jeudi 14 mai 2015

Une Semaine en Centrisme. Revenir au rêve européen

Avant qu’il ne soit réellement trop tard, il n’est jamais trop tard pour parler Europe et parler de l’Union européenne.
Ni de vouloir reconstruire le rêve européen qui se délite dans l’inaction des soi-disant pro-européens et sous les coups de boutoirs des anti-européens qui n’ont manifestement pas la même stupide prévention – pour ne pas dire frousse – que les premiers nommés.
Car, au train où vont les choses, l’Union européenne deviendra, au mieux une zone de libre-échange dans la paix, au pire, un machin bureaucratique qui se détruira tout seul.
Donc, soit ce que voulaient les Britanniques depuis toujours et qui a fait que la France, avec raison, s’est longtemps opposée à l’entrée du Royaume Uni dans une Europe dont celui-ci voulait faire un simple marché économique, soit ce que dénonçait en son temps le Général de Gaulle qui pensait avant tout grandeur française.
Où est donc le rêve européen voulut par Jean Monnet mais aussi par tous ses glorieux devanciers d’Emmanuel Kant à Aristide Briand, de Victor Hugo à Robert Schuman?
Où est donc ce rêve que les peuples ont cru pouvoir réaliser après la Deuxième guerre mondiale avant de se retrancher derrière les vieux égoïsmes nationalistes qui ont été les causes des deux conflits mondiaux qui ravagèrent l’Europe et qui avaient permis la création d’une union entre des hommes et des femmes qui souhaitaient partager un présent et un avenir commun?
Les centristes, partout en Europe, même au Royaume Uni, tentent, vaille que vaille, que ce rêve européen constitutif de l’Union européenne et qui, seul, peut soutenir l’édifice politique, économique et juridique dans le temps et le renforcer, ne disparaisse pas.
Vaste tâche qui semble perdue d’avance aux sceptiques d’aujourd’hui au vu des échecs à répétition de l’Europe, et de l’incapacité de mettre en place des politiques efficaces, d’une politique d’immigration intelligente (voir la Méditerranée et Calais) à une politique extérieure et sécuritaire consistante (voir l’Ukraine et la lutte contre le terrorisme) en passant par des convergences dans les politiques fiscales et sociales.
Elle n’est même plus capable de maîtriser ses trublions, de Tsipras en Grèce à Viktor Orban en Hongrie.
Aujourd’hui, l’Europe n’est plus crédible dans bien des domaines – il suffit de voir comment la traite Vladimir Poutine – et totalement inefficace, parce que divisée, dans nombre d’autres – il suffit de voir comment se gère la crise en Grèce.
Et demain, elle risque de sombrer suite au son triomphe électoral de David Cameron qui va permettre à ce dernier d’organiser un référendum pour demander aux Britanniques s’ils veulent demeurer dans l’Union européenne.
Un tel vote est déjà une défaite pour l’Europe quel que soit son résultat.
Dès lors, il faut que les pro-européens montent au créneau et réaffirment constamment leur attachement à la construction d’une Union européenne fédérale pour poursuivre ce rêve européen de tous les humanistes qui ont concouru à le créer.
On peut ainsi se féliciter de l’initiative de l’UDI qui a envoyé, les 11 et 12 mai derniers, une délégation à Bruxelles sous la direction de son président, Jean-Christophe Lagarde et qui a publié un communiqué pour dire que «Contre les faux-semblants agités par les partis populistes, ils (les membres de la délégation) rappellent que l’Europe est l’échelon indispensable pour la mise en œuvre des politiques publiques demandées par nos concitoyens et imposées par les circonstances: immigration clandestine en Méditerranée, lutte contre le terrorisme mais aussi action en faveur de l’apprentissage, de l’investissement et de la croissance économique».
Ce n’est pas grand-chose mais c’est déjà ça car la bataille pour l’Europe dans laquelle nous sommes, il ne faut pas se leurrer, doit aussi se nourrir de toutes les initiatives et déclarations, gestes et décisions qui défendent cette si importante union des Européens qui se sont si souvent battus et détruits les uns, les autres quand il étaient séparés.
Mais il faudra bien aussi discuter sérieusement un jour pour revenir au rêve européen.
Car la voie que prend l’Union européenne est celle d’une réunion d’Etats ad minima.
Si c’est bien son avenir, alors ce rêve a un absolument besoin d’être refondé sur une autre initiative, une vraie construction d’une fédération réunissant des peuples qui ont envie de s’unir réellement parce qu’ils savent, d’abord, qu’ils sont bien un même peuple européen, ensuite, que c’est la seule manière qu’ils ont de préserver et d’augmenter leurs acquis dans un futur mondialisé.
Pour cela, il faut des leaders qui ne soient pas tétanisés par les enjeux et qui ne tremblent pas chaque fois qu’un populiste quelconque menace de détruire l’Europe et qui n’ait pas peur d’affronter les difficultés.
Où que l’on regarde sur le vieux continent, on n’en voit pas émerger.
Voilà qui est bien inquiétant.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC