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lundi 21 juillet 2025

Vues du Centre. L’inquiétante suppression du talk-show le plus populaire de la télévision américaine

Par Alexandre Vatimbella


La chaine CBS annoncé que le talk-show le plus populaire de la télévision aux Etats-Unis, le Late show de Steven Colbert ne serait plus diffusé après mai 2025 après dix ans de succès sans interruption.

Cette annonce abrupte n’était absolument pas prévue et a provoqué une onde choc, pas seulement dans le monde de l’audiovisuel.

D’autant que les raisons n’ont pas grand-chose à voir avec l’entertainment mais plutôt avec la politique.

Steven Colbert est un homme de gauche et un anti-Trump de la première heure, il ne s’en est jamais caché bien au contraire et c’est une des raisons de son énorme succès au-delà de son talent reconnu.

Et c’est sans doute la raison principale de la suppression de son émission de la grille de CBS, un des quatre grands networks avec ABC, NBC et Fox.

La maison-mère de CBS, Paramount, n’en est d’ailleurs pas à sa première décision politique en faveur de Trump.

L’extrémiste populiste a ainsi attaqué la chaîne en arguant qu’une des émissions d’information les plus sérieuses, 60 minutes, auraient diffusé une interview soi-disant complaisant de Kamala Harris, alors candidate démocrate à la présidentielle.

Un mensonge mais Trump demandait des milliards de dollars de dommages et intérêts.

Paramount savait que Trump ne pouvait gagner ce procès et que sa demande était complètement inique.

Pourtant, la compagnie a fait en sorte que des responsables de la rédaction s’en aillent et de payer à Trump 16 millions de dollars de dommages et intérêts.

Pourquoi?

Tout simplement parce que Paramount est en train de vendre le groupe CBS et qu’il ne voulait pas de mauvaise publicité qui aurait pu faire baisser le montant de la transaction!

Si c’était effectivement possible c’est également un prétexte.

Surtout, l’autorité de régulation qui autorise la vente est évidemment aux ordres de Trump.

Trump a attaqué d’autres médias et a toujours perdu et Paramount le savait.

Il s’agissait donc, déjà, d’une décision politique.

Dès lors, Steven Colbert était également un problème.

D’autant qu’il est littéralement haï par Trump ainsi que ses collègues des autres talk-shows comme Jimmy Kimmel qui officie sur ABC et Jimmy Fallon sur NBC.

A l’annonce de l’arrêt de l’émission, l’extrémiste populiste a évidemment publié immédiatement un message pour se féliciter – «j’aime absolument que Colbert se soit fait virer» – en insultant une fois encore l’animateur et en demandant le même sort pour Kimmel et Fallon.

Même si l’ordre de virer Colbert ne venait pas de la Maison blanche, on comprend que la suppression du Late show n’est pas innocente d’autant que le talk-show et ses concurrents étaient devenus un des lieux principaux de la résistance à la volonté de Trump de transformer les Etats-Unis en autocratie.

Une telle décision montre à quel degré d’obéissance sont prêts nombre de sociétés envers Trump.

Le fait qu’il s’agisse d’un groupe média est particulièrement préoccupant.

Alexandre Vatimbella

 

 

[Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste. 
Alexandre Vatimbella est directeur du CREC]

 

 


Une Semaine en Centrisme 2025/28 (14-20 juillet). Pétition contre loi / Déficits, révélateurs de l’irresponsabilité politique? / Netanyahu et Poutine partagent la force comme unique politique


► Près de 1,3 millions de personnes à ce jour ont signé une pétition pour abroger la loi Duplomb.
On peut voir cela comme un succès, jamais une pétition citoyenne n’a atteint un tel score.
Mais on peut aussi dire que cela représente moins de 2% de la population française.
Au-delà de ces chiffres ainsi que savoir si la demande est fondée et qui est derrière sa rédaction, cette pétition pose la question de la légitimité de la loi votée par le Parlement.
Parce que, en l’occurrence, la loi Duplomb qui est consacrée au monde agricole a été votée par une majorité de députés et de sénateurs, donc une majorité des représentants élus par le peuple dans notre démocratie représentative.
Et toute remise en cause de cette loi – au-delà de la prochaine décision du Conseil constitutionnel saisi par la Gauche – doit se faire devant le même Parlement qui est le seul qui peut l’abroger.
Cela demande évidemment une majorité issue de nouvelles élections législatives (le Sénat n’est pas décisionnaire en dernier ressort de la loi), voire d’un retournement assez improbable d’un nombre suffisant de parlementaires l’ayant adoptée.
Une simple pétition, quel que soit le nombre de signataires, ne peut se substituer à la loi, seul un référendum pourrait le faire.
Bien sûr, il est de bonne guerre que les opposants à cette loi utilisent cette pétition pour faire avancer leur cause et en fasse une publicité, voire une propagande, la plus grande possible.
Mais, dans un Etat de droit, le dernier mot doit rester aux institutions et aux règles édictées.
Sinon la porte est ouverte à une remise en question permanente de toute décision de l’exécutif, du législatif et du judiciaire, une pratique des extrémismes que l’on voit quotidiennement à l’œuvre de la part de LFI et du RN et dont l’objectif est bien le chaos pour démanteler la démocratie républicaine libérale.

► François Bayrou a dévoilé son plan pour lutter contre les déficits publics («Stop à la dette») en début de semaine dernière.
Le débat politique s’est immédiatement enflammé mais il reste une réalité, la dette française existe, et une obligation, il faut la réduire.
Ces deux constats ne sont contestées par personne.
On pourrait s’en féliciter si les réactions politiciennes des oppositions n’avaient eu à la bouche que critiques, invectives et menaces de motion de censure avant même de parler de négociations…
Certains diront que c’était hautement prévisible.
C’est vrai.
Cependant cela montre une nouvelle fois que l’irresponsabilité est un des comportements favoris chez les partis clientélistes et extrémistes.
Dans le contexte actuel d’un gouvernement sans majorité à l’Assemblée et alors que se rapproche l’élection présidentielle, cette irresponsabilité n’est pas près de disparaitre.
D’autant que lorsque les oppositions parlent de «négociations», c’est pour imposer leurs desideratas.

► On l’oublie trop souvent mais Benjamin Netanyahu et Vladimir Poutine entretiennent de bonnes relations.
On l’oublie trop souvent également mais Israël n’a pas soutenu l’Ukraine lors de l’agression de la Russie et s’est plutôt rangée derrière cette dernière.
Car Poutine et Netanyahu ont beaucoup de points communs.
Ce sont des extrémistes qui n’ont que peu de respect pour la démocratie.
Ce sont deux personnages corrompus qui devraient être en prison.
Ce sont va-t-en-guerre qui ne reconnaissent que la force comme moyen d’action.
On peut regretter que la Russie soit une dictature ce qui empêche le peuple de véritablement se prononcer sur Poutine et ses agissements.
Mais on peut également regretter encore plus qu’une démocratie comme Israël permettent à Netanyahu d’agir de la sorte.
Et se poser la question de comment d’autres démocraties réagiraient devant un autocrate.
On en a une petite idée avec Trump et les Etats-Unis…

 

 

[Retrouvez chaque semaine ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du Centre en France et dans le monde]