mercredi 27 juin 2012

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. De l’intérêt de l’indépendance du Centre

La proximité de certaines de ses positions avec celles de la Droite et d’autres avec celles de la Gauche, fait que le Centre peut s’adosser avec, voire se fondre dans des partis de droite et de gauche.
Ainsi, le centre-gauche avec les Radicaux de gauche s’est depuis longtemps adossé au Parti socialiste alors que le centre-droit avec le Nouveau centre a fait de même avec l’UMP, cette dernière étant déjà une formation regroupant des gens venus de la Droite et du centre-droit.
Dès lors, y a-t-il un intérêt à ce que le Centre soit représenté par un ou des partis indépendants comme, par exemple, le Mouvement démocrate ou, si l’on se projette dans le futur, par une grande formation ou une confédération regroupant toutes les sensibilités centristes comme le fut un peu l’UDF (qui comptait aussi des partis de droite dans ses rangs)?
D’autant que le morcellement du Centre peut avoir un avantage.
Dispersée à droite et à gauche, la sensibilité centriste peut infléchir des politiques trop partisanes et les ramener vers l’équilibre.
A l’opposé, cette dispersion fait des formations centristes adossées et des centristes ralliés des forces d’appoint, souvent en réaction, rarement en action et, surtout, elle empêche la mise en place d’une vraie politique centriste ou beaucoup plus largement inspirée par l’humanisme du Centre.
Une autre question se pose, malgré tout.
Si le centre-gauche s’allie toujours avec la Gauche et si le centre-droit s’allie toujours avec la Droite, quel intérêt y a-t-il à maintenir une fiction d’indépendance?
Amputé d’une grande partie de ses forces, le centre du Centre serait incapable de jouer un rôle politique significatif.
Tel est le cas, actuellement du Mouvement démocrate.
Néanmoins, cette situation d’alliances renouvelées sans réellement de vraies négociations programmatiques est-elle une donnée intangible ou vient-elle du mode de scrutin pour les législatives, majoritaire à deux tours?
Pour les tenants d’un Centre indépendant, l’absence de proportionnelle serait une des grandes raisons, sinon la principale, qui l’empêche d’être un courant politique majeur.
Pourtant cela n’empêche pas la Droite et la Gauche de l’être! Pourquoi?
La première réponse est une évidence: il y a plus de gens qui se disent de droite ou de gauche que du Centre. Mais cela ne suffit pas car 15% à 20% de l’électorat se dit proche du Centre. Et si l’on compte les modérés de droite et de gauche, les partis centristes peuvent séduire à peu près la moitié de la population.
Dès lors, le problème vient, en premier lieu, des centristes eux-mêmes.
Est-ce un déficit d’image ou de connaissance des idées du Centre?
Est-ce parce que les centristes ne sont pas capables de vendre leur projet ou même d’en avoir un?
Est-ce parce que leurs guéguerres internes rebutent les électeurs?
Un peu tout cela à la fois.
Ainsi, que ce soit le Nouveau centre ou les Radicaux de gauche, par exemple, les électeurs ne voient pas une grande différence avec, d’un côté l’UMP et, de l’autre, le PS.
Quant au Mouvement démocrate, son énorme handicap est de n’avoir été, jusqu’à aujourd’hui, qu’un outil au service de l’ambition d’un homme qui se voyait président de la république, François Bayrou. Tant qu’il se cantonnera dans ce rôle, il ne peut prétendre qu’à des revers électoraux.
Une fois que l’on a dit cela, l’indépendance du Centre peut se justifier.
Mais, si formation indépendante il doit y avoir, elle doit avoir un vrai projet pour la société française.
En outre, elle doit être absolument présente à toutes les élections, présenter des candidats partout lors des législatives, des sénatoriales, des municipales, etc. Ce n’est qu’au second tour que ses candidats arrivés derrière ceux du ou des partis avec qui elle a fait alliance doivent se retirer en leur faveur.
Il en va de la (re)connaissance du Centre et des partis centristes et de leur crédibilité.
Ce n’est que dans une indépendance assumée et des alliances claires qu’un parti centriste uni à une légitimité.
Ce n’est pas le cas actuellement.