jeudi 16 avril 2015

L’Humeur du Centriste. Comment les Le Pen grugent et se moquent de la démocratie

Quand Jean-Marie dérape – c’est-à-dire souvent –, Marine se désolidarise immédiatement des propos de son père.
La systématisation de cette pratique et la volonté de Marine de «dédiaboliser» le Front national tout en gardant exactement la même vision, la même stratégie et les mêmes points de vue – certes de manière plus policée – que son père qui ne voit pas d’un mauvais œil la montée en flèche du parti qu’il a fondé, font de cette pratique une sorte de duo tragi-comique qui singe la fameuse stratégie des interrogatoires de police entre le bon et le mauvais flic qui se partagent le rôle pour faire avouer le suspect, ici, qui souhaitent amadouer l’électeur en montrant que, oui, le Front national est devenu un parti respectable avec, à sa tête, une femme qui ne supporte plus les propos inqualifiables de son père irrécupérable et proche de la sénilité mais qui envoie, en même temps, une sorte de message subliminal à tous les fascistes, les pétainistes, les xénophobes, les racistes et les antisémites de France, que, oui, le FN demeure, envers et contre tout, le parti de tous les haineux.
La possible exclusion de Jean-Marie du parti qu’il a fondé dont il a donné les clés à sa fille et son possible retrait de la tête de liste aux régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur au profit de sa petite-fille, outre que cela rappelle le caractère népotique et antidémocratique du fonctionnement de la formation d’extrême-droite, montre bien la connivence familiale.
Car, enfin, messieurs les commentateurs et des médias, si Marine Le Pen n’avait pas été d’accord depuis le début avec son père, pourquoi n’a-t-elle pas adhéré à un autre parti ou fondé le sien?
Pourquoi a-t-elle repris sans sourciller la formation fondée par son père dont elle a seulement voulu, par un tour de passe-passe, en faire un parti soi-disant «respectable» alors que tout, de sa création, de son fonctionnement, de ses idées et de son comportement ne l’a jamais été?
Et pourquoi Marine et tous les indignés du FN d’aujourd’hui n’en profitent pas pour démissionner et ne s’en vont pas fonder un nouveau parti pour se débarrasser une fois pour toutes du leader infréquentable et l’idéologie nauséabonde?
Oui, pourquoi?
Parce que l’ADN du FN ainsi que de ses membres est bien identique à celui de son fondateur.
Peut-être que l’«incident Jean-Marie» va coûter quelques voix et quelques militants au Front national à court terme mais ceux qui lui tourneront le dos vont-ils nous faire croire qu’ils ne savaient pas ce que pensait le chef, croyance qui est partagée ouvertement ou en catimini («dédiabolisation» oblige) par la grande majorité des dirigeants.
Tous les démocrates et les républicains, dont les centristes, se doivent donc dénoncer cette mascarade exécrable et cette grossière parodie de série US, mix improbable des «Feux de l’amour» (days of our lives) et de «New York, police judiciaire» (law and order) en ne rentrant pas dans ce jeu pervers dont la finalité est de faire du FN «un parti comme un autre», donc de désinhiber le possible électeur et de décomplexer l’actuel électeur.
Ils doivent demeurer mobiliser et continuer de dénoncer ce parti qui n’a rien de républicain avec ou sans Le Pen père.
On demanderait bien aux médias de faire de même, mais on va sans doute prêcher dans le désert où l’on trouve, heureusement, encore quelques oasis…
Car, que personne n’en doute, avec ou sans Jean-Marie, le FN restera le FN.
Si ce n’était pas le cas, il disparaîtrait de l’échiquier politique en quelques mois, ce qui serait, là, une vraie bonne nouvelle.

Centristement votre.

Le Centriste