dimanche 20 janvier 2019

Une Semaine en Centrisme. Macron vire à droite?

Emmanuel Macron
Deux quotidiens, un du matin et de droite, un du soir et de gauche, tous deux antiMacron depuis toujours, pour des raisons différentes (le premier, Le Figaro, doit montrer qu’il ne s‘agit soi-disant que d’opportunisme pour piquer des voix à LR, quand le second, Le Monde, veut mettre en garde tout ce qui est à gauche de l’échiquier, sur la trahison supposée de Macron envers eux) ont fait leurs unes respectives le même jour sur la même problématique, le virage à droite qu’aurait effectué Emmanuel Macron en l’accusant de siphonner le programme de celle-ci pour des raisons bassement électorales.
Rappelons que Macron s’est fait élire en 2017 sur un positionnement central voire centriste et qu’il a intégré dès le départ des hommes et des femmes de droite dans son gouvernement et à des postes élevés (ainsi son premier ministre, Edouard Philippe, vient de la droite et s’en revendique toujours, tout comme son ministre de l’Economie, Bruno Le Maire).
Mais, comme les hommes et les femmes de gauche, de Gérard Collomb à Didier Guillaume en passant par Jean-Yves Le Drian, qui l’ont rejoint, tous ont accepté de mettre en œuvre son programme présidentiel qui n’a jamais été de droite mais largement inspiré d’un juste équilibre centriste.
Sans parler évidemment des hommes et des femmes du Centre qui s’y retrouvaient comme l’ont expliqué alors des Jean Arthuis, des François Bayrou, des François de Rugy.
Bien sûr, Macron, ainsi que tout leader politique et tout hôte de l’Elysée, veut élargir son assise politique, à la fois à droite et à gauche.
Et au moment où LR se radicalise et certaines de ses personnalités rejoignent le RN des Le Pen, parler aux gens de centre-droit et de la droite libérale est une évidence et n’a rien d’extraordinaire, d’autant qu’il le fait depuis le début de son quinquennat.
Tout comme il veut parler à ces sociaux-libéraux dont il se revendique d’être un d’entre eux, ces gens de centre-gauche et de la gauche libérale qui sont en déshérence d’une affiliation politique depuis la radicalisation de ce qui reste du PS.
Mais, au fait, quels sont les arguments sur ce virage à droite?
On passera sur les «petites phrases» des «soutiens à Macron», non-identifiés comme c’est devenue la triste règle, que les deux quotidiens utilisent pour illustrer leurs propos et qui veulent faire passer le Président de la république pour un abominable politicien opportuniste sans vraie ligne politique, pour ne retenir dans notre analyse que les raisons politiques avancées: la sécurité, la méritocratie, la responsabilité, l’économie, l’immigration.
Ainsi, en matière de sécurité, la volonté d’assurer l’ordre face aux gilets jaunes qui cassent et saccagent serait une mesure de droite, notamment parce que le Premier ministre veut faire voter une loi anti-casseurs qui s’inspireraient largement d’une proposition de loi faite par le chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau, un homme de confiance de Laurent Wauquiez.
Nos deux quotidiens, pour des raisons inverses, veulent faire croire que la sécurité est une notion de droite.
Mais il faudra bien qu’un jour, ceux de droite cessent de se gargariser d’être les seuls défenseurs de l’ordre et ceux de gauche cessent de croire que la société est constituée uniquement de gentils bisounours, tout maintien de l’ordre étant, par définition réactionnaire (d’autant que les journalistes du Monde qui s’en prennent à Macron sur sa volonté de rétablir l’ordre républicain, nous expliquent, pour dédouaner la Gauche, à longueur de colonnes depuis des semaines que les violences viennent de l’extrême-droite, voir de l’ultra-droite, dont on ne savait pas que le quotidien approuvait donc leurs actes…).
Car, comme le rappellent sans cesse les centristes mais aussi tous les vrais défenseurs de la démocratie républicaine, il n’y a pas de liberté sans sécurité et aucune des valeurs démocratiques et républicaines ne peut se passer de sécurité.
Dès lors vouloir assurer la sécurité et réprimer ceux qui s’en prennent aux biens et surtout aux personnes est une attitude démocratique et républicaine qui n’est ni de droite, ni de gauche.
De même quand on veut réprimer la violence à l’école qui est de plus en plus aigüe de la part d’une minorité et empêche souvent à la majorité de se consacrer à des études qui lui permettra de pouvoir se former en tant que citoyens et individus ayant une ambition et des rêves à réaliser.
Quant à la méritocratie qui est au cœur du projet socio-économique d’Emmanuel Macron, c'est-à-dire l’égalité des opportunités afin de réussir au mieux son projet de vie par l’effort et grâce à ses capacités (ce qui aura une conséquence bénéfique pour toute la société), elle est essentiellement centriste et pas du tout de droite (qui privilégié la reproduction sociale des élites) et de gauche (qui privilégie une dilution des compétences et de l’excellence dans un égalitarisme borné).
Les deux journaux parlent aussi de ces mesures prises par le pouvoir et qui viendraient de la Droite (paiement des heures supplémentaires, la prime de fin d’année défiscalisée et des aides pour les salariés qui font un long parcours en voiture pour leur travail).
D’une part, il n’y a rien de mal à adopter des mesures positives d’où qu’elles viennent (c’est même une volonté toujours réaffirmée des pouvoirs centristes) et, d’autre part, ces mesures qui permettent d’augmenter le pouvoir d’achat sont plébiscitées par les Français qu’ils soient de gauche ou de droite (l’abandon de la défiscalisation des heures supplémentaires par François Hollande avait été critiqué en son temps par la Droite et la Gauche).
Elles n’ont donc pas la connotation droitiste que veulent lui donner Le Figaro et Le Monde.
A propos d’ouvrir un débat sur l’immigration et de ce que doit être la France, on ne comprend pas très bien pourquoi ce serait une mesure de droite comme nous le dit Le Monde sauf à supposer que les Français ne soient pas capables d’apprécier, qu’ils soient de droite ou de gauche, la problématique qui est prégnante dans la plupart des pays du monde et notamment dans les démocraties occidentales.
Réfléchir sur ce qu’est et doit être la France et ce qu’elle doit être dans sa diversité est, non seulement, indispensable, mais sans connotation partisane.
Pour finir, Le Monde débute son article en rappelant que les dix milliards mis sur la table par Emmanuel Macron pour répondre, entre autres, aux demandes des Français qui soutiennent les gilets jaunes, avaient fait naître l’espoir par certains du tournant «social» et de «gauche» du quinquennat mais que les dernières mesures disent le contraire.
On peut bien sûr, saucissonner l’action politique en des séquences qui n’auraient aucun lien entre elles puisque cela permet, dans une mauvaise foi totale, de pouvoir critiquer ce que l’on veut, quand on le veut.
Or, le fait qu’il y ait eu ces mesures sociales (qui n’étaient ni de droite, ni de gauche pour la plupart) et qu’il y ait maintenant ces mesures économiques et sociétales qui se succèdent, montre bien que l’on est dans une vision de l’équilibre, c'est-à-dire essentiellement centriste.
Il n’y a donc pas de virage à droite d’Emmanuel Macron, ni par opportunisme, ni par dessein caché depuis son entrée en politique, mais bien la volonté de gouverner avec le principe du «en même temps».
Cela se caractérise également par la volonté maintes fois réaffirmée de continuer les réformes dont de nombreuses et importantes sont programmées pour cette année 2019.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


Actualités du Centre. Israël – législatives: une alliance des centristes peut-elle déloger Netanyahu?

Les deux leaders centristes, Ganz et Lapid
Le 9 avril prochain auront lieu les élections législatives en Israël.
Selon les sondages, le premier ministre sortant, Benjamin Netanyahu devrait être reconduit à son poste grâce à la victoire de la coalition qui se regroupera autour de son parti, le Likud.
Pourtant, Netanyahu n’est pas dans une situation si confortable.
Ainsi, la justice veut lui demander des comptes dans plusieurs affaires dont trois concernant des faits de corruption selon les enquêtes de la police.
De même, sa politique de droite très radicale et aux forts relents d’un populisme des plus nauséabonds (il entretient de très bonne relations avec le premier ministre hongrois Viktor Orban et populiste patenté, il est allé à l’inauguration du mandat du président d’extrême-droite brésilien, Jaïr Bolsonaro, tout en étant un soutient indéfectible de Donald Trump) est critiquée, à la fois sur sa droite (pour manque de fermeté) et à sa gauche (pour manque d’ouverture).
Oui, mais voilà, il tient le discours que veulent entendre actuellement les Israéliens dans un monde incertain où ils sont toujours entourés d’ennemis, un discours de sécurité et guerrier.
Ainsi, la journaliste Tal Schneider estime que ses compatriotes «pensent que s’il a pu recevoir des pots-de-vin ou jouer avec le marché des télécommunications israélien pour en tirer un avantage personnel, cela n’a rien à voir avec la façon dont il affronte l’Iran ou avec la façon dont il gère les choses en Syrie».
Et d’ajouter: «Je pense qu’en Israël, vous ne remportez des élections que pour des questions de sécurité. Il est très facile de parler des peurs des gens car en Israël, les peurs sont réelles. C’est dans la vie quotidienne des gens.»
Cependant, comme l’explique le quotidien Times of Israël, des sondages montrent qu’il pourrait être mis en difficulté, voire battu, par une alliance des centristes.
Ceux-ci sont représentés essentiellement par deux partis, Yesh Atid dont le leader est l’ancien ministre des Finances, Yair Lapid, et Hossen LeYsrael (Résilience pour Israël) que vient de créer l’ancien chef d’Etat-major, Benny Gantz.
Selon la chaîne de télévision Hadashot, ils seraient même en négociation en vue de sceller une alliance.
Cependant, au stade actuel de celle-ci, aucun des deux hommes ne serait prêt à s’effacer devant l’autre pour le poste de premier ministre.
Toujours est-il que les sondages donneraient à leurs deux formations douze sièges chacune quand le Likud de Netanyahu en remporterait trente.
Et un autre sondage montre que s’il devait y avoir un affrontement entre ce dernier et Gantz pour le poste de premier ministre, Netanyahu l’emporterait de justesse (41% contre 38%) et un peu plus facilement face à Lapid (45% contre 29%).
En attendant, les deux partis centristes ont dévoilé leurs slogans de campagne.
Pour Yesh Atid, il s’agit de «Ce qu'ils ont abîmé, nous le réparerons», ce qui concerne notamment la législation si controversée sur l'Etat-nation (qui garantit le caractère «juif» d’Israël), le budget accordé aux déplacements du premier ministre, ou encore la limitation de son mandat.
«Israël, avant tout» est celui d’Hossen LeIsraël, selon son président, Benny Gantz, qui, dans une vidéo de présentation de celui-ci, déclare «rejoignez-moi et nous nous engagerons vers une voie nouvelle, car il en faut une autre et nous en créerons une autre».