lundi 1 août 2011

Une Semaine en Centrisme. 2012: qu’est-ce que les centristes peuvent espérer, au mieux?


Personne ne pense, aujourd’hui, qu’à moins d’un séisme politique ou d’une situation tout à fait improbable, que le Centre puisse remporter l’élection présidentielle. Personne, même pas Jean-Louis Borloo et, peut-être, François Bayrou!
Dès lors, qu’est-ce que les centristes peuvent espérer au mieux en 2012? Et, subsidiairement, quelle est la bonne stratégie?
Au jour d’aujourd’hui, pour pouvoir espérer peser sur la présidentielle, le Centre doit avoir, au moins, un candidat.
Imaginons que ce ne soit pas le cas. Verrait-on Nicolas Sarkozy s’activer en coulisse pour négocier la renonciation de Jean-Louis Borloo et un ralliement de François Bayrou pour le deuxième tour contre des promesses de postes? Verrait-on les candidats à la candidature socialiste commencer à faire les yeux doux aux leaders centristes?
Il est donc essentiel que le Centre soit présent à la présidentielle.
Mais s’il ne peut la gagner, il peut néanmoins négocier son ralliement avant ou après le premier tour.
Le modèle est ici l’accord Mitterrand-Rocard en 1988. Pour se mettre les modérés dans la poche, François Mitterrand avait laissé entendre qu’il nommerait le chouchou de ceux-ci, Michel Rocard. Et celui-ci fit campagne pour le premier nommé.
Ce ticket gagnant est celui qui pourrait associer Nicolas Sarkozy et Jean-Louis Borloo. Le président du Parti radical n’a pas encore annoncé sa candidature. Il pourrait renoncer à se présenter contre un accord en bonne et due forme (et non contre des promesses puisque celles-ci n’ont déjà pas été tenues une fois…).
Le problème c’est que la renonciation de Jean-Louis Borloo lui serait fatale politiquement à ce stade et ne ferait sans doute pas gagner beaucoup de voix à Nicolas Sarkozy.
Il sera donc plus efficace pour le duo de négocier un ralliement et un appel au vote au deuxième tour à moins que la situation permette à Borloo de renoncer à un moment donné sans que cela ne soit interprété comme une reculade.
François Bayrou qui rêve du fauteuil de l’Elysée peut également nourrir les mêmes ambitions. Et, contrairement à ce que l’on croit, ce n’est pas avec le candidat de gauche qu’il pourra le mieux les négocier mais avec le même Sarkozy.
D’où d’ailleurs son rapprochement avec le président de la république ces derniers mois.
Cependant, contrairement à Jean-Louis Borloo, le leader du Mouvement démocrate n’a pas le choix que de se présenter au premier tour (ce que, de toute façon, il fera). Ce n’est qu’ensuite qu’il pourra appeler à voter pour le président sortant (il a annoncé qu’il y aurait un appel au vote au deuxième tour de sa part contrairement à 2007) en échange de Matignon.
Bien sûr, il n’est pas à exclure qu’il puisse éventuellement s’allier avec le Parti socialiste si celui-ci ne peut gagner qu’avec un appel au vote explicite. Reste que ce n’est pas dans la stratégie de Martine Aubry ou de François Hollande – les deux favoris pour la candidature PS - de s’allier avec les centristes. Néanmoins, n’oublions pas que Martine Aubry dirige la mairie de Lille avec les élus du MoDem…
Quant à la bonne stratégie, en ce début août, est d’affirmer, que l’on soit Jean-Louis Borloo ou François Bayrou, que l’on sera candidat et que l’on ira jusqu’au bout. Mais, elle pourrait ensuite diverger car Borloo peut négocier avant la présidentielle alors que Bayrou, lui, ne le peut pas. D’où un avantage certain, en la matière, pour le président du Parti radical fasse au président du Mouvement démocrate.
Quoiqu’il en soit, le Centre, qui totalise actuellement en 14% et 16% des intentions de vote, pourrait gagner dans l’affaire le poste de premier ministre. Si l’on y pense, ce ne serait certainement pas une défaite…

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC