dimanche 19 février 2017

Présidentielle 2017. L’instant tant espéré par les adversaires de Macron est-il enfin arrivé?

Nous serions donc dans ce fameux instant tant espéré par les adversaires de Macron, celui où le leader d’En marche! après avoir grimpé sans discontinuer dans les sondages – qu’évidemment aucun de ces adversaires déclarent regarder quand ils ne disent pas ce qu’ils souhaitent… – connaît un palier, à défaut d’une baisse importante, et que les polémiques s’enchainent contre tout ce qu’il fait ou qu’il dit.
Et ces adversaires de gauche et de droite de se lécher les babines en se disant que l’on va enfin pouvoir se débarrasser du sale gosse, celui qui veut jouer dans la cour des grands et qui les empêche de faire leur petit business politique entre eux «as usual» afin de revenir à leur normalité et non à sa disruption.
Mais ils pourraient bien avoir tort.
D’abord sur les sondages.
Ceux dont se gargarisent les équipes de campagne des candidats de droite et de gauche pour annoncer la mort politique prochaine de Macron – relayés en cela par leurs médiasphères respectives –, sont essentiellement ceux que publient chaque jour les instituts Opinionway et Ifop, ces fameux «rolling» dont l’exactitude doit être, encore plus que pour les autres, discutée sur le court terme.
Or que disent, les derniers, ceux de vendredi?
Que Macron est toujours en deuxième position mais avec un point de moins et se retrouve à égalité avec Fillon.
Ce n’est pas du tout la chute vertigineuse annoncée par certains.
D’autant que tous les autres sondages montrent le contraire c’est-à-dire, sauf à les triturer pour leur faire dire le contraire de ce qu’ils disent, que la dynamique Macron existe toujours et n’a guère faibli.
Dès lors, la baisse sondagière du leader d’En marche! ne s’est pas encore produite, si elle se produit.
Ensuite, les polémiques.
Celles-ci, par définition, sont créées de toute pièce et n’existent pas «naturellement».
En général – mais l’ère post-vérité et des faits alternatifs nous montrent aussi le contraire – il convient évidemment qu’il y ait quelque chose sur lequel on lance des polémiques.
Que certains propos et gestes d’Emmanuel Macron aient permis de les susciter est certain.
Qu’il les ait souhaitées, c’est aussi à peu près sûr, notamment celle sur la colonisation pour permettre le basculement d’un affrontement entre lui et Fillon pour la deuxième place, la bataille des outsiders, à un affrontement entre lui et Marine Le Pen pour la première, la bataille des leaders, tout en se posant comme celui qui subit les attaques virulentes et inacceptables du Front national mais aussi qui est le mieux placé pour être le rempart à l’extrême-droite.
De ce point de vue, il a parfaitement réussi son coup.
Que ces polémiques soient justifiées et honnêtes, c’est une autre question.
Que les médias les reprennent pour faire le buzz, ce n’est plus une surprise, surtout que la plupart d’entre eux sont plutôt hostiles à Macron.
Il suffit de lire l’ensemble des articles qui leurs sont consacrées pour voit avec quel empressement les journalistes parlent des problèmes de Macron et d’un possible tournant négatif de sa campagne voire de son prochain effondrement.
Quelles sont ces polémiques et que disent-elles sur le fond?
Il y a essentiellement les propos sur le caractère de la colonisation, ceux sur les participants à la Manif pour tous
En ce qui concerne la colonisation qui pourrait être, selon lui, un crime contre l’humanité reproché à l’Etat français (et non à des particuliers), tout ceci est une affaire de point de vue mais surtout d’un débat qui doit être dépassionné.
Reste qu’en le lançant, Macron savait qu’il ferait des vagues et ils les voulaient comme on l’a vu plus haut.
De même, il a réussi à s’excuser pour ses propos tout en réaffirmant qu’il n’avait pas besoin de s’excuser, ce qui a permis toutes les interprétations possibles sur ces déclarations, ce qui est évidemment tout aussi voulu par le leader d’En marche!...
En ce qui concerne le mauvais traitement que l’on aurait réservé aux participants de la Manif pour tous, Macron voulait ici se positionner comme celui qui peut réconcilier les Français sur une question qui les a largement séparés tout en rappelant que s’il ne fallait pas stigmatiser les gens qui ne pensent pas comme vous, il était un défenseur sans aucune faiblesse de la communauté LGBT.
Là aussi, Emmanuel Macron cherchait à faire le buzz pour créer une polémique afin de se poser en réconciliateur mais également en progressiste.
Les jours qui viennent diront si cette nouvelle stratégie – ou nouveau niveau de sa stratégie globale – est bonne en donnant le résultat escompté, faire définitivement de sa personne le centre de la campagne électorale tout en le présentant comme celui qui refuse une France crispée et qui prône la réconciliation.
Mais elle recèle également d’un danger, sans doute connu des équipes du candidat, non-négligeable.
En faisant de Macron la cible de toutes les attaques, venues de tout l’échiquier politique, il n’est plus le prétendant qui est en-dehors, le challenger qui ne fait pas partie du système comme il a bâti jusqu’à présent son personnage.
Du coup, le côté romantique et rebelle de sa candidature risque d’en souffrir.
Or il était jusqu’à présent un ingrédient essentiel de celle-ci.
Mais, en tout état de cause, ce que les adversaires d’Emmanuel Macron ont pris pour des maladresses voire des fautes étaient sans conteste des actes et des propos réfléchis.
 
Alexandre Vatimbella



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