jeudi 8 mars 2018

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Eloge des majorités d’idées

Nous avons assez critiqué ici l’opportunisme dont beaucoup de personnalités politiques au centre ont en fait leur seule ligne directrice au cours de l’histoire politique.
De même, nous avons souvent éreinté le comportement de l’UDI et de son président Jean-Christophe Lagarde qui veulent nous faire croire que l’on peut être à la fois dedans et dehors de la majorité présidentielle.
Alors, ici, je veux positiver ce que l’on appelle des «majorités d’idées» et que le centriste Barack Obama a appelé de ses vœux au début de son premier mandat et a appelé l’«ère post-partisane» pour laquelle j’ai émis nombre de doutes à l’instar de politistes américains sur son émergence dans un espace politique aussi polarisé que celui des Etats-Unis d‘alors.
L’unique volonté du Parti républicain était de torpiller la présidence du premier noir à la tête du pays pour qu’il ne fasse qu’un seul mandat, stratégie décidée lors d’une réunion de tous ses responsables peu après sa victoire.
En effet, le paysage politique depuis 2008 et la victoire d’Obama dans l’ensemble des démocraties républicaines occidentales a évolué vers une fragmentation et l’éclosion, à nouveau, de mouvements populistes, démagogiques et extrémistes (aux Etats-Unis, c’est la frange radicale proche de l’extrême-droite qui domine désormais le Parti républicain).
Dès lors, on se retrouve avec des formations radicales qui font leur beurre sur la critique du fonctionnement de ces démocraties et des partis qui naviguent autour et dans l’axe central qui regroupe les libéraux progressistes et réformistes de droite, de gauche et du centre.
En France, on a ainsi, la France Insoumise et le Front national (rejoint récemment par LR) qui prennent en étau un axe central pendant que nombre de socialistes demeurent en déshérence.
Si la marche de l’Histoire voudrait que tous ceux qui composent l’axe central s’allient dans une coalition des démocrates, ce n’est pas encore le cas et, peut-être, pas souhaitable même si l'on pourrait définir La république en marche de formation de majorités d'idées.
Je m’explique.
Si l’on considère que l’offre politique va se réduire avec des extrémismes radicaux de chaque côté du spectre politique et un axe central libéral, nombre d’électeurs vont se retrouver coincé entre deux choix (extrémisme populisme contre libéralisme démocratique) qui ne correspondent pas à leurs idées.
Dès lors, il n’est pas inutile d’avoir une droite conservatrice (une vraie) et une gauche social-démocrate (une vraie) pour accueillir leurs voix.
Et c’est avec ces conservateurs et sociaux-démocrates que l’axe central pourrait élaborer des majorités d’idées, tantôt avec les uns, tantôt avec les autres, tantôt avec les deux en même temps.
Bien sûr, tout cela est encore une vue de l’esprit et rien ne dit que les conservateurs et les sociaux-démocrates dans une lutte aux frontières de leurs extrémismes respectifs, ne jouent pas le jeu de la surenchère comme on le voit aujourd’hui au PS (LR étant déjà passé dans le camp du populisme radical).
Mais les majorités d’idées sont aussi une des forces de la démocratie où l’ensemble des citoyens (ou leur grande majorité) décident ensemble de règles et de mesures afin de la faire fonctionner pour le bien de tous.
On pourrait évidemment l’appeler consensus mais les majorités d’idées ne le recherchent pas forcément puisqu’elles peuvent s’appuyer tantôt sur la gauche, tantôt sur le droite, sachant que l’axe central dans sa volonté de juste équilibre doit choisir, à chaque fois, le bon côté, ce qui nécessite sagesse, responsabilité et intelligence.
Pour autant, ces majorités peuvent aboutir au consensus ultime, celui par lequel la grande majorité des citoyens fasse confiance à la démocratie républicaine pour avancer vers une meilleure société alors qu’actuellement nombre de fissures dans l’opinion publique font penser que cette confiance s’érode sans cesse sous les attaques, souvent mensongères, parfois pointant un réel dysfonctionnement, de ce régime, le seul qui peut apporter, à la fois, la liberté, l’égalité et la fraternité dans le respect et la dignité.
Bien entendu, ces majorités d’idées doivent être portées par la plus grande responsabilité des politiques.
Il s’agit bien ici d’œuvrer sans préjugés, sans arrière-pensées d’aucune sorte, pour le bien du pays.
Ici, pas de positionnements irresponsables, pas de postures électoralistes, pas de communication mensongère.
Non, seul l’intérêt de la communauté toute entière serait le critère fondamental.
Dès lors, si toutes les conditions étaient réunies, on pourrait entrer dans cette ère post-partisane et l’on pourrait même trouver quelques vertus à la stratégie actuelle de l’UDI…