lundi 23 avril 2012

Vues du Centre – La Chronique de Jacques Rollet. Présidentielle 2012: analyse et réflexions sur l’avenir du Centre


Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.

Jacques Rollet est politologue et auteur de plusieurs livres dont «Tocqueville» (Montchrestien 1998), «Religion et politique» (Grasset 2001), «La tentation relativiste» (DDB, 2004), «Le libéralisme et ses ennemis» (DDB, 2012). Il tient ici une chronique régulière.

Ce 22 avril 2012 conduit le politologue centriste que je suis à une démarche en deux temps: une analyse, des réflexions sur l’avenir possible du Centre en France. Cette réflexion est personnelle, mais me semble pertinente!
I.- Analyse
Les résultats de ce premier tour comportent plusieurs points notables: l’abstention est beaucoup moins forte que prévu par les instituts de sondages. Elle est de 20% et non de 25%. Les sondeurs se sont encore trompés.
Quant aux scores des candidats, ils indiquent des tendances lourdes. J’avais personnellement prédit que Marine Le Pen ferait 18%. Je pensais que Sarkozy ferait 29%, il fait 27,08%. Je donnais Bayrou à 11%-12%, il fait 9,11%. Je donnais Hollande à 28, il fait 28,63%.
Je ne suis pas mécontent globalement de mes prévisions faites sans aucun apparat scientifique de sondeur. Les instituts se sont aussi trompés sur le vote de la candidate du FN, qu’ils donnaient au mieux à 16%. Je pense qu’ils se sont laissé entraîner par le climat pro-Hollande qu’ils ont eux-mêmes contribué à créer.
Constatons pour nous en réjouir que le vote en faveur des candidats de gouvernement n’est pas si mauvais: Sarkozy+Hollande+Bayrou = 64,82%. Le vote protestataire Mélenchon+Le Pen= 29,14%. Vu la situation de la France, cela aurait pu être pire.
Il n’en reste pas moins que le FN est désormais la statue du commandeur pour la Droite. Mélenchon représente globalement le score de l’Extrême-Gauche + celui du PC. Il a échoué dans sa tentative de devancer Marine Le Pen.
Quant à François Bayrou, il subit un échec plus cuisant encore que prévu. Il est pratiquement à 10 points au-dessous de 2007 (18,57%). Sa campagne n’a pas suffisamment dramatisé les enjeux économico-financiers. Il fallait qu’il frappe beaucoup plus fort pour crédibiliser une union nationale. Il fallait jouer le va-tout ou ne rien jouer du tout.
Les perspectives pour la France ne sont pas réjouissantes. La Gauche n’a encore rien compris à la crise et à son ampleur. Si Hollande l’emporte, nous allons au-devant d’une situation dramatique; Si Sarkozy l’emporte, ce qui n’est pas le plus probable, il sera plus responsable qu’il l’a été et redressera  les finances publiques. Voilà pour l’analyse.
II.-:Réflexions sur l’avenir proche du Centre
Ces réflexions vont au-delà de l’analyse des résultats. Elles sont celles d’un centriste soucieux d’assurer un avenir à cette famille de pensée.
1°) D’un point de vue cynico-stratégique, il faut que les électeurs centriste votent pour Nicolas Sarkozy. Le Centre n’a pas intérêt à ce que la Droite éclate après un succès de Hollande et les coups de boutoir de Le Pen. L’UMP aura besoin du Centre en cas de victoire de Sarkozy.
2°) Du point de vue économico-financier, il faut voter Sarkozy car il préservera mieux le pays que Hollande comme nous l’avons expliqué ci-dessus. Les centristes auraient tort de s’aveugler par opposition épidermique au président sortant.
3°) Pour François Bayrou, c’est fini. Il prétend présider à la recomposition du Centre. Il a perdu trois fois, cela suffit. Seul Jean Arthuis est en mesure de rassembler les Centres. Il est compétent au plan économique, il a de bons rapports avec tous les centristes, de Pierre Méhaignerie à François Bayrou, à l’exception d’Hervé Morin, mais ce dernier est «fini». Il n’est même pas un «has been» car il n’a jamais été. De ce point de vue, au moins Hamlet se posait-il des questions.
4°) Le Centre n’a pas intérêt à se présenter aux Législatives si Hollande l’emporte. Il sera balayé et devra payer les frais de campagne en faisant moins de 5%. A l’UMP de prendre ses responsabilités puisqu’elle a toujours snobé les centristes.
 Par contre si Sarkozy l’emporte, le Centre doit présenter des candidats car nous pourrons marquer nos différences et l’UMP aura besoin de nous.
Telles sont les réflexions que je voulais faire dans un premier temps, mais beaucoup de choses sont déjà dites en peu de texte.
Jacques Rollet.

Actualités du Centre. Présidentielle: François Bayrou recueille 9,11% des voix

Selon les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur, François Bayrou, le candidat du Mouvement démocrate, recueille 9,11% des voix au premier tour de l’élection présidentielle et se place en 5° position derrière François Hollande (Parti socialiste, 28,63%), Nicolas Sarkozy (UMP, 27,02%), Marine Le Pen (Front national,18,01%) et Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche, 11,13%).
Viennent ensuite Eva Joly (Les verts, 2,28%), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la république, 1,8%), Philippe Poutou (NPA, 1,15%), Nathalie Arhaud (Lutte ouvrière, 0,57%), Jacques Cheminade (0,25%).
La participation a été de 79,47%.

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Mesdames, messieurs les centristes, au boulot, tout de suite et tous ensemble!

Le constat est sans appel: la défaite de François Bayrou au premier tour de l’élection présidentielle est cuisante.
Mais elle n’est pas une surprise.
Le score, néanmoins, du président du Mouvement démocrate est beaucoup plus décevant, sinon que prévu, qu’espéré.
Moins de 10% des voix, c’est bien en-dessous des potentialités du Centre qui se situent entre 15% et 20% de l’électorat.
François Bayrou n’a non seulement pas rassemblé les Français comme il se proposait de le faire mais il n’a même pas réussi à rassembler les électeurs centristes.
Entre 2007 et 2012, la régression est terrible: un pourcentage divisé par deux et plus de trois millions d’électeurs perdus.
Pas étonnant, alors que le politologue Edouard Lecerf de l’institut TNS-SOFRES ait qualifié sa candidature de «troisième ordre».
Et cette défaite cuisante vient après deux précédents échecs en 2002 et en 2007.
Le Centre sera donc, une nouvelle fois, un spectateur lors du second tour.
Mais, à l’inverse de ce qu’il a été en 2007, il doit absolument être un spectateur engagé afin d’être un acteur du troisième tour, les élections législatives, ce qui lui permettra d’être un courant politique qui compte lors du prochain quinquennat.
Pour cela, il faut que les centristes se rassemblent malgré François Bayrou, c’est-à-dire avec ou sans lui, peu importe.
S’il veut y participer, il doit, enfin, jouer collectivement et éviter de penser uniquement à son propre destin.
Ce rassemblement est celui de l’urgence pour sauver d’abord les meubles et éviter le naufrage.
Ensuite, il sera temps de construire le rassemblement dans la durée et autour d’un projet consistant et d’une dynamique collective qui ne sera pas seulement tournée vers une seule ambition personnelle.
La tâche doit commencer dès maintenant par des rencontres entre les différents responsables des partis centristes pour que ceux-ci soient en mesure de présenter des candidatures communes aux élections législatives.
C’est le travail le plus urgent.
Mais rien n’empêche, non plus, que des discussions s’engagent sur une vision du plus long terme.
Et c’est maintenant que l’on va voir ceux qui ont vraiment envie que le Centre et le Centrismes existent dans le paysage politique français et aient un véritable poids.
Oui, mesdames et messieurs les centristes, au boulot. Tout de suite. Et tous ensemble!