dimanche 27 mai 2007

Actualités du Centre. Irlande- Victoire du Centre-droit au pouvoir aux élections législatives

Bertie Ahern, au pouvoir depuis 10 ans en République d'Irlande, va rempiler pour cinq ans au poste de Premier ministre. Toutefois, en dépit de la nette victoire -la sixième consécutive- de son parti, le Fianna Fail (Centre-droit), aux élections générales de jeudi, il devra composer avec d'autres formations pour créer une coalition stable. Dans cette perspective, ses partenaires les plus vraisemblables semblaient être le Parti travailliste ou les Verts, deux partis de gauche qui n'avaient pourtant pas ménagé le gouvernement sortant, selon eux trop favorable au patronat et faisant la part trop belle au libéralisme économique. Deux semaines d'intenses négociations à huis clos s'annoncent donc entre des camps qui s'étripaient il y a quelques jours encore. Reste que M. Ahern est aussi connu pour ses talents de négociateur et peut rapprocher des points de vue a priori opposés. Pour lui, les choses sont simples: lorsque le Dail Eireann (Parlement) se réunira le 16 juin prochain, il aura besoin du soutien de 83 députés pour s'appuyer sur une majorité.le Fianna Fail (Centre-droit) disposait de 78 sièges, soit mieux que prévu mais pas suffisant pour gouverner seul. De son côté, le Fine Gael, autre parti centriste (Centre-gauche) et principal rival du Fianna Fail, semblait devoir obtenir 51 sièges, un total trop modeste pour espérer réunir une majorité. De fait, bien que le leader du Labour, Pat Rabbitte, se refuse à tout commentaire sur l'éventualité d'une alliance avec le Fianna Fail, les 20 députés travaillistes suscitaient à l'évidence la convoitise de Bertie Ahern. M. Rabitte a cependant laissé entendre que sa participation au gouvernement ne pourrait se faire qu'à la condition que M. Ahern renonce au financement privé des hôpitaux, l'une des mesures les plus impopulaires de l'administration sortante. Les Verts ont eux aussi leur carte à jouer puisque les six députés dont ils disposent au nouveau Parlement offriraient une courte majorité à Bertie Ahern, qui ne peut plus compter sur les Démocrates progressistes. Partenaires du Fianna Fail depuis dix ans, ils n'ont plus que deux députés au Dail Eireann et apparaissent hors-jeu.
De l'avis de l'ancien Premier ministre Garret Fitzgerald, économiste et politologue, le Premier ministre reconduit devrait vraisemblablement se tourner vers le parti écologiste, auquel il offrirait en retour des postes ministériels (environnement, transports) ainsi qu'une tribune pour leur programme en faveur des énergies renouvelables et la réduction de gaz à effet de serre. « Le Fianna Fail a désespérément besoin des Verts à ce stade », estime M. Fitzgerald, qui fut le dernier leader du Fine Gael à battre le Fianna Fail en 1982. « Je ne vois pas d'autre moyen pour obtenir un gouvernement stable ».
De son côté, le chef du Fine Gael, Enda Kenny, a indiqué qu'il avait toujours l'espoir de constituer une coalition susceptible de priver Ahern d'un troisième mandat mais cela parait peu probable car il faudrait pour cela qu'il parvienne à convaincre un quatrième parti et des indépendants d'intégrer sa coalition arc-en-ciel. Le dirigeant du Parti travailliste, partenaire du Fine Gael, a pour sa part reconnu sa défaite. Pat Rabbitte a également déclaré qu'il était peu probable que son parti change de bord pour soutenir Ahern. « M. Ahern tient les rênes et a plusieurs options pour former un gouvernement. En ce sens, le Parti travailliste sera dans l'opposition », a-t-il dit. Ahern pourrait former une coalition avec les Démocrates progressistes et quelques indépendants mais il ne disposerait que d'une courte majorité. 
Or, le Premier ministre avait fait savoir, qu'après dix ans au pouvoir, il souhaitait pouvoir compter sur une solide majorité pour son nouveau mandat. Tous les regards sont dirigés vers les Verts qui pourraient entrer au gouvernement pour la première fois mais leur dirigeant, Trevor Sargent, a déclaré à Reuters qu'il souhaitait avoir des garanties sur des réformes en matière d'environnement et de planification avant d'entrer dans une coalition. « Il y a d'énormes possibilités dans ce pays mais il faut pour cela qu'il y ait un accord sur le fait que l'on ne peut pas continuer comme avant », a-t-il dit. Des discussions à l'intérieur de chacune des formations devraient avoir lieu dans les prochains jours avant que s'ouvrent des négociations sur la formation d'une coalition gouvernementale.