vendredi 28 février 2014

Une Semaine en Centrisme. Bayrou est-il en train de réussir une OPA sur… l’UDI?

Les médias – qui accusent de leur côté la nature – ont horreur du vide, c’est bien connu.
Et le vide, aujourd’hui au Centre, c’est cette Alternative rassemblant le Mouvement démocrate et l’UDI, ce «machin» comme l’aurait certainement baptisé une des références de François Bayrou, le général De Gaulle, qui se veut un instrument «coopératif» selon ses initiateurs.
Une des raisons, mais loin d’être la seule et même la principale, de cette absence politique est que l’un d’entre eux, Jean-Louis Borloo, est en convalescence de longue durée.
Du coup, les projecteurs (ou les veilleuses, tant les partis centristes sont, eux aussi, convalescents) se sont braqués sur le deuxième larron de la coopération centriste, François Bayrou.
Les commentateurs avisés ont ainsi cru déceler la volonté de ce dernier de s’accaparer l’espace centriste (ce n’est pas nouveau) en profitant des déboires physiques de son partenaire-adversaire mais aussi de l’incapacité de l’UDI à créer une dynamique autour d’elle.
Et c’est vrai que le président de ce qui reste du Mouvement démocrate en pleine décrépitude du fait des oppositions entre sa droite et sa gauche, pourrait bien réussir, ce qui semblait un non-sens il y a quelques mois encore, une OPA sur l’UDI et retrouver un avenir politique qui pourrait lui assurer une nouvelle candidature à la présidentielle en 2017.
Le fait d’avoir réussi à imposer ses fidèles comme têtes de liste aux européennes (en particulier Marielle de Sarnez à Paris) en est une preuve solide.
De même que les silences de ses «anciens» «nouveaux» «amis», toujours dans une détresse politique depuis leur fiasco de 2012 et leur suivisme de survie de Jean-Louis Borloo à qui ils n’ont jamais vraiment fait confiance.
Les Arthuis, Lagarde, Morin et consorts sont prêts à se mettre derrière Bayrou comme ils se sont mis derrière Borloo si le président du Mouvement démocrate sait la jouer finement.
D’autant plus si Borloo ne revient pas vite et si Yves Jégo continue à être chargé de «coordonner» pendant encore plusieurs mois la maison UDI.
Bien entendu, il y a aura un peu de casse avec les départs de quelques uns des barons du parti comme Fromantin, Sauvadet ou Yade.
Cependant, Bayrou doit également agir vite et risque dans cette précipitation de rater son coup.
Ainsi, la décrépitude du Mouvement démocrate pourrait aboutir plus vite que prévu à une implosion comme le montre ce qui se passe actuellement à Marseille.
Mais même si ce n’est pas le cas, la parti voulu par Bayrou pour être un soutien sans faille de ses ambitions présidentielles ne pèse plus grand-chose politiquement parlant.
Ce qui reste au président du Mouvement démocrate, c’est sa légitimité présidentielle et ses 18,7% de 2007 qui demeurent une monnaie d’échange solide face à un Borloo incapable de se présenter à des élections nationales et à l’incapacité des autres leaders centristes à réunir sur leur nom plus de quelques points (et encore) dans les sondages.
Mais l’absence d’une force politique crédible et d’élus sera, tôt ou tard, un handicap majeur pour François Bayrou.
La bataille des municipales à Pau où il a décidé de se présenter (peut-être regrette-t-il maintenant de l’avoir fait) peut agir comme un accélérateur de son projet d’OPA s’il remporte la mairie à gauche depuis plus de quarante ans mais aussi comme un frein puissant à sa renaissance politique s’il échoue car il s’agirait d’un nouvel échec auprès des électeurs, peut-être celui de trop.
Quoiqu’il en soit, ceux qui, au Centre, voulaient se débarrasser du «système Bayrou» qui est, selon eux, uniquement une entreprise personnelle où seule une poignée de fidèles d’entre les fidèles est récompensée, en seront peut-être pour leurs frais si l’OPA réussit.
On n’en est pas encore là mais il est certain que ce retour presqu’en fanfare pose, en l’état, plus de questions pour les centristes qu’il n’en résout sur leurs capacités à séduire les Français, sur leur positionnement politique, sur leur aptitude à bâtir une vraie alternative crédible et sur une certaine déshérence faite d’allers-retours incessants et de plus en plus incompréhensibles pour ceux qui regardent vivre l’espace centriste en ce début de XXI° siècle.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC

lundi 24 février 2014

L’Humeur du Centriste. Mourir pour la liberté et l’Europe sur les barricades

Les «vieux» peuples démocratiques regardent la liberté comme un dû voire, plus inquiétant, comme une gêne nécessaire ou pire, comme un problème.
Il leur faut, à périodes répétées, des piqûres de rappel pour qu’ils se souviennent que, partout dans le monde, des peuples et des individus meurent pour acquérir cette liberté que nous possédons et que parfois nous dédaignons.
De l’Afghanistan à la Chine, de la Russie à Cuba, de l’Iran au Zimbabwe, ils sont nombreux ceux qui se lèvent pour dire non à la dictature, à être emprisonnés et à être tués.
Les événements de l’Ukraine qui se passent aux portes de l’Union européenne nous rappellent cette évidence et les luttes pas si lointaines des peuples des ex-pays de l’Est pour leur liberté ainsi que pour rejoindre cette union que nous n’arrêtons pas de stigmatiser au lieu de nous retrousser les manches pour l’approfondir et lui donner enfin sa vraie personnalité.
Berlin 1953, Budapest 1956, Prague 1968, Berlin et Bucarest 1989, Moscou 1991 et, aujourd’hui, oui, Kiev, qui est dans la même lignée même si l’URSS a disparu (au grand dam de Poutine) et le «communisme réel» (sic) avec lui.
Oui, pendant que nous luttions péniblement pour faire une Union européenne, terre de liberté, il y avait tous les autres Européens qui rêvaient de nous rejoindre et qui rêvent toujours de le faire pour ceux qui n’ont pas eu la chance, oui la chance, de le faire jusqu’à présent.
Et nous, centristes, nous devons affirmer que cette lutte pour la liberté est un droit inaliénable des peuples et nous devons nous battre à côté de tous ces peuples du monde entier qui désirent cette liberté et de ces européens qui veulent nous rejoindre pendant que, dans les sondages, les citoyens de l’UE font la fine bouche sur une union qui pourtant nous garantit la paix et une certaine prospérité depuis près de 70 ans.
N’oublions jamais que quand les peuples sont fatigués de la liberté, ils sont fatigués d’être des grands peuples parce que, oui, la liberté est un choix difficile et qu’il est loin d’être gratuit.
Si demain nous parvenons enfin à bâtir une vraie Europe fédérale, une des priorités du Centre et des partis centristes européens, nous ne le ferons qu’avec des peuples et des individus libres.
Merci aux Ukrainiens morts sur les barricades au nom de la liberté de nous le rappeler avec leur sang. A eux maintenant d’avancer vers la démocratie, la vraie, et non pas une parodie de démocratie comme cela a été le cas ces dernières années lorsque les politiciens véreux et les affairistes avaient mis la main sur la «révolution orange» avec la bénédiction du pouvoir russe.
A eux de nous rejoindre dans l’Union européenne.
A nous de leur souhaiter la bienvenue.

Centristement vôtre

Le Centriste


dimanche 16 février 2014

Actualités du Centre. Etats-Unis – Sondages présidentielles - Hillary Clinton largement devant Chris Christie

Le match entre les deux centristes de l’élection présidentielle américaine de 2016, Hillary Clinton (démocrate) et Chris Christie (républicain) tourne largement en faveur de la première nommée.
La favorite pour les primaires démocrates (et pour l’élection présidentielle 2016) distance maintenant son rival républicain (favori pour les primaires de son parti) de 21 points, 58%-37%.
L’écart continue de se creuser (le dernier sondage donnait 13 points en faveur de Clinton alors que des sondages plus anciens les mettaient très proches) depuis le fameux scandale du «bridgegate».
Celui-ci met en cause des proches du gouverneur du New Jersey qui ont fait fermer des voies du pont Washington qui relie New York au New Jersey (pont le plus emprunté au monde chaque jour) uniquement pour se venger d’élus qui ne voulaient pas supporter Christie lors de la récente élection pour le poste de gouverneur de l’Etat que pourtant il a enlevé haut la main dans un Etat à très forte majorité démocrate.
Cette vengeance a provoqué pendant plusieurs jours des embouteillages monstres, provoquant des problèmes dans les bureaux, les usines et les écoles et peut-être même la mort d’une femme dans une ambulance bloquée dans le trafic.
Même si Chris Christie continue de nier toute connaissance de ce complot alors que des personnes impliquées disent le contraire, l’opinion publique est réticente à croire en sa totale innocence, d’où sa chute dans les sondages.

A noter qu’Hillary Clinton demeure la favorite face à tous les autres candidats républicains.

samedi 15 février 2014

Actualités du Centre. Européennes – Les listes centristes de l’Alternative à 12%

Selon un sondage OpinionWay pour Le Figaro, les listes de l’Alternative (MoDem + UDI) sont créditées de 12% des intentions de vote pour les élections au Parlement européen du 25 mai, soit un point de mieux (11%) que le sondage IFOP de janvier dernier.
Les listes centristes demeurent derrière celles de l’UMP (22%), Front national (20%) et PS (16%) mais devant celles des écologistes et du Front de gauche, créditées de 9%.
A noter que le sentiment qui domine à propos de l’Union européenne chez les personnes interrogées (et suivant une liste prédéterminée) est la déception (45%) devant l’espoir (18%), l’indifférence (12%) et le rejet (7%).

(Sondage OpinionWay réalisé par internet pour Le Figaro du 12 au 14 février 2014 auprès d’un échantillon de 2104 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus / marge d’erreur de 2 points)

mardi 11 février 2014

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Les centristes, le retour de Sarkozy et le virage social-démocrate de Hollande

Un journaliste sans doute «bien informé» ou prenant ses désirs pour des réalités, expliquait lors d’une de ses chroniques que Nicolas Sarkozy serait candidat en 2017 (ça, c’est pas une info!) et que pour cela il aurait besoin des voix centristes qu’il négocierait avec François Bayrou qui, entre temps, aurait «balayé» Jean-Louis Borloo de l’espace centriste selon l’analyse de l’ex-président de la république.
Le retour à droite de François Bayrou permettant cet accord entre les deux tours (sans doute notre journaliste voit Bayrou à nouveau candidat, ce qui n’est sans doute pas une info, non plus!) contre certainement quelques strapontins à la mode du ralliement du Nouveau centre en 2007.
C’est évidemment un possible scénario qui se base évidemment sur un fiasco de la refondation centriste dont profitera d’abord François Bayrou, pour récupérer ses anciennes troupes parties flirter quelques temps avec Jean-Louis Borloo, puis Nicolas Sarkozy, selon le vieux adage mitterrandien comme quoi le Centre n’est ni de gauche, ni de gauche, une phrase bien dans la conception politique d’un ancien homme d’extrême-droite.
Un scénario d’autant plus plausible que les centristes ne sont pas très bien partis dans leur Alternative, ne suscitant guère un mouvement d’énorme sympathie dans l’opinion publique et ne parvenant pas à faire bouger les lignes, pour l’instant (il leur reste, il est vrai, encore du temps pour cela), le tout sur fond de chamailleries.
Une autre voie serait, bien sûr, d’accompagner le «virage social-démocrate» de François Hollande en étant les possibles supplétifs d’une victoire de la gauche en 2017 avec un accord du même carat que celui que pourrait négocier Sarkozy.
Il n’est pas plus inepte que le premier cité (politiquement parlant) mais se heurtera sans doute à l’incapacité de l’actuel président de la république à imposer la présence des centristes dans sa majorité à la gauche du Parti socialiste alors que l’alliance Droite-Centre a déjà, elle, une réalité concrète ne serait-ce, déjà, que dans la composition de l’UMP.
Pour autant, ces deux scénarios marqueraient une nouvelle fois l’échec de l’édification d’un Centre indépendant, assez fort pour traiter d’égal à égal avec la Gauche ou la Droite dans des négociations afin de bâtir une nouvelle majorité où les thèses et les valeurs centristes seraient réellement prises en compte et où le(s) parti(s) centriste(s) serai(en)t capable(s) de les imposer car représentant une force politique majeure.
On voit bien, en tout cas, comment à gauche et à droite on souhaite instrumentaliser, sinon les partis centristes, du moins l’espace centriste fin de récupérer les électeurs centristes mais également les électeurs modérés de droite et de gauche qui pourraient être tentés par un vote centriste.
Cette stratégie n’est évidemment pas nouvelle.
Elle profite de l’incapacité du Centre à «sécuriser» son espace politique avec une formation (centralisée ou confédérée) solide et un projet attrayant décliné dans un programme d’espoir capable de susciter une adhésion forte des Français.
Depuis longtemps, je prétends que cela n’est pas une fatalité (et l’histoire nous l’a montré en France et dans le monde).
Dès lors, la première tâche des centristes après les municipales et les européennes, sera, quel que soit le résultat de ces deux consultations populaires, de se mettre au travail dans le sens que je viens d’indiquer.
Et cela sans se demander si Nicolas Sarkozy va revenir (oui, il va revenir!) ou si François Hollande va continuer à dériver vers une gouvernance centriste tout en ne franchissant pas certaines limites (oui, il le fera!).
L’important pour le Centre n’est pas de vivre en autarcie, ni de fermer les yeux sur ce qui se passe ailleurs mais il est, d’abord, de s’intéresser à ce qu’il est, ce qu’il veut devenir et ce qu’il peut offrir aux Français.
Le tout, débarrassé des petits arrangements entre faux amis.

Un vrai challenge à la hauteur de la vision humaniste du Centrisme.

lundi 10 février 2014

Une Semaine en Centrisme. Les retrouvailles centristes ne doivent pas tourner à l’entente politicienne

Si vous lisez des articles sur l’Alternative (l’organisation «coopérative» du Mouvement démocrate et de l’UDI) ou, plus sûrement, sur l’alliance entre le Mouvement démocrate et l’UDI, ceux-ci parleront des négociations pour constituer les listes pour les prochaines élections municipales et européennes ou des chamailleries entre nouveaux alliés et même entre «anciens alliés» (les partis regroupés dans l’UDI).
En revanche, pas une ligne sur le projet politique, le programme électoral, les valeurs et les principes du Centre et du Centrisme…
Ce n’est pas tant que l’on parle et reparle de la tambouille électorale (il faut bien parler, négocier et trouver des compromis dans les alliances entre partis) que le fait que l’on ne parle que de ça (ou des bobos de François Bayrou et de la maladie de Jean-Louis Borloo)!
Et quand ce n’est pas la cuisine interne qui est à l’honneur, ce sont les turpitudes avec les alliés UMP comme à Paris (NKM) ou à Neuilly-sur-Seine (Fromantin), sans oublier, évidemment Pau (Bayrou).
Les jours qui viennent de s’écouler n’ont malheureusement pas dérogé à cette règle.
Trois exemples parmi d’autres: les règlements de compte entre François Bayrou et Rama Yade sur fond de choix des têtes de liste aux européennes, les passes d’armes entre Jean-Louis Borloo (président de l’UDI) et Philippe Vigier (porte-parole de l’UDI) parce que ce dernier avait attaqué Yves Jégo (délégué général de l’UDI), protégé du premier, alors que celui-ci s’était bombardé chef par intérim de l’UDI en l’absence de Borloo, les nouvelles défections MoDem à Paris avec ralliements à la candidate du PS Anne Hidalgo sans oublier la liste dissidente du Nouveau centre dans le XX°.
Bien sûr, nous savions que l’Alternative était d’abord une entente électorale pour éviter que le Mouvement démocrate et l’UDI se prennent une double-double-claque aux prochaines échéances (double-claque aux municipales, double-claque aux européennes).
Mais cela ne justifie pas que cette entente vire au plus minable des marchandages politiciens sur fond de règlements de compte et de petites ambitions personnelles alors que l’on ne sait toujours pas sur quoi, politiquement parlant, l’UDI et le Mouvement démocrate sont d’accord.
Les découragements des militants, un peu partout en France, pire, ceux des sympathisants qui sont aussi des électeurs, devraient pourtant inspirer les leaders des partis centristes à être un peu plus responsables.
Est-ce trop demander?
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC

vendredi 7 février 2014

Refondation du Centre. L’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein

On peut voir le rassemblement de l’espace centriste en cours comme un succès ou un échec. De même, on peut la considérer comme une vraie démarche politique ou comme un spectacle politicien indigne où des adversaires de la seconde d’avant sont devenus des amis à la vie à la mort de la seconde d’après afin de récupérer quelques pourcentages et quelques sièges lors des prochaines élections.
C’est la sempiternelle histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein.
Analyse rapide en ce mois de février alors que les élections municipales puis les européennes se profilent à l’horizon.
- Succès ou échec?
Après un succès d’estime dans les médias (mais pas dans les sondages), l’Alternative (UDI + MoDem) n’a pas réenchanté la politique ni bouleversé le paysage politique français.
Pire, il semble bien que l’«organisation coopérative» soit tombée dans les chicaneries politiciennes et les querelles de personnes.
Les propos de François Bayrou sur Rama Yade et la réponse de celle-ci (voir L’Humeur du Centriste) ne sont qu’une illustration parmi d’autres d’un climat, sinon délétère, du moins loin d’être amical.
Etait-ce prévisible?
A voir François Bayrou et ses fidèles lieutenants chanter les louanges du rassemblement des partis centristes comme les nouveaux convertis on avait ressenti un certain malaise en novembre dernier. Ceux-là même qui espéraient un strapontin dans un gouvernement socialiste tel Robert Rochefort étaient désormais les plus critiques de François Hollande, encore plus rentre dedans que les membres de l’UDI.
Mais de l’eau a passé sous les ponts et le Mouvement démocrate, comme l’ont bien noté quelques observateurs aiguisés, a montré sa vraie nature, celui d’un rassemblement de militants venus d’horizons divers, unis uniquement derrière un projet personnel, celui de François Bayrou de devenir président de la république.
Les alliances à géométrie variable (de l’UMP au Parti communiste!) du MoDem aux municipales en sont un exemple emblématique.
Du coup, il y a autant de positionnements politiques au Mouvement démocrate qu’il y a de militants (dont le nombre, de l’aveu même des dirigeants du parti, est en chute libre).
In fine, on ne sait pas très bien quelle part du Mouvement démocrate s’est alliée avec l’UDI: 20%, 50%, 60%?!
De son côté, l’UDI qui devait être le grand vainqueur du rassemblement centriste, a très mal géré la création de l’Alternative.
Car c’est bien du ralliement de François Bayrou dont il était question au départ alors qu’il semble bien, aujourd’hui, de savoir si Jean-Louis Borloo va pouvoir résister à la nouvelle OPA de Bayrou sur l’espace centriste.
Car l’UDI n’a, pour l’instant, strictement rien gagné dans l’affaire et les latitudes laissées au Mouvement démocrate font de ce dernier, étonnamment, le «gagnant» du rassemblement centriste.
En fait, cela démontre surtout que cette refondation du Centre s’est bâtie sur un double-échec – échec du Mouvement démocrate dans sa tentative de porter Bayrou à l’Elysée, échec de l’UDI a bâtir une formation centriste forte – plutôt que sur une double dynamique du succès.
Du coup, pouvait-on espérer mieux à court terme?
Cela ne veut pas dire qu’un double-échec ne peut pas se transformer en succès dans les années à venir, surtout en politique.
- Vraie retrouvailles ou rabibochage de façade?
Les militants de l’UDI et ceux du Mouvement démocrate ont de réelles convergences de vues et ils partagent souvent des valeurs identiques.
Mais ils ont également d’aussi réelles divergences.
De plus, ceux de l’UDI sont souvent d’anciens UDF déçus par Bayrou alors que ceux du Mouvement démocrate sont souvent des inconditionnels de ce même Bayrou.
En outre, les leaders de l’UDI sont pratiquement tous d’anciens lieutenants de Bayrou qui l’ont quitté à cause de divergences sur la ligne politique mais aussi à cause de sa personnalité et de son entourage.
Lors des retrouvailles de novembre 2013, on s’est congratulé et on est tombé dans les bras les uns des autres.
Mais cela n’a eu qu’un temps.
Depuis, les critiques et les distances ont réapparu, ce qui est normal puisque rien n’avait été purgé.
Pour autant, l’UDI et le Mouvement démocrate, pour avoir une chance de peser dans le débat politique, doivent faire vivre l’Alternative et y vivre.
Donc, derrière le rabibochage de façade, il y a de vrais enjeux politiques pour les deux formations qui seront peut-être un ciment plus puissant qu’une convergence de pensée et d’action.
Encore une fois, le juge de paix sera le double rendez-vous électoral de cette année, les municipales et les européennes.
Si les résultats sont mauvais, l’Alternative aura sans doute des lendemains d’élections plus que difficiles.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

mercredi 5 février 2014

L’Humeur du Centriste. Genre: «étude» contre «théorie» de qui se moque-t-on?!

Pour la Gauche, il y a des «études» «sur» «le genre».
Pour la Droite, il y a une «théorie» «du» «genre».
Oui, je sais, nous nous aventurons sur un terrain fortement miné d’où l’utilisation à foison de guillemets …
La Gauche (mais pas seulement elle) fait semblant de dire que les «études» n’aboutissent pas à des conclusions et, pire, que le fait de les avoir entreprises n’avait aucun objectif (donc aucun sens), ni que les résultats ont été utilisés par ceux qui veulent démontrer qu’il n’y a plus de référence sexuelle automatique ce qui permet, in fine, de justifier, par exemple, comme «normal» d’avoir deux pères ou deux mères à la place d’un père et d’une mère.
Mais à chaque fois qu’elle parle des «études» de genre, elle en tire des conclusions qui ressemblent fortement à une «théorie» (qui est baptisée comme telle par une des égéries des études du genre, l’américaine Judith Butler)…
La Droite (mais pas seulement elle) fait semblant de croire qu’avec ces «études» – qu’elle qualifie de «théorie» alors que les conclusions de celles-ci ne permettent pas de les unifier en celle-là –, l’on va bouleverser l’école en obligeant les enfants à ne plus dire «il» pour un garçon ou «elle» pour une fille et qu’on leur bourrera le crâne avec une «théorie» bien structurée et insidieusement introduite dès la maternelle qui aboutira à une société de mutants ne sachant plus qui ils sont, victoire définitive du «lobby» LGBT (lesbien gay bisexuel transsexuel).
Mais elle oublie sciemment de mentionner qu’aucune «théorie» «du» «genre» n’est enseignée à l’école, qu’aucune propagande LGBT n’a été inculquée de force dans la tête des enfants jusqu’à présent.
Tout cela, tant à gauche qu’à droite, ressemble à de la désinformation.
La réalité est qu’il y a des gens (généralement à gauche mais pas seulement) qui estiment que la société inculque des différenciations sociales (et non biologiques) entre hommes et femmes qui ne sont que des constructions idéologiques.
C’est leur droit.
Et puis, il y a des gens (généralement à droite mais pas seulement) qui estiment qu’en niant la différence entre hommes et femmes, on introduit une vision inacceptable et subversive pour déstabiliser la société «traditionnelle».
C’est leur droit.
Pour l’instant, les uns et les autres semblent irréconciliables.
Quant au Centre, refusant les querelles clientélistes, il pense que les «études» «sur» «le genre» ne doivent jamais devenir une «théorie» «du» «genre» diffusant quelques déterminismes bien sentis mais qu’en revanche les travaux scientifiques dignes de ce nom peuvent permettre de rapprocher les hommes et les femmes, de gommer les inégalités sociales (et non les différences) entre eux, surtout de détruire un certain nombre de stéréotypes afin de rendre la société pus humaniste, comme par exemple, que pour être un «vrai homme», il faut aimer les armes à feu et faire la guerre…
Surtout, il estime que rien ne doit détruire le consensus sur lequel notre société démocratique est basée.
Bien sûr, rien n’empêche de le faire évoluer mais il faut le faire avec responsabilité.
Tiens, voilà un mot «centriste» bien absent de ce débat!

Centristement vôtre.


Le Centriste

lundi 3 février 2014

L’Humeur du Centriste. Bayrou-Yade: A opportuniste, opportuniste et demie

Or donc Rama Yade n’a pas du tout aimé les propos de François Bayrou qui la qualifie de «trop sarkoziste» pour pouvoir conduire la liste de l’Alternative à Paris pour les prochaines européennes (il faut dire qu’elle est en balance avec sa très chère adjointe, Marielle de Sarnez…).
Elle lui a répondu, dixit le Nouvel Observateur, qu’elle «n’avait pas de leçon à recevoir» surtout en précisant, à l’attention du président du Mouvement démocrate et associé à son président, Jean-Louis Borloo dans l’Alternative, que «l’opportunisme électoral n’était pas de son côté».
Si madame Yade dit tout haut ce que disent tout bas de nombreux membres de l’UDI à propos de l’alliance de Bayrou avec Borloo, celle-ci oublie qu’elle fait partie d’une formation centriste alors qu’elle a toujours clamé haut et fort qu’elle n’était pas du Centre.
Voici, exemple parmi d’autres, ce qu’elle répondait au site web Agents d’entretiens à la question «Découvrez-vous, dans le creuset du Parti radical, des gens nouveaux, des centristes que vous n’aviez pas l’habitude de côtoyer?»
«D’abord, je ne suis pas centriste.»
Et l’interviewer étonné d’insister: «Mais le Parti radical, lui fait partie de la grande famille centriste non?»
Et elle d’enfoncer le clou: «Je ne me sens pas du tout centriste».
Puis d’expliquer: Pour moi, le radicalisme, ce n’est pas du centrisme. Le parti radical est le plus vieux parti de France. Il a accompagné toute les grandes conquêtes de la République: l’école, le suffrage universel, l’impôt républicain. Qualifierez-vous Gambetta, Clemenceau, Jean Moulin, Gaston Monnerville, jusqu’à Jean-Louis Borloo qui a longtemps été sans étiquette, de centristes? Le radicalisme, c’est une famille qui a une histoire très particulière dans l’Histoire de France, il y a une âme dans ce parti qui n’est pas soluble dans le centrisme».
Voilà qui a le mérite d’être clair.
Ce qui l’est nettement moins c’est que pour avoir un avenir politique alors que les portes s’étaient fermée à l’UMP depuis ses problèmes avec Nicolas Sarkozy, il fallait qu’elle suive Jean-Louis Borloo d’abord au Parti radical puis à l’UDI qui se qualifie lui-même de parti de centre-droit (oui, madame Yade, il y a le mot «centre» dans ce positionnement politique), ce qu’elle n’a manifestement pas fait dans l’enthousiasme.
Mais ce qui est clair, également, c’est que la meilleure façon de détourner le regard des autres sur ses contradictions politiques, a toujours été de pointer celles des autres…
Et comme d’habitude, c’est le Centre qui se retrouve marron.

Centristement vôtre.


Le Centriste

samedi 1 février 2014

Une Semaine en Centrisme. Le Centre, les lobbys et la république

Que chacun veuille défendre sa position sociale, son point de vue, son travail et ses valeurs et quoi que ce soit d’autres dans le respect de l’autre, quoi de plus normal en démocratie.
Que les personnes qui partagent un statut particulier ou des idées s’associent pour le faire, c’est un des piliers de la république.
Que ces organisations fassent pression auprès des pouvoirs publics pour être reconnues ou pour que leurs thèses soient prises en compte et que des mesures concrètes soient décidées, là aussi, rien à redire.
Plus concrètement, que les tenants de l’école libre, que ceux de l’euthanasie, que ceux du mariage pour tous, que ceux des opposants à l’avortement, que ceux qui veulent travailler 25 heures ou que ceux qui demandent que l’impôt sur le revenu soit supprimé puissent exprimer leurs idées, les défendre, s’associer pour le faire et faire pression pour que celles-ci soient connues, reconnues et adoptées par la société, cela n’est guère que le fonctionnement normal d’une démocratie.
Sans cela pas de démocratie, pas de république.
On ne peut donc pas s’émouvoir si les homosexuels réclament d’être considérés comme des citoyens à part entière ou si les catholiques demandent le respect de leur religion.
Les lobbys, terme chargé en France d’une vision fortement négative ne font que leur travail.
Et, à l’inverse de ce que demandent certains, ils doivent pouvoir le faire au nom du droit à avoir son opinion et de la défendre.
Mais il y a les valeurs de la démocratie républicaine qui sont incontournables et qui doivent être prises en compte par ces lobbys s’ils ne veulent pas devenir des groupes qui combattent la liberté au nom de la liberté…
Concrètement, les catholiques ne peuvent demander à ceux qui ne le sont pas d’épouser toutes leurs conceptions de la vie, les homosexuels ne peuvent exiger que la société en fassent autant ou en fassent des citoyens au-dessus des autres (sous prétexte qu’ils ont été effectivement en-dessous auparavant). Et ainsi de suite.
De même, dans une démocratie républicaine, le vivre ensemble nécessite que l’on soit d’accord sur les valeurs qui le fonde et donc, qu’ensuite, on les respecte.
Sans oublier les principes de fonctionnement de la démocratie qui, eux, ne peuvent faire l’objet d’aucune entrave ou exception sauf à dénier les droits de la majorité mais aussi ceux de la minorité.
Les valeurs de la démocratie républicaine, défendues par le Centre, sont la liberté, l’égalité et la fraternité.
Au-delà de ces «grands» mots, ils doivent permettre à chacun de vivre et de construire sa vie comme il l’entend tout en respectant l’autre et les principes de la démocratie républicaine, c’est-à-dire le résultat des élections libres et démocratiques, les souhaits de la majorité, les droits de la minorité, le tout garantit par la séparation des pouvoirs qui permet, entre autres, à tous les citoyens qui se sentent floués de pouvoir demander réparation auprès d’une justice indépendante.
Le Centre est particulièrement impliqué dans cette organisation de la vie en société de par son humanisme intégral où la personne humaine est le fondement même de la société dans laquelle le consensus et le compromis doivent être des piliers du vivre ensemble sans pour autant, et cela est essentiel, remettre en question les grands principes de la démocratie républicaine que nous venons d’énoncer.
Or, c’est bien là que le bas blesse dans l’ensemble des sociétés démocratiques du XXI° siècle où l’autonomisation grandissante de l’individu couplé avec une explosion des demandes des «droits à» et à des comportements consuméristes mettent à mal le vivre ensemble par des demandes souvent exorbitantes voire extravagantes.
Grâce à l’univers médiatique qui nous entoure désormais, ces demandes, ces comportements reçoivent souvent une publicité et un battage sans commune mesure avec le sérieux des demandes ou le nombre de personnes qui les portent.
Il est donc important que nous en revenions toujours aux fondamentaux de la démocratie républicaine.
Oui, il est légitime de s’exprimer et de défendre ses idées ainsi que de vouloir qu’elles soient adoptées par la société.
Mais il est totalement illégitime de ne pas respecter les principes de la démocratie républicaine pour y parvenir.
Tout au long d’un XX° siècle violent et sanglant, les extrémismes de gauche et de droite ont tenté de déstabiliser la démocratie républicaine et celle-ci a vacillé maintes fois et a même connu des éclipses comme en France pendant l’Occupation, en Allemagne avec les nazis, en Tchécoslovaquie avec le régime communiste et en Espagne avec Franco, pays où existait un régime démocratique avant la prise du pouvoir par des groupes totalitaires.
La richesse d’une démocratie républicaine, c’est bien également le débat qui s’instaure en son sein.
Mais pour que celui demeure une richesse, il doit s’appuyer sur les principes démocratiques et les respecter.
Personne n’a jamais dit que la démocratie républicaine était un système parfait. Mais aucun autre ne lui arrive à la cheville, ne l’oublions pas au moment où, partout dans les démocraties et notamment en France, des groupes tentent de s’approprier la république au nom de leur droit… à ne pas la respecter.
Faisons en sorte que la démocratie républicaine soit la norme de ce XXI° siècle et non qu’il devienne l’exception.
Alexandre Vatimbella
Directeur di CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC