lundi 24 février 2020

Vues du Centre. Ce que nous dit l’épidémie de coronavirus sur le régime totalitaire chinois

Par Aris de Hesselin & Alexandre Vatimbella


Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.

Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.

Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.



Xi Jinping masqué...
«Une bonne dictature et tout irait mieux», entend on souvent de la part de ceux qui voudraient soigner la «chienlit» des régimes démocratiques «inefficaces» par un totalitarisme qui serait à même par son organisation de régler les problèmes du monde.

Que ce soit à l’extrême-droite et à l’extrême-gauche, on trouve des partisans d’une telle solution, défendue même par des «écologistes» qui pensent que seul un régime autoritaire permettra de prendre les bonnes décisions pour «sauver la planète».

Or, voici qu’une épidémie s’est déclarée dans un des pays les plus totalitaires à l’heure actuelle, épidémie qu’il a été incapable de prévenir, de confiner puis d’éradiquer, épidémie qui menace désormais cette même planète.

Il s’agit évidemment de l’épidémie du coronavirus Covid-19 et de la Chine.

On pourra arguer que la Chine montre aussi qu’elle n’est pas encore ce pays développé et cette grande puissance qu’elle affirme être, montrant ses faiblesses et ses manques.

C’est sans doute vrai mais ce n’est pas suffisant car c’est bien la structure même du pouvoir, l’impéritie des autorités nationales du Parti communiste chinois, l’incompétence des responsables locaux, la rétention d’information propre au totalitarisme, le refus d’assumer les responsabilités en toute transparence qui, si bien évidemment ils n’ont pas créer le virus, ont permis qu’il soit à l’origine d’une épidémie pour l’instant incontrôlable, en témoigne le regain de vigueur de cette dernière et son extension rapide dans certains pays comme la Corée du Sud, l’Iran et, bien sûr, l’Italie.

Sans oublier qu’une des principales préoccupations des autorités de Pékin, dès le départ, a été de protéger le maître de la Chine, Xi Jinping, de toute accusation et de toute critique quant à sa gestion de la crise et, plus largement, du pays.

Aujourd’hui où l’urgence est évidemment à contenir l’épidémie puis à l’éradiquer, il n’est pas inutile de constater qu’un régime totalitaire est incapable, en tout cas bien plus incapable, qu’un régime démocratique de gérer une crise sanitaire.

Une des raisons est qu’un tel régime, avant de protéger sa population, se protège lui-même et fait en sorte d’empêcher que l’information circule librement, ce qui, pour ce genre de crise est une condition indispensable à une lutte efficace.

Comme l’explique un des spécialistes les plus éminents de la Chine, François Godement:

«Le retard pris par les autorités centrales pour réagir aux informations provenues de Wuhan est patent. (…) À ce retard s’ajoute l’impéritie de l’action locale: un banquet de 40 000 personnes dans le centre de Wuhan le 18 janvier, célébré dans la presse locale, restera dans les annales. La structure du système de santé chinois - des hôpitaux et des dispensaires plutôt que des généralistes dispersés - ne favorisait pas la prévention de la contagion, bien au contraire. La transmission d’humain à humain, évidente dès les premiers jours de janvier à partir du cas des médecins, et antérieure pour d’autres patients, n’a été reconnue que le 20 janvier: l’OMS, et derrière lui des gouvernements étrangers peu curieux, ont d’ailleurs choisi de croire à la lettre ce qui était une dissimulation. Dans la montée des festivités du Nouvel An, la propagande habituelle sur le "dirigeant du peuple" ne s’était pas interrompue. Qu’il s’agisse d’un réflexe de sycophantes ou d’une sous-estimation, celui qui est le commandant en chef et qui a enterré l’expression de "direction collective" en porte évidemment la responsabilité.»



Aris de Hesselin & Alexandre Vatimbella




L’Humeur du Centriste. Non monsieur Lagarde, Julian Assange ne doit pas obtenir l’asile politique en France

Jean-Christophe Lagarde
Jean-Christophe Lagarde a perdu une bonne occasion de se taire lorsqu’il a estimé que Julian Assange devrait obtenir l’asile politique en France comme l’ont suggéré les avocats du co-créateur de Wikileaks dans un effort désespéré de lui éviter de devoir rendre des comptes à la justice pour ses agissements.
S’il avait pris le temps de s’informer exactement sur ce qui est réellement reproché à ce trublion du net, il n’aurait pas pu, en tant que centriste, se montrer favorable à accueillir un tel personnage sur le sol français alors même qu’il est réclamé par la justice des Etats-Unis, qui est jusqu’à présent, encore, un pays démocratique où les droits de la défense sont garantis.
Car monsieur Assange n’est pas, mais alors pas du tout, un héros de la liberté mais un obscur ennemi de la démocratie et un narcissique du plus haut degré qui a été capable de vouloir déstabiliser les régimes démocratiques par vengeance personnelle et par idéologie (il se revendique d’extrême-gauche et ennemi de la démocratie libérale) tout en servant les régimes autoritaires et autocratiques comme la Russie de Vladimir Poutine.
Rappelons à monsieur Lagarde que le sieur Assange s’en est pris à Barack Obama, Hillary Clinton et Emmanuel Macron, entre autres, c'est-à-dire que des centristes et des défenseurs de la démocratie!
Sans oublier qu’il a noué, lors de l’élection de 2016, une alliance objective avec Donald Trump (d’ailleurs celui-ci lui a proposé de l’amnistier contre un «petit service» du genre de celui qu’il avait demandé à l’Ukraine)…
Sans doute cela fait «bien» de demander la clémence d’Assange comme ceux qui ne comprennent pas pourquoi on s’en prend à Roman Polanski parce qu’il ne veut pas, tout comme le premier nommé, rendre des comptes à la justice américaine.
Rappelons à monsieur Lagarde, comme le notaient voici peu Jean-François Borrou et Alexandre Vatimbella ici même dans un article édifiant sur qui est vraiment Assange (lire ici), ce que dit la presse étasunienne du personnage.
Le Washington Post (positionné à gauche) a écrit «Un vrai journaliste n’aurait pas participé au complot des services de renseignement d’un régime autoritaire visant à nuire à un candidat à la présidence des Etats-Unis et à en faire profiter un autre.»
Quant au le Wall Street journal (positionné à droite), il notait que «Ses cibles semblent toujours être des institutions ou des gouvernements démocratiques, pas les autoritaires. S’il est vraiment un défenseur de la transparence, il ne devrait pas craindre un procès pour défendre ses méthodes.»
Alors, monsieur Lagarde, quand on vous entend dire qu’Assange «nous a fait découvrir des choses honteuses, y compris dans notre propre intérêt», on croit rêver.
Ou vous êtes très mal informé, ou vous avez manifestement un anti-américanisme primaire ou vous attendez de vos propos des gains électoraux (on n’ose penser que ce serait des limites intellectuelles qui vous amènent à dire ces âneries).
Non, monsieur Lagarde, la France ne s’honorerait pas à donner l’asile politique à un ennemi de la démocratie et oui il doit rendre des comptes à la justice.
Et on aurait aimé que quelqu’un comme soit sur la même longueur d’onde… centriste!

Centristement votre,

Le Centriste


Vues du Centre. Non Sanders n’est pas un Trump de gauche, oui il est dangereux

Par Aris de Hesselin & Alexandre Vatimbella

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.

Bernie Sanders
Le socialiste Bernie Sanders fait la course en tête des primaires du Parti démocrate (dont il n’est pas membre) et s’affirme comme un des favoris (il vient de remporter le caucus du Nevada après la primaire du New Hampshire) même si la course vient de débuter (seuls trois petits Etats ont voté) et que rien n’est encore joué, loin de là.
Battu en 2016 par Hillary Clinton lors des mêmes primaires, il avait été un mauvais perdant qui a une responsabilité évidente dans la défaite de la candidate démocrate face à Donald Trump.
Ses accents populistes contre les élites et les riches, son programme très à gauche et surtout irréalisable dont une partie est concoctée par des économistes français proches de Thomas Picketty, le chantre de l’antilibéralisme, en font un candidat que l’on a souvent comparé à Donald Trump pour ses excès et ses diatribes.
Mais, malgré des ressemblances évidentes dans le comportement, le discours et un certain narcissisme, on ne peut pas affirmer qu’il est un Trump de gauche.
Son intégrité, son honnêteté, ses capacités intellectuelles, son respect de la démocratie, de la Constitution et de l’état de droit ne peuvent en aucun cas être mis en parallèle avec la vulgarité, la malhonnêteté, les mensonges, la bêtise, les constantes dérives autoritaires et l’irrespect de la légalité du populiste démagogue et extrémiste qui occupe actuellement la Maison blanche.
De même, s’il servira avant tout sa clientèle de gauche une fois élu comme Trump sert celle de droite et d’extrême droite, il ne confisquera pas le pouvoir au profit d’une caste et d’un parti minoritaire dans le pays comme l’est le Parti républicain.
Cependant, son programme irresponsable pour l’économie américaine, la stigmatisation d’une partie de la population et son attachement idéologique en font un danger pour le pays.
Mais le péril principal qu’il représente est de faire réélire Trump!
En effet et même s’il le bat quasi systématiquement dans tous les sondages, Sanders n’est pas capable de rassembler les électorats modéré et centriste derrière sa candidature malgré ce que disent ses soutiens et lui-même.
Et il le sera encore moins lorsqu’une fois le candidat officiel des démocrates, l’ensemble des Américains prendront connaissance de son programme déjà vilipendé par ses concurrents centristes Joe Biden, Pete Buttigieg et Amy Klobuchar sans oublier, désormais, Michael Bloomberg comme irréalisable et dispendieux.
Les forces qui sont derrière Trump le savent que trop bien, elles qui se réjouissent de sa possible nomination.
C’est également la raison pour laquelle la Russie est en train de l’aider – sans son accord – comme elle l’avait d’ailleurs fait en 2016 mais sans résultat pour barrer la route à Clinton.
Pour autant, la réelle détestation de Donald Trump dans une majorité de la population est un atout qui peut lui permettre d’être élu et de nous débarrasser d’un personnage qui est une vraie menace pour la démocratie américaine et la démocratie dans le monde, ce que n’est pas et n’a jamais été Sanders.
Reste qu’une fois élu, s’il applique son programme, il risque de plonger les Etats-Unis dans la crise un peu comme François Mitterrand en 1981 et jusqu’au tournant de la rigueur en 1983…

Aris de Hesselin & Alexandre Vatimbella