jeudi 30 décembre 2010

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. 2010: Barack Obama, centriste dans ses bottes


Barack Obama, en à peine deux ans de pouvoir (qui seront fêtés le 20 janvier prochain), a déjà été divinisé autant de fois qu’il a été enterré dans la fosse commune des idoles déchues… La dernière période de ces retournements autant incongrus que stupides des médias et de l’opinion publique aux Etats-Unis et dans le mondes s’est déroulée entre le 2 novembre et le 25 décembre.
Le lendemain de la défaire du Parti démocrate aux élections de mi-mandat, le cercueil est prêt. Pour certains, c’est même dans un vulgaire sac qu’il faudrait balancer Obama dans les poubelles de l’histoire. Et ceux-ci ne sont pas seulement à l’extrême-droite mais se trouvent également du côté de la gauche radicale.
La cérémonie lugubre de l’enterrement va s’ouvrir lorsque les victoires s’accumulent pour le président des Etats-Unis au Congrès pendant la période de Noël avec le vote de plusieurs mesures législatives tout aussi emblématiques qu’importantes.
Dans le même temps, les économistes américaines parlent d’une possible croissance beaucoup plus forte en 2011 grâce aux plans de relance et de soutien à l’économie mis en place par la Maison blanche ainsi que du compromis trouvé entre le président et les élus républicains sur les baisses d’impôts et les allocations chômages pour les demandeur d’emploi de longue durée en fin de droit.
Barack Obama est mort, vive Barack Obama!
Médias et opinions publiques louent à nouveau les capacités de rebond de ce président décidément imprévisible. En réalité, ce n’est pas son imprévisibilité qui est la cause du ridicule des commentateurs mais leur incapacité à prendre la mesure d’un homme (et certainement pas d’un surhomme…) qui ne fait que faire ce qu’il a dit qu’il ferait et qui s’y tient globalement.
Car Barack Obama, avant d’être un homme de réformes, est un homme de méthode. Et la méthode Obama est bien connue, il faut proposer puis discuter et prendre une décision dans le consensus, c’est-à-dire avec les compromis nécessaires pour contenter le plus de personnes possibles (et non tout le monde comme le disent certains, ceci étant toujours impossible).
A la décharge de ces commentateurs frappés de cécité, il faut dire que les républicains – qui avaient bien pris la mesure d’une méthode qui risquait de les renvoyer dans les limbes oppositionnelles pour huit ans au moins – ont décidé de jouer le pire et l’affrontement dur sans aucune concession, une posture qui n’a évidemment pas permis de mettre en œuvre cette méthode. Car, pour parler et faire des compromis, il faut être au moins deux.
Toujours à la décharge de nos commentateurs, le Parti démocrate a également joué un rôle dans le refus du compromis, s’estimant légitime avec ses majorités au Sénat et à la Chambre des Représentants de faire ce qu’il avait envie de faire sans besoin de se rallier des élus républicains.
Enfin, les mouvements d’extrême-droites et populistes ont lancé, grâce à des généreux donateurs et propagandistes (comme Rupert Murdoch, propriétaire, entre autres, de la chaîne radicale de droite, Fox News), des attaques violentes et puantes contre le président des Etats-Unis, pires que celles que Clinton avaient eues à subir lors de sa présidence, pires même que celles qui avaient été menées comme Franklin Roosevelt ou Harry Truman.
Cependant, de son côté, Barack Obama est demeuré centriste dans ses bottes.
Même s’il a été agacé par les insultes outrancières dont il était l’objet ainsi que de la désinformation qui frappait chacune de ses initiatives, il a continué et il continue à promouvoir la discussion, le consensus et le compromis pour faire avancer les réformes dont les Etats-Unis ont besoin face aux énormes défis qui se présentent aux pays en ce début de XXI° siècle.
Car, l’entière posture de Barack Obama est centriste. Bien entendu, certaines de ses positions sont plus à gauche, mais d’autres sont plus à droite, ce qui permet d’ailleurs à la Droite et à la Gauche leurs attaques.
Dans les deux années qui lui restent pour terminer son premier mandat, Barack Obama va devoir gérer une situation qui ne devrait pas le gêner par rapport à ses convictions politiques. Evidemment, tout dépendra de ceux qui voudront discuter et gouverner avec lui. Néanmoins, au jour d’aujourd’hui, rien n’est venu contredire cette constatation simple: Barack Obama est profondément centriste. Comme il l’a toujours écrit. Comme il l’a toujours dit.

mercredi 29 décembre 2010

Une semaine en Centrisme. 2011, l’année de tous les défis pour le Centre


En 2011, la crédibilité du Centre sera en jeu. Ainsi que sa capacité à peser sur l’élection présidentielle de 2012 (et à en récolter les fruits lors des élections législatives).
Mais 2011 est aussi une année d’espoir pour les militants et les électeurs centristes. Ceux-ci attendent enfin une refondation qui permettrait à leurs idées d’avoir beaucoup plus de poids et aux partis à qui ils accordent leur confiance de peser sur la vie politique française.
La situation actuelle du Centre est un clair-obscur qui recèle des potentialités mais également d’énormes risques.
L’année qui s’achève a vu les centristes sur le devant de la scène politique mais leurs petites querelles et leurs divisions ont encore été plus importantes que leurs projets communs. Les leaders des différentes formations ont pu formater des discours dans lesquels ils prenaient acte de la nécessité d’une refondation du Centre tout en la remettant au lendemain.
Justement, le lendemain, c’est 2011…
On va être fixé très vite sur les réelles volontés en la matière puisqu’un rapprochement entre le Nouveau centre et le Parti radical pourrait être acté dans le courant du mois de février. Ce rapprochement pourrait prendre la forme d’une confédération, de la création d’un nouveau parti ou d’une simple déclaration de bonnes intentions. Cette dernière option est pour l’instant la plus vraisemblable.
Cependant il ne s’agira, au mieux, que de la première pierre de la réunion des centristes de la majorité présidentielle. Il faudra, ensuite, que les autres centristes de cette majorité s’agrègent (ceux de l’UMP et la Gauche moderne), d’une façon ou d’une autre, à cette initiative afin de lui donner le poids nécessaire.
Ensuite, ce sera au tour de la réunion de tous centristes qui devra être menée. On peut estimer qu’il sera possible d’aboutir avec l’Alliance centriste de Jean Arthuis si l’initiative des centristes de la majorité présidentielle a une réelle visée d’indépendance. De même avec Cap 21 de Corinne Lepage. En revanche, la possibilité de voir le Mouvement démocrate participer à cette refondation centriste est beaucoup plus aléatoire.
François Bayrou, qui s’est recentré (au moins dans le discours) affirme bien qu’il est pour une telle refondation tout en ajoutant qu’elle se fera autour de lui et dans le Mouvement démocrate. C’est une façon de fermer la porte à tous ceux qui n’y sont pas favorables, c’est-à-dire tous les autres partis centristes sans exception!
En revanche, l’organisation de primaires pour désigner un candidat unique du Centre pour les présidentielles pourrait permettre de contourner les antagonismes, notamment celui, très exacerbé, entre le Nouveau centre et le Mouvement démocrate. Bien sûr, à l’inverse d’Hervé Morin, François Bayrou a rejeté ce mode de désignation pour l’instant. Néanmoins, il pourrait être forcé à y participer s’il existe une forte pression de la base centriste et des sondages.
Restera alors à convaincre les Radicaux de gauche qu’il y a là une chance historique de permettre à toutes les composantes du Centre de peser sur la politique française.
Il est, c’est vrai, plus facile d’écrire un tel scénario que de le réaliser. Reste que l’absence de résultat sur cette question fondamentale pour l’avenir du Centre dans les prochaines années serait catastrophique pour le Centrisme et sa crédibilité vis-à-vis des citoyens. Et pendant ce temps, la politique de la France se ferait sans aucune capacité du Centre à réellement peser sur elle au moment où tant de défis capitaux pour l’avenir du pays sont à relever.
Il est bien évident que la refondation centriste devra s’appuyer pour être pérenne sur une vision commune, sur un projet commun, sur une plateforme électorale commune. Bizarrement (ou non!), les diverses positions sont moins conflictuelles dans ce domaine que les querelles de personnes… Les réflexions programmatiques ont commencé dans tous les partis mais elles prendront une importance au cours de 2011 à l’approche de la présidentielle. La volonté de toutes les composantes centristes de donner un tour plus social à la politique gouvernementale et à lutter contre les déficits des finances publiques ainsi que pour réformer en profondeur la fiscalité sont des bonnes bases de travail.
L’année qui vient ne se limitera cependant pas à la seule préparation de 2012 au niveau électoral. Les élections cantonales et sénatoriales montreront déjà si le Centre peut s’unir et/ou peser sur le futur du Sénat. Assez présents au Palais du Luxembourg, les centristes pourraient devenir le groupe pivot encore plus qu’actuellement puisque la Droite devrait perdre des sièges et la Gauche en gagner. Une position qui pourrait leur permettre d’influencer davantage sur les orientations politiques de la haute assemblée.
Il y a un autre défi que devra relever le Centre… celui de ne pas se faire phagocyter par la Droite et la Gauche. Avec la proximité des présidentielles, les appels du pied ne vont pas tarder ainsi que les tentatives de débauchage. Ne soyons pas naïfs, certains réussiront car les opportunistes existent dans chaque camp et donc chez les centristes aussi (même si les mauvaises langues diront, «surtout» !). La faculté de résistance du Centre à ces sirènes intéressées montrera également la capacité des centristes à se considérer comme une vraie force politique autonome.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

samedi 25 décembre 2010

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. L’humanisme du Centre, c’est aussi garantir la dignité humaine par la solidarité


Le philosophe chinois Mèng Zì (380-289 av. J-C) affirmait que toute personne digne de ce nom qui passerait près d’un puits où était tombé un enfant, secourrait immédiatement celui-ci. Ceci démontrait, selon lui, notre capacité morale à aimer les autres. Depuis, les scientifiques ont mis en lumière notre faculté naturelle à aimer et notre aptitude empathique. Mais à quoi servirait-il de sauver cet enfant (solidarité primaire) si, après, ce dernier devait mourir de faim car trop pauvre pour se nourrir (solidarité secondaire). Gageons que la personne digne de ce nom en question lui donnerait à manger et, confrontée à une détresse réelle et proche, ferait en sorte que cet enfant puisse manger tous les jours à sa faim. Voilà un exemple de solidarité que personne ne peut rejeter à moins d’être absolument cynique.
Dès lors, se pose la question suivante: les enfants doivent-ils vivre dans des conditions décentes? Je ne pense pas que quelqu’un d’intelligence normale et possédant un minimum d’honnêteté et de compassion puisse répondre par la négative. Pour que ces enfants puissent vivre dans des conditions décentes, il faut que leurs parents le puissent également (sauf à retirer les enfants pauvres à leurs parents, ce qui, pour quelqu’un d’intelligence normale et possédant un minimum d’honnêteté et de compassion n’est pas acceptable moralement et affectivement).
Pour que ces parents puissent vivre décemment, il faut qu’ils puissent avoir un cadre de vie décent, donc un revenu décent. De telle sorte qu’une société humaine ne peut se désintéresser collectivement du sort de ces enfants, c’est-à-dire qu’elle doit s’assigner comme un de ses buts que ceux-ci vivent tous dans des conditions décentes et puissent bénéficier des mêmes chances dans la vie. Dès lors, nous aboutissons au principe de solidarité active (faire quelque chose pour les autres) qui se différencie d’une solidarité passive (ne rien faire qui puisse nuire aux autres).
Pour autant, chacun de nous ne peut pas résoudre, à lui tout seul, le problème de la pauvreté touchant les enfants et leurs parents. D’une part, parce que, si nous pouvons conceptualiser la pauvreté dans le monde, celle-ci ne nous touche pas directement. Heureusement d’ailleurs car nous ne pourrions pas vivre en supportant un tel fardeau. Nous pouvons en revanche, appréhender concrètement la pauvreté des personnes qui vivent autour de nous et donc aider directement l’enfant que nous voyons tous les jours et le sauver si celui-ci est en danger. Mais tout le monde n’a pas les moyens matériels de nous occuper de lui sur le long terme.
Dès lors, la solution à la solidarité secondaire et à la solidarité active sur une large échelle ne peut être que collective et communautaire.
Cette solidarité secondaire et active est une mission de toute société développée qui se refuse à vivre uniquement sur les rapports de force et la loi du plus fort. C’est également une des bases du projet humaniste du Centre. Pour celui-ci la solidarité doit permettre de ne laisser personne sur le bord de la route.
La société est la structure naturelle qui doit organiser cette solidarité active sur une large échelle. Soit elle gère la solidarité venant de tous ses membres et, si c’est nécessaire, fait acte de redistribution. Cette option est évidemment plus adaptée à une société simple. Soit la société se substitue, à leur demande, à ses membres en prélevant des sommes chez ceux qui sont les plus riches pour les redistribuer aux plus pauvres par le biais de l’impôt. Cette option est évidemment plus adaptée à une société complexe.
Pourtant, au-delà de notre empathie pour les autres qui est une des marques de notre humanité, nous devons résoudre la question du pourquoi de cette solidarité des plus riches vers les plus pauvres. La première interrogation à laquelle nous devons répondre est: est-ce immoral de devenir riche? Sur le fond non. Bien sûr, une deuxième interrogation se fait jour: peut-on s’enrichir n’importe comment? Ici, la réponse est non. Cependant, si une personne respecte les lois, rien n’est immoral dans son enrichissement. Si, donc, quelqu’un possède la capacité de devenir riche, au nom de quelle obligation devrait-il redistribuer plus que quelqu’un qui est moins riche? (sont exclus ici les plus pauvres à qui va cette redistribution). Car si le plus riche doit donner plus, la raison en est souvent… qu’il gagne plus! Or, gagner plus n’oblige pas, a priori, à un effort plus grand de solidarité.
Toute cette démonstration serait exacte si les individus étaient, dès leur naissance, autonomes et ne devaient pas être pris en charge par la société pour vivre et se développer. De même, cela serait encore exact, si chacun de nous avait, à la naissance, une chance égale de réussir notre vie ce qui n’est pas le cas comme l’a démontré fort justement l’Américain John Rawls. En outre, il faudrait également que cet enrichissement ne soit pas du à des interactions avec les autres, c’est-à-dire que celui-ci se passe, si ce n’est en dehors de la société, en tout cas sans lien avec l’organisation sociale. Car, si l’enrichissement de l’individu se réalise grâce à la société, alors celle-ci est naturellement en droit de demander à celui qui profite plus de la société qu’un autre un devoir de redistribuer des sommes plus élevées.
Ce que les tenants d’une autonomie totale de l’individu, et donc du droit à devenir riche et à profiter de cette richesse entièrement sans aucune obligation sociale de redistribution, tentent de réfuter, c’est ce lien incassable de celui-ci avec la communauté humaine. Cependant, ce que les tenants d’une insertion totale de l’individu dans la société, et donc de son obligation à contribuer le plus possible à une redistribution de ses gains, tentent de réfuter c’est la condition indépassable de l’individu faite d’une liberté dans la différence qui lui donne le droit de mener sa vie à sa façon et donc de devenir honnêtement riche s’il le veut et s’il le peut.
Nous avons donc une personne qui ne peut prétendre s’extraire de la communauté humaine à qui il doit son existence et son développement mais qui ne peut être réduite à un simple pion de cette communauté ayant, ontologiquement, une condition libre et une revendication indiscutable à la différence.
Dès lors, c’est dans une logique de juste équilibre que l’on peut résoudre ce paradoxe de la société et de l’individu qui est une des pierres d’achoppement du libéralisme et l’organisation d’une société postmoderne. Et cette logique a pour base l’être humain qui est le sujet indépassable de toute société humaine, son alpha et son oméga. Assurer la sécurité de ses membres est sa première mission. Mais celle-ci n’est pas limitée à empêcher les criminels d’agir. Elle doit aussi leur garantir une vie décente en leur fournissant un travail qui leur apporte le revenu nécessaire à une existence libre et digne. Et, quand ce n’est pas le cas, de pouvoir aider ceux qui ne parviennent pas à ce revenu, soit parce qu’ils sont les accidentés de la vie, soit parce qu’ils ont des handicaps. Une aide qui n’a pas vocation à faire de ces personnes des assistés ad vitam aeternam mais qui leur permettre de retrouver leur autonomie perdue par les aléas de l’existence.
Bien entendu, cette sécurité ne doit pas annihiler toute volonté, toute envie de se surpasser. Ici, le juste équilibre permet de résoudre la problématique en assurant à ceux qui veulent faire plus que nécessaire et être les moteurs principaux du développement de la société de pouvoir agir et de récolter les fruits de leur labeur tout en les insérant dans un lien social où leurs succès ne peuvent être acquis contre la société mais acquis avec la société et pour lui-même et la société.
Mais tout cela doit se faire dans la réalité et de manière pragmatique. Car si les grands principes sont posés ils doivent constamment s’adapter au concret avec la mise en pratique constante du juste équilibre. Les périodes de crise doivent permettre de mettre le curseur un peu plus sur la solidarité et les périodes de croissance forte sur celui d’une plus grande libéralisation de l’initiative individuelle et de la jouissance personnelle des fruits qu’elle peut apporter.
Cependant, sans ceux qui entreprennent, il ne peut y avoir de redistribution pour ceux qui en ont besoin à un moment de leur existence. C’est un principe des vases communicants qui n’a pas trouvé de meilleures organisation jusqu’à aujourd’hui. Les pauvres ne peuvent être aidés que par la richesse produite par d’autres. Et celle-ci ne peut l’être que par des personnes prêtes à entreprendre. On peut s’en réjouir ou le regretter, selon sa vision de l’organisation de la société, mais on ne peut le nier. Alors, autant s’en servir pour faire le maximum de bien.

vendredi 24 décembre 2010

Une semaine en Centrisme. 2010, année du Centre en France?


Au moment du bilan politique de l’année 2010, force est de constater que cela faisait longtemps que l’on n’avait pas autant parlé du Centre et du Centrisme en France. Mais, paradoxe, le Centre et le Centrisme se sont un peu plus éloignés du pouvoir et les partis s’en réclamant sont toujours aussi divisés.
En cette année, on a beaucoup discuté de refondation, d’union, de réunion, de reconstruction du Centre. Et les initiatives n’ont pas manqué, comme les Assises de la refondation du Centre organisées par l’Alliance centriste en juin ou les rencontres des centristes de la majorité autour de Jean-Louis Borloo, sans oublier la tentative avortée du Nouveau centre de reprendre les habits de l’UDF. Cependant, rien de concret n’est sorti de celles-ci et il faudra voir si les bonnes intentions de 2010 trouveront un début de concrétisation en 2011 pour aboutir à un vrai projet politique commun et à une candidature commune aux présidentielles de 2012.
En cette fin d’année, le Nouveau centre et le Parti radical ont semblé vouloir s’unir. En janvier prochain, les deux partis devraient adopter des mesures en ce sens. Mais il faut demeurer circonspect devant cette initiative tant leurs deux leaders ont des visions différentes ainsi que des personnalités et, surtout, des ambitions, qui ne s’accordent guère. Néanmoins, si elle aboutit, elle pourrait être la première pierre d’un mouvement de refondation et créer une dynamique salvatrice. Pour autant, elle ne pourra pas être appelée réunion du Centre car elle ne concernera que deux partis, qui plus est dans la majorité présidentielle et n’ayant pas (encore) une ligne politique indépendante de l’UMP.
Dans celle-ci pourrait s’engouffrer une partie des centristes de l’UMP qui cachent de moins en moins leur mal être dans une formation archi-dominée par la Droite qui ne leur laisse même plus les restes du festin du pouvoir. Le remaniement du gouvernement a été une véritable claque pour ceux qui avaient décidé de jouer le jeu de l’union totale avec feu le RPR dans cette nouvelle formation. Cependant, il sera bien difficile à tous ces élus de quitter un navire qui leur assure leurs réélections. Seul un Centre refondé pourrait leur permettre de reprendre leur liberté.
Le Mouvement démocrate, malgré ses déboires électoraux et ses défections (en particulier celle de Corinne Lepage et de son parti Cap 21), a continué à jouer sa propre participation, tentant de récupérer une réunion des centristes à son unique profit et non dans une démarche œcuménique. Il faut dire que François Bayrou, qui ne se définit pas comme centriste et qui avait pris ces distances avec le Centre de 2007 à 2009, ne tient pas du tout à la création d’une confédération et, a fortiori, d’un nouveau parti qui l’obligerait à partager le pouvoir et pourrait remettre en cause son rêve élyséen. Les journalistes sont toujours de son côté (après un petit froid en début d’année), ce qui lui assure une couverture médiatique nettement supérieure à son poids politique réel. De même, les petits arrangements entre ennemis dans les rangs des centristes de la majorité présidentielle lui permettent de demeurer, aux yeux de l’opinion, un centriste indépendant.
Au niveau des têtes d’affiche centristes, quatre personnalités ont dominé cette année. Il s’agit, par ordre alphabétique de Jean Arthuis (Alliance centriste), François Bayrou (Mouvement démocrate), Jean-Louis Borloo (Part radical) et Hervé Morin (Nouveau centre). Ces quatre-là sont aussi ceux qui ont montré un intérêt certain pour être le candidat du Centre en 2012. Si Hervé Morin a indiqué qu’il pourrait accepter des primaires en vue de désigner un candidat unique (mais sans la participation du Mouvement démocrate), le seul qui les accepte et les appelle de ses vœux est Jean Arthuis dont l’Alliance centriste est la seule formation, pour l’instant, a vraiment jouer le jeu d’une refondation sans a priori. François Bayrou ne veut pas en entendre parler et Jean-Louis Borloo n’en a pas parlé.
Dans les sondages, les deux mieux placés sont François Bayrou et Jean-Louis Borloo. Hervé Morin est loin et le nom de Jean Arthuis n’est même pas proposé aux sondés. Cela leur donne un petit avantage mais il y a encore du temps pour les deux derniers de combler leur retard.
Un des faits majeurs concernant le Centre en 2010 a été la tentative d’instrumentalisation par Nicolas Sarkozy qui a permis le réveil des centristes mais aussi qui a montré au grand jour des intrigues peu ragoutantes. Devant la crainte de n’être pas réélu en 2012, pire, de ne même pas franchir le premier tour, battu par le candidat du Front national, le président de la république a tenté une OPA assez maladroite sur le Centre. Il a d’abord interdit aux centristes de la majorité présidentielle de faire acte d’indépendance et de candidature en 2012. Hervé Morin qui a passé outre a été stigmatisé et renvoyé du gouvernement. Ensuite, il a tenté de faire les yeux doux aux centristes et a orchestré l’opération Borloo premier ministre qui s’est terminée lamentablement en eau de boudin.
Du coup, la composition du nouveau gouvernement dirigée par François Fillon a été une totale déconvenue pour les centristes. Maurice Leroy (Nouveau centre), qui lorgnait désespérément sur un poste de ministre, a été comblé et Michel Mercier (ex-Mouvement démocrate et ami de François Bayrou) a été promu au poste de ministre de la Justice. Et c’est quasiment tout, c’est-à-dire quasiment rien…
Pour autant, Nicolas Sarkozy continue à vouloir phagocyter le Centre à son profit. Ainsi, les soudaines professions de foi centristes des renvoyés du gouvernement, de Fadela Amara à Jean-Marie Bockel en passant par Rama Yade ou Jean-Louis Borloo, font plutôt penser à l’entrisme des trotskystes dans le Parti socialiste des années 1970-1980 qu’a de vraies conversions politiques. Si tout ce petit monde parvient à ramener le Centre vers Nicolas Sarkozy et à le faire réélire, gageons que ses membres retrouveront leurs strapontins gouvernementaux en 2012 ou d’autres gratifications (certains parlent même de Matignon pour Jean-Louis Borloo).
Sans oublier que Nicolas Sarkozy a remis en selle François Bayrou en en faisant, par ses rencontres avec le leader du Mouvement démocrate et par les déclarations de ses petits soldats (comme le pathétique Gérard Longuet), le seul «vrai centriste». Il faut dire que l’Elysée, sachant que Bayrou sera candidat quoiqu’il arrive en 2012, a décidé de promouvoir sa candidature afin de torpiller celle des autres centristes tout en espérant récupérer quelques unes de ses voix au second tour.
Quoiqu’il en soit, 2010 aura été une année charnière pour le Centre. Soit les leaders centristes sont capables de saisir la chance qui passe de refonder un mouvement centriste qui peut peser dans les années qui viennent. Soit ils montrent leur incapacité politique à faire vivre leurs idées pour leurs petites ambitions personnelles qui se fracasseront sur le mur de l’incompréhension des électeurs et tout sera à refaire. C’est vrai qu’une bérézina électorale en 2012 faciliterait une vraie refondation du Centre en écartant les égos. Mais à quel prix?

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

jeudi 23 décembre 2010

Actualités du Centre – Les centristes de la majorité présidentielle vont-ils se réunir?


Le 22 janvier prochain, le Nouveau centre organise un conseil national extraordinaire pour étudier la question d’un rapprochement avec le Parti radical dans une confédération ou par la création d’un nouveau parti. Une réunion qui fait suite aux rencontres entre Jean-Louis Borloo et Hervé Morin, respectivement président du Parti radical et du Nouveau Centre.
Ce conseil sera suivi par une réunion du même type au Parti radical. Celle-ci devra dire si cette dernière formation demeure associée à l’UMP ou si elle reprend son indépendance, ce dernier cas de figure étant la condition sine qua non demandée par le Nouveau centre pour une alliance en bonne et due forme.
Pour autant, il serait quelque peu fallacieux de considérer que la confédération ou le parti qui pourraient naître de ce rapprochement sera la réunion des centristes. Il ne s’agira que de l’union entre une partie des centristes de la majorité présidentielle (les centristes UMP n’étant pas de la négociation pour l’instant, tout comme la Gauche moderne de Jean-Marie Bockel). Et il n’y aura pas dans ce nouvel ensemble le Mouvement démocrate de François Bayrou et l’Alliance centriste de Jean Arthuis, ni Cap 21 de Corinne Lepage ou encore les Radicaux de gauche de Jean-Michel Baylet.
Néanmoins, ce premier rapprochement serait de bon augure pour d’autres et qui concernerait, cette fois-ci, tous les centristes.

samedi 18 décembre 2010

Actualités du Centre – Jean Arthuis prend de plus en plus ses distances vis-à-vis de la majorité


Le président de l’Alliance centriste, Jean Arthuis, se fait, depuis quelques semaines, de plus en plus critique vis-à-vis du gouvernement et de l’UMP. En matière de finances publiques, il ne voit pas les réductions de dépenses promises. En matière de libertés, il s’inquiète des réflexes sécuritaires et des déclarations martiales. En matière de justice sociale, il regrette l’absence de véritable réforme fiscale et d’une politique d’emploi pour les jeunes volontariste.
Ces prises de position sont en accord avec sa vision de l’indépendance du Centre et de sa volonté de refonder une formation centriste autour d’un projet politique humaniste afin de présenter une candidature centriste unique en 2012.
Mais elles sont également la conséquence d’une droitisation du gouvernement et de son discours ainsi que d’une incapacité de la majorité présidentielle à mettre en œuvre de grandes réformes que ce soit celle des retraites (celle votée n’est pour lui qu’un replâtrage qui ne tiendra pas plus de deux ans), celle de la fiscalité (même si Nicolas Sarkozy l’a annoncée pour 2011 sans aucune préparation) ou celle de la lutte contre les déficits des comptes publics (où après des annonces en fanfare, la réduction des dépenses sera de moins de 0,5%).
Toujours dans la même philosophie, il n’avait pas voté un budget de la sécurité sociale complètement déséquilibré et il vient de déclarer qu’il ne votera pas la mesure de la double peine que veut introduire l’UMP par opportunisme sécuritaire en chassant sur les terres du Front national.

vendredi 17 décembre 2010

Une semaine en Centrisme. Les sarkozystes tentent-ils une OPA sur le Centre?


Jean-Louis Borloo, Hervé Morin, Fadela Amara, Rama Yade, Jean-Marie Bockel, Marc-Philippe Daubresse, qu’y a-t-il de commun entre ces six là? Ils sont parmi les virés du dernier gouvernement Sarkozy après près de trois ans et demi de bons et loyaux services.
Mais ce n’est pas leur seul trait commun. Les voilà tous (et quelques autres de leurs entourages respectifs), tout d’un coup, qui ne jurent plus que par le Centre et par la création d’une confédération centriste. Pour des membres d’un gouvernement de droite et dont certains sont encore dans un parti de droite ou se disent de centre-droit, voilà qui n’est pas sans surprendre. A moins que leur mission secrète soit de phagocyter le Centre. Je ne verserai pas dans le «conspirationnisme» mais admettez tout de même que cela à de quoi interpeler…
On entend ici et là que Nicolas Sarkozy aurait promis Matignon à Jean-Louis Borloo si celui-ci lui rallie une partie des centristes pour l’élection présidentielle de 2012 et les garde bien au chaud pour le second tour (l’autre partie ira du côté de François Bayrou qui, de toute façon, se présentera). A moins que Jean-Louis Borloo ne soit récompensé pour avoir torpillé une candidature centriste indépendante. Les deux options restent ouvertes
On voit Hervé Morin affirmer que sa candidature de premier tour sera «évidemment» suivie d’un désistement en faveur de Nicolas Sarkozy pour le second tour (dès lors pourquoi voter pour lui au premier tour). On voit Jean-Marie Bockel et Rama Yade, Marc-Philippe Daubresse réaffirmer leur soutien au président de la république.
Mais si cette diversion sarkozyste permettait une division centriste et était une manière de récupérer des voix pour le deuxième tour tout en continuant à vassaliser certains centristes qui s’affirment indépendants sans l’être réellement, alors nous serions loin de voir une refondation du Centre de sitôt. C’est pourquoi tous ces «déçus» du président de la république feraient bien de clarifier leurs positions respectives dans les semaines qui viennent s’ils souhaitent réellement qu’un Centre indépendant se mette en ordre de bataille. C’est ce que l’on appelle de l’honnêteté politique, une qualité des centristes, les vrais évidemment…

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC

jeudi 16 décembre 2010

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Y a-t-il un «nouvel Obama»?


La «raclée» prise lors des élections de mi-mandat par son parti, le Parti démocrate, a-t-il fait naître un nouvel Obama? Est-ce celui dépeint par certains commentateurs, un homme qui se serait recentré, qui serait moins arrogant et plus concerné par la politique politicienne mais aussi par le quotidien de ses compatriotes – notamment le grave problème du chômage - plutôt que par les grands projets pour modeler une Amérique du XXI° siècle.
Il est certain que Barack Obama a changé de stratégie. Ce qui semble normal lorsque l’on perd une élection et avec autant de marge que celle-ci. Il ne peut plus avancer avec une majorité dans les deux chambres du Congrès (le Parti démocrate n’étant plus que majoritaire au Sénat et nettement minoritaire, désormais, à la Chambre des représentants). Donc, ses projets, notamment en matière d’emplois verts et de lutte contre le réchauffement climatique, ne pourront pas être adoptés au cours des deux prochaines années et certaines de ses réformes pourraient être écornées, comme celle de l’assurance maladie.
De même, Barack Obama doit se faire plus accommodant dans le discours mais aussi dans les actes vis-à-vis des républicains car ils ont gagné les élections et en démocratie il est évidemment que l’on doit respecter la volonté des urnes.
De plus, et on l’a bien vu ces derniers jours, le président des Etats-Unis a adopté un ton plus ferme et plus conquérant (plus populiste?) car il doit maintenant se battre contre une majorité républicaine à la Chambre des représentants qui ne compte lui faire aucun cadeau, certains nouveaux élus représentants et sénateurs de droite ayant même affirmé que le but premier de leur parti était de faire en sorte qu’il ne soit pas réélu en 2012. Mais il devra aussi batailler contre la gauche du Parti démocrate qui estime qu’il vaut mieux une confrontation avec les républicains de la droite dure afin de ressouder la base électorale du parti et montrer aux Américains que le Parti républicain est bien la formation du «no» et est incapable de gouverner.
Il y a donc un nouvel Obama dont on pourra voir encore mieux les contours au début de 2011 lorsqu’il aura remanié assez profondément son équipe à la Maison blanche et lors de son discours sur l’état de l’union courant janvier.
Cependant, il serait faux de dire que Barack Obama s’est recentré et qu’il est obligé de tendre la main aux républicains. Car, depuis sa campagne électorale de 2007-2008, Barack Obama s’est situé au centre de l’échiquier politique et il n’en a pas bougé malgré les allégations de la Droite et les récriminations de la Gauche. Depuis son élection, il n’a pas cessé de tendre la main à des républicains qui l’ont systématiquement  refusée en jouant l’obstruction maximum au Congrès et ont lancé des campagnes malveillantes et mensongères sur la personne du président américain et sur sa politique.
Pour analyser correctement cette stratégie, Il faut bien comprendre le désarroi et l’angoisse qui ont submerger le Parti républicain au sortir de l’élection présidentielle de 2008 ainsi que ses réflexes haineux qui datent, eux, des attaques contre Bill Clinton dans les années 1990 (repris ensuite avec succès par Karl Rove, conseiller de George W Bush) même si des hommes comme Franklin Roosevelt, dans les années 1930, et Harry Truman, dans les années 1950 avaient été, eux aussi, victimes de campagnes calomnieuses. La défaire cuisante de 2008 après une fin de mandat délétère de George W Bush indiquait que le Parti républicain allait sans doute demeurer dans l’opposition pour une longue traversée du désert tant la donne semblait avoir changé dans le pays.
Dès lors, la seule politique républicaine a été celle de la terre brûlée. Et elle a marché. Si elle a si bien fonctionné c’est sans doute parce que Barack Obama a cru, lui aussi, que la voie était dégagée pour un bon bout de temps de la menace républicaine mais aussi parce que la situation économique ne s’est pas améliorée au cours des deux premières années de son mandat, ce qui était prévisible et qu’il avait d’ailleurs annoncé aux Américains après la «Grande Récession» de 2008-2009. Et ces derniers, au lieu de donner crédit à Obama pour avoir évité une catastrophe pire que la Grande dépression des années 1930 avec ses mesures de soutien à l’économie du pays, n’ont vu que le taux de chômage monter.
Le terrain était alors mûr pour que les attaques les plus virulentes et les plus basses (sur la nationalité d’Obama, sur sa religion, sur ses soi-disant problèmes psychiatriques, sur son incompétence et ainsi de suite, le tout en le comparant à Hitler et Staline!) qui ont eu un impact certain sur une partie de l’électorat et pas seulement la plus à droite. Et comme la gauche du Parti démocrate n’a pas été en reste en faisant procès d’intention sur procès d’intention à son encontre, Barack Obama s’est retrouvé sous les feux de critiques croisées d’une importance qu’il n’avait sans doute pas imaginée alors que quelques mois auparavant certains n’hésitaient pas à en faire un dieu vivant…
Tout ceci démontre, une fois de plus, la difficulté qu’il y a d’être un centriste. On mécontente les extrêmes et ceux-ci, dans une alliance objective, tentent de détruire ce qui est, pour elles, une menace majeure en cas de succès pour leurs politiques clientélistes. Sans doute que Barack Obama l’a compris, malheureusement un peu trop tard pour réagir avant ces élections. Son nouveau ton semble le confirmer.
Il est évidemment difficile de dire ce que seront les deux années qui viennent et s’il pourra gérer une situation difficile au plan politique mais aussi économique et sociale avec des ennemis un peu partout. Néanmoins, les capacités du président américain peuvent lui permettre de remonter la pente.
Surtout qu’un dernier sondage indique que les Américains sont en faveur des dernières mesures qu’il a prises (en particulier sur les baisses d’impôts et le rallongement des indemnités chômages) et qu’ils le considèrent comme un homme aux grandes qualités humaines même si, pour l’instant, ils doutent qu’il ait celle d’un chef d’Etat. Mais ceci n’est pas une surprise le lendemain d’une défaite électorale cuisante.
Reste que les intentions de vote pour 2012 sont un motif d’optimisme pour lui. Ainsi, il l’emporterait 47%-42% contre Mitt Romney, le favori actuel des primaires républicaines et écraserait Sarah Palin, 55%-33%. A noter que cette dernière est, au mois de novembre, la personnalité politique la moins aimée des Américains. Tout n’est donc peut-être pas perdu de l’honneur US!

mercredi 15 décembre 2010

Actualités du Centre – Baylet, président des Radicaux de gauche critique le Parti socialiste et va déjeuner avec Borloo


Jean-Michel Baylet, le président des Radicaux de gauche n’en est pas à sa première colère contre le Parti socialiste, accusé cette fois-ci de ne pas vouloir faire toute sa place à sa formation pour les prochaines sénatoriales. De même, il n’en est pas à sa première tentative de rapprochement avec le Parti radical.
Mais l’annonce d’une possible candidature d’un Radical de gauche pour le poste de président du Sénat alors que la Gauche à une chance de pouvoir avoir la majorité à la chambre haute pour la première fois sous la V° République lors des prochaines élections sénatoriales de 2011, couplé avec l’annonce d’un déjeuner avec Jean-Louis Borloo, président du Parti radical, pourrait annoncer une volonté d’indépendance un peu plus forte de la part d’une formation adossée au PS depuis 1972 et la signature du programme commun de la Gauche par Robert Fabre.
Car les Radicaux de gauche sont positionnés depuis toujours au centre-gauche et pourrait avoir la tentation de participer à une possible refondation du Centre aux côtés du Parti radical, si celui-ci, dans le même temps, s’émancipait de l’UMP, du Nouveau centre, de l’Alliance centriste, du Mouvement démocrate et de la Gauche moderne. Tout ce petit monde centriste pourrait en effet avoir une force électorale non-négligeable.

mardi 14 décembre 2010

Actualités du Centre – Jean-Louis Borloo hésite toujours à rompre le lien avec l’UMP


On peut le voir de deux manières. Alors qu’il redevient député, la décision de Jean-Louis Borloo de siéger à l’Assemblée nationale en tant qu’apparenté UMP est soit une preuve d’indépendance supplémentaire vis-à-vis de l’UMP avant de rompre définitivement le lien, soit une nouvelle preuve de sa frilosité politique l’empêchant de quitter réellement le parti de droite et de reprendre totalement son indépendance afin de mener à bien une refondation du Centre.
Ses explications alambiquées ne lèvent pas cette ambiguité: «Je reprends mon siège de député de la nation, élu de la 21° circonscription du Nord, apparenté au groupe UMP. Je ne suis ni en dissidence, ni en guerre contre l'UMP. (…) Cet apparentement, plutôt qu'une adhésion directe au groupe, est une façon élégante de prendre la distance nécessaire pour discuter. (…) Je vais me mettre à la disposition des radicaux, des centristes de l'UMP, et des centristes hors UMP pour apporter ma modeste contribution.»

lundi 13 décembre 2010

Actualités du Centre – Jean Arthuis dépeint un candidat centriste à la présidentielle qui lui ressemble…


Dans une interview au quotidien régional Ouest France, Jean Arthuis, le président de l’Alliance centriste, rappelle qu’il n’exclut pas de se présenter comme candidat centriste à la présidentielle. Mais il veut avant tout un Centre refonder et indépendant ainsi que l’élaboration d’un projet centriste. Extraits.
Jean-Louis Borloo (Parti radical) et Hervé Morin (Nouveau centre) souhaitent créer une confédération centriste. L'Alliance centriste que vous présidez va-t-elle les rejoindre?
C'est une idée intéressante, qui va dans le sens du rassemblement de la famille centriste que je souhaite. J'observe simplement que le Parti radical, cofondateur de l'UMP, en est pour l'instant toujours membre. Pour créer les bases d'une véritable confédération de partis indépendants, les Radicaux doivent quitter l'UMP. Je n'imagine pas non plus qu'on puisse déclarer le MoDem persona non grata.
L'horizon, c'est 2012.
Quel profil le candidat centriste à la présidentielle devrait-il avoir?
Ce doit être quelqu'un qui bénéficie d'une bonne notoriété, un bon pédagogue, résolument réformiste. C'est-à-dire quelqu'un qui fasse les réformes dont la France a besoin et qui ne soit pas suspect de succomber aux tabous des conventions. Quelqu'un qui se soucie avant tout de l'équilibre des finances de la France, qui remette en cause les 35 heures. En résumé, quelqu'un qui se fixerait pour cap le retour à la raison, dans un esprit de justice fiscale.
Et ce quelqu'un pourrait être qui?
Je ne réponds pas à cette question. Il nous faut d'abord faire taire les querelles de chapelle, préparer un programme et ensuite choisir le meilleur d'entre nous...
... Vous vous incluez donc dans les candidats potentiels?
Chacun d'entre nous a vocation à défendre les couleurs centristes, en effet.

Actualités du Centre – François Bayrou veut rassembler au-delà du Centre


Alors que la famille centriste est loin d’être unie, François Bayrou a déclaré lors du discours de clôture du Congrès de son parti, le Mouvement démocrate, qu’il souhaitait rassembler au-delà du Centre les écologistes, les libéraux du progrès et les sociaux-démocrates. Cet appel s’adresse également aux centristes de l’UMP, même si François  Bayrou, comme à son habitude, n’a pas manqué de leur envoyer une pique qui ne facilitera sans doute pas d’hypothétiques retrouvailles: «notre porte est ouverte, notre maison est une grande maison, à l'instant même où vous renonceriez à être instrumentalisés, vous êtes les bienvenus.» Par ailleurs, le président du Mouvement démocrate a donné ses trois orientations principales pour les présidentielles: produire chez nous, assurer la meilleure éducation au monde et promouvoir une Europe refondée.

dimanche 12 décembre 2010

Actualités du Centre – François Bayrou est, selon lui, l’unique centriste


Dans une interview donnée au Figaro Magazine avant le congrès de son parti, le Mouvement démocrate de ce dimanche, François Bayrou parle de son programme, du centrisme et des alliances entre les partis centristes. Extraits.
L'espace politique que vous représentez est aujourd'hui encombré pour 2012: Hervé Morin, Jean-Louis Borloo, voire Dominique de Villepin veulent l'occuper.
Il n'y a aucune concurrence possible: le centre est attendu, mais le centre, par définition, c'est l'indépendance par rapport à l'UMP et au PS. Tous ceux qui se sont situés, depuis des années, dans le pouvoir actuel ou sous sa coupe se retrouvent aujourd'hui forclos. En prenant tous les risques - et Dieu sait que cela n'était pas évident - pour bâtir cet espace d'indépendance, j'ai donné aux Français la preuve qu'ils pouvaient avoir confiance.
Ils viennent quand même chasser sur vos terres...
Non. Depuis le premier jour de mon engagement, je défends l'idée qu'il existe bel et bien un autre projet, un autre idéal, une autre pratique de la politique. La voie proposée par le pouvoir d'aujourd'hui, une société d'inégalités et de rapports de force, et celle proposée par la gauche, qui pense que l'Etat doit prendre en charge tous les problèmes de la société, ce sont deux erreurs. Je propose une voie qui s'oppose à ces deux impasses, une voie fondée sur la vérité. C'est pourquoi je me sens proche d'un Pierre Mendès France ou d'un Raymond Barre, d'un Jacques Delors, qui ont fait de la vérité, en économie, aussi bien que dans le social, le socle de leur politique. Comme eux, je pense qu'au fond les choix éthiques sont les premiers choix, les seuls vraiment efficaces en démocratie parce qu'ils sont la condition de la confiance.

samedi 11 décembre 2010

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Du Centre, de l’ambition politique et des candidats centristes à la présidentielle


L’ambition politique recouvre deux choses. La première est de vouloir faire triompher ses idées et de réussir à les concrétiser. La deuxième est de parvenir à des postes de pouvoir importants. Les deux sont évidemment différentes mais elles sont très souvent complémentaires. Vouloir faire triompher ses idées nécessite que l’on occupe le pouvoir (ou que l’on ait suffisamment d’influence pour peser sur le pouvoir, ce qui est plus rare). A contrario, elles peuvent être parfois antinomiques lorsque l’on s’accroche au pouvoir ou lorsque l’on tente de le conquérir au risque de faire perdre ses idées. Bien entendu, on ne parle pas du cas où l’ambition politique ne recouvre que la seule volonté d’un destin personnel sans aucune volonté de faire triompher d’hypothétiques idées.
Le Centre connaît bien toutes ses variantes, même cette dernière où de nombreux opportunistes se sont positionnés au centre de l’échiquier politique au cours de l’histoire pour tenter de capter un électorat sans aucun rapport avec leurs idées politiques ou tout simplement afin de masquer leur absence d’idées politiques. On pense bien sûr au cas de Dominique de Villepin actuellement. Mais l’ancien premier ministre de Jacques Chirac n’est pas le seul à avoir voulu duper les électeurs centristes.
Si l’on étudie maintenant le positionnement de ceux que l’on peut considérer comme d’authentiques centristes ou ayant des idées se rapprochant du Centre, il est intéressant de se demander qui concourt dans la catégorie «faire triompher ses idées avant tout» et qui concourt dans la catégorie «occuper un poste de pouvoir avant tout». Pour limiter les études de cas, je ne parlerai que de ceux qui ont indiqué qu’ils étaient intéressés par être candidat à l’élection présidentielle de 2012. C’est le cas de Jean Arthuis, François Bayrou, Jean-Louis Borloo et Hervé Morin, par ordre alphabétique. Il se peut qu’il y ait d’autres vocations présidentialistes dans les rangs centristes au cours des mois à venir mais, pour l’instant, ils sont quatre.
Dans la catégorie de ceux qui ont d’abord l’ambition des idées, on peut classer en premier Jean Arthuis. Paradoxalement, il est, actuellement, le moins bien placé dans les sondages (ou d’ailleurs son nom n’apparaît pratiquement jamais, les sondeurs ne sondant pas les sondés sur son nom…). Rappelons que le président de l’Alliance centriste se bat avant tout pour un Centre refondé capable de peser politiquement et qu’il est prêt à s’effacer devant tout candidat qui le représenterait mieux que lui.
En ce qui concerne Jean-Louis Borloo, il est assez difficile de se prononcer actuellement sur ce qu’il veut faire gagner. On sait qu’il a des idées mais, voici peu, il était prêt à en mettre quelques unes dans sa poche pour décrocher le poste de Premier ministre de Nicolas Sarkozy en jouant le jeu de la solidarité de la majorité présidentielle, comme il le disait alors. Ses déclarations tonitruantes sur la sécurité et la menace que faisait peser les Roms sont emblématiques à ce sujet.
François Bayrou et Hervé Morin croient avant tout à leur destin personnel. Ce qui n’est pas, en soi, négatif et répréhensible politiquement parlant (cela peut même être essentiel pour gagner une élection, les électeurs votant pour ceux qui ont le plus envie du poste en jeu). On pourrait, par exemple, reprocher à Jean Arthuis un manque d’ambition personnelle et d’appétence pour le pouvoir qui pourraient l’empêcher de faire triompher ses idées. Bien entendu, Bayrou et Morin défendent aussi des idées et auront un programme. Il n’est pas question de prétendre qu’ils ne croient pas réellement en celles-ci et qu’ils ne souhaiteront pas mettre en œuvre celui-ci. Cependant, rappelons-nous les présidentielles de 2007 où François Bayrou s’est dangereusement rapproché de la Gauche afin, si ce n’est de gagner l’élection, de pouvoir récupérer un éventuel poste de premier ministre de Ségolène Royal (même s’il affirme aujourd’hui qu’il a voté blanc). Quant à Hervé Morin, qui a d’abord supporté toute la stratégie de François Bayrou jusqu’après le premier tour, il n’a pas hésité à tourner casaque pour se rapprocher de Nicolas Sarkozy qui l’a récompensé d’un poste de ministre de la Défense. Je les mettrai donc plutôt dans la catégorie de ceux qui sont les plus intéressés par la pouvoir avant tout même si Jean Arthuis et Jean-Louis Borloo ne sont également.  Mais, comme dans le cas de François Bayrou et d’Hervé Morin, auxquels on ne peut dénier qu’ils ont des convictions politiques, la volonté de pouvoir de Jean Arthuis et, à un degré moindre, de Jean-Louis Borloo, est moins prégnante que la volonté de faire triompher leurs idées.
Sur ces quatre candidats, il est également intéressant de se demander celui ou ceux qui compte(nt) se présenter quoiqu’il arrive, refusant de se retirer devant un candidat centriste mieux placé au risque de faire perdre tout le Centre. Leur(s) ambition(s) personnelle(s) pourrai(en)t ainsi morceler le Centre et l’affaiblir encore plus lors de la prochaine présidentielle.
Dans cette catégorie on peut, actuellement, placer François Bayrou qui a déclaré qu’il n’était pas intéressé pas des primaires pour désigner un candidat centriste unique et qu’il n’avait de compte à rendre qu’aux Français, une façon de dire qu’il se présenterait quoiqu’il arrive.
Il est également possible d’y mettre Hervé Morin tant celui-ci répète qu’il sera candidat mais avec un bémol puisqu’il semble aussi accepter l’idée de primaires sans pour autant agir pour que cela soit possible puisqu’il exclut déjà François Bayrou de celles-ci.
Jean-Louis Borloo est encore le cul entre deux chaises puisqu’il n’a pas dit s’il était partant jusqu’au bout.
Quant à Jean Arthuis, il est le seul à se prononcer pour des primaires réunissant tous les candidats à la candidature centriste ce qui inclut, actuellement, lui-même, François Bayrou, Jean-Louis Borloo et Hervé Morin ainsi que tout autre personnalité qui souhaiterait concourir. Surtout, il est le seul à affirmer qu’il acceptera pleinement leurs résultats.
Une autre question qui ressort de ces comparaisons est de savoir qui est le plus centriste de ces candidats potentiels. Pour clarifier le débat sans procès d’intention, on peut reprendre les déclarations directement faites par ceux-ci. François Bayrou a souvent affirmé qu’il n’était pas centriste et a même cherché un terme qui pourrait mieux le qualifier. Même s’il le dit moins actuellement où le Centre retrouve un certain regain d’intérêt dans l’opinion, ses lieutenants continuent à faire des déclarations en ce sens à périodes répétées. En outre, sa vision d’union nationale développée en 2007 vient en contradiction avec une vision centriste. Hervé Morin se déclare de «centre-droit» mais il faut ajouter que, pour lui, le Centre est au centre-droit... Jean-Louis Borloo se déclare «radical», «progressiste», «écologiste», «républicain», plus rarement centriste. Le seul qui ne rechigne pas à se dire centriste tout court est Jean Arthuis.
Le panorama que je viens de dresser peut évidemment évoluer dans les mois à venir et ces hommes auront l’occasion de préciser leur pensée et leur volonté. Néanmoins, les convictions et les postures des quatre candidats qui ne sont pas des novices politiques ne sont pas récentes. En tout cas, elles devraient pouvoir guider les militants centristes, en premier lieu, si ceux-ci sont amenés à désigner un candidat unique puis les électeurs.

jeudi 9 décembre 2010

Actualités du Centre – Etats-Unis - Le centriste Bloomberg se repositionne pour les prochaines présidentielles


Il avait affirmé qu’il ne serait pas candidat à la prochaine élection présidentielle même si c’était la seule élection qui l’intéresse et les observateurs estimaient ses chances de l’emporter en tant que candidat indépendant assez faibles. Oui, mais voilà, les élections de mi-mandat sont passées avec la «raclée», dixit Obama, que les républicains ont infligé aux démocrates et les deux ans à venir risquent d’être placés sous le signe d’une extrême polarisation.
Du coup, le maire de New York, le milliardaire Michael Bloomberg qui s’est toujours positionné au centre de l’échiquier politique, quand il était démocrate puis républicain – il est aujourd’hui indépendant – pense sans doute que ses chances pourraient être plus élevées qu’il ne le pensait voici encore peu.
En tout cas, il vient de délivrer un discours à Brookyln dans lequel il a fustigé Washington et a renvoyé, dos à dos, les idéologues de gauche qui veulent trop dépenser et taxer, et les idéologues de droite qui ne veulent pas entendre de mesures pour aider l’économie à redémarrer.
«Alors que les familles américaines ont des difficultés pour joindre les deux bouts, a-t-il expliqué, je ne vois personne qui prend le temps de les écouter et de les comprendre. Depuis quand le mot succès est devenu un gros mot dans notre pays? Pourquoi ne croit-on plus en notre gouvernement?»
De même, il s’est permis de mettre en garde Barack Obama sur lequel il était demeuré, jusqu’à présent, bienveillant.
Et d’affirmer, dans la foulée: «Nous pouvons avoir une économie en pleine croissance, créer de nouveau des emplois et remettre en route notre système aujourd'hui en panne. Si on décide vraiment à mettre en place ces objectifs, alors nous aurons enfin les résultats attendus».
En outre, dans les jours à venir, il doit assister à une rencontre organisée par une nouvelle organisation baptisée «No Labels» qui regroupe des démocrates et des républicains déçus par les dérives idéologiques de leurs partis respectifs. Sans oublier son passage à l’émission politique la plus connue et la plus ancienne, Meet the Press sur NBC, ce dimanche.

Une semaine en centrisme. Hervé Morin ou comment critiquer la Droite tout en lui faisant allégeance


D’interviews en interviews, la contradiction du positionnement d’Hervé Morin le président de Nouveau Centre et ancien ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy, devient de plus en plus évidente.
Celui qui déclare qu’il est dans la majorité présidentielle, au centre-droit et qu’il se désistera quoiqu’il arrive au second tour de la présidentielle pour le candidat de droite le mieux placé (Nicolas Sarkozy selon toutes probabilité), n’arrête plus de ruer dans les brancards en estimant que la Droite n’a pas joué le jeu d’une vraie alliance avec son parti, ne l’a pas assez écouté et que son programme contient le social absent de l’action d’un gouvernement où il est pourtant resté plus de trois ans…
Mais cette contradiction n’est pas prête de disparaître puisque Hervé Morin va devoir tenir pendant presque deux ans un discours de différenciation (centriste) dans l’unité (de droite). Et plus le temps passera, plus il faudra exister donc se différencier tout en rappelant faire partie de la même majorité que ceux que l’on critiquera de plus en plus! Une posture des plus délicates mais qui est la justification de sa candidature pour les présidentielles, tout en sauvant une alliance électorale avec l’UMP essentielle pour l’existence du Nouveau Centre qui pourrait être laminé aux prochaines législatives en cas d’absence d’accords électoraux.
On peut penser que l’UMP et Nicolas Sarkozy ne feront aucun cadeau à Hervé Morin mais n’iront pas jusqu’au clash car ils ont besoin de l’existence du Nouveau Centre sauf à se retrouver seuls dans une majorité présidentielle qui rimerait alors avec l’UMP et qui rappellerait  des temps anciens de l’Etat-UDR puis de l’Etat-RPR. Néanmoins, cela n’empêchera pas le président de la république et ses affidés tel Gérard Longuet de continuer à prétendre que le seul «vrai centriste» est François Bayrou, le seul légitime à se réclamer du Centre en 2012.
La raison de cet étonnant soutien, faut-il le rappeler une nouvelle fois, est que Nicolas Sarkozy est convaincu que le président du Mouvement démocrate se présentera quoiqu’il arrive en 2012 et qu’il captera une grande partie de l’électorat centriste dans lequel il pourra trouver un réservoir de voix pour le second tour puisqu’une partie de celui-ci se reportera sur le candidat de la droite. Des voix qui, de toute façon, ne se seraient pas portées sur son nom au premier tour.
En revanche, une autre candidature centriste avec un candidat plus à droite (ou moins à gauche) que François Bayrou, pourrait lui enlever des voix dès le premier tour. Du coup, au vu des sondages actuels et de la situation économique qui pourrait exister en 2012, cette candidature pourrait lui prendre les voix nécessaires pour être présent au second tour si jamais le candidat du Front national pouvait surfer sur une vague de mécontentement et profiter du morcellement de l’électorat de droite comme Jean-Marie LePen avait profiter du morcellement de l’électorat de gauche lors du scrutin de 2002.
En outre, même s’il est en tête lors du premier tour, une candidature centriste autre que celle de François Bayrou pourrait lui donner un score assez médiocre qui ne pourrait créer une dynamique pour le second tour.
On ne voit pas, dès lors, comment Hervé Morin, qui, en outre, plafonne à des intentions ridiculement basses d’intentions de vote (2%), va pouvoir résister à la pression de ses «partenaires» sauf à créer un mouvement populaire autour de sa candidature, ce qui n’est pas le cas actuellement. D’autant qu’Hervé Morin, tout comme François Bayrou mais encore moins que lui, n’est pas «le» candidat «naturel» du Centre. D’autres peuvent y prétendre comme François Bayrou, Jean-Louis Borloo, Jean Arthuis et quelques autres qui pourraient se déclarer dans les semaines et les mois à venir.
Cependant, on comprend pourquoi il tente d’exister en créant une différenciation dans la tension qui peut lui permettre de donner de la crédibilité à sa démarche. Les prochains mois seront donc cruciaux pour Hervé Morin. Soit il décolle et il peut justifier sa candidature. Soit il reste scotché dans les bas fonds des sondages et, alors, c’est son avenir qui est en jeu.
A noter que le rapprochement de sa formation avec le Parti radical de Jean-Louis Borloo dans une confédération comme vient de l’annoncer Jean-Marie Cavada, le porte-parole du Nouveau Centre, est une bizarrerie de plus dans la stratégie de celui qui se sent un destin présidentiel mais qui est loin derrière l’ancien ministre de l’écologie dans les sondages.
Du coup, Hervé Morin pourrait encore plus brouiller son image en devenant, dans cette confédération, un second couteau au discours ambivalent, ce qui l’empêcherait d’être désigner candidat en 2012 alors qu’il en a absolument besoin afin de se bâtir une stature politique de premier plan qui lui manque actuellement. Et, à moins que cette annonce ne soit quelque peu prématurée au vu des relations entre Jean-Louis Borloo et Hervé Morin, cette alliance n’est pas forcément un cadeau pour le dernier nommé…

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

mercredi 8 décembre 2010

Actualités du Centre – France – Jean-Marie Cavada affirme que le Nouveau Centre et le Parti radical vont former une confédération


Jean-Louis Borloo, le président du Parti radical, et Hervé Morin, le président du Nouveau Centre, se seraient rencontrés en début de semaine. Selon le porte-parole du Nouveau Centre, les deux hommes ont convenu, à cette occasion, de créer une confédération de partis indépendants positionnée au centre. Cette affirmation n’a pas encore été confirmée par le Parti radical qui est toujours membre fondateur de l’UMP et qui, selon Jean-François Copé, le président du parti de droite, n’a pas l’intention de faire sécession. Il faudra attendre le mois de janvier pour savoir quelle sera le choix des amis de Jean-Louis Borloo.
Toujours est-il que Jean-Marie Cavada a déclaré, à propos de l’accord entre Borloo et Morin, «A la question, partis indépendants? la réponse est oui. A la question, projet en commun? la réponse est oui. A la question, calendrier accéléré? la réponse est oui. Et enfin, à la question, forme de la maison que l'on va créer ensemble, une confédération?, la réponse est oui». Et il a ajouté: «nous avons choisi la confédération car c'est la formule la plus commode pour écarter les questions d'égo du centre. C'est certes un appareil lourd à conduire, mais nous allons faire en sorte que chacun se sente chez soi, ne soit pas lésé».

Actualités du Centre – France – Hervé Morin: «A l'UMP aujourd’hui comme au RPR hier, les responsables considèrent qu'un centriste finit toujours par se coucher»


Hervé Morin, le président du Nouveau Centre, dans une interview au quotidien Libération, revient sur sa vision d’un centre-droit qui doit s’émanciper de l’UMP tout en demeurant son allié fidèle. Cependant, dans cet entretien, il intensifie ses critiques envers cette même UMP. Extraits.
Comment aujourd'hui la famille centriste peut-elle se rassembler?
Pour se rassembler, il faut déjà se rejoindre, la porte est grande ouverte mais visiblement certains ont du mal à retrouver le chemin. C’est pourquoi ce rassemblement passe d’abord par l’affirmation de nos valeurs, nos alliances et notre indépendance. Nos valeurs n’ont peut être jamais été aussi actuelles et mobilisatrices: la construction d’une Europe politique forte, la liberté d'entreprendre, l’émergence de nouvelles solidarités reposant sur les corps intermédiaires, et la tempérance fiscale.
Il faut être clair, ces valeurs nous rapprochent davantage de l’UMP que du PS et donc militent pour un accord de coalition avec la droite à l'issue du premier tour. (…)
Mais ce rassemblement des centristes ne peut aussi se faire qu'avec des partis indépendants de l'UMP et par la constitution au même moment de groupes parlementaires communs à l'Assemblée nationale comme au Sénat. Celles et ceux qui participeront à ce rassemblement doivent afficher une conviction inébranlable, à savoir que les solutions proposées par les centristes aux difficultés de la société française doivent être portées par un candidat à l'élection présidentielle. (…) Les centristes n’ont pas vocation à cirer le banc de touche de la prochaine compétition présidentielle.
Un candidat centriste doit donc être présent dans la course à l'Elysée en 2012?
En 2012, comme à chaque élection depuis 1965. Pour moi, il n'existe aucune alternative à cette volonté qui n’est que le reflet de la résonnance de notre famille et de nos valeurs dans la société. Une candidature centriste, c’est pour moi un élément déterminant du rassemblement du centre. La question des hommes n'est ni un préalable, ni même une priorité. Il s'agit avant tout de rassembler nos électeurs pour que cet électorat modéré se reconnaisse et trouve une espérance dans l'un d'entre nous, que ce soit Jean-Louis Borloo ou moi.
Des primaires pourraient-elles être organisées pour choisir le candidat centriste?
D'abord nous verrons bien qui sera sur la ligne de départ. Mais je ne l'exclus pas. Je suis ouvert à toutes les solutions pour peu qu’elles additionnent des volontés et non des velléités. De mon côté, ma détermination est sans faille.
N'avez vous pas l'impression d'avoir servi de faire-valoir?
En tout cas, nous avons tout fait pour que cela ne soit pas le cas. Mais c’est vrai que nous étions loin du gouvernement de coalition auquel j’aspire. Peser sur les grands arbitrages politiques, c'est tout notre combat. (…) Or, à l'UMP aujourd’hui comme au RPR hier, les responsables considèrent qu'un centriste finit toujours par se coucher. C’est contre cela que je me bats, je veux des centristes debout. Le renoncement ne peut pas être la marque de fabrique des centristes, et de ce point de vue, je pense que cela peut être salutaire pour les centristes d'être en dehors du gouvernement.

mardi 7 décembre 2010

Actualités du Centre – France – Hervé Morin pas opposé à un parti unique du Centre, ni à des primaires présidentielles


Au cours d’une séance de chat avec des internautes connectés au site du quotidien Le Monde, Hervé Morin a indiqué qu’il n’était pas opposé à la création d’un parti unique du Centre mais réaffirmant son ancrage au centre-droit, ni à la mise en place de primaires pour désigner le candidat centriste unique pour les présidentielles de 2012. De même, il a expliqué que, selon lui, le Centre ne pouvait alliance qu’avec la Droite, limitant ainsi une indépendance centriste que pourtant il revendique. Extraits.
Vous n'avez jamais caché votre souhait d'être candidat à l'élection présidentielle de 2012. Quels paramètres pourraient vous y faire renoncer?
Le seul paramètre qui pourrait m'y faire renoncer serait que les adhérents de mon parti désignent quelqu'un d'autre pour porter les valeurs du centre et du centre droit.
Etes-vous prêt à renoncer à cette candidature contre une union avec Jean-Louis Borloo?
Je viens de répondre à cette question de façon indirecte. Le rassemblement des centres doit s'effectuer entre structures indépendantes de l'UMP. De façon concomitante et simultanée avec des groupes parlementaires à l'Assemblée nationale et au Sénat. Et avec une ambition : rééquilibrer la démocratie française et faire vivre le pluralisme.
Beaucoup ne croient pas en l'indépendance du Nouveau Centre, surtout lors du second tour de l'élection présidentielle. Pouvez-vous affirmer dès aujourd'hui que votre parti ne se ralliera plus jamais à l'UMP?
La logique de la V° République, c'est qu'après le premier tour vous faites un choix. L'indépendance, ce n'est pas la solitude. C'est parce que vous êtes indépendant que vous êtes en mesure de pouvoir conclure un accord. Un accord qui vous permet de pouvoir peser sur la conduite du pays. Au risque de vous décevoir, je considère que le socle des valeurs du centre vous amène un accord avec un parti de droite au second tour. Lorsque vous portez comme valeurs la tempérance fiscale, la liberté d'entreprise, la bonne gouvernance de l'administration ou le principe de responsabilité individuelle, après avoir défendu votre projet au premier tour, vous passez un accord avec un parti de droite.
Quid du rapprochement avec les centristes de Jean-Louis Borloo?
Les centristes de Jean-Louis Borloo, ce sont les radicaux. Je lui ai clairement dit que, pour notre parti, le rassemblement que nous souhaitons doit s'effectuer sur des bases extrêmement claires : un centre indépendant qui se situe dans la majorité, portant un candidat à l'élection présidentielle.
La bataille du leadership du centre n'est-elle pas moins liée à des divergences politiques qu'à une guerre d'ego entre vous, François Bayrou, Jean-Louis Borloo et quelques autres?
Il est clair que nous portons des valeurs communes. Pour moi, la question se résume ainsi : voulons-nous porter une candidature indépendante au premier tour de l'élection présidentielle ?
Pensez-vous que le Nouveau Centre soit la meilleure structure d'accueil pour rassembler les centristes?
Le rassemblement des centristes peut se faire dans une nouvelle structure indépendante qui pourrait n'être ni le Parti radical ni le Nouveau Centre.
Etes-vous favorable à une primaire pour choisir un candidat centriste pour la prochaine présidentielle?
Pourquoi pas, dès lors que les conditions de cette primaire garantissent la transparence et la sincérité.
Jean-Marie Bockel a annoncé, dans un entretien sur Lefigaro.fr, qu'il vous avait proposé, ainsi qu'à Jean-Louis Borloo, des candidatures communes pour les cantonales. Qu'en pensez-vous et quelle est votre position pour ces élections?
J'ai rencontré Jean-Marie Bockel il y a dix jours, et lui ai indiqué que j'étais tout à fait prêt à ce que nous puissions avoir des candidatures communes dans toute la mesure du possible.
Dans quelle mesure votre programme politique est-il une alternative efficace à celui du gouvernement actuel?
Cela mériterait de longs développements. Je veux, d'une part, inscrire la France dans la globalisation. Il y a donc des réponses françaises et des réponses européennes. Françaises, c'est une évolution de la fiscalité qui permet, par exemple, à nos entreprises de lutter à armes égales, d'où, pour moi, la nécessité de basculer une partie du financement de la protection sociale sur un impôt sur la consommation doublé éventuellement d'une taxe carbone. Il y a une réponse européenne qui est la construction d'une puissance politique qui soit une fédération d'Etats-nations afin que nous ne soyons pas le jouet du condominium sino-américain qui est en train de se mettre en place sous nos yeux.
Et il y a pour moi un pendant à une France affrontant la compétition mondiale qui repose sur la création de nouvelles solidarités. Je suis convaincu qu'au-delà de nos grands systèmes de protection sociale il nous faut inventer un nouveau modèle social reposant sur des solidarités humaines et qui s'appuie sur les corps intermédiaires que peuvent représenter les fondations, les associations, les syndicats, le système mutualiste ou coopératif.

dimanche 5 décembre 2010

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. De la théorie centriste des deux pieds sur terre


Le Centre a bien les pieds sur terre, les deux, la liberté et la solidarité, assurant ainsi la solidité de ses idées, campé dans une posture de juste équilibre. Quelle différence avec la Droite et la Gauche tanguant continuellement à cloche-pied.
La première tente de se maintenir sur son pied de la liberté car, selon elle, la solidarité ne serait limiter la liberté et remettre en cause sa prééminence. La seconde, dans la même figure de style mais sur son pied solidarité car, selon elle, la liberté ne serait limiter la solidarité et remettre en cause sa prééminence.
La première est le vecteur du message égocentrique «enrichissez-vous», défendu par Nicolas Sarkozy en 2007, alors que la seconde diffuse le concept liberticide de l’Etat protecteur que Martine Aubry tente de dépoussiérer avec son projet du «care» (du soin) piqué aux féministes américaines des années quatre-vingts…
Pour le Centre, dont le but est l’épanouissement d’une personne libre dans une société juste, les relations entre ses deux pôles sont constantes et il ne peut y avoir de liberté sans solidarité et de solidarité sans liberté. Cette vision humaniste s’appuie sur une éthique de responsabilité. Elle prend en compte la réalité de la vie pour avoir le maximum d’efficacité et non sur une idéologie figée qui prétendrait, une bonne fois pour toute, avoir défini la vérité.
Ce concept de juste équilibre est bien central dans ce processus d’appréhension de ce qu’est la réalité en mettant au cœur de la bonne gouvernance cette capacité continuelle d’adaptation de la politique afin de traiter les vrais problèmes et de trouver de vraies solutions bénéficiant à tout le monde et non à des groupes sociaux particuliers ou clientélistes.
Dans la période difficile que nous connaissons actuellement, avoir les deux pieds sur terre est un devoir impérieux pour les politiques. Car nous savons que ce n’est qu’en libérant absolument les énergies créatrices que nous pourront construire la société du XXI° siècle. Mais nous sommes aussi conscients que l’on ne peut bâtir une société injuste et dans l’opposition entre deux France et que le pari ne sera gagné que si absolument tout le monde gagne d’où cette nécessité d’être solidaires entre nous.
Pour autant, nous devons absolument ajouter à cela une éthique de la responsabilité qui doit absolument nous faire prendre en compte la réalité pour que nous ne nous vautrions pas dans des chimères dangereuses.  Cette éthique, clé de la bonne gouvernance, permet de s’attaquer aux vrais problèmes dans la clarté et la transparence, avec comme seuls objectifs l’intérêt commun et la reconstruction du bien vivre ensemble. Ceci, non pas dans un retour en arrière frileux mais dans une nouvelle espérance, pour le présent et l’avenir, qui prenne en compte toutes les avancées politiques, sociales, sociétales, technologiques et scientifiques pour en faire réellement bénéficier l’humanité, toute l’humanité.

Alexandre Vatimbella