dimanche 20 mars 2016

Présidentielle 2017. UDI: 66,56% des militants contre la participation à la primaire de LR

Affiche des jeunes de l'UDI
Les militants de l’UDI ont tranché.
Ils ont dit non à la participation du parti centriste à la primaire de LR avec une majorité nette de 66,56%.
Même si ce résultat était attendu, il pose plus de problèmes qu’il n’en résout.
Car si les dirigeants de l’UDI se sont félicités de ce vote, eux qui avaient appelé les militants du parti à dire non à la primaire, la faible participation (40,74%), correspondant à moins de 10.000 militants, peut permettre des contestations à n’importe quel moment.
Notamment pour permettre, in fine, à l’UDI de participer à la primaire en contournant ce vote des militants ou à certaines composantes de la confédération centriste de ne pas se soumettre à la ligne officielle du parti.
De même, une autre question importante a été tranchée sur le nombre de candidats UDI à cette primaire.
Si l’UDI y participe, les militants ont indiqué qu’ils voulaient un candidat unique.
C’est un grave échec pour Hervé Morin qui ne voulait surtout pas de cette candidature unique pour barrer la route à celle éventuelle de Jean-Christophe Lagarde, en tant que président du parti, mais aussi pour d’autres dirigeants comme Jean Arthuis qui veulent se présenter.
Cela remet également en cause tous les soutiens déjà accordés par des membres de l’UDI à des candidats LR à cette primaire (comme De Courson à Juppé ou Jégo à Le Maire) car qui dit candidature unique, dit soutien unique de l’ensemble du parti à celle-ci.
Reste que le vote des militants en faveur d’une candidature unique a obtenu 46,94% des voix (donc pas la majorité absolue) contre 46,83% à la pluralité des candidatures.
Autant dire que, comme pour la participation à la primaire et encore plus, ce résultat extrêmement serré avec un vote en dessous des 50% d’inscrits, sera facilement contesté par ceux qui n’en veulent pas.
En définitive, le seul résultat qui ne souffre aucune discussion est celui à la troisième question sur la préparation du projet présidentiel et législatif du parti ainsi que sur la désignation des candidats aux législatives approuvé par 84,87% des votants.
Ces résultats vont donc permettre à chaque camp à l’intérieur du parti d’en tirer les conclusions qui l’arrangent et les utiliser en vue de sa propre stratégie.

Voici les résultats du scrutin.
Nombre d’inscrits: 23.000
Nombre de votants: 9.370
Participation: 40,74%
1) «En l’absence d’accord avec Les républicains sur la primaire, la présidentielle et les législatives, souhaitez vous que l’UDI participe à la primaire initiée par Les républicains?»
Oui: 29,85%
Non: 66,56%
NSP: 3,59%
2) «Si une majorité de l’UDI décidait de s’engager dans la primaire, souhaitez-vous que l’UDI présente un seul candidat ou laisse liberté de candidature et de vote à ses membres?»
Un candidat: 46,94%
Liberté de candidature: 46,83%
NSP: 6,23%
3) «Le congrès de l’UDI donne mandat au bureau politique pour préparer dès à présent le projet présidentiel et législatif de l’UDI et demande au Bureau exécutif de lancer la désignation de nos candidats aux élections législatives?»
Oui: 84,87%
Non: 8,08%
NSP: 7,05%

Alexandre Vatimbella




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Présidentielle 2017. UDI-MoDem: le terrible sondage

Voilà un sondage qui va faire très mal aux partis centristes.
Réalisé par BVA pour iTélé et Orange il indique:
- qu’une majorité des sympathisants de l’UDI veut un candidat unique LR-UDI;
- qu’une majorité de sympathisants du MoDem n’en veut pas;
- qu’une majorité de Français et de sympathisants UDI ne veulent pas d’une candidature de François Bayrou à la présidentielle;
- que le potentiel électoral des candidats centristes est limité;
- que les sympathisants de l’UDI ne voteraient pas majoritairement pour Lagarde s’il se présentait (comme ceux du MoDem).
Le premier enseignement de ce sondage montre un décalage entre l’UDI et ses sympathisants puisque 60% d’entre eux veulent un candidat unique LR-UDI pour la présidentielle tandis que 38% d’entre eux y sont opposés alors même que l’UDI vient d’annoncer qu’elle ne participerait pas à la primaire de LR et qu’elle envisageait toutes les scénarios pour 2017.
L’idée même de l’indépendance de l’UDI est donc mise à mal par ceux-là mêmes qui sont ses électeurs potentiels même si l’on sait que la confédération centriste devrait se rallier à une candidature unique, contrainte et forcée par sa faiblesse politique.
Le deuxième enseignement montre un décalage entre le Mouvement démocrate et ses sympathisants puisque 56% d’entre eux sont opposés à une candidature unique de la Droite et du Centre à la présidentielle (contre 42% qui y sont favorables) alors même que François Bayrou a annoncé son ralliement à Alain Juppé, le favori pour être désigné le candidat LR en 2017.
Cela confirme que l’électeur du Mouvement démocrate souhaite un centre indépendant et attend que Bayrou se présente.
Le troisième enseignement est qu’une possible candidature de François Bayrou (qui sera effective si Juppé n’est pas candidat) n’est pas souhaitée par 61% des Français.
Et parmi les 36% qui la souhaitent, on trouve 44% de sympathisants de gauche et seulement 29% de sympathisants de droite et du Centre, ce qui signifie que les plus nombreux sont ceux qui espèrent que la présence de Bayrou fera échec au candidat de la Droite…
Evidemment, 80% des sympathisants MoDem souhaitent que leur président se présente mais, à l’inverse, 63% des sympathisants de l’UDI ne le désirent pas.
François Bayrou, on le voit, demeure une personnalité clivante dans son propre camp.
Le quatrième enseignement peut se lire de manière négative ou positive.
Il concerne le potentiel électoral de François Bayrou et de Jean-Christophe Lagarde s’ils se présentent à la présidentielle.
Ainsi, ceux qui voteraient certainement pour Bayrou ne sont que 7% et pour Lagarde ils sont seulement 1%, ce qui rappelle les scores dans les sondages d’Hervé Morin en 2012 mais également celui du président de l’UDI s’il se présentait à la primaire de LR.
Ces chiffres montrent une faiblesse électorale des partis centristes très préoccupante d’autant qu’elle dure depuis des années.
Si on élargi en ajoutant le cercle de ceux qui pourrait «probablement» voter pour les deux candidats, Bayrou monte à 28% des intentions de vote et Jean-Christophe Lagarde à 10%.
Ici, la proximité d’une frange relativement importante de l’électorat à l’espace centriste traduit les sensibilités politiques des Français, ce qui signifie, a contrario, l’incapacité de l’UDI et du MoDem à en faire une base électorale solide.
On peut encore élargir au cercle de ceux qui répondent «probablement pas» mais qui donc pourraient le faire dans certaines circonstances.
Dans ce cas de figure, Bayrou obtient un pourcentage de 55% (avec 43% de «certainement pas») et Lagarde de 46% (avec 52% de «certainement pas»).
Dès lors, Bayrou pourrait devenir président de la république «au cas où», pas Lagarde.
Mais une autre donnée montre l’état de désunion avancée de l’espace centriste puisque si 83% des sympathisants du MoDem voteraient «certainement» ou «probablement» pour Bayrou, ils ne sont que 40% de sympathisants UDI (contre 58% qui ne voteraient pas pour lui).
Les scores de Jean-Christophe Lagarde sont encore plus négatifs puisque seulement 21% des sympathisants du MoDem pourraient voter pour lui contre 77% qui ne le feraient pas.
Et le plus rude pour le président de l’UDI, c’est le cinquième enseignement de ce sondage.
Il n’y a que 21% des sympathisants de son parti qui se disent prêts à voter pour lui s’il se présente à la présidentielle contre 76% qui indiquent qu’ils ne le feraient pas…
Voilà qui confirme une nouvelle fois que l’UDI n’est qu’un conglomérat de partis et que Jean-Christophe Lagarde n’est pas parvenu (encore?) à changer cette donne.

(Sondage BVA réalisé les 17 et 18 mars 2016 par internet auprès d’un échantillon de 1082 personnes de plus de 18 ans représentatif de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)

Alexandre Vatimbella




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Présidentielle 2017. Juppé: «central», «centriste» ou seulement opportuniste?

Nicolas Sarkozy et ses amis l’accusent d’être un centriste caché dans un déguisement d’homme de droite.
François Hollande et ses amis l’accusent d’être un droitiste déguisé dans un homme du Centre.
Les amis d’Alain Juppé le voient en homme «central» qui défie les clivages bien qu’il soit, ajoutent-ils immédiatement, de droite.
Quant aux centristes, ils aimeraient bien le récupérer mais ont surtout peur de se faire récupérer par lui comme jadis par Balladur…
Le positionnement politique d’Alain Juppé, on le voit, est tout sauf clair et, surtout, anodin, tant pour ses soutiens que pour ses adversaires.
Or, le qualifier auprès des Français, c’est soit vouloir le décrédibiliser, soit tenter de louer son originalité.
On le voit bien avec François Hollande qui est, lui-même, monté au créneau en glissant cette petite phrase début janvier, «Les socialistes vont peut-être découvrir qu’Alain Juppé est à droite» puis qui vient de récidiver en expliquant que «Le masque d'Alain Juppé va tomber tôt ou tard quand les Français s'apercevront qu'il est le même qu'en 1986, le même qu'en 1995 à savoir, un homme pas très sympathique qui veut administrer au pays une potion libérale».
Lorsqu’il décide de se présenter à la présidentielle, le maire de Bordeaux sait qu’il doit se trouver une ligne politique spécifique.
Il ne peut être le candidat de droite «fier dans ses bottes» parce qu’il y a déjà Nicolas Sarkozy qui revendique la posture et qu’il sera difficile de la lui contester.
Il ne peut être le candidat à droite de Sarkozy, l’espace politique est trop restreint entre l’ancien président de la république et Marine Le Pen et ce n’est tout de même pas son positionnement «naturel».
Il ne peut se déporter totalement à gauche, cela n’aurait aucun sens par rapport à ses convictions et ne serait évidemment pas crédible et sans doute ne lui ferait pas gagner grand chose.
Reste alors cet espace qui est, en gros, celui que voulait occuper Jean-Louis Borloo en créant l’UDI et qui comprend des modérés de droite, des centristes, ce qui reste de gaullistes centraux et quelques-uns des sociaux-libéraux.
Cela correspond à une grande partie de l’axe central (qui va des gaullo-réformistes aux sociaux-réformistes en passant par les libéraux sociaux et les sociaux-libéraux) mais pas à sa totalité.
Là, il y a une base intéressante pour créer une dynamique politique d’autant que Borloo n’est plus là et que ceux qui pourraient le concurrencer dans cet espace politique n’ont pas la surface politique suffisante, notamment les dirigeants de l’UDI mais aussi François Bayrou ainsi que Bruno Le Maire.
Reste qu’on peut identifier l’espace politique adéquat, encore faut-il l’occuper et être crédible en cela.
Or rien n’est moins sûr quand Juppé se lance dans la conquête de l’Elysée.
Lui, l’ancien étatiste de droite coloré en gaulliste à la mode chiraquienne, sait aussi qu’il est considéré dans l’opinion comme un homme rigide, cassant et aux convictions peu libérales.
De même, son passage à Matignon ne l’a pas révélé comme un homme d’Etat mais plutôt comme un bon serviteur de son mentor, Jacques Chirac.
Sans oublier ses déboires judiciaires.
Mais Alain Juppé à tout de même des atouts.
D’abord, il a des capacités politiques et intellectuelles indéniables.
Ensuite, son retour en politique en 2006, après sa condamnation en 2004 dans l’affaire des emplois fictifs à la mairie de Paris, a été une réussite.
Que ce soit à Bordeaux ou au gouvernement, il est apparu comme un homme qui avait l’expérience, surtout qui avait réussi à en tirer des conséquences positives, qui n’hurlait pas avec les loups et qui pouvait parler à tout le monde.
En un mot, il était parvenu à apparaître comme un sage, ce qui est toujours un plus lorsque l’on vise la fonction suprême.
Capitalisant intelligemment sur cette nouvelle image et profitant des images désastreuses de Nicolas Sarkozy et de François Hollande ainsi que du rejet encore largement majoritaire dans la population de Marine Le Pen, sans oublier de la faiblesse chronique des centristes (et de la mauvaise posture de Bayrou après la présidentielle et les législatives de 2012), il a su, non seulement occuper l’espace politique de l’axe central mais est parvenu à en devenir la figure la plus emblématique auprès de tous ceux qui s’y reconnaissent, c’est-à-dire la majorité de la population.
Aujourd’hui, non seulement les centristes ne feraient pas le poids face à sa candidature, mais c’est le cas également de tous ceux qui se trouvent au centre-droit ou sont des modérés de droite (ou voulant se positionner comme tels), de François Bayrou à Bruno Le Maire (qui a donc décidé de se positionner à droite de Juppé) ou Nathalie Kosciuko-Morizet, par exemple.
Mais c’est également le cas pour ceux du centre-gauche ou de la gauche modérée comme Emmanuel Macron, voire Manuel Valls.
Néanmoins ce positionnement politique n’est pas sans risque et pose la question de sa crédibilité.
Pas sans risque parce l’électorat d’Alain Juppé est malgré tout très majoritairement de droite.
Et il n’est pas, on plus, un homme comme Borloo qui a su toujours déjouer une caractérisation politique partisane trop précise, voire étroite.
Dès lors, en séduisant à sa gauche, Alain Juppé doit absolument rassurer à sa droite.
C’est la raison pour laquelle, après avoir joué le centriste-qui-ne-dit-pas-son-nom pendant plusieurs mois, il est venu affirmer dans les médias qu’il n’était pas du Centre et ses amis lui ont emboité le pas en lui trouvant un positionnement «central», pas très heureux parce qu’il renvoie à une sorte de positionnement «au centre» qui est souvent celui de ceux qui ont peu d’idées ou qui ne sont que des opportunistes, Yves Jégo de l’UDI en étant l’exemple parfait.
Mais cette centralité peut aussi renvoyer au Gaullisme qui voulait transcender les lignes politiques (ce que réussit à faire De Gaulle au début de la V° République mais pas ses successeurs).
Toujours est-il que cela permet de nier l’accusation de centrisme proférée par ses adversaires de droite et qui sera certainement reprise lors de la primaire de LR pour le déstabiliser.
Pour autant, cette position centrale ne lui est pas accordée par tout le monde, notamment à gauche où l’on voit de plus en plus les socialistes affirmer que Juppé est un homme de droite et que les Français vont s’en rendre compte, sous-entendu, les centristes et les sociaux-libéraux ne doivent pas se laisser prendre au piège mais doivent plutôt se tourner vers François Hollande qui, lui, est nettement plus modéré que l’ancien premier ministre de Jacques Chirac.
Même chez les centristes, ce positionnement a été critiqué, notamment par Hervé Morin qui a déclaré que l’opération centriste de Juppé consistait, pour ses ambitions personnelles, à phagocyter complètement le Centre qui courait le risque, si l’opération réussissait, de sa disparition en tant que force indépendante (rappelons que l’UMP, ancêtre de LR, qui voulait réunir la Droite et le Centre en un seul parti est une initiative de Jacques Chirac mise en place par Alain Juppé).
Reste la question ô combien essentielle de la crédibilité du positionnement «central» d’Alain Juppé.
Si l’on en croit les sondages, les sympathisants centristes y croient dans leur écrasante majorité.
Non seulement ils voteraient pour lui à la primaire de LR mais ils feraient de même lors de la présidentielle.
Même une candidature de François Bayrou n’inquièterait pas Juppé par rapport à cet électorat.
Si l’on se fie aux déclarations et aux ouvrages publiés par Alain Juppé, force est de constater que la ligne politique est souvent celle d’un homme de droite modérée, voire de centre-droit.
Même ses propos beaucoup plus à droite sur la sécurité ou sur le rôle de l’Etat n’entachent pas vraiment cette ligne.
Cependant, Alain Juppé a un passé et s’il a expliqué qu’il avait commis des erreurs et appris de ses expériences, il n’a rien renié fondamentalement.
Et ce que l’on peut dire de ce passé, c’est qu’il est celui d’un homme de droite.
En 1995, lorsque la grande majorité des centristes s’est rangée derrière Edouard Balladur pour l’élection présidentielle, Alain Juppé est demeuré derrière Jacques Chirac qui, malgré son discours sur la «fracture sociale» (qui ne fut suivi d’aucune mesure particulière pour la réduire), était le candidat de la Droite alors que son «ami de trente ans» était le candidat de la droite modérée et des libéraux.
Dès lors, rien n’interdit de penser qu’Alain Juppé joue quelque peu à l’opportuniste.
Non pas qu’il soit le seul.
Le discours à droite toute de Sarkozy est également un opportunisme et l’on attend celui de Hollande (à gauche toute ou social-libéral, cela dépendra des sondages et des candidats face à lui!) qui sera très certainement teinté d’opportunisme.
On ne parlera même pas de ceux de Marine Le Pen, de Jean-Luc Mélenchon ou même de celui de François Fillon qui s’est découvert sur le tard plus à droite et plus libéral que Sarkozy.
C’est pour cela qu’il va falloir attendre les joutes oratoires de la primaire de LR puis celles de la campagne présidentielle ainsi que toutes les attaques dont Juppé évidemment sera l’objet pour le décrédibiliser, afin de se faire une idée plus précise de son véritable positionnement politique ou de la réelle consistance de celui qu’il vend aux Français actuellement.
Pour autant, il n’est pas sûr que s’il se révèle qu’il n’est pas celui qu’il dit être politiquement parlant, cela l’élimine automatiquement de la course à l’Elysée.
Car, les Français élisent une personnalité, tout autant pour ce qu’elle pense que pour l’image qu’ils en ont.
Et, pour l’image, Alain Juppé sera difficilement délogeable de sa position «centrale» sauf révélations explosives venues de ses concurrents ou fautes politiques commises par l’intéressé.

Alexandre Vatimbella




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