vendredi 23 février 2018

Vues du Centre. Quand l’UDI découvre que les droitistes n’aiment pas les centristes…

Par Aris de Hesselin
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

Valérie Pécresse a osé dire dans une interview qu’elle n’était pas centriste.
A vrai dire, personne n’en a jamais douté.
Et personne ne lui en fait le reproche, chacun étant libre de ses opinions et de son engagement politique.
Et pourtant, Jean-François Vigier, le président du groupe UDI au Conseil régional d’Ile-de-France a pris la mouche, rappelant à la dame en question, présidente de la même région, qu’elle gouvernait avec les centristes.
Ce qui est vrai.
Et il a dit, selon ses propos rapportés par Le Figaro, qu’il voulait qu’elle «précise sa pensée», se disant, par ailleurs, «fier d'apporter au sein de la majorité (régionale) ses propres valeurs telles que l'humanisme, la liberté, la laïcité, etc.» qui sont «différentes de celles portées par l'actuel président des Républicains Laurent Wauquiez» et ajoutant qu’«à l'heure actuelle, on devrait plutôt être gêné d'être assimilé au président de LR qu'à des formations politiques progressistes, sans le soutien desquels les partis de droite n'ont jamais pu gagner».
Le problème dans cette indignation qui semble plus conjoncturelle qu’autre chose – l’UDI veut par tous les moyens prouver son indépendance vis-à-vis de LR et la polémique Wauquiez lui permet de le faire à peu de frais –, c’est que d’autres personnages de la Droite avec laquelle est toujours alliée la formation de monsieur Vigier ont dit des choses encore plus insultantes et nauséabondes pour les centristes et le Centre sans que ses responsables ne disent quoi que ce soit.
On n’oubliera pas, non plus, de rappeler à monsieur Vigier, que son parti est toujours l’allié de Laurent Wauquiez au Conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Alors qu’une femme de droite dise simplement qu’elle n’est pas centriste – même si son propos a pour but de ne pas prêter le flanc aux attaques des radicaux de son propre parti et que cela est un peu pathétique – n’a vraiment pas de quoi provoquer cette réaction indignée.
D’autant qu’Alain Juppé, lors de la campagne des primaires de LR, face aux attaques de Nicolas Sarkozy et de François Fillon, avait dit exactement la même chose: «je ne suis pas centriste» et que cela n’avait pas empêché l’UDI de le soutenir et n’avait provoqué aucune réaction de la formation de centre-droit.
Mais on a bien compris aussi que l’UDI qui avait scellé son existence et son avenir avec l’UMP puis LR, se retrouve aujourd’hui dans le pétrin.
Découvrir soudainement l’extrémisme de Wauquiez ou s’offusquer des dénégations ridicules de Pécresse sur son possible centrisme, voire que la plupart des droitistes n’aiment pas les centristes et n’ont que mépris pour eux, fait un peu oie blanche ou crétin du village.
Et puis, Jean-François Vigier devrait être prudent, car, comme le boomerang, celui qui provoque une polémique peut se la prendre en retour en pleine figure.

Aris de Hesselin


Actualités du Centre. Macron veut une «révolution culturelle» de l’agriculture française

Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a réuni le jeudi 22 février de jeunes agriculteurs à l’Elysée afin de leur dire à nouveau combien il considérait leur secteur d’activité comme une priorité dans son action.
Il a expliqué qu’«il n’était pas là pour plaire mais pour faire» et qu’il proposait aux «exploitants agricoles» de devenir des «entrepreneurs agricoles» avec tout ce que le terme d’entrepreneur recouvre chez lui et sa vision centriste et progressiste, c’est-à-dire des professionnels responsables, autonomes et capables de réussir dans un domaine qui est, selon lui, crucial pour la France mais qui doit être aussi un des moteurs des exportations, un des fleurons du commerce extérieur grâce à ses productions et à son savoir-faire.
Lors de ses vœux de début d’année au monde agricole (qui, avec l’armée, avait été le seul à avoir des vœux personnalisés), le président de la république avait expliqué que les «paysans» comme les «militaires» étaient des «concitoyens (qui) ont en commun d’être des hommes et des femmes essentiels à la nation» et qui se tiennent «debout dans la difficulté et l’épreuve, manifestant leur engagement à chaque instant».
Et il avait ajouté: «Dès le début de ce mandat, je me suis lancé dans plusieurs combats que je considérais comme prioritaires : nos armées, l’emploi, l’éducation et l’agriculture car l’agriculture est, j’en suis convaincu, une des clés de notre avenir».
Un bel hommage alors que l’opposition prête sans cesse à Emmanuel Macron un dédain, voire une condescendance pour le monde rural.
Un angle d’attaque très utilisé actuellement par LR et son président, Laurent Wauquiez, mais aussi par la Gauche dont pourtant bien de ses représentants ont souvent manqué d’intérêt pour cette ruralité.
Ses deux objectifs principaux  sont la «souveraineté alimentaire» et la «qualité choisie».
Selon lui, «nous sommes aujourd’hui à un tournant – j’en suis profondément convaincu, je sais que beaucoup d’entre vous le sont aussi – pour notre agriculture parce que c’est là aussi un des lieux de transformation profonde, pas seulement d’une filière économique, mais aussi d’une forme d’organisation dans notre société, d’organisation de nombreux territoires et de choix profonds pour notre société, de choix d’organisation en commun, de choix d’alimentation, parfois de choix sanitaire! Et il nous faut construire pour aujourd’hui et demain ce changement profond. Et pour cela, nous devons renouer avec nos fondamentaux».
Quant à la politique agricole, il estime que «ce que nous devons construire, c’est une stratégie claire, concrète avec l’ensemble du monde agricole français pour, aujourd’hui et dans les prochaines années, réussir à prendre ce tournant et gagner ce moment historique que j’évoque. Nous devons le faire dans notre pays avec l’ensemble des territoires, nous devons le faire à un moment où nous avons une PAC à renégocier en Europe et nous devons le faire à un moment où le monde est en train ou de s’ouvrir ou de se fermer, mais où les plaques tectoniques du commerce mondial en matière agricole sont en train de bouger très vite et où nous avons pu voir ces dernières années les limites de la volatilité des cours et d’une agriculture qu’on pense simplement ouverte aux grands vents des marchés et donc où il nous faut aussi penser des mécanismes de régulation, de protection pour défendre cet objectif que j’évoquais d’une vraie souveraineté alimentaire et d’une souveraineté de qualité. Pour moi, ce moment s’articule autour de trois combats: celui de la valeur, celui de l’ouverture et celui de la planète.»
Il faut donc  un «juste prix» pour les produits afin de bien rémunérer les agriculteurs, une «ouverture à la mondialisation» pour permettre une agriculture française conquérante mais dans une juste concurrence et le «choix de la planète» avec «une politique assumée, volontariste en matière environnementale et climatique».
Quant aux mesures qu’il a annoncées ce jeudi, il y a la promesse que les accords de libre-échange ne changeront pas les règles en matière de production et de qualité («pas de bœuf aux hormones» a-t-il affirmé), celle d’aides pour combler le déficit commercial dans le bio, celle de prêts pour les jeunes agriculteurs (pour leur «permettre de démarrer dans le métier dans les meilleures conditions»), celle d’une protection sociale identique à celle des autres Français et celle de verrous réglementaires sur les achats de terres agricoles par des étrangers (ici est visée en particulier la Chine).
Il a également annoncé la mise en place d’un «grand plan d’investissement de 5 milliards d’euros pour accompagner la transformation» du monde agricole notamment «la modernisation des structures».