vendredi 29 novembre 2013

L’Humeur du Centriste. Le bon et le mauvais vote blanc

Le vote blanc peut signifier que l’on a une conscience politique très forte ainsi qu’une connaissance très aiguisée des programmes partisans tout en ne se reconnaissant dans aucun des candidats qui se présentent aux suffrages des électeurs.
Mais il peut aussi signifier, tout simplement, une incapacité de choisir, notamment parce que l’on est totalement ignorant des affaires publiques (bien que ceci n’empêche nullement certains de voter pour un candidat plutôt qu’un autre!).
Dans le premier cas, on est bien dans un acte politique légitime.
Dans le deuxième, on est plutôt dans l’indécision coupable.
Si la reconnaissance de ce vote que viennent d’adopter les députés à l’unanimité (il n’y a même pas eu de bulletin blanc, un comble!) vient d’une initiative centriste, ce n’est sans doute pas pour rien.
Pour les centristes, il s’agit bien de montrer que se déplacer pour voter, fusse pour mettre un bulletin blanc (ou pas de bulletin du tout) dans l’enveloppe, est un acte civique qui doit être reconnu comme tel.
Pour leurs opposants, la reconnaissance d’une incapacité de choisir est bien une caractéristique centriste…
Plus sérieusement, qu’il s’agisse du bon ou mauvais vote blanc, leur reconnaissance est une excellente chose car il permet de comptabiliser ceux qui estiment que voter en démocratie est non seulement un devoir mais une chance sans pour autant qu’ils se sentent contraints par une offre politique qui ne les satisfait pas.
Il s’agit, donc, de dire à tous ceux qui participent aux élections qu’ils font bien partie des partisans de la démocratie dans un pays, la France, où, rappelons-le, le vote n’est pas obligatoire.
Reste à voir, à l’usage, si cette reconnaissance va augmenter le pourcentage du vote blanc, faisant en sorte d’empêcher le vainqueur d’une élection d’obtenir plus de 50% des voix, ce qui, pour certains, risquent de minimiser la victoire et donc la démocratie représentative.
Néanmoins, on pourra rétorquer que les partis politiques devront alors faire en sorte d’avoir une offre adéquate pour éviter le vote blanc.
Si l’unanimité a été obtenue pour cette reconnaissance du blanc, cette belle union de la représentation citoyenne a été battue en brèche dès le résultat obtenu puisque la majorité a décidé – pour des raisons techniques, selon elle – de ne pas appliquer cette décision pour les prochaines municipales.
Tollé dans l’opposition qui estime que cela valorisera le vote pour le Front national.
Car, selon elle, beaucoup d’électeurs (de droite) votent pour l’extrême-droite afin de montrer leur mécontentement au pouvoir en place et parce que le vote blanc n’est pas pris en compte.
Si cela était le cas, le FN serait à la baisse et serait moins menaçant pour les listes de droite lors du premier tour.
On attend de voir si un sondage public confirme cette thèse.

Centristement vôtre,


Le Centriste

lundi 25 novembre 2013

Une Semaine en Centrisme. Kennedy-Johnson: quand la légende éclipse le vrai réformateur centriste

Pendant la campagne des primaires démocrates de 2008, Hillary Clinton a rendu un vibrant hommage au président des Etats-Unis Lyndon Johnson (1963-1968), dit LBJ, pour avoir réformé en profondeur le pays, permettant, entre autres, la mise en place d’une assistance médicale pour les plus âgés et pour avoir fait progresser les droits civiques de manière considérable.
Elle fut alors l’objet d’attaques scandaleuses et de sarcasmes déplacés de la part des conseillers de Barack Obama pour qui le seul héros de cette époque était John Kennedy (1960-1963), dit JFK, qui avait précédé Johnson à la présidence (ce dernier lui succédant après son assassinat en sa qualité de vice-président).
L’ironie n’est pas tant dans cette erreur historique que dans le fait que si Lyndon Johnson n’avait pas eu le courage et l’intelligence politique de faire voter des lois sur les droits civiques et le vote des noirs face à un Congrès hostile, Barack Obama n’aurait jamais battu Hillary Clinton lors des primaires démocrates et n’aurait jamais remporté l’élection présidentielle dans la foulée!
Ici, la légende a totalement éclipsé le vrai réformateur.
D’autant que la présidence de Johnson a été ternie par la guerre impopulaire du Vietnam dont il faut rappeler qu’elle a vraiment pris son essor lors de la présidence Kennedy et que ce dernier a refilé la patate chaude à son successeur.
Et la haine minable (car étant, à la fois, condescendante et arrogante de personnes se croyant au-dessus des autres) du clan Kennedy pour Johnson n’a évidemment pas arrangé les choses.
Lorsqu’une famille d’Amérique aussi populaire, aidée en cela par tous les conseillers brillants recrutés par JKF, crie haro sur un homme, ce dernier n’a que peu de chances d’être célébré par l’historiographie nationale.
Et pourtant.
Alors que Kennedy a mis toute son énergie (avec son père et son frère, Robert) à bâtir sa légende de son vivant sur beaucoup de vent – un peu comme César avec sa campagne de Gaule où il ne fut vainqueur que parce qu’il avait affaire à des tribus divisées se faisant la guerre et à une alliance avec une partie de celles-ci –, Johnson, le rude et bougon sudiste, lui, n’avait pas le profil pour devenir une icône face à ce jeune et bel homme, soi-disant en pleine santé et possession de ses moyens physiques et intellectuels, ce qui se révéla largement une escroquerie.
Les révélations de l’histoire ont permis de changer quelque peu cette vision totalement erronée mais les mythes ont la vie dure comme on a pu le voir lors des commémorations de ces derniers jours du cinquantième anniversaire de l’assassinat de JFK à Dallas ainsi que dans les sondages qui font de lui le président le plus apprécié de ces dernières décennies par les Américains avec 90% d’opinions favorables!
Mais le vrai réformateur, centriste de gauche (et non «liberal», de gauche, comme on le présente souvent), était bien Johnson, lui qui a fait passer des lois essentielles pour les Etats-Unis d’aujourd’hui et qui est le plus grand législateur de l’après-guerre avec… Barack Obama.
Son projet de «Great society» (grande société) a donné peut-être plus de résultats concrets que le «New deal» (nouveau contrat) de Franklin Roosevelt – dont Johnson était un admirateur – comme le rappelle avec justesse l’historienne Doris Kearns Goodwin.
Et si le président américain actuel a mis ses pas dans un de ses anciens coreligionnaires, c’est dans ceux du Texan d’origine pauvre et ancien instituteur et non du Bostonien d’origine riche et homme du monde (sans oublier de préciser que Kennedy était un démocrate conservateur).
Le rêve américain s’incarne d’ailleurs beaucoup plus en Johnson (et en Obama) qui est arrivé à la tête du pays à force de travail (tout comme Obama) que dans Kennedy qui fut tiré de son oisiveté par son père qui voulait absolument qu’un de ses fils deviennent président.
Bien sûr, un pays vit par ses mythes, ses légendes et ses représentations. De ce point de vue, il est sûr que Kennedy (grâce aussi à son arme secrète, sa femme Jackie) présente incontestablement mieux que Johnson et qu’il donne, sans doute, plus de fierté et d’orgueil aux Américains que LBJ.
Néanmoins, oublier Johnson est, outre une injustice flagrante, une grande erreur parce que la politique ce n’est pas que du paraître, surtout pour les centristes, c’est une action concrète qui permet à la société d’avancer vers plus de liberté et de bien-être par de vraies réformes.
Ici, quoi que veuillent le faire croire les millions de fans de JFK aux Etats-Unis mais aussi à travers le monde, LBJ gagne le match à plate couture.
Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC

dimanche 24 novembre 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le Centre, la crise et la juste mesure

Tous ceux qui, depuis Aristote, en particulier dans son «Ethique à Nicomaque», se sont penchés sur la question de la centralité, qu’elle soit politique, philosophique ou morale, l’ont érigée en lieu de vertu parce qu’ils refusent les désordres de l’extrémisme aveugle et destructeur et privilégient l’harmonie, et l’équilibre.
De même, c’est par la juste mesure, cet agir débarrassé des passions malsaines et des pulsions haineuses, que l’on doit analyser les défis qui assaillent actuellement la société et les humains, leur présent et leur futur.
Aristote explique qu’il «appelle mesure ce qui ne comporte ni exagération ni défaut» et Albert Camus affirme «la nécessité d’une mesure».
Or, aujourd’hui, en ces temps troublés où l’on ne sait plus très bien où l’on va, cette juste mesure fait souvent défaut notamment au niveau des décideurs politiques, sociaux et médiatiques que ce soit dans la pensée et dans l’agir.
La démesure, dont Camus dit encore qu’elle «ne trouvera sa règle et sa paix que dans la destruction universelle» est partout.
Ainsi, celui qui ne regarderait que les chaînes d’info en continu et leurs mises en scène anxiogènes de l’information, ne lirait que les attaques virulentes et incessantes du Figaro contre François Hollande ou les commentaires négatifs du Monde à propos du même (pour des raisons inverses, évidemment, chaque média estimant qu’il ne va pas assez loin pour sa chapelle), n’écouterait que les rugissements haineux de Jean-Luc Mélenchon et n’entendrait que les diatribes xénophobes et anti-européennes de Marine Le Pen, les deux unis dans une lutte contre la démocratie libérale, ou même seulement les discours de Jean-François Copé ou Harlem Désir, le tout en observant les jacqueries corporatistes, celui-là se dirait que tout va mal et que nous sommes proches d’une révolution, voire de l’apocalypse.
Qu’en est-il?
La France, à coup sûr, est devant des difficultés indéniables, résultant d’une crise mondiale mais aussi d’un immobilisme de plusieurs décennies.
Mais tout n’est pas perdu, loin de là, si des réformes fortes et pas toujours populaires sont prises afin de permettre au pays cette mise à niveau indispensable qui lui permettra d’être à même de lutter efficacement dans un monde mondialisé et une économie globalisée.
Cette mise à niveau demande un minimum de consensus de tous les acteurs politiques, économiques et sociaux.
Non seulement devant les mesures à prendre mais aussi la difficulté qu’il y a à les prendre.
Si chaque gouvernement, aujourd’hui celui de Jean-Marc Ayrault, hier celui de François Fillon et demain un autre, est attaqué de toute part quand il décide de réformer, alors le consensus n’existe pas et la mise en place des réformes est, non seulement, extrêmement difficile mais impossibles dans certain domaines, les plus sensibles et les plus cruciaux.
Pourtant, tous les sondages le disent, les Français savent qu’il faut faire des réformes et des efforts. Mais, ajoutent-ils, ils ne trouvent pas, face à eux, des dirigeants responsables qui leur montrent le chemin à suivre et leur insufflent cette volonté de l’effort par une vision du présent et de l’avenir positive qui lui donnerait un sens.
Dès lors, dans une atmosphère de défiance, ils préfèrent se recroqueviller sur ce qu’ils ont aujourd’hui au lieu de se projeter sur ce qu’ils pourraient avoir demain s’ils faisaient les sacrifices indispensables pour ne pas perdre, et ce qu’ils ont aujourd’hui, et ce qu’ils pourraient avoir demain.
Cette attitude s’explique, se comprend même, mais ne s’approuve pas car elle aboutira à une catastrophe si rien n’est fait pour mettre en place les réformes nécessaires.
Prenons l’exemple ô combien clivant actuellement des finances de l’Etat.
François Hollande n’a fait qu’une moitié de chemin en augmentant les impôts que tout président de la république aurait du faire, tout en ne réduisant pas assez le train de vie de l’Etat (et non les actions gouvernementales qui permettent de la croissance et qui doivent être maintenues actuellement) ce que tout président de la république doit faire.
Or, la moitié du chemin en l’occurrence n’est absolument pas la juste mesure et non plus une moitié de succès tant les deux moitiés, augmentation des impôts et réduction des dépenses vont de pair en s’équilibrant.
L’une ne vaut rien sans l’autre.
Et ceux qui, en face, hurlent à chaque taxe mise en place devraient se rappeler que ce n’est pas seulement en baissant le train de vie de l’Etat que l’on parviendra à redresser la barre mais aussi en faisant rentrer les recettes fiscales nécessaires.
Dans cette atmosphère indéfinissable où tout le monde trouve de quoi argumenter en sa faveur et à faire peur à tout le monde, les centristes doivent être cette force de courage et de mesure, capable de délivrer un discours rationnel et responsable.
Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas.
Hier, les attaques de François Bayrou contre Nicolas Sarkozy pouvaient être démesurées. Aujourd’hui celles du même Bayrou et de Jean-Louis Borloo contre François Hollande peuvent l’être également (sans parler des appels à la démission du président de la république par Hervé Morin).
Le Centre n’a pas à crier au loup avec la Droite et la Gauche.
Ce qui le distingue justement, c’est la juste mesure qu’il met dans sa pensée, son positionnement et sa parole.

Les centristes devraient faire attention à ne pas perdre ce qui leur spécificité et l’intérêt que peut leur porter les Français.

vendredi 22 novembre 2013

L’Humeur du Centriste. Quand un vice-président de l’UDI se présente «sans-étiquette» aux municipales…

Imaginez que Jean-Claude Gaudin à Marseille et Christian Estrosi à Nice, tous deux vice-présidents de l’UMP, se présentent «sans étiquette» aux prochaines municipales. Imaginez que Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, fasse de même à Nantes…
N’imaginez plus: Jean-Christophe Fromantin, vice-président de l’UDI, a décidé de le faire à Neuilly-sur-Seine!
Voilà bien une première en politique.
Car, même s’il est plus que probable que Fromantin claque la porte de l’UDI depuis que Jean-Louis Borloo s’est marié avec François Bayrou, le maire de Neuilly-sur-Seine, farouche opposant aux mariages de personnes du même sexe, n’a pu le supporter, même s’il s’agit ici que d’une union politique…
Pour autant, en général, c’est plutôt le contraire qui se produit.
On démissionne d’un parti puis on se présente à l’élection suivante sans étiquette.
Mais Jean-Christophe Fromantin est un innovateur.
Dans une interview récente au Figaro magazine, il avait déclaré qu’il préférait qu’on le mette dehors de l’UDI – il se verrait plutôt jouer un martyr démocrate-chrétien (car il ne se définit pas comme centriste) – que de s’exclure lui-même, comme il dit.
Tout cela fait un peu tâche et brouille quelque peu l’image de partis centristes réunis sous la même bannière.
Rappelons, en outre, que le candidat sans étiquette est le responsable du projet politique de l’UDI…
Cela montre, en tout cas, que cette UDI bâtie en un temps record est loin encore d’être une confédération où toutes les formations qui la composent ont une même ligne politique.
Du coup, on se demande si Borloo n’a pas, lui aussi, fait les choses à l’envers.
Avant de s’unir «coopérativement» à Bayrou, il aurait peut-être fallu unir «confédéralement» ses amis. Peut-être…

Centristement vôtre

Le Centriste


jeudi 21 novembre 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le «réformisme permanent», seule réponse aux blocages destructeurs

Une société qui se détruit constamment est aussi dangereuse qu’une société qui s’ankylose totalement. La seule bonne réponse est dans un «réformisme permanent» proposé par le Centre, c’est-à-dire un ajustement constant de la société pour qu’elle soit toujours en juste équilibre.
Ce n’est pas du tout la réalité actuelle.
Aujourd’hui, dans la plupart des pays avancés, nous payons le prix de la non-réforme, que le blocage vienne des conservateurs de droite ou de ceux de gauche, les uns et les autres faisant de la résistance afin de préserver les positions acquises de leur clientèle (celle-ci menaçant d’ailleurs de faire défection si on ne la récompense pas de son vote).
Résultat, la France est dans l’impasse.
Car quelles que soient les réformes qui sont ou vont être entreprises, le pays à un temps de retard qu’il sera très difficile de rattraper à court et même à moyen terme.
D’autant que les réformes mises en place à gauche et à droite ne sont que des demi-réformes où l’on tape d’abord sur les clientèles de l’autre bord ou qui sont tellement édulcorées qu’elles ne produisent aucun résultat, pire qui sont totalement dépassées au moment où elles sont enfin mises en œuvre.
Il faut donc ce «réformisme permanent», cette adaptation «en temps réel» de la société et de l’économie prôné par le Centrisme.
Ce n’est évidemment pas simple techniquement et encore moins socialement et politiquement.
Pourtant, si les mesures étaient prises lorsque cela s’avère nécessaire ou indispensable, on ne se retrouverait pas, comme aujourd’hui, face à une montagne de problèmes et de blocages que pratiquement aucune réformette proposée par la Gauche et la Droite ne peut soulevée.
Pour autant, la réforme pour la réforme, celle qui casse tout n’est pas meilleure.
La réforme doit être légitime, c’est-à-dire qu’elle s’attaque à un problème réel, qu’elle soit juste et équilibrée, utile et adaptée.
Car, parfois, après tant de rendez-vous manqués, le pouvoir politique qui, dans un sursaut de dignité, prend le taureau par les cornes, propose un remède de cheval qui détruit plus qu’il ne construit avec, en sus, une population déboussolée et craintive dont la réponse est de refuser tout changement même celui qui est absolument nécessaire.
Tout cela vient d’abord d’une cécité et d’une incompétence du politique mais surtout d’un manque de courage.
Dans une démocratie républicaine représentative, les élus sont sensés prendre des mensures pour le bien de leurs électeurs et afin de répondre aux multiples défis qui se posent sans cesse dans un monde où, rappelons-le, ce qui ne bouge pas meurt, qu’il soit ou non mondialisé ou globalisé.
Le rôle du politique est également pédagogique. Il faut expliquer, réexpliquer et expliquer encore les enjeux et comment les résoudre favorablement.
Bien sûr, la population n’est pas exempte de reproches. Tous les sondages montrent qu’elle est consciente qu’il faut des réformes mais, à chaque fois que le politique se met à réformer, la voilà hostile et solidaire de tous les corporatismes.
Du coup, l’immobilisme est de rigueur.
Il est justifié, aux yeux des politiques, par la défense les (passe)droits acquis de leurs électeurs (qui disent la même chose).
Rien n’est plus faux.
En s’arque-boutant sur ces soi-disant droits acquis, non seulement on bloque la société lorsque ceux-ci sont un frein au progrès et à la croissance mais cette attitude les détruits tôt ou tard, souvent trop tard pour réformer la société dans de bonnes conditions et assurer la persistance de la partie légitime de ces avantages à leurs bénéficiaires.
Dès lors, ces droits ne sont plus acquis mais disparaissent bel et bien.
La réforme n’est pas une posture pour changer les choses pour le plaisir.
Elle répond simplement à ce qu’est la vie, un mouvement perpétuel où tous ceux qui ont tenté de l’arrêter ont été balayés, un jour ou l’autre, par l’histoire.
Oui, il nous faut une (vraie) réforme fiscale, une (vraie) réforme des dépenses publiques, une (vraie) réforme de l’assurance-maladie, une (vraie) réforme du marché du travail, une (vraie) réforme de l’éducation ainsi que de nouvelles approches du vivre ensemble, de la solidarité nationale, de l’intégration européenne, de la place de la France dans le monde.
Et cette liste est loin d’être exhaustive…
Si nous avions fait ces réformes et ces adaptations dans le temps, en s’attaquant aux problèmes les uns après les autres, nous ne serions pas devant ce mur gigantesque de la réforme qui crée une atmosphère anxiogène enveloppant toute une communauté nationale transie par l’effort à accomplir d’autant qu’elle n’en voit pas la légitimité.
En outre, le résultat politique de l’immobilisme est ravageur.
Si, au lieu d’assurer leur confort et leur réélection, les élus de la république avaient agi, comme c’est leur devoir lorsqu’ils acceptent des mandats électoraux, ils ne seraient pas aussi peu appréciés qu’ils le sont actuellement.
Et l’on ne verrait pas les extrémistes, les populistes et les poujadistes de tout bord en profiter pour monter dans les sondages, pour occuper la rue et pour contester l’existence même de la démocratie républicaine.
Bien sûr, cela n’est pas forcément mieux ailleurs.
Est-ce que cela est une consolation?!

Oui, nous devons mettre en place ce «réformisme permanent» avec les outils que le Centre et le Centrisme proposent depuis longtemps, avec ce principe de juste équilibre qui seul peut permettre de faire accepter les réformes puis de les faire réussir.

mardi 19 novembre 2013

Actualités du Centre. Italie – Nouveau parti au centre-droit

Angelino Alfano, vice-président du Conseil vient de créer un nouveau parti de centre- droit baptisé «Nouveau centre-droit» né d’une scission du parti de droite «Peuple de la Liberté» dirigée par Silvio Berlusconi qui vient, de son côté, de relancer son mouvement Forza Italia.
Cette scission et la création du «Nouveau centre-droit» vient de ce qu’Alfano a décidé de continuer à soutenir la coalition gouvernementale dont il est membre alors que Berlusconi, lui, a décidé de faire le contraire le 27 novembre prochain s’il perd son siège de sénateur après un vote de la chambre haute suite à ses multiples condamnations par la justice qui demande cette sanction.
Outre cinq ministres présents dans le gouvernement dirigé par le socialiste Enrico Letta, le nouveau parti du Centre compte 57 députés.
A noter que certains observateurs estiment que la création de ce nouveau parti pourrait n’être qu’une manœuvre politicienne afin de permettre aux deux hommes très proches de pouvoir ratisser large lors des prochaines élections et de revenir au pouvoir sans la Gauche.

D’ailleurs, Angelino Alfano a déclaré que son parti demeurerait fidèle à la coalition mise en place pour sortir le pays de la crise politique et économique mais qu’il serait également l’allié de Forza Italia…

Actualités du Centre. Hervé Morin et la difficulté d’exister entre Bayrou et Borloo

Depuis sa bérézina de l’élection présidentielle où, crédité de 1% des intentions de vote, il n’avait pas pu obtenir les 500 signatures nécessaires pour se présenter là où un Jacques Cheminade y avait réussi, Hervé Morin a beaucoup de mal à exister politiquement.
Il a été obligé d’accepter la création de l’UDI par Jean-Louis Borloo – les deux hommes ne s’apprécient guère – sous peine de voir ses troupes le déserter, une union où le Nouveau centre qu’il dirige n’en est qu’une composante parmi d’autres et où il a été relégué aux seconds rôles.
C’est pourquoi il a été un des principaux promoteurs de l’Alternative réunissant l’UDI et le Mouvement démocrate, espérant que le duel annoncé Bayrou-Borloo lui serait favorable d’une manière ou d’une autre.
Mais sa voix demeure quasiment inaudible et il doit, à périodes répétées, tenter de faire le buzz médiatique.
Il l’avait déjà fait en critiquant ouvertement l’intervention française au Mali, se trouvant en porte-à-faux de la très grande majorité des leaders du Centre et de la Droite.

Il vient de récidiver en demandant le départ de François Hollande de la présidence de la république, une déclaration que l’on s’attendrait plutôt à trouver dans la bouche d’une Marine Le Pen que d’un centriste, défenseur intransigeant de la démocratie républicaine représentative et donc de la légitimité des élections et du choix des Français.

lundi 18 novembre 2013

Actualités du Centre. Etats-Unis – Les sondages pour 2016 donnent un net avantage aux possibles candidats centristes

Que ce soit Hillary Clinton (démocrate) ou Chris Christie (républicain), les possibles candidats au centre de l’échiquier politique pour la prochaine présidentielle de 2016 sont plébiscités par les Américains comme vient de le signifier de nouveaux sondages et après que la victoire nette du second nommé à l’élection de gouverneur du New Jersey (Etat pourtant fortement démocrate) ait démontré sa capacité à rassembler au-delà de son parti, ce qui sera absolument indispensable à tout républicain qui souhaite devenir le prochain président des Etats-Unis.
Ainsi, selon un sondage de l’université de Quinnipiac, si Hillary Clinton était opposée aux candidats de la droite ou de l’extrême-droite du Parti républicain, elle l’emporterait haut la main dans tous les cas de figure alors que si elle était opposée à Chris Christie, elle ferait jeu égal avec lui (42% des intentions de vote contre 43%).
A noter, tout de même que ce sondage a été réalisé après la victoire de Chris Christie dans le New Jersey et qu’un autre sondage réalisé pour la chaîne NBC News donne dix points d’avance à Hillary Clinton sur Chris Christie (44% contre 34%).

Rappelons que ni Hillary Clinton, ni Chris Christie ne se sont déclarés pour l’instant candidats à la candidature de leurs partis respectifs même si les observateurs politiques estiment que les deux personnalités devraient, sauf accident de parcours, être sur la ligne de départ de la présidentielle de 2016.

mercredi 13 novembre 2013

Une Semaine en Centrisme. Etats-Unis – Les centristes républicains veulent relever la tête

Pour les élections législatives de mi-mandat en 2014, les républicains modérés ont mis en route une campagne pour discréditer et se débarrasser des élus les plus à droite du parti, ceux qui bloquent toutes les initiatives et qui par leur extrémisme irresponsable mettent à mal les institutions américaines mais empêchent également le Parti républicain d’avoir une chance de remporter la majorité au Sénat et de pouvoir espérer gagner les élections présidentielles.
Les derniers événements où un petit groupe d’activiste d’extrême-droite a presque réussi à empêcher le gouvernement de fonctionner correctement et de faire face aux engagements du pays a été un révélateur surtout que les Américains estiment que le Parti républicain est le premier responsable des dysfonctionnements de Washington.
Il faut donc que ce dernier réagisse vite en prévision des joutes électorales qui s’annoncent mais aussi pour ne pas perdre définitivement son âme forgée au fil des ans par des Abraham Lincoln, Theodore Roosevelt et quelques autres grands présidents républicains.
Que ce soit à l’intérieur du parti ou au Congrès, des élus et des candidats centristes mènent donc une bataille violente contre les factions extrémistes avec, souvent, l’aide financière des entreprises principales donatrices qui se sont aperçues que les élus qui les composent, en particulier ceux du Tea Party, n’avaient aucune envie de faire en sorte que le pays aille mieux s’il leur fallait composer avec les démocrates, pire selon eux, avec leur ennemi honni, Barack Obama, sur fond de racisme latent.
De même, ils préfèrent perdre les élections (estimant qu’ils les gagneront un jour quand le peuple sera enfin capable de comprendre leurs positions…) que de sacrifier leurs combats d’arrière-garde.
Deux initiatives récentes de ce que l’on appelle aux Etats-Unis «l’establishment républicain» composé par les principaux chefs ainsi que par les conservateurs modérés tentent de faire le ménage.
C’est le cas de celle mise  en route par l’ancien représentant de l’Ohio, Steve LaTourette qui, fort d’un budget de huit millions de dollars, diffuse des spots à la télévision dirigés contre ce qu’il appelle les «Senate candidates hall of shame» (les candidats au Sénat membres du temple de la honte en référence à tous les «halls of fame», temple de la gloire ou de la renommée, qui honorent les plus grands dans de nombreuses disciplines surtout sportives mais pas seulement).
Ceux-ci sont, entre autres, Todd Akin du Missouri, célèbre pour avoir expliquer qu’une femme qui subissait un «viol légitime» avait le pouvoir de ne pas tomber enceinte (une thèse extravagante afin de combattre les avortements même en cas d’agression sexuelle) ou Christine O’Donnell dont une des professions de foi de candidate avait été d’affirmer sans rire qu’elle n’était pas une «sorcière» sans oublier ses déclarations sur le fait que le viol était «une volonté de Dieu».
Devant tant d’obscurantisme, Steve LaTourette espère réveiller la conscience des électeurs républicains et leur faire comprendre que ces élus sont une menace même pour l’avenir du parti.
Selon lui, «la tentative de l’extrême-droite de purger le GOP (Grand old party, surnom du Parti républicain) des gens qu’ils estiment ‘imparfaits’ doit cesser. (…) Pour la première fois, il y aura un groupe représentant l’aile responsable du Parti républicain qui ne fera pas seulement que se défendre mais qui mènera l’offensive».
De son côté, la sénatrice du Maine, Susan Collins a décidé de faire vivre dans la durée le groupe «bipartisan» modéré «common-sense coalition» (coalition du bon sens) qu’elle avait créé avec le sénateur démocrate de Virginie Occidentale, Joe Manchin, lors des blocages idéologiques au Congrès de ces derniers mois qui avaient abouti aux coupes budgétaires automatiques et avait failli provoquer le défaut de paiement de l’Etat.
Le groupe qui avait négocié la sortie de crise regroupe seize élus qui veulent garder le contact et œuvrer pour des solutions négociées et consensuelles.
Tout cela couplé avec la réélection dans un fauteuil du républicain modéré, Chris Christie (et possible candidat à la candidature républicaine pour la présidentielle de 2016), à son poste de gouverneur du New Jersey, Etat très majoritairement démocrate, redonne espoir aux républicains centristes que leur parti n’est pas en train de se marginaliser pour les décennies à venir et qu’un retour vers le juste milieu (à défaut, pour l’instant du juste équilibre) est possible dans un avenir pas trop éloigné.
Ce serait évidemment une bonne nouvelle pour le Parti républicain mais aussi pour la démocratie américaine.
Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC

samedi 9 novembre 2013

Vues du Centre - La Chronique de Jacques Rollet. A propos de l’Alternative

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jacques Rollet, chroniqueur régulier sur Le Centrisme est politologue, auteur de plusieurs livres dont Tocqueville (Montchrestien 1998), Religion et politique (Grasset 2001), La tentation relativiste, DDB, 2004), Le libéralisme et ses ennemis (DDB, septembre 2011).

L’accord signé entre le président de l’UDI et le président du MoDem ne peut que réjouir tous ceux qui aspiraient à une réunion des Centres depuis la fin de l’UDF due à François Bayrou …On peut espérer que cette alliance sera durable, ce qui cependant, n’est pas garanti, les ambitions présidentielles du président du MoDem étant semble-t-il, intactes. Un certain nombre d’élus UDI ne sont pas ravis de cette introduction de la brebis galeuse qui a voté François Hollande.
Notre propos n’est pas d’épiloguer davantage sur cet évènement mais plutôt de réfléchir à l’absence maintenue de réflexion de fond sur l’identité philosophique du Centre, problème que nous avons déjà évoqué dans des chroniques précédentes. Deux points me semblent poser problème dans le texte du protocole signé par les deux partis: qu’en est-t-il de l’humanisme républicain dont se réclament les signataires? Quelle est cette social-démocratie avec laquelle on déclare pouvoir s’allier éventuellement?
Signalons avant d’exposer notre point de vue qu’une affirmation préalable du texte nous pose problème: il est déclaré que l’alliance a lieu parce que la situation est grave dans le pays, ce qui signifie qu’elle est conjoncturelle alors que selon nous elle doit avoir lieu en tout état de cause: le Centre doit être unique ou ne pas être, sinon c’est qu’il n’a pas de véritable identité…
Mais venons-en au premier problème. Affirmer l’humanisme  et le déclarer identique à la République, c’est très bien mais cela reste flou. J’en veux pour preuve le fait que rien n’est dit sur le rôle négatif joué dans la vie politique française par le vote de la loi sur le «mariage» homosexuel. Faut-il rappeler que le mariage civil en France est une institution et non pas seulement la consécration de deux désirs subjectifs… C’est le mariage républicain qui est mis en cause par cette loi voulue par la Gauche. Le mariage est l’union reconnue d’un homme et d’une femme constituant alors une cellule de la société et donnant naissance à des enfants. C’est tout cela qui est mis en cause totalement par cette loi même si on s’acharne à le nier. Il faudrait bien mesurer le poids de la déstabilisation institutionnelle créée par cette loi. Le doute a été institué par les politiques qui ont voté ce texte, doute portant sur la confiance qu’on peut faire aux élus qui doivent respecter les bases de l’anthropologie et non pas la déstructurer. Un certain nombre de députés et sénateurs centristes ont voté cette loi, ce qui nous semble ahurissant si on considère que le Centre doit incarner l’équilibre et la sagesse politique au sens de la prudence aristotélicienne.
Le deuxième point problématique réside dans le rapprochement jugé possible avec la vision social-démocrate de la société. L’impasse dans laquelle se trouve la France est précisément due à la conception de l’Etat-Providence que développe cette famille politique. C’est bien l’Etat-Providence qui est en crise financière mais également idéologique: prendre de l’argent aux citoyens essentiellement de la classe moyenne pour le donner à d’autres de façon automatique et bureaucratique est tout le contraire d’une véritable solidarité qui doit être un rapport visible entre personnes. L’assistanat se généralise en France et explique une grande part de la dette française: les dépenses publiques représentent en France 56% du PIB contre 46% en Allemagne: cherchez l’erreur. Or les Allemands ne vivent pas moins bien que les Français. C’est bien la social-démocratie ainsi comprise qui est en fin de course. Il serait bon que les centristes le comprennent, ce qui est le cas d’élus comme Jean Arthuis et Christophe Lagarde.
On aura compris, je l’espère, qu’il y a un énorme travail de réflexion et de mise au point à faire au sein de l’Alternative. Bon vent tout de même!
Jacques Rollet.


vendredi 8 novembre 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le Centre centripète ou centrifuge?

Le Centre centripète (se rapprochant du centre) ou centrifuge (s’éloignant du centre)?
Le Centre juste milieu ou juste équilibre?
Le Centre fusion (tous les partis se fondent en un) ou agrégation (l’ensemble des partis se réunissent tout en gardant leurs personnalités respectives)?
Trois questions existentielles qui sont au cœur même de l’identité du Centre et des valeurs du Centrisme.
C’est sans doute pourquoi des discussions sans fin ont lieu entre les centristes mais pas seulement et que les divisions perdurent.
Mais tout cela, en réalité, repose sur des confusions parfois entretenues exprès par ceux qui préfèrent par opportunisme naviguer dans le flou.
Ces confusions sont réapparues lors des discussions pour créer l’Alternative entre l’UDI et le Mouvement démocrate.
Elles n’ont pas été totalement évacuées si l’on en juge par les polémiques qui continuent d’exister depuis que la charte de cette organisation «coopérative» a été signée par Jean-Louis Borloo et François Bayrou.
En réalité, rien de très compliqué dans tout cela.
A la première interrogation, la réponse est que, concernant sa pratique politique, le Centre doit être à la fois centripète sur ses principes et ses valeurs et centrifuge quant à ses alliances (quelles soient à droite ou à gauche).
A la deuxième interrogation, la réponse est que, concernant son positionnement politique, le Centre doit être au centre parce qu’il a vocation à réunir le plus possible (juste milieu) et du Centre parce qu’il a vocation à gouverner pour le plus grand bien de tous sans exception (au nom du principe du juste équilibre).
A la troisième interrogation, la réponse est que, concernant son organisation politique, le Centre doit être fusion quant à au programme électoral qu’il propose aux citoyens et agrégation pour ce qui est des différentes sensibilités qui s’en réclament.
Si tel était le cas alors les polémiques stériles et sans fin sur le centre allié naturel ou non de la droite, juste milieu ou juste équilibre, parti unique centralisé ou une confédération de partis, cesseraient et feraient place à la vraie construction d’une vraie alternative à la Gauche et à la Droite.

Si tel était le cas, les centristes seraient enfin parvenus à maturité…

mercredi 6 novembre 2013

Vues du Centre – Jean-François Borrou. UDI: le désespérant cas Borloo

 Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes et qui collaborera épisodiquement à cette rubrique. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

Pour tous ceux qui étaient à la Maison qui n’a de Chimie que le nom pour la conférence de presse Borloo-Bayrou qui a lancé officiellement l’Alternative (que nous préfèrerons à «UDI-MoDem: le Centre, l’Alternative»!), il a été patent que l’alchimie «borloéenne» n’a, une nouvelle fois, pas prise.
Non seulement celui-ci a été hésitant et verbeux mais, plus grave, si l’on devait parler de dominant-dominé dans le nouveau couple politicien, Bayrou a été le premier nommé et Borloo le deuxième.
Qu’est-ce qui fait que Jean-Louis Borloo lorsqu’il semble sur le point de remporter un triomphe incontestable est incapable de garder la main et apparaît presque comme un looser contesté ce qui fait la joie des manieurs de bons mots dans les rédactions parisiennes?
Car ce n’est pas la première fois qu’il est dépassé par les événements qui pourtant lui sont favorables.
Rappelons-nous comment il s’est lamentablement fracassé alors que le poste de premier ministre de Nicolas Sarkozy lui tendait les bras, lui qui avait patiemment tissé sa toile pour l’obtenir, incapable de faire face aux attaques perfides de ses adversaires.
Rappelons-nous encore la création même de l’UDI où il a réussi à fédérer la plupart des petites chapelles centristes qui venaient de se prendre deux terribles vestes à la présidentielle puis aux législatives et qui n’avaient d’autre choix que de se mettre en rang derrière Borloo.
Et pourtant, un an après ce succès, il a été incapable de créer un vrai parti centralisé comme il le souhaitait et les chapelles demeurent toujours aussi vivantes et vivaces, fragilisant constamment son leadership.
Même ses menaces de démissionner ou ses lettres comminatoires à ses «alliés» s’il n’était pas reconnu à sa juste valeur n’ont donné aucun résultat tangible.
Et puis, quand la crise a éclaté à l’UMP entre Copé et Fillon, il a été incapable d’en tirer partie et de renforcer l’UDI ce qui semblait pourtant une évidence à tous les observateurs.
Sans oublier la litanie des petits échecs dont nous ne rappellerons que les récents avec la création d’un «contre-gouvernement» qui a été un flop, ses propositions pour sortir la France des difficultés, nouveau flop, ses appels à un nouveau gouvernement voire à de nouvelles élections, encore et toujours un flop alors même qu’un espace politico-médiatique lui était grand ouvert avec les échecs du gouvernement et les errements de l’UMP.
Ceux qui pensent qui n’a pas la stature – et qui sont plus nombreux dans son camp que parmi ses opposants politiques, n’est-ce pas monsieur Morin! – ont du être ravi de cette conférence de presse où Bayrou a accaparé la parole pour se vendre et justifier à son avantage son ralliement à Borloo alors que l’on s’attendait à l’inverse.
A une question d’un confrère, il n’a même pas été capable d’affirmer sans hésitation que l’Alternative était au centre-droit, ce qui pourtant était une condition sine qua non pour une union avec Bayrou (qui lui a affirmé que ce n’était pas la réalité, agressant même verbalement un journaliste de France 2, et qui buvait du petit lait!) et alors même que tous les autres leaders de l’UDI ont répété en litanie ces derniers jours que c’était le cas, saluant même le retour du président du MoDem dans le giron de cette nébuleuse politique!
Quand François Bayrou parlait, il acquiesçait de la tête comme celui qui est d’accord avec le chef.
On a eu alors en tête toute la campagne de communication de Bayrou ces dernières semaines pour accélérer le mouvement de réunion des partis centristes et en apparaître, non pas comme le grand perdant, mais comment le vrai gagnant.
Et on s’est aussi souvenu de Borloo appuyant avec force sur la pédale de frein pour éviter de se faire «manger» médiatiquement par son nouveau compagnon.
Notons, tout de même, que cette impression négative a été légèrement estompée lors du 20 heures de TF1 où les deux hommes étaient invités pour parler de leur union.
On sentait Borloo plus agressif, plus mordant qui a du se rendre compte de ce qui s’était passé quelques heures auparavant à la Maison de la Chimie.
Un peu tard?

Jean-François Borrou

mardi 5 novembre 2013

Refondation du Centre. «UDI-MoDem: le Centre, l’Alternative» se veut une «organisation coopérative»

Or donc les bans ont été publiés et voici le contrat de mariage entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou, un document de trois pages qui fixe les règles entre les deux formations centristes, l’UDI et le Mouvement démocrate.
Rien de très révolutionnaire par rapport à ce qui était prévu si ce n’est que le texte est plus long et que l’on a essayé de synthétiser les différences pour les transformer en convergences.
Exercice pour le moins difficile qui n’est pas vraiment atteint ce qui donne un verbiage parfois indigeste, parfois totalement illisible.
Rien que la forme et la dénomination de cette «organisation coopérative» (sic!), «UDI-MoDem: le Centre, l’Alternative» (resic!) ne sont pas d’une clarté et d’une simplicité évidente.
Cependant, l’important est plutôt à rechercher dans les affirmations sèches telles que «Nous condamnons la politique suivie par la majorité actuelle et le gouvernement», «L’alliance avec le PS est impossible», «La droite républicaine, en ce qu’elle est fidèle aux valeurs humanistes, est notre partenaire naturel».
Ici, c’est clairement Jean-Louis Borloo qui a dicté la nouvelle règle centriste à François Bayrou.
Quant à la forme de cette union, cette fameuse «organisation coopérative» qui doit être «une forme politique nouvelle à inventer qui respecte et fédère des sensibilités politiques différentes», elle contentera François Bayrou, laissant à chacun une latitude dont on verra à l’usage si elle ne porte pas en germes une séparation finale dès que les difficultés surgiront à propos de lignes politiques fondamentales même si les signataires de la charte précisent que «nos idées nous unissent, nos valeurs n’ont jamais cessé d’être les mêmes, nos convictions aussi» et que seule la «bipolarisation» est responsable de leurs divisions passées.
Enfin, notons que cette union centriste se fait en rapport avec la situation de la France selon les termes de la charte, ce qui laisse penser qu’elle se situe plus dans la réaction que dans l’action et que le rapprochement a été rendu possible parce qu’il est «contre» (le gouvernement et le président de la république actuels) plutôt que «pour» (un projet et un programme politiques).
Il reste donc du chemin à faire pour qu’elle devienne le terreau d’un espoir politique à vocation humaniste.
Bien entendu, ce ne sont que des mots et l’essentiel sera, dans les semaines et les mois qui viennent, les actes (notamment en termes de projet) pour savoir s’il s’agit d’un événement seulement médiatique ou à vraie portée politique.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

Une Semaine en Centrisme. Refondation du Centre: les centristes n’auront plus d’excuses

Ainsi donc les centristes (la quasi-majorité d’entre eux) se sont réunis.
Certes, il en reste encore quelques uns dispersés, à l’UMP, dans quelques micro-formations, aux Radicaux de gauche et au même au PS mais le gros des troupes se trouvent désormais dans la nouvelle alliance entre le Mouvement démocrate et l’UDI, elle-même confédération de plusieurs partis.
Cette alliance a décidé de se positionner au centre-droit et comptera deux chefs de file au moins, Jean-Louis Borloo et François Bayrou mais Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde, voire Jean-Christophe Fromantin s’il ne claque pas la porte et quelques autres, restent à l’affût et ne laisseront certainement pas les deux premiers la préempter sans se positionner pour les combats électoraux futurs.
Reste que désormais réunis les centristes vont pouvoir enfin se compter et ne plus pouvoir mettre sur le dos de la désunion et de l’éparpillement leurs insuccès ou leurs échecs.
Autant dire que les partis centristes jouent gros.
Mais la tâche n’est pas simple.
S’ils doivent, bien entendu, convaincre les électeurs de leur capacité à représenter une force politique et électorale capable de nouer des alliances et de gouverner sans compromissions de leurs idées et de leurs valeurs, il leur faudra également convaincre tous les récalcitrants qui, au Mouvement démocrate et à l’UDI, estiment que cette alliance n’est pas souhaitable.
Cela passe, évidemment, par un projet politique et des programmes électoraux et pas seulement par un positionnement dans l’opposition au président de la république actuellement en place et à son gouvernement.
Cela passe également par des leaders, sinon charismatiques, au moins politiquement reconnus et non pas seulement appréciés pour leur personnalité.
Ainsi, le hiatus dans les sondages à propos de Jean-Louis Borloo et François Bayrou est assez inquiétant.
L’appréciation des hommes, qui est haute, est contrebalancée par une appréciation sur leur capacités politiques qui, elle, est plus que mitigée.
Présenter un Centre et des centristes crédibles est donc le premier challenge de cette nouvelle alliance qui doit, dans le même temps, colmater les fissures qui sont apparues en interne avant qu’elles ne deviennent des fractures.
La nouvelle union a six mois pour cela et plus d’excuses pour se cacher derrière en cas d’échec de son entreprise.
Car les résultats des municipales et des européennes en 2014 démontreront, au-delà des simples chiffres qui seront malgré tout importants, s’il existe une dynamique en vue de 2017.
C’est elle qui sera l’élément essentiel. Son absence pourrait tout remettre en cause plus vite qu’on ne le pense.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC

samedi 2 novembre 2013

L’Humeur du Centriste. UDI: un Bayrou de gagné pour un Fromantin de perdu?!

La division semble être définitivement dans les gènes des centristes.
Ainsi, alors que le Mouvement démocrate et l’UDI vont célébrer leur mariage de raison, les amoureux déçus laissent tomber les deux futurs époux et n’ont pas de mots assez durs sur cette union.
Le seul conseiller municipal MoDem de Paris vient ainsi de décider de rejoindre les listes de la socialiste Anne Hidalgo tandis qu’à l’UDI, un poids lourd est entré en rébellion sans vouloir, pour l’instant, quitter le navire.
Ce poids lourd n’est autre que le député-maire de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin qui, de plus, est en charge du projet politique du parti de Jean-Louis Borloo!
Dans un entretien d’une clarté absolue au Figaro magazine, il déclare tout son mépris pour François Bayrou mais également pour Jean-Louis Borloo qu’il voit plutôt dans un cimetière des éléphants politiciens et dont «Les valeurs verbeuses et vides de sens mis en avant dans leur charte ne sont qu’un cache-misère qui trahit une manœuvre politicienne plutôt qu’un véritable projet d’alternance» ajoutant «Je ne suis pas intéressé par un regroupement d’ennemis d’hier… et de demain».
La charge est rude.
Par ailleurs, à propos du président du Mouvement démocrate, il explique qu’il n’a «ni envie de le voir ni envie de le connaître et que l’on a «le devoir de ne pas laisser le débat préempté par des gens pour qui l’élection présidentielle est un aboutissement personnel». Bigre.
La question est de savoir si les deux hommes vont pouvoir cohabiter dans la même structure politique mais aussi si l’arrivée de Bayrou en vaut vraiment la peine pour une UDI qui semble aussi divisée que le Mouvement démocrate sur cette réunion centriste à la va-vite.
Une UDI qui a, d’autre part, bien du mal à être unie avant d’accueillir le Mouvement démocrate, une aubaine, bien entendu, pour François Bayrou.
Car, outre les propos dissonants du maire de Neuilly, Hervé Morin a redit que si son parti, le Nouveau Centre, était partie prenante de l’UDI, il ne comptait absolument pas se dissoudre dans une entité commune comme le souhaite ardemment Jean-Louis Borloo.
Quant à ce dernier, il est toujours aussi critiqué pour son manque de courage politique par ses «amis» du Centre.
De prime abord, si l’on fait un comparatif entre Fromantin et Bayrou, force est de reconnaître que la dynamique semble plutôt être du côté du premier nommé.
D’un côté un homme jeune qui est député-maire d’une ville emblématique en ayant conquis ces mandats de haute lutte face à la machine sarkoziste.
De l’autre, un homme dont la carrière politique est déjà très longue et qui vient de subir de nombreux revers, n’ayant plus aucun mandat électif et président d’un parti en lambeaux.
On pourrait simplifier en disant que l’avenir de Fromatin est devant lui, celui de Bayrou est derrière lui.
Mais tout n’est pas aussi simple.
Fromantin est, tout autant que Bayrou, un franc-tireur qui croît en sa bonne étoile et son destin aux hautes fonctions de la république.
Ils ne sont à l’aise que là où ils dirigent et maîtrisent leur destin.
A l’intérieur de l’UDI, Fromantin n’a donc pas beaucoup d’alliés et de soutien des autres leaders (il est un des vice-présidents du parti, rappelons-le).
Et son positionnement politique centriste atypique pose problème depuis longtemps.
S’il se déclare démocrate-chrétien, il fait plus parti de sa frange droite, voire très à droite, proche d’une Christine Boutin (il était sur les mêmes positions ultras lors des manifestations contre le mariage pour tous) alors que si Bayrou est également de la mouvance démocrate-chrétienne, il est beaucoup plus proche de la tendance Jacques Delors.
Par ailleurs, Bayrou est une prise emblématique et médiatique pour Borloo (si ce n’est pas le contraire qui se passe!) alors que Fromantin ne fait pas (encore) les gros titres de la presse.
Sans oublier que dans les sondages, Bayrou demeure un des hommes politiques à la cote la plus haute (ou la moins basse, au choix….).
Quoi qu’il en soit, les propos du député-maire de Neuilly-sur-Seine font un peu tâche et ajoute à une certaine cacophonie qui préside aux «retrouvailles» des centristes.
Certains expliqueront que l’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs et ils auront raison.
D’’autres ajouteront qu’on ne peut bâtir une maison commune si nombre de ses locataires déménagent avant même leur installation et ils auront également raison.
C’est l’avenir avec ses échéances électorales qui devrait les départager définitivement.
Centristement vôtre,


Le Centriste