jeudi 16 novembre 2017

Actualités du Centre. Alain Juppé «en mouvement» pas «en marche» mais pas très loin de Macron

Alain Juppé
Dans un entretien à l’hebdomadaire Le Point, Alain Juppé a tenu à préciser ses propos sur une possible alliance avec Emmanuel Macron et la gauche libérale pour les prochaines élections européennes.
Si le maire de Bordeaux ne nie pas la proximité avec le président de la république sur plusieurs points dont l’Europe et qu’il pointe les dérives radicales tant à gauche qu’à droite, il estime que si nous sommes dans une période de «décantation politique», il ne faut pas en conclure à la mise en place d’alliances particulières dès à présent.

Néanmoins, il rappelle que la Droite n’a jamais pu gagner sans le Centre et que le rassemblement qu’il appelle de ses vœux pourrait se faire derrière Macron.

Or, et Emmanuel Macron, et son mouvement La république en marche se trouvent bien au centre de l’échiquier politique…

- Le Point. Bordeaux est-elle en train de devenir la capitale de la refondation politique?

Alain Juppé: Nous sommes dans une période de décantation politique. L'extrême gauche n'est pas en forme: monsieur Mélenchon a le blues! Le PS se cherche et ne se trouve pas. Madame Le Pen a perdu sa crédibilité sur l'Europe. Et LR se questionne. En ce qui nous concerne, nous sommes devant deux analyses politiques. Pour certains, on a besoin d'une droite-droite: ouvrir au centre, c'est faire le jeu du Front national. Pour d'autres, on n'a jamais gagné sans une alliance de la droite et du centre. C'est ce qui nous avait conduits à créer l'UMP en 2002 avec Jacques Chirac. Le débat est toujours d'actualité. Quand la droite se droitise, elle banalise les idées du Front national, et banalise l'extrême droite. C'est ce qui se passe en Pologne. Je considère pour ma part que la bonne stratégie est d'ouvrir la porte. Mais autour de qui se fédérer? Voilà la question. En marche! n'est pas un parti politique, mais une organisation sans sol. Le rassemblement peut se faire autour d'Emmanuel Macron… ou de quelqu'un d'autre comme Édouard Philippe, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse.

- Certains commentateurs ont dit que par vos propos récents vous faisiez «le deuil de l'UMP». Qu'en pensez-vous?

Les commentaires sont libres. L'UMP est morte en 2015 puisque c'est LR qui a pris la suite. De toute façon, les centristes dans une grande partie avaient quitté notre formation en 2014. L'UMP dans son idée originelle n'existe plus.

- Tendez-vous la main à Emmanuel Macron ou cherchez-vous à faire barrage à Laurent Wauquiez?

Ni l'un ni l'autre. Je ne tends pas la main et je ne cherche pas à faire barrage. Ce qui m'intéresse, c'est le débat d'idées. J'ai seulement voulu dire que je partageais les positions d'Emmanuel Macron sur l'Europe. De même qu'en matière d'éducation, je trouve qu'il y a de bonnes choses qui sont faites – dont certaines, d'ailleurs, figuraient dans mon livre «Mes chemins pour l'école». Mais je suis critique aussi. Par exemple, sur la réforme du logement, qui n'est pas bien conçue à mon sens ou sur la fiscalité locale qui n'a pas été bien abordée. Je ne suis pas En marche, mais je ne suis pas non plus immobile. Disons que je suis en mouvement...




Actualités du Centre. UDI: un front anti-Lagarde se constitue

Louis Giscard d’Estaing, fils de Valéry Giscard d’Estaing et maire de Chamalières a décidé de se présenter à la présidence de l’UDI lors du prochain congrès du parti centriste qui devrait avoir lieu lors du premier trimestre 2018.
Pour l’emporter, il compte s’appuyer sur des personnalités comme Yves Jégo et Valérie Létard ou encore Hervé Morin, l’ennemi juré de Lagarde au sein de la confédération centriste et candidat malheureux lors de la dernière élection qui porta ce dernier à la présidence après le retrait de la vie politique de Jean-Louis Borloo.
Cette déclaration d’un ancien de l’UMP, plutôt droitiste libéral que centriste, montre, à la fois, que les affirmations de Lagarde sur un parti uni sont, comme les observateurs le savent, une contre-vérité et que l’UDI pourrait se déporter vers la Droite si Giscard d’Estaing l’emportait.
Son projet ressemble en effet plus à occuper la place laissée vacante par LR avec sa radicalisation à droite, c’est-à-dire à récupérer le positionnement de l’UMP à ses débuts.
C’est le sens de son affirmation  qu’il est «en mesure de regrouper toutes les sensibilités qui constituent l’UDI et de rallier certains Constructifs».
Voilà qui ne manque pas de piquant lorsque l’on sait que l’UDI a été créée pour être un anti-UMP et que les centristes qui l’ont rejoint venaient majoritairement du Nouveau centre, c’est-à-dire de centristes qui n’avaient pas voulu rejoindre l’UMP à sa création…
Mais il est vrai que les lignes bougent et l’on sait, par exemple, qu’un Hervé Morin, ancien président du Nouveau centre et aujourd’hui à la tête de Les centristes (formation membre de l’UDI) milite pour la création d’un «grand parti de droite libérale».
Selon le fils de l’ancien président de la république, sa candidature trouve sa légitimité dans sa volonté que l’UDI «se fasse encore mieux entendre et trouve pleinement sa place dans le débat public».
Une façon comme une autre de dire que le leadership de Jean-Christophe Lagarde a failli dans ses domaines là alors que le maire de Chamalières reproche également à celui-ci une présidence peu démocratique avec la monopolisation de la parole au nom du parti.
Louis Giscard d’Estaing est aujourd’hui conseiller régional en Auvergne-Rhône-Alpes, élu sur la liste de Laurent Wauquiez…
A noter que l’UDI à sa création voulait recréer l’UDF des débuts, créée en 1978 pour soutenir Valéry Giscard d’Estaing qui en fut d’ailleurs le président après son passage à l’Elysée.