samedi 29 août 2020

Présidentielle USA 2020. Sondage quotidien USC Dornsife / 29 août: Biden nettement en tête

Voici les résultats au 29 août 2020 du sondage quotidien réalisé par USC Dornsife (le centre d’études politiques Dornsife de l’université de Californie du Sud) qui donnent le candidat démocrate et centriste, Joe Biden, nettement en tête de l’élection présidentielle américaine du 3 novembre 2020 devant le président républicain sortant, Donald Trump auprès des personnes qui disent qu’elles iront certainement voter («likely voters»)

 

► Joe Biden (démocrate): 52,84%

► Donald Trump (républicain): 40,51% 

► Joe Biden en tête avec 12,33 points d’avance (-0,08 point par rapport au 28 août)

(Le sondage quotidien USC Dornsife est constitué d’un panel d’environ 6 000 électeurs éligibles disséminés dans tout les Etats-Unis. Ensemble, ils constituent un échantillon représentatif de la population américaine. Chaque jour, environ 430 d'entre eux sont invités à répondre à quatre questions en ligne dans le sondage quotidien. Chaque jour juste après minuit, les chercheurs mettent à jour les résultats, qui sont basés sur une semaine de réponses)

 

 

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Trump contre la démocratie: gagner par chaos

Trump n’est pas seulement un danger pour son incompétence, sa malhonnêteté, son ignorance, son égocentrisme et son racisme mais parce qu’il est le représentant d’un mouvement idéologique existant dans le monde entier mais particulièrement bien établi aux Etats-Unis qui vise à la destruction voulue et souhaitée d’une grande partie de l’Etat démocratique et républicain, de ses services publics ainsi qu’à décrédibiliser au maximum l’action gouvernementale notamment en matière de régulations de toutes sortes et plus spécifiquement dans les secteurs sociaux et économiques.

Ce mouvement se rapproche évidemment des idées libertariennes où le dogme est le plus de liberté dans le moins de contraintes mais il est encore plus radical puisque son but est de créer concrètement le chaos dans la société afin de détruire la machine à gouverner puis de faire en sorte que la loi qui régit les rapports humains soit celle du plus fort (et du plus riche) dans une vision simpliste du darwinisme social de Spencer.

Son égérie est l’écrivaine Ayn Rand qui se qualifiait elle-même de «capitaliste radicale» (et sa philosophe d’«objectivisme») dont les thèses prônent un Etat minimum et un laissez faire maximum.

Et ce n’est même pas un secret puisque Trump l’a affirmé à plusieurs reprises.

Ainsi, lorsqu’il parle de cette fameuse affabulation du «deep state», cet Etat profond qu’il a accusé maintes fois de diriger le pays dans l’ombre («L'État profond et la Gauche, et leur organe, les médias qui délivrent des fake news»), ce n’est pas seulement pour attaquer les démocrates qui en seraient soi-disant à sa tête mais pour démanteler l’appareil étatique tout court qui serait la nuisance principale qui empêcherait les Etats-Unis d’être fidèles à leur exceptionnalisme et leur destinée manifeste.

Ici, pas de politique politicienne mais une vraie guerre contre l’Etat protecteur et régulateur.

Nombreux sont les observateurs qui sont fascinés par la nomination d’incompétents à des postes importants dans le gouvernement Trump ou à la tête de grandes administrations.

En réalité, ils sont justement nommés pour leur incompétence et pour la mission de détruire ce qu’ils dirigent.

L’exemple récent du directeur de la poste en est la caricature extrême sachant qu’il est également parmi les principaux actionnaires d’entreprises privées qui concurrencent cette même poste…

Bien sûr, tout incompétent et ignorant qu’il est, Trump ne comprend pas exactement tous les tenants et les aboutissants de cette idéologie radicale ainsi que les enjeux majeurs qu’elle porte.

Il voit surtout dans cette bataille un moyen de préservation de son statut social et de la fantasmagorie dans laquelle il vit menacée constamment par tous les complots qu’il invente ou récupère postés sur la toile par des illuminés.

De même, il n’hésite pas à s’en servir à des fins purement d’ambitions personnelles notamment en vue de sa réélection.

On ne peut en effet pas comprendre complètement ses agissements des quatre dernières années mais surtout de ceux des derniers mois si l’on n’a pas en tête que sa stratégie est de gagner par et grâce à un chaos délibérément mis en place à tous les niveaux et dans tous les domaines.

Steve Bannon, son principal conseiller lors de la campagne de 2016 puis lors de son entrée à la Maison blanche, activiste d’extrême droite, définissait par une boutade son objectif premier que Trump embrasse également:

«Je suis léniniste parce que Lénine voulait détruire l’État, et c’est aussi mon objectif. Je veux tout faire s'écrouler et détruire tout l’establishment d’aujourd’hui.»

Et il avait ajouté que «les membres du cabinet de Trump avaient été choisis pour une seule raison, la déconstruction de l’Etat administratif» avec comme objectif de «changer les lois des 40 dernières années».

Ce n’est pas pour rien que Trump, lui-même, a souvent affirmé que le pays «avait les pires lois qui existent».

Quand Trump menace de supprimer les budgets de plusieurs administrations ou de les réduire à une peau de chagrin, il ne s'agit pas seulement, comme pour celle de la poste, de favoriser sa réélection en empêchant des électeurs de voter, mais de faire en sorte qu’elles ne puissent plus remplir leur mission de service ou de régulation, laissant la place à un chaos voulu dont la finalité n’est même pas un Etat minimum mais plus d’Etat du tout dans de nombreux secteurs.

De même, lorsqu’il baisse les impôts des riches ce n’est pas seulement pour se faire un cadeau et contenter ses amis milliardaires, c’est également pour que l’Etat n’ait pas les moyens de fonctionner normalement et, surtout, correctement.

C’est ce qui se passe, par exemple, pour les écoles publiques (afin qu’elles soient remplacées par des écoles privées), pour les parcs nationaux (afin qu’ils disparaissent et que des entreprisses privées puissent exploitées leurs richesses diverses) et bien sûr pour l’assurance santé (afin de permettre aux compagnies privées de reprendre totalement le contrôle du secteur).

Ce qui doit demeurer en place pour Trump au niveau fédéral, c’est uniquement et in fine l’appareil de sécurité et répressif.

George Packer, journaliste au magazine The Atlantic a écrit en avril dernier une enquête intitulée «Le président est en train de gagner sa guerre contre les institutions américaines» et sous-titrée «Comment Trump détruit la fonction publique et plie le gouvernement à sa volonté», une guerre menée depuis janvier 2017 lorsqu’il prend effectivement ses fonctions.

Et, s’il est réélu en novembre prochain, cette guerre sera poursuivie avec une plus grande intensité.

Voilà pourquoi Trump bénéficie d’un si important soutien de la droite radicale et de l’extrême droite.

Ici, le clown populiste et démagogue fait place au destructeur de l’état de droit et des principes de la démocratie républicaine.

De ce point de vue, il est le digne successeur de Ronald Reagan dont la citation la plus connue est que «l’action publique n’est pas la solution au problème, c’est le problème» et qui disait également qu’«à mesure que le gouvernement se développe, la liberté se contracte», confondant manifestement liberté et licence.

Depuis maintenant quarante ans les radicaux et extrémistes qui ont fait main basse sur le Parti républicain font tout pour empêcher les services publics de fonctionner et à l’Etat de remplir sa mission.

Avec Trump, ils ont trouvé leur bras armé.