jeudi 29 août 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Centre: faire l’union au lieu d’en parler

Les déclarations récentes de leaders centristes sur une possible union entre leurs partis respectifs semble une bonne nouvelle sauf que celles-ci sont malheureusement toujours aussi peu crédibles et que celle-là à peu de chances de se faire à court terme.
François Bayrou a ainsi parlé du «grand paradoxe du Centre en France» qui est, selon lui, «la seule famille politique française qui soit éparpillée alors qu'elle n'est pas divisée sur les idées».
Et Jean-Louis Borloo lui a répondu en estimant qu’il ne voyait pas «ce qui nous sépare» notamment pour les européennes et les municipales «et le reste ça sera la construction d'un projet».
Bien entendu, cette nouvelle fièvre unioniste qui a pris François Bayrou ou Jean-Louis Borloo est une nécessité électorale si l’on se base sur les mauvais sondages. Un Centre dispersé est voué à l’échec aux prochaines municipales et européennes.
Pour autant, le Mouvement démocrate et l’UDI ne sont pas, aujourd’hui, sur la même ligne politique et les deux obstacles principaux à une union s’appellent… François Bayrou et Jean-Louis Borloo.
Quand le premier appelle à une union de la gauche modérée à la droite modérée en passant par le Centre dont il se voit le leader naturel, le second lui demande de rejoindre tout simplement sa confédération, «c’est le dernier qui manque», ainsi que de faire allégeance à la Droite qui, rappelle-t-il, est son seul partenaire.
Aucun des deux, bien sûr, ne veut se mettre sous la coupe de l’autre.
Non seulement parce que les deux hommes ne s’apprécient guère depuis la présidentielle de 2002 où Bayrou estime avoir été trahi par Borloo, mais parce qu’également celui qui laissera le leadership à l’autre condamnera sans doute sa carrière et ses ambitions politiques.
Quant aux positionnements politiques des deux partis, ils sont toujours aussi éloignés, malgré les dires de Jean-Louis Borloo, puisque le Mouvement démocrate souhaite une large union de tous les modérés avec lui en chef d’orchestre et capable de gouverner avec le PS et/ou l’UMP alors que l’UDI s’accroche à son alliance exclusive avec l’UMP.
Le premier parti joue la carte de l’union nationale. Le deuxième celle de la droite.
Deux stratégies qui sont impossibles à fondre pour les municipales par exemple où le Mouvement démocrate a décidé des alliances à la carte avec tous les partis sauf les extrêmes alors que l’UDI fera liste commune uniquement avec l’UMP au deuxième tour et souvent dès le premier tour.
En revanche, des listes communes centristes pour les européennes sont tout à fait dans l’ordre du possible car les convergences de leurs visions sur l’Europe peut permettre la mise au point d’une plateforme électorale minimale qui suffirait pour les constituer.
Mais que l’on ne s’y trompe pas. En matière de politiques prônées, il y existe encore trop de divergences sur la manière de sortir de la crise et les mesures à prendre.
Néanmoins, François Bayrou et Jean-Louis Borloo ont raison, il faut une union des partis centristes.
Cependant, pour la réaliser, François Bayrou et, surtout, Jean-Louis Borloo ne sont pas les mieux placés.
Dès lors, y parvenir nécessiterait sans doute l’effacement de ces deux leaders mais également celui d’hommes tels qu’Hervé Morin ou Jean Arthuis.
Ce n’est évidemment pas ce qui est dans les tuyaux actuellement. Au contraire.
Prôner l’union des partis centristes est même l’opposé de cet effacement puisque, et François Bayrou, et Jean-Louis Borloo, qui savent que cela demeure encore largement de la rhétorique au jour d’aujourd’hui, espèrent renforcer ainsi leurs images de leaders et en retirer des avantages politiques en se montrant unitaires auprès d’un électorat modéré demandeur.
D’où les chances limitées d’une vraie union.
Quoiqu’il en soit, il serait intéressant que l’ensemble des partis centristes, sans exclusive et sans préalables, se mettent à une table de négociation et confrontent leurs points de vue respectifs afin de faire un état des lieux de ce qui les rapprochent et de ce qui les éloignent.
D’un certain côté, si une union des centristes pouvaient avoir lieu lors de des prochaines élections européennes, ce serait une première pierre, certes branlante mais réelle, dans une refondation centriste unitaire.
Cependant, il ne faut pas se bercer d’illusion. Car même si des listes communes voient le jour, l’intérêt des deux côtés, Mouvement démocrate et UDI, de les constituer est d’abord d’éviter de se prendre une gifle pour ce scrutin qui théoriquement doit bénéficier aux centristes ainsi que de sombrer sans avoir de représentants au Parlement européen.

Reste que la nécessité de survivre peut être une bonne raison pour, ensuite, approfondir une simple alliance électorale en une union et, enfin, une vraie refondation du Centre.