur tout en ajoutant qu’il était dubitatif sur la primaire organisée par la Droite et qu’il avait à conseillé son ami bordelais de ne pas y participer, en vain.

Trois raisons participaient à ce soutien.

La première était que Bayrou devait une fière chandelle à Juppé qui, le sortant du fond du trou où il se trouvait après la présidentielle de 2012, lui avait permis de devenir maire de Pau et de revenir au premier plan de la vie politico-médiatique.

La deuxième était que Juppé se présentait au nom de la droite humaniste, farouchement hostile à l’extrême-droite mais aussi à la droite radicale et populiste incarnée alors par Nicolas Sarkozy tout en jetant des ponts vers le Centre.

La troisième était que François Bayrou n’était pas alors dans les conditions appropriées pour se présenter lui-même une quatrième fois à la présidentielle – on se rappelle que lors des élections municipales, il avait promis d’ailleurs de se dédier entièrement à sa bonne ville de Pau – et qu’il n’entrevoyait pas de fenêtre pour sa candidature dans la situation politique d’alors.

Mais les choses ont évolué très vite.

D’abord, François Bayrou a rapidement retrouvé sa place dans le monde politico-médiatique  ce qui lui a permis de constater que les médias étaient toujours aussi friands de ses propos en l’invitant à tour de bras, lui redonnant une stature nationale.

Ensuite, il s’est assez vite rendu compte que la situation politique évoluait à vitesse grand v et qu’une candidature de l’axe central (allant de la droite humaniste jusqu’à la gauche réformiste en passant par le Centre) avait, non seulement du sens, mais une réelle opportunité d’être dans le peloton de tête en 2017.

Pour preuve, Alain Juppé caracolait en tête de tous les sondages et autres baromètres de popularité en s’étant approprié l’espace central – il se présentait même comme un candidat central – tandis qu’Emmanuel Macron avec ses multiples transgressions libérales au gouvernement, remportait un franc succès auprès de l’opinion en se positionnant comme social-libéral et progressiste.

Dès lors, lui qui avait toujours occupé l’espace central et qui défendait un libéralisme social s’est de nouveau senti poussé des ailes présidentielles, surtout, s’est senti légitime pour incarner ce mouvement puissant qui semblait naître autour d’une candidature centrale.

C’est comme cela qu’il faut comprendre les premières critiques qu’il adressa début 2016 à Juppé et à son programme estimant qu’il allait travaillait afin que l’ancien premier ministre de Jacques Chirac le fasse évoluer vers le Centre.

C’est aussi à ce moment là qu’il commença à fortement douter en public que Juppé puisse remporter la primaire, estimant que Nicolas Sarkozy était mieux placé parce qu’il était le chef de la Droite.

Un Sarkozy dont il a fait son ennemi intime depuis 2007 au même titre que François Hollande depuis 2012, celui qui lui claqua la porte au nez par une fin de non-recevoir pour constituer une nouvelle majorité présidentielle incluant le MoDem.

Il a donc affirmé que si Nicolas Sarkozy gagnait la primaire, il prendrait ses responsabilités sans dire ce qu’elles étaient.

Mais personne ne fut dupe et tout le monde comprit qu’il s’agissait d’une nouvelle candidature présidentielle.

D’ailleurs, en privé, il ne se privait pas de le dire quasiment ouvertement expliquant les raisons qui pourraient le faire gagner.

D’autant qu’il pensait alors que François Hollande se représenterait et que face aux deux derniers présidents de la république largement discrédités et clivants aux yeux de l’opinion publique ainsi que face à la menace Le Pen, il avait réellement une chance de pouvoir se qualifier pour le second tour puis de l’emporter en tant que candidat républicain contre l’extrême-droite.

Bien entendu, il continuait à dire qu’il serait fidèle à Alain Juppé sauf si celui-ci virait à droite toute en reprenant les arguments de campagne de Sarkozy.

Néanmoins, on peut supposer qu’il serait demeuré fidèle au maire de Bordeaux si celui-ci avait remporté la primaire LR.

Sauf que, plus l’échéance de ce scrutin se rapprochait, plus François Bayrou prenait la parole dans les médias pour critiquer l’ancrage très à droite de LR et évidemment la personne de Nicolas Sarkozy, tenant des propos extrêmement durs à l’encontre de ce dernier, choquant les sympathisants LR, ce qu’il ne pouvait évidemment ignorer.

Tout ceci commença sans surprise à énerver les dirigeants de LR ainsi que les amis de Nicolas Sarkozy.

Ces derniers y virent d’ailleurs un moyen efficace d’attaquer Alain Juppé en affirmant que s’il était désigné comme candidat de LR, il serait l’otage de François Bayrou, honni comme centriste par les sympathisants de la droite mais surtout comme un judas qui a fait perdre Sarkozy en 2012 en ayant déclaré qu’il allait voter pour François Hollande.

S’en suivit une bataille médiatique qui commença à tourner au vinaigre pour Juppé qui demanda, trop tard, à Bayrou de ne plus faire de déclarations assassines.

Ce qui est troublant dans cette affaire c’est que le président du MoDem ne pouvait ignorer comme tous les acteurs politiques que ses sorties faisaient plus de tort que de bien à Juppé.

Jouait-il alors sa propre carte en étant persuadé qu’il avait une opportunité certaine à se présenter lui-même à la présidentielle?

Beaucoup le pensent même s’il est difficile de l’affirmer comme une vérité.

Toujours est-il qu’Alain Juppé a commencé à baisser dans les sondages, ce qui l’a conduit à terminer en deuxième position derrière la surprise Fillon au premier tour de la primaire LR et de se faire battre à plate couture au deuxième.

L’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy s’était positionné de manière très opportuniste sur le créneau de la droite radicale quand il plafonnait à moins de 10% des intentions de vote et il est apparu pour les sympathisants comme un Sarkozy plus acceptable (c’était avant le Pénélope Gate!), de plus comme un vrai homme de droite et surtout pas otage du centriste Bayrou.

Ce dernier, un temps désarçonné par cette victoire, déclara bien vite qu’il ne pouvait soutenir la candidature de Fillon car son programme était dangereux pour la France.

Mais, à l’opposé de ce que beaucoup d’observateurs pensaient, il n’’en profita pas pour annoncer sa candidature à l’Elysée.

Car il y avait Emmanuel Macron.

D’abord jugé comme quantité négligeable et bulle qui allait rapidement se dégonfler, Bayrou ne s’en préoccupa guère tout en lui lançant des piques.

Puis, quand il s’avéra que le phénomène Macron bénéficiait d’une réelle dynamique, le président du MoDem tira sur lui à boulets rouges, l’insultant et tentant de le discréditer sans toutefois y parvenir.

Tant de haine s’expliquait parce que pendant que Bayrou soutenait Juppé, Macron, en deux temps trois mouvements, lui avait raflé l’espace central.

Et sa dynamique sondagière ainsi que médiatique en faisait désormais un des acteurs principaux de la prochaine présidentielle au grand dam du président du MoDem qui plafonnait à 8% d’intentions de vote dans les sondages sur la présidentielle même s’il restait en haut des classements des baromètres d’opinion.

Car, pour François Bayrou, Emmanuel Macron n’était qu’un vil usurpateur qui n’avait aucune légitimité à incarner l’axe central.

D’ailleurs, il était, à l’époque, bien plus agressif vis-à-vis de l’ancien ministre de l’économie que les centristes de l’UDI qui proposèrent à ce dernier de les rejoindre.

Donc, Bayrou décida d’attendre.

De fin décembre à mi-février, il expliqua ainsi qu’il réfléchissait pour savoir s’il allait se présenter.

En réalité, il voulait d’abord savoir quel serait le candidat du PS.

Si cela avait été Manuel Valls, ce dernier aurait été un concurrent direct d’Emmanuel Macron en lui prenant des voix sur sa gauche et une candidature centriste aurait eu du sens.

Mais c’est Benoit Hamon qui fut désigné candidat socialiste, donc un homme de la gauche de la gauche, peu dangereux pour Emmanuel Macron, surtout ne le privant d’aucun vote.

Tout se compliquait donc pour Bayrou qui pensait encore que Macron ne tiendrait pas la distance.

Il crut qu’il avait eu raison lorsqu’éclatèrent les polémiques sur les propos de Macron concernant la colonisation et la manif pour tous.

Certains prédirent un effondrement des intentions de vote du leader d’En marche! ce qui aurait enfin permis la candidature de Bayrou.

Cependant, aucun cataclysme ne frappa Macron.

Evidemment, le président du MoDem aurait pu encore attendre un peu pour scruter un éventuel bouleversement qui lui aurait ouvert la présidentielle mais il fallait qu’il se détermine notamment pour jouer un rôle dans cette élection, voire après et peut-être pour 2022.

Dès lors, il avait trois choix.

Se présenter au risque de se prendre une veste avec moins de 5% des voix et, surtout, de faire perdre le candidat de l’axe central le mieux placé, Macron, ce qui aurait sans doute signé sa sortie définitive de la vie politique nationale, sans pour autant que des signaux apparaissent lui permettant d’y croire seulement un peu.

Ne pas se présenter en jouant les sages au-dessus de la mêlée et en préparant 2022, jouant sur une victoire de Fillon puis sur son échec lors de son quinquennat, sans donner de consignes de vote, au risque d’apparaître comme un homme seul incapable de tendre la main à Macron dont il partage beaucoup de points de vue et qui est en position de gagner.

Ne pas se présenter et soutenir Emmanuel Macron.

Si François Bayrou a choisi cette dernière option, ce n’est évidemment pas par sympathie envers le leader d’En marche! duquel il a dit beaucoup de mal mais parce qu’il ne peut aller contre son propre électorat qui est séduit par celui-ci et pour ne pas insulter l’avenir.

Bien sûr, on ne peut enlever la dimension morale de cette décision face à une situation où il faut barrer la route à l’extrême-droite et empêcher un homme soupçonné de détournements de fonds publics de l’emporter au risque de ridiculiser la France dans le monde et, avant tout, de provoquer une nouvelle cassure entre les Français et leurs représentants politiques.

On comprend bien que l’alliance proposée par Bayrou à Macron ne se fait pas dans la joie et la bonne humeur mais dans la raison et le devoir.

Pour autant Macron doit-il se réjouir d’une alliance avec Bayrou qu’il a été évidemment obligé d’accepter tellement les termes généraux posés par le président du MoDem pour la conclure ne lui posaient aucun problème et, surtout, parce qu’il ne pouvait fâcher la partie centriste de son électorat en la refusant.

Le scénario positif répond par l’affirmative avec la possibilité pour le leader d’En marche! de récupérer une partie des 5% des intentions de vote qui se portaient encore sur le président du MoDem dans les sondages, ces pourcents qui feront peut-être la différence au premier tour pour terminer dans le duo de tête, de crédibiliser encore un peu plus sa candidature puisqu’une personnalité politique de premier plan le rejoint avec ses troupes et que cette alliance est capable de donner un supplément de dynamisme à sa campagne au moment où elle était à un tournant.

Mais il y a un scénario négatif.

Nous l’avons vu, Bayrou joue depuis toujours avant tout son destin présidentiel – ce qui ne veut pas dire qu’il joue contre la France – et il a fait perdre son précédent allié en étant un repoussoir pour beaucoup des électeurs de ce dernier, deux éléments qui pourraient plomber la candidature d’Emmanuel Macron.

Ainsi, dans l’électorat d’Emmanuel Macron il y a des gens de droite qui se sont ralliés à lui parce qu’il était «ailleurs» et non au centre et qu’il n’était pas Bayrou.

De même qu’il y a des gens de gauche qui ont fait de même en pensant qu’il était toujours des leurs et qu’il ne penchait pas autant que cela vers le Centre.

L’alliance avec Bayrou risque de lui donner une image centriste ce qu’il ne veut pas du tout parce qu’il sait que cela pourrait lui nuire auprès de ces deux électorats dont il a absolument besoin pour passer le premier tour.

D’ailleurs, dans son acceptation de l’alliance proposée par Bayrou, il n’a pas parlé de celle-ci comme étant celle du Centre mais seulement de la décision d’un homme en sa faveur dont il a seulement évoqué «aussi» son combat pour le Centre en France.

Quoi qu’il en soit, à partir de maintenant, Macron va devoir montrer qu’il n’est pas phagocyté par Bayrou et il va devoir gérer la parole du président du MoDem afin d’éviter que celui-ci ne lui plombe sa campagne.

Le peut-il?

C’est évidemment tout l’enjeu de ces prochaines semaines mais personne ne peut répondre très exactement à cette interrogation ainsi qu’à celle de savoir si Bayrou va plus détourner d’électeurs potentiels de Macron qu’il va lui en apporter.

De même, personne ne sait si François Bayrou ne sera pas dans une démarche critique de la campagne de Macron au moindre propos de ce dernier qu’il ne partagera pas.





Alexandre Vatimbella






A lire aussi: