dimanche 19 mars 2017

Actualités du Centre. L’Alliance centriste, membre de l’UDI, soutient Macron

Philippe Folliot
C’était attendu mais l’information n’en est pas moins importante pour l’espace centriste.
Ainsi, l’Alliance centriste, parti membre de l’UDI et fondé pour réunir les  centristes, a décidé de soutenir Emmanuel Macron alors que l’UDI avait décidé de soutenir François Fillon.
C’est une lézarde importante dans la confédération fondée par Jean-Louis Borloo puisque selon les menaces de son président actuel, Jean-Christophe Lagarde, l’Alliance centriste devrait en être exclue.
Mais cette décision est moins grave pour l’Alliance centriste qu’elle ne l’est pour une UDI moribonde, qui a choisi de soutenir un candidat mis en examen, au rapport particulier avec l’argent et au programme de droite radicale très éloignée des valeurs centristes.
Elle ne fait que suivre celles de beaucoup de militants, de cadres et d’élus de l’UDI qui ont décidé de soutenir le leader d’En marche!
Quant à la décision politicienne et électoraliste de l’UDI de continuer à s’adosser à LR et à Fillon, elle aura certainement des conséquences importantes après la présidentielle quel que soit le vainqueur de celle-ci.
Voici le communiqué de l’Alliance centriste, signé par son président, le député Philippe Folliot.
«L’Alliance centriste, composante fondatrice de l’UDI, a (…) ce samedi, constaté la désastreuse situation politique du moment, plus particulièrement liée aux affaires qui touchent le candidat François Fillon. Jamais le Front national n’a été aussi proche d’accéder au pouvoir avec les néfastes, pour ne pas dire funestes, conséquences pour notre pays. Très majoritairement, à 66% des votes, l’Alliance centriste soutient la candidature d’Emmanuel Macron (18 % François Fillon et 16% non-participation). Son programme incarne le mieux les valeurs du centre, est porteur d’espoir pour l’avenir de la France et est le plus proche de nos convictions profondément européennes, libérales, sociales et humanistes».


Actualités du Centre. Sondage: le populisme se trouve aux extrêmes moins au centre

Selon un sondage Ipsos pour le Cevipof et Le Monde, les Français ont des tendances populistes assez fortes même si certaines questions sont à double tranchant.
Ainsi, lorsque 82% des sondés estiment que «les hommes politiques à l'Assemblée nationale doivent suivre la volonté du peuple», cela peut vouloir dire qu’ils veulent l’institution d’un mandat impératif (le représentant doit impérativement voter pour les mesures pour lesquelles ses électeurs sont pour lors de l’élection ou par consultation de ceux-ci à chaque décision à prendre) ou, tout simplement, qu’ils souhaitent qu’il respecte ses promesses et sa profession de foi qui ont été à la base de son élection tout en ayant la latitude de décider selon les circonstances et en toute responsabilité.

D’un côté, on a une réponse populiste (et en phase avec le système de démocratie directe), de l’autre en cohérence avec la démocratie représentative.

De même, ces 82% peuvent partager cette proposition parce qu’ils ne font pas confiance aux politiques (populisme) ou tout simplement parce qu’ils énoncent un principe (démocratie).

En revanche, lorsque ces mêmes sondés affirment à 72% que «les différences politiques entre les citoyens ordinaires et les élites sont plus grandes que les différences entre citoyens» ou à 60% qu’ils préfèreraient «être représentés par un citoyen ordinaire plutôt que par un politicien professionnel, leur opinion entre sans conteste dans les critères de la définition du populisme qui est, entre autres, une défiance des élus .

Ils font leur cette idée étrange mais très populiste que le personnel politique ne serait pas issus du «peuple» et que ce dernier saurait mieux ce qu’il faut faire que quelqu’un qui a décidé de servir sérieusement son pays.

De plus, en le qualifiant de «professionnel», il utilise ce terme de manière péjorative alors même que l’on peut estimer qu’ils souhaiteraient dans leur vie quotidienne toujours être face à un professionnel comme, par exemple, être soignés par un médecin «professionnel» que par un médecin «citoyen ordinaire»!

Quant à l’affirmation selon laquelle «les décisions politiques les plus importantes devraient être prises par le peuple et non pas par les hommes politiques», partagée par 62% des sondés, on se demande quelles sont celles qui entrent dans ce cadre.

S’il s’agit de savoir si le pays doit se doter de telle ou telle arme de destruction massive, pourquoi pas.

Si, en revanche, il s’agit de consulter le peuple avant l’usage de cette arme lors d’une crise internationale sévère ou d’une guerre, on ne voit pas comment cela serait possible sans annihiler l’intérêt même de la détenir puisque les adversaires du pays auraient tout le temps de réagir avant la décision des citoyens, si tant est qu’ils soient capables d’en prendre une en toute connaissance de cause…

En outre, on pourrait appliquer la même analyse que l’on a faite sur la nécessité pour les hommes politiques de suivre la volonté du peuple, à propos de l’opinion selon laquelle «les hommes politiques parlent trop et n'agissent pas assez» et qui est partagée par 86% des sondés (item qui arrive en tête).

Il peut s’agir d’une critique populiste envers des notables qui promettent beaucoup, tiennent peu et n’agissent pas (vision populiste).

Mais cela peut aussi signifier que les Français veulent réellement que des décisions soient prises dans beaucoup de domaines et que les réformes promises depuis longtemps par le personnel politique soit enfin mises en œuvre (fonctionnement normal de la démocratie)

La dernière question, où aucune majorité absolue ne se dégage, est celle  qui énonce la proposition suivante: «En politique, lorsqu'on parle de compromis, c'est qu'on renonce en réalité à ses principes».

Si seulement 18% des sondés ne la partagent pas, ils ne sont que 49% à être d’accord avec son énoncé.

Si on se demande pourquoi elle se trouve dans un questionnaire sur le populisme (l’intransigeance n’étant pas une valeur populiste mais plutôt sectaire, ce que n’est pas forcément le populisme), il est intéressant de voir que ceux qui sont les plus critiques envers elle sont les sympathisants centristes.

Ainsi, seuls 31% de ceux du MoDem et 44% de ceux de l’UDI la partagent, de même que 43% de ceux d’En marche! (et 44% de ceux qui se disent d’aucun parti).

Le consensus et le compromis sont des principes centristes ce qui se vérifient ici.

En règle générale, les sympathisants de l’axe central (droite réformiste à gauche réformiste en passant par le centre libéral social), sont ceux qui ont les réponses les moins populistes.

Sans surprise, c’est du côté de l’extrême-gauche et de l’extrême-droite que le populisme obtient ses meilleurs scores.

Cependant, à toutes les questions ce sont bien les tendances populistes qui sont malheureusement les plus fortes de tous les côtés de l’échiquier politique

Enfin, on regrettera que ce sondage parle des «homes politiques» et non du «personnel politique» à un moment où le populisme ambiant regrette, tout à la fois, la misogynie du monde politique mais aussi l’absence d’«homme fort»…

(Sondage Ipsos réalisé du 1er au 5 mars 2017 par internet auprès d’un échantillon de 15887 personnes âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française dont 10854 affirment être sûres d’aller voter / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)




L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Macron populiste façon Obama, pas Trump

Aux Etats-Unis, le terme «populiste» a une signification quelque peu différente qu’en Europe comme j’ai eu l’occasion de le dire ici à propos de Barack Obama.
Il est ainsi utilisé pour parler de quelqu’un ou d’une politique qui se veut proche du peuple et de ses préoccupations (façon Obama) et non, par les Européens, pour caractériser quelqu’un qui tente de flatter ce même peuple et ses bas instincts en lui promettant tout et n’importe quoi pour le mettre dans sa poche, en critiquant les soi-disant «élites» qui joueraient contre lui et pour se faire le chevalier blanc de ce nouveau terme bien médiatique de «dégagisme», c’est-à-dire de faire battre les sortants pour «purifier» le monde politique (façon Trump).
Quasiment tous les candidats à l’élection présidentielle française prétendant à la victoire finale ont été accusés de populisme «à l’européenne», de Le Pen à Mélenchon en passant par Fillon, Hamon ou Macron.
Sans évidemment parler des «petits» candidats.
D’ailleurs, j’ai même fait part ici de quelques inquiétudes sur une rhétorique populiste (façon européenne) qu’Emmanuel Macron pouvait parfois utiliser au début de sa campagne.
J’avais d’ailleurs fait la même analyse de certains propos de Barack Obama en 2008 lors de sa victoire lors des primaires démocrates face à Hillary Clinton puis lors de la campagne électorale face à John McCain.
Mais mes craintes ne furent jamais à la hauteur de l’espoir qu’il suscitait et qui d’ailleurs ne se confirmèrent absolument pas.
Ensuite, s’il fut parfois populiste, ce fut à la mode US (même si les médias américains ont aussi utilisé le terme pour définir le comportement de Trump mais alors avec cette connotation négative, façon européenne…).
Quant à Macron, j’ai également fait remarquer que ces intonations ont quasiment disparu de ses propos depuis près d’un an alors, qu’a contrario, elles n’ont fait que monter en puissance chez François Fillon tout en restant à leur niveau stratosphérique chez Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.
Toujours est-il que le candidat d’En marche! dans une interview au JDD, s’il réfute sans appel le terme de démagogue, se dit près à être traité de populiste s’il s’agit d’être proche du peuple (façon américaine).
C’est là qu’il rejoint Barack Obama alors que les opposants que l’on vient de citer – Benoit Hamon mis à part – sont plutôt des populistes (façon américaine) ressemblant au promoteur milliardaire américain.
Le Pen et Fillon menant d’ailleurs des campagnes à la mode Trump sans aucun état d’âme.
Plus généralement, Emmanuel Macron est l’«outsider» qui possède un profil très proche de celui de Barack Obama.
Tous deux ont des visions modernes de leur pays et du monde, une volonté de réformes progressistes et un positionnement central, voire centriste (revendiqué plus par Obama que par Macron).
Il est bien sûr difficile de dire si une présidence Macron ressemblera à une présidence Obama mais les intentions sont proches ainsi que les valeurs qu’ils portent tous les deux.