lundi 18 février 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. L’Union européenne en coma dépassé, vive les Etats-Unis d’Europe!

Les discours se succèdent et disent à peu près la même chose: l’Union européenne est dans l’impasse.
Non pas qu’elle ait été un échec, bien au contraire. Elle a permis de construire une relation unique entre Européens, assurant la paix, la prospérité (quoiqu’en disent certains) et une vision élargie du monde.
Après sa constitution en 1957 (sous le nom de Communauté économique européenne) avec la signature d’un traité à Rome par six membres fondateurs, elle a, petit à petit, incorporé dans le projet européen des pays aux intentions et situations diverses, de la Grande Bretagne à la Grèce en passant par la Pologne ou l’Espagne et bientôt la Croatie.
Dès lors, elle devenue plus une auberge espagnole, où chacun demandait son dû avant même de participer à l’entreprise commune, qu’une maison commune, vouée à faire vivre des peuples sous le même toit et avec les mêmes fondations.
Malgré des succès indéniables et une résistance que n’avait pas prévue ses adversaires déterminés, elle est aujourd’hui dans une sorte d’incapacité politique et le risque est réel de la voir se déliter lentement dans les années à venir même si elle ne disparaîtra pas.
Cette Union européenne a fait son temps ou, plutôt, elle doit être dépassée par un dessein encore plus grand et plus nécessaire que jamais.
Il n’est pas question de la détruire mais de bâtir sa suite logique, les Etats-Unis d’Europe, un projet porté depuis toujours par le Centre, avec ceux qui le désirent.
L’Union européenne peut continuer à exister avec ses vingt-sept membres et quelques autres en plus mais elle est trop enlisée pour devenir autre chose qu’une union de pays souverains avec quelques délégations de souveraineté.
Quant à la zone euro, elle a pour vocation à se fondre dans la fédération européenne avec les pays qui constitueront cette dernière et sans ceux qui ne voudront pas franchir ce pas historique.
Car, la seule solution politique (même si ce processus sera difficile et compliqué), est de créer une structure totalement fédérale en partant de l’expérience de l’Union européenne mais qui ne soit pas celle-ci.
Une constitution européenne doit être à la base de ces Etats-Unis d’Europe, constitution adoptée par les peuples qui veulent unir leurs destins et qui savent que leur avenir et celui de leurs enfants passent par cette nouvelle avancée.
Bien entendu, les Etats-Unis d’Europe ne compteront pas vingt-sept membres, ni même peut-être dix ou cinq au départ. Mais la Communauté économique européenne (CEE) n’était-elle pas composée de six membres avant de devenir l’Union européenne de vingt-sept membres?
Ce qui manque aujourd’hui pour passer à cette étape essentielle, c’est un projet qui ranime les énergies et un discours politique de vérité.
Ce qui manque, c’est le courage d’hommes et de femmes politiques responsables, prêts à s’investir totalement dans ce projet sans penser à leur «carrière».
Ce qui manque, ce sont des peuples qui regardent vers l’avant et non leurs nombrils.
La génération actuelle peut entrer dans l’Histoire par la grande porte en posant la pierre supplémentaire à l’édifice commun de ses pères, réalisant ainsi ce que ni la chrétienté, ni les rêves mégalomaniaques d’un Napoléon ou criminels d’un Hitler n’ont pu bâtir, une Europe unie grâce à ses valeurs et principes humanistes, berceau des idées démocratiques et du respect d’autrui.
Beaucoup diront que tout ceci n’est qu’une fantasmagorie sans lien avec la réalité. Ils auront raison mais aussi tort.
Oui, la tâche est herculéenne. Non, ce n’est pas tourner le dos à la réalité, c’est justement ce confronter à elle et aux défis immenses qu’elle pose aux Européens en ce XXI° siècle.
L’alternative est simple: soit subir, soit maîtriser son destin.
Au moment où il nous faut absolument nous mettre à l’ouvrage de ces Etats-Unis d’Europe, n’oublions pas le bon conseil de ce cher Sénèque quand les montagnes aux pics inaccessibles se présenteront devant nous: «Ce n’est pas parce que c’est difficile qu’on n’ose pas, c’est parce qu’on n’ose pas que tout devient difficile».