vendredi 23 septembre 2016

Présidentielle USA 2016. Sondages: à l’approche du premier débat, Clinton reprend de l’avance

Plusieurs sondages, dont ceux de NBC et de CNN, qui viennent d’être publiés redonnent une avance plus confortable à la centriste Hillary Clinton face au populiste démagogue Donald Trump tandis que tous les sondages des sondages donnent la candidate démocrate en tête même si pour certains celle-ci est dans la marge d’erreur.
Mais l’important pour Clinton à l’approche du premier débat présidentiel qui aura lieu le 26 septembre dans l’Etat de New York, c’est qu’elle semble avoir repris la main et que la dynamique de Trump a été cassée.
Ce dernier continue, par ailleurs, à s’empêtrer dans sa volonté de séduire l’électorat africain-américain.
Ses derniers propos sont des insultes à la communauté noire comme ceux où il affirme que celle-ci n’a jamais vécu de toute l’histoire des Etats-Unis une période plus mauvaise pour elle, «oubliant» l’esclavage…
Ou comme ceux où pour «protéger» les Africains-américains, il propose de généraliser à tout la pays les contrôles aléatoires opérés pendant des années à New York avant l’arrivée à la mairie de Bill de Blasio, baptisés «Stop and Frisk», et qui se sont révélés cibler ceux-ci avec des critères souvent uniquement raciaux…
Ou encore sa réunion avec l’organisateur noir controversé de combats de boxe, Don King, qui a parlé de «nègres» devant un Trump gêné qui baissait les yeux alors que des blancs de son entourage rigolaient de manière ostentatoire…
Pour autant et malgré cela, les jeux sont loin d’être faits.
Si peu d’experts pensent qu’un retournement de situation est possible, néanmoins aucun n’estime que cela est totalement impossible.
Le premier débat est généralement celui qui permet le plus de déplacement de voix, un phénomène qui demeure limité, alors que les suivants confirment plutôt les tendances (même si Mitt Romney avait été donné gagnant du premier débat en 2012 face à Obama mais sans conséquence particulière sur l’élection d’autant qu’Obama avait été déclaré vainqueur des suivants).
Cependant, cette élection demeure assez atypique et peu prédictible quant aux conséquences de tel ou tel événement.
Toutefois, il semble acté que l’élection sera assez serrée alors que l’on aurait pu penser qu’Hillary Clinton l’emporterait avec une avance conséquente tellement Donald Trump est une caricature de candidat, qu’il a multiplié les mensonges ainsi que les insultes et qu’il refuse de jouer la transparence notamment sur ses revenus et certaines de ces activités pointées du doigt par la presse (son «université» et sa fondation).
On a donc tenté d’expliquer ce phénomène difficilement compréhensible pour nombre de politologues.
La théorie selon laquelle nous sommes dans une ère politique «post-truth» fait florès actuellement.
L’expression est apparue en 2004 dans un livre de Ralph Keyes, «Post-truth era» puis a été appliqué en 2010 à la politique par David Roberts, celle-ci explique que ce n’est plus la vérité (ou la réalité) qui est importante lors d’un scrutin pour les électeurs mais l’émotion et l’attachement à un camp ou à un candidat.
Cela est d’autant plus prégnant que les médias se positionnent non sur cette vérité des dires des candidats mais sur l’équité à offrir à ces derniers une couverture identique sans rechercher systématiquement si ce qu’ils disent est vrai ou non.
Et même lorsqu’ils s’y intéressent pour dénoncer un candidat, cela ne touche guère ses électeurs.
Pour si intéressante qu’elle soit et qu’elle permet d’expliquer les tendances radicales qui se font jour ces dernières années, elle passe trop sous silence la responsabilité des médias qui sont avant tout mus par des préoccupations de taux d’audience que d’information citoyenne.
De même, cette thèse n’offre pas une vision totalement nouvelle puisque l’on sait depuis longtemps que le mensonge et les fausses promesses sont légions lors d’une campagne électorale et qu’ils sont avant tout une manière de parler à son camp avant d’être un moyen de séduire les indécis.
C’est si vrai que les études qui ont essayé de savoir qu’elles étaient les différences entre l’électorat de Clinton et celui de Trump en reviennent aux constatations de base avec des clivages très importants sur des questions essentielles qui divisent les démocrates et les républicaines depuis longtemps.
Ils pointent également l’enracinement des thèses extrémistes du Tea party dans l’électorat républicain de plus en plus radical et prêt à prendre pour argent comptant nombre de théories du complot par haine des démocrates.
Cette haine se manifeste dans un sondage réalisé par le Pew research center qui montre que la principale raison pour laquelle on vote pour Trump est la haine contre Clinton.
Du côté des électeurs de Clinton si le rejet de Trump vient également en premier comme motivation de vote, il est toutefois ex-aequo avec l’expérience de la candidate démocrate et le fait qu’elle fera ce qu’elle dit.
A noter qu’un tiers des gens qui s’apprêtent à voter pour Trump sont préoccupés par son tempérament et son côté imprévisible.
Un autre sondage du Pew research center concernant le traitement des médias vis-à-vis des candidats est plutôt surprenant.
Ainsi, les Américains ne considèrent pas majoritairement que les médias ont une attitude trop bienveillante avec Donald Trump malgré leur manque de réaction face à ses mensonges pointés un peu partout.
Seuls 27% des sondés estiment que les journalistes sont trop indulgents avec lui (alors qu’ils sont 33% à le penser pour Clinton).
Comme l’écrit l’organisation dans ses commentaires, «Tout au long de la course à la présidentielle 2016, les campagnes de Donald Trump et d’Hillary Clinton ont décrié les médias d'information accusés de les traiter trop durement. Cependant, les Américains ne semblent pas être d'accord. Seulement une mince minorité pense que la couverture des médias d'information de Trump et de Clinton est trop dure, une opinion qui était déjà présente lors des élections générales précédentes. En fait, plus d'Américains disent les médias sont trop gentils avec Trump qu’avec les candidats républicains tant en 2012 qu’en 2008. Quant à Clinton, les opinions qu’elle est traitée avec trop de gentillesse ont tendance à être plus semblables aux cycles des précédentes élections».
A noter que la star Bruce Springsteen a traité Trump d’«imbécile» tandis que Ted Cruz a décidé qu’il voterait pour le promoteur newyorkais le 8 novembre après que celui-ci ait insulté son père et proféré de nombreux mensonges à son égard…

Sondages des sondages au 23 septembre 2016
Clinton reprend de l’avance

Clinton
Trump
Ecart
Election projection
46,7%
43,6%
Clinton 3,1
Five Thirty Eight (1)
42,4 %
40,3%
Clinton 2,1
Huffington Post
45,9%
41,6%
Clinton 4,3
New York Times
44,0%
41,0%
Clinton 3,0
Polltracker TPM
44,5%
41,7%
Clinton 2,8
Pure Polling
44,8%
42,4%
Clinton 2,3
Real Clear Politics
46,2%
43,2%
Clinton 3,0
270 to win (1) (2)
45,3%
42,2%
Clinton 3,1
(1) Prend en compte 3 candidatures (+ Gary Johnson – Libertarian party)
(2) Prend en compte un mois de sondage alors que les autres prennent
en compte autour de 15 jours de sondages


Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC



Présidentielle USA 2016

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Actualités du Centre. Pour Bayrou, le Centre «uni et indépendant gouvernera la France»

Alors que s’ouvre la traditionnelle université de rentrée du Mouvement démocrate à Guidel dans le Morbihan, François Bayrou est revenu sur la situation du Centre en France à l’approche de l’élection présidentielle qu’il voit avec optimisme.
Dans un entretien sur LCI, il a ainsi déclaré que «le Centre est une famille politique qui a une vision originale de l’avenir».
Selon lui, «les enquêtes (d’opinion) montrent qu’il y a un très fort soutien dans l’opinion publique française à une proposition politique différente de celle des deux grands partis qui exercent le pouvoir depuis 30 ans. L’équipe qui soutient cette volonté pour le pays existe, elle est plus soudée qu’aucune autre équipe et parmi les élus, elle est forte. Simplement, depuis très longtemps, le Centre a renoncé à exister mais il ne demande qu’à renaître. Partout dans le pays, il y a des responsables qui se retrouvent dans cette vision et je dis que le Centre existera et gouvernera la France le jour où il acceptera d’être uni et indépendant».
Etrangement, il poursuit en affirmant que c’est derrière Alain Juppé, un non-centriste, que peut renaître ce Centre «indépendant», un peu comme en 1995 où lui et ses amis avaient soutenus Edouard Balladur:
«Aujourd’hui, la plupart de ces responsables se retrouvent autour d’Alain Juppé. Ils retrouvent là une possibilité, une compatibilité pour changer la vie politique française. C’est une force, simplement c’est une force qui ne s’est pas révélée depuis longtemps».
Dans un entretien à Ouest France, François Bayrou précise sa pensée:
«Pour moi, il n’y a pas des centres, il ya un seul Centre. Les appareils sont concurrents, il y a des rivalités, mais le Centre est en fait le courant le plus homogène de la vie politique française. Ce Centre a été mis sous le boisseau parce qu’un certain nombre de ses responsables ont été séduits par l’idée d’un parti unique et parce que la loi électorale l’a constamment privé de la représentation qui devait être la sienne. Or c’est une faute historique que d’avoir fait le soi-disant «parti unique de la Droite et du Centre» (ndlr: idée d’Alain Juppé…). Ainsi, la Droite n’a pas pu jouer son rôle et le Front national a prospéré. Et le Centre n’a pas pu jouer son rôle, notamment dans l’Ouest, et le Parti socialiste s’est installé. La France a besoin d’un vrai Centre».
Et de répéter: «le jour où il sera uni et indépendant, il gouvernera la France».
Quant à savoir ce qu’il pense de la création d’un axe central, allant de Juppé à Valls et Macron (qu’il critique à nouveau), défendu, entre autres, par le président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde, il botte en touche:
«Une recomposition est nécessaire, mais elle n’est envisageable que sans faux-semblants et sans masques. Les grands courants politiques ont leur ADN, leurs convictions, leur histoire. C’est à partir de cela qu’ils peuvent assumer de prendre leur part de l’avenir. Voilà pourquoi il faut des institutions qui garantissent le pluralisme. Il faut que chacun soit représenté à sa juste part, en fonction du soutien des Français. Et il faut un président rassembleur. C’est ainsi que nous pouvons changer la politique française. Le Centre, pour moi, c’est cela : la revendication d’une authenticité, et pas la tentation permanente de se jeter dans les bras des voisins».