vendredi 30 mai 2014

Actualités du Centre. Jean-Christophe Fromantin veut devenir président de l’UDI

Dans une lettre de candidature et une interview à l’Express, le député-maire de Neuilly-sur-Seine et responsable du projet politique de l’UDI explique pourquoi il se présentera à la prochaine élection du président de la confédération centriste qui devait avoir lieu dans le courant du mois d’octobre.
Jean-Christophe Fromantin est ainsi le premier à faire officiellement acte de candidature et devrait être rejoint dans les jours et les semaines à venir par Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde, Yves Jégo et quelques autres.
A la question de savoir pourquoi il a décidé de se présenter, il explique qu’il ne se voyait pas «quoi faire d'autre. Soit je ne bougeais pas, je regardais l’UMP s’écrouler, et l'UDI dire que c'est formidable d'avoir fait 9% aux élections européennes alors que nous perdons des sièges, soit j'avançais. Désormais, je suis candidat à la présidence de mon mouvement : advienne que pourra. Mais pour moi, il le fallait: seuls 20% des Français votent avec un peu de raison. Le système est figé, bloqué. On a touché le fond.
Et il affirme qu’il a une chance d’être élu: «Ce qui fait ma force, je crois, c'est que je ne suis pas issu d'une des trois grandes composantes de l'UDI (le parti radical valoisien, le Nouveau Centre et les Forces européennes démocrates). Ma plus-value, c'est d'être indépendant. Je suis le "i" de l'UDI. Peut-être est-ce aussi mon handicap : je n'ai pas, contrairement aux personnes que vous avez citées (ndlr: Hervé Morin, Yves Jégo, Jean-Christophe Lagarde), d'armées de départ. Mais l'idée de Jean-Louis Borloo, le fondateur de l'UDI, ce n'était pas de faire une confédération, mais bien un parti. Par ailleurs, je prends un peu mes concurrents de vitesse. Quand les uns et les autres ont découvert ma candidature, il y a avait de l'étonnement et de la surprise...
Dans sa lettre de candidature adressée aux militants, il écrit que son engagement repose «sur trois piliers: la réconciliation, l’espérance et l’audace».
Ainsi, concernant la réconciliation, il se dit «convaincu qu’il n’y a rien à attendre de ceux qui bâtissent sur les clivages. C’est vrai pour les partis politiques, comme pour l’ensemble de la société».
A noter que Jean-Christophe Fromantin est contre l’Alternative et l’alliance avec François Bayrou.

Vues du Centre – Le point de vue de Jacques Rollet. Où en est le Centre ?

 Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jacques Rollet est politologue, auteur de plusieurs livres dont Tocqueville (Montchrestien 1998), Religion et politique (Grasset 2001), La tentation relativiste, DDB, 2004), Le libéralisme et ses ennemis (DDB, septembre 2011).

La question n’est pas nouvelle et je l’ai déjà abordée il ya quelques mois. Il est cependant nécessaire d’y revenir après ces élections européennes, alors même que l’attention est focalisée sur le FN et que les médias ne s’intéressent guère à l’Alternative qui réunit comme on le sait l’UDI et le MoDem.
Six remarques vont suivre un constat.
Le constat: l’UDI+le Modem ne font pas mieux que le Modem seul en 2009.
Au plan national, l’Alternative fait 9,9 % en 2014; or le Modem faisait 8,45% en 2009. Un point et demi de plus, c’est insignifiant.
Le score «logique» aurait dû être de 16 ou 17%. On aurait pu attendre en effet de l’UDI un apport de 8 points. (Nouveau Centre, Parti radical, Alliance centriste, adhérents directs). Dans le même temps, l’UMP en crise fait 21%...
Si je considère la circonscription du Nord-Ouest, le score est de 9,38% en 2014 pour l’Alternative alors qu’il était de 8,67% en 2009 pour le Modem. C’est quasiment identique.
En d’autres termes, ce résultat n’est pas bon et on doit se demander pourquoi. Il n’est pas dû seulement à un refus de la construction européenne.
1°) Le Centre n’a pas de leader et dans le système politique de la V° République, c’est un handicap et le retrait de Jean-Louis Borloo n’est pas une explication suffisante. Lui-même n’incarnait pas jusqu’alors ce leadership attendu. Il ya des gens talentueux qui s’expriment à l’Assemblée nationale tels que Jean Christophe Lagarde ou Philippe Vigier mais il faut passer à un niveau supérieur.
2°) Le Centre est partagé entre des visions de la société différentes: vision du radicalisme quelque peu «Old fashioned» qui oscille entre 19° et 21° siècle et reste de la tradition démocrate-chrétienne qui n’ose même pas s’afficher comme telle. S’y ajoutent des membres qui n’ont aucune tradition! Cela ne confère pas une identité.
3°) Le Centre doit donc s’interroger sur sa doctrine, en clair sur sa conception des valeurs nécessaires au vécu d’une société qui ne peut reposer sur l’exaltation des désirs individuels.
On a perçu le problème  lors du vote de la loi sur le «mariage» homosexuel. Il a été très difficile d’expliquer à beaucoup de parlementaires centristes qu’il y avait un problème et qu’il fallait voter contre cette loi. Il apparaît aujourd’hui que les socialistes aux Municipales et aux Européennes ont subi une sanction qui est en partie due à cette loi. Ils sont prêts cependant à récidiver avec une loi Taubira qui est une provocation et ils s’étonneront ensuite du score du FN. Comprenne qui pourra.
L’excès d’idéologie est généralement mortifère…
Les centristes feraient bien de se demander sur quelle philosophie reposent leurs choix en matière éthique.
4°) Il faut donc donner  à un peuple en grande partie désemparé une vision cohérente de ce qu’est le vivre-ensemble. Cela suppose l’acceptation d’un ordre social, le refus de l’assistanat qui prospère en France (les dépenses sociales représentent 33% du PIB!).
Cela ne peut continuer pour des raisons financières mais également pour des raisons morales. De multiples témoignages sont donnés par des gens allant au travail pendant qu’aux fenêtres on se moque d’eux en disant: «Il faut être con pour aller travailler quand on a autant en ne faisant rien».
5°) La notion de bien commun doit être remise au premier plan. Elle est différente de celle d’intérêt général. Il s’agit de bien et pas d’intérêt. On est en train de redécouvrir l’importance de cette notion dans la philosophie politique contemporaine dans les pays anglo-saxons.
Il serait temps que la pensée française s’y mette. Il nous faut une anthropologie basée sur la notion de loi naturelle, celle qui découle de l’essence de l’homme, car il y a une essence ou nature de l’homme.
6°) Le Centre a raison d’être pro-européen mais le réalisme en matière économique et le projet politique du fédéralisme suppose une armature éthique qui fasse tenir ensembles au nom de valeurs, les membres d’une société et ces valeurs ne peuvent être celles du relativisme éthique.
En espérant être entendu.
Jacques Rollet