mardi 4 décembre 2007

Actualités du Centre. Pour les observateurs politiques, le Mouvement démocrate est un pari risqué

Selon des politologues interrogés par l’AFP, avec le Mouvement démocrate, François Bayrou se lance dans un pari difficile. « François Bayrou a un projet essentiellement construit sur la dénonciation des insuffisances de la droite sarkozyste et de la gauche, mais il lui manque un projet » politique spécifique, estime François Miquet-Marty (LH2). En outre, avec le départ des personnalités qui composaient l'UDF, « le MoDem apparaît surtout comme le parti d'un homme. Ca donne une image de fragilité », ajoute-t-il. Cependant, « il a un espace dans l'opinion », estime cet analyste. Selon un sondage LH2/Libération, « 13% des Français se déclarent proches du MoDem, beaucoup plus que le ratio que recueillait l'UDF après 2002 ». « De plus en plus de Français ont du mal à s'identifier de façon exclusive à la gauche ou la droite, et d'autres sont indifférents au jeu politique », souligne M. Miquet-Marty. « Il faut maintenant qu'il parvienne à fédérer avec un projet des gens venant d'horizons très différents, ce qui est très compliqué ».
Emmanuel Rivière (TNS Sofres) souligne que, selon le dernier baromètre de cet institut, 48% des Français souhaitent voir M. Bayrou jouer un rôle important. « Au moins un pari a été réussi, c'est la substitution MoDem/UDF », estime-t-il en soulignant que le Modem recueille 38% de bonnes opinions, « quasiment autant que le PS et l'UMP », tandis que l'UDF n'est qu'à 32. « La difficulté est de trouver le moyen de capitaliser ce socle ». « Les municipales vont être un élément important, car il y a un moment aussi où il faut réussir à rassembler des militants dans des dynamiques de succès ». « François Bayrou peut être un recours » pour des sympathisants de droite un peu déçus par Nicolas Sarkozy, et de gauche souhaitant une politique sociale-démocrate, estime M. Rivière. D'autant que « Dominique Strauss-Kahn est occupé à d'autres fonctions » avec la direction du FMI, et que « Ségolène Royal a vu son crédit reculer ». « Un problème pour François Bayrou est que 2012 est loin », souligne-t-il. « Si sa stratégie est présidentielle, il lui faut tenir » jusque-là. « Les européennes de 2009 peuvent être pour lui une occasion de démontrer le poids politique du Modem, sur un créneau qui correspond au positionnement politique du parti », estime-t-il.
Dominique Reynié, de l'IEP Paris, qui croit à la persistance du clivage droite-gauche, considère également que « son atout c'est l'opinion. Il est plutôt populaire, considéré comme courageux, honnête, déterminé ». « Ce n'est pas suffisant », ajoute-t-il. « Il faut une machine pour être élu, avec une organisation efficace, des militants, des élus, des relais partout, un programme, des personnalités autour de lui ». « Il n'est pas évident qu'il puisse monter tout cela en trois ans », s'il veut être prêt pour 2012.