dimanche 12 juillet 2009

Une semaine en Centrisme: L’Alliance Centriste, un nouveau parti centriste pour quoi faire?

L’Alliance Centriste est née le 27 juin 2009 boulevard Saint-Germain à Paris dans ce bon vieux Quartier latin, terreau des idées françaises. Un nouveau parti centriste dont un des objectifs est de lutter contre le trop grand nombre de partis centristes! Ce paradoxe apparent n’en est pas un (pour l’instant) puisque le parti se donne un à deux ans pour qu’un parti centriste unifié voit le jour. Et ce jour-là, l’Alliance Centriste se fondera dans cette nouvelle entité. Reste que le parti devrait présenter des candidats à toutes les élections à venir et, là, il participera au morcellement des voix centristes à moins qu’il ne réussisse très vite à incarner le Centre en récupérant la majorité de voix des électeurs de sensibilité centriste portant un coup fatal au Nouveau Centre et un coup très dur au Mouvement démocrate mais menaçant le Parti Radical et, dans une moindre mesure, les Radicaux de gauche et la Gauche moderne.

Dès lors, le paradoxe, celui-ci réel, d’un parti qui veut unifier mais qui va, dans un premier temps, participer à l’éparpillement est un réel danger pour le Centre mais aussi un réel espoir si l’entreprise réussie ce qui n’est pas du tout sûr, il faut le reconnaître. Mais pouvait-il en être autrement? Devant l’opportunisme de François Bayrou et le carriérisme d’Hervé Morin, le Centre français risquait vraiment de disparaître. Avec cette initiative, il peut retrouver très vite une dynamique. L’Alliance Centriste devient dès lors un phare qui diffuse la lumière du rassemblement centriste et tente de regrouper tous ceux qui se sentent perdus dans l’immensité des océans des trahisons politiques. Même si elle ne parvenait pas à créer cette confédération qu’elle appelle de ses vœux, l’Alliance Centriste est la preuve que les Centristes indépendants existent et qu’ils veulent continuer le combat politique sous leurs couleurs et non sur celles des autres. Et ça va mieux en le disant et, surtout, en le faisant…

Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC

Actualités – France – Pour Jean-Louis Bourlanges « Centristes cherchent UDF, désespérément »

Jean-Louis Bourlanges, journaliste et professeur à l'IEP de Paris, ancien député européen UDF qui a quitté le parti centriste lors du virage à gauche de François Bayrou explique dans un éditorial paru dans le magazine l’Expansion pourquoi il pense que ce dernier n’est plus centriste, s’il l’a jamais été, mais plutôt quelque part entre la droite de la droite et la gauche de la gauche…

«Tout semblait les rapprocher : une robuste allergie au sarkozysme, une aversion commune pour les grands et mornes appareils de la gauche établie, de vieux combats partagés pour une Europe différente, le goût des voies traversières. Mais il a suffi d'un débat, d'un échauffement, d'une passe d'armes, pour que François Bayrou et Dany Cohn-Bendit apparaissent pour ce qu'ils sont vraiment : les figures emblématiques de deux France qui se comprennent mal et ne s'aiment guère.

C'est l'histoire de celui qui croyait au ciel et de celui qui n'y croyait pas. Ou encore, plus sociologiquement, de celui qui avait un tracteur et de celui qui n'en avait pas. D'un côté, un gars de chez nous, qui ne dédaigne pas le béret, qui fleure bon la France de toujours, accroché à son village et à ses pâtures, élevé entre l'église, l'école et le monument aux morts. De l'autre, un homme aux semelles de vent, un cosmopolite qui atterrit en France une fois sur deux, des amis partout, des racines nulle part. Pour l'un, la France est une mémoire, pour l'autre, une liberté. A Strasbourg, François avait apprécié Dany comme un produit exotique, le compagnon d'une bonne soirée un peu canaille. Pour le reste, c'était un martien, étranger au combat des vrais hommes politiques, sur le seul terrain qui compte, le sanctuaire national, et pour le seul enjeu qui vaille, la présidence de la République.

Et patatras, voici que d'affreux sondages, un agencement humiliant du débat télévisé et la hideuse familiarité de son interlocuteur («On ne tutoie pas le président de la République», disait Gaston Doumergue à des amis irrespectueux) retranchent brutalement Bayrou de la cour des grands, le ramènent à son étiage et l'enferment dans un combat réducteur contre un histrion libertaire. Trop. C'était trop. C'est qu'elle vient de loin, l'indignation de François Bayrou. Là où Sarkozy nous amuse d'une critique rhétorique de Mai 68, le président du MoDem s'attaque à la racine du mal.

Il distingue le péché originel, dénonce en Dany le serpent de la damnation et suggère que la faute première ne s'efface jamais. Le crime de Mai 68 est là, intact et sacrilège. Bayrou refuse la prescription, et cette sévérité sonne comme un appel au secours à droite. Malheureux clin d'œil qui ruine en un instant la complicité grandissante du MoDem et de la gauche. Le rêve vole en éclats d'une fédération antilibérale des amis du tracteur, de la poste et de l'université réunis. Le drame du MoDem, c'est que l'idéologie française, comme la qualifie Bernard-Henri Lévy, porte à la dénonciation du marché, au scepticisme européen et à un culte exacerbé de l'exception française. Cette horreur du libéralisme vous arrache du centre, vous met à la droite de la droite, quelque part entre Uriage et les Chantiers de jeunesse, et à la gauche de la gauche, du côté du ressentiment anticapitaliste et altermondialiste.

Le 4 juin, les téléspectateurs ont compris qu'il ne suffisait pas d'être antilibéral pour tenir politiquement debout. Le 7, avec la victoire de Nicolas Sarkozy et de Dany Cohn-Bendit, libéralisme bien tempéré et ambition européenne ont repris des couleurs. Il leur reste à s'incarner dans un parti. Ni l'UMP ni les Verts ne sauraient y prétendre pleinement. Une petite annonce s'impose: ‘Centristes cherchent UDF, désespérément’.»

© 2009 L’Expansion