dimanche 30 septembre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Les priorités des électeurs


Dans trois jours aura lieu dans le Colorado, le premier des trois débats télévisés qui vont opposer Barack Obama, le président sortant, à son challenger, Mitt Romney.
Alors que les principaux médias publient les questions qu’ils aimeraient poser aux deux candidats mais, surtout, auxquelles ils voudraient que ceux-ci répondent, le Pew Reseach center, lui, a mené une enquête sur les priorités des électeurs.
Sans surprise, les deux premières «très importantes pour leur vote» sont l’économie (87%) et l’emploi (83%)… tout comme lors de l’élection de 2008 (87% et 80% respectivement).
Viennent ensuite, la santé (74%), l’éducation (69%), le déficit budgétaire (68%), les impôts (66%), Medicare (l’assurance-santé pour les personnes âgées, 65%), puis, dans l’ordre, le terrorisme, la politique étrangère, l’énergie, l’avortement et l’immigration.
Si l’on prend maintenant les questions prioritaires pour chaque camp (les électeurs démocrates, les républicains mais aussi ceux encore indécis), elles en sont pas exactement les mêmes hiérarchiquement.
Pour les électeurs d’Obama, viennent en tête l’éducation (84%), l’économie (83%), les soins médicaux (82%), l’emploi (81%) et Medicare (74%).
Ceux de Romney placent dans les cinq premiers l’économie (93%), les emplois (87%), le déficit budgétaire (82%), les impôts (70%) et le terrorisme (68%).
Concernant les priorités des électeurs encore hésitants, vient en tête l’économie (85%), suivie de l’éducation et l’emploi à égalité (74%) puis les soins médicaux (65%) et le déficit budgétaire (65%).
Par ailleurs, il est intéressant de noter que 69% des Américains estiment que le meilleur moyen de résorber le déficit budgétaire est une combinaison d’augmentation des impôts et de réduction des plus grosses dépenses alors qu’ils ne sont que 16% à déclarer que c’est avant tout la réduction de ces dépenses et 6% que c’est surtout l’augmentation des impôts (on comprend que celle-ci n’est pas la préférence…).
Si l’on voit là une vision assez bipartisane du problème du déficit de la part de la population qui est assez proche de la position de Barack Obama, en revanche, l’opinion demeure de plus en plus divisée sur l’aide aux plus pauvres.
Ainsi, trente-cinq points séparent dorénavant les républicains et les démocrates sur la nécessité de mettre en place un filet social de sécurité pour ceux-ci.
Seuls 40% des républicains estiment que «c’est de la responsabilité du gouvernement de prendre soin des personnes qui ne sont pas capables de prendre soin d’eux-mêmes» (18% de moins qu’en 2007) alors que 75% des démocrates sont de cet avis (79% en 2007).
Si l’on rajoute les «independents» (ceux qui ne se disent affiliés à aucun parti), le pourcentage total est de 59% (contre 69% en 2007).
Alexandre Vatimbella

samedi 29 septembre 2012

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Ne pas confondre le Centre avec le centre de la vie politique


Pour les médias américains, le centre politique se trouve évidemment quelque part à équidistance des deux principales formations du pays, le Parti républicain et le Parti démocrate, quel que soit le positionnement de l’un ou de l’autre.
Fort de ce principe, nombre de journalistes et commentateurs outre-Atlantique, au nom de l’équilibre qui doit régir leur traitement de la vie politique sont tombés dans le piège tendu par les extrêmes.
Ce fut le cas dans les années 1960 où la diabolisation de la guerre du Vietnam par une partie de la gauche extrême a fini par définir l’étalon de la réflexion à son sujet et imposer un débat qui déplaçait le curseur de la modération vers les positions radicales de la gauche.
C’est à nouveau le cas aujourd’hui mais, cette fois-ci, avec la droite extrême et ses vues - devenues largement majoritaires au sein du Parti républicain - sur les questions économiques, financières et fiscales (sans parler des questions sociétales) qui ont fini par déplacer ce curseur nettement à droite.
Or ce principe est totalement erroné.
En l’adoptant, on en arrive à identifier le «centre politique» avec le «centre de la vie politique à un moment donné», ce qui n’est pas du tout la même chose.
Ici, les journalistes et les commentateurs confondent objectivité et vue équilibrée.
Ainsi, en pratiquant cette vue, ils ont entériné le tour de passe-passe des extrémistes du Parti républicain.
Celui-ci a consisté, d’abord à droitiser les positions républicaines, donc à déplacer vers la droite le centre de la vie politique actuelle et ainsi à faire croire que le centre politique également se trouvait désormais plus à droite.
En demandant ensuite sans relâche au président Obama de faire un pas vers leurs nouvelles positions pour être soi-disant au centre et bipartisan alors qu’il l’était depuis le début de son mandat, ces extrémistes ont réussi en entraîner de nombreux médias avec eux dans cette supercherie.
Le but était, au bout du compte, que les médias considèrent que le président s’était déporté sur sa gauche alors que son positionnement n’avait pas bougé d’un iota…
C’est ce qui s’est passé même si, récemment, nombre de journalistes ont réactualisé leurs positions en parlant de la dérive droitière des républicains.
Les élections de novembre prochain remettront peut-être les choses à leur place.
Cet exemple d’intoxication idéologique permet, en tout cas, de réaffirmer que le Centre n’est pas une sorte de modération molle à équidistance des positions de la Gauche et de la Droite mais qu’il véhicule bien une pensée originale qui ne se laisse pas définir par le débat conjoncturel entre cette Droite et cette Gauche.
Ce qui vaut pour les Etats-Unis, vaut également pour la France.
Car, tout autant que les médias américains, les français estiment largement que le Centre est également un synonyme du centre de la vie politique.
Une première remarque sur cette confusion malheureuse serait de dire que c’est toujours le Centre qui définit la Droite et la Gauche.
Donc, si un positionnement politique est plus proche d’un autre, ce serait la Droite ou la Gauche qui seraient plus proche du Centre que l’inverse…
Mais, au-delà de cette évidence (sans centre pas d’extrême, il ne peut exister une gauche et une droite dans la vie que par rapport à un axe central), le Centre n’est évidemment pas réductible à un bout de Gauche et un bout de Droite.
Gouverner par le juste équilibre dans le but d’établir une société humaniste basée sur les valeurs de la liberté, de la tolérance, de la solidarité et le respect afin de garantir à tous les membres égaux d’une communauté - et sans aucun clientélisme de classe, de revenu, d’origine ou de tout autre acabit - de pouvoir s’épanouir et se réaliser à tous les niveaux ainsi que, surtout, s’émanciper pour profiter de leurs qualités et de leurs capacités dans la responsabilité, c’est-à-dire d’être à la fois responsables de leurs actes mais également d’être responsables de leurs existences qui leur appartiennent en les gérant comme bon leur semble dans le respect de l’autre, est le projet centriste.
Plus fondamentalement, le concept de centre ne s’applique pas au milieu de la vie politique, ni ne se définit en référence à une droite et une gauche mais relève d’une démarche de philosophie politique mettant en avant la notion de juste équilibre pour bâtir une société la plus humaniste et harmonieuse possible qui n’a rien à voir avec un milieu géométrique ou géographique.
Le Centrisme est ainsi une pensée qui veut qu’équilibre régisse le fonctionnement de la société afin de permettre à tous les intérêts individuels d’être maximisés sans en avantager certains par rapport à d’autres et que ceux-ci se réunissent, in fine, en un intérêt collectif partagé par tous caractérisé par le vivre bien ensemble.
Le Centre est ainsi au centre de la société mais pas au centre de la vie politique et ne se détermine pas par la Gauche ou la Droite mais par rapport à un équilibre sociétal.

mercredi 26 septembre 2012

L’Humeur du Centriste. Non, monsieur Borloo, le Centre n’est pas «historiquement» toujours l’allié de la Droite


Répondant à l’offre de François Bayrou de construire ensemble un grand parti centriste indépendant et prenant ses désirs pour des réalités, Jean-Louis Borloo a affirmé qu'«historiquement, le centre a toujours été indépendant et dans une coalition avec la droite républicaine».
Ce qui est une totale contre-vérité, ce qui est un euphémisme.
Sans remonter au temps de la III° République où les partis au centre se sont souvent alliés avec des partis de gauche (comme le Parti radical dont monsieur Borloo est le président!), les gouvernements entre les socialistes et les centristes lors de la IV° République (notamment entre le MRP et la SFIO, sans parler entre cette dernière et le Parti radical) ou le soutien des gouvernements SFIO par le MRP et inversement, ont été légions.
Il y eut également la «Troisième force» qui regroupait au pouvoir entre 1947 et 1951 la SFIO, l’USDR (Union démocratique et socialiste de la Résistance), le Parti radical, le MRP et les modérés contre les communistes et… les gaullistes.
Même sous la V° République, des centristes ont gouverné avec la Gauche (gouvernement Rocard, par exemple) sans oublier que pendant longtemps nombre de députés du Centre se faisaient élire grâce aux voix de la Gauche.
Rappelons, en outre, que la grande rupture gauche-centre n’est venue que lorsque le Parti socialiste a décidé de se tourner vers les communistes pour ses alliances électorales et gouvernementales, avec la mise au point du fameux programme commun en 1972.
La grande majorité des centristes, mais pas tous, s’est alors tournée vers la droite républicaine modérée (et quelques fois, malheureusement, vers l’extrême-droite par haine des gaullistes…) avant qu’une partie, quittant l’UDF, ne finisse, avec monsieur Borloo, dans un même parti que la Droite, l’UMP (où, d’ailleurs, il ne semblait pas manquer de cette fameuse «indépendance» qui est son leitmotiv actuel).
Nous conseillons donc à Jean-Louis Borloo de lire une histoire du Centrisme (nous savons qu’il n’est pas un familier de celui-ci) ou, tout simplement, de relire son histoire du radicalisme…

Le Centriste

lundi 24 septembre 2012

Vues du Centre - La Chronique de Jacques Rollet. L’UDI, un objet identifié?


Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jacques Rollet, chroniqueur régulier sur Le Centrisme est politologue, auteur de plusieurs livres dont Tocqueville (Montchrestien 1998), Religion et politique (Grasset 2001), La tentation relativiste, DDB, 2004), Le libéralisme et ses ennemis (DDB, septembre 2011).

Les partis du Centre selon l’appellation reçue se sont rassemblés la semaine dernière sous le sigle UDI (Union des démocrates et indépendants) et ont désigné Jean-Louis Borloo comme président. Il faut noter que les militants des différents partis n’ont pas été consultés; si l’on peut considérer qu’ils étaient d’accord pour un rassemblement, en va-t-il de même pour la désignation du président? Il est à craindre que ce fonctionnement ne nous renvoie aux III° et IV° Républiques.
Poursuivons la réflexion sur trois points: le caractère positif du rassemblement; sur quoi le Centre est-il au clair; l’apport nécessaire de la tradition démocrate-chrétienne.
1) Le positif
La création d’une fédération des Centres est en-soi un phénomène positif. Chacun se lamentait sur la dispersion des partis; il faut donc se réjouir tout en constatant, ce qui n’est pas une surprise, que le Modem n’en fait pas partie. On a envie de dire à Bayrou: «Quousque tandem abutere patientia nostra?» («Jusqu'à quand enfin, abuseras-tu de notre patience?».
Est également positive la claire détermination de se situer au centre-droit, en postulant évidemment qu’on sait de quoi il s’agit quand on parle de centre-droit. Si l’on veut dire que la Gauche n’est pas crédible au plan économique, qu’elle est idéologiquement dépassée et que son laxisme en matière de mœurs est problématique, alors la formule a un sens car ces diagnostics sont portés par la Droite mais cela nous renvoie à notre deuxième point.
2) Face aux tenants de l’Etat-Providence «à la française», le Centre est-il au clair?
Nous ne voyons pas d’alternative politiquement crédible au libéralisme économique. La loi de l’offre et de la demande et la concurrence libre et non faussée nous semblent être les meilleures données pour une économie développée. Il faut que le Centre le dise sans peur, étant entendu que l’adage européen sur la concurrence implique qu’on corrige ce qui fausse la concurrence. Le dumping chinois par exemple peut être combattu au nom du libéralisme.
Cela nous conduit à nous demander si le Centre prend position sur une Europe fédérale et pas seulement sur une fédération d’Etats–nations; On ne peut pas déplorer l’absence de décisions sur l’Euro et refuser le fédéralisme. Il nous faut un gouvernement fédéral de l’Europe de la zone Euro avec une politique économique, financière et sociale, communes. Tout le reste est bavardage et perte de temps, mais une telle avancée suppose des convictions fortes et une conception de l’homme selon laquelle tout n’est pas possible en matière de dépenses. Le réalisme économique suppose l’acceptation humaine des limites. Ainsi beaucoup de Français vivent au-dessus de leurs moyens et ne veulent pas le savoir. L’utopie marxiste règne encore et les empêche de reconnaître la gravité de leur situation. On attend de l’UDI qu’elle soit claire sur ce point.
On attend également qu’elle s’oppose fermement au libéralisme culturel de la Gauche et qu’elle refuse ce qu’on appelle le «mariage homosexuel», qu’elle refuse la procréation artificielle pour les lesbiennes, et qu’elle refuse l’euthanasie.
3) La tradition démocrate-chrétienne
Ce que nous venons de dire  se situe clairement dans l’apport humain et culturel de la démocratie chrétienne. La vision chrétienne de la personne humaine distingue le démocrate chrétien du relativiste de gauche ou de droite et bien entendu des positions antihumanistes de l’Extrême-droite. Ajoutons que la tradition du parti radical fondée sur le laïcisme de la franc-maçonnerie pose problème, c’est le moins qu’on puisse dire. Or Jean-Louis Borloo est dans cette tradition. Cela n’a rien d’exaltant.
Au terme de ces quelques réflexions, on peut donc se demander si l’UDI est bien le parti qui va redonner au Centre la place que François Bayrou lui a fait perdre…
Jacques Rollet

dimanche 23 septembre 2012

Une Semaine en Centrisme. François Bayrou tente de reprendre la main face à l’UDI de Jean-Louis Borloo


«J'ai toujours été un militant de l'unité du Centre qui est la condition indispensable pour que le Centre existe dans la vie politique française. Alors, je dis à Jean-Louis Borloo: si c'est vraiment l'unité qui est le but à atteindre, faisons-la ensemble.»
Voilà ce que François Bayrou a déclaré sur Europe 1, ce dimanche, reprenant d’autres de ses propos allant dans le même sens ces derniers jours.
Pourquoi une telle déclaration de la part de celui qui estimait il y a encore peu être le seul vrai leader centriste légitime, que le Centre était au centre et non pas au centre-droit où se positionne Jean-Louis Borloo et qui n’a pas pardonné à la plupart des élus de l’UDI (Union des démocrates et indépendants) ce qu’il estime avoir été une trahison envers lui, eux qui le quittèrent entre 2002 et 2010.
La réponse est duale: François Bayrou ne peut ignorer cette réunion centriste et ce, d’autant, qu’elle menace à terme l’existence même de son parti, le Mouvement démocrate, mais pour continuer à exister politiquement il doit, soit réduire l’importance de l’UDI, soit la phagocyter.
Non seulement Jean-Louis Borloo a réussi à préempter l’espace centriste mais, en plus, de nombreux membres du MoDem quittent le navire bayrouiste pour s’encarter à l’UDI.
Afin d’éviter l’hémorragie qui se profile, Bayrou a envoyé une lettre à ses militants pour leur dire qu’il était pour la réunion du Centre et qu’il fallait que tous les sensibilités de ce dernier travaillent ensemble.
Il a même expliqué que dans cette réunion «ceux qui sont plus à droite défendront leur position à l'intérieur d'un ensemble, ceux qui veulent un Centre indépendant le feront aussi...la ligne politique, nous la définirons ensemble» ce qui est un reniement de ses positions passées sur la définition de ce qu’est le Centre et de son indépendance.
Il a également ajouté que la double-appartenance politique pourrait être autorisée au MoDem.
Bien sûr, quand François Bayrou dit à Jean-Louis Borloo, «faisons ensemble l’unité du Centre», cela veut aussi dire «chiche» et peut permettre ensuite au leader du Mouvement démocrate de démontrer que celui du Parti radical n’est pas un vrai rassembleur…
Sans oublier que, au jour d’aujourd’hui, l’intégration du MoDem dans l’UDI poserait un problème de cohérence politique.
Jean-Louis Borloo a rappelé sans cesse que son nouveau parti serait «indépendant» mais il a aussi rappelé avec la même insistance que les seules alliances électorales et gouvernementales de l’UDI seraient avec l’UMP ce qui est en contradiction totale de la vision de François Bayrou qui souhaite laisser ouvertes toutes les possibilités d’alliances avec la Droite et la Gauche.
Accueillir le Mouvement démocrate dans l’Union des démocrates et indépendants serait peut-être, alors, introduire le ver dans le fruit pour Borloo et ses amis, ce qui est peut-être le but de Bayrou.
Refuser cet accueil, à l’opposé, pourrait relativiser le nouveau parti en le cataloguant comme un simple appendice de la Droite, ce qui est peut-être, aussi, le but de Bayrou!
Et puis, si cette intégration se faisait, comment éviter, à court et moyen terme, des clashs entre les visions antagonistes et entre des hommes qui ont encore bien des différends à régler?
Autre question d’importance, quelle place peut revendiquer aujourd’hui François Bayrou dans un Centre réunifié après sa défaite aux présidentielles et la déroute de ses troupes aux législatives? La première? La deuxième? Une place parmi les chefs sans plus de précision?
Connaissant l’homme, il est peu probable qu’il souhaite devenir un militant comme les autres.
D’ailleurs, il a déjà signifié qu’il n’y avait que deux leaders au centre, Jean-Louis Borloo et lui-même.
Mais on voit mal Borloo s’effacer devant Bayrou, ni même partager la première place avec lui.
N’oublions tout de même pas que la proposition de François Bayrou peut consister en une simple alliance entre l’UDI et le Mouvement démocrate (notamment lors des élections).
Du coup, il pourrait tenter de remplumer son parti en terme d’élus par ce biais et lui permettre de peser beaucoup plus qu’actuellement, ce qui se ferait grâce à Jean-Louis Borloo…
Est-ce donc une partie de poker-menteur qui est en train de se mettre en place ou sont-ce les prémisses d’une vraie union du Centre?
L’histoire des centristes sous la V° République montre qu’il n’y a pas de pronostics fiables en la matière!
Alexandre Vatimbella

samedi 22 septembre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Norman Ornstein: le Parti républicain n’est plus conservateur, il est de la droite radicale


Norman Ornstein était de passage à Paris pour donner une conférence sur les prochaines élections présidentielles pour la French American foundation.
Le politologue et chercheur à l’American Entreprise Insitute, think tank conservateur, est, notamment l’auteur avec Thomas E. Mann d’un best-seller actuel «It’s Even Wors Than It Looks: How The American Constitutional System Collided With The New Politics Of Extremism» («C’est encore pire que ce que vous pensez: le conflit entre le régime constitutionnel américain et les nouvelles politiques extrémistes»).
Situé au centre-droit, Ornstein a été récemment l’objet d’attaques très dures de la part des républicains après la parution de son livre, le chef de la minorité républicain au Sénat, Mitch McConnell allant même jusqu’à le traiter d’«ultra-ultra-ultra liberal»!
Il faut dire que le politologue n’y va pas avec le dos de la cuillère pour qualifier le virage à droite toute du Parti républicain ces dernières années.
Ainsi, il n’hésite pas à avancer que «le Parti républicain n’est plus conservateur, il est radical. Il ne rejette pas seulement Franklin Roosevelt (président démocrate, liberal, auteur du New deal) mais également Theodore Roosevelt (président républicain, conservateur progressiste auteur du Square deal», cousin du premier nommé).
Et de préciser que «si le Parti démocrate va de la gauche en centre-gauche, le Parti républicain est désormais totalement à droite».
Car, selon lui, si «la politique américaine est aussi divisée», c’est en grande partie la faute des républicains qui se sont droitisés à outrance ces dernières années, ce qui a fait dire à Jeff Bush, ancien gouverneur de la Floride, frère de George W Bush et fils de George H. Bush, que ce dernier ainsi que Reagan n’auraient plus aucune chance d’être nommés aujourd’hui leur candidat à la présidentielle.
Une des personnalités républicaines exemplaire de cette radicalisation sans fin et destructrice du fameux consensus américain est le précité Mitch McConnell, celui-ci ayant déclaré que son objectif était de faire, quoiqu’il arrive, de Barack Obama un «one term president» (président d’un seul mandat) et, pour cela, a fait en sorte de toujours prendre le contrepied du positionnement du président américain, l’obligeant même parfois à changer diamétralement d’opinion!
Un exemple? Mc Connell fut un des initiateurs d’une commission bipartisane du Congrès qui devait se pencher sur la réduction des déficits publics et qui reçut ensuite l’approbation du président ce qui fit, in fine, qu’il vota contre sa mise en place et qu’elle ne fut jamais créée…
On en est arrivé à ce que le Parti républicain ne supporte des mesures que si elles sont bonnes pour lui (en termes électoraux) et non bonnes pour les Etats-Unis, se désolent Norman Ornstein.
En outre, il pense que si le parti perd les présidentielles, il y aura une volonté de la part des extrémistes de se battre encore plus pour avoir, en 2017, un candidat à leur image et non un nouveau Mitt Romney qui n’a fait que se positionner sur leurs thèses sans réellement les partager.
Un réquisitoire sans concession mais aussi argumenté et une analyse pointue.
Pour autant, le politologue proche des républicains n’est pas totalement pessimiste sur l’avenir à court et moyen terme du parti.
Ainsi, il estime qu’il reste encore, à l’intérieur de ce dernier, des personnalités qui sont assez modérés et capables de mener une politique bipartisane quand il le faut, aux premiers rangs desquels il place l’ancien gouverneur de Floride, Jeff Bush, et le gouverneur actuel de l’Indiana, Mitch Daniels, deux hommes qui ont refusé de se présenter à la primaire républicaine cette année ou encore l’étoile montante afro-américaine, Mia Love, qui a fait un discours apprécié lors de la Convention républicaine de Tampa (Floride).
Alexandre Vatimbella

mercredi 19 septembre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. L’Amérique divisée ou les fausses gaffes de Mitt Romney


En début d’année, il avait déjà expliqué que les pauvres ne l’intéressaient pas. Voilà Mitt Romney qui récidive en déclarant en petit comté puis le confirmant devant la presse que les 47% d’Américains qui ne payent pas d’impôts ne l’intéressent pas, non plus (alors même que beaucoup d’entre eux sont des électeurs républicains!).
Certains estiment que ce sont là des gaffes du candidat républicain à l’élection présidentielle.
Si ce sont des gaffes, elles le sont uniquement en termes électoraux et non par rapport à la vision de M. Romney des Etats-Unis, un pays pour les riches et ceux qui veulent devenir riches et non pas pour les assistés ou les laissés pour compte d’une société qui produit des milliardaires mais broie souvent ceux qui ne réussissent pas.
C’est bien cette Amérique divisée que les républicains promeuvent depuis des années, depuis leur virage à droite.
Un pays où le certificat de bon Américain se délivre au vu d’un compte en banque fourni, de valeurs les plus réactionnaires, de croyances religieuses intégristes et sur fond d’exceptionnalisme, cette idéologie de glorification de la différence et de la supériorité américaine, pervertie par les radicaux qui affirment que les Etats-Unis sont le pays élu et exemplaire qui montre la seule voie possible au reste du monde encore dans l’obscurantisme.
Car les «gaffes» ont aussi été dirigées en direction de l’étranger, de la Grande Bretagne, incapable de bien organiser les Jeux olympiques, aux Palestiniens, ne s’intéressant absolument pas la paix.
Non, les dérapages à répétition de Mitt Romney ne sont pas des gaffes.
Bien sûr, ce sont des bêtises dans le sens où celles-ci le rendent de moins en moins crédible aux yeux de ses compatriotes et seront peut-être la cause de sa défaite le 6 novembre prochain.
En revanche, couplées aux mensonges de Paul Ryan, son colistier, ces soi-disant bourdes à répétition prennent toute leur dimension en montrant, à la fois, que tous les moyens sont bons pour prendre le pouvoir et, surtout, que la fantasmagorie dans laquelle s’enferment petit à petit les républicains est un réel danger pour l’avenir des Etats-Unis et, par voie de conséquence, pour le reste du monde.
Une fantasmagorie bien loin du Centre où Mitt Romney s’était positionné pour se faire élire gouverneur du Massachussetts, Etat «liberal», mais plus proche de ses dires lors de la primaire républicaine où il devait convaincre la frange de la droite extrémiste du parti emmenée par le mouvement du Tea party.
Il est à espérer, si les républicains perdent les élections, qu’un grand nettoyage se produise dans leurs rangs afin de permettre de vider le parti des extrémistes délirants et aux conservateurs modérés de reprendre le pouvoir et aux centristes de droite de redevenir une force qui compte.
Alexandre Vatimbella

mardi 18 septembre 2012

Actualités du Centre. Jean-Louis Borloo annonce la création de l’UDI, nouveau parti de centre-droit


Comme prévu, lors des journées parlementaires réunissant les groupes UDI (Union des démocrates et indépendants de Assemblée nationale) et UCR (Union centriste et républicaine du Sénat), Jean-Louis Borloo a annoncé la création d’un nouveau parti de centre-droit, baptisé UDI (Union des démocrates et indépendants).
Le président du Parti radical en prend la tête de ce parti qu’il veut «indépendant» et «européen» et dont la principale tâche est l'emploi. 
Toutes les figures du centre-droit ont également des responsabilités, comme Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde ou Jean Arthuis, par exemple.
Quant au projet politique, il a été confié au maire de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin, qui a six mois pour présenter sa copie.
Selon Jean-Louis Borloo, les valeurs de l'UDI sont, notamment, la liberté, le respect, la responsabilité.
Le premier congrès constituif aura lieu le 21 octobre à la Mutualité à Paris.
Clairement situé au centre-droit, le nouveau parti n’envisage qu’une alliance avec la Droite, en l’occurrence l’UMP.
Jean-Louis Borloo espère que l’UDI deviendra bientôt le premier parti de France et a annoncé une grande campagne d’adhésion.

L'Editorial d'Alexandre Vatimbella. Derrière l’anti-américanisme, la haine de la démocratie


Ne nous y trompons pas, l’anti-américanisme qui enflamme les pays et les communautés musulmans à travers le monde ces derniers jours est en réalité une haine de la démocratie occidentale et le refus de la liberté individuelle ainsi que de la tolérance.
S’il en fallait des preuves, les attaques des ambassades allemande et britannique au Soudan, alors que ces deux pays n’avaient strictement rien à voir avec le film anti-islamiste incriminé, «L’innocence des musulmans».
De même avec l’attentat à Kaboul qui a détruit un minibus dans lequel se trouvaient des «occidentaux».
Les Etats-Unis, eux aussi, n’ont rien à voir avec cet événement qui est le fait d’un Egyptien, Nakoula Besseley Nakoula, faut-il le rappeler.
Tout ceci est en fait le cadet des soucis des radicaux islamistes comme le Hezbollah au Liban, les Talibans en Afghanistan ou les salafistes en Egypte et en Tunisie, sans oublier Al Qaida (qui est sans doute responsable de la mort à Benghazi de l’ambassadeur américain en Libye).
Ils ont profité de l’événement et l’ont instrumentalisé afin de provoquer des troubles et de demander dans la foulée qu’une règle internationale soit édictée pour réprimer ceux qui offensent les religions avec des mots et des images au nom d’un soi-disant respect pour celles-ci, tout au moins pour la religion musulmane car on les connait moins à cheval sur les blasphèmes à l’encontre du christianisme (et les destructions d’églises), du judaïsme et autre hindouisme, par exemple.
Réglementer la liberté d’expression ou, plutôt, la supprimer, nous voilà véritablement au cœur de toute cette affaire.
La réalité est bien une charge en règle contre la démocratie et ses valeurs de liberté et de tolérance.
Oui, c’est bien la haine de la démocratie qui s’exprime ici.
Et si cette offensive virulente intervient après le Printemps arabe, cela n’est pas non plus une coïncidence, alors que les tentatives de reprises en main par les mouvements fondamentalistes se déroulent avec violence au Caire et à Tunis, par exemple.
L’apparition en public de Hassan Nasrallah, le leader du parti extrémiste du Hezbollah au Liban – lui qui se cache depuis 2008 - pour haranguer les foules en est une autre démonstration.
N’oublions pas, non plus, que les attentats du 11 septembre 2001 ont touché prioritairement New York, cette capitale de la mondialisation où des centaines de communautés peuvent coexister ensemble dans la paix et la démocratie, le repoussoir absolu pour tous les intolérants du monde entier comme le sont tous les religieux radicaux extrémistes.
De ce point de vue, tous les pays occidentaux sont concernés par cet anti-américanisme, que l’on aime ou que l’on n’aime pas les Etats-Unis ou les Américains.
Le ministre de l’Intérieur français, Manuel Valls, l’a d’ailleurs fort bien compris quand il a dénoncé la manifestation de salafistes qui s’est déroulée à Paris pour protester contre le film mais surtout pour attaquer les fondements même de la démocratie.
Cette démocratie qui met en avant la liberté et la tolérance, entre autres, est évidemment indissociable du combat du Centre.
Ainsi, les centristes d’Egypte, de Tunisie, du Maroc et du Liban nous mettent quotidiennement en garde contre la montée des partis islamistes dans leurs pays respectifs.
Nous devons les écouter et les aider dans leur combat humaniste afin qu’ils deviennent cette alternative face à l’obscurantisme et établissent la démocratie qui, seule permettra d’être libre de croire ou de ne pas croire et de choisir sa religion.
La démocratie est un combat de tous les instants dans le monde entier, même là où elle semble forte et inexpugnable. Il serait bon que les populations qui ont la chance de vivre dans la liberté ne l’oublient jamais.

lundi 17 septembre 2012

Une semaine en Centrisme. Centre indépendant: pourquoi François Bayrou a échoué


Au moment où Jean-Louis Borloo est proche de réunir une grande partie de la famille centriste, l’échec de François Bayrou de se bâtir un espace politique spécifique pour ses visées élyséennes est-il celui, également, de la construction d’un Centre réellement indépendant?
Historiquement parlant, cette tentative n’est pas la première et ne sera pas la dernière.
A côté des tenants d’un Centre qui trouve «naturellement» sa place à gauche ou, plus sûrement, à droite, il y a toujours eu des partisans d’un Centre qui ne doit rien à personne et, surtout, qui n’a besoin de personne pour lui dire où il est.
Mais, comme il est malheureusement facile de le constater, toutes les entreprises pour le faire vivre dans l’espace politique de la V° République ont échoué.
Au bout du compte, les centristes ont du se rallier, un peu à gauche et beaucoup à droite.
François Bayrou n’est donc que le dernier en date d’une longue liste de ceux qui prétendent, avec raison, que la voix du Centre est unique et insoluble dans celles de la Droite et de la Gauche mais qui n’ont pas pu imposer cette vision dans le paysage politique français.
Alors que se pose l’existence même du Mouvement démocrate (qui semble se déchirer entre plusieurs chapelles) qui devait être le bras armé de Bayrou pour sa conquête du pouvoir, les raisons de son échec sont particulières à sa tentative, n’induisent pas une répétition sans fin de l’impossibilité de l’entreprise et n’interdisent pas un succès dans le futur.
Pourquoi?
D’abord, parce que le président du MoDem a confondu indépendance et solitude. François Bayrou a joué sur le parcours de l’homme solitaire (avec comme références le Général de Gaulle et François Mitterrand) pour deux raisons.
La première a été de tuer la concurrence au centre - d’où un leadership peu démocratique à l’intérieur de l’UDF puis du Mouvement démocrate (tous ceux qui pouvaient lui faire de l’ombre sont partis ou ont été marginalisés) -, ne désirant aucune réunion du Centre autrement que par la forme d’un ralliement inconditionnel à sa personne.
La deuxième, au niveau national a été de démontrer que le Centre n’avait besoin d’aucune alliance pour exister et gagner, ce qui évidemment était un contresens politique.
Résultat, un parti qui est largement une coquille vide, sans personnalités de premier plan autre que Bayrou et qui s’est pris des raclées à toutes les élections après la présidentielle de 2007. En outre, une indépendance vis-à-vis de la Gauche et de la Droite qui a été dévoyée en un «seul contre tous» qui ne peut évidemment réussir quand on ne peut s’appuyer, au mieux, que sur un socle électoral de 15% à 20%.
Ensuite, il a refusé de structurer son parti.
La raison essentielle est qu’il a fait une fixation sur l’élection présidentielle et son destin qui devait le conduire à l’Elysée.
Selon lui, toutes les élections intermédiaires sont liées à la présidentielle. Dans cette optique, il suffit de gagner celle-ci pour changer en profondeur le paysage politique français et bâtir une majorité autour du chef de l’Etat nouvellement élu.
Or, cette affirmation n’est confirmée par aucun précédent. Même Valéry Giscard d’Estaing, lorsqu’il gagne la présidentielle en 1974 possède un parti structuré avec nombre d’élus (sans parler des ralliements multiples à sa candidature).
L’autre raison a déjà été pointée, c’est qu’il ne voulait surtout pas promouvoir, à l’intérieur de son parti, des hommes et des femmes qui auraient pu lui faire de l’ombre.
De même, il a navigué trop souvent à vue.
François Bayrou se dit aujourd’hui centriste et le seul légitime à en être le leader naturel (même si tout récemment il a estimé que Jean-Louis Borloo pouvait l’être également) sauf qu’en 2007 il disait ne pas se reconnaître dans ce terme!
De même, il a changé son fusil d’épaule plusieurs fois et sans raison apparente sur sa proximité idéologique avec la Droite ou la Gauche.
Enfin, il a été incapable de donner une véritable pensée structurée à son entreprise et les bases de son action sont demeurées floues.
Sans parler de savoir avec qui il pouvait gouverner en cas de victoire.
Tout cela met-il François Bayrou hors-jeu définitivement?
En politique, il convient de rester prudent. D’autant qu’il est évident qu’actuellement le président du Mouvement démocrate est, de toutes les personnalités centristes, celle qui se positionne au plus près du centre du Centre pendant que ses anciens amis revendiquent désormais l’étiquette centre-droit et une alliance uniquement avec l’UMP.
Reste son appel à voter pour François Hollande.
Même si celui-ci ne peut se comprendre sans avoir à l’esprit cette volonté de démontrer que le Centre n’est ni à Droite, ni à Gauche et cette obligation qu’il avait de définitivement le prouver en basculant au moins une fois vers la Gauche après avoir été pendant si longtemps proche de la Droite, il n’en demeure pas moins que cet appel a laissé des traces qui vont être difficiles à effacer rapidement.
D’autant que l’avenir à court terme de François Bayrou passe par un échec de la Gauche!
Il ne peut être l’homme providentiel ou plus simplement redevenir crédible que si le gouvernement actuel failli et que la Droite projette encore l’image négative de sa défaite dans l’opinion publique.
C’est d’ailleurs son positionnement comme il l’a expliqué lors d’une interview au Journal du Dimanche le 8 septembre dernier où, loin de prendre le recul dont il parlait après les législatives et sa défaite personnelle, il reparle, sans la nommer, de cette union nationale qu’il confond trop souvent avec le gouvernement du juste équilibre et du consensus qui est la marque du Centre et dont il se verrait bien être le leader.
L’ambition politique dont il est, à l’instar de beaucoup de ses confrères rempli, est un de ses atouts. N’a-t-on pas donné le pouvoir à des gens qui ne se cachaient pas de le vouloir à tout prix comme Giscard d’Estaing, Mitterrand, Chirac et Sarkozy?...
Quant au Centre, les différentes manœuvres autour de sa réunification démontrent - à l’opposé de ce que beaucoup affirment péremptoirement - qu’il n’est pas introuvable ou définitivement marginalisé.
Pour autant, il continue à subir les contrecoups de tous ceux qui tentent de le récupérer pour leurs ambitions personnelles, que ce soit François Bayrou, Jean-Louis Borloo, Hervé Morin, Jean-Pierre Raffarin ou d‘autres.
L’ambition politique n’est pas en soi négative, elle ne le devient quand elle n’est qu’un opportunisme. Un maux que connait trop bien le Centre.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

dimanche 16 septembre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Un sondage donne Obama en tête sur l’économie et l’emploi


Pour la première fois dans un sondage, Barack Obama devance Mitt Romney comme étant le plus capable de redresser l’économie et résorber le chômage.
Réalisé pour le New York Times et CBS, il place également le président en tête devant le candidat républicain en matière d’intentions de vote (49%-46%) des électeurs qui déclarent qu’ils se déplaceront pour glisser un bulletin dans l’urne.
De même, il demeure en tête en étant celui des deux candidats qui comprend mieux les problèmes des électeurs et pour la sympathie qu’il inspire même si Mitt Romney a fait des progrès ces dernières semaines dans ces deux secteurs.
Seul domaine où l’ancien gouverneur du Massachussetts est en tête, celui de la réduction du déficit des finances publiques.
A deux semaines de l’ouverture du scrutin (beaucoup d’Etats permettent désormais aux électeurs de voter en avance), la position de Barack Obama semble la plus solide.
D’autant qu’il est en tête dans un certain nombre d’Etats clés, ceux qui feront l’élection et dans lesquels on trouve pour cette élection, l’Ohio, la Floride, l’Iowa, le Wisconsin, le New Hampshire, la Virginie ou encore le Colorado et le Nevada.
Les stratèges républicains estiment que Mitt Romney doit absolument donner une dynamique nouvelle dans sa campagne s’il veut être en position de battre le président sortant.
Les derniers événements internationaux pourraient-ils en être les déclencheurs? Toujours est il que Romney et son colistier, Paul Ryan, ont sorti l’artillerie lourde et qu’ils pilonnent Obama avec des arguments sur ses soi-disant faiblesses et erreurs souvent mensongers car s’appuyant sur des faits et des dires inexacts.
Il faudra voir dans les prochains sondages si cette stratégie donne des résultats probants.
Sans oublier, évidemment, les trois débats entre les deux hommes (plus le débat entre les deux candidats à la vice-présidence, Joe Biden et Paul Ryan). Le premier est prévu pour 3 octobre à Denver (Colorado), les suivants ayant lieu les 16 et 22 octobre, respectivement à Hempstead (New York) et Boca Raton (Floride).
Alexandre Vatimbella

jeudi 13 septembre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. La Convention démocrate réussie mieux à Obama que la républicaine à Romney


Les commentateurs l’avaient tous dit, même beaucoup de ceux travaillant pour des médias ou des think tanks conservateurs, la Convention démocrate de Charlotte (Caroline du Nord) a surclassé la Convention républicaine de Tampa (Floride).
C’est aussi ce qu’ont pensé les Américains dans leur ensemble.
Résultat concret pour Barack Obama, il est en tête dans les sondages, parfois avec des gains très importants comme dans l’étude publiée par CNN (52% contre 46% à Romney alors qu’une semaine auparavant, les deux candidats étaient à égalité à 48% dans les intentions de vote).
Voilà peut-être une séquence dans la campagne qui sera décisive pour l’élection du 6 novembre prochain.
Evidemment, un retournement de tendance est toujours possible mais les bourdes à répétition de Romney ces derniers jours (comme ses incohérences sur l’assurance-santé ou ses déclarations hors de propos après l’attaque de l’ambassade américaine du Caire et celle, meurtrière, du consulat de Benghazi) confortent un peu plus la position du président sortant.
Un sondage du Pew reseach center (réalisé avant les attaques précitées) permet de mieux comprendre les raisons de l’avance prise par Obama après les deux conventions.
Ainsi, Barack Obama a gagné dix points dans la catégorie de ceux qui l’apprécient mieux après la convention démocrate contre sept pour Romney après la convention républicaine.
Plus intéressant pour Barack Obama, il a gagné des points dans les deux électorats sans doute les plus importantes pour départager les deux candidats lors du vote, les femmes et les électeurs «independents».
Ainsi, dans la catégorie de ceux qui ont trouvé les discours des candidats «excellents» ou «bons», Barack Obama devance Mitt Romney de douze points chez les femmes et de onze points chez les «independents».
60% de ceux qui ont regardé le discours de Barack Obama à Charlotte l’ont trouvé «excellent» ou «bon» contre seulement 53% de ceux qui ont vu celui de Mitt Romney à Tampa.
A noter, néanmoins, que comme pour Romney à la Convention républicaine, ce n’est pas le discours d’Obama qui a été l’événement de la Convention démocrate pour les sondés. 29% de ces derniers ont estimé qu’il s’agissait de l’intervention de Bill Clinton contre 16% pour celle du président comme l’avait déjà analysé la quasi-totalité des médias.
Mais il vaut mieux être devancé par un discours extrêmement brillant de Bill Clinton que, comme ce fut le cas pour Romney, par un sketch hallucinant dans le mauvais sens du terme d’un Clint Eastwood, acteur-réalisateur de grand talent qui a pourtant joué sans doute, ce soir-là un des plus mauvais rôle de sa longue carrière, qui plus est mise en scène par lui-même…
Alexandre Vatimbella

mercredi 12 septembre 2012

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Ni la Droite, ni la Gauche n’aiment le Centre


Les centristes voudraient bien se faire aimer de la Droite et de la Gauche. Ils ont bien torts.
Si la Droite et la Gauche leur font parfois les yeux doux, ce n’est pas par amour mais uniquement pas intérêt. Ni la Droite, ni la Gauche n’aiment le Centre.
Ce qui n’est pas vrai du Centre qui n’a pas d’animosité préconçue vis-à-vis de la Droite et de la Gauche, ceci découlant de sa vision humaniste et de sa volonté de consensualisme.
Pour ne pas oublier le peu d’égards de la Droite et de la Gauche envers le Centre, que l’on se rappelle seulement des propos désobligeants du Général de Gaulle ou des railleries de François Mitterrand sur les centristes.
Que l’on n’oublie pas, non plus, les attaques dures et insultantes de Jacques Chirac contre l’UDF, le parti de l’étranger.
Mais l’on pourrait faire des listes sans fin sur le sujet en France et ailleurs
Quand les centristes gouvernent dans le monde, partout ils sont accusés par la Droite d’être trop à gauche et par la Gauche d’être trop à droite! C’est le cas de Barack Obama actuellement et ce fut celui de Bill Clinton en son temps aux Etats-Unis.
Sans parler de ce paradoxe frisant le ridicule et, plus grave, l’irrespect: pour la Droite et la Gauche, le Centre n’existe pas (ce n’est, selon elles, qu’une Droite ou une Gauche molle et insipide, voire les deux à la fois)… sauf quand on en a besoin pour les élections!
Ceux-là mêmes qui attaquaient les centristes pour leur inconsistance, leur font alors la danse de la séduction.
Mais cela ne dure que le temps d’une élection.
La Droite et la Gauche ont alors besoin du Centre et, plus sûrement, des électeurs centristes qu’on tente de récupérer avant qu’ils ne mettent leurs bulletins dans l’urne pour ensuite les ignorer et marginaliser les partis qui les représentent.
Savoir que la Droite et la Gauche ne l’aiment pas est essentiel pour le Centre.
Non pas pour se plaindre ou se décourager, loin de là, mais, au contraire, pour revendiquer haut et fort toute sa place dans le spectre politique.
D’une part, cela doit lui permettre d’affirmer son existence indépendante ainsi que ses valeurs et ses principes sans que ses représentants ne se sentent sans cesse dans l’obligation de plaire à leurs homologues de droite ou de gauche.
D’autre part, cela doit permettre aux partis centristes de négocier de claires alliances électorales et de gouvernement, que ce soit avec des partis de droite ou de gauche, sans être dans une position d’obligés.
Car, si les «bons» centristes pour la Gauche et la Droite sont ceux qui se rallient et acceptent les strapontins, le Centrisme est d’une autre dimension et nécessite du courage politique.
Au moment où, après avoir détruit méthodiquement l’espace du Centre dans des querelles mesquines et des ambitions personnelles dérisoires, les leaders centristes s’engagent encore une fois dans un processus de réunion, il serait bon qu’ils fassent preuve d’une mémoire lucide pour ne pas retomber dans leurs erreurs passées en la matière.

mardi 11 septembre 2012

L’Humeur du Centriste. Les leaders centristes tels Sisyphe


Les leaders centristes veulent tous un grand parti unifié.
Parfait.
Pourtant, depuis cinq ans, ils ont fait exactement le contraire.
François Bayrou a créé le Mouvement démocrate en 2007.
Hervé Morin a créé le Nouveau centre en 2007.
Jean Arthuis a créé l’Alliance centriste en 2010.
Jean-Christophe Lagarde a créé Force européenne démocrate en 2012.
Sans oublier les groupuscules et les échecs…
Et avant?
Jusqu’en 2007, il n’y avait qu’un parti centriste, l’UDF…
Donc, cinq ans pour rien.
Non, pas vraiment
Aujourd’hui, celui qui pourrait diriger des centristes réunifiés, Jean-Louis Borloo, n’en est pas un.
Recommençant sans fin à monter son rocher en haut d’une colline qu’il n’atteignait jamais, Sisyphe avait été puni par les dieux.
Les centristes, eux, se punissent eux-mêmes.
Consternant.

Le Centriste

lundi 10 septembre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Face aux mauvais sondages, Mitt Romney tente de se recentrer


Il n’avait guère gagné de points dans les sondages après la convention de son parti, un peu moins qu’Obama qui a repris une avance dans les sondages (quatre points selon Reuters/Ipsos) qui pourrait durer et malgré les mauvais chiffre de l’emploi (moins de créations que prévu).
Du coup, Mitt Romney a immédiatement recentré son discours.
Au cours de sa prestation lors de la plus vieille émission politique de la télévision américaine, Meet the Press sur NBC animée par David Gregory, le candidat républicain a ainsi expliqué qu’il n’avait jamais dit qu’il supprimerait la réforme de l’assurance-santé de Barack Obama le premier jour de sa présidence comme tout le monde l’avait entendu mais qu’il y avait des mesures à garder et sur lesquelles il ne reviendrait pas (comme l’interdiction faite aux compagnies d’assurance d’empêcher une personne déjà malade d’être protégée ou la couverture des jeunes adultes par l'assurance de leurs parents).
De même, le voilà, toujours dans un flou que le journaliste n’a pu lever, à dire que pratiquement les riches paieront plus d’impôts lors de son éventuelle présidence puisqu’il supprimera des niches fiscales qui leur bénéficient alors qu’il s’était engagé jusqu’alors à ne pas augmenter les impôts de tous, notamment des plus aisés.
Bien sûr, il demeure incapable d’expliquer comment il équilibrera le budget (non plus en quatre ans mais en huit ans désormais) tout en réduisant les impôts et en augmentant les dépenses budgétaires (ou au moins en les gardant au même niveau) notamment en matière militaire.
Cette soudaine modération qui sera peu appréciée de tous les idéologues de la droite extrême de son parti est une obligation pour Mitt Romney s’il veut séduire les électeurs «independents» centristes qui se méfient encore de lui.
Pour autant, dans son grand écart permanent, il reste obligé de jouer les radicaux, ce qu’il a fait lors d’une réunion publique où il se trouvait aux côtés d’un des télévangélistes les plus réactionnaires, Pat Robertson, pour parler de Dieu.
Ce constant aller-retour est bien sûr dénoncé par les démocrates qui n’y voient que de l’opportunisme d’un homme dont le seul programme, à leurs yeux, est d’occuper la Maison blanche par ambition personnelle.
Le problème pour Mitt Romney est que beaucoup d’Américains ne voient pas, pour l’instant, ce qui contredirait cette affirmation.
Alexandre Vatimbella

dimanche 9 septembre 2012

Une Semaine en Centrisme. Drôle de refondation du Centre


Or donc certains leaders centristes ont annoncé péremptoirement une refondation du Centre dans les semaines à venir.
Mais quelle drôle de refondation quand elle se fait sans une de ses principales composantes et sous l’égide d’un leader qui déclarait il y a encore peu qu’il n’était pas un centriste mais un républicain social et écologiste de droite (et remarquons que le groupe qu’il préside à l’Assemblée national, l’UDI, ne fait aucune mention du Centre dans son intitulé).
Bien sûr, les promoteurs de ce qui devrait être une nouvelle confédération calquée sur feue l’UDF (réunion de plusieurs partis qui gardent leurs identités avec la possibilité d’adhésions individuelles), ont précisé qu’il s’agissait de la refondation du centre-droit.
Dont acte, même s’il y a peu, ces leaders affirmaient vouloir réunir tous les centristes…
Mais, en conséquence de quoi, cela ne les autorise donc plus à parler au nom du Centre dans sa globalité comme ils le faisaient jusqu’à présent.
Et cela laisse une composante essentielle du Centre au dehors de cette confédération et dont la légitimité est au moins aussi grande que celles qui sont au-dedans.
De même, ils font à nouveau le pari de remettre leur destin entre les mains d’un homme qui n’est pas du Centre, se mettant à la merci d’une OPA politique, comme hier avec Valéry Giscard d’Estaing ou Edouard Balladur.
Comme si les centristes ne pouvaient être réunis que par une personne extérieure à leur famille.
Voilà qui est dommageable pour Centrisme et qui montre encore l’immaturité des leaders du Centre ainsi que les dégâts de leurs petites querelles personnelles.
Reste à savoir si cela sera une fois de plus ou une fois de trop.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

samedi 8 septembre 2012

Actualités du Centre. Jean-Christophe Lagarde: «il faut que les démocrates sociaux se rassemblent, c’est le but de la FED»


Jean-Christophe Lagarde a récemment donné plusieurs interviews où il expliquait, entre autres, les raisons de la récente et surprenante création de Force européenne démocrate (FED), parti qu’il dirige et qu’il veut déjà fondre dans une grande formation centriste qui devrait prendre, selon lui, la forme d’une confédération, comme l’UDF lors de sa création, et qu’il souhaite voir prochainement mise sur pied avec le président du Parti radical, Jean-Louis Borloo, à sa tête.
Extraits de deux d’entre elles.
- Interview de Jean-Christophe Lagarde - Le Nouvel Observateur 31 août 2012
«Il faut que les trois familles du centre, libérale, démocrates sociaux et radicale se rassemblent au sein d'une formation fédérée, ce qui devrait arriver dans les prochains jours.»
«Beaucoup d'élus, dans les territoires, se sentent perdus depuis l'éclatement de la famille centriste et n'attendent que de reprendre le flambeau. Il faut travailler à une reformation de l'UDF, et même au-delà, pour fédérer ceux de la droite modérée. Nous avons discuté avec un certain nombre de dirigeants centristes. Les choses avancent bien. J'espère qu'Hervé Morin n'y fera pas obstacle.»
Jean-Louis Borloo «est le mieux placé pour rassembler».
«François Bayrou a choisi de soutenir François Hollande, il est aujourd'hui comptable de cette décision. Quand on regarde les premières décisions prises par le gouvernement, il y a de quoi s'interroger. Bayrou est un allié de François Hollande, ce qui laisse beaucoup de gens du MoDem perplexes. Si ces gens-là souhaitent la formation d'un grand parti centriste, ils y ont toute leur place.»
Face à l’UMP le grand parti centriste sera «à la fois un allié naturel et un concurrent».
- Interview de Jean-Christophe Lagarde - Le Journal du Dimanche 7 septembre 2012)
«Aujourd'hui, le centre existe à travers ses trois familles historiques : les radicaux, les libéraux et les démocrates-sociaux. Les deux premières sont respectivement représentées par le Parti radical de Jean-Louis Borloo et le Nouveau centre d'Hervé Morin. La troisième est dispersée à travers l'UMP, le Modem, l'Alliance centriste de Jean Arthuis, plus tous ceux qui avaient décidé d’attendre pour s’engager à nouveau.  Il faut que les démocrates sociaux se rassemblent, c’est le but de la FED.
«Je n'ai jamais cru qu'une formation centriste ait plus raison qu'une autre. Notre seul tort a été de nous séparer en 1998, en 2002, en 2007. C'est-à-dire une scissiparité infinie. Sortons des aventures individuelles, rassemblons-nous et nous verrons dans cinq ans qui pourra porter nos couleurs. Nous ne devons pas laisser les Français prisonniers entre une gauche qui ne se sort pas de sa vision des années 70 et une droite tenaillée entre son identité nationalisme et son ultralibéralisme. A nous de proposer une alternative à ce mouvement de balancier qui nous fait à chaque fois aller d’un excès à l'autre et, ainsi, nous empêche d'avancer.»
l'Alliance républicaine, écologiste et sociale (Ares) «n'avait pas marché car l'un des partenaires n'était pas de bonne foi. Et l'accord sur le candidat à la présidentielle n'a pas tenu, car certains voulaient faire valoir leur ambition. Le calendrier n'était pas favorable, car la présidentielle arrivait et le problème du leadership se posait».

vendredi 7 septembre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Convention démocrate: Barack Obama et Bill Clinton en duo centriste


La différence entre les conventions républicaine et démocrate est que les républicains ont essayé de rameuter les centristes indécis et déçus de la présidence Obama sans pour autant ne leur proposer quoi que ce soit de précis, seulement de montrer leur déception en changeant de camp, alors que les démocrates, à l’image de la plupart des orateurs, ont démontré leur engagement centriste.
Cela suffira-t-il à convaincre les fameux «independents» modérés, on ne le saura qu’au soir du 6 novembre…
Rappelons que à propos de ces modérés, qu’ils ne sont qu’une partie, certes importante mais une partie seulement, de cette catégorie «independents» où l’on trouve également des personnes de toutes les tendances politiques, des ultras-libertariens aux communistes sectaires, tous ceux qui disent aux sondeurs ne pas se reconnaitre dans les deux grands partis, républicain et démocrate.
Or donc, tout au long de la Convention démocrate qui vient de s’achever à Charlotte (Caroline du Nord), les intervenants se sont montrés adeptes d’une société équilibrée et consensuelle, d’une volonté de gouverner au centre et pour le bien de la classe moyenne.
Les vedettes de ce grand show plutôt réussi selon les médias ont été Bill Clinton et, bien évidemment, Barack Obama, deux hommes qui ont, à de multiples reprises, déclaré leur centrisme.
Loin donc d’un exercice de style où les déclarations n’ont qu’un but électoraliste comme chez Mitt Romney, leurs professions de foi centristes devant les militants de leur parti et au peuple américain étaient bien sincères, leurs présidences respectives en témoignant par ailleurs.
Barack Obama a ainsi pu, d’un côté, glorifier ceux qui ont un rêve et qui réussisse de même que l’individualisme comme une des principales valeurs américaines tout en affirmant qu’il y avait aussi une autre valeur tout aussi importante aux Etats-Unis, la «citoyenneté» qui permet aux Américains de s’aider et de prendre soin des autres, notamment ceux dans la difficulté et le besoin ou, tout simplement, pour construire ensemble une meilleure société.
«Aux Etats-Unis, nous ne croyons pas en ce qui peut être fait pour nous mais ce qui peut être fait par nous» a-t-il ajouté tout en mettant en avant le patriotisme.
Néanmoins, face à la radicalisation droitière d’une grande partie des républicains, il a rappelé que «sur chaque question, le choix ne se résumera pas seulement entre deux candidats ou deux partis» mais qu’il s’agira «d’un choix entre deux différentes voies pour l’Amérique», «un choix entre deux visions fondamentalement différentes pour le futur».
De son côté, Bill Clinton a délivré ce que certains commentateurs ont qualifié comme l’un de ses meilleurs discours.
L’ancien président des Etats-Unis a, par un exposé clair, précis, didactique et enlevé, présenté le bilan d’Obama tout en réfutant les attaques des républicains et en les mettant devant leurs propres contradictions et impasses.
Il a ainsi déclaré que «la question la plus importante est dans quel genre de pays voulons-nous vivre? Si vous voulez une société où le gagnant ramasse toute la mise, vous devez soutenir le ticket républicain. Si vous voulez un pays où la richesse est partagée ainsi que la responsabilité – une société où on est tous dans le même bateau – vous devez voter pour Barack Obama et Joe Biden», ajoutant que cette dernière philosophie était bien meilleure que le «chacun pour soi» républicain.
En outre, il a affirmé que «malgré que je sois souvent en désaccord avec les républicains, je n’ai vraiment jamais appris à les haïr de la manière dont l’extrême-droite qui contrôle maintenant leur parti semble haïr notre président et beaucoup d’autres démocrates».
Cette faction d’extrême-droite est celle qui refuse toute coopération et tout compromis, menaçant ceux qui oseraient le faire de représailles, au risque de plonger le pays dans le marasme, simplement par idéologie.
Pour lui, une des raisons de «réélire le président Obama est qu’il est toujours engagé dans une coopération constructive» avec tout le monde.
Et, tout au long de son discours, il s’est attaché à présenter les leaders républicains comme des personnes irresponsables qui font des discours et des propositions intenables.
Il a pris pour exemple sa réussite dans l’équilibre du budget américain: «les gens me demandent tout le temps comment nous avons eu un budget en excédent quatre fois de suite. Quelles nouvelles idées avez-vous apportées à Washington? Je donne toujours une réponse en un mot: arithmétique»
Un mot dont, selon lui, les républicains ont oublié la signification quand ils prétendent pouvoir lutter contre l’énorme déficit actuel et vouloir équilibrer le budget tout en augmentant les dépenses militaires et en réduisant les impôts pour les plus riches...
Alexandre Vatimbella

mercredi 5 septembre 2012

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Obama, un bilan centriste?


A deux mois de l’élection présidentielle américaine, il est temps de faire un bilan du mandat de Barack Obama.
Celui-ci a été évidemment réalisé en profondeur par les médias américains.
Concernant la situation et l’atmosphère lors de son mandat, il en ressort tout d’abord – chez ceux qui cherchent à avoir une approche la plus objective possible – que le président sortant a été confronté à la pire crise économique depuis la Grande dépression (que l’on appelle désormais le Grande récession)
Mais il a aussi dû faire face à une opposition sans répit, dure, frontale et totale des républicains ainsi qu’à une guérilla de sa gauche démocrate, les premiers le trouvant trop à gauche et les seconds trop à droite, comme d’habitude quand on se retrouve au centre de l’échiquier politique….
Mais, ajoutent-ils, Barack Obama n’a pas été le communicateur charismatique que l’on attendait de lui au vu de sa formidable campagne de 2007 face à Hillary Clinton puis à John McCain.
Il s’est montré étonnamment incapable de vendre ses réussites quand ses adversaires n’avaient, eux, aucun mal à pointer du doigt ses échecs et, même, à transformer certaines de ses réussites en fiascos!
Sans oublier, l’évidente différence qui est petit à petit apparue entre le mythe du rédempteur providentiel et la réalité d’un homme aussi talentueux fut-il mais humain qui a engendré une grande déception parmi de nombreux électeurs, surtout les jeunes.
Ceux-là voulaient voir dans le premier président afro-américain de l’histoire des Etats-Unis, une sorte de héros comme en produit Hollywood et qui allait transformer le pays et le sauver d’une classe politique inefficace et corrompue.
Il s’agit là de la première grande incompréhension entre Obama et les Américains.
Depuis le début de son engagement politique, Barack Obama a toujours rejeté la radicalité et prôné sans relâche la recherche des solutions les plus efficaces mais aussi les plus consensuelles, croyant à la capacité des individus à s’unir sur les questions essentielles.
Il a toujours préféré la discussion à la décision unilatérale.
Il suffit de se pencher sur ses accomplissements politiques, ses discours et ses livres pour en être convaincu.
Et après un exercice du pouvoir de quatre ans, il est le même dans ses valeurs et ses principes.
Bien sûr, lors de la campagne de 2007, il avait proposé explicitement le changement («Change we believe in») et a affiché un volontarisme communicateur («Yes we can»).
Pour autant, si l’on relit ses dires de l’époque, on ne trouve aucune volonté de bousculer l’ordre établi, aucun rêve d’une révolution partisane, aucune idée d’installer le paradis sur terre, juste l’envie de bâtir une société apaisée et dynamique.
Quant à son action, il fut considéré lors des deux premières années de son mandat comme le président qui a passé le plus de lois qu’aucun autre, plus que Franklin Roosevelt du temps de son New Deal ou Lyndon Johnson du temps de sa Great Society.
Mais l’échec de son parti aux élections de mi-term en novembre 2010 avec la perte de la majorité à la Chambre des représentants au profit des républicains a bloqué tout le système et peu de nouvelles mesures ont été prises depuis.
Reste que la loi sur l’assurance-santé pour tous, le stimulus chargé d’éviter l’effondrement de l’économie, le sauvetage du secteur automobile, la loi sur la régulation financière sont, parmi d’autres, d’incontestables succès d’Obama.
En outre, ceux-ci ont été considérés comme trop interventionnistes par les réactionnaires de droite et trop timides par les étatistes de gauche (un brevet de Centrisme, donc!).
Sans oublier l’élimination d’Oussama Ben Laden, le retrait réussi d’Irak (pour les Américains) et un monde qui ne déteste plus l’Amérique comme au temps de George W Bush.
L’ensemble de ces réalisations évoque une volonté de mettre en place une société plus juste, plus solidaire, plus tolérante et plus performante sans toucher aux fondements du libéralisme politique et d’une économie de marché.
Ce qui fait sans conteste de Barack Obama un humaniste.
Quant à son bilan politique, il est incontestablement centriste même s’il a un goût d’inachevé.