lundi 11 décembre 2023

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La fausse opposition entre individualisation et individualisme

L’anarchiste Stirner, individualiste notoire, estimait que le plus important chez l’être humain était son individualité. 

Il concevait fort bien que sa liberté devait être bornée par celle des autres dans la société. 

En revanche, il refusait que l’on touche à ce qu’il était, à son individualité. 

Ainsi l’individualisme est la pensée du respect de l’individualisation.

Être individualiste est d’abord être défenseur de son individualité ou, si l’on préfère, de sa différence.

Opposer individualisme et individualisation est donc un non-sens qui recèle en fait une idéologie holiste qui veut confondre individualisation et socialisation, c’est-à-dire que l’individualisation de l’individu devrait se faire uniquement pour le bien de la société.

Aucun individualiste ne remet en cause la nécessité de vivre en société et de limiter la liberté quand celle-ci vient à menacer celle des autres et leur dignité.

En revanche, l’individualiste estime qu’il doit être, dans tous ses actes, responsable de son existence et des choix qu’il fait dans le cadre du respect des règles du bien vivre ensemble.

Et c’est au nom de son individualité, de la vivre et de la développer, qui n’est réductible à aucune globalité qu’il revendique cette responsabilité.

Aujourd’hui, l’individualiste est comparé à une personne qui en ce 21e siècle, utilise l’autonomie que lui garantit la société démocratique pour agir de manière irresponsable et être potentiellement le grand prédateur de celle-ci.

Demandant constamment en en tout une sur-reconnaissance et une sur-égalité, il est dans une démarche consumériste où son autonomisation est égocentrique, assistée, irresponsable, insatisfaite et irrespectueuse.

Il veut du plus et du mieux pour lui seul, considère qu’entre son intérêt et celui de la société, le sien doit toujours primer et qu’il n’a aucun devoir et aucune concession à faire au vivre ensemble.

Il est la résultante d’une avancée mécanique de la démocratisation de la société, due à la durée de plus en plus grande d’existence de ce processus toujours en mouvement mais qui, en revanche, a failli à former un citoyen éveillé et responsable, capable de prendre son existence en main et d’assumer ses choix parce que les moyens n’ont pas été mis pour y parvenir.

Rien à voir avec l’individualisme qui est justement tout le contraire.

On comprend bien le dessein de ceux qui veulent le diaboliser en présentant cette personne qui utilise son autonomie grandissante de manière irresponsable comme sa résultante obligée.

Cela permet de développer des discours autoritaires et de prôner une société moins ouverte et tolérante, non pas vis-à-vis de ce phénomène d’autonomisation viciée mais contre l’individualisme qui est au cœur même du projet de la démocratie républicaine libérale en ce qu’il demande une personne bien formée et informée, responsable et respectueuse de l’autre.

Il ne faut pas s’y méprendre, condamner l’individualisme c’est mener le combat contre la démocratie républicaine libérale.

 

 

La quotidienne centriste du 11 décembre 2023. Qui est responsable: celui qui attaque ou celui qui se défend?

Dans un monde où l’opinion a plus d’importance que la réalité, où la propagande avec ses fake news prend le pas sur l’information et les faits, où l’émotion est systématiquement instrumentalisée pour susciter des réactions épidermiques, il est difficile de poser les débats de manière rationnelle et encore plus difficile de les mener avec logique.

Au lieu de tenter d’y parvenir, tous ceux qui ont le pouvoir de communiquer massivement, comme les politiques et les journalistes, ont choisi de biaiser la discussion publique en parasitant le réel.

De nombreux exemples emblématiques et parmi eux, cette crise au Proche-Orient suite à l’attaque terroriste du Hamas contre Israël.

Evidemment, la situation dans cette région n’est pas réductible à cette attaque, ce qui augmente le parasitage de celle-ci

Mais il est tout aussi évident que la discussion se fait sur des bases qui n’ont rien d’objectives en l’espèce, ce qui d’ailleurs ne préjuge pas de qui est responsable de cette situation globale et des solutions à y apporter.

Or donc, si l’on veut bien poser le débat avec la logique nécessaire de la crise actuelle, il convient d’abord de désigner qui en est à l’origine.

C’est sans conteste l’organisation terroriste du Hamas qui a déclenché une attaque essentiellement contre les civils vivant en Israël, un acte de terrorisme qui a fait 1.200 morts officiellement.

Au moment de cette attaque, Israël ne menait pas d’opérations d’envergure contre les Palestiniens, notamment ceux de la bande de Gaza aux mains du Hamas.

Devant cet acte particulièrement odieux et barbare, où la violence a atteint un degré rarement atteint même dans le terrorisme, sauf par Al Qaeda et Daesh, Israël a décidé de réagir.

Donc, il est bien clair que l’agresseur, en l’espèce, est le Hamas et l’agressé, Israël.

Le responsable de la crise est donc le Hamas.

Ici, Israël ne fait que se défendre.

Or il est tout aussi clair que ce n’est pas ce que l’on entend ou ce que l’on veut nous faire croire.

Car, par un tour de passe-passe, voici que l’agresseur est devenu Israël et l’agressé les Palestiniens (et le Hamas).

Notons d’ailleurs qu’il serait facile de mettre fin à cette crise et au nombre important de morts, boucliers humains des terroristes du Hamas, si ces derniers se rendaient ce qui épargnerait la population civile de Gaza.

Que les soutiens du Hamas tentent, avec malheureusement un certain succès, d’inverser les responsabilités est compréhensible.

Que les médiateurs que sont les politiques et les médias dans les pays occidentaux adhèrent à ce discours est préoccupant, à la fois, pour cette crise mais aussi pour toutes les autres qui se succèdent sur la planète.

Dans le même registre, on commence à reprocher à l’Ukraine d’être trop rigide sur des pourparlers de paix et à Zelensky d’être un entêté dans sa volonté de récupérer les territoires occupés par la Russie (a-t-on oublié la France et l’Alsace-Lorraine?!) pour le plus grand bonheur de celui qui a envahi le pays et commis des crimes de guerre, Poutine.

Les terroristes du Hamas et Poutine, des assassins qui voient que le crime paye.

On savait qu’il n’y avait pas de morale dans les relations internationales mais à cette échelle…

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]