samedi 22 octobre 2005

Actualités du Centre. La place de l'UDF en France selon Maurice Leroy

Sur le Monde.fr, le député   Maurice Leroy  analyse le positionnement de l'UDF centriste dans le système politique français.
- Pourquoi n'affirmez-vous pas clairement que l'UDF est un parti centriste, c'est-à-dire ni à gauche ni à droite ? Beaucoup de gens associent votre parti à la droite, or, sur l'Europe en particulier, vous êtes loin des positions réelles de l'UMP. 
Maurice Leroy : Oui, sur les questions européennes, nous avons de fortes différences avec l'UMP, voire parfois des divergences. Nous sommes clairement pour une Europe fédérale. Nous nous sommes toujours battus pour qu'il y ait une Constitution européenne. C'est tout le sens de notre "oui" franc et massif au projet de Constitution. En ce sens, nous nous affirmons plutôt comme un parti central et non pas uniquement centriste.
- Ne pensez-vous pas que l'UDF a seulement contribué à diviser la droite jusqu'à maintenant?
Maurice Leroy : Non, pas du tout ! Sans l'UDF, est-ce que M. Martin aurait été élu hier soir à l'Assemblée nationale dans la circonscription d'Alain Juppé ? Sans l'UDF, Jacques Bélissart aurait-il été élu aussi confortablement président des Maires de France cette semaine ? Evidemment non ! Il a fallu à chaque fois un accord partenarial entre l'UMP et l'UDF. Et toute l'actualité nous montre, y compris le week-end dernier, qu'il n'est point besoin de l'UDF pour voir arriver querelles et divisions au sein même de l'UMP ! Comme les Français, je suis très attaché au pluralisme et à la diversité. Il était illusoire de penser qu'un parti unique à droite puisse espérer faire à lui seul 50 % à toutes les élections ! Il faut donc élargir l'offre politique à droite et au centre et ne pas la rétrécir.
- Les divisions internes à la droite française, disons "démocrate-chrétienne", ne sont-elles pas ridicules lorsqu'elles sont vues à l'échelle européenne ?
Maurice Leroy : Oui ! Elles sont manifestement ridicules à l'échelle européenne, mais les comparaisons sont difficiles. La France a son histoire et sa culture. Vous pouvez aussi considérer qu'avec ses 36 500 communes, la France a à elle seule autant de communes que toute l'Europe confondue. Eh bien, je souhaite bien du plaisir aux gouvernants, quels qu'ils soient, qui voudraient demain supprimer des communes. C'est la même chose pour la vie politique française. En fait, si les responsables politiques, et tout particulièrement à l'UMP, parlaient un peu moins de ce qui divise pour rassembler, cela énerverait moins les électeurs de droite.
- Notre pays paraît coincé entre les tenants du "Ne touchons à rien, tout va bien Madame la marquise" et les "Notre pays est communiste, brûlons tout". Qu'en pensez-vous? Quelles propositions pourriez-vous faire pour garder un Etat-providence tout en le modernisant et en le rendant plus efficace?
Maurice Leroy : Décidément, vive le centrisme ! Il vous faut adhérer très vite à l'UDF ! D'abord, vous y serez bien et ensuite, vous y constaterez que cela correspond tout à fait à votre attente, à savoir un projet qui tienne compte de l'économie de marché, mais une économie qui soit régulée. En vérité, comme le proposait en son temps Giscard d'Estaing, ce projet pourrait rassembler deux Français sur trois. C'est tout le projet de l'UDF, que défend François Bayrou, et sincèrement, je rêve de pouvoir faire bouger les lignes politiques traditionnelles de notre pays. Ne pensez-vous pas que nous aurions pu avoir en France, dans un même gouvernement, Raymond Barre, Jacques Delors, Valéry Giscard d'Estaing et quelques autres issus du Parti socialiste ? C'est-à-dire un parti qui serait central au sens de l'échiquier politique, qui défendrait l'économie de marché, mais une économie qui ne laisse pas la place au libéralisme pur et dur ? Malheureusement, ce que l'on voit au PS aujourd'hui est de ce point de vue bien attristant.