mardi 29 octobre 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Continuer à définir et expliquer le Centrisme

Le temps de la politique n’est pas celui des idées. De même que le temps électoral ne facilite guère l’adéquation entre l’agir et le corpus idéologique.
Ce n’est évidemment pas propre à ce qui nous occupe ici, le Centre et le Centrisme.
Cependant, au moment où plusieurs partis qui se disent centristes devraient former ensemble une union située au centre-droit, il n’est pas inutile de rappeler ces incoordinations et leurs conséquences.
 - Le Centrisme est une pensée politique autonome qui est, comme toute pensée politique, une référence pour ceux qui s’investissent en politique en son nom.
Cette affirmation signifie, concrètement, qu’aucun parti centriste n’embrasse, n’a jamais embrassé et n’embrassera jamais la totalité du Centrisme dans son agir politique.
Cependant, cela n’empêche pas un centre de recherche comme le CREC de formuler ce qu’est le Centrisme et l’adéquation ou non à celui-ci de l’action de ceux qui s’en réclament.
Et ceci même si le Centrisme ne serait pas applicable à la société contemporaine.
- Le Centrisme n’est ni de gauche, ni de droite, il est tout simplement du Centre quoi qu’en disent ceux qui souhaiteraient le tordre et le dénaturer afin de le faire coller à leurs projets personnels ou desseins idéologiques.
De ce point de vue, aucun véritable centriste ne peut adhérer à une vision qui ferait du Centrisme un appendice de la pensée de la Droite ou de celle de la Gauche.
Mais, et ceci est important à préciser, cela ne veut pas dire que des proximités n’existent pas entre la pensée centriste et celle de droite comme de gauche ou même qu’à un moment donné les proximités sont plus à droite ou à gauche.
De même, le Centrisme peut être une référence pour des personnes de gauche ou de droite modérées.
 - La demande d’équidistance faite aux partis centristes face aux partis de droite et les partis de gauche est une supercherie.
Ceci semble être la négation de ce que l’on vient de dire mais ne l’est pas en réalité.
Explications.
Si les partis de droite professent des idées plus extrêmes que les partis de gauche ne le font dans leur camp, ou inversement, se positionner à équidistance d’eux n’a strictement aucun sens pour les partis centristes.
Le Centre, quelque soit la vision que l’on en a, qu’il soit au juste milieu ou au juste équilibre n’est jamais constitué d’une moitié de droite et une moitié de gauche, il se base sur un corpus d’idées propres qui ne varient pas ou ne fluctuent pas selon le degré d’extrémismes de la Gauche ou de la Droite.
- Le positionnement politique de l’ensemble des partis de l’échiquier politique à un moment donné implique des alliances pour le Centre lorsqu’il n’est pas majoritaire à lui tout seul.
Cela signifie, d’une part, que lorsque les partis centristes ne peuvent gouverner seuls, ils doivent nouer des alliances (de même pour les échéances électorales lorsque les scrutins ne se déroulent pas à la proportionnelle).
D’autre part, les alliances des partis centristes ne peuvent être gravées dans le marbre, elles dépendent du positionnement politique des partis qui sont à leur gauche et ceux qui sont à leur droite.
Ainsi, prétendre que le Centre est l’allié naturel de la Droite ou de la Gauche est une contre-vérité.
- Ce n’est pas parce qu’aucun parti n’est exactement du Centre que le Centrisme n’existe pas.
Cette constatation vaut pour toutes les pensées politiques. Elle vient en complément du premier point développé ici. Et elle vaudrait même si aucun parti ne se réclamait du Centre ou du Centrisme.
Un dernier mot, enfin, pour dire que, au CREC, nous nous félicitons que les partis centristes soient dans une logique de réunion même si nous aurions préféré qu’elle se déroule au centre et non au centre-droit.
Car nous sommes des défenseurs et des promoteurs naturels d’un Centre et d’un Centrisme à qui l’on n’a pas besoin d’accoler d’autres qualificatifs pour exister.
Nous espérons néanmoins que cette union sera solide et qu’elle portera en elle des potentialités fortes en termes de résultats électoraux et de projet de gouvernement.
Pour autant, en tant que think tank indépendant, cela ne change rien à notre manière de travailler et de penser le Centrisme.

Notre but, à nous, est de solidifier et de fortifier la pensée centriste, de la faire partager à ceux qui en sont déjà des adeptes ou la faire découvrir à tous ceux qui le sont potentiellement ainsi qu’à des possibles électeurs des partis centristes, voire à ceux qui sont intéressés à connaître cette vision politique moderne et d’avenir dont les bases ont été posées au cours du XX° siècle et qui s’appuie sur des valeurs humanistes (liberté, respect, tolérance, solidarité), un principe (juste équilibre) ainsi que sur la reconnaissance de la responsabilité, de l’égalité et du droit à la différence de la personne comme sujet indépassable de toute communauté, tout en continuant à se modeler face à l’évolution de la société humaine grâce à sa vision réformiste et pragmatiste.