lundi 8 septembre 2014

L’Humeur du Centriste. Giscard, son héritage centriste et la bande des quatre UDI

Ils étaient tous là ce week-end en Mayenne, les quatre UDI, grand sourire aux lèvres, venus fêter les quarante ans de la victoire de Valéry Giscard d’Estaing à la présidentielle de 1974 en présence de l’heureux élu d’alors.
Les quatre en question étaient bien sûr les candidats à la présidence de l’UDI: Jean-Christophe Fromantin, Yves Jégo, Jean-Christophe Lagarde et Hervé Morin, par ordre alphabétique pour ne fâcher personne.
Il leur fallait évidemment et absolument être sur la photo souvenir, eux qui revendiquent l’héritage de l’UDF et du seul président de la république de la V° République qui s’est dit «au centre» lors de son mandat et a dénié plusieurs fois être «du Centre» par la suite.
D’ailleurs, ce dernier, en leur souhaitant bonne chance, a demandé à ce que la France soit gouvernée au centre, tout en rappelant que son septennat avait été un succès, on n’est jamais si bien servi que par soi-même…
Si l’on peut discuter de cette dernière affirmation, sachant qu’il a été le premier président de la république battu pour sa réélection (avant que Nicolas Sarkozy ne vienne compléter le tableau), on peut s’amuser au jeu des similitudes entre le glorieux aîné et ceux qui rêvent de son parcours en faisant de l’UDI, «l’UDF du XXI° siècle»,  selon les termes mêmes de l’hôte de cette petite commémoration, le député mayennais, Yannick Favennec.
Si Jean-Christophe Fromantin partage avec lui ce positionnement de droite modérée et son côté franc-tireur, Jean-Christophe Lagarde a en commun son libéralisme culturel, tandis qu’Hervé Morin est proche de son libéralisme économique.
Yves Jégo partage avec Giscard… son changement partisan pour des raisons d’égo. Rappelons aux quatre candidats que Giscard refusa de soutenir François Bayrou en 2007, candidat officiel de l’UDF, pour soutenir Nicolas Sarkozy, candidat de l’UMP (même si sa rupture avec l'UDF venait de plus loin). Yves Jégo, lui, a quitté l’UMP, déçu de ne pas être considéré à sa juste valeur par Nicolas Sarkozy et François Fillon, pour s’en aller à l’«UDF du XXI° siècle»…
Plus intéressant est l’héritage centriste face aux quatre candidats à la présidence de l’UDI et à Valéry Giscard d’Estaing.
Comme on l’a dit, l’ancien président de la république a toujours refusé l’étiquette de centriste expliquant que s’il avait gouverné au centre, c’était parce que la société française devait être réformée et qu’il fallait l’ouvrir après les présidences ankylosantes de De Gaulle et de Pompidou.
C’est un peu le créneau de Jean-Christophe Fromantin en matière économique.
En revanche, celui-ci est très conservateur en matière de mœurs à la différence de Giscard qui s’est positionné sur ces questions en tant que libéral, là où l’on peut ranger, avec des nuances, les trois autres candidats à la présidence de l’UDI.
Sans oublier l’Europe, grand dessein de Valéry Giscard d’Estaing et que partagent, ici, les quatre de l’UDI, un thème éminemment centriste.
Toujours est-il que l’ancien président de la république n’a jamais pu accomplir son rêve, réunir les fameux deux Français sur trois auxquels il consacra un livre.
Vaste ambition qui semble si éloignée à l’heure actuelle de la capacité des partis centristes qui, ensemble, réussissent à rallier à leur cause environ un Français sur dix!
Reste que Valéry Giscard d’Estaing a permis aux centristes de sortir de leur torpeur où ils étaient entrés après la déconfiture de la IV° République et de participer vraiment au pouvoir et pas sur des strapontins.
Si un des quatre candidats à la présidence de l’UDI peut accomplir cette tâche, alors il sera le digne successeur d’un président qui avait senti tout ce que le Centre peut apporter au pays sans être lui-même un centriste ou un adepte du Centrisme.

Centristement votre.

Le Centriste