samedi 17 septembre 2011

Actualités du Centre – François Bayrou devra prendre en compte le malaise des militants MoDem venus de la Gauche face à son «recentrage»


En 2007, en créant le Mouvement démocrate, François Bayrou n’avait pu endiguer une hémorragie de militants et de cadres UDF qui n’avaient pas apprécié son virage à gauche et sa conversion écologique. En 2012, il risque d’avoir le même problème… avec les militants l’ayant rejoint à la création du Mouvement démocrate et venant de la Gauche et des Verts qui voient avec inquiétude son rapprochement avec des personnalités de centre-droit et même de droite comme Dominique de Villepin.
Après avoir fait de l’anti-sarkozysme son fond de commerce pendant les trois quarts du quinquennat de l’actuel président de la république, son «recentrage» a créé un malaise chez ceux qui ne comprennent pas la nouvelle stratégie de leur leader qui témoigne actuellement d’une mansuétude particulière à l’égard de son ancienne tête de turc.
Ceux qui ont été plus habitués à se voir comme les seuls vrais détenteurs et défenseurs de la vérité face aux ennemis et aux traitres pendant les quatre dernières années, ont du mal à comprendre qui sont, désormais, leurs alliés et leurs adversaires. La présence de Pierre Méhaignerie, chef des centristes de l’UMP, à l’université du Mouvement démocrate qui vient de s’ouvrir à Giens pour le week-end n’a pas de quoi les rassurer.
L’avenir dira si François Bayrou parviendra à faire passer le message sur les raisons de son nouveau positionnement (qui est indispensable à ses visées élyséennes). Si tel ne devait pas être le cas, une hémorragie en sens contraire pourrait bien avoir lieu…

Une Semaine en Centrisme. Si Obama avait été populiste…


Barack Obama semble, en ce moment, aspiré par un tourbillon dans un trou d’air politique qui pourrait bien devenir un trou noir dont il ne parviendra plus à sortir. Une spirale qui pourrait lui être fatale en 2012 en lui coûtant sa réélection.
Et certains de se désoler. «Ah! se lamentent-ils, si Obama avait été un populiste, il aurait pu se battre avec tous les armes utilisées par ses adversaires: exagérations, mensonges, campagnes haineuses, boules puantes, travestissement de la réalité, démagogie, clientélisme et quelques autres armes du même genre». Tout l’arsenal qui permet à un politicien de flatter l’électorat tout en n’étant réellement intéressé que par son élection (ou sa réélection).
Mais tel n’est pas le cas. Tel n’a jamais été le cas. Ce qui distingue Barack Obama de ses adversaires, c’est aussi ce refus d’entrer dans le «cirque» politique de Washington comme il l’a déclaré lors de sa dernière intervention devant le Congrès en présentant son plan contre le chômage.
Tout cela repose un certain nombre de questions, récurrentes depuis la fondation de la démocratie représentative, sur les qualités que doit posséder un chef élu au suffrage universel. Des analystes politiques en viennent même à prétendre que Barack Obama est «trop intelligent» pour le poste…
Quoiqu’il en soit, dans sa démarche centriste, il a raison sur trois points.
Premièrement, le régime politique américain est basé sur le compromis et le consensus, buts qu’il poursuit inlassablement depuis le début de sa présidence, quitte à passer pour un faible alors que cette attitude révèle plus une force de caractère que celle qui aurait consisté à se positionner de manière manichéenne dans un camp contre l’autre (même si, parfois, il a cédé un peu à cette tentation pour répondre à des attaques virulentes à son encontre, indignes d’une démocratie).
Deuxièmement, le Centrisme est à même de régler les problèmes politiques, économiques et sociaux qui se posent, actuellement, aux Etats-Unis et au monde en général. La recherche d’une société équilibrée où les clientélismes ne font plus la loi au détriment de «monsieur tout le monde» est bien celle qui est la plus adaptée à la démocratie républicaine représentative.
Troisièmement, faire de la surenchère idéologique, comme le lui demandent nombre de démocrates pour contrer la surenchère des républicains, ne peut que diviser un peu plus le pays au moment où celui-ci doit être uni et n’aurait comme conséquence que de durcir un climat politique déjà bien malsain. Son refus d’entrer dans ce jeu, où le seul perdant serait le pays, lui fera peut-être perdre les élections. Est-ce un aveu de faiblesse ou de force morale?
D’autant que les Américains, majoritairement, dans tous les sondages, désirent être gouvernés au centre, de manière modérée et apaisée. Comme il l’a toujours dit, notamment lors de sa campagne électorale de 2008, il est bien dans le courant dominant («mainstream») de la politique américaine.
Cependant, le danger pour Barack Obama est qu’il se trouve dans un pays de plus en plus polarisé, où la droite américaine a décidé de jouer son va-tout sur l’idéologie et la paralysie au détriment du bien de la nation et que nombre d’électeurs démocrates ne veulent plus de déplacer pour voter pour un président qui n’est pas assez idéologique à leur goût, tout au moins dans les discours.
Raison n’est pas élection et Barack Obama est en train de s’en apercevoir et risque d’en faire les frais.
Reste que la chute annoncée du locataire de la Maison blanche est un peu prématurée. Il possède de nombreux atouts pour se succéder à lui-même et de nombreux avantages sur les candidats à la candidature républicains.
Pour le politologue de Chicago, Don Rose, invité récemment par l’IFRI (Institut français des relations internationales) et la French-american foundation, ces atouts sont d’abord son œuvre législative, qui est la plus importante de n’importe quel autre président, mais aussi son nouveau plan pour l’emploi qu’il vient de dévoiler, l’obstruction systématique des républicains à son encontre ce qui les fera apparaître comme de vulgaires politiciens qui sont «anti-tout» et donc contre toute mesure pour faire baisser le chômage . Sans oublier qu’il est le sortant qui bénéficie toujours d’une prime à la réélection. D’autant que rien de grave n’est venu pour l’instant entacher sa présidence.
Néanmoins, ce proche du Parti démocrate pointe un danger. Celui que nous expliquions au début, cette spirale qui ferait que les Américains soient de plus en plus nombreux à estimer qu’il n’est pas fait pour le poste suprême.
D’où la nécessité pour Barack Obama de forcer sa nature de centriste consensuel en rendant coup pour coup. A moins que la situation économique des Etats-Unis ne s’améliore dans l’année qui le sépare de l’élection présidentielle. Pour cela, il faudrait qu’il puisse agir, ce que les républicains ne veulent absolument pas de peur qu’il réussisse!

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC