dimanche 31 janvier 2021

Vues du Centre. Le vertige de la présidence Trump interroge notre rapport à la démocratie

Par Alexandre Vatimbella & Aris de Hesselin

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.          
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.   

Les Etats-Unis et les démocraties en général ne pourront pas faire l’impasse sur une profonde analyse du phénomène Trump et sur une introspection afin d’un «plus jamais ça».

Voilà donc un personnage aux agissements mafieux, comme l’ont décrit maints commentateurs américains, qui a réussi à gouverner la première démocratie et puissance mondiale ainsi qu’à tenter de provoquer un coup d’Etat pour se maintenir au pouvoir sans ayant jamais gagné le vote populaire de ses concitoyens.

Cette première constatation est déjà hautement dérangeante.

La «tragédie américaine» comme ces mêmes commentateurs appellent ces quatre ans qui viennent de s’écouler donne le vertige tellement elle a révélé, au-delà du comportement d’un homme détestable, incompétent, corrompu et menteur, la part sombre d’un pays où après ses méfaits celui-ci a réussi à obtenir 74 millions de voix à la présidentielle, c'est-à-dire un record pour un candidat représentant le Parti républicain (et score seulement battu lors d’une présidentielle par son vainqueur, Joe Biden, qui a obtenu plus de 81 millions de voix) alors même que sa place devrait être derrière les barreaux.

On pourrait gloser sur cette propension à l’idolâtrie que les Américains vouent aux «bad boys», ceux qui défient la loi et le gouvernement, et qui ont fait de crapules comme Jesse James ou Al Capone de véritables icônes en leur temps et dont la mémoire est encore célébrée pour certains.

Sans doute que toute une frange de la population étasunienne se croit toujours au far-West, dans cette période mythique dont le cinéma a produit des légendes dont l’empreinte demeure encore très vivace au pays de la Frontière et des opportunités, où le héros est ce rebelle qui défie les autorités souvent véreuses et corrompues.

Sans doute aussi que la dureté de la société américaine qui récompense au-delà du raisonnable ceux qui réussissent et qui oublient souvent  au-delà de la décence ceux qui n’y arrivent pas, a développé un fort ressentiment à l’encontre du personnel politique et de pouvoirs publics qui n’agissent pas et que ces faux justiciers semblent punir et se placer aux côtés des oubliés à la grande joie de tous les John et Jane Doe (monsieur et madame Tou-le-monde).

De même, nous sommes face à un pays relativement neuf dont les soubresauts peuvent également être expliqués par ce manque de maturité d’une société qui n’existe que comme une entité libre que depuis moins de 250 ans.

Cependant, si tout cela est exact, cela ne suffit nullement à expliquer le phénomène Trump et n’est même pas la part la plus importante de la réponse à nos interrogations sur ce qui a pu déraper, non pas uniquement en 2016 lors de la victoire du populiste démagogue mais bien en amont.

Les raisons qui l’ont porté au pouvoir peuvent être divisées en deux catégories: celles qui sont locales et concernent les Etats-Unis en tant qu’entité et celles qui sont globales et concernent le régime démocratique en tant que tel (et la nature humaine plus  vastement).

Dans les raisons locales, il y a le paysage politique qui date de bien avant Trump ainsi que les institutions et la Constitution sans oublier les profondes racines de la société américaine et les mythes (fondateurs mais aussi qui se sont constitués au fil de son histoire) qui définissent des parties plus ou moins importantes de la population et qui sont interprétés différemment selon ses orientations partisanes.

Ce qui est le cas, par exemple, du rêve américain où chacun met ce qu’il veut.

Pendant longtemps –avant même de recevoir l’appellation de rêve par James Truslow Adams –, il était néanmoins une sorte de ciment social parce qu’il unifiait les individus dans une quête identique d’une meilleure vie même si le contenu de celle-ci différait parfois du tout au tout d’une personne à une autre.

Car, de par la relative jeunesse et de par ses multiples strates ainsi que ses myriades d’origine, la société américaine ne peut être soudée que par des concepts, des représentations ou des mythes plus que par une appartenance nationale.

Ce n’est pas pour rien que l’on dit que les Etats-Unis sont une idée avant d’être un pays.

C’est même une possibilité avec tout ce que les divergences que ce terme implique.

De ce point de vue, la glorification du drapeau qui est affiché fièrement partout peut signifier qu’il joue comme une sorte de point de rencontre improbable mais nécessaire de toutes les Amériques qui se confrontent et s’affrontent.

Les Etats-Unis sont quand même un pays qui a connu une des pires guerres civiles où les questions identitaires étaient aussi importantes que les questions économiques, sociales et sociétales.

C’est tellement vrai que les divisions entre le Sud et le Nord demeurent vivaces alors que celle-ci a eu lieu il y a plus de cent cinquante ans et que la fracture est sans doute aujourd’hui plus profonde que les restes de celle de la Révolution en France qui a pourtant divisé le pays profondément et durablement.

C’est d’autant plus vrai que les politiques, plus particulièrement le Parti républicain mais aussi une frange du Parti démocrate, au lieu de jouer un rôle modérateur sur les divisions et de prôner une union dans la différence, ont décidé de faire de celles-ci un argument majeur de leur discours, un creuset électoral et une arme politique de première importance.

La responsabilité des républicains, non pas dans la création d’irréconciabilités entre Américains, mais dans leur instrumentalisation pour des gains électoraux, est, ici, gigantesque.

Dans les raisons globales, dont certaines sont nées aux Etats-Unis ou sont plus fortement prégnantes dans le pays, il y a ce dévoiement des valeurs et des principes démocratiques dont un des principaux est l’individualisme et son corolaire, l’autonomisation débridée, qui s’est transformé en un comportement égoïste irresponsable irrespectueux et consumériste, terreau du populisme et de l’extrémisme.

La volonté du nouveau président, Joe Biden, un centriste assumé, de réconcilier le pays et de refonder le pacte national est, certes, salutaire mais va se heurter à des écueils immenses et pas simplement à cause des quatre années de présidence de Trump.

C'est dans la revitalisation voire dans la redéfinition d’un mythe commun comme le rêve que se trouve en partie une réponse aux divisions.

Mais cela ne suffira pas.

Parce que le vertige de présidence populiste qui s’achève interroge la capacité d’un peuple de pouvoir gérer et faire fonctionner un régime aussi fragile que la démocratie dans la durée.

Jusque là, les Etats-Unis étaient la preuve qu’elle existait alors que tous les autres pays du monde ont connu des à-coups nombreux dans leur marche vers la démocratie sans oublier ceux qui n’ont jamais réussi à l’établir.

Or, voilà que l’archétype démocratique vacille dangereusement de par l’action répétée mais non extrêmement violente d’une frange de politiciens radicaux et extrémistes, de groupes séditieux, d’idéologues haineux et d’un personnage que l’on verrait plus jouer le méchant dans un film des Marx brothers ou un dessin animé de Walt Disney…

Oui, il faudra interroger avec une grande attention et une précision particulière, le rapport que l’humain entretient avec l’idée de la démocratie sans faire l’impasse sur comment pourrait évoluer ce binôme, comment un approfondissement est possible ou souhaitable, comment, en définitive, nous nous voyons et comment nous respectons les autres.

 

Alexandre Vatimbella & Aris de Hesselin

 

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Les faux amoureux de la liberté et la covid19

La crise de la covid19 est-elle la manifestation d’une plus grande empathie envers l’autre ou d’une forte soumission vis-à-vis du pouvoir?

On peut se demander si cette pandémie a révélé que nous étions moins égoïstes, insensibles et autocentrés que ce que l’on pensait à l’heure de l’autonomisation égocentrique, assistée, irresponsable, insatisfaite et irrespectueuse de l’individu débridée ou si nous sommes apathiques et soumis, incapables de défendre notre liberté.

Bien sûr, les mécontentements, les manifestations, les comportements irresponsables voire les émeutes au nom d’un refus des restrictions que celle-ci implique pour sauver le maximum de personnes possibles et permettre au système de soins de fonctionner sont là et sont bien mis en évidence par les médias.

Néanmoins, prévaut encore majoritairement cette attitude de responsabilité qui montre l’autre pendant de cette histoire, celle où nous refusons de mettre en jeu la vie des plus fragiles mais aussi celle de nos proches (et la nôtre) avec des arguments de solidarité et de réelle préoccupation de ne pas permettre au virus d’être plus ravageur.

Le débat est ouvert et il montre une fracture évidente dans la population, n’en déplaise aux partisans d’une liberté à tout prix même à celui de la vie d’autrui.

Ceux-ci, au lieu de se réjouir d’une prise de conscience des individus à la santé quoi qu’il en coûte et d’une prise en compte salutaire de l’autre (et de soi), s’indignent et se désolent que nous ne soyons pas en révolte et même en révolution pour nous opposer au joug qui nous opprimerait et qui ne serait que le prélude à une société liberticide voire totalitaire.

Leur indignation à des mesures pour sauver des vies est à la hauteur de leur inconséquence, de leur bêtise voire de leur noirceur d’âme.

Quand on pense que certains mettent en balance le «droit» d’aller danser en boîte de nuit et la vie des autres…

Sauvons les vies et allons ensuite nous en réjouir en dansant!

Bien sûr, l’existence humaine est fragile et la mort fait partie de celle-ci.

Elle est quotidienne et ne se lasse pas de nous toucher massivement lors de catastrophes naturelles, d’épidémies et de guerres que nous initions.

Une mort qui ne saurait remettre en cause l’incontournabilité de la liberté de l’individu.

De plus, la pandémie de la covid19 n’est, pour l’instant, pas l’événement le plus mortel que l’Humanité ait eu à vivre (nonobstant le fait qu’une grave mutation du virus pourrait changer la donne) et le nombre de décès rapporté à la population mondiale demeure faible par rapport à celui du cancer, par exemple, qui, lui, fait de prêt de dix millions morts par an dont près de 160.000 en France.

En revanche, malgré les affirmations de certains, la covid19 tue plus que la grippe puisqu’en un an la première a ôté la vie à 2,2 millions de personnes au moins (le chiffre étant manifestement sous-estimé, certains pays mentant sur leur nombre de cas, voire sont incapables de faire un quelconque recensement sérieux) alors que le seconde, selon les dernières estimations de l’OMS, emporte, pour la même durée, entre 250.000 et 650.000 personnes.

En outre, la covid19 est trois fois plus mortel que la grippe.

En cas de forme grave des deux infections, un patient covid19  a ainsi trois fois plus de risque de mourir.

Ajoutons qu’en ce qui concerne la covid19, le principe de précaution si souvent brandi pour tout et n’importe quoi, a du sens puisque ce nouveau virus que nous connaissons encore mal encore peut, à tout moment, muter et devenir d’une létalité sans commune mesure avec ce que nous connaissons actuellement.

On préfèrerait donc que ces «défenseurs» de la liberté aient un peu plus de jugeote, voire simplement d’empathie et qu’il consacre leur ire et leur soi-disant indignation à tous ceux qui, par leurs comportements, mettent la vie des autres en danger.

Parce que la liberté qui tue n’est pas une liberté mais une licence.

Moi, défenseur sans hésitation de la liberté, je sais qu’elle ne peut pas toujours prévaloir sur les circonstances lorsqu’il s’agit de sauver des vies.

Parce que je ne souhaite pas que ma liberté soit criminelle et qu’elle porte la responsabilité de la mort d’innocents qui ont le tort d’être vieux ou fragiles.

Comme le disait cet amoureux inconditionnel de la liberté, Max Stirner, la «liberté illimitée» n’est en fait qu’une «licence effrénée».

Et celle-ci est un fléau tout autant dangereux que les pandémies.

 

 

 

Propos centristes. France – Covid19, vaccins, et confinement; loi sur le respect des principes républicains; loi sur la protection animale; plan de relance…

Voici une sélection, ce 30 janvier 2021, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

► Emmanuel Macron (Président de la République)

- J’ai confiance en nous. Les heures que nous vivons sont cruciales. Faisons tout pour freiner l’épidémie ensemble.

- Il y a 100 ans, le 28 janvier 1921, le cercueil d’un soldat inconnu quittait la citadelle de Verdun pour gagner la dalle sacrée de l’Arc de Triomphe. Depuis, sa tombe est devenue le sépulcre des morts pour la France et jamais la Flamme du Souvenir ne s’est éteinte.

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Jean Castex (Premier ministre)

- Les prochains jours seront déterminants. (…)  pouvons encore nous donner une chance d'éviter le confinement.

- Le « quoi qu'il en coûte » - prêts garantis par l'État, fonds de solidarité, chômage partiel - s'appliquera bien sûr pour tous les salariés et les entreprises concernées.

- Les dérives de quelques uns ne sauraient ruiner les efforts de tous. Les policiers et les gendarmes seront mobilisés pour contrôler le respect du couvre-feu, sanctionner l'organisation des fêtes clandestines et les ouvertures illégales de restaurants.

- Toute entrée en France et toute sortie de notre territoire à destination ou en provenance d'un pays extérieur à l'Union européenne sera interdite, sauf motif impérieux, à partir de dimanche minuit.

- 5% des enfants issus de milieux populaires ont accès à une place en crèche contre 20% des enfants issus de classes plus aisées. → Créer des places en crèche dans nos quartiers, c'est contrecarrer ces inégalités qui s'installent dès les premiers jours de la vie.

- Accompagner individuellement chaque enfant, chaque jeune dans son parcours, depuis la petite enfance jusqu’à l’insertion professionnelle, c'est aussi l'objectif des cités éducatives dont j'ai vu la réussite ce matin sur le terrain. 200 seront labellisées à horizon 2022.

- Engagement tenu ! Un État efficace et présent, c’est d’abord un État qui tient parole. Je viens de confirmer à Grigny que le comité interministériel des Villes a décidé d’engager plus d'1 milliard d’euros au titre de France relance au bénéfice des quartiers prioritaires.

- 26% des habitants de nos quartiers se sentent en insécurité, contre 10 % au plan national. S'y résoudre, c'est accepter que la République recule.

 

Jean-Yves Le Drian (ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)

- Ce qui nous rapproche aussi aujourd’hui – et d’une manière, là encore, inédite et ambivalente –, ce sont les interdépendances dont notre monde commun est tissé.

- Notre défi est de combattre des nouvelles divisions en tirant parti de nouvelles proximités.

- Si l’expérience de la proximité prend aujourd’hui un sens nouveau, c’est d’abord parce que la révolution numérique a – pour ainsi dire – aboli les distances de l’espace physique.

- Premier échange chaleureux et confiant avec le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken. Nous construirons ensemble une relation transatlantique et une alliance atlantique renforcées et rééquilibrées entre les États-Unis et une Europe forte et souveraine.

- Je suis très attaché à l’amitié franco-canadienne, je l’ai dit à mon nouvel homologue Marc Garneau. Avec un agenda bilatéral riche : lutte contre la covid19, climat, multilatéralisme, relation transatlantique, Sahel.

 

Barbara Pompili (ministre de la Transition écologique)

Je me réjouis que l'Assemblée nationale ait adopté la proposition de loi de la majorité qui fait grandement avancer la condition animale, en réaffirmant notamment les décisions que j’avais prises pour les cirques, delphinariums et élevages de visons.

 

Jean-Michel Blanquer (ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports)

- Le réseau français d’enseignement à l’étranger est un joyau de notre pays. Il se fortifie malgré la crise dans le cadre de l’ambition fixée par le président de la République.

- En avant pour l’égalité des chances! L'École de la République, grand levier de réduction des inégalités, avec le dédoublement des classes, les cités éducatives, les Vacances apprenantes, le plan Mercredi...

- Merci à l'association des professeurs d’Histoire et de Géographie pour la création du prix Samuel Paty qui récompensera des travaux pédagogiques. Nous soutiendrons cette excellente initiative.

 

Bruno Le Maire (ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance)

Un plaisir d'avoir eu pour la première fois au téléphone mon homologue américaine Janet Jellen. C'était l’occasion de la féliciter pour sa nomination et d’aborder des sujets prioritaires : climat, coordination de nos réponses économiques à la crise et taxation internationale.

 

Florence Parly (ministre des Armées)

Premier entretien téléphonique avec le secrétaire à la Défense américain, Lloyd Austin. De nombreux sujets prioritaires : Sahel, Levant, Indopacifique, OTAN, coopération sur l'espace et cyber. La France et les Etats-Unis ne sont pas seulement des alliés historiques, ce sont des partenaires opérationnels exceptionnels.

 

Gérald Darmanin (ministre de l'Intérieur)

- L’urgence est de freiner l’épidémie. Cette mission est prioritaire, des opérations de contrôle de la police et de la gendarmerie sont prévues dès ce week-end pour faire respecter l’ensemble des nouvelles règles sanitaires. (…) J’ai donné instruction aux Préfets de renforcer les contrôles sur l’ensemble du territoire. Comme l’a dit le Premier ministre, c’est en intensifiant encore nos efforts - déjà importants - que nous pourrons éviter un reconfinement.

- [Projet de loi pour conforter le respect des principes de la République] Cette loi est une étape très importante, mais elle n’est pas l’alpha et l’omega du discours des Mureaux du président de la République contre le séparatisme islamiste. Lutter contre le séparatisme islamiste ce n’est pas seulement étendre la neutralité des agents dans les services publics, lutter contre les officines islamistes, les associations qui détournent la liberté d’association à leurs fins, contrôler davantage la scolarisation hors contrat, éviter le financement étranger du culte. C’est aussi l’urbanisme, la politique du logement, la politique d’intégration et d’assimilation, le sujet, en partie, de l’immigration… Mais attention aux discours simplistes. Il ne faut pas être les idiots utiles des islamistes. Notre ennemi a comme stratégie d’essayer de démontrer que la France est un pays raciste, anti-musulman, «islamophobe». Tout ce qui peut mettre de l’eau au moulin de ceux qui disent «regardez, ils vous rejettent, ils considèrent que vous n’êtes pas compatibles, que par nature vous ne serez jamais leurs amis, venez avec nous on va vous défendre parce que nous sommes la vraie communauté», renforce la communauté islamiste contre la communauté nationale. Ce que je fais à mon poste de ministre de l’Intérieur c’est, comme disait le général de Gaulle, un travail pour «l’idéal à travers des réalités».

- Je considère que les va-t’en guerre qui, hier n’ont pas pris les bonnes décisions, et qui aujourd’hui comme Saint-Paul sur le chemin de Damas, totalement convertis à la laïcité, renvoient une grande partie de nos compatriotes musulmans parfaitement patriotes, parfaitement intégrés, parfaitement assimilés, vers leur communauté. Avoir un tel discours jusqu’au-boutisme, rejetant la présence même des expressions religieuses renverrait les modérés vers les extrêmistes. Nous pensons que la meilleure solution pour lutter contre les séparatismes, et principalement le plus dangereux d’entre eux, le séparatisme islamiste, restent de s’appuyer comme le fait le projet de loi, sur les principes de la République. Ils sont, pour nous, le meilleur médicament au mal que nous connaissons.

- C’est souvent dans les banlieues dites rouges, les anciens bastions du parti communiste, là où le socialisme municipal s’était implanté, que la solidarité nationale a été remplacée par une autre solidarité, islamiste. Il faut redonner à la République une transcendance. En faisant vibrer les gens à l’idée que la France est une promesse, on aura un espoir concurrent là où l’islamisme occupe seul le terrain. Mais nous ne nous arrêtons pas là. Nous apportons des réponses sur cinq champs de bataille dans le projet de loi: tout d’abord, nous étendons, à la limite de ce que nous pouvons faire, le devoir de neutralité des agents publics et des agents privés (dans les transports, dans les piscines…). Ensuite, nous prenons des mesures extrêmement fortes contre les associations séparatistes, pouvant aller jusqu’à leur dissolution. Troisième champ de bataille: internet. Nous allons ensuite renforcer la police des cultes avec notamment la déclaration de tous les financements étrangers et la possibilité pour la France de s’y opposer. Enfin, cinquième champ de bataille, nous créons deux délits de séparatisme. Quelqu’un qui, demain, refuse de serrer la main d’une femme, refuse de se faire soigner par une femme et utilise la menace ou l’intimide, fait pression sur un enseignant, met en danger un policier ou un universitaire pourra être poursuivi et expulsé s’il n’est pas français.

- [Discours indigéniste, racialiste de plus en plus banalisé dans le monde universitaire, médiatique et politique] Cela m’inquiète beaucoup. Parce que je pense que Gramsci a raison lorsqu’il dit que les idées mènent le monde. Par une sorte de «collaboration», j’ose le mot, des intellectuels, des journalistes, des commentateurs, parfois des politiques intériorisent les deux critiques contre nous, celle des islamistes et celle des pays anglo-saxons. Nous ne défendons pas assez l’idée de laïcité, qui est une liberté, cette invention française, inhérente à l’idée même de civilisation française. Je suis très inquiet par ce qui semble être la victoire de nos ennemis et que nous n’ayons pas les armes, la force, le courage de défendre notre vocation universelle, celle de notre pays.

- C’est très juste de dire qu’il faut une administration de mission. C’est encore plus vrai dans la lutte contre le séparatisme islamiste. Je partage votre opinion sur ce point. Ce n’est pas à mon avis de la faute des fonctionnaires, c’est parce que le pouvoir politique n’a pas défini ce qu’il souhaitait. Pendant longtemps, on a dit qu’il fallait combattre le terrorisme et la radicalisation. Tout le reste, au fond c’était gênant mais ce n’était pas grave. Notamment l’islamisme, le communautarisme, l’islam politique. Nous n’osions jusqu’ici pas affirmer que le terreau du terrorisme, de la séparation, du combat, c’était l’islam politique, l’hyper communautarisation. Il a donc prospéré sur l’absence d’une République plus forte. Il nous appartient de redéfinir nos buts politiques. C’est le grand travail que nous menons sous l’autorité du président de la République. Nous ne luttons pas uniquement contre la radicalisation mais contre tout ce terreau du terrorisme qu’est l’islamisme.

- La laïcité française, c’est trois choses: la pluralité religieuse, la neutralité de l’État et de ses agents, la liberté de culte. Je suis très attentif à ce que l’État et ses agents publics soient neutres. Demain, même les agents de droit privé seront obligés, s’ils travaillent pour une collectivité, mais aussi tous ceux qui travaillent à la CPAM, à Pôle emploi, dans les HLM, d’avoir ce souci de neutralité. Mais la neutralité s’applique à l’État et non aux citoyens dont la liberté de culte doit être respectée. Chacun a le droit à l’expression de ses opinions «même religieuses». Si on adoptait ces amendements, on interdirait à toute personne dans l’espace public, dans la rue, le bus, les mairies, de montrer son appartenance à une religion. Derrière ces amendements, il y a bien sûr l’idée de l’interdiction du foulard. Le foulard comme expression de sa religion. Ou le foulard par revendication islamique. C’est difficile de reconnaître l’un de l’autre. Latifa Ibn Ziaten, la mère du militaire français tué par Mohammed Merah, porte le foulard. Je vais lui demander de le retirer dans la rue alors que son propre fils est mort sous les coups d’un islamiste quand elle va acheter sa baguette de pain? C’est ça que veulent ceux qui déposent ces amendements? Le vêtement ostentatoire, ça peut certes être le symptôme du mal. Mais le mal c’est l’idéologie qui pousse à l’islamisme. Attaquer une maladie par les symptômes me parait voué à l’échec. Enfin, ce qui est gênant, ce n’est pas que les jeunes filles ou les femmes portent des foulards. Ce qui est gênant, c’est quand elles n’ont que ça comme port vestimentaire et qu’elles n’ont pas le choix à cause de la pression communautaire. Tout ce texte vise justement à faire baisser fortement la pression communautaire.

- [Interdiction du voile] Saïd Boualam, dit le bachagha Boualam était vice-président de l’Assemblée nationale quand Michel Debré était premier ministre. Il venait en tenue traditionnelle et musulmane. Son expression religieuse ne l’empêchait pas d’être à la fois parlementaire et patriote. Mon grand-père était musulman, il s’est engagé pour l’armée française en 1940, en 1944 il a choisi de rester sur le sol métropolitain, en 1962 il a aidé les Français et a été condamné à mort par les fellaghas, il priait Allah et il aimait la République. Les expressions religieuses n’ont jamais empêché d’être patriotes. On rentrerait dans le piège des islamistes en pensant que la France ce n’est qu’une race, une tradition et une culture. Ce n’est pas parce que quelque chose nous gêne que je dois l’imposer avec une loi. On peut trouver le voile pas souhaitable, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, l’a déjà évoqué, et je peux partager cette opinion, sans pour autant imposer une interdiction dans la loi. Concernant les petites filles je trouve l’argument très particulier. Ces petites filles sont dans des écoles clandestines, celles-là même qu’on veut fermer. Si on veut qu’elles ne portent pas le hidjab, il faut accepter leur scolarisation dans les écoles de l’Éducation nationale. Plutôt que de se battre sur le vêtement, battons-nous sur les idées et qu’on nous soutienne lorsqu’on veut limiter et mieux contrôler l’école à domicile. La police du vêtement ne mènerait à rien d’autre qu’aux hystériques débats qui n’ont servi à rien sur le burkini. Si nous voulions changer les règles dans l’espace public, il faudrait profondément changer notre Constitution et notre conception de la laïcité. Une forme de victoire des islamistes finalement.

- Il faut s’assurer que les lieux de cultes ne soient pas victimes d’ingérences étrangères mais ils ne sont plus les lieux essentiels de cette propagation de l’islamisme. Pour la première fois, il y a des dispositions prévues pour s’opposer aux financements étrangers. Il y a aura également, pour la première fois dans l’histoire de la République, la possibilité de fermer des lieux de culte pour d’autres raisons que des raisons liées à l’accueil du public ou au terrorisme. Aujourd’hui, le ministre de l’intérieur ne peut fermer les 89 lieux de cultes soupçonnés de séparatisme en raison de la loi qui l’interdit. Demain grâce à cette loi, il sera possible de fermer un lieu de culte si un responsable religieux, a qualifié les juifs de mécréants ou d’apostat toute personne critiquant l’islam. Concernant les associations, je souhaite lutter fortement contre la «Dawa» qui consiste à exercer des actes positifs tels que la distribution de repas, les cours du soir, aides en générale. Cette pratique crée un syndrome de Stockholm qui pousse à la conversion à travers l’apparition de rites et de pratiques dans cette solidarité. Cette aide associative n’est pas concurrencée par une aide républicaine, en raison de la discrétion des services publics, de présence policière ou d’écoles de la république. De plus, des subventions sont versées à ces associations. L’État ou les collectivités subventionnent la subversion. C’est un comble! Les nouvelles dispositions de la loi permettront de poursuivre les dirigeants de ces associations séparatistes ou de les dissoudre. Ils ne pourront plus percevoir de subventions. Cette loi est un signal fort envoyé au séparatisme. Par ailleurs, le préfet pourra désormais se substituer au maire s’il découvre le versement de fonds publics à ces associations. Il faut aussi se pencher sur la question de l’accueil des étrangers sur le territoire national et comment les loger. Ayant été maire, je suis convaincu qu’il est nécessaire de continuer à mener une politique de renouvellement urbain. Monsieur Rougier appelle ces logements des «ghettos» et je suis d’accord avec ce terme. C’est d’ailleurs ce que le président de la République a dénoncé dans son discours en pointant une forme de séparatisme que nous avons-nous même créé. Mais pas seulement en raison de l’insalubrité des immeubles, mais parce qu’il s’agit d’une communauté homogène rassemblée dans un même espace. La situation est différente dans les lieux où existent la mixité sociale. Chacun est influencé par ce qu’il perçoit de l’autre. Lorsque j’étais maire de Tourcoing, j’ai appliqué la mixité sociale à l’ensemble des quartiers de ma commune. Par exemple, le quartier de la bourgogne à Tourcoing, très communautarisé, qui comptait 90% de logements sociaux, va vers désormais à 40% et le centre-ville dispose désormais de 25% de ce type de logements. Ce changement prend du temps mais je suis convaincu que la mixité sociale est un outil de lutte contre le séparatisme.

- Une disposition du projet de loi prévoit que dans les lieux de cultes, les associations ou les services publics, un individu dont la radicalité est affirmée, ne pourra plus exercer de responsabilités ni être embauché. Nous avons procédé à l’allongement du fichier judiciaire «Fijait» qui regroupe l’ensemble des condamnations pour complicité de terrorisme et les mises en examen, en y ajoutant «L’apologie de terrorisme». Cependant la loi ne peut condamner les individus uniquement pour ce qu’ils font et non pour ce qu’ils pensent pouvoir faire. On n’est pas dans Minority Report! C’est une garantie du système démocratique. Mais nous avons ajouté des mesures fortes, comme le préfet qui pourra désormais intervenir sous 48 heures lorsqu’un acte est suspecté d’être séparatiste. Par exemple pour les maires qui font preuve de complaisance en procédant à la réservation de créneaux de piscine pour des femmes. Nous souhaiterions élargir le champ d’intervention aux domaines administratifs des universités et des hôpitaux ou les préfets ne peuvent pas toujours intervenir. Mais l’État n’est pas le seul responsable de la situation. La société française dans son ensemble et notamment le capitalisme français a une réelle responsabilité. Certaines entreprises utilisent le communautarisme pour faire du marketing. C’est un encouragement au séparatisme. Les patrons de ces sociétés ne sont pourtant pas des musulmans radicalisés. Ce sont parfois les mêmes qui réclament à l’État d’agir contre ce phénomène, qui commercialisent des produits à tendance communautaire. Quand le patronat, demande devant le parlement de ne pas aller trop loin dans la neutralité demandée à nos délégations de service public afin d’éviter des problèmes, je m’interroge. C’est une organisation qui doit exercer des activités dans un cadre patriotique, pour l’État français et pas uniquement dans un but lucratif. J’invite, par exemple, les entreprises à faire voter dans leurs règlements intérieurs les dispositions qui relèvent des principes de la laïcité. C’est à dire à appliquer la loi. Le patron et les syndicats de l’entreprise ont également une responsabilité sociale et patriotique.

- Le Quai d’Orsay discute avec l’Arabie Saoudite un accord pour identifier les structures qui effectuent le pèlerinage. De manière générale, le gouvernement ne combat pas seulement l’islamisme, mais également les ingérences étrangères. L’islam est un problème français, comme Philippe Le Bel disait que l’église de France était un problème français. Dans le domaine associatif, je suis favorable à l’identification de tous les fonds étrangers pour tous types d’associations y compris les fonds de dotations, un système particulier qui permet aux associations de récupérer de l’argent. Si cette mesure est adoptée par les parlementaires, elle permettra de lutter contre les anciens membres du CCIF et de BarakaCity qui ont été des associations crées dans les années 2000, redoutables dans le processus d’islamisation des individus.

- Sur les 22.000 individus inscrits au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, les trois quarts sont français. Vingt-deux des 30 derniers attentats ont été perpétrés par des Français. Il peut y avoir un lien entre séparatisme, terrorisme et immigration, le drame de Nice l’a montré, mais ce lien n’est pas systématique. La fermeture des frontières ne règlera pas le problème de l’islamisation. La conception du gouvernement est différente. Entre une gauche naïve qui idéalise l’étranger par nature et une droite qui veut fermer toutes les frontières, le gouvernement estime qu’il ne faut pas juger les immigrés pour ce qu’ils sont mais pour ce qu’ils font. De nombreuses dispositions sur l’immigration sont prévues dans le texte de la loi sur le séparatisme. L’article 4 de la loi sur le séparatisme, punira de cinq ans d’emprisonnement le fait d’user de menaces, de violences ou d’intimidation pour obtenir des règles particulières pour des motifs de croyances religieuses et les étrangers commettant ces méfaits pourront être expulsés. La même sanction de reconduite à la frontière sera appliquée aux auteurs étrangers de certificat de virginité. Le problème n’est pas l’accueil des étrangers mais comment les faire repartir lorsque la décision de les faire quitter le territoire est prise. Le système des obligation de quitter le territoire français (OQTF), les recours nombreux, et le peu de laisser passer consulaire en raison du Covid, constituent les difficultés de la politique publique de l’immigration.

- La France n’est pas laxiste. Sur les 130.000 demandes d’asile enregistrées, 75% sont rejetées. Depuis le début du quinquennat, près de 500 étrangers en situation irrégulière inscrits au FSPRT ont été expulsés. Il s’agit d’une volonté politique. Par exemple, à la demande du président de la République, j’ai demandé l’application stricte des lois qui permettent de ne pas renouveler les cartes de résident concernant les personnes qui ont été condamnées pour trouble à l’ordre public. Plus de 1300 individus, en trois mois, sont concernés et ont été expulsés ou sont en cours d’expulsion, en Seine-Saint-Denis par exemple. L’État a les moyens d’agir efficacement dans ce domaine. Les mesures prises par notre gouvernement auraient probablement dû être prises il y a déjà de nombreuses années. Aujourd’hui, nous agissons face à l’urgence de la situation. Les critiques extérieures proviennent souvent des pompiers pyromanes qui ont une part de responsabilité dans la situation actuelle.

 

Elisabeth Borne (ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion)

- L'égalité des chances passe par un investissement massif pour la jeunesse et l'insertion par l'emploi. Sur les 13,8 milliards € du Plan d’investissement dans les compétences, qui facilite l’accès à la formation professionnelle pour les jeunes et les demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés, 2 milliards sont consacrés aux habitants des quartiers prioritaires. La prise en charge des jeunes par les missions locales sera renforcée. 200 000 places en Garantie Jeunes et 420 000 en parcours contractualisé d'accompagnement vers l'emploi et l'autonomie seront ouvertes en 2021. Le nombre de Parcours Emploi Compétences, cofinancés par l’Etat jusqu’à 80%, sera doublé dès cette année dans les quartiers prioritaires et les zones de revitalisation rurale. 35M€ supplémentaires seront mobilisés dans le cadre du Plan d'investissement dans les compétences pour permettre à 15 000 habitants des quartiers d’acquérir des compétences numériques de base. Parmi les 50 nouvelles expérimentations à venir, le dispositif "territoire zéro chômeur de longue durée" sera déployé dans les quartiers prioritaires. 60 Cités de l’emploi supplémentaires seront créées dès 2021. L'accompagnement des demandeurs d'emploi sera renforcé dans les 66 agences Pôle emploi recevant le plus d'habitants des quartiers prioritaires. 50M € seront mobilisés pour financer des projets de remobilisation et de retour à l’emploi pour les habitants des quartiers, dans le cadre du plan d'investissement dans les compétences.

 

Julien Denormandie (ministre de l'Agriculture et de l'alimentation)

Les agriculteurs sont ces entrepreneurs du vivant qui nourrissent le peuple. Ils ne comptent pas leurs heures pour mener à bien cette noble mission. Merci et reconnaissance à eux.

 

Amélie de Montchalin (ministre de la Transformation et de la fonction publique)

Dans la fonction publique, le télétravail reste la règle quand il est possible. C'est une arme clé contre le virus : aucun relâchement, et encore plus d'accompagnement des agents concernés.

 

Elisabeth Moreno (ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances)

- Moment d'échange ce matin avec l'association "Au-delà du genre", accompagnée de deux familles et de jeunes trans binaires. L'intégration des jeunes trans est l'un des axes Moment d'échange ce matin avec l'association "Au-delà du genre", accompagnée de deux familles et de jeunes trans binaires. L'intégration des jeunes trans est l'un des axes du Plan national d'actions 2020-2023. Le gouvernement est mobilisé pour une société plus inclusive.

- [Tribune: La parité n'est pas la charité: la loi Copé-Zimmermann dix ans après]
Il y a des lois qui marquent les esprits. Des lois qui transforment réellement notre société. Des lois qui brisent les ordres établis ; parfois contre vents et marées, à rebours de l’opinion majoritaire. Des lois en avance sur leur temps et qui, lorsque l’on regarde ensuite dans le rétroviseur, prennent des allures de révolution. La loi Copé-Zimmermann, adoptée le 27 janvier 2011, est de celles-ci.
Cette loi constitua néanmoins un risque à l’époque. Rappelons-nous en effet les déboires et la vindicte qu’avaient essuyés Yvette Roudy en 1983 avec son projet de loi sur la lutte contre les discriminations fondées sur le sexe. Sa bravoure et son opiniâtreté n’avaient finalement pas eu raison d’une société française encore frileuse sur ce sujet. Trente ans plus tard, sans amoindrir le courage dont Marie-Jo Zimmermann et Jean-François Copé ont fait preuve, je crois que la société était prête.
Grâce à cette loi, les conseils d’administration des entreprises du CAC 40 se sont spectaculairement féminisés ; passant d’à peine 10% en 2009 à 44,6% aujourd’hui. La France se hisse ainsi sur la première marche du podium européen et au deuxième rang mondial, talonnant l’Islande à 46%. À celles ou ceux qui parfois en doutent, cette loi est l’illustration concrète que la loi peut être utile, que la norme certes contraignante fait in fine bouger les lignes.
Si l’anniversaire des dix ans de la loi Copé-Zimmermann nécessite de décerner à notre pays un satisfecit, nous devons néanmoins amplifier le mouvement. Parce que les inégalités n’ont pas disparu, le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas terminé.
En effet, en 2019, les comités de direction des entreprises du SBF 120 ne comptaient que 17% de femmes. Au surplus, douze entreprises du CAC 40 ne disposent d’aucune femme au sein de leur plus haute instance de direction, tandis que 9 en recensent moins de 10%. Le CAC 40 demeure, hélas, un « club de mecs en costumes gris ». Car si l’on m’avait dit il y a trente ans, lorsque j’ai débuté ma carrière professionnelle, qu’en 2021 une seule femme serait à la tête des quarante plus grandes entreprises françaises, je n’y aurais pas cru une seule seconde.
Avec Bruno Le Maire et Élisabeth Borne, nous en sommes intimement convaincus : la question de la parité n’est pas résolue. Si la loi Copé-Zimmermann a eu un effet extrêmement positif sur la parité au sein des conseils d’administration, les femmes continuent néanmoins d’être confrontées à un « plafond de verre » épais, qui les exclut trop souvent des autres instances de direction ; ces lieux où sont réellement prises les décisions de l’entreprise.
En d’autres termes, l’effet « ruissellement » attendu n’a pas eu lieu. Dans la tech par exemple, elles représentent moins de 20% des membres des Comex et seulement 12% des créateurs de start-up. Des inégalités sur lesquelles nous travaillons avec Cédric O, via le programme French Tech Tremplin notamment.
Il s’agit d’une véritable anomalie qui constitue en fin de compte un miroir grossissant des inégalités qui subsistent entre les femmes et les hommes dans le monde professionnel. Grande cause du quinquennat décrété par le Président de la République, l’égalité entre les femmes et les hommes est au cœur de ma mission et de l’ambition du Gouvernement. Beaucoup de chemin a été parcouru en trois ans.
Qu’il s’agisse de l’extension du congé paternité de 14 à 28 jours, de la création d’un service public des pensions alimentaires, de la mise en place par Muriel Penicaud de l’Index de l’égalité professionnelle pour lutter contre les inégalités salariales ou encore de la protection du conjoint collaborateur via la loi PACTE, beaucoup a été accompli pour faire progresser l’égalité dans le monde professionnel.
Avec Bruno Le Maire et Élisabeth Borne, nous sommes favorables à l’instauration de quotas dans les instances dirigeantes des entreprises.
Dix ans après la promulgation de la loi Copé-Zimmermann, je considère qu’il faut que nous allions plus loin. Avec Bruno Le Maire et Élisabeth Borne, nous sommes favorables à l’instauration de quotas dans les instances dirigeantes des entreprises. Parce que la parité n’est pas la charité, parce que seuls les quotas font en réalité bouger les lignes en profondeur, nous croyons en la force de la loi pour transformer la société.
Parce que la parité n’est pas la charité, parce que seuls les quotas font en réalité bouger les lignes en profondeur, nous croyons en la force de la loi pour transformer la société.
Dans le contexte de crise sanitaire et économique que nous traversons, cette conviction prend une épaisseur supplémentaire. A la lisière de deux mondes, le nouveau qui s’ouvre à nous et que nous devons édifier collectivement devra absolument être plus juste et plus égalitaire. La loi Copé-Zimmermann, qui a ouvert le champ, doit être l’écume d’une vague encore plus forte.

 

Franck Riester (ministre chargé du commerce extérieur et de l'attractivité)

- Notre position n’a pas changé : la France s’oppose à l’accord avec le Mercosur en l’état, comme nous l’avons dit et répété depuis le 18 septembre dernier.

- Notre volonté, c’est de faire du commerce international un levier pour mettre l’environnement & le climat au coeur des échanges mondiaux.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre chargée de l'Industrie)

- Notre objectif : faire en sorte que le consensus obtenu à l’issue des Etats généraux de l’alimentation et transcrit dans la loi EGALIM se traduise dans les négociations commerciales en cours. Il en va de notre souveraineté alimentaire.

- Nous avons besoin de plus de femmes dans l'industrie, à tous les niveaux et dans toutes les fonctions ! Ensemble, brisons plafond & parois de verre !

 

Clément Beaune (secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)

Le président de la République considère que l’Europe doit s’affirmer, se défendre, protéger. Contrairement à ses prédécesseurs qui ont souvent eu des doutes, lui considère que l’entente franco-allemande, même si elle n’est pas suffisante, est indispensable. Lorsqu’il est arrivé au pouvoir, en 2017, il n’a pas tourné autour du sujet, il a plongé dedans ! Il n’a eu aucune hésitation sur le fait que la relation franco-allemande devait être l’axe central de sa politique et de la relance européennes. La chancelière et lui sont très complémentaires. Ils ont posé le même diagnostic sur l’Europe et sont tous deux attachés au même modèle d’équilibre. Angela Merkel est une femme de réflexion et de parti, quand le président est plus directement dans l’action ; il exerce un leadership d’entraînement.

 

Adrien Taquet (secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles)

Pour briser le tabou des violences sexuelles nous devons aussi oser nous adresser à ceux qui sont en risque de passage à l’acte et mettre à leur disposition de l’aide. Une mesure intégrée dans le plan de lutte contre les violences faites aux enfants.

 

► Partis politiques

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

Stanislas Guerini (délégué général)

- Ce sont nos efforts, notre vigilance collective, qui nous donnent aujourd'hui une chance d'éviter le reconfinement dont chacun connaît les lourds impacts. Nous devons la saisir. C'est une décision de confiance et de responsabilité.

- Pas d'égalité des chances sans la co-construction, l’implication, la mobilisation de tous les acteurs de la politique de la Ville. Des investissements France relance dédiés à la politique de la ville.

 

Christophe Castaner (président du groupe à l’Assemblée nationale)

- Nous savons trop l'impact qu'aurait un nouveau confinement, en particulier pour les plus fragiles. Tout faire pour protéger les Français, sans mettre le pays sous cloche : c'est tout le sens des mesures prises ce soir, en responsabilité. Restons vigilants.

- La proposition de loi Animaux a été adoptée ce soir ! Je suis fier qu’elle l’ait été à la quasi-unanimité : un acte fort pour une cause à laquelle les Français et les députés LaREM tiennent beaucoup.

 

Aurore Bergé (présidente déléguée du groupe à l’Assemblée nationale)

- Nous nous attaquons à l’islamisme et au séparatisme islamiste et c’est l’un des objets majeurs de ce projet de loi [sur le respect des principes républicains].

- Notre proposition de loi sur la lutte contre la maltraitance animale a été adoptée ! Cela a été un long chemin et engagement parlementaire et des combats menés pendant des années par les associations. C'est une grande fierté (et pas mal d'émotion).

 

Laetitia Avia (porte parole)

- Il faut que cela cesse ! Les réseaux sociaux sont utilisés pour jeter les gens en pâture et les mettre en danger. C’est pour lutter contre ces dérives qu’Eric Dupond-Moretti a proposé un nouveau délit de mise en danger par la divulgation de données personnelles. Nous le voterons.

- Avec Jean-Louis Touraine, nous déposons une proposition de loi pour garantir et renforcer les droits des personnes en fin de vie. Pour le droit de mourir dans la dignité.

 

● MoDem

Patrick Mignola (président du groupe à l’Assemblée nationale)

Ce soir, le Premier Ministre a présenté des mesures sérieuses et équilibrées et a réaffirmé la confiance du gouvernement à l égard des Français. Soyons collectivement responsables et plus vigilants que jamais dans les jours à venir, qui seront décisifs.

 

Bruno Millienne (député)

[Tribune: La gratuité des transports d’Audrey Pulvar: impossible, injuste et irresponsable]
Audrey Pulvar est depuis le 27 janvier officiellement candidate à la tête de l’Ile-de-France avec une mesure phare : la gratuité des transports en commun pour tous d’ici 2026 ! En réaffirmant cette promesse, elle plonge la campagne des régionales dans la course à la démagogie, au mépris de l’intelligence des électeurs.
Pour mémoire, le débat avait été lancé dès 2018 par Anne Hidalgo. Plus prudente que sa protégée, la maire de Paris avait commandé un rapport à ses adjoints avant d’enterrer l’idée globale au profit de quelques mesurettes sectorielles. Ce rapport de la ville de Paris avait d’ailleurs été précédé par un autre commandé, lui, par la région. Experts et élus de tous bords ont donc déjà bûché sur le sujet. Or, à part Mme Pulvar et quelques communistes en manque de collectivisation, tous arrivent à la même conclusion : c’est au mieux impossible, au pire totalement irresponsable !
En nous promettant une mesure « qui répond à la fois à la justice sociale et à l’urgence climatique », Audrey Pulvar réalise l’exploit de se tromper sur les deux points. Sur la pollution, ses collègues parisiens évoquent ainsi « un impact très faible sur le trafic automobile », lequel est chiffré à -2 % par le rapport de la région. Celui-ci précise d’ailleurs que le coût d’utilisation d’une voiture étant déjà bien supérieur à celui d’un Pass Navigo, la variable prix n’est pas pertinente pour faire migrer les usagers d’un mode de transport à l’autre.
Investissements en péril. La gratuité aurait même deux effets pervers. Elle constituerait tout d’abord un effet d’aubaine pour l’usage du bus ou du métro sur des trajets courts, qui sont habituellement faits à pied ou à vélo. Dommage pour la santé publique… De plus, en fragilisant les ressources du réseau de transports, on lui ferait courir un grave risque de paupérisation alors même qu’il nécessite continuellement de lourds investissements. J’invite d’ailleurs Mme Pulvar, récente élue du centre de Paris, à venir dans ma circonscription dire aux usagers des bouts de ligne que leurs vieux trains ne seront pas rénovés parce que, vous comprenez, la priorité est de rendre le transport gratuit pour tous…
On repassera aussi pour la justice sociale : les rapports cités précédemment sont très clairs sur ce point, la gratuité totale supprimera l’effet redistributif des tarifs sociaux. Aujourd’hui, ceux qui en ont les moyens financent le fonctionnement du réseau, notamment au bénéfice des plus modestes qui ont droit aux tarifs sociaux ; la gratuité totale annulerait tout simplement cette équité de traitement. Supprimer un dispositif socialement équitable, la candidate de la gauche ne propose rien de moins !
Ça ne s’arrange pas quand on parle chiffres : pour aller chercher 2,2 milliards d’euros (montant sous-estimé de près de 25 %), Audrey Pulvar propose – on ne sait pas comment d’ailleurs – d’aller récupérer les sommes dégagées par la baisse de l’accidentologie, les retards de livraison ou encore les heures perdues dans les bouchons. Tout est donc basé sur une baisse massive de la circulation automobile dont tous les experts, jusqu’à ceux qui travaillent avec elle, s’accordent à dire qu’elle n’arrivera pas.
Réalité alternative. Finalement, Mme Pulvar est trop intelligente pour ne pas avoir lu les rapports dont je parle. Tout ce que j’écris, elle le sait très bien mais elle préfère volontairement l’ignorer pour lancer sa campagne sur une mesure forte qu’elle sait pertinemment irréaliste. A peine sept mois après son élection au conseil de Paris, forte d’une notoriété acquise sur les plateaux télé et de sa proximité avec Anne Hidalgo, Audrey Pulvar aspire à présider la première région de France en versant dans une réalité alternative que la journaliste intraitable qu’elle était n’aurait pas manqué de dénoncer vigoureusement.
Au final, c’est l’ensemble de la parole politique qui en sortira discréditée, comme si la gauche n’avait rien vu de tout ce qui se passe dans le pays depuis quatre ans et préférait se vautrer dans la caricature de tout ce qui l’a conduit là où elle est aujourd’hui.

 

● Mouvement radical

Depuis quelque temps, l’on a vu se développer deux tendances qui dépassent largement nos frontières : le populisme et le complotisme. Cela découle d’une même source. Une crise de confiance majeure touche les politiques. Il est temps de réagir et de donner un nouveau souffle à la démocratie.
Les Radicaux ont toujours défendu
Une représentativité accrue dans les institutions nationales, notamment par le biais de l’introduction de la proportionnelle aux élections législatives. ;
La reconnaissance du vote blanc ;
- Le développement d’autres moyens de vote pour lutter contre l’abstention, notamment en période de crise sanitaire.
Dès le début de la pandémie de COVID19, Laurent Hénart, président du Mouvement Radical, appelait de ses vœux la mise en place du vote par correspondance pour les élections municipales. Cette mesure aurait sans doute évité de n’avoir que 41.6% de participation à ces élections, pourtant jugées par les Français comme l’un des plus importants rendez-vous politiques. Alors que le Sénat vient de donner son accord pour un report « au plus tard le 20 juin » des élections régionales et départementales, il est encore temps de mettre en œuvre le vote par correspondance et/ou par internet et ainsi éviter un nouvel écueil démocratique.
Les Radicaux appellent tous les partis, à l’instar du MoDem, à dépasser les clivages politiques pour demander ces réformes vitales au bon fonctionnement de notre démocratie.

 

Nathalie Delattre (sénatrice)

Prorogation de l’état d’urgence sanitaire: je vote ce soir contre l’état d’urgence permanent qui ne permet pas un débat à la hauteur de notre démocratie. L’urgence ne doit plus être entérinée comme une nouvelle normalité et le pouvoir exécutif ne doit plus outrepasser le Parlement.

 

► Autres

● Organisations centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)

 

Nathalie Loiseau

- Les fake news sont souvent le fait de faux média. Comme la mauvaise monnaie chasse la bonne, le faux journalisme menace le vrai. Et le vrai journalisme, sans complaisance mais sans compromission, n’a jamais été aussi nécessaire pour éclairer notre compréhension du monde.

- Le RN est pro-Trump, pro-Poutine, pro-Bachar. Heureusement que la France est gouvernée par des hommes et des femmes qui défendent les intérêts des Français.

 

Pascal Canfin

La Commission européenne sort une étude auj qui démontre que 50% des arguments de vente « verts » sur les sites internet sont tout simplement faux! Un argument de plus pour changer les règles du jeu et aller vers de vrais labels

 

● Personnalités centristes
Jean-Pierre Raffarin (ancien premier ministre)

Sondages: dans la période de crise que nous vivons les sondages ne sont pas fiables pour 2022. La vérité est que tout est possible! C’est la sortie de crise qui définira les rapports de forces de la prochaine présidentielle.