mardi 1 août 2023

Vues du Centre. Afrique: le retour (inexorable?) des clowns tristes

Par Aris de Hesselin

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.

Et le clown triste est apparu à la télévision.

Un putschiste quelconque du Burkina-Faso avec son treillis militaire menaçait la terre entière si jamais on s’en prenait militairement à ses clones du… Niger!

Attention, disait-il, en substance, nous les militaires burkinabés et nos amis putschistes du Mali, nous soutiendrons la junte du Niger.

Les puissances occidentales et africaines en tremblent encore!

Du grand-guignol lorsque l’on sait que les armées de ces deux pays n’ont même pas pu protéger leurs propres populations des djihadistes du Sahel et que seule un soutien de la France, de l’Union européenne et des Etats-Unis a permis à celles-ci de ne pas être massacrées.

Peut-être espèrent-ils un soutien de Wagner, la milice de Poutine qui a démontré son incurie lors de l’invasion de l’Ukraine, étant plus efficace à faire des charniers de civils qu’à tuer des militaires?!

Wagner qui, rappelons-le à nos amis journalistes, payent les soit-disant manifestants «anti-France» pour qu’ils brûlent nos drapeaux et s’en prennent aux biens et aux personnes françaises et qui sont souvent des personnes qui pourront manger avec les quelques piécettes qui leur sont proposées, voire qui ne sont que des voyous.

Toujours est-il que ce nouveau coup de force militaire pose la question: l’Afrique est-elle une terre maudite de la démocratie?

Après les coups d’Etat au Mali, au Burkina-Faso et maintenant au Niger, sachant que nombre de pays ne sont déjà que des démocraties d’opérette comme en Centre-Afrique, au Rwanda, en Algérie ou des dictatures ou encore sont entrainés dans une guerre civile de factions comme en Libye et au Soudan, le constat est déprimant pour les populations de ce continent où, malgré de vraies avancées politiques, économiques, sociales et sociétales dans certains pays, c’est toujours cette instabilité chronique qui est la règle.

Si encore les dictatures avaient cette utilité de remettre de l’ordre mais c’est tout le contraire.

Elles sont systématiquement corrompues, violentes, d’une totale incurie, pillant leurs propres pays, en le vendant au plus offrant (c’est-à-dire à ceux qui vont remplir les poches de leurs dirigeants) et réduisant à une pauvreté encore plus grand leurs populations.

Le Niger est un des pays les plus pauvres de la planète qui ne peut nourrir sa population que grâce à l’aide française, américaine et européenne.

Et, évidemment, des régimes totalitaires comme celui de Xi en Chine et de Poutine en Russie ne se privent pas d’aller faire leur marché et d’étendre leur influence.

C’est tellement caricatural d’une Afrique post-coloniale que ses contempteurs décrivaient au siècle dernier (en oubliant de dire qu’ils en étaient souvent responsables aux côtés des régimes dictatoriaux) que l’on a peine à se dire que cette situation peut évoluer positivement.

Rappelons qu’au Mali, au Burkina-Faso et au Niger, ce sont des présidents démocratiquement élus qui ont été chassés du pouvoir par ces cliques militaires.

Il serait peut-être temps de provoquer une vraie prise de conscience sur cette impossibilité de l’Afrique de sortir de cet état dont les Africains sont, à la fois, victimes et responsables afin de trouver les vraies solutions pour qu’enfin une nouvelle ère s’ouvre, celle qui tournerait le dos à l’ère coloniale mais aussi à celle post-coloniale.

L’ère d’une Afrique digne et responsable, ce que demande l’énorme majorité des Africains.

Aris de Hesselin