2005-2025: 20 ANS D'INFORMATION SUR LE CENTRE ET LE CENTRISME

mercredi 4 juin 2025

Vues du Centre. L’étrange impunité de la Chine dans l’agression de Poutine contre l’Ukraine

Par Aris de Hesselin


Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste. 
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste. 

Mais comment se fait-il que le principal allié de Vladimir Poutine dans son agression contre l’Ukraine, Xi Jinping, bénéficie d’une sorte d’impunité alors que c’est grâce au dictateur chinois que le dictateur russe peut continuer à tuer et à détruire?

Car sans la livraison de matériel de guerre et de composants pour les fabriquer, sans l’envoi de soldats (déguisés en «mercenaires»), sans l’achat de quantitésd très importantes de pétrole et de gaz par la Chine, la Russie serait incapable de continuer son invasion de l’Ukraine.

Or, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, voire dans les pays asiatiques directement sous la menace des Chinois, si on entend parfois que ces derniers sont bien des alliés de Poutine et que cela est condamnable, en revanche rien de concret n’est décidé pour faire cesser leur aide qui ferait cesser mécaniquement cette guerre.

On comprend bien l’intérêt de Xi Jinping à aider son ami qu’il a rencontré plus d’une vingtaine de fois depuis son agression de l’Ukraine, dans son projet d’établir un nouvel ordre mondial où la référence à la démocratie serait effacée pour faire place à une domination des autocraties et des totalitarismes.

En revanche, on ne comprend absolument pas l’absence de réaction des démocraties qui ont pourtant bien des leviers de pression sur le régime totalitaire de Pékin comme des boycotts de produits chinois, par exemple.

On a l’impression que les dirigeants de celles-ci n’osent pas ou espèrent encore dans un rôle de modérateur de la Chine dans ce conflit.

Or si l’on pouvait l’espérer en 2022, ce n’est plus le cas en 2025 où Xi Jinping est demeuré un allié fidèle de Vladimir Poutine.

Peut-on, enfin, espérer, un changement de cap des démocraties?

Cela semble malheureusement peu probable actuellement.

Mais cette passivité à l’égard de la Chine est peut-être moins grave que les achats encore importants des démocraties, notamment européennes, de matières premières russes ainsi que de leur incapacité à faire en sorte que le boycott de leurs produits soient totalement efficaces.

Aris de Hesselin

 

 


Propos centristes. France – Lutte contre les violences et les casseurs / Réhabilitation finale de Dreyfus / Fiscalité des autoentrepreneurs / Soutien à l’Ukraine / Crise de Gaza / Lutte contre l’ultra fast-fashion / Des sites pornographiques suspendent leurs activités en France…


Voici une sélection, ce 4 juin 2025, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France. 

► Emmanuel Macron (Président de la République)
> On nous dit qu’il faut choisir entre croissance et écologie : nous choisissons les deux. On nous dit que fabriquer des batteries en France est impossible : nous prouvons le contraire avec AESC à Douai. Il ne faut pas revenir en arrière. Il faut de la constance.

> [Discours sur le renouveau du bassin minier dans le Nord]
(…) Je sais combien, ici, je parle devant des élus qui se sont battus depuis des décennies, pour certains d'entre vous, des entrepreneuses et entrepreneurs, pour tout faire pour que, en quelque sorte, le bassin minier, l'arrêt de son activité, les difficultés ne soient pas une fatalité et qu'on construise justement un avenir. Et je veux remercier toutes celles et ceux qui, ces dernières années en particulier, n'ont pas ménagé leurs efforts. Et moi, je suis heureux de vous retrouver ici à Arenberg après Bully-les-Mines, Lens, Liévin et beaucoup d'autres de nos déplacements pour consacrer ce projet commun. Alors, l'engagement pour le renouveau du bassin minier, et puis après, on aura l'occasion d'échanger ensemble. Et je voulais faire un peu, si je puis dire, le point des travaux. C'est ce que j'aime bien faire pour voir ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et voir comment faire évoluer les choses. Donc, l'engagement pour le renouveau du bassin minier est signé en 2017 par l'État avec 11 collectivités locales, un pacte de 10 ans reposant sur cette confiance dans la capacité justement à innover, embarquer public et privé. Et depuis 2017, ce sont 1,3 milliard d'euros qui ont été engagés pour le bassin minier et donc pour sa transformation. Et je voudrais revenir sur chacun des grands chantiers, des piliers de ce projet. D'abord, premier chantier, c'est la rénovation des cités minières. Et j'étais là à l'instant avec quelques habitants, les uns félicitant d'ailleurs, vous félicitant pour les travaux qui ont été faits, et heureux d'habiter dans des logements rénovés, les autres demandant que leurs logements puissent être éligibles maintenant à la procédure. Alors, je parle sous contrôle de madame la ministre, mais l’ERBM visait la rénovation de 23 000 logements, et met l'accent donc sur les 35 cités qui sont les plus dégradées. À ce jour, on a 15 500 logements qui ont été entièrement remis à neuf et près de 10 000 logements qui sont en chantier. Ce qui veut dire que nous dépasserons, d'ici à deux ans, les engagements qui avaient été fixés en 2017. Par ailleurs, et je sais que c'était une des inquiétudes qui étaient relayées tout à l'heure, je m'étais engagé en 2022 à ce que les 100 millions d'euros d'aide à la pierre annoncée en 2017 soient consommés à fin 2023. Ça a été réalisé. Et nous arrivons à un cumul de 124 millions d'euros fin 2024, avec encore 7,5 millions d'euros qui seront prévus pour 2025, ce qui représente un total engagé à la fin de l'année de 131,5 millions d'euros, ce qui veut dire qu'on a déjà dépassé d'un tiers les montants qui avaient été annoncés en 2017 sur la partie logement. Ça, il ne faut pas lâcher, et ce n'est pas ici que je vais dire que c'est à la fois un élément clé sur le plan social pour le bien-être des familles, c'est un élément clé quand on veut recréer des emplois et l'attractivité, ce qu'on est en train de faire, et puis c'est un élément clé parce que c'est la cohérence avec notre agenda de rénovation énergétique et de diminution de la consommation, parce qu'on le sait bien, c'est là où il y a la plus grande injustice. Alors, à côté de ça, il y a les espaces publics des cités minières. En matière de financement, ce chantier, on l'a démarré ensemble, on était quelques-uns, dans cette salle, à Liévin, en février 2022, puisque, à juste titre, c'était un retour des maires qui étaient de dire, très bien, vous refaites les logements, mais il y a des espaces publics qu'on ne met pas assez, on n'arrive pas à transformer assez vite, il faut avancer. Et donc, en matière de financement, ce chantier qui a été démarré et accéléré après 2022 représente aujourd'hui 63,5 millions d'euros engagés sur les 100 millions d'euros qui avaient été annoncés au départ. Et donc, on tiendra la trajectoire. Et je veux ici vous confirmer, pour lever tous les doutes s'il y en avait, que les 36,5 millions d'euros restants seront bien totalement engagés pour financer, justement, les espaces publics sur les 35 cités minières prioritaires définies telles qu'en 2018. Je sais que les parlementaires qui sont là, en particulier dans les commissions ad hoc, suivront la bonne réalisation de tous ces travaux. Donc ça, c'est sur la partie logement. On a fait mieux que prévu sur la rénovation des logements, mais il ne faut pas lâcher. Et sur l'espace public, on ira au bout de ce qui a été engagé et on doit continuer ce travail. Côté insertion, tout ce travail représente 1,1 million d'heures d'insertion réalisées depuis 2017 soit environ 1 600 bénéficiaires depuis 2018 grâce au partenariat qui a été mené avec Conseil départemental du Nord, mais également du Pas-de-Calais, et au marché public de rénovation des cités. L'État a également ouvert un dispositif expérimental de 2 000 contrats initiatives emploi ERBM, ce qui représente une opportunité inédite pour l'embauche, justement, dans le bassin minier et un vrai levier de dynamisme. C'est pourquoi, sur la période 2025-2027, là aussi, je parle en regardant ce qu'on a su faire ensemble, le préfet de région, en lien avec le Conseil départemental, va prolonger cette expérience avec 400 contrats ERBM supplémentaires qui seront cofinancés. Parce qu'on a vu que ça marchait, que c'était quelque chose qui nous permettait d'aller de l'avant et justement d'avoir des résultats. La deuxième priorité du programme ERBM, c'est la transition écologique et énergétique dans le bassin minier. C'était celle qui avait été fixée en 2017, avec d'abord tout ce qui est la question des transports, des mobilités. Et là, je veux vraiment saluer l'engagement de votre région, qu'il s'agisse du Sambre-Avesnois-Thiérache, ici, le reste, ou des grandes infrastructures, y compris à vocation européenne, que nous financerons jusqu'au bout. Je tiens ici à le dire parce que je suis comme le président de région, je tiens mes engagements et je ne les lâche pas. On a lancé, là aussi, grâce à l'ERBM, beaucoup de choses qui ont permis d'avancer. Sur le routier, la rénovation de l’A21 entre 2018 et 2021, et plus généralement, tous les projets de réduction de saturation des axes sud-nord, ce qui n'était pas un petit sujet, ce n'est pas à vous que je vais ici le dire. S'agissant des transports, là aussi, en février 2022, un engagement avait été pris à Liévin, qui était de lancer le grand projet Service Express Régional Métropolitain. Ça fait partie de ces grands services. Je pense que c'est un point très important. C'est un vieux rêve de la région de connecter tout le bassin minier jusqu'à Lille et une pensée pour Daniel Percheron aussi qui a beaucoup porté tout ça, puis Xavier Bertrand aujourd'hui. Depuis 3 ans, je veux vraiment saluer l'engagement qui a été le vôtre collectivement. Les avancées sur le sujet, justement, ont permis d'aller de l'avant. Il y a une loi qui a été votée sur les Services Express Régional Métropolitain en décembre 2023, et avec ici tout un travail qui a permis de concrétiser les choses, ce qui fait que je peux vous dire que l'État va dans les prochaines semaines confirmer son engagement, financer la phase de préfiguration d'un peu plus de 12,5 millions d'euros, et signer la convention de deuxième phase pour pouvoir justement aller de l'avant et maintenant on doit résolument accélérer. Pourquoi ? Parce que c'est véritablement un projet qui permet de désenclaver les territoires, qui permet d'avoir de la mobilité, là aussi, décarbonée et collective, qui est exactement ce qu'on cherche, et qui permet de redonner des perspectives d'emploi à beaucoup de nos compatriotes qui sont encore dans des bassins d'emploi difficiles, quels que soient les efforts qu'on fait, et pour qui faire parfois 15, 20 kilomètres est clairement une barrière au retour à l'emploi. Et donc, ce service express métropolitain, c'est là aussi un vrai levier pour aider à réindustrialiser et à permettre à beaucoup de familles de retrouver l'emploi. À côté de ça, et donc de tout ce qui est relatif au transport, il y a cette réindustrialisation décarbonée du bassin minier. Et je dis bien réindustrialisation décarbonée, je le disais tout à l'heure à Douai dans l'usine, parce que j'entends parfois les débats qu'on a en ce moment, là, beaucoup de choses sont détricotées qui concernaient l'écologie. Je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure idée du siècle parce qu'on fait rarement les projets d'avenir en revenant sur ce qu'on vient de faire. Je le dis, en général de là où je suis, parce qu'on a eu beaucoup de constance depuis huit ans ; c'est-à-dire, on a dit, on peut faire en même temps l'écologie et l'économie. Et je trouve que ce qui a été fait ici montre que ça a plutôt marché. Simplement, on a fait à peu près le contraire de tout ce que sont en train de faire les gens qui veulent le détricoter. C'est-à-dire, on a dit, c'est bien beau de dire, c'est terrible la désindustrialisation, mais personne ne voulait justement baisser les impôts de production, voulait avoir un cadre fiscal qui permette de réattirer de l'investissement et voulait faire les réformes du marché du travail qui permettaient de faire ça. C'est ce qu'on a fait il y a huit ans. Puis à côté de ça, les fameux Choose France. Qu'est-ce que je n'ai pas entendu sur les Choose France ? C'était terrible. C'était l'argent qui venait du bout du monde. C'était du show, etc. Il y a 4 ans, Choose France, on a annoncé (inaudible), aujourd'hui, à la fin de cette année, 900 emplois ; 650 déjà sur site. Mais on l'a fait parce qu'on a eu de la constance, politique fiscale, politique économique, parce qu'on a eu de la constance attractivité des investissements internationaux, puis parce qu'on a eu de la constance, c'est-à-dire qu'on a dit : on veut décarboner notre économie. Et donc, on se donne les moyens de créer des filières pour la décarboner. Et donc, on incite les gens, en effet, à progressivement changer leur véhicule, mais on les accompagne. Le bilan des courses, votre région peut en témoigner. Là, on nous expliquait que les petits véhicules, il y a 8 ans, c'était impossible à faire chez nous. Là où les constructeurs automobiles me disaient, il y a 7 ans : « Vous ne ferez jamais de batterie électrique en Europe. Il n'y en a pas. Il y avait zéro ». Vous avez dans votre région, ici, des gigafactories de batteries qui créent des emplois. Et nous recréons ici des emplois industriels parce qu'on a décarboné, et qu'on a justement la R5 électrique qui est maintenant faite à Douai et qui sert à nos marchés et au niveau de portefeuille qui correspond à nos demandes et à nos aides et parce qu'on va faire la R4 électrique à Maubeuge pour l'utilitaire. Simplement, il faut de la constance, il faut une stratégie et il faut essayer de sortir du caractère un peu démagogique du quotidien qui consisterait à dire que l'écologie, c'est forcément mauvais. Non, l'écologie, c'est un avenir. Simplement, ce n'est pas l'écologie de décroissance, c'est l'écologie qui bâtit des filières, c'est ce qu'on a su faire avec votre région, vos départements, les élus dont je salue l'engagement, mais je suis très fier qu'ensemble, on ait réussi à créer ces emplois. Et c'est un enjeu absolument essentiel pour la suite. Il faut tenir, et il faut aller jusqu'au bout, c'est-à-dire, soutenir les investissements pour décarboner les entreprises existantes. C'est tout le défi qu'on a, on le sait, à Dunkerque, avec ArcelorMittal. Et on ira au bout là aussi, avec des engagements qui ont été pris, mais c'est tout faire aussi pour continuer d'accompagner les entreprises du bassin minier, pour se décarboner, et cela, avec elle, permettra de créer de la valeur. En tout cas, cette stratégie, très clairement, a permis de créer des emplois. Le solde en emploi industriel est positif de 2 200 emplois pour le territoire sur la période 2022-2024. Et donc, il nous faut continuer, mais il faut de la constance. Il ne faut pas partir dans un tête-à-queue à chaque instant, et il ne faut pas céder à la moindre démagogie, parce qu'aussi vrai que nous sommes fiers de cette lampe de mineurs, on sait aussi derrière toute la difficulté, j'ai eu encore une dame qui me parlait de son père à l'instant avec nos élus, on peut être fier aujourd'hui de pouvoir produire ça sur votre territoire parce que c'est décarboné, parce que c'est aussi avec les meilleures conditions de robotisation, c'est-à-dire, aussi un bien-être au travail et un souci des salariés de travailler, une qualité du travail qui est assurée par celles et ceux qui investissent, les élus et les services de l'État qui les accompagnent. La troisième priorité, c'est le soutien au développement humain. L’ERBM agit depuis 2017 en faveur de la jeunesse, de la santé, de la lutte contre la pauvreté et la culture. Et là, on sait aussi l'immensité de ce défi. Et on ne doit pas lâcher nos efforts. Le bassin minier est un territoire jeune, mais encore marqué par des inégalités très fortes. Ce n'est pas à vous que je vais le dire. Et il doit redevenir une terre d'opportunités, ce qui suppose un engagement différencié. À ce titre, merci le rectorat de Lille qui a maintenu les effectifs d'enseignants dans un contexte de démographie qui était difficile et marqué par la baisse du nombre d'élèves et la fermeture de classes. Et donc là, c'est ce qui a permis, je donne aussi les chiffres, parce que j'essaie de voir les faits, où on en est, ce qui a été fait, mais ce qu'il faut aussi continuer à améliorer. Le taux d'encadrement est passé de 21,83 élèves par classe en 2018 à 19,24 élèves par classe en 2024. Ce qui veut dire qu'en fait, on a fermé beaucoup moins de classes qu'on aurait dû en fermer parce qu'il y a une déprise démographique et qu'aujourd'hui, on a un taux d'encadrement, c'est-à-dire, on a moins d'élèves par classe que dans le reste du département et encore plus par rapport au reste du niveau national. C'est un investissement qui est légitime parce que c'est ce qui permet aussi d'avoir des meilleurs résultats et parfois aussi de compenser les difficultés familiales qui existent. Donc ça, on ne va pas lâcher cet effort. Il faut le maintenir et on se donnera les moyens. Il faut le suivre. En parallèle, je veux saluer le foisonnement des dispositifs pour raccrocher les établissements d'enseignement, rapprocher les établissements d'enseignement et les entreprises et campus des métiers et qualifications qui se spécialisent dans des domaines comme le ferroviaire, industrie automobile, écomobilité, avec là aussi un lien très étroit avec la région, avec tous les entrepreneurs, les secteurs tourisme et innovation, autonomie, longévité, santé ou encore bâtiments et systèmes énergétiques intelligents qui sont, on le sait, des filières d'avenir. Et donc ça, ce sont des filières sur lesquelles, eh bien, l'ensemble des entrepreneurs qui sont là, avec justement le MEDEF, la région, la CPME, ont pu identifier des besoins et l’U2P. Ça s'est remonté et on a fait justement ces campus pour pouvoir rapprocher les offres de formation de ces besoins. Soit parce que ce sont des métiers déjà en tension, soit parce que ce sont des métiers où on a des perspectives sur les 5 à 10 ans qui viennent de recrutement fort. Donc là, toutes ces formations maintenant sont parties, c'est ce qui permet justement d'améliorer nos résultats, d'impulser, et c'est au cœur aussi des résultats qu'on peut obtenir. Un exemple qu'on vient de voir, sur les 600 emplois qu'on crée à EESC à Douai, 85 %, c'est des gens qui n'avaient pas d'emploi avant, avec des gens qu'on a fait revenir de très loin de l'emploi. Et donc ça, c'est le travail qui est fait avec les équipes de France Travail et l'ensemble de l'offre de formation pour pouvoir obtenir ces résultats. Ça, c'est sur la partie insertion de questions. En matière de santé, le bassin minier, là, demeure une des zones de la région de France où les indicateurs sont clairement les plus dégradés. Et même si on a amélioré les choses, je vais y revenir, là, on est très loin de pouvoir dire qu'on a réussi ou qu'on est à un niveau satisfaisant. Et donc, il faut démultiplier nos efforts parce qu'on sait aussi, et je vais y revenir, que ça prend beaucoup plus de temps parce que c'est former des professionnels de santé, c'est les ramener sur le terrain. Mais où on en est ? On sait que les habitants sont confrontés à une mortalité évitable élevée. Par exemple, je ne prends qu'un exemple, ça montre l'injustice qu'il y a derrière cette situation. On a une mortalité par diabète qui est supérieure de 44 % pour les hommes et de 57 % pour les femmes par rapport à ce qu'on devrait connaître. Donc ça veut dire qu'on a une situation de prévention qui est insuffisante, mais on a un accompagnement qui est aujourd'hui défaillant. Alors, ce n'est pas par manque de mobilisation ou d'investissement, mais c'est parce qu'on part, on le sait, de très loin, qu'on a des fragilités sociales qui sont là, historiques, c'est aussi les conséquences de ce qu'on a vécu ces dernières décennies. Et on observe à la fois des addictions, parfois des mauvaises alimentations, de la sédentarité qui s'est installée dans certains territoires, qui sont très préjudiciables, et une offre de soins qui s'était beaucoup dégradée. Et si je puis dire, l'alliance des deux a fait qu'on a des indicateurs de santé publique qui s'étaient extrêmement dégradés dans le bassin. Alors, face à ça, il y a une action des services qui a été démultipliée, et je veux remercier l'ARS et l'ensemble des services de l'État pour ce qui a été fait ces dernières années. Je veux ici en rappeler les choses. L'ARS continue de soutenir la formation des médecins, là aussi avec votre région, votre département et les communes. On a plus de 700 internes qui ont été accueillis en 2024 sur le territoire, ce qui est une augmentation de plus de 15 % par rapport au chiffre de 2019. Donc, on arrive à faire venir de plus en plus d'internes dans le cadre de leurs stages pour essayer d'abord de les fidéliser, de les stabiliser sur le territoire, et puis surtout, pour aider aussi à prendre en charge des patients. On accompagne aussi la modernisation de l'offre et des établissements hospitaliers. Je vais ici vous donner un chiffre qui montre la nature de l'engagement de l'État en matière de santé. Depuis 2017, on a 23 établissements de santé qui ont été soutenus, avec entre autres, évidemment, le nouveau centre hospitalier métropolitain à Lens, qui doit ouvrir horizon 2027. Ça représente 934 millions d'euros d'investissement, d'investissement. Ce qui est inédit en termes territorial. Et c'est légitime. Mais ce qui montre qu’on n'a pas fait semblant par rapport aux besoins qui sont identifiés. On a des soins de ville qui ont été aussi renforcés, avec 22 nouvelles maisons de santé qui ont vu le jour, en plus des 11 qui étaient en activité au moment du lancement de l'ERBM, ce qui veut dire qu'on a multiplié par trois le nombre de maisons de santé. À côté de ça, les 6 maisons sport santé, et puis les deux œuvres des adolescents à Hénin-Beaumont et Valenciennes pour pouvoir accompagner, et puis la maison des femmes à Valenciennes. Le défi, qu'est-ce que c'est ? C'est de mettre en œuvre de manière accélérée le plan qui a été présenté par le Premier ministre et le ministre de la Santé pour permettre de dégager du temps médical sur le bassin minier. C'est-à-dire qu'on arrive à mobiliser davantage des médecins qui sont installés sur le bassin et même plus largement pour qu'ils viennent prendre des heures. Parce qu'une fois que j'ai dit tout ça, notre vrai problème, c'est que nous n'avons pas assez de médecins formés sur le terrain. On a rouvert le nombre en 2018. Mais ceux qu'on a commencé à ouvrir et qu'on a accéléré et accéléré, ils vont sortir de leur formation en 2028. Et en parallèle, vous avez des médecins, compte tenu de la pyramide des âges qui, ces dernières années, ont continué de partir à la retraite. Donc, c'est pour ça que c'est toujours très difficile d'expliquer ce mouvement. On a donné une impulsion politique, mais elle mettra 10 ans à avoir un impact sur le territoire. Et après, il ne faut pas qu'on la lâche. Mais à côté de ça, on a une pyramide des âges qui fait qu'on a une dégradation qui continue de se sentir sur le territoire, parce qu'on a des médecins qui sont plutôt au-dessus de 55 ans et qui étaient déjà au-dessus de 55 ans en 2017. Donc là, on doit avoir ces sucres rapides, si je puis dire, sans mauvais jeu de mots, qui est : dégager du temps médical, mettre en place les réformes qu'on s'est données pour que les médecins puissent prendre plus de patients, donc les dégager des tâches administratives, mettre en place justement le soutien, avoir plus d'internes qui viennent rapidement et avoir ces services de garde au niveau d'un bassin de vie, et puis à partir de 2028, faire en sorte qu'on priorise le bassin minier. Et donc ça, c'est tout le plan que j'ai demandé qu'on puisse décliner et vous présenter dans les prochains mois pour que, commune par commune, en lien avec la région et le département, on puisse vraiment vous donner une visibilité et planifier le retour, justement, des nouveaux médecins. Parce que les maisons de santé, on a l'équilibre, il faut mettre les médecins dedans. Et quand je dis médecins, c'est médecins et paramédicaux. En matière de lutte contre la pauvreté, ici, c'est 1 million d'euros par an de financement distribué aux bassins miniers sur la période 2018-2023, aux côtés des conseils départementaux pour renforcer les actions. Et je veux saluer vraiment la mobilisation qui a déjà été mise en place et le combat. Mais ce combat n'est pas terminé. Et ça, on ne doit rien lâcher. En matière culturelle, là aussi, je veux mentionner plusieurs réalisations importantes : le déploiement de contrats territoire lecture, les contrats d'éducation artistique, la création et la modernisation avec les maires ici présents, de 18 bibliothèques. Et dans le Bassin Minier, comme partout ailleurs en France, notre jeunesse, en effet, a besoin de continuer, de s'évader, de créer, de pouvoir avoir accès à la culture. Et je veux vous remercier pour cette mobilisation. Tous les chiffres que je viens de citer sont des réalisations. Je souhaite qu'on puisse aller plus loin et répondre, donc avec le préfet Drac, à toutes les demandes des élus qui veulent continuer à avancer sur ce volet. Je veux aussi ici affirmer le soutien de l'État à un magnifique projet, monsieur le Président, qui est le projet à la fois du territoire, mais aussi de notre imprimerie nationale, qui, Madame la Présidente directrice générale, est une fierté à Douai pour tout le pays, parce qu'elle s'exporte maintenant, et qui est tout à la fois une entreprise qui est à la pointe de la technologie et qui sécurise des titres de transport partout dans le monde. On était ensemble à l'autre bout du monde et on négocie des contrats qui font travailler à Douai dans tous les sites, mais qui a aussi une histoire, un patrimoine, et qui est un vrai trésor culturel qu'on veut pouvoir montrer à la planète toute entière. Et c'est pourquoi l'atelier du livre d'art et d’Estampe à Douai, en lien avec l'imprimerie nationale, est un projet qu'on veut soutenir. Et en plus de ce qui a déjà été décidé, ce sont 6 millions d'euros supplémentaires qu'on va apporter pour boucler le financement du projet et au sein duquel les artisans de l'imprimerie nationale pourront exposer leur savoir-faire, leur patrimoine, et qui prendra place en lien avec un espace de lecture publique. C'est votre projet. Et je souhaite aussi que notre préfet de région puisse s'assurer qu'il y ait un lien tout particulier avec Villers-Cotterêts, autre projet qui nous tient à cœur, où on a mis au cœur du projet, sur un autre territoire qui était en difficulté, la langue française, la lecture et le livre. À ça s'ajoute l'inscription du Bassin Minier au patrimoine mondial de l'UNESCO, ainsi que le soutien inclus au Louvre-Lens, avec un cofinancement de 600 000 euros pour la Galerie du Temps et une augmentation des aides de l'État à 500 000 euros. Pour le bassin et pour tout le pays, c'est un enjeu de culture, de fierté, et donc je voulais aussi insister sur ce point. Alors, au-delà de tous ces résultats que nous avons obtenus sur chacun de ces piliers de l'ERBM depuis 2017, qui sont tangibles, avec des vrais chiffres, je veux qu'on puisse se dire qu'on ne s'arrêtera pas là. Le bassin minier peut être légitimement fier. Les créations d'entreprises ont augmenté de 77,8 %, qui sont passées de 6 151 à 10 939 par an. C'est une dynamique qui est plus forte qu'à Lille. Et vous avez déjà une région qui est très dynamique. Donc, ce qui montre que le booster qu'on a mis fonctionne. On observe également une baisse de 13 % des demandeurs d'emploi en un an, 19 % si on part de 2017. Mais on a des difficultés qui persistent et donc il ne faut pas considérer que très loin de là, tout est réglé. On a un taux de pauvreté qui est encore un taux de 21 % dans le bassin minier. C'est 4 points de plus que dans le reste de la région. Et donc très clairement, ça veut dire qu'il faut poursuivre cet effort et continuer partout où il y a des difficultés qui persistent, à le redoubler. Alors, pour conforter les bons résultats et appréhender les défis restants, depuis fin 2024, vous avez travaillé sur plusieurs nouvelles propositions qui concernent justement la poursuite de ces travaux en matière de transition écologique, santé, culture, éducation, mobilité, emploi, économie. Et donc, le Gouvernement va terminer son travail, et moi, je vais là, maintenant, échanger avec chacune et chacun d'entre vous pour pouvoir répondre aussi aux demandes très concrètes. Mais sous la coordination du préfet de région en lien avec le président de région, le président de département et l'ensemble des maires, je veux qu'on puisse justement finaliser sur les années qui viennent une série d'actions pour finir notre décennie de travail qui vont pouvoir répondre à vos demandes et permettre d'accélérer les choses. Mais d'ores et déjà, je vais vous dire que la sécurisation des engagements financiers sur la rénovation des espaces publics des cités minières de 36,5 millions d'euros est acquise. Je souhaite que le Gouvernement puisse apporter, sous la houlette du Premier ministre, une réponse très concrète à ce que porte votre ministre, parce qu'elle a raison, c'est-à-dire de continuer, même si on est déjà à 130 millions sur le logement, on doit aller plus loin et on a une politique du logement sur ce volet-là qui doit conduire à réinvestir quelques dizaines de millions d'euros. Parce que c'est aussi du retour en termes d'activité, il ne faut pas se tromper. C'est une politique sociale, c'est une politique d'amélioration de l'habitat, c'est une politique de dignité. C'est une politique écologique, mais ça crée des retours pour l'État, parce qu'à chaque fois, derrière, c'est de la main-d'œuvre, c'est du retour de TVA. Donc je souhaite que là aussi, on puisse continuer d'aller plus loin, parce qu'on a besoin de poursuivre les chantiers. Et puis les mobilisations de 6 millions d'euros du ministère de la Culture sur le projet que j'évoquais, eux sont aussi actées. Mais je souhaite qu'en matière en particulier de santé, de transport, d'accompagnement de vos projets économiques et la poursuite de nos initiatives d'éducation, on puisse finir dans les deux mois qui viennent la concrétisation d'une liste de projets qui vous sera ainsi communiquée et sur laquelle vous aurez la garantie des financements, et ce qui permettra de donner de la visibilité à l'intégralité du territoire et aux projets économiques qui sont les nôtres. Par ailleurs, sachez qu'on continue d'accompagner les grands projets économiques, qu'on est en train de travailler sur la phase 2 sur les batteries, sur plusieurs grands sites qui touchent le bassin directement, et qu'on est en train de déployer là aussi jusqu'au bout les volumes sur la partie véhicules électriques avec nos industriels, qui d'ici la fin de l'année donneront leur pleine visibilité et permettront d'avoir de nouveaux emplois. Voilà, je vais m'arrêter là, maintenant échanger avec vous. Mais ce que je voulais vous dire, c'est que tout ce que je viens d'essayer de rappeler, c'est le fruit de votre engagement collectif, de notre travail depuis maintenant un peu plus de huit ans. Et ça n'aurait pas été possible s'il n'y avait pas eu ce travail acharné, mais cette constance qui est la vôtre. Et avant vous, de beaucoup d'élus, d'associations de femmes et d'hommes qui n'ont jamais voulu céder à la fatalité sur le territoire. Et de ça, je veux vous dire ma très grande reconnaissance. C'est aussi le fruit de la mobilisation de tous les services de l'État, des collectivités territoriales, des entrepreneuses, entrepreneurs qui sont présents dans cette salle, qui veulent voir un avenir dans le bassin minier. Et je partage cette ambition. Et donc, oui, il y a des difficultés qui continuent. On a encore des logements à réhabiliter. Oui, on a encore des situations qui, sur le plan sanitaire, sont inacceptables. Oui, on a encore des familles qui vivent dans de très grandes difficultés et on a encore un taux de pauvreté que rien ne sait justifier. Mais je sais d'où on part et je sais tout le chemin qu'on a effectué ces dernières années. Et moi, je ne me suis jamais nourri de la misère ou de la dénonciation de la misère, mais toujours de la capacité collective à ne rien céder et à ne rien lâcher. Ce qu'on a montré depuis huit ans ensemble, c'est qu'on peut y arriver. C'est qu'il n'y avait aucune fatalité. C'est qu'on peut rénover des logements. C'est qu'on peut faire des maisons France Service même améliorées, et des espaces de proximité comme on vient d'en inaugurer à l'instant. C'est qu'on peut changer le destin d'une famille, d'une commune si on se retrousse les manches et qu'on travaille ensemble. Si on avance et si on propose un vrai projet cohérent à nos compatriotes sans leur mentir, il n'y a pas de solution facile. Mais ce que je sais, c'est que la dénonciation des difficultés n'est pas un projet. C'est le début d'un constat lucide. Pour le reste, il faut que tout le monde soit au rendez-vous de la responsabilité. On n'a qu'une chose à faire, être unis pour continuer d'avancer. On a de bons résultats. On doit simplement faire une chose, ne rien lâcher, les démultiplier et réussir à sortir tous nos compatriotes qui sont de (inaudible), leur permettre d'avoir une vie meilleure. C'est ce qu'ils méritent et c'est ce que mérite notre bassin minier. Et croyez-moi, jusqu'à la dernière seconde, à vos côtés, je ne lâcherai rien. Vive la République et vive la France.

 

► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité d’un Président de la République et d’un Premier ministre centristes/centraux ; néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un côté les ministres centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un gouvernement de coalition du fait que le Président de la République et le Premier ministre ne disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]

Ministres centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> [Violences après la victoire du Paris Saint-Germain / Intervention à l’Assemblée] Avant de répondre à la question que vous m’avez posée, je souhaite que nous ayons une pensée pour les forces de l’ordre, qui font le travail, qui sont sur le terrain qui subissent ces assauts.
Ce sont ces forces qui subissent ces attaques et ces agressions, et qui, en notre nom, font l’impossible pour maintenir l’ordre dans les contextes que vous avez si justement décrits.
Vous évoquez l’exaspération de millions de Français qui regardent ces scènes, avec le sentiment qu’il n’y a rien à faire, que c’est une fatalité. Ce sentiment est inacceptable. Posons la question simplement : pouvons-nous ne rien faire face à la multiplication de ces événements ? Ma réponse est non.
Vous avez indiqué plusieurs pistes pour apporter une meilleure réponse pénale à ces actes.
Mon sentiment est que deux réponses sont nécessaires. La première, c’est peut-être –⁠ et le garde des sceaux la proposé – que lon puisse inscrire dans la loi des peines minimales, comme il existe des peines maximales.
La deuxième chose, c’est que ces événements n’ont rien à voir avec une rixe à un coin de rue. C’est prémédité, préparé, organisé. Ce sont des violences en réunion.
La loi prévoit des aggravations de peines, mais elles sont extrêmement complexes car elles exigent des accumulations de circonstances, notamment la gravité des blessures.
Il faut que l’aggravation des peines liée à des violences en réunion et préméditées soit plus nette, plus lisible pour tout le monde, et il faut simplifier les circonstances aggravantes.
Premièrement, des peines minimales doivent exister quand c’est nécessaire.
Deuxièmement, les circonstances aggravantes doivent être améliorées de telle sorte qu’il soit clair aux yeux de tous que ce type de violences préméditées, préparées, organisées et désormais régulières, ne peut être accepté dans un pays comme le nôtre.

 

Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Une séance de Questions au gouvernement originale ce matin à l’Assemblée, où des élèves venus de toute la France ont pris place dans l’hémicycle pour la finale de la 28ème édition du Parlement des Enfants. Une belle initiative pour que les citoyens de demain découvrent les institutions de la République dès le plus jeune âge. Félicitations aux deux classes lauréates ainsi qu’aux élèves et professeurs des 659 classes participantes !

> Il est temps, comme la plupart de nos voisins européens, de passer à un mode de scrutin proportionnel où le bloc central n’aurait pas vocation à occuper tout l’espace entre les extrêmes mais d’être un élément stabilisateur pour bâtir des compromis de la gauche réformiste à la droite républicaine. Notre scrutin majoritaire à deux tours oblige les partis de gouvernement à s’allier vers les bords les plus extrêmes.

 

Manuel Valls (ministre d’Etat, ministre des Outre-mer)
> [Intervention à l’Assemblée] Je n’ai aucun doute quant au message que porte la France dans le monde. Je ne doute pas non plus du lien qu’entretient la République avec les territoires ultramarins. Mais elle ne peut ignorer ni les blessures profondes, ni les fractures, ni l’histoire et sa complexité.
Pour s’aimer et être fier de soi, il faut connaître son histoire et les autres.
Nous avons pour devoir de préserver l’unité et l’autorité de l’État. Nous avons pour devoir d’agir. C’est ce que nous faisons à Mayotte, par un projet de loi que vous examinerez bientôt et qui engagera plusieurs milliards d’euros, ce qui n’avait jamais été fait. Il vise à ce que l’égalité promise à nos compatriotes mahorais soit enfin réalisée.
Notre devoir, c’est de soutenir les Réunionnais, c’est de soutenir les Antilles par l’intermédiaire d’un texte sur la vie chère, c’est de lutter contre le narcotrafic aux Antilles, en Guyane et en Nouvelle-Calédonie.
Notre devoir, enfin, c’est de trouver un chemin entre ces différentes aspirations, malgré la difficulté, non pas en les opposant, non pas en opposant les histoires, mais en reconnaissant les plaies béantes et en faisant en sorte que chacun puisse se retrouver. (…) Je suis convaincu qu’un accord est possible en Nouvelle-Calédonie, un accord qui respecte les histoires, qui ne cède pas aux caricatures et qui brandit un seul drapeau, celui du cœur et de la République. C’est ce que tout le monde attend là-bas.

> [Nouvelle-Calédonie] La méthode n’a pas changé. Le premier ministre m’a confié la mission de rétablir la voie du dialogue en Nouvelle-Calédonie ; c’est fait. Il m’a aussi demandé de conclure un accord de paix ; cette mission se poursuit, sous l’autorité du président de la République, évidemment, et avec la confiance du premier ministre. Tant que j’aurai cette énergie, tant que je serai persuadé qu’un accord est possible, je la poursuivrai. Vous le savez : je suis convaincu qu’un accord est possible, en alliant ces aspirations effectivement contradictoires que vous avez évoquées. Pourquoi un accord est-il possible là-bas ? Parce que l’économie du territoire est à terre, parce qu’il est menacé d’une explosion sociale, parce que son système de santé s’est effondré, parce que Nouméa compte des centaines de personnes sans domicile fixe, parce que des gens ne mangent pas à leur faim ! Notre devoir et notre responsabilité, celle de l’État mais aussi, et d’abord, celle des élus calédoniens comme des forces économiques et sociales, commandent de trouver un accord !
Sans accord, aucun rétablissement de l’économie et de la situation sociale ne sera possible ! Nous devons donc travailler jusqu’au bout. Avec le président de la République et le chef du gouvernement, nous formulerons des propositions pour mettre autour de la table, ici, à Paris, pourquoi pas les forces économiques et sociales du territoire, sans doute les maires, mais d’abord les forces politiques, afin d’achever le processus de décolonisation et d’épuiser le droit à l’autodétermination, en respectant évidemment la parole des Calédoniens, sans oublier pour autant l’histoire et le passé qui a conduit aux désastres des années 1980 et aux drames de 2024. De toutes mes forces, je veux exprimer ma conviction qu’avec votre soutien et celui de Nicolas Metzdorf, nous trouverons une solution. C’est non seulement essentiel pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, mais aussi pour notre patrie, pour la France !

 

Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> Des sites pornographiques préfèrent quitter la France plutôt que de protéger nos enfants en vérifiant l’âge de leurs utilisateurs, comme la loi SREN que j’ai portée le leur impose ? Bon débarras !

> Si trois Français sur quatre soutiennent la proportionnelle, c'est parce qu'ils souhaitent que leur voix compte davantage, et qu'ils aspirent à un débat démocratique apaisé. Moi aussi.

> Qui aurait pu imaginer une seconde que les Ukrainiens laisseraient l’envahisseur les priver de leur indépendance sans résister ? Notre responsabilité : sanctionner V Poutine pour le contraindre à un cessez-le-feu ouvrant la voie à une paix durable, conforme au droit international.

> Nous voulons, dans la suite des dialogues de Saint-Denis, organiser des assises, cet automne, de la coopération décentralisée, avec mon ministère et les collectivités, qui nous permettent de prendre un tournant dans la manière dont nous conduisons ensemble la politique ou l'action internationale de la France. C'est l'objet de mon déplacement tout à l'heure à Dunkerque pour signer la convention de Mageteaux, qui est un formidable exemple de coopération transfrontalière entre la France et la région flamande, qui va permettre d'apporter des solutions durables dans la lutte contre les inondations comme celles que nous avons connues il y a un peu plus d'un an dans ce département, et qui a nécessité 15 ans de négociations avant d'aboutir aujourd'hui. C'est une grande satisfaction pour nous.

> [Crise de Gaza] La France condamne avec la plus grande fermeté les bombardements qui frappent les civils, le blocage de l’aide humanitaire, les déplacements forcés de population ou encore la récente décision du gouvernement israélien d’établir de nouvelles colonies.
Nous le disons au peuple israélien : il existe un autre chemin, une autre solution que l’état de guerre permanent préfiguré par les décisions actuelles de son gouvernement. Cette alternative, celui qui la décrit le mieux n’est autre que Benyamin Netanyahou, premier ministre d’Israël en 2009, lors d’un discours prononcé à l’université Bar Ilan de Tel-Aviv : « Nous devons dire la vérité. Au sein de cette patrie, vit une large communauté palestinienne. Nous ne voulons pas les dominer, nous ne voulons pas gouverner leurs vies, nous ne voulons pas leur imposer ni notre drapeau ni notre culture. Dans ma vision de la paix, sur cette petite terre qui est la nôtre, deux peuples vivent librement, côte à côte, dans l’amitié et le respect mutuel. Chacun aura son propre drapeau, son propre hymne national, son propre gouvernement. Aucun ne menacera la sécurité ou l’existence de l’autre. »
Je le dis clairement : si nous recevons les garanties que nous demandons à propos de la démilitarisation et des besoins de sécurité d’Israël et si les Palestiniens reconnaissent Israël comme l’État du peuple juif, alors nous serons prêts, dans le cadre d’un futur accord de paix, à parvenir à une solution où un État palestinien démilitarisé existera aux côtés de l’État juif.
Nous appelons donc le premier ministre israélien à revenir exactement à ses propos de 2009 : là se trouve la seule voie qui mènera son peuple à la paix et à la sécurité.

> [Crise Gaza] La France est très attachée à l'idée d'une solution politique au conflit israélo-palestinien, et depuis longtemps, considérant qu'il n'y a aucune solution militaire à ce conflit. Et que pour y parvenir, elle doit se mobiliser, mobiliser ses partenaires, de manière à créer les conditions de l'existence, le moment venu, d'un Etat palestinien vivant côte-à-côte avec l'Etat d'Israël, en paix et en sécurité. Nous le faisons dans l'intérêt de la sécurité d'Israël et des Israéliens, dans l'intérêt des Palestiniens, dont l'aspiration à vivre dans un Etat est légitime. C'est dans cet esprit que nous préparons cette conférence, qui s'inscrit dans la pleine continuité des efforts menés de longue date par notre pays.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Nous attendons toujours le premier signe en provenance de Vladimir Poutine, de son intention réelle de cesser de feu, et de s'engager dans des discussions menant à une paix juste et durable pour l'Ukraine. Ce que nous avons vu jusqu'à présent, ce sont des mouvements d'esquive pour gagner du temps et poursuivre sa guerre coloniale contre l'Ukraine, ce à quoi nous voulons opposer, d'ailleurs, des sanctions massives. C'est l'objet du travail en cours par la Commission européenne, en coordination avec le travail qui est mené au Congrès américain, je recevais ce week-end les sénateurs Lindsay Graham et Richard Blumenthal, qui préparent ce paquet de sanctions de leur côté au moment où nous préparons le montant.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Je crois que le moment est venu pour Vladimir Poutine de comprendre que de poursuivre inlassablement sa guerre coloniale contre l'Ukraine va lui coûter très cher. D'abord parce que, de toute évidence, les Ukrainiens qui se battent pour leur liberté, pour leur souveraineté, pour l'intégrité de leur territoire, ne sont pas prêts de rendre les armes si Vladimir Poutine ne cesse pas son agression. Et d'autre part, parce que les partenaires de l'Ukraine que nous sommes avons bien l'intention de forcer Vladimir Poutine à s'asseoir de bonne foi à la table des négociations, s'il n'y consent pas de lui-même.

> [Iran] Il est inacceptable que l'Iran puisse accéder à l'arme nucléaire. C'est une question de sécurité nationale. Et au moment où nous arrivons à l'expiration de l'accord sur le nucléaire iranien que nous avions signé il y a dix ans, soit nous constatons, sur la base de ce rapport, que les intérêts de sécurité français sont préservés ; soit ce n'est pas le cas, et alors nous n'hésiterons pas une seule seconde à réappliquer toutes les sanctions contre l'Iran que nous avions levées il y a dix ans.

> [Présidentielle polonaise] Je félicite le président élu. Je lui souhaite plein succès dans sa mission. Je souhaite qu'il puisse continuer à faire vivre la dynamique franco-polonaise qui s'est enclenchée avec la signature historique du Traité de Nancy et qu'il puisse s'attacher à œuvrer aux côtés de la France et de l'Allemagne, au sein de ce Triangle de Weimar qui nous réunit tous les trois, à la souveraineté et l'autonomie stratégique européenne, qui est une priorité pour la France, pour l'Allemagne, comme pour la Pologne.

> [Syrie] Avec la chute du régime sanguinaire de Bachar al-Assad, un nouvel espoir s'est levé en Syrie. Nous avons engagé le dialogue avec les autorités de transition, tout en étant lucides sur leur passé et sans faire de chèque en blanc, en jugeant ces autorités sur leurs actes. Nous avons signalé l'importance pour nous qu'aucune place, qu'aucun espace ne soit laissé à une résurgence du terrorisme de Daech ; que l'avenir institutionnel de la Syrie fasse sa place à toutes les composantes de la société syrienne, et que chacun ait un accès plein et entier à la citoyenneté. Nous avons également exigé que les stocks d'armes chimiques disséminés en Syrie par le régime de Bachar al-Assad soient identifiés et détruits. Nous avons obtenu satisfaction sur un certain nombre de points, ce qui nous a conduit à lever les sanctions qui pesaient sur la Syrie et qui en entravaient son développement, voire même l'accès de l'aide humanitaire. Je constate que les Etats-Unis ont décidé de suivre cet exemple. Nous allons poursuivre ce dialogue exigeant, en continuant à être très clair et très transparent sur nos attentes vis-à-vis des autorités syriennes, parce que c'est, pour la région comme pour la France, un enjeu de sécurité.

> [Conférence sur Gaza] Nous préparons cette conférence dans la continuité de ce qui a été la position historique de la France : celle qui consiste à œuvrer à l'avènement d'une solution politique au conflit israélo-palestinien. Une solution politique qui prendra la forme de deux Etats vivante côte à côte, insérés dans une architecture régionale de sécurité associant les pays arabes de la région qui, à leur tour, normaliseront, le moment venu, leurs relations avec Israël. Tout cela permettant de ramener durablement la paix et la stabilité dans cette région, qui a subi tant de conflictualité et de violence depuis si longtemps. La France est dans son rôle lorsqu'elle convie, avec l'Arabie saoudite, une conférence internationale sous l'égide des Nations unies au sujet de cette solution politique. Et nous oeuvrons actuellement à préparer les résultats les plus ambitieux possibles pour cette conférence qui se tient dans 15 jours à New York.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> [Intervention à l’Assemblée] Vous avez raison de nous interroger sur nos exigences en matière de protection de l’environnement et sur l’acceptabilité des mesures associées pour les Français. Cette question est centrale et doit le rester.
L’écologie ne peut pas servir de variable d’ajustement et la transition ne peut pas être modulée au gré des humeurs ou des échéances électorales. Or ces dernières semaines, l’écologie a fait face à des difficultés. Elles n’ont rien d’inédit et n’entament pas notre détermination à agir.
Pendant qu’on débat, le dérèglement climatique ne négocie pas. Ses effets sont visibles, concrets, parfois violents, et nous n’avons plus le luxe de faire semblant d’agir.
Comme vous, je crois en une écologie populaire, pleinement compatible avec le progrès. Le vote, hier soir au Sénat, de l’excellent texte défendu ici par Anne-Cécile Violland et Antoine Vermorel-Marques contre l’ultrafast fashion me donne raison : une majorité large et transpartisane a émergé au sujet d’un enjeu concret d’écologie et d’emploi.
Je crois aussi en une écologie qui transforme nos modèles sans punir les Français, en accompagnant et en protégeant ces derniers plutôt qu’en les trompant. Je crois en une écologie qui crée aujourd’hui plus d’emplois que les autres secteurs économiques, en une écologie qui permet de fournir des solutions –⁠ cest ce que nous faisons avec le leasing social ou avec la protection de la qualité de leau et de lair, au profit des Français.
Quand nous travaillons avec les élus locaux sur lartificialisation, c’est pour mieux concilier développement des territoires et protection des sols. Oui, il nous faut une écologie du réel, une écologie du courage, une écologie qui n’oppose pas, mais qui rassemble. Surtout, une écologie qui protège.
Vous le savez, aux côtés du président de la République, nous avons accompli des progrès significatifs depuis 2017. Les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 20 %. La qualité de l’air s’est améliorée de 30 % dans les agglomérations. Près de 50 000 emplois industriels ont été créés.
Voilà notre bilan et nous continuerons à le défendre.

> Je ne lâcherai rien. À une semaine de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan, je refuse de laisser passer l’inacceptable. On ne peut pas se dire protecteurs de l’océan et détourner le regard quand certains cherchent à s’affranchir des règles internationales pour exploiter les grands fonds marins. NON à la piraterie environnementale. NON à l’exploitation minière des hauts fonds marins. Je l’ai écrit noir sur blanc à mes homologues canadiens et suisses : nous devons être à la hauteur de nos engagements.

> [Lutte contre l’ultra fast-fashion /Intervention au Sénat] Nous faisons le choix de viser la mode éphémère et la mode ultra-éphémère, toutes deux concernées par les primes et pénalités prévues par l'article 2. Surtout, la mode ultra-éphémère est soumise aux obligations des articles 1er, en matière de sensibilisation, et 3 et 3 bis, sur l'encadrement de la publicité. En effet, la mode ultra-éphémère constitue la menace la plus immédiate et la plus massive.
Nous émettons ainsi le signal selon lequel nous souhaitons nous attaquer au triple fléau de la mode ultra-éphémère : l'incitation à la surconsommation, le désastre écologique et la menace pour nos entreprises.
Je commence par l'incitation à la surconsommation. La mode ultra-éphémère combine des vêtements très abordables et un renouvellement incessant des modèles, suscitant ce que l'on appelle le Fomo buying, ou fear of missing out buying, c'est-à-dire l'achat stimulé par la peur de passer à côté de la bonne affaire.

Ce phénomène concerne surtout nos adolescents. Cette évolution de nos pratiques est favorisée par l'offensive commerciale d'ampleur de deux géants qui ont inondé notre marché. En 2023, en France, Shein et Temu ont respectivement investi en publicité 44 millions d'euros et 28 millions d'euros. Résultat, 22 % des colis de La Poste viennent de ces deux plateformes, contre moins de 5 % il y a cinq ans.
Cela a des conséquences sur le pouvoir d'achat. En effet, aujourd'hui, une personne achète 40 % de vêtements de plus qu'il y a quinze ans et les conserve deux fois moins longtemps. En réalité, la mode ultra-éphémère ne défend pas le pouvoir d'achat ; elle vend l'illusion du pouvoir d'acheter ce dont on n'a pas besoin et qui ne dure pas.
J'en viens au désastre écologique. En 2023, Shein a émis 17 millions de tonnes de CO2, soit une hausse de 81 % en un an. Cela en fait le premier émetteur mondial de la mode, elle-même le plus polluant de tous les secteurs industriels.
En outre, n'oublions pas les répercussions plus larges sur l'environnement, à commencer par le relargage, dans les océans et les cours d'eau, de microfibres plastiques issues du polyester, ainsi que l'utilisation de quantités astronomiques d'eau.
Par ailleurs, l'on retrouve des substances chimiques dans les vêtements.
Enfin, le phénomène risque de casser le cycle de l'économie circulaire, avec une accélération massive et incontrôlée de la propagation de déchets textiles non recyclables et de qualité médiocre, lesquels saturent nos filières de tri et de recyclage. Produire en soixante-douze heures ce que la planète met un siècle à absorber, c'est non pas de l'innovation, mais de la prédation.
La mode ultra-éphémère est également une menace pour nos entreprises. Avec des ventes atteignant 5 milliards d'euros en France en 2024, elle est à l'origine d'une concurrence impitoyable et déloyale, qui ne respecte ni les règles sociales ni les normes environnementales. Cette concurrence menace déjà 20 000 emplois, un nombre qui pourrait passer à 50 000 à terme. Je le dis clairement, ce n'est pas aux ateliers français de payer le prix du dumping social mondial.
Face à cela, nous ne partons pas de zéro. Ainsi, la Commission européenne a déjà présenté une stratégie pour des textiles durables et circulaires et, de plus en plus, les textes commencent à intégrer, outre les répercussions environnementales des produits, les conséquences des pratiques industrielles et commerciales des entreprises. C'est ce qu'a obtenu la France dans la directive-cadre sur les déchets.
De plus, le règlement établissant un cadre pour la fixation d'exigences en matière d'écoconception pour des produits durables interdira l'accès au marché européen de produits moins-disants sur le plan environnemental. L'application aux textiles de cette mesure miroir clef se fera à partir de 2027.
En France, le Gouvernement agit, avec un plan de régulation de l'e-commerce, l'affichage du coût environnemental des vêtements, sur la base du volontariat, et une réforme de la filière à responsabilité élargie du producteur (REP) textile pour structurer une filière de collecte, de tri, de réemploi et de recyclage dans ce domaine. C'est dans la continuité de ces actions et en cohérence avec elles que cette proposition de loi s'inscrit.
Ce texte est le premier pas législatif d'une attaque frontale contre le fléau de la mode ultra-éphémère. C'est aussi un levier pour faire bouger les lignes à Bruxelles, ainsi que pour entraîner nos voisins. En effet, nous le savons, seule une réponse européenne permettra une régulation globale et efficace.
Toutefois, dans le cadre de ce débat, si nous voulons que ce texte soit vraiment utile, je nous appelle à éviter deux fausses pistes.
La première consisterait à rater notre cible en prévoyant des sanctions publicitaires qui ne seraient pas applicables aux acteurs étrangers. C'est un vrai danger. En effet, aujourd'hui, en raison du principe du pays d'origine, le cadre européen ne permet pas à la France d'encadrer la publicité d'un acteur de la mode ultra-éphémère installé dans un autre État membre. Or c'est le cas de Shein ou Temu, établis à Dublin.
Ainsi, tel qu'il est rédigé, le texte interdira la publicité à des acteurs qui ne sont certes pas parfaits, mais qui restent mieux-disants que les plus gros pollueurs qui agissent depuis l'étranger. Cela irait à l'encontre de notre objectif.
La notification de cette proposition de loi à la Commission européenne, qui est prévue avant la réunion de la commission mixte paritaire, sera sans doute à l'origine de compléments importants. Ceux-ci apporteront toutes les informations et renseigneront sur les marges de manœuvre nécessaires au Parlement pour améliorer les dispositions des articles 1er, 3 et 3 bis sur le volet des sanctions publicitaires.
L'article 2, qui porte non pas sur des sanctions publicitaires, mais sur des écomodulations REP, laisse quant à lui suffisamment de souplesse pour définir comment ces dernières pourraient s'appliquer, demain, de manière graduée, entre acteurs de la mode éphémère et ultra-éphémère. Le Gouvernement défendra un amendement ayant pour objet la présentation d'une trajectoire minimale des répercussions de ces écomodulations.
La seconde fausse piste serait de chercher à cibler dès aujourd'hui la mode éphémère, avant que la question ne soit réglée au niveau européen. Or ce ne sera le cas que dans un second temps.
J'ai entendu certaines interrogations sur le fait de ne cibler que les géants de la mode ultra-éphémère, et non ceux de la mode éphémère. Je les comprends. Mais soyons clairs : nous ne parlons pas ici d'enseignes classiques, qui créent de l'emploi en France. Par mode ultra-éphémère, nous désignons des acteurs qui fonctionnent sur une tout autre échelle, dans une tout autre dimension.
Par ailleurs, je n'élude pas la question de la mode éphémère, qui demeure un enjeu majeur, sur lequel nous devons collectivement progresser. L'article 2 y contribuera, au travers des écomodulations.
En outre, le secteur textile sera pleinement concerné par la future réforme de la REP, qui visera à encourager les pratiques les plus vertueuses. Ce texte nous semble opportun pour marquer le commencement de cette réforme. Je remercie donc Mme la rapporteure, qui a accepté d'intégrer cet élément.
Chaque seconde, près de cent pièces neuves sont injectées sur le marché français, soit une hausse de 30 % en seulement quatre ans. Ce modèle de la mode ultra-éphémère repose sur l'hyperproduction, l'hypersollicitation et l'hyperconsommation. La mode ultra-éphémère ne s'adapte pas à la demande, elle l'invente. Elle la crée. Elle pousse à acheter ce que l'on n'a pas demandé, pour jeter ce que l'on a à peine porté.
L'intensité carbone de ces acteurs est sans équivalent dans le secteur, même de la part de leurs homologues les moins-disants aujourd'hui. Je le disais, ils submergent nos marchés, saturent nos centres de tri et leurs produits de qualité médiocre sont peu recyclables. Résultat, les bennes de récupération disparaissent, les filières s'effondrent et le cycle de l'économie circulaire textile est brisé.
Alors oui, face à cette démesure, nous allons agir. Nous ne resterons pas spectateurs de ce phénomène massif. C'est un combat pour l'environnement, mais aussi pour notre souveraineté économique.
Avec ce texte, c'est un premier pas que nous accomplissons aujourd'hui.

> L'ultra fast-fashion est aujourd’hui la menace la plus immédiate et la plus massive. Le Gouvernement veut s’attaquer aux trois fléaux qu’elle incarne : l’incitation à la surconsommation, le désastre écologique et la concurrence déloyale qu’elle fait peser sur nos entreprises et nos emplois. Face à cette démesure, je refuse que l’on reste spectateurs. C’est un combat pour l’environnement, mais aussi pour notre petits commerçants, nos grandes enseignes et nos producteurs. Avec ce projet de loi visant à réduire l’impact de l’ultra fast-fashion, porté par Anne-Cécile Violland, Sylvie Valente Le Hir et Antoine Vermorel-Marques, c’est un premier pas que nous faisons aujourd’hui.

> Que proposez-vous [députés du RN] à ceux qui ne peuvent plus boire l’eau du robinet parce qu’elle est polluée ? À ceux dont les enfants sont à l’hôpital, en soins intensifs, parce que l’air est pollué ? Aux agriculteurs qui ne peuvent plus produire en raison des crises climatiques ? Que proposez-vous pour sortir de notre dépendance aux énergies fossiles provenant de Russie, des États-Unis ou d’Algérie ? Pour répondre aux entrepreneurs qui investissent dans les solutions bas-carbone, créent de l’emploi et attendent de la stabilité politique ? Que dites-vous aux Français dont les emplois dépendent à 80 % du patrimoine naturel ? La protection de ce patrimoine naturel est pourtant la condition sine qua non de notre souveraineté, de notre santé, de notre industrie, de notre qualité de vie et de notre prospérité future. Quoique ce soit en effet difficile et ingrat (Exclamations sur les bancs du groupe RN), je préfère agir avec exigence et avec la science comme viatique plutôt que de flatter avec facilité ! Je continuerai de faire ma part avec détermination et constance !

> [Soutien des pêcheurs / Intervention à l’Assemblée] Merci de me donner l’occasion de réaffirmer mon soutien total aux pêcheurs français, qui pratiquent une pêche durable.
Pour travailler quotidiennement à leurs côtés, je sais que la filière traverse une période difficile. Mes priorités sont claires : défendre notre souveraineté alimentaire, protéger nos pêcheurs contre la concurrence déloyale et sécuriser sur le long terme l’exercice de leur métier en protégeant la ressource halieutique.
Cela se traduit par des actes. J’ai obtenu que nos pêcheurs continuent d’accéder aux eaux britanniques jusqu’en 2038 : dix ans de sécurité et de stabilité, personne ne l’imaginait en janvier –⁠ cest désormais chose faite. Jai aussi obtenu quils bénéficient dune compensation, de même niveau que celle de lannée dernière, pour la fermeture du golfe de Gascogne. Les pêcheurs ont déjà touché cette compensation ; le guichet pour les mareyeurs vient douvrir, je lai obtenu de la Commission européenne.
Vous avez lair dignorer que les Néerlandais sont soumis aux mêmes règles drastiques que nous, celles du total admissible de captures et des quotas. Cest cette pêche régulée, que vous semblez combattre, qui permet de redresser les stocks de poissons et à nos pêcheurs –⁠ notamment les thoniers en mer Méditerranée – de gagner beaucoup mieux leur vie quil y a quinze ans.
Sachez que je serai au rendez-vous avec nos pêcheurs, dans le cadre du contrat stratégique de filière que nous avons signé avec eux. Ils savent quils peuvent compter sur moi ; à la prochaine Conférence des Nations unies sur locéan comme devant la Commission européenne, nous défendrons une vision exigeante de la politique de pêche commune, qui protège contre la pêche illégale.

 

Patrick Mignola (ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Relations avec le Parlement)
> [Réforme du mode d'élection des membres du Conseil de Paris et des conseils municipaux de Lyon et Marseille / Intervention au Sénat] La démocratie s'use si on ne la défend pas chaque jour et si l'on ne cherche pas en permanence à en améliorer le fonctionnement. Alors que l'idée même de démocratie est remise en cause, il faut moderniser la pratique électorale, pour s'assurer que chaque voix compte.
Le mode de scrutin dérogatoire dit PLM - Paris, Lyon et Marseille - concerne 3,5 millions de nos concitoyens ; il est critiqué depuis son instauration et à chaque échéance municipale. Jacques Chirac lui-même l'avait qualifié de « défi au bon sens ». Non seulement ce mode de scrutin peut conduire à l'élection d'un maire qui a recueilli moins de voix que son concurrent, mais il est peu intelligible et restrictif de la liberté des électeurs. Un électeur de gauche se sent moins impliqué dans un arrondissement ou un secteur très à droite, et vice-versa : il a le sentiment que sa voix compte peu.
Ce texte vise à rapprocher les conditions du choix des électeurs de Paris, Marseille et Lyon de celles des autres électeurs français, même s'il reste dérogatoire.

 

Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations)
> Protéger les mineurs, c'est notre engagement, notre responsabilité. Pornhub, YouPorn et Redtube refusent de se conformer à notre cadre légal et décident de partir. Tant mieux ! Il y aura moins de contenus violents, dégradants, humiliants accessibles aux mineurs en France.

> [Influenceurs sur les réseaux sociaux] Mon sujet n'est pas moral. Quand vous frappez une femme, ce n'est pas de la liberté d'expression ça s'appelle une violence.

> [Parcoursup] On a encore des représentations qui sont encore extrêmement genrées. On a besoin d'avoir des femmes qui s'engagent dans les carrières scientifiques.

> Avant 2027, nous devons avoir des résultats ici et maintenant. Et pour 2027, nous avons l'obligation de rassembler. Je refuse que les Français n'aient le choix qu'entre la tenaille RN-LFI. J'y travaille et j'y prendrai toute ma part.

> Les discriminations qui persistent sont des entailles à nos valeurs républicaines. Je lance une campagne massive de testing de plusieurs milliers de CV avec le prénom, le nom, l'adresse, le sexe comme critères. Les discriminations sont un gâchis humain et économique insupportable. 

> Le temps de l'irresponsabilité des plateformes et réseaux sociaux est fini. Racisme, antisémitisme, haine anti LGBT, violences à l'encontre des femmes : une seule de ces infractions doit valoir suppression du compte. C'est ce que je leur ai rappelé hier. J'attends des règles claires, des engagements. Si elles ne bougent pas, nous le ferons. 

> La République ne trie pas, elle ne hiérarchise pas, elle combat toutes les haines. Et il faut nommer les haines : dans le Var, c'est un crime raciste qui a eu lieu. 

 

Astrid Panosyan-Bouvet (ministre déléguée auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargée du Travail et de l’Emploi)
> Aux côtés du ministre chargé des Transports, nous avons réuni les organisations représentatives des chauffeurs VTC. Le travail indépendant doit être porteur d’émancipation et s’inscrire dans un cadre clair, équitable et protecteur. Les priorités ont été posées : relance du dialogue social, revalorisation des revenus, amélioration des conditions d’exercice, et renforcement de la protection sociale. La transposition de la directive sur les travailleurs de plateforme doit être l’occasion de renforcer les obligations des plateformes et les droits des travailleurs indépendants. L’indépendance ne doit pas devenir le cache-misère de l’absence de droits.

> À l’AG de CMA [Réseau national des Chambres de métiers et de l’artisanat], j’ai salué l’engagement du réseau en faveur de l’apprentissage. Nous partageons une ambition : un financement adapté, des formations insérantes, un modèle soutenable. L’apprentissage est un parcours privilégié, qui doit être préservé.

> Au Giverny de l’Inclusion, j’ai rappelé que l’accès à l’emploi pour tous nécessite une mobilisation collective : des entreprises conscientes de l'enjeu, des acteurs de terrain en lien avec les besoins économiques, et un État garant d’une coordination efficace et durable. On avance

> En France, un adulte sur dix est en difficulté à l’écrit. À l’ACIFE de Châtillon, j’ai échangé avec des formateurs et des apprenants, et vu des parcours concrets pour y remédier. L’illettrisme se combat, partout sur le terrain. L’accès aux compétences de base doit rester une priorité.

> Participation à une session de formation organisée par France travail, Each One et l’entreprise Bienvieillir, dans le cadre du programme «All in One»: un parcours de formation pour le métier d’auxiliaire de vie, associant apprentissage du français à visée professionnelle, formation sur le terrain et accompagnement social. Les résultats sont là. Il faut poursuivre et amplifier ces démarches.

 

Amélie de Montchalin (ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique, chargée des Comptes publics)
> Face à un déficit annoncé de 25 milliards d’euros à l’horizon 2029, nous n’avons pas le luxe de l’inaction. La sécurité sociale doit revenir à l’équilibre avant 2029. Elle finance notre santé, les retraites, la politique familiale, l’autonomie des personnes âgées et la prise en charge des accidents du travail. Aujourd’hui, en Commission des comptes de la Sécurité sociale, nous avons réuni l’ensemble des acteurs du système : partenaires sociaux, parlementaires, administrations, professions de santé, experts. Format enrichi cette année avec, pour la première fois, une trajectoire pluriannuelle jusqu’en 2029. Un exercice de lucidité et de responsabilité. Nous sommes déterminés à engager un redressement progressif et durable, dans un esprit de transparence et de concertation. Car la sécurité sociale est un enjeu qui concerne tous les Français, actifs ou pas, et toutes les entreprises. Préserver notre modèle social exige des choix clairs. Nous les assumerons.

 

Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique, chargé de l’Industrie et de l’Energie)
> Incompétente et incohérente, l’extrême-droite reste l’extrême-droite. Elle vient de voter contre le maintien du nucléaire existant, mais aussi contre le développement de nouvelles capacités nucléaires… La seule boussole du RN reste la dépendance aux énergies fossiles, et la soumission à ceux qui les exportent. La Russie de Poutine en tête.

 

Patricia Mirallès (ministre déléguée auprès du ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants)
> [Réhabilitation de Dreyfus / Intervention à l’Assemblée] Je me permets tout d’abord de saluer à mon tour la famille d’Alfred Dreyfus, présente dans les tribunes. Le moment qui nous réunit aujourd’hui, à l’initiative de l’Assemblée, est à la fois singulier et solennel. Il convoque un nom que l’histoire a élevé au rang de symbole : Alfred Dreyfus, officier injustement condamné par un procès inique, homme d’honneur bafoué, détenu enchaîné les fers aux pieds sur l’île du Diable, patriote blessé et pourtant resté fidèle à son pays, époux et père humilié, Français admirable pourchassé parce que Juif, Alsacien et militaire moderniste.
Si Alfred Dreyfus est un symbole, c’est aussi parce qu’il fut au cœur d’un moment fondateur de notre République : lorsque celle-ci sut reconnaître qu’elle avait failli à ses principes.
Car Alfred Dreyfus est aussi cet homme d’honneur réhabilité par la Cour de cassation le 12 juillet 1906, cet officier réintégré dans l’armée par les députés dès le lendemain, ce soldat engagé qui reprend du service en 1914 et à qui la France rendra hommage en le promouvant au grade d’officier de la Légion d’honneur en 1919.
Il est également un symbole car sa réhabilitation est intrinsèquement liée à une mobilisation de l’opinion publique qui a conforté la République : c’est Clemenceau qui ouvre les colonnes de son journal L’Aurore au « J’accuse » de Zola, l’article qui annonce la vérité en marche ; c’est la République qui s’affirme contre tous les populismes de droite comme de gauche.
Cependant, si la République a reconnu l’innocence du capitaine Dreyfus –⁠ «() de laccusation portée contre [lui], rien ne reste debout ()» écrivait la Cour de cassation – la réparation offerte na pas été totale. Avec cette dignité qui le caractérisait, Alfred Dreyfus, qui revendiquait navoir « jamais demandé de faveurs dans [sa] carrière », estimait lui-même que les modalités de sa réintégration dans l’armée et sa nomination comme chef d’escadron avaient été injustes. Ce sentiment le conduisit à demander –⁠ avec au cœur la morsure de la résignation – sa mise à la retraite en 1907.
Linjustice de 1906 sexplique en partie par les circonstances de l’époque. Lexamen de la proposition de loi déposée par le président Attal et éclairée par les analyses du rapporteur Sitzenstuhl nous permet dapporter une réponse à une situation qui perdure depuis plus d’un siècle.
Il ne saurait être question de rouvrir tout le dossier de l’Affaire Dreyfus –⁠ ni sur le plan judiciaire, laffaire étant close depuis 1906, ni sur le plan historique car la vérité, de ce point de vue, est désormais bien établie. Dès lors, le vote daujourdhui ne doit pas être source de confusion : noublions pas que le dreyfusisme victorieux nest pas soluble dans les populismes étriqués qui excluent ou instrumentalisent.
Ce texte vise plus simplement, mais peut-être aussi plus profondément, à s’interroger à propos de la décision prise par les députés de 1906 : a-t-elle suffisamment réparé ? A-t-elle suffisamment reconnu ? En matière de réparation, il faut avoir la sagesse de ne réparer que les vivants.
C’est donc bien dans le champ de la reconnaissance mémorielle et symbolique que se situe notre discussion, d’autant plus que cette proposition de loi revêt une dimension singulière dans notre ordre constitutionnel puisque la nomination de nos officiers généraux relève du président de la République, en vertu de l’article 13 de notre Constitution. Elle ne peut donc revêtir qu’un caractère exceptionnel car le cas d’Alfred Dreyfus est unique, comme le sont les cicatrices de l’affaire. Ce texte ne doit pas constituer un précédent qui nous encouragerait à questionner d’autres carrières.
Le gouvernement salue cependant les travaux menés jusqu’à la séance d’aujourd’hui, à la suite de la mobilisation d’élus, d’institutions, de citoyens, de la presse et du monde intellectuel. La grandeur républicaine consiste aussi à savoir reconnaître l’histoire sans prétendre effacer la cicatrice du passé.
Ensemble, ici, nous pouvons ainsi reconnaître le poids du geste que vous vous apprêtez à accomplir et qui est profondément significatif. Il l’est d’autant plus que la proposition de loi prend un relief particulier au moment où les actes de haine antisémite connaissent une inquiétante progression. L’antisémitisme frappe encore, jusqu’au cœur de notre démocratie, dans nos rues et sur nos monuments, jusqu’à la personne de la présidente de l’Assemblée nationale. Je profite de cette occasion pour renouveler mon soutien à tous les parlementaires qui ont fait l’objet d’attaques antisémites ces derniers mois. Cette haine doit être combattue résolument.
Nous le savons : Alfred Dreyfus ne fut pas seulement la victime d’un des plus grands scandales politico-judiciaires de notre histoire. Il fut surtout le bouc-émissaire désigné d’un antisémitisme qui ne se cachait pas –⁠ comme il ne se cache plus, désormais, dans de trop larges pans de notre société.
Dès 1896, Bernard Lazare, le premier défenseur de Dreyfus, dénonçait « une atmosphère de haine et de soupçon ». Votre initiative parlementaire contribue à lutter contre les miasmes de cette atmosphère délétère qui, de nouveau, s’immisce dans notre corps social, par chaque interstice possible, et l’empoisonne. Nous devons collectivement aller plus loin encore pour la dissiper définitivement. L’exemple d’Alfred Dreyfus peut nous y aider en portant haut les valeurs de la République contre ceux qui veulent les affaiblir. Dreyfus doit être un exemple et non un remords.
Car oui, Dreyfus fut un exemple : un homme debout, refusant le reniement, fidèle à ses devoirs jusque dans l’isolement tragique sur l’île du Diable ; un officier à la retraite qui revient servir la France dans la Grande Guerre alors même qu’il avait toutes les raisons de se retirer. Il se distingue avec honneur et courage, participant notamment aux combats du Chemin des Dames et de Verdun avant d’être promu lieutenant-colonel en 1918. Il représente un modèle d’héroïsme républicain et d’engagement au service de la France.
Avec votre texte, vous entendez porter haut la mémoire d’un patriote mais aussi –⁠ et peut-être surtout – la promesse dune République qui, jamais, ne cesse de vouloir progresser pour la vérité et la justice contre larbitraire et lantisémitisme. Car cest bien la dignité que vous vous proposez de reconnaître aujourdhui.
Pour ce vote qui représente un geste unique, le gouvernement sen remet à la conscience et à la sagesse de chacun.

 

Juliette Méadel (ministre déléguée auprès du ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation chargée de la Ville)
> Il faut un immense débat sur le fonctionnement de la démocratie française"

> [TVA sociale] Il n'y a jamais d'impôt caché.

 

Laurent Saint-Martin (ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger)
> Aux côtés de mon homologue Piyush Goyal, j’ai défendu une conviction : la France est l’un des meilleurs partenaires économiques de l’Inde. Réformes, stabilité, innovation, accès aux marchés européen et indien: tout est là pour renforcer notre relation bilatérale.

> [Conjoncture mondiale du commerce extérieur / Audition devant la Commission des affaires étrangère et la Commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale]
C'est la première fois que je viens rendre compte de mes travaux devant le Parlement dans ce format et je m'en réjouis. Les responsabilités que le Président de la République et le premier ministre m'ont fait l'honneur de me confier en me nommant ministre délégué chargé du commerce extérieur et des Français de l'étranger, auprès de Jean-Noël Barrot, me placent naturellement à l'intersection des champs de compétence de vos deux commissions. Cela a toujours été vrai ; cela l'est encore davantage aujourd'hui.
Vous le savez, nous vivons un moment extrêmement particulier. Nous assistons à une recomposition profonde de l'économie mondiale. Les chaînes de valeur se réorganisent, les tensions géopolitiques s'exacerbent, les différends commerciaux se multiplient. Dans ce contexte incertain, fragmenté, la mondialisation telle que nous l'avons connue ces dernières décennies est en train de changer de nature. On ne peut plus faire d'économie sans géopolitique. La géopolitique redessine les cartes du commerce et de l'investissement. Les décisions économiques de nos partenaires sont de plus en plus influencées, voire conditionnées, par des logiques de puissance, de sécurité, de souveraineté.
Notre politique économique nationale et européenne n'échappe pas à cette internationalisation généralisée, qui caractérise aussi bien les échanges de biens que les flux d'investissements étrangers que nous attirons chaque année. Ce constat, ainsi que le besoin de se prémunir contre une instrumentalisation croissante des relations économiques et commerciales, est au coeur de l'agenda que nous défendons, avec nos partenaires européens, auprès de l'ensemble de nos interlocuteurs.
Ma feuille de route est simple mais exigeante. Elle repose sur trois priorités structurantes.
Tout d'abord, nous devons défendre des relations commerciales régulées, ouvertes, diversifiées et sans naïveté, au service de notre souveraineté économique et de nos intérêts stratégiques. Nous devons ensuite consolider la position de la France parmi les pays les plus attractifs au monde, en attirant sur notre territoire des investissements créateurs d'emplois, de valeur et d'innovation. Enfin, nous devons renforcer notre capacité à exporter, en accompagnant mieux nos entreprises, en les aidant à diversifier leurs débouchés et en les rendant plus résilientes face aux chocs.
Dans un contexte international de plus en plus fragmenté, marqué par une intensification des rivalités géopolitiques, par la montée des politiques industrielles offensives et par un retour en force du protectionnisme, la France défend des relations commerciales régulées, ouvertes, diversifiées et sans naïveté.
Nous souhaitons qu'elles soient régulées et ouvertes, parce que nous continuons de croire aux bienfaits du commerce et aux vertus du multilatéralisme. Ce sont les piliers de notre politique économique extérieure. Nous défendons un commerce qui s'appuie sur des règles, avec des échanges fondés sur des engagements multilatéraux et réciproques d'ouverture des marchés et de respect de conditions de concurrence loyales. En bon français, cela s'appelle le level playing field ! Nous ne le faisons pas parce que nous sommes de bons élèves mais parce que ce sont nos valeurs et parce que c'est notre intérêt. Nos entreprises doivent savoir qu'elles pourront accéder aux marchés étrangers et lutter contre la concurrence à armes égales.
Certains de nos partenaires considèrent l'Organisation mondiale du commerce (OMC) comme une faiblesse. Je ne partage pas cet avis. Une OMC fonctionnelle constitue notre meilleure protection contre des relèvements unilatéraux et brutaux de droits de douane ou contre des pratiques de dumping généralisées. Elle évite un nivellement par le bas et instaure un cadre multilatéral lisible, prévisible et stable pour nos entreprises.
Cela ne signifie pas que j'ignore les limites du système commercial multilatéral, qui traverse actuellement une profonde crise de confiance. Le constat est clair et partagé. Certains membres de l'OMC ne sont d'ailleurs pas étrangers à la situation.
Il ne s'agit cependant pas de s'extraire du cadre multilatéral : il faut simplement regarder la vérité en face. Comme l'a dit le Président de la République, l'Union européenne et la France ne sauraient être les derniers à respecter les règles, lorsque leurs principaux partenaires s'en dispensent et portent ainsi atteinte à notre économie.
C'est pour cela qu'il faut être sans naïveté : l'Europe doit être capable de se défendre. C'est le sens du travail engagé pour renforcer la boîte à outils de défense commerciale européenne, qui nous permet aujourd'hui de mieux répondre aux pratiques déloyales, aux subventions massives ou aux tentatives de coercition économique.
Les instruments de défense commerciale comme les mesures antidumping ou antisubventions, les mesures de sauvegarde - par exemple sur l'acier et l'aluminium -, le nouveau règlement anti-coercition ou le mécanisme de réciprocité en matière de marchés publics sont des avancées concrètes, qui, pour beaucoup d'entre elles, trouvent leur inspiration dans le discours de la Sorbonne du Président de la République et constituent des acquis de la présidence française de l'Union européenne de 2022.
Pour résumer notre position, nous voulons une politique commerciale ouverte mais pas offerte, régulée mais sans naïveté, équilibrée mais armée face aux pratiques déloyales. Nous la mettons d'ailleurs en œuvre face à nos deux grands partenaires que sont les Etats-Unis et la Chine.
Afin de ne pas trop allonger mon propos liminaire, je me concentrerai sur les Etats-Unis et je vous propose de revenir sur la Chine lors de nos échanges.
Le 2 avril, lors du Liberation Day, le président Trump a annoncé des droits de douane dits réciproques, mais en réalité transverses et injustifiés, sur toutes les importations des Etats-Unis. Pour celles en provenance de l'Union européenne, ces droits s'élevaient à 20% et s'ajoutaient aux tarifs sectoriels de 25% imposés quelques semaines avant sur l'automobile, l'acier et l'aluminium.
Le Conseil consacré au commerce, qui s'était réuni le 15 avril, s'était entendu sur la nécessité d'apporter une réponse déterminée au premier train de tarifs américains sur l'acier et l'aluminium. Quelques jours plus tard, sans doute sous la pression des marchés financiers, l'administration américaine a annoncé un moratoire de quatre-vingt-dix jours sur les tarifs dits réciproques, dont le taux était abaissé à 10%. Les tarifs sectoriels de 25% sur l'acier, l'aluminium et l'automobile demeuraient, quant à eux, inchangés. La présidente de la Commission européenne a annoncé dans la foulée un moratoire de quatre-vingt-dix jours sur la riposte européenne aux tarifs concernant l'acier et l'aluminium. Alors que le moratoire américain ne concernait que les droits de douane dits réciproques, dont le taux était abaissé de 20 à 10%, le moratoire européen portait, quant à lui, sur la menace de riposte concernant les tarifs sectoriels sur l'acier et l'aluminium.
Des négociations, menées par le commissaire européen chargé du commerce, Maros Sefcovic, se sont ensuite ouvertes avec le soutien des Etats membres, dont la France. Je le rappelle, la Commission européenne détient la compétence exclusive en matière de politique commerciale. Dans cette phase de fortes tensions commerciales, je salue l'unité et la quasi-unanimité qui prévalent dans les réunions du Conseil consacré au commerce, ainsi que la confiance exprimée à l'égard des travaux de la Commission européenne.
La position française est claire : nous ne voulons pas d'une guerre commerciale avec les Etats-Unis - ni d'ailleurs avec personne. Ni l'Europe ni les Etats-Unis n'y auraient intérêt. Nous défendons un agenda positif. Nous sommes toujours prêts au dialogue et à la négociation. En revanche, nous ne reculerons pas devant le rapport de force, s'il est nécessaire pour rouvrir les discussions avec l'administration américaine. Nous avons partagé ce constat lors du dernier Conseil consacré au commerce le 15 mai, auquel participait pour la première fois le gouvernement allemand du chancelier Merz. Nous avons réaffirmé notre détermination commune et souligné que l'offensive commerciale des Etats-Unis était infondée et le statu quo inacceptable.

Avec nos partenaires européens, nous sommes convenus d'avancer sur trois fronts : préparer de nouvelles contre-mesures crédibles et à la hauteur, en n'excluant pas celles portant sur les services ; négocier avec les Etats-Unis une solution pleinement respectueuse des intérêts européens ; protéger le marché européen contre la déstabilisation des échanges et les réorientations de flux, notamment asiatiques, provoquées par les mesures américaines.
L'Europe doit par ailleurs diversifier ses partenariats et être à l'offensive car, en ces temps troublés et incertains, nous avons besoin d'alliés commerciaux fiables.
Les tensions commerciales avec les Etats-Unis, la Chine ou d'autres puissances ont accéléré une prise de conscience européenne concernant notre dépendance stratégique dans certaines chaînes de valeur. Nous devons donc diversifier nos échanges. Il ne s'agit ni d'un revirement ni d'une rupture. Cette stratégie n'est pas récente mais nous devons l'accélérer, la systématiser et l'outiller - j'évoquerai plus tard le Conseil présidentiel pour le commerce extérieur. Elle doit être accompagnée d'une politique commerciale européenne cohérente, qui soutienne l'ouverture de nouveaux débouchés par des accords équilibrés et durables avec des zones ou des pays à forte croissance. J'insiste sur ces notions d'équilibre, de durabilité et de cohérence avec nos exigences en matière de protection de l'environnement, de biodiversité et de normes sanitaires et phytosanitaires, car beaucoup d'accords en cours de négociation sont au cœur de ces sujets.
Le Conseil du 15 mai a été l'occasion pour la Commission européenne et les Etats membres de souligner l'importance de cette stratégie de sécurité économique européenne. Elle appelle à la conclusion de nouveaux partenariats grâce à des accords de commerce et au renforcement de la compétitivité de l'Union européenne dans le cadre de la Boussole de compétitivité annoncée par la présidente von der Leyen.
La France soutient pleinement cet agenda. Dans le contexte actuel, il est clair que nous devons accélérer notre ouverture commerciale, sans rien sacrifier de nos exigences et de nos principes. Nous considérons que les négociations commerciales que la Commission européenne mène au nom des Etats membres avec l'Inde, l'Indonésie - les discussions avancent très vite -, la Thaïlande, les Philippines, la Malaisie, l'Australie ou les Emirats arabes unis doivent s'accélérer.
Pour qu'elle soit comprise et partagée, cette politique doit toutefois être débattue, appropriée et adaptée à nos réalités de terrain. Nous devons fédérer les acteurs économiques. Le 18 mars, j'ai lancé les Assises de la politique commerciale dans l'ensemble des régions, afin de dialoguer avec les filières particulièrement exposées aux accords commerciaux et de libre-échange. Des groupes de travail se sont tenus partout dans le pays et continueront à se réunir jusqu'à la fin de l'été.
J'aborderai maintenant la politique d'attractivité, qui relève de la responsabilité du ministère de l'Europe et des affaires étrangères.
L'attractivité n'est pas sans lien avec la politique commerciale. Elle permet de mesurer la place de notre pays dans l'économie mondiale. Depuis 2017, sous l'impulsion du Président de la République, nous avons construit une politique d'attractivité cohérente, structurée, déployée sur l'ensemble du territoire, en lien étroit avec les collectivités locales - particulièrement les conseils régionaux -, les agences de développement, les chambres consulaires et les entreprises. L'objectif est d'attirer des projets, des talents et des capitaux qui feront notre croissance de demain.
Les résultats sont au rendez-vous. Pour la sixième année consécutive, la France est le pays plus attractif d'Europe pour les investissements directs étrangers. La huitième édition de Choose France a battu des records. Plus de 40 milliards d'euros d'investissements, s'accompagnant de plus de 13 000 créations d'emplois, ont été annoncés.
Certaines annonces sont nouvelles, d'autres confirment des annonces faites à l'occasion du Sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle le 6 février. Elles sont le fruit d'une politique d'attractivité qui fonctionne, d'une politique de fiscalité qui nous permet d'être dans les standards européens et d'une politique de l'offre - menée depuis 2017 - qui est saluée par les chefs d'entreprises internationaux.
Je pourrais dresser la liste des entreprises qui se sont engagées, y compris lundi à Versailles, à ouvrir des usines dans nos territoires, en particulier ceux qui ont souffert de la désindustrialisation au cours des dernières années, et à créer des emplois. Depuis la création de Choose France en 2018, plus de 163 000 emplois ont vu le jour dans nos territoires. Nous pouvons collectivement, de façon transpartisane, nous en féliciter.
Nous sommes le pays le plus attractif d'Europe et nous avons changé d'échelle. Nous avons développé une capacité à attirer les projets les plus créateurs d'emplois et les plus structurants, en particulier dans des secteurs d'avenir. Lors du Sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle, la France a ainsi réussi à attirer 109 milliards d'euros, notamment vers des industries qui construiront des datacenters ou des supercalculateurs. Du point de vue de la souveraineté, ces activités représentent un enjeu stratégique pour les prochaines décennies.
Cela montre que la France n'est pas seulement perçue comme un pays situé au cœur de l'Europe et du marché unique mais aussi comme une terre d'avenir, de recherche et d'innovation. Nous le devons à une collaboration parfaite entre tous les acteurs de la Team France Invest et notamment à un partenariat très solide entre l'Etat et les régions. Il n'est pas toujours facile de travailler efficacement ensemble mais, en matière de politique d'attractivité, nous ne rencontrons aucune difficulté. Ce constat concerne l'ensemble des territoires de métropole et d'outre-mer, quelle que soit la couleur politique des collectivités concernées. Nous savons nous retrouver quand il s'agit de l'intérêt général.
L'attractivité n'est pas une fin en soi : c'est un levier au service de la réindustrialisation, de la transition écologique et de la montée en compétence de nos territoires. C'est une course de fond, que la France est en train de gagner en Europe, à condition de rester unie, claire dans son cap et ambitieuse dans ses moyens.
L'attractivité est aussi la condition de l'export. Selon les derniers chiffres de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), les entreprises à capitaux étrangers représentent 1% du total des entreprises françaises, mais 13% de l'emploi, 20% de l'investissement en recherche et développement et 30% de nos exportations. Le rapport est donc d'un à trente. En rendant la France toujours plus attractive, nous préparons notre balance commerciale de demain.
Pour le moment, notre balance commerciale est structurellement déficitaire. Si nous voulons inverser la tendance, réindustrialiser est un préalable. Il s'agit d'une lapalissade mais nous ne pouvons exporter que ce qui est produit sur notre sol. Au cours des vingt dernières années, la dégradation de notre balance commerciale suit la courbe de la désindustrialisation. La corrélation est mécanique : les pays européens qui enregistrent un excédent commercial sont ceux qui ont le moins désindustrialisé, comme l'Allemagne et l'Italie. (...)
Il faut être lucides sur la façon dont nous sommes perçus à l'international. Légitimement, nombre de puissances internationales, notamment les grands émergents, voient l'Europe d'abord comme un continent et un marché unique. Elles abordent la question des partenariats industriels et commerciaux de manière globale et non pays par pays.
À cet égard, l'Union européenne est une chance car elle nous permet d'attirer des investissements et de créer des relations commerciales. Les entreprises qui viennent à Choose France le font parce qu'elles considèrent que notre pays constitue la meilleure porte d'entrée vers le marché unique européen. Elles sont intéressées, certes, par la France mais aussi par l'ouverture vers 450 millions de consommateurs potentiels.
L'Union européenne représente une vraie force. Mon propos n'est pas idéologique. Il ne s'agit pas d'être pro-Europe ou anti-Europe, mais de constater objectivement qu'elle nous apporte une puissance commerciale et d'investissement sans comparaison avec celle que chaque pays pourrait avoir individuellement.
Dans la nouvelle donne commerciale mondiale, face aux Etats-Unis, à la Chine et aux grands émergents, l'Europe est plus puissante que la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne ou d'autres. Nous sommes plus forts ensemble. C'est une réalité factuelle.
Ce constat n'enlève rien à nos spécificités. À l'international, la France est davantage présente que ses voisins dans les secteurs du luxe, des cosmétiques ou des vins et spiritueux et nous en sommes très fiers. Nous pouvons être patriotes économiquement et pousser le drapeau français partout dans le monde, comme nous le faisons avec la diplomatie économique, tout en considérant que la compétence exclusive européenne en matière commerciale est une chance dans le rapport de force actuel. Imaginez si la France, l'Italie ou l'Allemagne devaient négocier seules avec les Etats-Unis !
Sans attendre la fin de la réindustrialisation, nous devons mieux positionner nos entreprises à l'international, en leur permettant de participer à des projets ou des appels d'offres et de défendre les couleurs de la France. Nous y travaillons avec la diplomatie économique et lors de nos nombreux déplacements aux côtés de chefs d'entreprise. Au cours des derniers mois, nous nous sommes rendus à peu près partout dans le monde, en Asie du Sud-Est, en Amérique latine, etc. La semaine prochaine, je serai en Asie centrale.
Le rayonnement de la France à l'international est un moyen de renforcer nos territoires. L'export permet de soutenir l'emploi en France et de le pérenniser. Il améliore les marges et la rentabilité des entreprises, y compris les PME et entreprises de taille intermédiaire.
Nous devons coordonner efficacement notre dispositif d'accompagnement et de financement. La Team France Export, constituée en 2018, associe sous l'égide des régions, Business France, Bpifrance, les chambres de commerce et d'industrie, les conseillers du commerce extérieur de la France, les douanes, l'Institut national de la propriété industrielle (INPI), les opérateurs spécialisés du commerce international (OSCI) et l'ensemble de leurs partenaires publics et privés. Le principe du guichet unique est un succès.
De plus en plus d'entreprises exportent mais elles ne sont pas encore assez nombreuses. Pour accélérer ce mouvement, notamment auprès des PME, nous devons lever des freins culturels. Les chefs d'entreprise doivent oser. Nous pouvons les aider en simplifiant les démarches, ainsi qu'en sécurisant et diversifiant nos débouchés commerciaux. Nous en revenons au début de mon propos, lorsque j'insistais sur la nécessité de mandater la Commission européenne pour poursuivre la négociation d'accords commerciaux.
De nombreux secteurs d'activité, dont les parfums, les cosmétiques, la chimie, la pharmacie, les services, le tourisme, l'aéronautique ou les vins et spiritueux sont nos locomotives à l'export, même si certains font face à des défis et à une concurrence internationale importante. Nous devons toutefois encourager ceux qui ne sont pas encore assez présents, notamment dans les industries de demain. Ils ont un potentiel à exploiter. Si nous nous comparons à nos voisins, avec lucidité et sans jalousie, nous constatons que nous pourrions être meilleurs, à la fois en nombre d'entreprises et en chiffre d'affaires global.
Des annonces auront lieu lors du Conseil présidentiel pour le commerce extérieur du 12 juin. Elles permettront de donner plus de moyens à nos entreprises pour réussir.
Dans cette période d'incertitude et de transition, nous avons une responsabilité collective qui doit nous pousser à ouvrir des perspectives nouvelles à nos entreprises, partout dans le monde. Avec l'administration de la diplomatie économique, je suis à la disposition des parlementaires qui souhaiteraient participer au programme Parlementaires pour l'export et rassembler les entreprises de leurs territoires pour évoquer ces sujets.
Même si nous pouvons avoir des désaccords sur les outils à mettre en place, la réussite économique de nos entreprises hors de nos frontières est une grande cause nationale sur laquelle nous pouvons assez facilement trouver un consensus, au service de l'emploi et de nos territoires.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] S'agissant des avoirs russes, la Commission européenne les a estimés à environ 235 milliards d'euros, dont 210 milliards d'actifs immobilisés appartenant à la Banque centrale de Russie et 25 milliards d'euros de fonds privés. La part qui se trouve en France reste une donnée confidentielle, que je ne peux donc pas vous communiquer.
L'immobilisation des actifs russes est une démarche qui doit rester coordonnée au sein du G7 et mise en oeuvre au niveau de l'Union européenne. Les revenus exceptionnels générés par les placements ont permis de financer un emprunt de 45 milliards d'euros pour soutenir l'Ukraine.

> Pour ce qui est des BRICS+, la politique commerciale reste de la compétence de chacun des pays, contrairement à ce qui existe dans l'Union européenne. BRICS+ ou Sud global, nous devons nous rapprocher de ces grands pays émergents. Ils ont souvent une image très positive de la France, dont ils reconnaissent la qualité en matière de production, de recherche ou d'innovation. En outre, leur classe moyenne, majoritairement jeune, regarde les produits et les services européens avec beaucoup d'intérêt. De nombreux partenariats sont donc envisageables.
En dehors de la Russie, nous pouvons travailler avec l'Inde, l'Afrique du Sud - j'ai ouvert ce matin le forum d'investissement avec le vice-président sud-africain - ou le Brésil, par exemple. Ce sont des pays avec qui nous entretenons des amitiés diplomatiques et avec lesquels nous avons des perspectives d'investissement et de commerce, même s'ils ont des politiques différentes dans ce domaine. L'Inde et le Brésil sont néanmoins plus protectionnistes. Pourtant, les entreprises indiennes investissent de plus en plus en France et plusieurs d'entre elles étaient présentes à Choose France.

> Nous avons besoin de règles du jeu équitables, mais nous ne voulons pas tourner le dos à notre partenaire chinois, qui peut jouer un rôle majeur dans l'avenir industriel de l'Europe.

 

Autres ministres
Gérald Darmanin (ministre d’Etat, Garde des sceaux, ministre de la Justice)
> Lutter contre la surpopulation carcérale avec 3 000 places de prisons modulaires, construite 3 fois plus vite et 2 fois moins cher.

> Supprimer le sursis pour des peines claires, dès la première condamnation.

> Instaurer des peines minimales pour protéger les Francais.

> À la suite des graves incidents d’ordre public et des désordres répétés de ce weekend, une partie des condamnations pour violences, notamment commises à l’encontre forces de l’ordre et pour destructions de biens, ne sont plus à la hauteur de la violence que connaît notre pays. Il faut que les magistrats, en qui j’ai toute confiance et qui appliquent le Code pénal dans des conditions difficiles, puissent juger ces faits en disposant d’une échelle de peines ferme, simple et réellement adaptée à délinquance d’aujourd’hui. Comme je l’ai proposé publiquement, il faut faire évoluer radicalement la loi : supprimer les aménagements de peine obligatoires, supprimer le sursis et mettre en place par la loi une condamnation minimum systématique une fois la culpabilité reconnue. Par exemple, trois mois de prison ferme (réellement exécutés) minimum pour toute agression envers un représentant de l’État ou encore amende très élevée pour toute destruction. Ces propositions qu’il nous faut mettre rapidement en vigueur, garantissent l’indépendance des magistrats, que nous devons tous protéger, et l’indispensable fermeté et bon sens voulu par nos concitoyens.

 

Bruno Retailleau (ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur)
> [Attentat terroriste à Puget-sur-Argens / Intervention à l’Assemblée] Ce qui s’est produit, dans le Var, est trop grave pour jeter des accusations sur d’autres personnes que l’auteur.
Je voudrais d’abord avoir une pensée émue pour les victimes –⁠ celui qui est mort, celui qui est blessé –, pour leurs familles, que nous allons retrouver, mais aussi pour les communautés affectées, notamment la communauté tunisienne.
Je me suis rendu à l’ambassade de Tunisie ce matin, et j’ai eu hier au téléphone mon homologue, le ministre de l’intérieur tunisien, parce que l’écho a été énorme, non seulement sur le sol national, dans la communauté tunisienne, mais aussi à Tunis.
Je veux dire, de la façon la plus solennelle, que les policiers et les gendarmes ont, là encore, très bien réagi, puisque le crime s’est produit à 22 h 30, et qu’à 5 h 30, l’auteur était retrouvé.
Ce crime était prémédité, puisqu’il y a eu des vidéos. Nous avons saisi des armes dans la voiture. Mais surtout, il est signé : c’est clairement un crime raciste, c’est sans doute un crime antimusulman et peut-être aussi un crime terroriste, puisque le parquet national antiterroriste a été saisi.
Je veux le dire de la façon la plus nette : le racisme, ce n’est pas la France. Le racisme, c’est un poison qui tue. C’est un crime barbare. La France et la République ne font aucune différence selon la couleur de peau, l’origine ou les croyances.
Croyez-moi, je suis très heureux que le PNAT s’en soit saisi, et j’espère que la justice sera intraitable et implacable à l’égard de ce qui constitue un crime antifrançais. Chaque crime raciste est un crime antifrançais.

> [Violences des casseurs] Face à ces barbares, nous ne pouvons nous contenter d’une réponse sécuritaire. En effet, nous ne pourrons jamais positionner des cordons de CRS devant chaque vitrine de magasin, ni des escadrons de gendarmerie mobile à chaque carrefour et dans chaque rue de France. La réponse doit être aussi judiciaire.
Vous avez également raison de défendre le principe du casseur-payeur, qui doit être cardinal. Je formulerai quatre propositions. Premièrement, que l’État se retourne systématiquement contre les casseurs, en leur imputant une dette personnelle ineffaçable et en mobilisant les moyens du Trésor public pour la recouvrer. Deuxièmement, mobiliser la solidarité familiale : l’article L. 227-17 du code pénal n’est pratiquement jamais utilisé, alors qu’il permet de rendre les familles financièrement solidaires lorsqu’elles se révèlent défaillantes. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.)
Troisièmement, faire payer les casseurs en réduisant voire en supprimant totalement les aides sociales qu’ils perçoivent. La société française n’a pas à payer pour des casseurs. Enfin, rendre automatique la constitution de partie civile : beaucoup de commerçants, d’artisans, de collectivités et de citoyens ne pensent pas à engager une telle démarche pour faire payer les casseurs. Il faut qu’elle soit systématiquement prévue pour assurer enfin le plein exercice de ce principe : « tu casses, tu paieras ».

 

Catherine Vautrin (ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles)
> Le tabac cause encore 205 morts chaque jour. Il tue 75 000 personnes chaque année, dont 46 000 décèdent des suites d’un cancer.
Quand on parle de santé publique, il faut rappeler que le tabagisme coûte 150 milliards d’euros chaque année et provoque la souffrance des personnes qu’il rend malades. Ce constat établi, une longue suite de mesures a été prise.
Nous devons la prolonger, car encore 17 % des jeunes de moins de 20 ans déclaraient, en 2023, fumer quotidiennement. Quand verrons-nous la génération sans tabac ? Notre défi est de la faire advenir ensemble.
Dans cette optique, il faut que là où il y a des enfants, il n’y ait pas de tabac. C’est le sens des interdictions qui deviendront effectives le 1er juillet prochain, après la parution d’un décret en Conseil d’État, dont la discussion touche à sa fin. Ensuite, une campagne de communication permettra d’informer chacun de nos concitoyens.
J’en profite pour saluer le travail des élus : des municipalités ont déjà pris des arrêtés interdisant la consommation de tabac aux abords des écoles ou dans les parcs publics.
Nous donnerons une base légale à une interdiction généralisée. Nous pourrons ainsi passer un été tranquille, sur des plages où l’on n’éteindra plus de mégots de cigarettes. Rappelons que ceux-ci représentent chaque année 25 000 tonnes de pollution à traiter.

 

Eric Lombard (ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique)
> Avant de distribuer les richesses, il faut les produire. Le cœur de la politique économique menée depuis 2017, c’est la protection des entreprises, dont nous avons besoin. De retour d’une tournée en Asie du Sud-Est avec le président de la République et les représentants de nos entreprises, je peux vous assurer que la concurrence est très forte, partout. Protéger et développer nos entreprises est donc notre priorité.
La première inégalité est celle de l’accès à l’emploi. Or l’effet des politiques de lutte contre le chômage menées depuis 2017 est démontré : le taux de chômage n’a jamais été aussi bas lors des vingt dernières années.
Pour protéger les entreprises, il faut investir. Nous devrions tous être fiers du fait que la France est le pays le plus attractif d’Europe pour la sixième année consécutive : voilà un succès !
La politique de réindustrialisation vise, au bénéfice de tous, à assurer la transformation écologique et énergétique. Celle-ci est aussi au cœur de notre projet, car il n’est de développement que durable et partagé.
La réindustrialisation doit permettre le développement de productions décarbonées. Elle est accompagnée d’un plan de transformation écologique très ambitieux, qui nous permettra d’être au rendez-vous d’une économie zéro carbone en 2050.
Pour atteindre nos objectifs, il est essentiel de rééquilibrer nos finances publiques. Aujourd’hui, la dette pèse sur l’ensemble du pays. Son coût, de 67 milliards d’euros aujourd’hui, sera de 100 milliards d’euros dans trois ans! Dans cette situation, une politique de relance alourdirait la dette et réduirait nos marges de manœuvre.
À l’inverse, la réduction des déficits est bien la seule manière de suivre une trajectoire de croissance.
Je veux enfin rappeler que la France est l’un des pays d’Europe continentale dont la croissance est la plus vigoureuse.

> |Préparation du Budget avec les parlementaires / Intervention à l’Assemblée] Nous allons bien évidemment tenir l’engagement pris par le premier ministre. Nous vous avons fait part des conclusions de la réunion du comité d’alerte des finances publiques qui s’est tenue, autour du premier ministre, le 15 avril –⁠ nous allons dailleurs réunir de nouveau ce comité, afin de vous tenir au courant de l’état des lieux.
Avec Amélie de Montchalin, ministre chargée des comptes publics, le dialogue avec le Parlement est permanent ; mais il prendra une intensité particulière à compter de ce mois de juin. Si, comme vous l’avez relevé, le premier ministre rendra ses décisions à la mi-juillet, celles-ci devront être nourries du dialogue avec le Parlement.
Pendant le mois de juin et avant le 15 juillet, nous allons recevoir, avec la ministre, l’ensemble des groupes représentés ici et au Sénat, afin de recueillir vos avis, vos propositions et vos opinions sur la préparation de ce budget.
Le débat ne prendra toutefois pas fin le 15 juillet, quand le premier ministre aura présenté les orientations du gouvernement : nous entendons le poursuivre avec les groupes avant la rentrée parlementaire, de façon à construire un texte qui, tout en reflétant le mieux possible les grandes orientations du gouvernement, soit enrichi de celles des parlementaires.

 

Laurent Marcangeli (ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification)
> [Accès au logement pour les travailleurs des services publics / Intervention à l’Assemblée] Ma collègue Valérie Létard, ministre du logement, et moi-même nous présentons devant vous pour soutenir, au nom du gouvernement, une proposition de loi essentielle pour améliorer la vie de nos agents publics.
Nous le savons tous, ce texte est le fruit d’un long travail de concertation et de terrain engagé par le député David Amiel dans le cadre de la mission que lui avait confiée le gouvernement et qui a débouché, en avril 2024, sur la remise de son excellent rapport intitulé « Loger les travailleurs des services publics ». Je souhaite le remercier chaleureusement pour son engagement sans faille en faveur des agents publics et de la résolution des problèmes qu’ils rencontrent, notamment en matière de logement.
En tant que ministre de l’action publique, de la fonction publique et de la simplification, j’ai souhaité, dès ma nomination et dans la continuité de mes prédécesseurs, mettre le logement des agents publics au cœur des priorités. C’est pourquoi nous soutenons pleinement ce texte ; je connais d’ailleurs l’espoir qu’il suscite.
Nos agents sont les garants de nos institutions et les piliers de nos administrations. Qu’ils soient enseignants, policiers, infirmiers, militaires, agents pénitentiaires ou agents municipaux, quel que soit le versant de la fonction publique auquel ils appartiennent, quelle que soit leur fonction, ils méritent notre reconnaissance et notre soutien car ce sont eux qui font vivre, chaque jour, nos services publics.
En tant qu’ancien parlementaire et élu local, je sais aussi à quel point les difficultés d’accès au logement nuisent à l’attractivité de nos services publics, de même qu’elles peuvent nuire à l’attractivité économique de nos territoires. Partout, les employeurs publics nous alertent sur la peine croissante qu’ils ont à recruter, faute de logements disponibles à proximité du lieu de travail des agents, mais aussi de logements abordables dans le parc privé. En effet, derrière la problématique du logement des agents publics se cache aussi une question de pouvoir d’achat.
Pour les agents publics comme pour la majorité de nos concitoyens, le logement est le premier poste de dépenses mensuelles. Malheureusement, ces désagréments ne se limitent pas à la région parisienne ou aux grandes métropoles. Nous l’avons constaté sur le terrain : ils existent aussi dans les villes de taille moyenne, dans les zones tendues, littorales ou frontalières, ou encore dans les territoires insulaires et ultramarins.
Lors d’une visite à l’AP-HP, le rapporteur et moi avons pu mesurer concrètement les attentes dans ce domaine et nous rendre compte des difficultés pour recruter et conserver les personnels soignants –⁠ même lorsquest menée une politique très volontariste en la matière, que je tiens à saluer ici.
Je me rendrai en outre cette semaine en Haute-Savoie, département où de nombreuses communes sont en zone tendue, pour échanger avec les acteurs locaux et identifier les blocages rencontrés par les agents publics. Je tiens à saluer l’engagement des parlementaires de Haute-Savoie sur ces questions.
Bien entendu, le présent texte s’inscrit dans un ensemble plus vaste de mesures en faveur du logement, que je laisserai à ma collègue Valérie Létard le soin d’évoquer. Il ne résoudra pas à lui seul la crise du logement.
Il ne résoudra pas non plus l’intégralité des problèmes d’attractivité intrinsèques à la fonction publique. Il n’en constitue pas moins une pierre indispensable à l’édifice de la politique du gouvernement en faveur de nos agents.
Pour améliorer la situation des agents en matière de logement, nous disposons de plusieurs leviers, qui ont trait au foncier, à la mutualisation des parcs ou encore à la rotation. Certaines mesures de ce texte nous donneront davantage de moyens pour agir en ce sens. Je pense notamment à l’article 1er, relatif à la clause de fonction, qui fait débat.
Je pense aussi à l’article 4, qui vise à faciliter l’autorisation de projets de construction de logements sur les fonciers publics, donc à augmenter l’offre de logements abordables disponibles. Je pense encore à l’article 6, qui permettra d’engager une réflexion, avec les organisations syndicales et les employeurs, sur un Action logement du secteur public.
Au-delà de ce texte, nous nous efforçons de renforcer la communication sur les dispositifs existants, car nous ne pouvons pas laisser dire que nous partons d’une feuille blanche ! À cet égard, nous avons lancé en décembre dernier le portail en ligne « Le logement des agents publics ». Ce dispositif, qui doit encore monter en puissance, permet déjà aux agents de prendre connaissance des dispositifs auxquels ils sont éligibles pour accéder aux logements sociaux et intermédiaires, pour louer dans le parc privé ou pour accéder à la propriété.
Je tiens aussi à vous annoncer le lancement d’une mission interministérielle, pilotée par la direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP), pour développer de manière transversale l’offre de logements et mutualiser l’offre existante en mobilisant davantage le foncier public et en amplifiant les partenariats avec les acteurs du logement social.
L’accès au logement est un enjeu majeur pour l’attractivité de la fonction publique et un facteur déterminant pour permettre à l’État, aux collectivités et aux hôpitaux de recruter et de fidéliser leurs agents, notamment dans les territoires les plus denses ou les plus isolés. Il y va de la continuité et de l’efficacité de l’action publique.
Nous entamons l’étude de ce texte à une heure tardive, mais j’espère que la représentation nationale pourra reprendre prochainement sa discussion et le voter. Monsieur le rapporteur, vous pouvez compter sur le soutien du gouvernement, en particulier sur le mien, pour aller au bout de cet examen. Nos agents publics l’attendent et le méritent.

 

Sophie Primas (ministre déléguée auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement)
> [Transformation de bureaux en logements / Intervention à l’Assemblée] Savoir innover, repenser nos modèles pour apporter des réponses concrètes aux défis contemporains, c’est l’ambition du texte présenté par Romain Daubié à la fin de l’année 2023. Un an et demi plus tard, le Parlement a enfin l’occasion de transformer cet essai et de parachever le travail très sérieux mené par les deux chambres pour renforcer les dispositions de ce texte. Vous savez tous à quel point il est attendu.
Que de défis représentent ces 9 millions de mètres carrés de bureaux vacants, dont plus de 5 millions en Île-de-France, l’une des zones les plus denses et tendues d’Europe ! Alors que la rareté du foncier et la hausse des coûts de construction obèrent la production de logements neufs, 10 à 20 % des immeubles de bureaux sont inoccupés. Nous ne pouvons nous y résoudre ; nous devons agir pour que nos villes répondent mieux aux besoins et aux attentes légitimes des Français.
La transformation de bureaux en logements n’est plus un tabou, ni une utopie : c’est un des leviers concrets pour lutter contre la crise du logement dans les grandes métropoles. Il nous faut agir sur trois leviers.
Premier levier : lever les freins réglementaires à la transformation de bureaux en logements. C’est la philosophie de ce texte, qui complète utilement des outils prévus par la loi du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique, dite Elan. Il sera désormais possible de déroger au plan local d’urbanisme pour autoriser ces projets de transformation, ce qui fera gagner de précieux mois. En outre, les résidences étudiantes bénéficieront désormais d’un bonus de constructibilité.
La ministre en charge du logement, Valérie Létard, a souhaité prolonger ces travaux en lançant en mars dernier un groupe de travail chargé d’identifier et de lever de nouveaux obstacles à la transformation des bureaux, notamment en matière de normes de construction. Ce groupe rendra ses conclusions à l’automne.
La proposition de loi Huwart prévoit également plusieurs dispositions visant à faciliter la surélévation et la construction de logements.
Deuxième levier : adapter notre droit, nos outils et nos modèles à la ville de demain, plus évolutive et plus diverse dans ses usages. Je salue l’approche innovante de l’Assemblée nationale, avec la création de ce permis à destinations multiples, inspiré de la technique du permis à double état, conçu pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2024.
Grâce à l’autorisation anticipée de changement de destination, il sera possible de concevoir des bâtiments évolutifs ou réversibles, prévus dès l’origine pour plusieurs usages successifs. Cette importante avancée réduira la charge administrative pour les porteurs de projet et les impacts environnementaux liés à la démolition ou à la reconstruction.
Nous devons appliquer cette approche innovante au modèle économique de la transformation des bureaux en logements. Aujourd’hui, il est difficile de financer ces opérations –⁠ qui coûtent 30 % de plus que la construction neuve – et dassurer le portage des actifs, malgré le soutien de la Banque des territoires et de la détermination des acteurs, comme Action Logement ou l’établissement public foncier d’Île-de-France, que je tiens à saluer.
C’est pourquoi la ministre en charge du logement a mis en place un second groupe de travail, qui planche sur les modèles de financement et de fiscalité pour proposer des solutions innovantes. Avec son soutien, le préfet de la région Île-de-France a lancé un appel à manifestation d’intérêt, visant à accompagner plusieurs de ces projets, de leur émergence jusqu’à leur mise en œuvre concrète.
Le retour d’expérience permettra d’améliorer les pratiques et, surtout, de convaincre les financeurs de la pertinence de ces transformations. En effet –⁠ troisième levier –, il sagit de poursuivre leffort de conviction en faveur des financeurs mais aussi des élus locaux et des habitants. Transformer des bureaux en logements peut faire peur ; il faut accompagner et rassurer tous les acteurs.
Le texte de Romain Daubié apporte des réponses très pertinentes, notamment la possibilité pour les collectivités de soumettre à taxe d’aménagement ces opérations, afin de mieux financer les investissements publics nécessaires en parallèle.
L’exonération de taxe sur les bureaux vacants lorsqu’une opération de conversion est déclenchée sera une incitation supplémentaire. C’est pourquoi Valérie Létard a défendu l’inscription immédiate de ces mesures de bon sens dans la dernière loi de finances. Elles sont désormais en vigueur.
Le gouvernement est optimiste quant à la dynamique de transformation des bureaux en logements. Toutefois, nous savons qu’elle ne sera pas la solution partout, ni la solution à tout. Ainsi, il faut apporter des solutions aux territoires ruraux, où la rénovation du bâti ancien et l’amélioration du parc social sont des enjeux majeurs.
Enfin, nous ne répondrons pas à la crise du logement uniquement par la résorption de la vacance. La reprise de la production de logements neufs est indispensable.
Valérie Létard est donc déterminée à travailler avec vous, dans l’hémicycle, lors de l’examen du prochain projet de loi de finances, ainsi qu’avec les professionnels sur le terrain, pour mener à bien de grands chantiers –⁠ le statut du bailleur privé, la fiscalisation de la construction, le renforcement du financement du logement social.
Nous souhaitons que le vote de ce texte soit la première pierre de la relance du logement, composante majeure de notre vitalité économique territoriale, et surtout première composante du pouvoir dachat des Français. Une telle relance est donc impérative.

 

Yannick Neuder (ministre délégué auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargé de la Santé et de l’Accès aux soins)
> [Lutte contre le cancer] Sans présager des décisions du Parlement sur le prochain budget, le gouvernement n’a aucune intention de limiter les crédits alloués à la recherche sur le cancer. Deuxièmement, il compte bien favoriser la prévention –⁠ le meilleur traitement étant celui que lon nadministre pas, surtout si lon pense à toutes les séquelles possibles. Nous avons intérêt à agir au plus précoce ; le diagnostic en dépend.

 

Véronique Louwagie (ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargée du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et moyennes entreprises et de l’Economie sociale et solidaire)
> Garantir un cadre fiscal stable pour les microentrepreneurs et les petites entreprises / Intervention à l’Assemblée] Nous abordons ce soir un sujet d’apparence technique, mais dont les enjeux économiques et politiques sont bien réels : celui de la franchise en base de TVA. Je tiens à le dire dès à présent, ce sujet mérite mieux que des caricatures.
Il mérite mieux qu’un faux débat, opposant d’un côté les défenseurs des autoentrepreneurs et de l’autre un gouvernement qui voudrait affaiblir leur statut. Ce n’est pas notre volonté et ce n’est pas la réalité.
Notre démarche ne vise pas à remettre en cause un statut qui a prouvé son utilité. Le gouvernement reste profondément attaché au régime des autoentrepreneurs. Il s’agit d’un outil essentiel pour accompagner l’initiative individuelle, pour faciliter l’insertion professionnelle et pour encourager la création d’activité.
Ce régime concerne aujourd’hui plus de 2,5 millions d’acteurs économiques. Il offre un point d’entrée dans la vie entrepreneuriale et un levier d’autonomie.
Permettez-moi de le redire avec force : la réforme de la franchise en base de TVA adoptée dans la loi de finances pour 2025 ne remet pas en cause ce régime. Elle ne modifie ni les conditions d’accès au statut, ni la fiscalité des revenus, ni le régime social des microentrepreneurs. Elle ne supprime aucun droit et aucune protection, aucune incitation à entreprendre.
Elle vise seulement à revoir un mécanisme fiscal spécifique, selon lequel la TVA n’est pas appliquée en deçà d’un certain niveau de chiffre d’affaires. Pourquoi avoir engagé cette réforme ? Parce que le dispositif de franchise en base de TVA, dans sa forme actuelle, montre aujourd’hui ses limites.
Les seuils appliqués en France –⁠ jusqu’à 85 000 euros pour les biens – sont parmi les plus élevés en Europe. Cette situation crée des distorsions de concurrence et complique le fonctionnement du marché. Dans certains secteurs, comme celui du bâtiment, ces seuils élevés créent un avantage compétitif difficile à justifier.
Un microentrepreneur non assujetti à la TVA peut facturer moins cher que son concurrent qui y est soumis, à même niveau de qualité et de service. Cette situation compromet la loyauté de la concurrence, suscite des tensions sur le terrain et affaiblit la cohésion du tissu professionnel.
Au-delà de cet enjeu sectoriel, il y va de la lisibilité du système. Aujourd’hui, le régime comprend quatre seuils différents, ce qui est source de confusion pour les entrepreneurs et les clients. Cette complexité n’est plus tenable.
L’évolution du système de la franchise faisait l’objet d’échanges avec les fédérations professionnelles depuis plusieurs années. Elle avait par exemple été discutée lors des assises de la simplification de novembre 2023.
La temporalité et les modalités d’adoption de cette réforme –⁠ inscrite dans la loi de finances pour 2025 – ont cependant suscité des interrogations, et la motion de censure na pas aidé.
Labaissement du seuil résulte cependant dun processus parlementaire, marqué par de nombreuses propositions damendements, provenant de multiples groupes politiques, lors de lexamen du PLF par lAssemblée nationale à lautomne dernier. Il a ensuite été adopté par le Sénat et n’a pas été remis en cause par la commission mixte paritaire (CMP). Des votes ont donc eu lieu.
Nous avons, comme vous, entendu les inquiétudes exprimées par les acteurs concernés une fois cette réforme adoptée. Pour cette raison, le gouvernement a pris une décision claire dès le mois de février : celle de suspendre la réforme, d’ouvrir une concertation large et d’engager un dialogue avec les fédérations professionnelles et les parlementaires.
Ce cycle de concertation, je l’ai mené avec méthode. J’ai rencontré près d’une cinquantaine d’organisations représentatives et j’ai échangé avec chacun des groupes parlementaires de cette assemblée, à plusieurs reprises, au sein du ministère de l’économie et des finances.
Ces moments d’écoute ont révélé la complexité du sujet et l’hétérogénéité des points de vue exprimées. Aucune position unanime ne s’est imposée à ce stade : il n’y a ni adhésion massive ni rejet catégorique.
Les points de vue exprimés sont multiples et parfois divergents. Certaines fédérations, qui se sont manifestées auprès de vous, plaident pour une application rapide du nouveau seuil de 25 000 euros. D’autres, qui se sont également fait connaître, demandent le retour des anciens seuils. D’autres encore appellent à une refonte plus large du dispositif, avec un certain nombre de solutions alternatives aux deux propositions exposées.
Toutes les positions, même celles qui sont opposées, doivent être prises en compte. C’est dans cet esprit d’écoute et de responsabilité que nous souhaitons aborder les débats de ce soir et le prochain projet de loi de finances, dont l’examen nous fournira la meilleure occasion de trancher la question.
Pourquoi ce choix ? Parce que nous devons pouvoir nous reposer sur de nouvelles données solides. Parce que les consultations ont soulevé des questions nombreuses et ont montré le besoin de mesurer mieux les impacts concrets de ces seuils, secteur par secteur.
À l’issue de cette concertation, nous avons tiré un constat simple, dont j’ai fait état devant vous : les conditions d’une application immédiate de la réforme n’étaient pas réunies.
Parce qu’il faut aborder ce sujet dans un cadre beaucoup plus large, nous avons décidé, avec les ministres Éric Lombard et Amélie de Montchalin, de prolonger la suspension de la réforme jusqu’à la fin de l’année 2025.
Je remercie le rapporteur Paul Midy pour la présente proposition de loi, qui témoigne de l’intérêt de cette assemblée pour ce sujet et du souhait, partagé, d’apporter une sécurité juridique et des réponses au plus vite. Je formule le souhait que la discussion de ce soir puisse continuer à enrichir notre réflexion collective et contribuer à l’élaboration, à l’automne prochain, d’une réforme construite dans le cadre du projet de loi de finances pour 2026.
Il est important de rappeler que le sujet de la franchise de TVA ne concerne pas que les microentreprises : seuls deux tiers des entreprises qui en bénéficient sont régies par ce statut.
Nous voulons une réforme résolument équilibrée, qui ne pourra donc pas consister en un retour aux règles antérieures. Nous devons protéger les secteurs les plus exposés à la concurrence, comme celui du bâtiment. Chacun peut comprendre que la différence de traitement fiscal entre un artisan soumis à la TVA et un microentrepreneur qui ne la facture pas est source de tensions. Nous devons y remédier.
Une réforme équilibrée devra également viser à simplifier le dispositif en réduisant le nombre de seuils. Je vous crois tous attachés à la simplification ; nous y sommes tous attachés. Or les quatre seuils du régime actuel génèrent de la confusion. La simplification ne doit cependant pas se faire au détriment des plus petits acteurs, notamment dans les services. Nous l’avons constaté lors de la concertation : nous devons trouver le bon niveau.
La réforme sera également équilibrée au regard de ce qui se pratique chez nos voisins : en Allemagne et en Belgique, le seuil est de 25 000 euros ; il est de 20 000 aux Pays-Bas, tandis qu’il est nul en Espagne. Maintenir un seuil très élevé en France permettra aussi à des prestataires étrangers de proposer des services exonérés de TVA sur notre sol. Parce qu’un tel dispositif n’est pas neutre, il mérite que nous en mesurions ensemble les implications.
Bref, le projet de loi de finances nous offrira le bon tempo et dotera les entreprises de la visibilité nécessaire. Il sera l’occasion d’un débat, appuyé sur de nouvelles données sectorielles et des projections budgétaires actualisées. Nous ne cherchons donc pas à clore le débat aujourd’hui, bien au contraire : nous nous engageons à revenir devant vous à l’automne prochain avec une proposition construite, enrichie des réponses aux questions soulevées lors de la concertation et de la discussion de ce soir, afin de mieux prendre en compte les réalités économiques, de répondre aux inquiétudes des acteurs concernés et, finalement, d’éclairer vos choix.
Examiner une telle proposition dans le cadre du PLF sera moins incertain que de le faire à l’occasion de ce texte, ne serait-ce que parce que le Sénat préfère procéder ainsi et que le calendrier parlementaire ne permet pas de faire autrement. Nous avons pour objectif de trouver ensemble une solution juste, claire et durable. Je réponds ainsi favorablement à votre demande de travailler en commun, monsieur le rapporteur. Le gouvernement reste ouvert, à l’écoute, prêt à travailler avec vous.

> [Lutte contre l’ultra fast-fashion /Intervention au Sénat] mesdames, messieurs les sénateurs, vous examinez aujourd'hui une proposition de loi particulièrement importante. Elle est une pierre apportée à un édifice que nous bâtissons, ma collègue Agnès Pannier-Runacher et moi-même, ainsi que tout le Gouvernement et le Parlement.
Cet édifice vise à protéger notre planète, nos commerçants, nos enfants et nos petits-enfants contre certaines pratiques mises en œuvre par des plateformes d'e-commerce, parfois étrangères.
Cette proposition de loi représente un outil utile et inédit pour lutter contre l'ultrafast fashion, ou la mode ultra-express. Il s'agit non pas, bien entendu, d'interdire le fait de vendre un grand nombre de produits, mais bien de rappeler que cela ne peut être fait en toute impunité quand ces ventes s'accompagnent de pratiques commerciales et industrielles qui affectent notre environnement et notre tissu économique et social.
L'objectif initial sous-tendant ce texte, comme vous le savez, est de s'assurer que la production et la consommation de textiles soient compatibles avec le respect de l'environnement. Telle est notre ambition, notamment en limitant la technique consistant à inonder le marché de produits neufs, vendus à très bas coût et qui finissent dans les décharges, sur les plages ou incinérés.
Dans ce cadre, cette proposition de loi permet, d'une part, d'imposer une pénalité financière sur les produits issus de ces pratiques, et, d'autre part, de renforcer l'information du consommateur. Dans sa version initiale, elle limitait également la possibilité de promouvoir ces marques et techniques via la publicité. Nous défendrons, lors de la discussion des articles, un retour à cette interdiction large.
L'impact environnemental de la mode ultra-express est désormais connu de tous. Il est cent fois supérieur pour le fret aérien que pour le fret maritime. En effet, lorsque vous multipliez les petits colis et incitez les clients à surconsommer, vous augmentez bien entendu le trafic aérien. Cela se voit dans le nombre de colis importés, qui a doublé entre 2020 et 2022 et de nouveau entre 2022 et 2024. Ainsi, pas moins de 4,5 milliards de colis sont entrés dans l'Union européenne en 2024, un nombre qui atteindra probablement 6 milliards en 2025 et en 2026.
Lorsque les produits s'usent vite, comme c'est le cas avec la mode ultra-express, ils sont jetés. Lorsqu'ils sont extrêmement peu chers, ils ne sont pas réparés. Ainsi, la mode ultra-express incite à acheter un grand nombre de produits textiles, parfois même à l'aveugle, car si au final ils ne plaisent pas, leur abandon ne coûte pas cher.
Voilà pourquoi, par exemple, la principale plateforme concernée met en ligne 7 000 nouveaux produits chaque jour – oui, chaque jour ! C'est ce qui explique qu'elle ait 900 fois plus de références qu'une enseigne française traditionnelle.
Cette technique, qui crée de faux besoins, qui agit psychologiquement sur le désir de consommer et qui amène à produire des quantités astronomiques d'articles, met en danger notre planète. Je n'ai pas besoin de rappeler les autres données chiffrées qui concernent l'impact environnemental du secteur du textile fabriqué à l'étranger, car ma collègue Agnès Pannier-Runacher vient de le faire.
Par ailleurs, à cette visée vertueuse de protection de l'environnement, se sont ajoutés depuis quelques mois d'autres objectifs, d'intérêt général.
Lutter contre la mode ultra-express, c'est aussi lutter contre des pratiques commerciales déloyales, agressives et parfois trompeuses, qui viennent ruiner nos commerçants, fragiliser les consommateurs et trouer notre tissu social.
Nous disons oui à la concurrence, mais celle-ci doit être loyale, en permettant aux entreprises d'utiliser les mêmes armes et de se tenir sur la même ligne de départ. Or, depuis quelques années, nous assistons à une croissance exponentielle de quelques plateformes étrangères de commerce en ligne qui semblent loin de respecter nos règles.
En utilisant des modes de commercialisation qui trompent le client, voire le piègent, en créant chaque jour des milliers de nouvelles références, en trichant parfois sur la sécurité et la conformité des produits et en faisant un usage louche des données personnelles, certaines plateformes mettent en danger notre économie, notre secteur textile et nos commerçants.
Là encore, les chiffres doivent susciter une vraie prise de conscience. Ma collègue Pannier-Runacher l'a rappelé, près d'un quart des colis traités par La Poste proviennent de deux plateformes étrangères, contre seulement 5 % il y a cinq ans. L'an dernier, 800 millions de colis de moins de 150 euros sont entrés en France et 90 % d'entre eux provenaient d'un seul pays.
L'une de ces plateformes a le même chiffre d'affaires qu'un grand acteur français du textile, mais sans les 350 magasins qui vont avec. À elles seules, les deux principales plateformes de fast fashion ont une part de marché déjà supérieure au plus gros acteur textile physique que nous connaissons. Nous devons donc agir, et vite !
Le Gouvernement, qui a déjà tiré la sonnette d'alarme, est pleinement mobilisé sur ce sujet. Grâce aux actions de la société civile, des collectifs, des fédérations de professionnels et des parlementaires, une prise de conscience est en train de naître.
Je disais, il y a quelques minutes, que cette proposition de loi était la brique d'un édifice plus large. En effet, pour protéger nos commerçants, nous devons affronter tous les problèmes en même temps. Nous devons agir à tous les niveaux, sur toutes les strates et à tous les étages. Le présent texte aborde le sujet de la publicité et du faible prix, ce qui est une très bonne chose.
N'oublions pas que les autres pays, inquiets eux aussi, nous observent. Dans ces conditions, nous menons une action tous azimuts. C'est pourquoi le Gouvernement a procédé à plusieurs annonces, le 29 avril dernier.
Premièrement, nous nous engageons à tripler les contrôles menés sur les plateformes de fast fashion par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Je rappelle qu'un seul contrôle peut parfois entraîner le retrait de milliers de références.
Deuxièmement, nous proposons un meilleur ciblage, afin de concentrer nos effectifs sur les risques les plus importants. Les moyens de la DGCCRF n'étant pas illimités, nous devons cibler nos efforts sur les acteurs qui présentent les risques les plus élevés. Si un manquement est commis par un commerçant, nous vérifierons systématiquement s'il n'est pas commis aussi sur les plateformes précitées.
Troisièmement, nous systématisons la transmission d'informations entre les douanes et la répression des fraudes, ce qui nous permettra de gagner en vitesse de réaction.
Quatrièmement, la France a pris l'engagement d'être particulièrement proactive à l'échelon européen, pour mobiliser les autres États dans des enquêtes transnationales. En effet, il est clair que nous ne pourrons pas agir seuls ; d'où le sens de cette démarche.
Je rappelle d'ailleurs que la vaste enquête annoncée par la Commission européenne, il y a quelques jours, doit beaucoup aux services de contrôle français, surtout la DGCCRF. J'en profite pour remercier l'ensemble de ses agents qui, quotidiennement, travaillent à atteindre les objectifs que cette direction a fixés. Cette enquête a réuni quatre pays et a permis d'engager une action contre une plateforme étrangère.
Cinquièmement, nous travaillons, à l'échelon européen, à mettre fin à l'exonération de droits de douane pour les colis de moins de 150 euros et à instituer des frais de gestion pour les colis qui traversent notre frontière.
La Commission européenne a formulé des annonces en ce sens il y a quelques jours, grâce à la forte mobilisation de notre gouvernement.
Bien sûr, la liste des grandes enseignes qui ont fermé ces derniers temps n'est pas uniquement liée à la mode ultra-express. Il n'empêche que, pour nombre d'entre elles, le développement fulgurant des grandes plateformes a été le coup de grâce.
Il est inadmissible que les acteurs physiques du textile, qui créent des emplois, animent nos centres-villes et paient leurs impôts, croulent sous des règles et des normes dont certains concurrents se jouent.
Comme je le disais, nous sommes observés à la fois par les acteurs du textile, par les pays voisins et par ces plateformes.
Je tiens sincèrement à remercier les députés Anne-Cécile Violland et Antoine Vermorel-Marques, ainsi que la rapporteure du Sénat pour ce texte, Sylvie Valente Le Hir.
Mesdames, messieurs les sénateurs, le travail essentiel que vous avez réalisé et que vous allez poursuivre dans quelques minutes constitue une étape importante pour doter la France d'une batterie de mesures utiles et efficaces.

 

Valérie Létard (ministre déléguée auprès du ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, chargée du Logement)
> [Accès au logement pour les travailleurs des services publics / Intervention à l’Assemblée] Mon collègue Laurent Marcangeli l’a exposé : dans les zones tendues, les agents publics sont confrontés à de grandes difficultés pour se loger à proximité de leur lieu d’emploi. Je pense en particulier aux agents qui travaillent à des horaires décalés ou assurent des astreintes et dont les missions sont essentielles aux services publics de notre quotidien –⁠ dans les domaines de la santé, des transports, de la sécurité et dans bien dautres.
Mon premier message sera de rappeler que mon objectif est dapporter une réponse globale à la crise du logement et de répondre aux besoins de tous. Cela passe d’abord par une augmentation des capacités de production de logements dans toutes les zones qui connaissent des tensions. Nous avons pris plusieurs mesures en ce sens : l’extension du prêt à taux zéro (PTZ), qui doit aider à solvabiliser la demande ; la baisse de la réduction de loyer de solidarité (RLS), qui vise à accroître la production de logements sociaux ; l’aide aux maires bâtisseurs, qui décolle, puisqu’elle a déjà été demandée par quarante-sept communes. Nous devons poursuivre ce travail en relançant l’investissement locatif. J’espère que vous serez à mes côtés pour ce faire, car c’est une réponse essentielle et complémentaire au développement du parc de logement social.
Cela dit, nous devons être très attentifs aux difficultés particulières comme celles que vous avez identifiées concernant les agents publics, monsieur le rapporteur –⁠ jen profite pour saluer à mon tour limportant travail que vous avez réalisé. Quand le logement d’un fonctionnaire est trop éloigné, ce sont, au-delà de son cas propre, tous les usagers du service public qui en pâtissent. J’adhère donc à votre démarche de faire du logement un pilier de la résilience et de la pérennité de nos services publics.
Toutefois, pour qu’elle porte des fruits positifs, cette démarche doit finement cibler les agents publics qui sont en première ligne. C’est pour cela que, à l’occasion de l’examen de votre amendement de réécriture de l’article 1er, que le gouvernement soutiendra, je préciserai l’importance, dans la suite de la navette, d’étudier précisément le cas des salariés des entreprises publiques. Le risque collectif est que, partant d’une intention louable, nous mettions en péril la mutualisation mise en place, depuis plus de soixante-dix ans, au sein du groupe Action logement. Cette mutualisation a montré sa force et sa résilience, avec 800 000 salariés aidés à nouveau l’an passé dans l’accès au logement social, à la propriété et au parc locatif privé. Nous ne pouvons pas nous permettre de fragiliser cet outil et je sais que ce souci est largement partagé sur ces bancs, même si nous souhaitons tous atteindre les objectifs fixés par le texte.
Tout comme Action logement accompagne les salariés, nous devrons veiller à accompagner soigneusement les agents publics qui souscriraient à la clause de fonction. L’information annuelle proposée par le député Echaniz est peut-être trop régulière mais une information à chaque renouvellement de bail me semble une politique transparente. Je suis également sensible à la possibilité, pour un agent public locataire, de lever sa clause de fonction au bout d’un certain nombre d’années de service, d’autant que cette clause ne doit pas rigidifier le marché de travail, au risque de freiner la mobilité professionnelle, la productivité et la croissance.
Cette démarche ne doit pas non plus conduire à mettre différents publics en concurrence dans l’accès au logement. C’est pour cela que la politique du logement doit d’abord être celle de la production de nouveaux logements et que le soutien parlementaire à cette cause est essentiel. C’est aussi pour cela que le gouvernement soutiendra l’amendement de M. le rapporteur à l’article 2, visant à bien expliciter l’absence d’impact, sur les contingents de l’État et des collectivités, du déplafonnement des contingents réservés aux propriétaires publics de fonciers mis à disposition pour construire de nouveaux logements. Cette démarche n’est en effet vertueuse que si elle permet de produire de nouveaux logements. L’article 1er devra donc être clarifié dans le cadre de la navette pour ne s’appliquer qu’aux contreparties financières ou foncières qui seront données à la suite de la promulgation de la loi.
C’est aussi le sens de l’amendement à l’article 3, tendant à ce que les exceptions à la gestion en flux ne s’appliquent qu’aux nouvelles conventions de réservation. Il sera d’ailleurs utile que la navette détaille le cadre des négociations de ces conventions, par exemple pour garantir le maintien de contingents non réservés et l’information des élus locaux sur ce point, ou pour intégrer des critères sur les distances emploi-logement pour certains emplois stratégiques.
Cette proposition de loi va dans le bon sens car elle permettra de mobiliser davantage de ressources des employeurs, davantage de fonciers publics et de financements pour construire plus rapidement des logements au bénéfice des agents qui œuvrent au quotidien pour les services publics. Mesdames et messieurs les députés, ce texte est révélateur des fortes attentes de nombre de Français en matière de logement. Ce soir, nous aurons commencé à répondre à une partie de ces attentes. Vous pouvez compter sur ma mobilisation et celle de l’ensemble du gouvernement pour poursuivre le travail global et structurel de réponse à la crise que nous traversons.

 

► Assemblée nationale 
Yaël Braun-Pivet (présidente) 
> La séance est ouverte ! Bienvenue aux jeunes citoyens du Parlement des enfants venus échanger et travailler sur les enjeux de la protection marine. Ceux qui façonneront demain, aujourd'hui en action. Bravo !

 

► Partis politiques 
● Renaissance 
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Gabriel Attal (député, secrétaire général de Renaissance, président du groupe Ensemble pour la république à l’Assemblée nationale)
> A Puget-sur-Argens, un homme est mort assassiné, victime de la haine raciste. Cet homme, c’est Hichem Miraoui. Coiffeur, voisin, habitant apprécié de tous. Son assassinat est une insulte aux valeurs de notre pays. Cette insulte nous meurtrit tous. Mes pensées vont à ses proches, à tous les habitants de sa commune et à tous ceux qui l’ont côtoyé.

 

Sylvain Maillard (député) 
> [Réhabilitation de Dreyfus / Intervention à l’Assemblée] Madame la présidente, madame la ministre, monsieur le président de la commission, monsieur le rapporteur, chers collègues, chère famille Dreyfus, nous examinons une proposition de loi, déposée par Gabriel Attal, qui vise à réparer l’injustice que subit Alfred Dreyfus il y a plus d’un siècle, à son retour du bagne, et qui enraya irrémédiablement sa carrière d’officier : les années qu’il avait passées sur l’île du Diable ne furent pas prises en compte dans la reconstitution de sa carrière, ce qui l’empêcha d’atteindre le grade de général de brigade qui aurait dû, au regard de sa formation et de ses états de service, lui revenir. Ainsi, à l’infamie qui s’abattit sur lui pendant les années où il fut réputé traître, sur le fondement de préjugés antisémites et de documents falsifiés, s’ajouta l’injustice de voir sa carrière militaire irrémédiablement compromise du fait d’une affaire dont il était pourtant la victime principale. De son vivant, Dreyfus lui-même pointa d’ailleurs cette injustifiable inégalité de traitement et demanda qu’il y soit mis fin, sans succès.
Aussi, en conférant au soldat Alfred Dreyfus le rang de général de brigade, cette proposition de loi entend-elle revenir sur l’écueil qui fonda cette inégalité de traitement dans la loi de réhabilitation du 13 juillet 1906. En accomplissant ce geste, notre hémicycle s’inscrira dans la longue tradition de notre République, qui s’est toujours efforcée, face à l’histoire, de reconnaître les torts subis par ses citoyens lorsqu’ils étaient de son fait et d’honorer ceux d’entre eux qui, par leur dévouement ou leur action, l’ont servie ou honorée, en faisant vivre ses valeurs. Or Alfred Dreyfus, par son sens de l’honneur, sa fidélité aux valeurs militaires et républicaines, l’abnégation dont il fit preuve en s’efforçant de laver son nom et de faire reconnaître sa loyauté constante envers sa patrie, a indéniablement fait vivre les valeurs de notre République.
J’entends les craintes d’une récupération politique de l’affaire Dreyfus qui s’expriment sur certains de ces bancs. Pour l’éviter, prenons cette proposition de loi pour ce qu’elle est : la correction d’un tort historique fait à Alfred Dreyfus sur les bancs de cette même assemblée. Il ne s’agit pas ici de rouvrir les blessures du passé ou de le travestir, en usant de cette mémoire à des fins polémiques ou bassement politiciennes. Il s’agit au contraire d’atteindre l’objectif que s’était assigné, dans son principe, la loi de 1906 : sortir de l’affaire Dreyfus par le haut, en honorant les états de service d’un officier français droit et intègre, un officier qui n’hésita pas, à 55 ans, à reprendre l’uniforme pour défendre sa patrie lors de la première guerre mondiale, malgré toutes les souffrances qu’il avait pu endurer à son service.
Bien sûr, voter ce texte ne fera pas baisser, encore moins disparaître, l’antisémitisme et les préjugés ignobles qu’aujourd’hui comme hier, cette haine colporte, à commencer par le supposé manque de patriotisme dont nos concitoyens juifs sont ignoblement accusés –⁠ on a pu regretter jusque dans cet hémicycle que ce préjugé continue de fleurir.
Voter ce texte ne rachètera ni les mots, ni les actions que nous avons pu voir proférer et commettre, lors des dernières décennies comme dans un passé plus récent, et qui heurtent nos valeurs de vivre-ensemble.
Voter ce texte, ce nest pas refaire lhistoire de lAffaire, ni effacer la tache indélébile quelle a laissée sur notre histoire nationale et qui nous oblige à toujours plus de constance, à toujours plus de recul critique et à toujours plus d’attachement à faire vivre nos valeurs républicaines. Non, nous n’effacerons pas le passé en votant cette proposition de loi, mais nous le regarderons en face avec gravité et courage pour mieux ancrer l’idéal républicain dans le présent.
Si notre groupe Renaissance votera bien entendu cette proposition de loi, j’invite également l’ensemble des groupes a voté en faveur de son adoption afin que nous puissions ensemble rendre vivants ces quelques mots qui sont porteurs de tant de sens pour la mémoire d’un homme comme pour notre mémoire collective : « La nation française [éprise de justice et qui n’oublie pas] élève, à titre posthume, Alfred Dreyfus au grade de général de brigade. »

 

David Amiel (député)
> [Accès au logement pour les travailleurs des services publics / Intervention à l’Assemblée] « Je suis deux fois en prison : dans la journée, quand je travaille ; le soir, quand je rentre chez moi. » Voilà ce que m’a dit un agent pénitentiaire de la prison de la Santé.
Les travailleurs indispensables au bon fonctionnement de nos services publics –⁠ des aides-soignantes aux enseignants, des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) aux surveillants pénitentiaires et aux policiers – ne parviennent plus à se loger convenablement dans bien des endroits de nos territoires.
Face à la flambée des prix, nombre d’entre eux qui voient leur pouvoir d’achat amputé sont contraints d’accepter plusieurs heures de trajet quotidien et, exténués, finissent souvent par jeter l’éponge. Évidemment, nos agents publics ne sont pas les seuls touchés par la crise du logement. Néanmoins, les exigences spécifiques au secteur public appellent des mesures d’urgence.
D’abord, contrairement au secteur privé, ils ne bénéficient d’aucun dispositif équivalent à Action logement. Ensuite, l’impossibilité pour les agents publics de se loger décemment menace l’avenir même de nos services publics : nos écoles, nos crèches, nos hôpitaux ne parviennent plus à recruter.
La proposition de loi que je vous soumets part du terrain : elle se nourrit de plus de 200 auditions de tous ceux –⁠ employeurs, organisations syndicales, collectivités, acteurs du logement – qui, à travers le pays, multiplient les initiatives en faveur du logement des travailleurs du service public, mais qui butent sur une législation archaïque. Par ce texte, nous entendons soutenir ces initiatives sans opposer les travailleurs les uns aux autres –⁠ je le souligne –, sans déshabiller Pierre pour habiller Paul. Toutes les mesures proposées dans ce texte visent à soutenir la production de logements supplémentaires, non à changer l’ordre d’une file d’attente déjà trop longue.
Cette proposition de loi a été enrichie par le travail en commission et par des échanges constructifs avec les différents groupes parlementaires, que je remercie. Deux articles ont ainsi été ajoutés au texte.
L’article 1er de la proposition de loi vise à augmenter l’offre de logements de fonction pour les agents publics en permettant leur réalisation sous le statut du logement social. Cette possibilité, qui existe pour l’État, est fermée aux collectivités territoriales, aux hôpitaux et aux entreprises de service public, alors que ces acteurs contribuent de la même manière au service public et font face aux mêmes difficultés.
Concrètement, l’employeur public qui apporterait des financements supplémentaires aux bailleurs sociaux, dans le cadre d’une convention de réservation, disposerait d’un parc de logements qu’il pourrait proposer à ses agents en raison de leur fonction. Ceux-ci rendraient les logements s’ils venaient à changer de métier, pour en faire bénéficier leurs successeurs. Autrement dit, nous proposons d’étendre une possibilité existante pour répondre aux besoins urgents des aides-soignantes, des infirmières, des personnels des crèches, des fonctionnaires des collectivités territoriales et des salariés des entreprises publiques de transport.
L’article 2 tend à inciter les administrations publiques à céder du foncier, avec décote, pour produire du logement, en leur permettant de disposer en échange d’un parc pour leurs agents auprès du bailleur concerné.
L’article 2  bis, ajouté en commission à l’initiative d’Inaki Echaniz et de ses collègues socialistes, permettra au maire qui attribue un logement à certains agents publics d’obtenir un droit de réservation équivalent ailleurs dans le département, sur le contingent du préfet.
L’article 3 exempte de la gestion en flux, instaurée par la loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (loi Elan), les réservations de certains logements sociaux attribués à des personnels exerçant des fonctions sensibles. C’est un débat un peu technique. Comme vous le savez, la gestion en flux ne permet pas aux employeurs publics de déterminer précisément la localisation des logements qu’ils réservent auprès des bailleurs sociaux. Il existe des exceptions : une gestion en stock est prévue pour certaines catégories d’agents publics, notamment les policiers et les métiers de la défense nationale, dès lors qu’ils seraient, dans certains quartiers, exposés à des menaces ou à des représailles. Mais il y a eu des oublis, que nous proposons de corriger ici. Je pense en particulier aux agents de l’administration pénitentiaire, que j’ai évoqués au début de mon propos.
L’article 3  bis, issu d’un amendement adopté en commission, offre une plus grande souplesse aux bailleurs sociaux logeant des agents publics, en exemptant de l’obligation de regroupement les bailleurs qui sont des filiales d’entreprises publiques.
Dans le prolongement de nos discussions sur la proposition de loi de notre collègue Romain Daubié visant à faciliter la transformation de certains bâtiments en habitations, l’article 4 tend à faciliter la construction de logements sur des parcelles réservées à des équipements publics. Actuellement, lorsqu’une personne publique dispose d’une surface qu’elle considère comme surdimensionnée, la reconversion de ce foncier en logements est parfois rendue impossible par le plan local d’urbanisme (PLU) ou nécessite la modification de celui-ci. Pour accélérer ces opérations, nous proposons de permettre aux communes de déroger au PLU.
L’article 5 prévoit une mesure de simplification : il s’agit d’autoriser les personnes publiques à déléguer à un mandataire privé la gestion technique et financière de leur parc locatif. Nous résoudrons ainsi une difficulté à laquelle s’était heurtée l’AP-HP en 2021, ce qui avait freiné les travaux de rénovation de son parc de logements.
L’article 6 demande au gouvernement de remettre un rapport sur les modalités de création d’un Action logement du service public. Les politiques menées en faveur du logement des agents sont très disparates, certains ministères ayant historiquement investi beaucoup plus que d’autres dans ce domaine. Il importe de remédier à ces inégalités et d’harmoniser la politique de l’État en la matière.
Nous n’arriverons pas ce soir au terme de l’examen de cette proposition de loi. Mais l’accueil réservé au rapport que j’avais remis, il y a plus d’un an, aux ministres Stanislas Guerini et Guillaume Kasbarian –⁠ ce rapport avait été salué par les organisations syndicales, par les employeurs, par les élus locaux et par tous les groupes politiques – ainsi que le vote massif du présent texte en commission commandent que nous prenions des mesures durgence.
Il est urgent d’agir pour nos services publics ; le temps presse. Je sais que nous trouverons avec le gouvernement et l’ensemble des parlementaires le temps nécessaire à la discussion du texte.
Les travailleurs du service public, ceux que nous avons applaudis à nos fenêtres il y a cinq ans, sont chassés silencieusement de nos villes.
Nous devons entendre leur détresse et répondre à leur besoin urgent de logement. Je sais pouvoir compter sur un large soutien de l’Assemblée nationale pour travailler sur la question.

 

Paul Midy (député)
> Garantir un cadre fiscal stable pour les microentrepreneurs et les petites entreprises / Intervention à l’Assemblée] Cette loi est très simple : elle doit permettre d’annuler la baisse, prévue dans la loi de finances pour 2025, des seuils de franchise en base de TVA applicables aux très petites entreprises et, en particulier, aux autoentrepreneurs.
Soyons clairs : cette mesure est mauvaise. Elle constitue un traquenard fiscal, car elle toucherait 200 000 autoentrepreneurs ou très petites structures, qui se verraient demander de payer 4 000 euros de taxes supplémentaires en année pleine. Rappelons qu’en moyenne, ces entrepreneurs se versent un salaire proche du smic et que la somme de 4 000 euros représente le montant moyen de l’impôt sur le revenu en France. Elle constitue un traquenard fiscal, car les seuils de TVA seraient appliqués au chiffre d’affaires de l’année précédente, ce qui empêcherait les autoentrepreneurs de piloter leur chiffre d’affaires en vue d’un maintien dans le régime simplifié d’imposition à la TVA, un régime que la moitié d’entre eux ont choisi.
Cette mesure est mauvaise, car elle s’attaque à des travailleurs souvent modestes. L’autoentrepreneuriat concerne 3,5 millions de Français ; il procure à la moitié d’entre eux leur emploi principal et à l’autre un emploi d’appoint. Ces compatriotes créent leur emploi, souvent après en avoir été privés, dans un territoire où il est difficile d’en trouver un.
Dans notre pays, sept entreprises sur dix sont créées sous le régime de la microentreprise, qui a formidablement démocratisé la création d’entreprises auprès des Français qui en étaient les plus éloignés –⁠ les femmes, les personnes issues de la diversité, les habitants des territoires ruraux ou des quartiers les plus modestes.
Ne mettons pas la tête de ces entrepreneurs, de ces modestes travailleurs, sous l’eau avec cette mesure.
Dès le début, les députés du groupe Ensemble pour la République, présidé par Gabriel Attal que je remercie pour son soutien, se sont beaucoup mobilisés –⁠ ainsi que nombre dautres collègues – contre cette réforme.
Je salue évidemment la mobilisation de la Fédération nationale des autoentrepreneurs (FNAE) et de lUnion nationale des autoentrepreneurs (UAE), mais également la suspension de cette mesure par le gouvernement, d’abord à titre temporaire, puis à titre définitif. Merci à la ministre Louwagie pour son écoute et pour cette décision.
Le texte que nous examinons aujourd’hui est important, car il est nécessaire d’inscrire l’annulation de cette mesure dans la loi. Comme vous le savez, ce n’est pas le gouvernement qui adopte le budget, mais le Parlement.
La proposition de loi tend donc à modifier le budget, pour revenir sur l’abaissement des seuils de franchise.
Bien que le gouvernement ait clairement annoncé l’annulation de cette mesure, l’insécurité juridique actuelle stresse des centaines de milliers d’autoentrepreneurs et en empêche beaucoup de dormir. Il est donc important de la voter et j’espère que c’est ce que nous ferons dans quelques minutes ou dans quelques heures.
Nous en avons déjà discuté, il faudra aller plus loin que cette proposition de loi. Le régime du microentrepreneuriat devrait, au lieu d’être un peu plus taxé, soutenu, développé et sécurisé. Il a permis de casser une barrière à la création d’entreprise et de démocratiser l’entrepreneuriat ; j’émets l’idée qu’il faut aller plus loin, en facilitant, après la création d’entreprises, l’embauche des premiers salariés. Pourquoi ne pas créer le régime de l’auto-TPE ?
Il faut ensuite distinguer deux aspects différents de la microentreprise. Le premier, c’est le développement du travail indépendant, qui répond aux aspirations de beaucoup de nos compatriotes. Il faut accompagner celles-ci, en sécurisant le travail indépendant et en lui donnant le bon cadre.
Le second, c’est le travail indépendant contraint ou l’autoentrepreuneriat subi, par certains travailleurs des plateformes par exemple. L’enjeu est de faire appliquer le droit, mais aussi de sécuriser et de renforcer les protections des travailleurs.
En bref, cette proposition de loi tend à revenir à l’état du droit tel qu’il était avant l’adoption du budget. Dans un deuxième temps, j’appelle à un travail commun sur le développement et la sécurisation du travail indépendant. Enfin, j’appelle le gouvernement à orienter son effort de maîtrise budgétaire non pas vers la création de nouvelles taxes ou impôts, mais vers la maîtrise des dépenses publiques.
Je remercie les organisations que nous avons auditionnées, les collègues présents à ces occasions et les collègues qui se sont mobilisés. Je remercie l’ensemble des collègues de la commission des finances, qui ont voté à l’unanimité pour cette proposition de loi. J’espère que nous serons capables d’en faire autant dans quelques minutes ou quelques heures, selon le déroulement de la soirée.

 

Charles Sitzenstuhl (député)
> [Réhabilitation de Dreyfus / Intervention à l’Assemblée] Madame la présidente de l’Assemblée nationale, je vous remercie de présider personnellement cette séance importante pour l’histoire parlementaire.
Madame la ministre, monsieur le président de la commission de la défense nationale et des forces armées, honorables collègues députés, chère famille Dreyfus qui vous trouvez en tribune, voilà que par le lent passage du temps, il est proposé à l’Assemblée nationale d’élever Alfred Dreyfus, à titre posthume, au grade de général de brigade.
En tant que rapporteur, je remercie la commission de la défense nationale d’avoir validé à l’unanimité cette proposition de loi déposée par Gabriel Attal, texte que je sais, dans le cœur, attendu par plusieurs d’entre vous sur ces bancs.
Je veux croire que, toutes et tous, nous mesurons le caractère particulier de ce débat. Par notre vote, la République va réparer l’erreur que l’officier Dreyfus dut subir en 1906 lorsque la loi le réintégrant dans les cadres de l’armée ne le rétablit pas au grade qui lui revenait de droit. Cette erreur ne fut en rien anecdotique puisqu’elle brisa définitivement sa carrière militaire alors que la justice venait tout juste de l’innocenter. Cette erreur resta une blessure pour l’honneur de ce soldat dont l’armée fut, toute sa vie durant, la vocation.
Alfred Dreyfus naît à Mulhouse en 1859. Il est un enfant de l’Alsace, cette si belle province du Rhin où fut écrit notre hymne national, terre qui donna tant de généraux à la Révolution puis à l’Empire ! Jeune garçon, il assiste à la défaite traumatisante de 1870. La famille, de vieille lignée alsacienne juive, opte pour la nationalité française et doit quitter sa terre ancestrale.
Élève brillant, il sort de Polytechnique en s’engageant dans l’artillerie et réussit son admission à l’École supérieure de guerre. Il y obtient la mention très bien, le brevet d’état-major et un classement excellent : neuvième sur quatre-vingt-un. Alfred Dreyfus a trouvé sa raison d’être : servir la France par son glaive. Il veut servir la glorieuse armée française, celle de Bouvines, Rocroi, Valmy, Austerlitz, cette armée qui finirait –⁠ il en rêvait – par laver la débâcle de Sedan.
Le jeune officier est remarqué pour son intelligence, son sérieux, son esprit méthodique, sa culture et une forme de discrétion. Il est un pur produit du cartésianisme à la française et de la méritocratie républicaine. Ce jeune officier d’élite est promis aux plus belles destinées.
Soudain, en 1894, dans une société électrisée par le nationalisme, lantisémitisme et la xénophobie sabat la terrible machination. Lui, qui était d’abord un Français, un officier français, la foule haineuse ne le voit plus qu’en juif. Ce sont les douze années de « l’Affaire » bien connue.
Le 12 juillet 1906, la Cour de cassation innocente Dreyfus : « de l’accusation (…), rien ne reste debout », écrivent les juges. La vérité judiciaire est dite.
Le lendemain, 13 juillet, ici même, la Chambre des députés adopte un projet de loi portant réintégration du capitaine breveté d’artillerie Alfred Dreyfus dans les cadres de l’armée, avec le grade de chef d’escadron, c’est-à-dire commandant.
C’est là que se noue le problème : il est réintégré en dessous du grade auquel il aurait pu prétendre. Il est encore pénalisé, amputé de cinq années d’avancement.
Très vite, il remarque la maldonne. Il semble, selon les historiens, que celle-ci soit d’abord une erreur administrative, fruit d’un malentendu. Si on s’activait pour obtenir la Légion d’honneur à Dreyfus –⁠ quil reçut dans une cérémonie émouvante à l’École militaire – on pensait quil ne continuerait pas sa carrière.
Or malgré la forfaiture organisée contre lui par quelques chefs indignes, Dreyfus veut toujours servir l’armée. Songez bien, mesdames et messieurs, chers collègues, ce que cette volonté de continuer à servir nous dit du sens du devoir, du courage et de la générosité des sentiments de cet officier. À l’issue d’une telle conspiration, quelle force d’âme et quel culte de l’armée faut-il avoir pour vouloir renfiler l’uniforme ! Souvenez-vous, c’était ça, Dreyfus ! Cet exemple de patriotisme qui s’écriait le matin d’hiver de son humiliante dégradation : « Vive la France ! Vive l’armée ! ».
En 1906 et 1907, il s’active en coulisse, pour tenter de corriger l’erreur. Il prépare même une proposition de loi rectificative. Sans succès. À l’époque, le gouvernement refuse de rouvrir le dossier.
Âgé de 46 ans, Dreyfus comprend qu’en raison des règles d’avancement et de limite d’âge, il ne deviendra jamais officier général. Sa carrière est terminée. Il demande, à contrecœur, sa mise en retraite, « avec –⁠ je le cite – une profonde tristesse Mais aussi avec le sentiment très vif de remplir [son] devoir de dignité ».
Fidèle à son armée, ce patriote demeure réserviste. Il est des premiers qui se réengagent en 1914. À la fin de la Grande Guerre, il est au front, au Chemin des Dames et à Verdun.
LAlsace-Lorraine est libérée. En 1918, il est certes nommé lieutenant-colonel de réserve, là encore trop tardivement ; cependant, lerreur originelle de 1906 nest pas corrigée.
Un siècle durant, cette injustice fut peu à peu oubliée ; puis un président de la République, en 2006, et une ministre des armées, en 2019, évoquèrent explicitement la question.
Un siècle après, un gouvernement pouvait-il encore la corriger ? Non, il ne le pouvait plus par la voie réglementaire. En ce sens –⁠ jy insiste –, le chef de l’État a eu raison de rappeler en 2021 que, s’il considérait, in pectore, Dreyfus comme général, il ne pouvait le nommer à ce grade par décret et renvoyait à un dialogue avec les représentants du peuple français. J’ajoute que la voie législative s’impose en l’espèce puisque l’erreur originelle se trouve dans la loi de 1906.
La présente proposition de loi est individuelle et singulière. Elle vise à réparer un cas individuel et singulier, hors normes et sans comparaison sous la République. Elle ne crée aucun précédent.
À la question : « pourquoi agir ? » que se posent certains, je répondrai : pourquoi pas ? Pourquoi avoir tant attendu ? Pourquoi s’inventer sans cesse de nouvelles raisons de remettre à plus tard ? Cent dix-neuf ans, n’est-ce pas assez ?
Mes chers collègues, il n’est jamais trop tard pour corriger une injustice et réparer complètement l’honneur d’un homme et il est de notre devoir de le faire maintenant.
Il faut le faire non seulement pour Dreyfus mais aussi pour nous, pour la Nation, pour la France de demain. Il faut le faire pour que la République demeure cette haute idée de l’égalité et de la justice. Alors que notre vieux pays est à nouveau traversé par des pulsions de haine, d’antisémitisme, de xénophobie, de complotisme –⁠ maladies de la société qui font écho au climat de « lAffaire » – il faut rester vigilants, se rappeler de Dreyfus, ne pas oublier ce héros républicain, symbole de résistance à loppression et à l’écrasement.
Dreyfus nest pas une vieille histoire ; cest une sentinelle de la République ! Dans les conditions cruelles de l’île du Diable, il se battit pour sa survie et sa réhabilitation. Il fut le principal acteur de son histoire. S’il fut aidé par d’illustres personnalités ainsi que par des militaires –⁠ car il y en eût – qui crurent à son innocence et lui témoignèrent de la camaraderie, cest bien Dreyfus qui, toujours, refusa dabdiquer.
Ce combat, il put le mener aussi grâce aux valeurs de larmée quon lui avait inculquées. Dreyfus est un modèle de résistance et dhéroïsme pour la nation. Il est un exemple pour les jeunes générations, un grand homme auquel la patrie peut se montrer reconnaissante.
En élevant Alfred Dreyfus au grade de général, la République aura réparé une erreur. Ce faisant, elle continue aussi de proclamer que ses lumières sont celles des droits de l’homme et du citoyen et d’une certaine idée de la vérité, du respect et de la dignité humaine.

 

Jean-Michel Jacques (député)
> [Réhabilitation de Dreyfus / Intervention à l’Assemblée] Permettez-moi tout d’abord de remercier notre collègue, le président Gabriel Attal, pour cette proposition de loi, ainsi que notre rapporteur Charles Sitzenstuhl dont le travail a éclairé nos débats.
Dès l’examen en commission, vous nous avez permis de mettre à l’honneur avec justesse Alfred Dreyfus, un citoyen profondément républicain et engagé qui voyait la France comme un pays de progrès, de justice et de liberté. Profondément patriote, Alfred Dreyfus avait fait le choix des armes. Héros de la première guerre mondiale, habité par l’esprit de corps des officiers de l’armée française, il a combattu à Verdun et au Chemin des Dames. Je veux souligner ici ses qualités militaires qui ont été particulièrement reconnues.
J’ai également une pensée pour le colonel Marie-Georges Picquart, qui fut à l’origine de la remise en question de la culpabilité d’Alfred Dreyfus. Officier reconnu pour ses qualités, il fut l’un des pionniers du renseignement militaire français. Élevé au grade de général de division, il fut également ministre de la guerre au sein du premier gouvernement de Georges Clemenceau.
Ces deux officiers de l’armée française incarnent les qualités de nos valeureux soldats : le dévouement, l’esprit de sacrifice, le courage, les valeurs, l’honneur, la discipline, la loyauté et la fraternité. Elles témoignent de la singularité des militaires français.
Alors mes amis, votons pour cette proposition de loi. Honneur à Alfred Dreyfus ! Vive l’armée française, vive la République et vive la France !

 

Constance Le Grip (députée)
> J'ai voté pour la proposition de loi visant à abroger la réforme des seuils de franchise en base de TVA pour les auto-entrepreneurs et les petites entreprises ! Nous avons donc garanti un cadre fiscal stable pour la poursuite de l'activité économique des micro-entreprises.

 

Vincent Caure (député)
> Grâce à la mobilisation des députés Ensemble pour la République, l’Assemblée nationale a adopté hier soir une loi pour protéger le statut de micro-entrepreneur.

 

Brigitte Klinkert (députée)
> [Réhabilitation de Dreyfus / Intervention à l’Assemblée] La réparation d'une injustice et l'apaisement de notre mémoire nationale. Par une loi votée hier à l'Assemblée nationale, l'Alsacien Alfred Dreyfus sera désormais Général à titre posthume, grade dans lequel il aurait du être rétabli lorsque son innocence a été prouvée et qu'il a regagné les rangs de l'armée en 1906, après 12 ans d'infamie et de souffrances. La Nation lui rend hommage.

 

● MoDem 
Philippe Vigier (député)
> [Crise de Gaza] Il faut arrêter ce sanguinaire qu'est Benjamin Netanyahu à l'heure actuelle. Lui-même qui a subit les foudres des terroristes du Hamas est en train de faire la même chose en affamant des citoyens qui ne sont pas des militaires ni des terroristes. (…)
Il faudra que le plus rapidement possible on ait deux États qui se respectent : l'État d'Israël et l'État de la Palestine.

> La prise en compte environnementale est une exigence absolue mais qui ne doit pas renforcer des inégalités sociales, voire en créer. 

 

Hubert Ott (député)
> Le Mouvement Démocrate, depuis son origine, a placé l'écologie au cœur de son projet de société. L'écologie doit rassembler, c'est notre conviction. Et c'est ainsi que depuis 2017, notre groupe poursuit cet objectif responsable face à la crise climatique. Les débats récents que nous avons eus collectivement sur la remise en cause des ZFE ou sur l'avenir des ZAN montrent qu'une trajectoire de transition doit toujours s'accompagner de solutions réalistes et accessibles à tous. Parce que l'écologie ne doit pas se transformer en impasse, aucune réponse aux défis environnementaux ne peut se construire sans ou contre les Français. 
Mais deux réalités nous interpellent : le dérèglement climatique et l'extinction de la biodiversité. Elles nous imposent sécheresse, inondation, tempête, pollution de l'air, dépérissement des forêts et nous nous retrouvons avec une dette écologique qu'il est de notre responsabilité de ne pas léguer à nos enfants. 
Plus que jamais, nous devons prendre la science comme boussole pour comprendre. Nous devons nous écouter, partager et réfléchir ensemble. Avant de décider, nous devons respecter le réel et le vivant pour agir avec justesse et surtout transformer sans dégrader. 
Partout, des personnes engagées, chefs d'entreprise, citoyens, agriculteurs ou viticulteurs incarnent cette écologie concrète. Ils cultivent le respect de la nature, intègrent l'innovation et se réunissent pour bâtir un avenir durable. Ils sont nos exemples. 
Il n'y a pas une solution unique, mais des solutions concrètes, adaptées à chaque territoire. Parce que les enjeux ne sont ni simplistes, ni réduits à un choix binaire. Les réponses se construisent dans la cohésion, la compréhension, pour un bénéfice partagé.
Dans ce contexte, reculer serait renoncer.

 

Romain Daubié (député)
> [Transformation de bureaux en logements / Intervention à l’Assemblée] Après une dissolution, nous voici réunis pour la lecture des conclusions de la commission mixte paritaire (CMP) sur la proposition de loi visant à faciliter la transformation des bâtiments de destination autre qu’habitation en habitations.
C’est l’aboutissement d’une réflexion collective, partagée avec de nombreux acteurs, dont le Conseil supérieur du notariat.
Plus d’un an et demi nous sépare de la date du dépôt de la proposition de loi à l’Assemblée nationale, mais son actualité est toujours aussi brûlante. Le besoin en logements a augmenté de plus de 10 %, tandis que des immeubles restent vides. Construire la ville sur la ville est aussi nécessaire socialement qu’écologiquement : cela permet la sauvegarde des terres naturelles ou agricoles, réduit les émissions de gaz à effet de serre liées à la construction et offre davantage de logements aux habitants.
Évidemment, ce texte ne réglera pas la crise du logement. Mais, grâce au travail de l’Assemblée nationale et aux apports du Sénat, nous pouvons adopter une proposition de loi qui permettra de débloquer des centaines de projets dans nos territoires.
En matière de réforme du logement, la solution miracle, rapide et qui ne coûte rien n’existe pas. En revanche, je crois à la simplification et aux ajustements sectoriels. C’est l’objectif de la proposition de loi de simplification du droit de l’urbanisme et du logement, dite Huwart, et de la mienne.
Avant de revenir au fond du texte, je tiens à remercier –⁠ je vais en oublier – Jean-Paul Mattei pour son concours initial, le ministre chargé des relations avec le Parlement, qui a trouvé du temps parlementaire ainsi que les ministres du logement successifs qui ont soutenu ce texte.
Les compromis avec le Sénat nont pas été compliqués à trouver. Avec Martine Berthet, sénatrice d’un département limitrophe du mien mais avec qui je n’avais jamais eu l’occasion de travailler, nous nous sommes retrouvés sur les objectifs, ainsi que sur une certaine philosophie de l’action publique.
Le texte ne crée pas de dispositifs rigides, contraignants et verticaux, mais propose des outils aux maires et établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), afin que chaque territoire puisse les adapter en fonction de ses besoins et de ses particularités locales.
L’article 1er vise à permettre à l’autorité compétente en matière de permis de construire de déroger aux règles du plan local d’urbanisme (PLU) pour transformer des bâtiments, quelle qu’en soit la nature, en logements.
Afin d’éviter une forme de surenchère au détriment des installations agricoles, nous avons prévu un délai de non-utilisation agricole de vingt ans pour les bâtiments ruraux, et un avis conforme de la commission départementale de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPENAF). Ce délai n’est pas sorti de nulle part : il correspond à l’un des délais d’intervention des sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer). Il faut préserver la souveraineté agricole du pays, et faciliter la juste rémunération des agriculteurs.
Lorsque des bâtiments sont transformés en logements, les élus locaux pourront créer une servitude de résidence principale, sur le modèle des dispositions de la loi du 19 novembre 2024 visant à renforcer les outils de régulation des meublés de tourisme à l’échelle locale, dite Echaniz-Le Meur.
Les articles fiscaux ont, quant à eux, été repris dans la loi de finances pour 2025.
L’article 3  bis vise à prendre en compte les opérations de transformation de bâtiments autres que d’habitation en logements dans les projets urbains partenariaux. L’article 4 propose de généraliser une innovation –⁠ le permis de construire à destinations multiples – déjà expérimentée pour la construction du village olympique.
Les travaux en CMP ont permis de distinguer deux cas de figure. Soit le permis autorise plusieurs destinations pour la construction. Dans ce cas, lautorisation ne permet pas de faire l’économie du dépôt d’une nouvelle demande de permis de construire lors d’un changement ultérieur de destination –⁠ par exemple, en cas de création de balcons sur un ancien immeuble de bureaux. Le porteur de projet saura simplement quil ne pourra pas se voir refuser le permis en raison dun changement de destination.
Soit le permis de construire peut indiquer précisément les différents états de construction selon les destinations prévues, ce qui permet d’évaluer dès le départ la conformité du projet aux règles durbanisme. Dans ce cas, les travaux pourront être réalisés sans dépôt d’une nouvelle demande d’autorisation et que le projet puisse se voir opposer la jurisprudence dite Sekler, liée à l’arrêt du Conseil d’État du 27 mai 1988.
Dans tous les cas, il faudra avoir prévenu le maire et l’EPCI en cas de changement de destination. Les deux formes de permis de construire à destinations multiples seront valables pour une durée de vingt ans.
L’article 5 étend les dispositions relatives aux marchés de conception-réalisation aux centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous), et l’article 5  bis assouplit les possibilités de construction de résidences étudiantes, ce qui favorisera et accélérera le développement du logement étudiant.
Enfin, les articles 6 et 7 débloqueront des situations aberrantes où un seul copropriétaire pouvait empêcher la transformation d’un local professionnel en logement dans un immeuble en ville. J’ai été confronté à cette situation en tant que maire. De nombreux acteurs, dont la filiale de transformation de bureaux en logements d’Action Logement, attendent avec impatience cette évolution législative.
En revanche, il nous a paru important de continuer à exclure les commerces des cas couverts par ces deux articles, afin de ne pas sacrifier les commerces de nos centres-bourgs. Ces lieux ne sont pas seulement des espaces de commerce, mais aussi de lien social et de proximité. Ils permettent d’éviter le tout-voiture et le tout-centre-commercial dans les zones rurales et périurbaines.
Je vous invite à adopter cette proposition de loi à l’unanimité, comme cela a été le cas en première lecture, puis au Sénat, et en commission mixte paritaire.

 

● Parti radical 
> [Violences pendant les célébrations de la victoire du PSG: La puissance publique doit sortir le carton rouge
Cela devait être une fête pour célébrer la belle victoire du club de la capitale. Il y eut de la joie mais aussi de la colère et de l’abattement devant les pillages et les destructions à Paris et dans toute la France mais aussi deux décès, à Paris et à Dax.
Certes les 5400 policiers, qu’il faut saluer, ont répondu présent avec, à ce stade, 491 interpellations et 323 gardes à vues, notamment, pour les pillages de magasins. Mais ceci n’est pas la première « nuit agitée » depuis les célébrations des titres mondiaux de 1998 et 2018.
La réponse policière ne peut tout régler. Le Parti radical milite pour une réponse judiciaire et financière vis-à-vis des délinquants multirécidivistes, souvent mineurs, qui n’ont rien à voir avec le sport.  Les familles dont les adolescents ont commis des délits, rarement sanctionnées par l’Etat, doivent voir leur responsabilité engagée.

Dans le cadre d’une récidive, la suspension, voire la suppression, de certaines aides municipales ne doit plus être une option. « Le temps d’application de cette mesure provisoire serait mis à profit pour rétablir la communication entre les collectivités locales et les parents défaillants » précise Marc Mutti, secrétaire national à la Sécurité du Parti radical.
Les réponses judiciaire et financière ne suffiront pas. La résolution de ces actes de violence passera toujours par l’éducation donnée par les parents et, de manière complémentaire, par le creuset que constitue l’Ecole qui doit répondre, elle aussi, aux défis qu’affronte notre Nation.

 

► Autres 
● Organisations centristes 
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen) 
Valérie Hayer (députée, présidente)
> Le 1er juillet prochain, le Danemark prendra la présidence du Conseil de l’Union européenne. À Copenhague, j’ai présenté à la Première ministre Mette Frederiksen les priorités de mon groupe Renew Europe pour cette présidence. Dans un contexte de guerre en Ukraine, de tensions commerciales avec les États-Unis et de montée de l’extrême droite, nous défendrons : • Un budget audacieux pour l’Union européenne, indispensable à notre autonomie stratégique militaire ou économique ; • Nos valeurs fondamentales et l’État de droit ; • La mise en œuvre rapide du Pacte asile et migration.

 

● Personnalités centristes
Sarah El Hairy (haut-commissaire à l’Enfance)
> Interdire des espaces aux enfants est un pur non-sens ! Notre société vieillit, toute la charge est portée sur les parents et en plus on leur dit «ni vous ni vos enfants n’êtes les bienvenus ». Ça, ce n’est pas la France.

> Les jeunes du monde entier décernent aujourd’hui le Prix liberté 2025 à Gisèle Pelicot. Un symbole. Son courage face à l’horreur et sa détermination à briser le silence inspirent une génération entière. La honte a désormais changé de camp, c’est une certitude.

> Les géants du porno refusent d’appliquer la loi. Celle qui protège nos enfants. Alors qu’ils partent. Le porno détruit des générations : leur rapport aux corps, aux filles, aux relations amoureuses.