jeudi 30 juin 2011

Une semaine en Centrisme. La naissance de l’ARES signe-t-elle la mort de la refondation du Centre?


Le Centre est-il en recomposition ou en décomposition? La naissance de l’ARES (Alliance républicaine, écologiste et sociale) sensée être le réceptacle à une refondation du Centre se présente plutôt comme une nouvelle cassure entre centristes avec, d’un côté, ceux du Nouveau centre qui ont fait alliance avec une droite modérée sarkozyste ainsi qu’avec une gauche défroquée sans autre point de chute et, de l’autre, ceux du Mouvement démocrate qui ont décidé de demeurer dans leur splendide isolement.
On est encore loin d’une union souhaitée par l’Alliance centriste et une majorité de militants centristes.
Au jour d’aujourd’hui, on peut discerner trois scénarios possibles d’ici les échéances électorales de 2012.
- Premier scénario: l’ARES devient rapidement hégémonique au centre – c’est d’ailleurs la seule solution pour qu’elle soit pérenne -, suscitant de nombreux ralliements et portant une candidature de Jean-Louis Borloo qui, réalisant un bon score de premier tour, pèsera sur une alliance à droite au second tour, résultat qui permettra un bon accord pour les législatives qui suivront (sauf si, bien sûr, Borloo devance Sarkozy mais les sondages ne semblent pas montrer que l’on sera dans ce cas de figure). Dès lors, après une présidentielle remportée par Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo peut devenir son premier ministre et être le leader d’une droite modérée qui se reconstruit face à une UMP qui sera moins fringante. Dans le cas où c’est un(e) socialiste qui occupe l’Elysée, le président du Parti radical peut se poser en recours comme leader d’une Droite éclatée et désemparée, envisageant 2017 comme une sérieuse possibilité pour devenir chef de l’Etat. Une sorte de scénario gagnant-gagnant pour Jean-Louis Borloo!
- Deuxième scénario: le MoDem parvient à garder sa prééminence et François Bayrou s’impose comme le candidat naturel du Centre parce qu’il s’est déjà frotté à la présidentielle en deux occasions et que la greffe Borloo ne prend pas. Dès lors, on assiste à un rassemblement de centristes autour de cette candidature au-delà du Mouvement démocrate et à un délitement plus ou moins rapide de l’ARES où les pro-Morin relèvent la tête et portent la contradiction à l’intérieur de cette alliance qui n’aura durée qu’un temps. Eliminé dès le premier tour, comme pour Borloo dans le scénario précédent, François Bayrou peut monnayer son appui soit à droite, soit à gauche. S’il se tourne vers l’UMP en apportant les pourcentages indispensables au vu des chiffres du premier tour à une réélection de Nicolas Sarkozy, il pourrait obtenir, en contrepartie Matignon pour lui-même et un accord électoral favorable pour les législatives. S’il se tourne vers la Gauche, il devrait obtenir moins d’avantages a priori. Néanmoins, il est plus difficile de savoir ce que François Hollande ou Martine Aubry (les deux candidats les plus sérieux à la candidature socialiste) pourraient lui proposer. Moins, sans doute, que ce que Ségolène Royal en 2007 (Matignon) mais plus que des strapontins. Reste que l’échec, une nouvelle fois, de sa candidature devrait rendre caduque celle-ci pour une prochaine échéance présidentielle. Et il ne pourrait se poser en leader incontesté d’un Centre sans doute morcelé.
Troisième scénario: l’opposition ARES/MoDem ne produit que deux nains politiques qui se neutralisent sans aucune émulation avec deux candidats qui n’obtiennent que quelques pourcentages de voix et ne peuvent peser ni sur la Droite, ni sur la Gauche à part pour récupérer quelques miettes. Si cette configuration se confirme (on peut supposer que l’ARES a une chance de se déliter si Borloo a de très mauvais sondages), le Centre ressortira encore plus affaibli et la nécessité de sa vraie refondation se posera à nouveau. Quel sera le leader providentiel qui sera capable de rapprocher les différentes tendances centristes? Pour l’instant, aucun nom ne s’impose réellement. Mais, gageons que les candidats seront nombreux!

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC

Actualités du Centre – Bayrou sera présent au congrès d’Alliance centriste mais pas Morin


Dans sa volonté de ne pas apparaître isolé face à la création de l’ARES (Alliance républicaine, écologiste et sociale) par Jean-Louis Borloo et Hervé Morin, François Bayrou se rendra le 2 juillet prochain, au congrès de l’Alliance centriste, invité par le président de cette dernière, Jean Arthuis.
Le président du Mouvement démocrate n’y côtoiera pas son ancien adjoint, Hervé Morin. Le président du Nouveau centre, qui avait pourtant lancé la Confédération des centres avec Jean Arthuis, a décliné l’offre et a même demandé à ce dernier de préciser que quel côté il se trouvait.
A noter qu’à l’issu de ce congrès, il y aura une convention sur l’adhésion ou non de l’Alliance centriste à l’ARES. François Bayrou sera-t-il encore présent à Angers à ce moment-là?!

mercredi 29 juin 2011

Actualités du Centre – Remaniement ministériel: le Centre obtient un strapontin


Le remaniement ministériel, suite au départ de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, à la direction du FMI s’est soldé, avant tout, par un jeu de chaises musicales entre caciques de l’UMP et l’élévation de Thierry Mariani, membre de la frange la plus à droite de l’UMP, qui de secrétaire d’Etat passe àministre des transports.
Au rayon des nouveautés, l’entrée du radical Jean Leonetti (opposant de Jean-Louis Borloo à l’intérieur du Parti radical), nommé ministre des affaires européennes, la nomination de David Douillet au secrétariat d’Etat aux Français de l’étranger, celle de Marc Laffineur au secrétariat des Anciens combattants et celle de Claude Greff à celui de la famille. Tous sont des membres de l’UMP et aucun ne peut prétendre à l’étiquette de centriste.
Car la fameuse «ouverture aux centristes» que proclamaient tous les «proches» du pouvoir se limite à un simple strapontin pour le président des députés Nouveau centre, François Sauvadet. Ce dernier, opposant à Hervé Morin à l’intérieur du Nouveau centre et supporter de Jean-Louis Borloo, se retrouve ministre de la fonction publique.
Nul doute que cela ne suffira pas à apaiser le ressentiment des centristes de la majorité présidentielle…

Actualités du Centre – Alexandre Vatimbella: il y a une frustration des militants d'Alliance centriste devant le gâchis des deux dernières années

Candidat à la présidence d'Alliance centriste lors du Congrès d'Angers de ce parti, le 2 juillet prochain, Alexandre Vatimbella, directeur du CREC, éditeur de ce site, estime qu'il est encore temps de le développer et de lui donner une identité forte.
Pourquoi vous présentez-vous?
Ma candidature a trois motivations principales. Premièrement, je suis un centriste convaincu, je crois au Centrisme comme pensée politique originale et j’espère que le Centre va gouverner la France et l’Europe dans les années à venir, au vu des énormes défis que nous avons à relever, nous, Français et Européens. Deuxièmement, devant la situation actuelle d’un Centre morcelé, éclaté et phagocyté ainsi que devant l’incapacité d’Alliance centriste à agir, je veux que les choses bougent rapidement. Ce n’est pas dans dix ans que le Centre doit être capable de gouverner, c’est demain. L’urgence des problèmes à régler est là. Troisièmement, il y a ce gâchis Alliance centriste où, pendant deux ans, des militants se sont investis dans une mission, refonder le Centre, sans que rien ou presque ne se passe. Je veux témoigner pour que leur combat, pour que leur investissement politique, ne soient pas inutiles et qu’enfin nous mettions en place une vraie dynamique gagnante.
La situation d’Alliance centriste n’est-elle pas à l’image d’un Centre sclérosé et divisé?
On pourrait effectivement faire le constat que, malgré tout ce que l’on a fait à l’Alliance centriste, nous n’avons pas été capable de faire bouger les lignes entre les différentes mouvances du Centre. Ce n’est pas faux.
Mais il y a le bilan, concret et terrible, qui vient en contrepoint. Nous n’avons rien fait ou presque. Notre parole a été inaudible car souvent, trop souvent, absente. Notre action a été transparente parce que nous n’avons quasiment pas agi. C’est cela la réalité.
Regardez dans les médias. Quand Alliance centriste est citée c’est souvent en tant que groupuscule. Mais, le plus souvent, nous sommes totalement ignorés. Quand on parle des absents à la fête organisée par l’Alliance de Jean-Louis Borloo, on parle de François Bayrou et du Mouvement démocrate. Pas un mot sur Jean Arthuis et l’Alliance Centriste. Et je pourrais multiplier ce type d’exemples. Et puis, prenez le terme «Alliance». Quand Jean-Louis Borloo ose se l’accaparer pour baptiser son club des déçus du sarkozysme et alors qu’il existe déjà un parti s’appelant Alliance centriste depuis deux ans, les médias ne relèvent même pas cette incongruité et cet irrespect envers les militants de notre parti. Nous ne comptons pour rien!
Je veux que nous fassions ce bilan sans concession mais pas sans espoir afin, non pas d’enterrer le parti, pas du tout, mais de créer un électrochoc salutaire à l’Alliance centriste et repartir pour accomplir notre mission première, refonder le Centre autour d’une vraie union entre les centristes et avec un vrai projet centriste.
N’est-ce pas trop tard?
Pas du tout. Nous avons pour nous la seule et bonne stratégie pour refonder le Centre: se positionner au centre du Centre avec des valeurs centristes fortes et indiscutables, entre le Nouveau centre et le Mouvement démocrate, afin de créer ce pôle d’attraction qui bâtira cette force politique indispensable capable de proposer un vrai projet gagnant pour la France. Et, j’ajouterai, nous avons les hommes et les femmes pour cela.
Car les militants d’Alliance centriste ne sont pas comme les autres militants de partis politiques. Ce qui les réunit, c’est une très forte conviction politique et une volonté d’être les artisans d’une refondation d’un courant politique majeur et d’agir pour que cela se réalise concrètement. De ce point de vue, chacun d’eux est dépositaire de la légitimité d’Alliance centriste. Et chacun d’eux est légitime à porter le message. Et chacun d’eux est indissociable de cette mission. D’où une terrible frustration dans le parti face à cette inaction collective parce que la direction est demeurée attentiste voire complètement absente pendant des mois, pendant quasiment les deux ans de notre existence.
Oui, Alliance centriste a un avenir, être le point central d’une vraie confédération des centres. J’en suis convaincu!

mardi 28 juin 2011

Vues du Centre - La Chronique de Jacques Rollet. Centre politique et christianisme: les affinités structurelles

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.

Jacques Rollet est politologue, membre du conseil scientifique de l’Institut du Centre et auteur de plusieurs livres dont Tocqueville (Montchrestien 1998), Religion et politique (Grasset 2001), La tentation relativiste, DDB, 2004), Le libéralisme et ses ennemis (DDB, septembre 2011). Il tient ici une chronique régulière.

Il peut sembler a priori surprenant de rapprocher un donné politique comme le centre, d’une religion telle que le christianisme. L’affirmation par l’Eglise catholique de la légitimité du pluralisme en matière de choix politique de la part des fidèles pourrait conduire à douter de la légitimité de ce rapprochement. Nous n’hésitons pas cependant à parler d’affinités structurelles entre cette position politique et le christianisme particulièrement dans sa version catholique. Elles résident dans l’idée qu’il y a une limite à l’action politique et au rôle qu’elle peut jouer dans les changements au sein de la vie en société. Nous présentons ci-dessous quelques éléments pouvant fonder  ces affirmations.
La tradition catholique a toujours établi une articulation entre religion et politique qu’on résume le plus souvent par la formule de Matthieu 22,21: «Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu». Il faut reconnaître au politique ce qui est de son domaine mais ce domaine est normé par celui de Dieu. En d’autres termes, le domaine du politique est confronté à celui de l’éthique qui traite des orientations de la liberté humaine. Jacques Maritain et Emmanuel Mounier ont tous deux au XX° siècle, illustré la pensée catholique sur ce point. Elle se différencie du luthéranisme qui par sa théorie des deux règnes, sépare les deux domaines au point de laisser  César libre de tous ses actes. Ce n’est pas sans signification que beaucoup de luthériens allemands ont voté pour le Parti national-socialiste en 1932 et 1933.
La foi chrétienne repose sur la conviction que Dieu seul peut sauver l’homme et le délivrer du mal dont il est responsable; ceci implique que l’action politique ne peut changer l’homme en profondeur. Elle ne délivre pas l’humanité du mal qui vient du cœur, de la profondeur de la personne. Les totalitarismes ont voulu créer un homme nouveau, nazi ou communiste. Cela a tué des millions de personnes, et n’oublions pas que ces deux mouvements politiques étaient fondés sur l’athéisme…
Si par révolution, on entend le changement radical d’une société, la suspension puis suppression de l’Etat de droit, on peut affirmer qu’il y a une antinomie entre démocratie politique et révolution. Cela rejoint de fait la conviction chrétienne que la révolution ne peut jamais changer l’homme de façon salvatrice. On peut donc affirmer qu’un chrétien ne peut jamais adhérer à un parti qui au nom de positions d’extrême –gauche ou d’extrême-droite donnerait le primat au politique au nom d’une nécessité de changement énoncée par une idéologie. Il y a une affinité structurelle entre le christianisme et le centre qui s’exprime par la volonté de réformer la société sans la révolutionner.
Le second rapprochement porte sur le sens de la personne dans l’articulation: individu-société. La personne est pour le christianisme, l’homme en tant qu’interlocuteur de Dieu, appelé par lui à l’exercice de la liberté. La personne est plus que l’individu dans la mesure où elle ne peut être annihilée par le collectif qu’est la société; c’est ainsi que pour Thomas d’Aquin et Jacques Maritain à sa suite, le bien commun  est autre que le bien du plus grand nombre. C’est un bien qui est commun à tous et à chacun; il en résulte que la personne transcende la société dont elle est membre au sens où elle ne peut être considérée comme simple membre d’un collectif.
Le chrétien est appelé à vivre la charité, c’est  dire, le rapport désintéressé à l’autre, qui peut se traduire éventuellement par la solidarité dans le domaine politique sans qu’il y ait jamais identité entre les deux démarches. La charité est un acte de don, donc de liberté personnelle. La solidarité exercée par l’Etat-providence consiste à prélever aux uns par l’impôt, pour redonner à d’autres. Il n’y a là aucune implication personnelle. La crise de cet Etat-providence est financière mais elle est également idéologique car l’action d’un Etat bureaucratique qui entretient l’assistanat sans que cela produise de vrais résultats en termes de réinsertion sociale, suscité l’exaspération d’un nombre croissante de personnes qui, elles, sont mises financièrement à contribution. La solidarité doit être fondée sur la responsabilité de chacun ; du contributeur et du bénéficiaire; ce n’est pas le cas actuellement. Il faut réhabiliter la charité comme don, fruit d’une démarche volontaire. Il ya là encore rencontre entre le christianisme et le personnalisme du Centre.
On comprend par là-même que ce Centre là n’est pas identique au radicalisme de la Troisième République: celui du parti Radical, représenté actuellement par Jean-Louis Borloo. Cette tradition liée à la franc-maçonnerie, fondée sur une conception stricte de la laïcité et sur l’idée de progrès par la science n’est pas le Centre inspiré par le christianisme. Ce dernier a une conception ouverte de la laïcité et ne pratique pas l’idolâtrie du progrès, mise en cause par toutes les catastrophes contemporaines.
Cette réflexion est à approfondir mais nous pensons avoir livré ici des éléments déterminants, pour ce faire.

Jacques Rollet

dimanche 26 juin 2011

L'Humeur du Centriste. A la fête de l’Alliance, il manquait la moitié des centristes… au moins!


Ils sont tous montés à la tribune et ils se sont tous congratulés. Ils ont tous dit qu’ils allaient travailler ensemble et que seule la victoire collective serait bonne. Ils ont houspillé les absents (Bayrou) ou les ont complètement oubliés (Arthuis). Ils ont dit qu’ils iraient jusqu’au bout même si on ne sait pas très bien si ce bout là est le même pour tous.
Or donc, messieurs les co-présidents de l’Alliance (bien que la presse préfère confédération des centres…) l’ont baptisé à Epinay-sur-Seine, «comme l’avait fait le parti socialiste en 1971» (anciennement SFIO). Drôle de cousinage revendiqué par des hommes se déclarant à droite et au centre-droit de l’échiquier politique...
Hervé de Charrette, Jean-Marie Bockel, Hervé Morin et, en vraie star de la journée (n’en déplaise à Morin qui n’est plus qu’un faire-valoir actuellement), Jean-Louis Borloo.
Ce dernier a tenu un discours offensif dont le fond est bien en phase avec une vision du Centre des défis qui se posent à la France. Le seul problème, c’est qu’une grande partie de l’assistance présente n’était pas centriste et qu’au moins la moitié des centristes n’était pas là pour l’écouter.
C’est tout le problème de cette Alliance faite de bric et de broc, c’est-à-dire de déçus et de floués du sarkozysme alors que plusieurs des principaux porteurs du message centriste n’ont pas voulu la rejoindre.
Qui peut penser une seule seconde que Jean-Louis Borloo ou Jean-Marie Bockel auraient lancé cette Alliance s’ils avaient eu des postes au gouvernement? Et combien de membres du Nouveau centre l’auraient soutenue si ce parti avait été mieux traité par l’UMP?
Car c’est là un des gros problèmes de cette réunion de déçus et de floués. Ce n’est pas sur le fond qu’ils se sont séparés du président de la république qu’ils ont soutenu pendant quatre ans et qu’ils soutiennent toujours au Parlement (et dont certains sont même au gouvernement) mais sur la forme.
Les propos de Jean-Louis Borloo à la tribune affirmant vouloir proposer une nouvelle politique alternative à celle qui est mise en œuvre actuellement tout en déclarant soutenir tout ce qui s’est fait jusqu’à présent montre bien l’incohérence d’un positionnement politique nébuleux qui n’est né que d’une frustration d’égos.
Oui, c’est sûr, il manquait une bonne moitié de centristes à ce barbecue d’Epinay-sur-Seine. Et ils font justement partie de ceux qui ont vraiment une autre politique à proposer.

Le Centriste

samedi 25 juin 2011

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La mondialisation humaniste du Centrisme


Refuser la mondialisation ne la fera pas disparaître d’un coup de baguette magique et n’aboutira qu’à la subir au lieu de la maîtriser et de s’en servir positivement. Prôner la fameuse «démondialisation» à la mode chez quelques intellectuels et de politiques populistes en mal de buzz médiatique est une attitude qui ne résoudra pas les problèmes de la France, bien au contraire. A l’inverse, n’accepter qu’une mondialisation financière, sans règle et sans gouvernance digne de ce nom est irresponsable. La bonne réponse est une mondialisation humaniste. C’est le but du Centrisme.
Rappelons que la mondialisation est une mise en réseau du monde par un processus d’ouverture volontaire ou non de chacune de ses parties (continent, région, pays, ville et de leurs populations) aux échanges et aux influences de toute nature venus de toutes les autres parties, échanges et influences qui produisent de la richesse au-delà même du processus autonome qui les active. Et ce, quel que soit les gagnants et les perdants de ce processus de mise ne réseau.
Ce phénomène de mondialisation part d’un changement d’échelle des relations économiques et culturelles entre les pays. Il doit aboutir à un monde global où ces échanges et ces influences créent un lien direct entre tous les humains au-delà des frontières d’un pays, au-delà de l’appartenance à une nation, au-delà de la culture que l’on a reçue.
Dans ce monde global continuellement interconnecté, la division internationale du travail doit permettre, en théorie, une rationalisation de la production dans un fonctionnement gagnant-gagnant alors que l’individu mondialisé devient un citoyen du monde.
La réalité prouve que les dérapages sont nombreux. Et seule la dimension humaniste lui peut apporter l’équilibre nécessaire.
Une mondialisation humaniste est celle qui réunit sans uniformiser, qui rapproche sans contrainte, qui fait coopérer les individus volontairement et sur un pied d’égalité, qui crée des réseaux de communication et d’échange fonctionnant sur le principe du juste équilibre.
C’est également une mondialisation qui se réforme et se régule constamment, qui place le progrès de l’humanité au cœur de son projet et où la gouvernance mondiale a comme but la paix perpétuelle ainsi que le développement de la vie bonne (le vivre bien ensemble, le vivre bien individuel et la réalisation de soi) au niveau global.
Cette mondialisation ne se construit pas sur un fantasme mais sur le réel, c’est-à-dire en reconnaissant que toute société, mondiale ou nationale, fonctionne sur les mêmes principes du libéralisme social où la liberté et la solidarité sont deux piliers qui se complètent et non qui s’opposent pour bâtir la meilleure société possible.
Voilà donc cette mondialisation humaniste que prône le Centre et qui est essentielle dans ce monde global où les défis et les solutions à ceux-ci sont, le plus souvent, du domaine de la communauté humaine et non de communautés nationales divisées et n’ayant pas les moyens de réussir en agissant chacune de leur côté.
Relier les personnes entre elles – économique, socialement, sociétalement – au bénéfice de chacun, individuellement, et de tous, collectivement, telle est la raison d’être de la mondialisation humaniste, cette mondialisation respectueuse, progressiste, équilibrée. Tel est l’espoir de l’humanité depuis toujours.
Et, au lieu de fermer les portes à double tours et de se barricader derrière des murs en béton, dans une régression que nous paierons cher, tous autant que nous sommes dans le monde, nous devons prendre nos responsabilités. C’est peut-être cela qui fait peur, la responsabilité, aux adversaires de la mondialisation humaniste, qu’ils se trouvent autant chez les profiteurs d’une mondialisation sauvage que chez les craintifs supporters d’une renationalisation antagoniste de la planète.

vendredi 24 juin 2011

Une semaine en Centrisme. Le «vrai» centriste, c’est celui qui dit qu’il l’est… ou pas!


L’espace au centre est toujours convoité quand arrivent les présidentielles. Du coup, les personnalités politiques à se déclarer centristes ou à se trouver des accointances avec les idées centristes, deviennent de plus en plus nombreuses à mesure que l’échéance électorale principale de la politique française se rapproche.
Limitons-nous à ceux qui se déclarent centristes. Bien sûr, nous avons parlé ici maintes et maintes fois de tous ces prétendants. Mais il est toujours intéressant de se rappeler pourquoi ils jurent leurs grands dieux qu’ils sont, chacun d’entre eux, le «vrai» centriste, le seul légitime à réclamer les votes des électeurs du Centre.
Ce n’est pas pour chicaner que nous conduisons cet examen mais parce qu’il est crucial pour le Centre d’être représenté par un ou des candidats qui ont réellement une vision centriste.
Ainsi, quand les médias s’amusent à prétendre que Dominique de Villepin doit être classé dans les candidats centristes à la présidentielle, on aurait tendance à regretter que les cours de sciences politiques ne soient pas obligatoires pour avoir une carte de presse…
Plus sérieusement, trois candidats et quelques «recours» encore dans l’ombre naviguent dans la galaxie centriste et peuvent prétendre à être le fameux «vrai» centriste.
Par ordre alphabétique, ce sont: François Bayrou, Jean-Louis Borloo, Hervé Morin (et Jean Arthuis comme premier «recours»).
Dans ces trois là, les deux qui tiennent actuellement la corde pour représenter le Centre en 2012 sont Jean-Louis Borloo et François Bayrou (même s’il ne faut enterrer définitivement Hervé Morin).
Au-delà de leurs positionnements passés, ce qui est intéressant est leur positionnement présent, celui des deux dernières années. On peut se (re)découvrir centriste sans que cela soit une escroquerie. Sauf si cela se produit juste avant chaque échéance électorale…
Aucun des deux n’a fait, durant cette période, de grands serments de Centrisme, à part ces derniers mois.
Jean-Louis Borloo se disait jusque récemment totalement dans l’UMP, dans une aile sociale de la Droite républicaine mais pas du Centre.
François Bayrou se disait, dans le même temps, démocrate, plus en référence au Parti démocrate américain, au Libéraux-démocrates britanniques de son ami Nick Clegg voire au Parti démocrate italien de son ami Francesco Rutelli, c’est-à-dire, dans son esprit, entre le Centre et la Gauche, dans une tentative de dépassement de l’humanisme centriste par le solidarisme.
On peut donc dire, pour schématiser, que Jean-Louis Borloo est proche du centre-droit sans en être, se présentant comme un républicain-social de droite, et que François Bayrou est proche du centre-gauche, se présentant comme un social-libéral.
Evidemment, cette double affirmation sera critiquée par ceux qui feront valoir les états de service des deux prétendants à l’investiture centriste.
Pour beaucoup, le parcours politique de François Bayrou est bien plus proche de celui d’un homme de Droite que de celui d’un homme de Gauche. Et ses racines démocrate-chrétiennes le légitimeraient, selon eux, au centre de l’échiquier politique français.
Concernant Jean-Louis Borloo, il a toujours navigué, certes à droite, mais dans une vision beaucoup plus consensualiste vis-à-vis des franges modérées qui se mélangent avec elle, voire même avec des mouvances plus éloignées, comme les Verts.
Admettons ces remarques mais rappelons que ce qui nous intéresse ici est le positionnement adopté non pas il y a dix ou cinq ans, ni celui revendiqué depuis trois à six mois.
De ce point de vue, aucun des deux hommes ne s’est épanché sur son appartenance au Centre et n’a fait preuve d’un militantisme centriste particulier.
Nous avons donc deux prétendants à la place de candidat du Centre à la présidentielle qui revendiquent leur légitimité respective sans que celle-ci puisse être établie sans équivoque.
C’est sans doute la raison pour laquelle nous assistons à des déclarations à répétition (plus du côté de Bayrou actuellement) sur leur attachement au Centre et aux valeurs centristes (même si Borloo ne se définit pas comme un centriste mais comme le meilleur représentant des modérés de droite et de gauche et donc aussi du Centre).
N’oublions pas, non plus, les soutiens de Bayrou à la candidature d’Edouard Balladur à la présidentielle de 1995 et de Borloo à celle de Nicolas Sarkozy à celle de 2007, deux hommes que l’on ne peut guère placer au centre de l’échiquier politique.
En attendant la publication de leurs programmes précis, nous serons encore, pendant quelques mois, réduits à les croire sur parole.
Bien difficile pour les centristes qui sont plutôt des pragmatistes et des réalistes s’attachant au réel et non aux discours des opportunistes qui vont et viennent au gré des sondages et des espaces politiques libres.
Car, en définitive, le «vrai» centriste est d’abord celui qui le prouve par son parcours politique.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

jeudi 23 juin 2011

Actualités du Centre – Sondage présidentielles: Bayrou à 5%; Borloo entre 7% et 8%


Selon un sondage IPSOS pour Le Monde, Radio France et France télévisions, Jean-Louis Borloo obtiendrait entre 7% et 8% des voix au premier tour (selon le candidat du PS) et François Bayrou, 5%. Cela traduit une baisse pour le président du Parti radical par rapport à la vague précédente de ce sondage et une stabilité pour le président du Mouvement démocrate. Il s’agit également de scores moins élevés que ceux du sondage CSA, paru également aujourd’hui, pour les candidats potentiels du Centre.
A noter qu’à la question de savoir s’ils ont la stature présidentielle, 44% des sondés répondent par l’affirmative pour Jean-Louis Borloo et 40% pour François Bayrou. Ils se classent respectivement cinquième et sixième d’une liste largement dominée par François Hollande.
(Sondage IPSOS réalisé du 18 au 20 juin 2011 sur un échantillon national représentatif de 965 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)

Actualités du Centre – François Zochetto: «il faut que le Centre soit le Centre»


Invité du talk Le Figaro-Orange, François Zochetto, sénateur Alliance centriste de la Mayenne et président du groupe Union centriste au Sénat a déclaré qu’il fallait qu’il y ait une présence centriste lors des prochaines élections présidentielles. Pour cela, il a estimé qu’il faut «que le Centre soit le Centre. Il ne faut pas que ce soit une simple déclinaison de quelques idées de la droite et de quelques idées de  la gauche, il faut des idées propres du Centre».
Il a, en outre, rappelé qu’Alliance centriste était pou la réunion de tous les centristes mais sur des bases claires dont l’indépendance vis-à-vis de la Droite et de la Gauche ainsi que l’absence d’ostracisme vis-à-vis d’un courant centriste ou d’un autre.
Il a également estimé que les deux candidats centristes les plus solides étaient François Bayrou et Jean-Louis Borloo. Il a espéré qu’il serait possible de les départager et de présenter un candidat unique du Centre à la présidentielle mais sans passer par des primaires.
Rappelons que François Zochetto est concerné par la prochaine élection sénatoriale de septembre.

Actualités du Centre – Sondage présidentielles: Bayrou entre 5% et 7%; Borloo entre 9% et 11%


Selon un sondage CSA pour RMC, BFM et 20 minutes, François Bayrou obtiendrait entre 5% et 7% selon les candidats socialiste et écologiste désignés alors que Jean-Louis Borloo serait entre 9% et 11% (nous ne retenons pas l’hypothèse de moins en moins crédible de Ségolène Royal comme possible candidate du PS).
Ce sondage montre que Jean-Louis Borloo, distancé dans une précédente enquête d’opinion, est toujours capable d’être en tête des candidats centristes alors que le score de François Bayrou ne décolle pas vraiment.
A noter que, dans le meilleur des cas, le score des deux candidats centristes serait de 18%, ce qui placerait un hypothétique candidat centriste unique, capable, en outre, de faire le plein des voix de Bayrou et Borloo, devant Marine Le Pen (FN) mais sans pouvoir être présent au second tour, devancé par Nicolas Sarkozy et le candidat socialiste.
(Sondage CSA réalisé par téléphone les 20 et 21 juin 2011 au domicile des personnes interviewées sur un échantillon national représentatif de 1004 personnes âgées de 18 ans et plus, dont ont été extraites 825 personnes inscrites sur les listes électorales / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)

mercredi 22 juin 2011

Actualités du Centre – Jean Arthuis ne dirait pas non au ministère de l’économie


Même s’il y met de nombreuses conditions, Jean Arthuis ne dirait pas non si on lui proposait de remplacer Christine Lagarde au poste de ministre de l’Economie, une fois celle-ci nommée directrice du FMI (Fonds monétaire international).
C’est ce que leader d’Alliance centriste a indiqué, une nouvelle fois, ce week-end, cette fois-ci à l’hebdomadaire VSD. Il a ainsi déclaré, «si on m’autorise à instaurer une TVA sociale, si je peux réduire le mille-feuille administratif, supprimer les niches fiscales qui nous coûtent 75 milliards, et créer une tranche d’impôt supérieure à 45 %, eh bien j’accepterai le poste».
Il est peu probable que ces conditions soient remplies mais l’offre de service, elle, est là si l’on considère qu’un homme politique ne fait jamais de déclaration vide de sens et que celle-ci se trouve affichée sur le site de son parti, Alliance centriste.
Ainsi, Jean Arthuis indique, malgré tout, qu’il pourrait accepter de travailler dans un gouvernement de Nicolas Sarkzoy. Une prise de position qui semble aller à l’encontre de ses positions sur l’indépendance du Centre à moins d’un an de la présidentielle et alors que les allies centristes du président de la république semblent plutôt s’éloigner de ce dernier....

mardi 21 juin 2011

L'Humeur du Centriste. Quid de l’«effet Borloo»?


Mauvais sondages, membres de son parti prêts à entrer en dissidence voire en résistance, méfiance des centristes même de ceux qui le soutiennent, communication incompréhensible («irai-je, irai-je pas?»), Jean-Louis Borloo est actuellement dans le creux de la vague après son émancipation de l’UMP en vue…
En vue de quoi, au fait? De se présenter à la présidentielle? Pour gagner ou pour monnayer son soutien au deuxième tour, voire son désistement avant même le premier tour? De se positionner pour être le premier ministre du deuxième septennat de Sarkozy? Pour être, de la sorte, le «Rocard» du président sortant? (*) Personne ne le sait. Et, dans le lot, on peut inclure Borloo lui-même…
Du coup, l’«effet Borloo» qui devait booster les modérés de la majorité présidentielle et leur permettre d’exister, semble, au mieux, en panne, au pire, déjà passé pour l’ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy.
Le président du Parti radical peut-il rebondir? Evidemment. La présidentielle est encore loin. Il peut se passer beaucoup de choses jusque là et les retournements de tendance ne sont guère rares en la matière. Il serait donc très présomptueux de l’enterrer dès maintenant et aucun politologue digne de ce nom ne le ferait.
Cependant, la marche triomphale vers la stature d’homme d’Etat que recherche Jean-Louis Borloo depuis qu’il a été humilié par Nicolas Sarkozy (qui lui a fait miroiter Matignon pendant des mois avant de choisir une nouvelle fois Fillon pour le poste de premier ministre) connaît de nombreux couacs.
Et il ne pouvait en être autrement pour quelqu’un qui, tout d’un coup, parce qu’on le privait du travail dont il rêvait, se découvrait opposant de l’intérieur sans concession pour celui qu’il venait de servir fidèlement et sans aucun désaccord pendant quatre ans et à qui il tressait la veille encore de son «coming out» des couronnes de lauriers.
Les centristes, en dehors du Nouveau centre  - et, encore, pas de tout le parti d’Hervé Morin – n’ont pas mordu à l’hameçon un peu trop voyant. On l’a donc vu partir à la pêche au Villepin qui a fait quelques compliments en retour mais sans plus. Et, auparavant, il avait tenté de prendre Hulot dans ses filets mais ans réussite non plus.
Une stratégie assez floue qui ne plaît pas à tout le monde, loin de là, notamment à quelques uns de ses amis centristes qui se demandent de plus en plus s’ils ont choisi le bon cheval et s’inquiètent de ses clins d’œil à tout et n’importe qui.
Il reste du temps à Jean-Louis Borloo pour convaincre. Mais lui reste-t-il de la crédibilité?...

Le Centriste

(*) Adversaires au sein du Parti socialiste, Michel Rocard et François Mitterrand s’était entendu lors de la présidentielle de 1988 pour que, contre un soutien du premier, si le second était réélu à la tête du pays sur un programme très modéré, il le nommerait premier ministre, ce qu’il fit.

Actualités du Centre – Sondage: Bayrou plus centriste que Borloo


Selon un sondage Ifop pour France Soir, 42% (+5) des personnes interrogées estiment que François Bayrou incarne le mieux les idées et les valeurs du Centre. Derrière, Jean-Louis Borloo, qui était en tête voici deux mois, perd du terrain et n’obtient plus que 32% (-1).
Derrière on retrouve Dominique de Villepin avec 16% et Hervé Morin avec 10% (+4). Rappelons que la présence de Dominique de Villepin dans la liste est un choix de l’institut de sondage et que la question est posée à tous les Français.
En revanche, à l’inverse des autres vagues de ce sondage réalisé chaque mois, aucun sondé n’a choisi l’option selon laquelle aucun de ceux cités plus haut ne représente le mieux le Centre (ou qu’il y aurait une autre personnalité mieux placée), ce qui laisse peu de place pour Jean Arthuis et quelques autres politiques du Centre qui pourraient prétendre à se retrouver dans la liste.
(Sondage réalisé du 15 au 17 juin par téléphone auprès d'un échantillon de 1.009 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de trois points)

dimanche 19 juin 2011

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le Centrisme face à la tentation suicidaire du repli


Les sondages montrent que les Français veulent de plus en plus de protection face à la mondialisation et un monde qu’ils estiment dangereux. Dans le même temps les politiques populistes et irresponsables, en quête de voix, viennent nous asséner leurs thèses simplistes sur les bienfaits d’une «démondialisation» (terme très à la mode dans l’hexagone) qui résoudrait tous nos problèmes.
Face à une société ouverte, voilà la tentation du repli nationaliste et de l’exclusion qui fait son retour en force, réclamant de l’autoritarisme et du protectionnisme partout, se nourrissant d’une crainte irrationnelle de l’autre ainsi que de l’angoisse de perdre son bien être matériel et son identité.
Cette tentation du repli sur soi-même n’est pas nouvelle. Elle n’a même jamais totalement disparue dans les périodes de croissance forte. Ce qui est différent, c’est qu’elle est en train de devenir l’espoir d’un peuple et la solution miracle de ses gouvernants qui ne savent plus comment faire pour gérer une situation qu’ils ont laissé se détériorer et dont ils sont responsables en partie. Tout comme, d’ailleurs, tout un chacun de nous.
Car, il est bien trop facile d’avoir pris pendant des années tout ce qui pouvait être bon dans la mondialisation (tout en la regardant avec dégoût, comportement typiquement français…), pour la jeter à la poubelle de l’histoire dès que les difficultés surviennent (et croire que c’est possible).
D’autant qu’il n’est pas du tout sûr que nos compatriotes soient conscients de ce qu’ils perdraient si la France venait à se protéger de l’extérieur avec toutes les barrières possibles et imaginables que des auteurs en mal de succès nous rabâchent sans cesse dans leurs ouvrages d’adopter le plus rapidement possible et avec lesquelles les politiciens nous haranguent de leurs tribunes.
Rappelons-nous la dernière tentative du genre en 1981 quand les socialistes pensaient pouvoir changer la France dans une vision autarcique et dans l’illusion que le pays serait le moteur d’une révolution mondiale en la matière. Il aura suffi de deux ans pour que la gauche française perde ses fantasmes… qu’elle tente de nous ressortir maintenant. Tout comme une partie de la droite nationaliste qui a toujours été son alliée objectif en la matière.
Cela ne signifie nullement que tout va bien dans le meilleur des mondes. Cela ne signifie pas, non plus, que nous devons demeurer sans rien faire en attendant que les choses se passent. Car elles ne passeront pas comme ça, par un simple coup de baguette magique.
Le Centre combat depuis toujours toutes les tentations de repli. La vision centriste affirme qu’il faut se prendre en main à l’intérieur et se concerter avec les autres peuples, à l’extérieur dans le cadre d’une société équilibrée, c’est-à-dire aussi ouverte que possible mais aussi solidaire de ses membres que possible également.
Si nous voulons nous sortir de la crise larvée dans laquelle nous sommes, où le chômage devient le compagnon de désespoir de plus en plus de Français pendant un temps de plus en plus long, nous devons faire les réformes nécessaires et indispensables pour assainir la société française et, notamment, son économie.
De la même manière, nous devons être ouverts mais fermes vis-à-vis de l’extérieur.
Par rapport à nos partenaires européens, nous devons demander une Union européenne plus puissante, c’est-à-dire plus unie dans ses objectifs et ses actions en vue de permettre à celle-ci d’être un espace unique capable de faire face à la concurrence venue des autres régions du monde.
Par rapport aux autres pays, nos alliés, nos concurrents, voire nos adversaires, nous devons affirmer sans faiblesse aucune que nous sommes pour des règles équitables mais réciproques. Nous ne pouvons ainsi admettre que des pays jouent leur partition personnelle au détriment des autres dont le nôtre. La Chine, l’Inde, le Brésil ne peuvent être les meneurs de pays émergents et en développement qui expliquent, sans rire, que tout leur ait du sans aucune contrepartie, qui demandent de la responsabilité chez les pays riches tout en se déclarant irresponsables. Quand les pays aujourd’hui avancés se sont développés, ils n’ont demandé rien à personne. Et rien ne fut facile à obtenir.
Pour autant, n’oublions pas que la France est un des pays qui bénéficie le plus de la mondialisation malgré toutes les affirmations des cassandres en tout genre. Les capitaux étrangers viennent en masse dans des investissements directs qui créent de l’emploi. Nous sommes la première destination mondiale pour le tourisme. Et nous vendons nos produits de luxe dans le monde entier. Sans oublier Airbus au moment où certains voudraient que Boeing soit évincé du marché français. Quatre exemples parmi d’autres.
Si nous avons des faiblesses, elles proviennent majoritairement de notre immobilisme et de notre incapacité à avoir bâti, comme d’autres, une économie assez forte pour résister à la nouvelle donne mondiale.
Mais nous devons savoir une chose, la mondialisation continuera, que ce soit avec ou sans nous. Il ne s’agit pas d’attendre qu’elle disparaisse. Il s’agit de bien l’intégrer et de s’en servir pour nos intérêts, français et européens.
Personne n’a jamais prétendu que la mondialisation était un phénomène où, par une métamorphose aussi improbable qu’illusoire, les relations entre les différents pays de la planète allaient être idylliques et qu’elle allait permettre d’établir le paradis sur terre. Ceux qui l’ont cru se sont racontés des histoires et n’ont toujours pas compris que le monde était un espace où l’on doit se battre pour exister. C’était vrai hier, c’est vrai aujourd’hui et cela le sera encore demain.
Avec notre confort et nos revenus, nous avons cru que ce monde-là n’était plus le nôtre. Il est temps de redescendre sur terre. Il n’y a que ceux qui prennent part à la compétition qui peuvent la gagner. Les spectateurs, eux, ne remportent jamais les trophées et vivent par procuration. Est-ce cela que nous voulons dans cette tentation suicidaire du repli?! Si tel est le cas, nous ne devrons pas nous plaindre de ce qui nous arrive.
Au contraire, si nous voulons relever le défi du monde du XXI° siècle, quel qu’il soit, à nous de nous retrousser les manches et prouver que nous sommes toujours un grand peuple. Et nous avons un outil adapté à cette tâche aussi difficile qu’exaltante: le Centrisme du juste équilibre.

samedi 18 juin 2011

Actualités du Centre – Alexandre Vatimbella, candidat à la présidence d’Alliance centriste


Alexandre Vatimbella, directeur du Centre de Recherches et d’Etudes du Centrisme (CREC) qui édite ce site a fait acte de candidature au poste de président de l’Alliance centriste. Le scrutin se tiendra le 2 juillet prochain lors du Congrès de ce parti à Angers.

Actualités du Centre – Jean Arthuis «se réjouit de l’exploitation du nom du parti politique qu’il préside depuis juin 2009 par des membres» du Parti radical et du Nouveau centre


Alors que la confédération mise en place par le Parti radical, le Nouveau centre, la Gauche moderne et la Convention démocrate a choisi fin mai de s’appeler l’Alliance républicaine sociale et écologiste et de communiquer seulement par le nom «l’Alliance», l’Alliance centriste vient seulement de réagir par un communiqué de presse en date du 16 juin à cette usurpation de nom.
Etonnamment, son président, Jean Arthuis ne condamne pas cette utilisation mais, sur un ton mi-ironique, mi-satisfait, «se réjouit de l’exploitation du nom du parti politique qu’il préside depuis juin 2009 par des membres de la confédération, exploitation relayée par certains médias».
Il ajoute qu’il «voit dans cet intérêt soudain pour le nom «Alliance» ou «Alliance Centriste» (ndlr: de nombreux médias mais aussi de nombreux membres de cette Alliance en parlent comme de «l’Alliance centriste»), d’une part un témoignage de sympathie pour son mouvement, d’autre part une volonté manifeste de la confédération d’incarner ses idées et le positionnement qu’il défend: à savoir, une confédération indépendante, résolument au centre sur l’échiquier politique et ouverte à tous les centristes, sans aucune exclusive, notamment le Modem de François Bayrou».

vendredi 17 juin 2011

Une Semaine en Centrisme. Y a-t-il une chance pour voir un Centre uni à la présidentielle?


Même si François Bayrou ne s’est pas encore déclaré officiellement et si Jean-Louis Borloo hésite; même si Hervé Morin et Jean Arthuis n’ont pas tout à fait renoncé; et même si un candidat de dernière minute n’est pas exclu, peut-il y avoir, in fine, un candidat unique du Centre lors des élections présidentielles de 2012?
Si l’on analyse la situation politiquement (sans oublier celle des égos!), la réponse est non. Au cas où Jean-Louis Borloo jetterait l’éponge face aux pressions de l’UMP et de l’Elysée, Hervé Morin ne se gênerait pas pour se lancer dans la bataille. De son côté, quoiqu’il arrive, François Bayrou sera candidat. Et Jean Arthuis réfléchit.
Trop de choses séparent encore les leaders centristes pour que l’on puisse envisager une réconciliation suivie d’une refondation d’un Centre uni avant les présidentielles. Cela ne veut pas dire que ça ne vaut pas le coup de travailler en faveur de cette refondation mais que le principe de réalité engage à ne pas se faire trop d’illusions de ce côté-là.
Si l’on analyse la situation administrative, la situation est tout autre. Au jour d’aujourd’hui aucun des candidats ayant décidé de se situer au centre de l’échiquier politique ne possède les 500 signatures nécessaires pour se présenter. Ni Jean-Louis Borloo, ni Hervé Morin, ni François Bayrou.
Cela ne signifie aucunement qu’ils ne les obtiendront pas. On peut supposer que Jean-Louis Borloo y parviendra même sans l’aval de l’Elysée. A contrario, on peut penser que François Bayrou y parviendra mais, cette fois-ci, avec l’aval de l’Elysée! En revanche, il y a peu de chances qu’Hervé Morin les obtiennent surtout après son livre de quasi-injures à l’encontre de Nicolas Sarkozy. Et il y a peu de chances également que Jean Arthuis puisse les réunir.
Donc, si Jean-Louis Borloo jette l’éponge, on pourrait se retrouver avec une seule candidature, celle de François Bayrou, sponsorisée, quelque part, par l’Elysée qui n’a jamais caché que le leader du Mouvement démocrate était le seul «vrai» centriste et le seul qui avait une légitimité à représenter le Centre en 2012. Façon de délégitimer Borloo et Morin…
Evidemment, cela posera un problème politique à François Bayrou si les signatures d’élus qui lui permettent d’être présent à la présidentielle viennent en grande majorité de l’UMP, le parti d’un président qu’il n’a pas cessé de critiquer et de combattre pendant cinq ans.
On sait déjà que le discours sera de dire qu’il ne s’agit pas d’une fleur ou d’une aide quelconque mais de l’esprit démocratique des élus. Seulement, personne ne sera dupe…
Si tel est le cas, peut-on voir le Nouveau centre, voire le Parti radical, se ranger derrière François Bayrou? A part quelques soutiens personnels, cela serait très étonnant.
Si François Bayrou, par extraordinaire, ne se présente pas et que Jean-Louis Borloo, est présent, il ne sera pas, non plus, le candidat de tous les centristes car le Mouvement démocrate ne le soutiendra pas et, sans doute pas, non plus, l’Alliance centriste. Sans parler qu’une partie des radicaux ne sera pas derrière lui.
En résumé, même s’il ne devait y avoir qu’une seule candidature centriste à la présidentielle de 2012, le Centre serait toujours autant fragmenté et pourrait même en ressortir encore plus désuni.
Mais il peut y avoir une autre situation: aucun candidat centriste. Car, dans une logique purement arithmétique, si aucun de ceux qui veulent y aller n’arrive à réunir les 500 signatures, la place du Centre sera vide.
Ce scénario catastrophe a, avouons-le, peu de chances de se réaliser. En revanche, le scénario catastrophe d’un trop plein de candidats (avec des «faux» centristes en sus), n’est pas à écarter totalement, lui. Et pourrait se révéler bien plus catastrophique que le premier!

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

mercredi 15 juin 2011

Actualités du Centre – Première réunion de la direction de l’Alliance avec réaffirmation de son autonomie mais dans la majorité


La direction de l’Alliance, cette confédération de partis modérés de droite de la majorité présidentielle où se trouvent les centristes du Nouveau centre, s’est réunie pour la première fois le 14 juin à l’Assemblée nationale, à la fois, pour désigner ses membres (24 en tout dans la «Direction nationale») et tenir une conférence de presse.
Au cours de celle-ci, Jean-Louis Borloo président du Parti radical a déclaré que la «machine est maintenant lancée» ce qui permettait à la majorité de droite d’avoir «clairement deux pieds».
Il en a également profité pour réaffirmer qu’il ne craignait pas les pressions de l’UMP à son encontre et à son éventuelle candidature à la présidentielle. Il ne s’est d’ailleurs toujours pas déclaré au moment où les sondages ne sont guère encourageants pour celle-ci et où les attaques venues de ses anciens et néanmoins toujours amis de droite se font de plus en plus entendre.
Pour Borloo, l’Alliance a pour vocation «d’élargir considérablement la majorité sur son aile sociale, républicaine, européenne et écologiste» car «notre pays a besoin de diversité».
De son côté, le président du Nouveau centre, Hervé Morin, quelque peu marginalisé dans la nouvelle structure, a rappelé que l’Alliance aurait un candidat à la présidentielle et que si Jean-Louis Borloo n’y allait pas, ce serait lui.
En outre, il a expliqué qu’il n’était absolument pas d’accord pour que l’Alliance discute avec Dominique de Villepin en vue d’un rapprochement politique dans le cadre des présidentielles et des législatives à venir.
Au cours de la réunion de la direction, il a été décidé que les candidatures d’union aux élections sénatoriales de septembre prochain seraient validées dans les deux semaines à venir. De même, une université d’été devrait se tenir début septembre (sans doute les 11 et 12).

mardi 14 juin 2011

Actualités du Centre – Sondage présidentielle: Bayrou entre 7% et 8%; Borloo entre 6% et 6,5%


Selon un sondage IFOP pour le Journal du Dimanche, au premier tour de la présidentielle, François Bayrou obtiendrait 7% (candidature Hollande pour le PS) et 8% (candidature Aubry). De son côté, Jean-Louis Borloo obtiendrait respectivement 6% et 6,5%.
Il est à noter, tout d’abord, que les intentions de vote concernant les candidats qui veulent représenter le Centre sont assez faibles, au mieux 14,5% à eux deux dans le cas où la candidate du PS serait Martine Aubry.
Ensuite, François Bayrou passe devant Jean-Louis Borloo. Le leader du Mouvement démocrate retrouve la position qu’il avait perdu ces derniers temps, depuis l’annonce par le président du Parti radical de son émancipation de l’UMP.
Pour certains analystes, «l’effet Borloo» serait en train de retomber – sans jamais avoir réellement pris – notamment à cause de ses atermoiements quant à sa candidature.
(Sondage réalisé du 9 au 10 juin auprès d’un échantillon de 923 personnes représentatives de la population âgée de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)

L'Humeur du Centriste. Et si l’on essayait le Centre


Non, le Centre n’existe pas nous rabâchent la Droite et la Gauche. Pour la Gauche, les Centristes ne seraient que des méchants loups de droite déguisés en gentils modérés pour mieux attraper les brebis de gauche et les croquer toutes crues. Pour la Droite, dans une vision psychanalytique à deux cents, les Centristes ne seraient que des gens de droite qui ne s’assument pas et chercheraient le salut dans une sorte de déviance gauchiste du libéralisme.
En plus, Gauche et Droite étant d’accord là-dessus, ce ne sont que des opportunistes à la recherche de postes qui, comme le chante Jacques Dutronc, retournent leurs vestes toujours du bon côté pour un strapontin et dont l’archétype serait le bon vieux Edgar Faure, paix à son âme.
Donc, les Centristes n’existeraient pas vraiment. Donc le Centre n’existe pas non plus. Problème: à chaque élection, la Droite et la Gauche veulent convaincre les électeurs centristes de voter pour eux. Des électeurs centristes alors que le Centre n’existe pas, voilà une bien bizarre situation.
Plus sérieusement, la Droite et la Gauche font les yeux doux aux partis centristes afin de faire alliance avec eux. Et la dernière présidentielle n’a pas dérogé à la règle avec Nicolas Sarkozy débauchant les députés centristes de l’UDF et Ségolène Royal courtisant François Bayrou. Et rappelons-nous François Mitterrand en 1988 ou Georges Pompidou en 1969.
Et la prochaine présidentielle ne dérogera pas à cette règle avec, déjà, Nicolas Sarkozy tentant de faire croire que les centristes et lui, c’est copain-copain (ou, attention, aux coups de bâtons!). Demain, ce sera au tour de Martine Aubry ou de François Hollande de faire des déclarations d’amour à ces mêmes centristes.
Plus étonnant pour un Centre qui n’existe pas, voilà que l’élection remportée, la Gauche et la Droite gouvernent au centre… Pourquoi? Mais tout simplement parce que l’on ne peut faire autrement pour diriger un grand pays moderne mais aussi parce que la seule politique qui semble légitime c’est une politique centriste qui permet de satisfaire l’ensemble de la population et pas un seul côté.
D’où la question simple que l’on peut poser aux Français: pourquoi ne pas choisir des vrais Centristes pour faire une vraie politique du Centre? Pourquoi ne pas essayer le Centre et non des rallier par obligation? Pourquoi ne pas donner sa chance au Centrisme?
Parce ce que serait trop facile? Et même pas drôle?!

Le Centriste

samedi 11 juin 2011

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le Centrisme première victime de la bataille au centre


On ne sait pas encore qui va gagner la bataille au centre où les deux favoris du moment, Jean-Louis Borloo et François Bayrou, ont redécouvert récemment les vertus du Centre. Mais l’on commence à discerner qui va en être la victime: le Centrisme…
Car cette bataille se fait avant tout sur des égos, des ambitions politiques et des positionnements aléatoires et non sur un solide corpus centriste. Beaucoup diront que cette situation n’est guère nouvelle. C’est exact. Mais cela n’en est pas moins destructeur une fois de plus pour la crédibilité et l’image du Centrisme déjà accusé d’être une fausse pensée politique et un alibi pour tous les politiciens hésitants ou opportunistes.
Dans ce théâtre des faux-semblants où les Rastignac élyséens en mal de positionnement politique tentent une OPA sur l’espace centriste, les Français ont beaucoup de mal à s’y retrouver. Et pour ne rien arranger, les médias ne clarifient rien.
Prenons ainsi le dernier sondage sur la personnalité qui incarne mieux le Centre. Sur les cinq personnalités proposées aux Français, deux ne sont pas centristes (selon leurs propres propos): Jean-Louis Borloo et Dominique de Villepin. Le premier, républicain social de droite, arrive en tête alors que l’on retrouve en troisième position le second, nationaliste de droite vaguement gaulliste.
Sans oublier que nous avons en deuxième position François Bayrou, un homme qui ne s’est jamais reconnu totalement dans le centrisme et en quatrième position, Hervé Morin qui n’a de cesse de clamer qu’il n’est pas du Centre mais au centre-droit.
Le seul qui s’affirme au centre du Centre, Jean Arthuis, termine bon dernier avec 4%...
Intéressons-nous maintenant au sondage commandé par le Nouveau centre sur la vision qu’ont les Français du Centre. A la question de son positionnement sur l’échiquier politique, l’institut de sondage a demandé si le Centre était plus proche de la Gauche ou de la Droite. Aucune possibilité de répondre, «ni l’un, ni l’autre» (mais l’on peut penser aussi que le commanditaire, le Nouveau centre, n’était pas demandeur, lui qui affirme que le Centre est à droite…). Et les sondés, en bons soldats des enquêtes d’opinions ont estimé à 67% qu’il est plus proche de la Droite (63% des électeurs de François Bayrou en 2007) et à 33% de la Gauche (37% des électeurs de François Bayrou en 2007).
Cependant, force est de reconnaître que peu de sondés ont choisi la case «sans opinion»…
Bien sûr, il s’agit de sondages où tous les Français sont interrogés. On peut supposer que les réponses seraient un peu différentes  si l’on n’interrogeait que les militants, sympathisants et électeurs centristes (quoique les électeurs de Bayrou en 2007 sont dans la moyenne comme on l’a vu ci-dessus…).
Si l’on rapproche les deux sondages, on s’aperçoit qu’il n’est guère étonnant que les Français estiment que ce soit un homme modéré de droite qui incarne le mieux le Centre, Jean-Louis Borloo et que Dominique de Villepin recueille un pourcentage élevé.
Mais si les médias peuvent embrouiller les Français et si ceux-ci se laissent embrouiller aussi facilement, c’est bien parce que les centristes ont eux-mêmes tout embrouillé et qu’on les entend peu défendre les valeurs du Centrisme.
En fait, comme tous les autres politiques de Droite et de Gauche, ils sont assez vagues pour tenter de ratisser large. Mais si leurs collègues à l’UMP ou au PS ont en tête d’attirer les électeurs centristes, eux, ils lorgnent sur les modérés de gauche et de droite, donc des deux côtés de l’échiquier politique, ce qui implique un grand écart périlleux... Sans oublier qu’il faut bien nouer des alliances en vue des législatives avec la Droite ou la Gauche pour obtenir quelques députés.
Au vu de ce tableau, est-ce donc un fatalisme et une histoire sans fin que le Centre soit dénaturé et trahi par les siens, immolé sur l’autel du réalisme politique?
Non, si l’on considère que le combat politique des idées et des projets est plus important que celui des postes. Non, si l’on considère qu’une fois remporté le combat des idées, les postes en sont la récompense et permettent de mettre en œuvre un programme centriste. Non, si l’on considère qu’un Centre fort dicte sa loi à ses partenaires dans une coalition plutôt qu’il ne se laisse dicter leurs lois.
Bien évidemment, en ce début d’été 2011, on est loin du compte. Mais l’on doit aussi reconnaître que la volonté politique n’est pas au rendez-vous dans le camp centriste pour développer ce travail de longue haleine.
François Bayrou s’en rapprocherait le plus. Mais il est tellement dans une démarche monomaniaque pour décrocher l’Elysée qu’il se sert plus du Centre qu’il ne le sert. C’est dommage, car cela a engendré parfois un fort hiatus entre ses propos, ses démarches et les idées du Centrisme.
Il a ainsi proposé à Dominique de Villepin de discuter (tout comme, d’ailleurs, Jean-Louis Borloo). Il a même affirmé, avant de revenir dans le giron centriste, que le mot «centre» ne faisait pas partie de son vocabulaire lors d’une conférence de presse.
Il faut dire que c’était juste après avoir obtenu 18,57% des voix à la présidentielle 2007. L’hubris l’avait touché de plein fouet…

jeudi 9 juin 2011

Une Semaine en Centrisme. Le Centre peut-il gagner la présidence du Sénat?


Le renouvellement d’un peu moins de la moitié des sénateurs (165 sur 348) dans un peut moins de quatre mois est très attendu par la classe politique. Les résultats  du scrutin du 25 septembre prochain pourraient être une indication intéressante sur le paysage politique de 2012 qui verra la tenue simultanée des élections présidentielle et législative.
La Gauche, fort de ses succès à répétition dans les élections locales, devrait les capitaliser en gagnant de nombreux sièges qui devrait lui permettre, selon de fortes probabilités, d’être majoritaire à la haute assemblée pour la première fois sous la V° République et d’assoir un des siens dans le siège de président de l’institution, ce qu’elle n’a pas réussi à faire depuis la présence du radical de centre-gauche Gaston Monnerville entre 1958 et 1968.
La Droite, elle, espère encore pouvoir endiguer la marée montante du Parti socialiste. Pour cela, comme l’a expliqué l’actuel président du Sénat, Gérard Larcher, elle se base sur la victoire moins forte qu’annoncée de la Gauche aux dernières régionales et, surtout, au fait que les grands électeurs qui élisent les sénateurs sont des notables qui votent souvent de manière beaucoup plus conservatrice que leur étiquette politique.
Mais la partie sera dure pour l’UMP. Le parti de Nicolas Sarkozy n’est déjà plus majoritaire au Palais du Luxembourg. Il doit compter sur l’apport des voix centristes pour faire passer les textes du gouvernement. Du coup, le Centre se sent pousser des ailes et croit en ses chances de remporter la bataille au nez et à la barbe de la Droite et de la Gauche.
Si l’on analyse le rapport des forces actuel, il semble que l’euphorie qui s’est emparée de certains sénateurs centristes - palpable dans les couloirs du Palais du Luxembourg- soit quelque peu exagérée. Même si l’on additionne les modérés qui se partagent dans différents groupes dans des mélanges parfois bizarres (mais qui permettent d’avoir un peu de pouvoir…), le Centre est loin d’être le favori.
Pour autant, il ne faut pas oublier que le Sénat a souvent eu à sa tête un homme du Centre ou, tout au moins, un modéré. Avant la prise de pouvoir par la Droite en 1998 avec Christian Poncelet puis, depuis 2008, avec Gérard Larcher, il faut se rappeler que la haute assemblée a eu comme président l’inusable Alain Poher (1968-1992) puis René Monory (1992-1998). Sans compter Gaston Monnerville cité plus haut.
En jouant sur le conservatisme et la modération d’un certain nombre d’élus à droite et à gauche, en réunissant tous les centristes dispersés dans plusieurs groupes et en jouant sur l’opposition entre l’UMP et le PS, le Centre pourrait donc avoir une chance.
Encore faut-il que les différentes chapelles centristes qui sévissent au Sénat parviennent à s’entendre sur un candidat alors que le groupe Union centriste, regroupant les élus Nouveau centre, Mouvement démocrate et Alliance centriste n’ont pas été capable de le faire lors de l’élection récente de leur président, François Zochetto de l’Alliance centriste. Celui-ci, en plus, n’était même pas soutenu par le président de son propre parti, Jean Arthuis (qui se voit en possible candidat à la présidence du Sénat, ce qui serait le couronnement de sa carrière) qui lui avait préféré un candidat Nouveau centre!
Néanmoins, dans la redistribution des cartes qui pourrait suivre l’élection de septembre, si le Centre sait bien jouer la partie, si les égos sont mis de côté et si les résultats lui sont favorables, il pourrait alors nourrir quelques espoirs.
Reste que, quel que soient les cas de figure, le Centre ne sera certainement pas majoritaire au Sénat à l’issu des prochaines élections. Alors, même si un des siens occupent le poste de président, il devra constamment composer soit avec la Droite, soit avec la Gauche. Sachant que le Nouveau centre ne veut pas travailler avec le Parti socialiste et que le Mouvement démocrate ne veut pas travailler avec l’UMP, cela promet d’intéressantes discussions animées entre les sénateurs centristes. Dans le calme poussiéreux du Palais du Luxembourg, voilà qui serait aussi une révolution…
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC