dimanche 1 septembre 2019

Actualités du Centre. Les radicaux se rapprochent de la majorité présidentielle

Laurent Hénart, président du Mouvement radical
Lors de son université d’été qui s’est tenue ce week-end à Bordeaux, le Mouvement radical a fait un pas de plus pour s’intégrer dans la majorité présidentielle centriste.
On se rappelle, à l’opposé de l’UDI, que les radicaux avaient décidé de faire liste commune avec LaREM et le MoDem lors des dernières élections européennes.
Et ce n’était pas la volonté de faire un coup électoral comme l’a précisé Laurent Hénart, leur président:
«Le choix de l'alliance dans Renaissance est un choix de long terme.»
Désormais, dans le droit fil de ce chois de long terme, ils souhaitent aller plus loin dans leurs convergences avec Emmanuel Macron.
C’est le sens, en tout cas, du discours de Laurent Hénart, notamment lorsqu’il déclare que «La construction d'une force politique centrale, c'est l'affaire des radicaux. Nous voulons des politiques humanistes où la dignité humaine est prioritaire».
De même, l’on retrouve dans sa bouche des propos qui ressemblent étrangement à ceux du Président de la République:
«J’ai été élu président du Mouvement radical, pour tenir une ligne politique et de droite et de gauche, nous sommes et de droite et de gauche!!! C’est ça le sujet il est temps d’arrêter les faux débats.
Ou encore:
«La force du Mouvement radical c’est sa liberté de parole et sa capacité à accepter la diversité des points de vue.»
Les radicaux sont désormais tournés vers les prochaines municipales où, toujours selon Hénart, ils veulent «régénérer le tissu local», une «dynamique» que «nous appelons de nos vœux».
Mais s’il souhaite autant d’alliances que possible, le Mouvement radical estime qu’il ne transigera pas sur ses élus qui peuvent être concurrencés par des candidats de la majorité présidentielle.
De même, Laurent Hénart a apporté son soutien au maire de Bordeaux (et ancien adjoint d’Alain Juppé), Nicolas Florian, qui aura face à lui un candidat LaREM.
A noter que ce rapprochement est accepté et souhaité par une majorité de membres du Mouvement radical qui sont intervenus lors de cette réunion bordelaise.
Ceux qui s’y opposaient au nom d’un positionnement à gauche ont d’ailleurs quitté le mouvement il y a quelques mois ce qui n’a pas désorganisé ce dernier alors que les dissidents n’ont pas réussi à construire une quelconque alternative crédible pour l’instant.


Une Semaine en Centrisme. Soutien à Griveaux, possible vote du budget, le virage de l’UDI, c’est maintenant!

Jean-Christophe Lagarde
On se demandait qu’allait être la stratégie de l’UDI après la claque reçue lors des européennes où elle n’avait pas atteint la barre des 3% pour être remboursée de ses frais de campagne et encore moins celle des 5% pour avoir des élus.
Parce qu’il s’agissait de la première élection où la formation centriste se présentait seule, c'est-à-dire sans être accolée à un autre parti, en l’occurrence, à chaque fois, LR et ses prédécesseurs de droite (sauf lors des européennes de 2014 où elle avait fait alliance avec le MoDem de François Bayrou).
On hésitait entre tomber dans les bras de LR, comme d’habitude, ou ceux de LaREM, considérant la dérive radicale des premiers ainsi que leur perte de vitesse électorale mais aussi la proximité d’une grande partie de l’électorat de l’UDI avec les positionnements de la majorité en place (à défaut d’être des fans de ses leaders).
Il semble que c’est la deuxième hypothèse qui est la bonne si l’on s’en réfère à une interview donnée par son président, Jean-Christophe Lagarde, au quotidien Le Parisien.
Même s’il explique que la stratégie pour les municipales de 2020 est multidirectionnelle puisque l’UDI pourra s’accoler à tous ceux avec qui elle prétendra avoir des accointances (cela s’appelle aussi et souvent de l’opportunisme…), on notera qu’il y aura un soutien du candidat LaREM à la mairie de Paris, Benjamin Griveaux, alors même que LR devrait présenter un candidat et, peut-être même, le mouvement «Libre» de Valérie Pécresse (qui a quitté LR) si l’on en croit ses proches qui se réunissaient ce week-end à Brive.
Plus, c’est la dernière phrase de son intervention qui montre un infléchissement beaucoup plus grand de la politique d’«opposition constructive» que Lagarde se targuait de mener depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 à l’Elysée.
Ainsi, après avoir déclaré que «si cet acte II [du gouvernement] est bien un acte de dialogue et d'ouverture, nous n'avons aucune raison de ne pas nous y engager», à la question, «pourriez-vous voter en faveur du projet de loi de finances?», il répond, «s'il prend en compte un certain nombre de nos idées sur l'environnement, l'égalité entre les territoires et une répartition plus juste des efforts demandés aux Français, pourquoi pas».
Or, être membre d’une majorité parlementaire, ou tout au moins un partenaire de celle-ci, c’est en démocratie républicaine, voter le budget présenté par le gouvernement.
On verra bien si c’est cette voie que va choisir l’UDI et son leader, en rappelant, tout de même, que plusieurs déclarations en ce sens avaient déjà été faites par le passé sans passage à l’acte.
Cependant, cette fois-ci, les propos semblent plus clairs et la volonté plus affirmée.
A voir maintenant comment ces propos et cette volonté seront appréciés par les élus et les militants centristes lors de l’université de l’UDI à Barcarès (Pyrénées-Orientales) les 5, 6 et 7 septembre prochains.

► Voici les propos de Lagarde dans Le Parisien
- La rentrée politique est déjà marquée par les municipales à Paris. Qui l'UDI soutiendra-t-elle dans la capitale ?
Au plan national, nous avons une ligne simple : partout les candidats UDI pourront signer des accords avec des partenaires sur la base des projets locaux, sans tenir compte des étiquettes politiques. A Paris, nous avons décidé de travailler avec Benjamin Griveaux. Cela fait 30 ans qu'on connaît des alternances droite-gauche, claniques, et 30 ans que Paris recule tant dans la qualité de vie que dans les classements internationaux. On a besoin de retrouver le souffle qu'avait amené Bertrand Delanoë en 2001 et que Mme Hidalgo n'a pas su faire vivre.
- Quelle sera la place des candidats UDI sur les listes LREM menées par Griveaux?
Nous n'avons pas discuté des places. Nous discutons du projet depuis cet été. Nous sommes d'accord sur une gestion plus décentralisée des problèmes quotidiens, sur la prise en compte de la dimension métropolitaine dans chaque décision, sur la propreté, le logement, la sécurité. Le travail n'est pas fini, mais nous voyons bien que nous partageons les mêmes orientations pour la Ville. De plus, Benjamin Griveaux porte en lui une volonté de rassemblement nécessaire à tout maire.
- En 2014, vous aviez fait alliance avec LR à Paris. Pourquoi pas cette année ?
J'observe que nombre de Républicains eux-mêmes souhaitent travailler avec Benjamin Griveaux. Ils ont raison! Je ne crois pas à l'affrontement LR-PS à Paris. Qu'est-ce que ça a emmené de bon pour les habitants? Rien.
- Dans quelles autres communes des alliances entre l'UDI et LREM se dessinent-elles?
Si Paris est un enjeu important, la métropole parisienne l'est aussi. Nous devons donc en discuter avec LREM, notamment dans les nombreuses villes dirigées par des élus UDI. Nous souhaiterions nous projeter dans la gouvernance future de la métropole.
- Et dans le reste de la France ?
Nous constituerons des alliances, ville par ville, projet par projet. Il n'y aura pas d'alliance systématique. Par exemple, nous soutiendrons le maire de Bordeaux alors que LREM ambitionne de se présenter contre lui. A Lyon, nous pouvons discuter pour travailler ensemble.
- Aux Européennes, vous meniez une liste autonome avec l'idée de ne pas « signer un chèque en blanc » à Macron. Vous vous rapprochez donc de la majorité?
Nous ne signerons jamais de chèque en blanc. Mais le président de la République a dit, à l'issue de la crise des gilets jaunes, qu'il voulait ouvrir un acte II du quinquennat. Sans doute sa victoire de 2017, l'arrivée d'une majorité pléthorique trop sûre d'elle-même ont-elles conduit à des erreurs, parfois à de l'arrogance. Mais le président de la République a l'intelligence d'en tirer les leçons et de dire : je veux changer de méthode. Cela veut dire être capable de discuter, de trouver des partenaires. Que ce soit dans le cadre des municipales ou de la politique nationale, nous acceptons ce dialogue.
- Êtes-vous favorable à la réforme à venir des retraites et de l'assurance-chômage?
La retraite par point, c'est le projet que le centre porte depuis 20 ans. Nous n'allons pas bouder une réforme que nous réclamions même si le projet demande encore à être discuté et amélioré. Sur l'assurance-chômage, l'orientation prise par le gouvernement est nécessaire. Avant l'été, Edouard Philippe nous a invités pour que nous travaillions ensemble. Nous sommes prêts à travailler en partenariat avec la majorité pour que ces réformes réussissent.
- Historiquement, le partenaire naturel de l'UDI était la droite. C'est fini?
L'UDI, c'est le centre-droit et ça le restera. Mais ceux qui incarnaient la droite ont accepté une dérive, notamment sous l'impulsion de Laurent Wauquiez, qui les a éloignés des valeurs que nous portons. Je ne veux pas parler de « partenaire naturel » mais quand la majorité présente des projets qui nous correspondent, nous n'allons pas détourner la tête. Si cet acte II est bien un acte de dialogue et d'ouverture, nous n'avons aucune raison de ne pas nous y engager.
- Vous pourriez voter en faveur du projet de loi de finances?
S'il prend en compte un certain nombre de nos idées sur l'environnement, l'égalité entre les territoires et une répartition plus juste des efforts demandés aux Français, pourquoi pas.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La pitoyable peur des politiques sur un possible «retour» des gilets jaunes

L’irrationalité étant une des composantes de la vie et donc de la politique, la crainte de voir resurgir le phénomène gilets jaunes – c'est-à-dire une contestation populiste aux troupes limitées, dirigée par quelques énervés mais ayant pendant une période assez longue le soutien sondagier d’une partie importante de la population – en cette rentrée, est fortement présente chez tous les élus responsables de la république et, bien évidemment, chez ceux de la majorité présidentielle.
D’où cette situation irréelle où une grande partie des élus de la république tiennent des propos positifs sur une «multitude», au sens où l’entendait Diderot, celle dont le but était, non seulement, la chasse à ces mêmes élus mais une volonté de détruire l’ordre démocratique et républicain…
Certains les remercient même d’avoir cassé, brûlé, invectivé et blessé parce qu’ils ont été des sortes de lanceurs d’alerte.
On croit rêver!
Surtout si l’on se rappelle que ces énervés ont débuté leur mouvement pour protester contre une taxe de quelques cents sur les carburants afin de permettre le financement de la lutte pour l’écologie et le réchauffement climatique.
On peut, bien sûr, estimer que ces gilets jaunes sont un symptôme d’une crise beaucoup plus profonde sauf que l’Histoire nous enseigne le contraire.
Des mouvements de foule de ce type, populiste, agressif, démagogique, violent et dont la cible est la démocratie républicaine ont toujours existé.
Et pas seulement dans les périodes difficiles (si celle-ci en est vraiment une).
Sans remonter au Boulangisme, le mouvement poujadiste – avec dans ses rangs un certain Jean-Marie Le Pen – s’est déroulé en plein dans les fameuses «Trente glorieuses», mythifiées aujourd’hui pour avoir été la période la plus prospère du pays.
On peut aussi estimer, avec tristesse, fatigue et dégoût, que cette apologie des gilets jaunes est un moyen bien pitoyable des les amadouer, c'est-à-dire de reconnaître et donc de justifier des débordements qui ne possèdent pas la moindre once de légitimité avec tous les risques que cela constitue pour le fonctionnement d’une démocratie républicaine.
Alors, tout responsable politique ayant un peu de courage doit avoir celui de dire que cette multitude excitée par quelques énervés à la tête de ce mouvement de foule aux desseins violents, agit de manière inacceptable.
Je rassure les gilets jaunes et leurs agitateurs, il n’y en aura pas beaucoup (mais, ceux-là doivent être applaudis et soutenus).
En revanche, cela doit inquiéter tous les vrais défenseurs de la démocratie républicaine, dont les centristes, les vrais, qui se demandent où les qualités de responsabilité et de courage qui font les vrais leaders politiques sont passées.
Parce que, encore une fois, nous vivons dans une société libre qui n’est pas «naturelle» mais n’existe que par ses mécanismes de défense et de protection contre les agressions extérieures et intérieures.
Rappelons à nos politiques que cela s’appelle, entre autres, le régime constitutionnel et l’état de droit qu’il implique, et que tout responsable à quelque niveau que ce soit d’une démocratie républicaine se doit de défendre pour être – vraiment – légitime.
Il serait temps que l’on en finisse avec la couardise des politiques et la glorification des énervés par des médias qui, rappelons-leur, n’existent que parce qu’il y a une démocratie républicaine.
Rappelons aussi à tous ceux qui ont une vision romantique et idéaliste de ce populisme, que l’on a entendu des personnages comme Poutine, Erdogan, Chavez défendre les gilets jaunes.
De grands romantiques et démocrates…
Et tout cela ne serait pas complet sans rappeler aussi à tous les citoyens qui défendent ce mouvement de foule derrière leurs écrans d’ordinateur et dans les sondages, que la responsabilité fait aussi partie de leur devoir et que leur liberté ne se conquiert qu’avec du courage, non en étant des individus nombrilistes à l’autonomie égocentrique égoïste assistée irresponsable insatisfaite irrespectueuse.
Car là est le vrai défi de la démocratie républicaine du XXI° siècle.