lundi 20 février 2017

Présidentielle 2017. Bayrou joue la chute de Macron

François Bayrou & Emmanuel Macron
C’est sans doute la semaine où la décision de François Bayrou va se décider définitivement.
Non pas dans sa conscience profonde et dans sa réflexion gaullienne de servir la France mais dans l’observation minutieuse des intentions de vote en faveur d’Emmanuel Macron ainsi que dans son image médiatique.
Pour pouvoir se présenter, avoir une chance de figurer dans le peloton de tête, voire d’avoir celle de figurer au second tour, le président du MoDem doit espérer – comme il le répète depuis des mois – l’effondrement du phénomène Macron.
Or, celui-ci, s’il doit survenir, devrait commencer à se manifester au moment où les intentions de vote en faveur du leader d’En marche! connaissent, non pas une baisse, mais un palier, et où ses adversaires politiques le pilonnent avec une presse beaucoup plus offensive à son encontre.
Si, dans les jours qui viennent, la fragilité de Macron apparait avec des intentions de vote plus proches de 15% que de 20% avec une incapacité de la part de sa campagne d’insuffler une nouvelle dynamique et de tourner la page des polémiques, Bayrou aura une fenêtre de tir évidente.
Pour autant, peut-il remplacer Emmanuel Macron, c’est-à-dire récupérer son positionnement politique et, surtout, son électorat potentiel?
S’il parait assez facile pour le président du MoDem de s’assoir dans le fauteuil de Macron comme celui-ci s’est installé dans le sien, rien n’est moins sûr quand à récupérer ses sympathisants.
Ceux-ci constituent six groupes: ceux qui viennent de la gauche modérée et du PS, ceux qui viennent du Centre sans se référer aux partis qui s’en réclament, ceux qui viennent du MoDem, ceux qui viennent de l’UDI, ceux qui viennent de la droite modérée et de LR et ceux qui affirment n’avoir pas de préférence partisane.
Bien entendu, il devrait s’attacher une grande partie de ceux qui viennent du MoDem et qui retourneront au bercail et une partie non-négligeable de ceux qui n’ont pas de préférence partisane.
En revanche, malgré le fait qu’il les avait séduits en 2007, ce sera beaucoup plus difficile de s’attacher une majorité de ceux qui viennent de la gauche modérée et du PS ainsi que des indépendants du Centre et impossible pour ceux qui viennent de l’UDI ainsi que de la droite modérée et de LR.
Les premiers repartiraient pour beaucoup du côté du PS malgré la candidature Hamon parce que Bayrou est pour eux un homme de droite ou un opportuniste, les seconds sont généralement peu enclins à voter Bayrou à qui ils ne donnent pas la stature d’un homme d’Etat, les troisièmes sont dans un véritable et très large rejet de celui qu’ils estiment fait perdre systématiquement le Centre à chaque élection et les quatrièmes, à part une petite partie des sympathisants d’Alain Juppé, ne veulent plus entendre parler d’un homme qui n’arrête pas de stigmatiser leur parti et leurs convictions politiques.
On peut estimer, dès lors, qu’il peut récupérer un tiers des possibles électeurs d’Emmanuel Macron, soit environ 7% des intentions de vote dans des sondages qui lui donnent actuellement 5% d’intentions de vote.
L’addition des deux pourcentages fait 12%, ce qui correspond d’ailleurs au niveau haut des intentions de vote qu’il recueillait dans les enquêtes sur la présidentielle avant la montée en puissance de Macron.
Bien sûr, cela fait une base intéressante mais loin d’être suffisante pour espérer être au deuxième tour ou même être au cœur de la bataille de la présidentielle.
Sauf si cette base insuffle une dynamique électorale, ce qu’espère évidemment François Bayrou.
Reste que ce raisonnement demeure largement hypothétique et inclut plus ou moins le retrait de Macron de la course à la présidentielle.
Or, même si ce dernier devait connaître un trou d’air violent, voire même ne pas pouvoir remonter la pente, rien n’indique qu’il renoncerait, ni même qu’il ait un intérêt à la faire s’il veut avoir un avenir et un destin politiques.
Pour autant, cela demeure la seule lueur d’espoir pour François Bayrou de se déclarer, pour la quatrième fois, candidat à l’Elysée.


Alexandre Vatimbella



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