jeudi 27 juin 2013

Actualités du Centre. Jean-Louis Borloo veut des «états généraux de l’opposition»

Dans une interview au Figaro, Jean-Louis Borloo, président de l’UDI réclame des «états généraux de l’opposition» entre sa formation et l’UMP afin de traiter «des questions de l’éducation, de la responsabilité individuelle et collective, d’un nouveau modèle économique et social».
Cela correspond, selon lui, au «vrai front républicain» qui consiste, non pas en une alliance de tous les partis démocratiques face au Front national aux élections lors d’un deuxième tour où la formation d’extrême-droite est présente, comme cela était vu jusqu’à présent et a encore été invoqué lors de la législative partielle du Lot-et-Garonne le week-end dernier par le Parti socialiste, mais «en une plate-forme de reconstruction claire, bâtie en partenariat par l’UMP et l’UDI».
Même s’il ne ferme pas la porte à une liste réunissant tous les centristes (UDI et Mouvement démocrate) pour les élections européennes de 2014, il rappelle que la stratégie de l’UDI demeure l’alliance exclusive avec l’UMP.

Ses déclarations interviennent également au moment où l’UDI connait des tensions internes et a du mal à trouver une dynamique auprès des Français.

Vues du Centre - La Chronique de Jacques Rollet. On a un problème…

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jacques Rollet, chroniqueur régulier sur Le Centrisme est politologue, auteur de plusieurs livres dont Tocqueville (Montchrestien 1998), Religion et politique (Grasset 2001), La tentation relativiste, DDB, 2004), Le libéralisme et ses ennemis (DDB, septembre 2011).

Cette déclaration souvent entendue à propos de problèmes de la vie quotidienne, peut s’appliquer au Centre et aux partis centristes. Il est toujours aussi difficile d’identifier leur doctrine ou si l’on préfère la formule, leur idéologie. Les déclarations de Jean-Louis Borloo lors du premier Conseil national de l’UDI ne répondent pas à notre question. Parler de dialogue, de travail en réseau est susceptible d’être approuvé par tous les partis ou presque; cela ne constitue pas une identité. J’ai déjà posé cette question lors de chroniques précédentes mais elle se repose plus fortement après le vote de la loi instaurant le mariage pour les couples homosexuels. Plusieurs députés  de l’UDI ont voté cette loi, dont le président Borloo. Il me semble problématique de commencer ainsi l’entrée de l’UDI dans la vie politique. On pourra me rétorquer qu’en matière de questions dites «de société», le vote est libre. Cela signifie d’abord que pour les autres questions, le vote n’est pas libre ce qui déroge à l’article 27 de la Constitution qui stipule que «le vote des membres du parlement est personnel». Il devrait toujours l’être! Mais les questions de société posent un problème d’une nature particulière. Il s’agit de savoir si nous partageons dans une même société, une anthropologie commune. Si la vie est une valeur fondamentale, peut-on considérer que l’avortement est un acte banal remboursable par le Sécurité sociale? Or c’est le cas! La loi Veil de 1975 parlait dans son exposé des motifs de cas de détresse. Elle n’entendait que l’avortement soit banalisé. Il y a environ 250.000 avortements en France chaque année. La loi n’a rien résolu sauf qu’elle a dépénalisé l’acte.
De même, la loi récente travestit le mariage qui a toujours été l’union d’un homme et d’une femme constituant alors une cellule de la société qui se renouvelle ainsi par la naissance d’enfants. Deux hommes ensemble ou deux femmes ensemble ne feront jamais un enfant par les voies naturelles! Le sens commun ou la common decency d’Orwell nous l’enseignent. Or c’est bien le sens commun qui est nié par le parlement. La tradition centriste ne peut accepter cela sans ruiner de l’intérieur ce qui l’a constituée, à savoir la démocratie chrétienne. On peut tourner le problème dans tous les sens, on ne pourra pas l’évacuer. Un Centre qui n’est pas basé sur l’idée qu’une morale commune doit régir une société, quand les questions traitées touchent à l’anthropologie est un Centre qui est déjà mort. A ce sujet on doit interroger les familles qui composent la Franc-maçonnerie dont des membres sont présents dans le personnel politique du Centre. A trop jouer avec le feu, celle-ci pourrait tuer l’humanisme dont elle se réclame.
Au moment  où l’enquête sur les valeurs en Europe est publiée dans Le Monde du 19 juin et où il apparaît que la France se caractérise par un taux d’individualisation de 67% contre 52% en Allemagne, 54% en Grande-Bretagne et 24% en Italie, il serait temps de se demander si ce n’est pas la cohésion sociale qui est atteinte par ce relativisme généralisé dans notre pays. (l’individualisation est repérée par des indicateurs qui se rapportent à la volonté d’autonomie comme affirmation de liberté personnelles et de relativisme). Comment peut-on en appeler à la solidarité comme le font les socialistes et les Verts quand on prône le primat absolu du désir individuel dans la vie sexuelle? La contradiction est flagrante et je me demande comment les centristes ne s’en rendent pas compté. Pourquoi ne pas adhérer à un parti de Gauche dans ce cas? La question est posée à l’UDI et à une partie de l’UMP. Manifestement, on a un problème


Jacques Rollet