lundi 31 mars 2014

Une Semaine en Centrisme. Les Français attendent une vraie politique économique centriste

Or donc François Hollande et son gouvernement ont été sanctionnés lors des élections municipales.
Les médias ainsi que la droite (et même certains socialistes en attente de postes!) ont rivalisé de mots emphatiques  pour qualifier cette défaite évidemment «historique» (si une défaite d’un club de football est qualifiée de telle, pourquoi pas celle du PS aux municipales…).
Quels que soient les qualificatifs grandiloquents utilisés, ce résultat pose une question fondamentale – outre celle sur la lutte urgente contre l’extrême-droite et sa démagogie mortifère – sur la politique économique que veulent les Français.
Ces derniers nous disent majoritairement, lorsqu’ils sont interrogés dans les sondages, qu’ils savent que le pays va mal économiquement parlant (ainsi que l’Europe dans son ensemble), qu’ils doivent faire des sacrifices, qu’ils doivent être responsables et qu’un certain nombre de réformes sont essentielles pour retrouver de la croissance économique.
Bien sûr, ils disent autre chose sur les problèmes sociétaux et politiques mais nous parions que si l’économie française croissait de 5% par an, il y aurait eu une vague rose et non bleue lors de ces municipales.
Fort bien, donc, sur le constat de plus en plus clair des Français sur les maux de l’économie française qui ne serait pas assez concurrentielle avec celle des autres pays, qui aurait pris de mauvaises décisions dans un univers mondialisé et qui a besoin de liberté dans la solidarité pour tirer vers le haut une société française en plein désarroi.
Mais, n’est-ce pas, en partie, ce que fait François Hollande et ce que faisait Nicolas Sarkozy? En un mot et avec des appellations différentes pour contenter leurs électorats respectifs, la Droite et la Gauche ne sont-elles pas condamnées à agir de la même manière?
Tout cela a déjà été dit mais la bataille politique veut que l’on tente par tous les moyens de dire que ce que fait son adversaire est nul, que l’on ferait bien mieux et qu’il n’y aura qu’à se baisser pour ramasser à la pelle les fruits de la croissance que l’on va réinstaurer, «votez pour nous!».
Les économistes, sérieux et ne vendant pas une salade idéologique de droite ou de gauche, savent que c’est totalement faux, que nous ne retrouverons pas demain une croissance forte (à moins d’une innovation technologique de grandeur impensable actuellement) et que nous devons bâtir des politiques économiques dans ce sens pour réinstaurer une croissance qui permettra, si des réformes sont mises en place, de demeurer un pays avancé.
Bien sûr, chacun d’eux à sa petite proposition qui le distingue des autres mais ils ont plus de points communs que de désaccords.
Dès lors, c’est sur ce socle consensuel que doit être élaborée la politique économique du pays.
Or, c’est déjà le cas, plus ou moins.
Si l’électorat de gauche ne s’est pas déplacé pour voter aux municipales, c’est bien qu’il ne veut pas de la politique actuelle qu’il considère comme trop à droite.
Mais c’est dans le «plus ou moins» que se trouvent les différences ainsi que dans l’européanisation indispensable des économies des pays de l’Union européenne.
C’est ici que l’on trouve la politique économique centriste, celle que réclament sans toujours le savoir les Français, cette fameuse économie sociale de marché.
Car seule une économie européenne intégrée (avec une décision politique européenne et non plus seulement un grand marché européen) que l’on pourra parler de liberté d’entreprendre et de solidarité envers les plus faibles, que l’on pourra revitaliser la classe moyenne en lui offrant de vraies perspectives et que l’on fera face à tous les coups bas de la globalisation économique tout en profitant de tous ses bienfaits, que l’on sera capable d’agir et non pas de réagir.
Quant au «plus ou moins», il s’agit aujourd’hui de mettre à bas tous les clientélismes qui sont les bases électorales de la Droite et de la Gauche pour réformer en profondeur notre appareil productif, notre fonction publique, nos finances publiques et notre système fiscal tout en donnant un élan fort à la formation et à l’innovation.
Tout cela est su mais nécessite du courage, non seulement de la part du politique, mais également de ce que l’on appelle la société civile, c’est-à-dire nous, tous les Français.
Et nous devons nous projeter dans une dynamique et non nous carapater dans une bulle où domine désormais ce fameux principe de précaution qui fait que nous disons non à tout ce qui pourrait remettre en cause notre petit confort aboutissant à ce que nos dirigeants fassent du laxisme et de la mollesse à tout va.
Seule une politique économique centriste peut nous sortir de la situation actuelle. Elle n’est ni gratuite, ni facile.
En revanche, ne rien faire serait encore plus cher et plus douloureux. Pas dans dix ou vingt ans mais demain.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


dimanche 30 mars 2014

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Pour le Centre, la bataille pour la démocratie commence maintenant

Grâce à son alliance avec l’UMP, l’UDI et le MoDem ont remporté de nombreuses mairies lors des municipales.
C’est un succès sur fond d’effondrement du Parti socialiste et de la montée du Front national.
Le deuxième tour à amplifié le mouvement avec des victoires emblématiques de Pau à Nancy en passant par Valenciennes, Laval ou Amiens.
François Bayrou a pu ainsi déclarer que l’Alternative (UDI+MoDem) était désormais le troisième parti de France en termes d’élus.
Bravo mais il ne faut pas se leurrer, la troisième force du pays n’est pas cette réunion du Centre, malheureusement, mais bien le Front national.
Tout comme en 2002 avec la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle, le nombre de municipalités qui vont être administrée pendant six ans par le parti d’extrême-droite est un coup de massue sur la tête de la démocratie républicaine.
Et pendant que Droite et Gauche se rejetaient la faute de ce phénomène particulièrement inquiétant, le Centre peut rappeler, lui, qu’il a appelé, seul, à un Front républicain partout dans le pays pour faire barrage au FN et qu’il n’a pas été entendu.
Bonjour les dégâts.
Cela ne veut pas dire que les centristes ne portent aucune responsabilité dans la montée des amis de la famille Le Pen.
L’irresponsabilité du monde médiatico-politique est globale, ce qui comprend, évidemment, les partis centristes qui ont montré ces dernières années un visage peu reluisant de petites batailles, de règlements de compte minables, de compromissions peu ragoûtantes et d’une incapacité à former une alliance avec un projet politique et un programme électoral dignes de ce nom.
Du coup, non seulement ils n’ont pas pu concurrencer le PS et l’UMP pour leur ravir les deux places de leadership de la vie politique mais ils ne sont même plus sur le podium où l’on trouve désormais le Front national.
Et la crainte est que lors des élections européennes où tous les partis vont se compter, cette situation soit encore plus évidente.
Tout cela doit amener non pas à un découragement mais bien à un ressaisissement.
Les centristes doivent être le moteur de celui-ci.
Ils doivent porter haut les couleurs de la démocratie représentative, de la liberté, de l’économie sociale de marché et du respect.
Ils doivent être en première ligne pour dénoncer la démagogie et la haine véhiculée par les partis extrémistes, ceux qui rêvent d’une guerre civile en France, d’une révolution qui détruirait le système démocratique.
Ils doivent se mobiliser à chaque instant pour porter la parole de la liberté, de la tolérance et de la solidarité, pièces maîtresses du lien social et du vivre ensemble, face à tous les poujadismes et les entreprises réactionnaires.
Ils doivent proposer un vrai plan de réformes de la société française avec courage et responsabilité pour qu’enfin la France entre dans le XXI° siècle.
Oui, le Centre a un rôle éminent à jouer dans cet après-municipales 2014.
On attend que les centristes soient à la hauteur de l’enjeu.


vendredi 28 mars 2014

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Honte aux «grands amis» du régime chinois

La Chine est un grand pays. Les Chinois sont un grand peuple. La culture chinoise est une grande culture. La Chine a donné de grands hommes à la civilisation mondiale. La Chine est redevenue la grande puissance qu’elle était et la grande économie qu’elle fut pendant des siècles.
Oui, tout cela est vrai, tout comme la Chine est aujourd’hui dirigée par un parti totalitaire et demeure la plus grande dictature de la planète (qui, plus est, en train de se réarmer à vitesse grand v).
Et que l’on ne vienne pas raconter encore une fois ce mensonge que la culture et la tradition chinoise ne s’accommode pas de la démocratie.
Hong Kong était une véritable démocratie avant que Pékin ne remette la main dessus. Surtout, Taiwan est une démocratie, ce qu’elle prouve actuellement avec le débat qui l’agite sur les menaces récurrentes de Pékin sur son indépendance et sa liberté.
Dès lors, on ne peut être qu’honteux, en tant que Français mais aussi en tant que centriste, de voir avec quel faste incongru et déplacé, le gouvernement français a reçu le chef du Parti communiste chinois et président de la Chine, Xi Jinping, celui qui s’en va dans les campagnes et les villes de son pays affirmer sans rire que Mao était le plus grand homme chinois et qu’il s’en inspire tous les jours alors que les historiens sont toujours à se demander qui a fait le plus de millions de morts, Staline ou ce grand timonier assassin, et que des prisonniers politiques croupissent dans les geôles communistes à travers le pays.
On est honteux en tant que Français quand le président de la république déroule, non seulement, le tapis rouge à monsieur Xi mais quand on voit avec quelle chaleur il lui fait visiter Versailles ou quand il lui dit que la France et la Chine sont d’accord sur les dossiers syriens et iraniens que Pékin bloque sans états d’âme depuis des années et qu’il loue l’attitude de la Chine à propos de l’annexion de la Crimée par la Russie, oubliant que le régime chinois n’a pas condamné ce coup de force mais s’est seulement abstenu au Conseil de sécurité des Nations unies et que sa répression sanglante au Tibet ne peut être décrite comme une attitude responsable contre tous les «séparatismes».
On est honteux en tant que centriste quand on entend ce même monsieur Xi vanter son «grand ami» Jean-Pierre Raffarin qui prétend défendre les valeurs du Centre et qui est devenu le principal VRP du régime communiste.
Ah oui, j’oubliais, nous sommes dans une mondialisation dominée par la realpolitik.
Alors, oui, bien sûr, il faut dialoguer et entretenir des relations diplomatiques avec la Chine, il faut même commercer avec elle et respecter le peuple chinois.
Mais, au nom de contrats juteux (qui nous font oublier que le dumping social et fiscal, couplé à un protectionnisme dur de la Chine ont mis à mal les économies occidentales), doit-on mettre à la poubelle nos valeurs, nos principes et notre lutte incessante pour faire triompher la démocratie dans le respect de la personne humaine?
Les «grands amis» de la Chine peuvent se mentir à eux-mêmes sur le fait qu’ils ne défendent pas une dictature mais parlent seulement d’un grand pays et tenter de leurrer les Français à ce propos.
Mais cela fait penser que Vladimir Poutine n’a pas forcément tort lorsqu’il affirme que les régimes démocratiques occidentaux sont devenus faibles et incapables de défendre leurs valeurs, ce qui lui permet d’en profiter, comme il l’a fait en supportant le régime scélérat syrien avec l’appui de la Chine (jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’alternative qu’entre le boucher Assad et les assassins d’Al Qaeda, c’est-à-dire aucune) et qu’il s’approprie la Crimée devant des dirigeants de l’Union européenne tremblants et prenant leurs calculettes pour savoir combien cela allait leur coûter d’avoir une attitude ferme devant l’autocrate du Kremlin.
Bien sûr, si la France se fâche avec la Chine, il y aura l’Allemagne ou la Grande Bretagne, l’Italie ou l’Espagne, voire les Etats-Unis pour la remplacer et remporter ces contrats juteux.
C’est la raison pour laquelle c’est aussi et surtout au niveau de l’Union européenne ou du G7 (Etats-Unis, France, Grande Bretagne, Japon, Canada, Italie, Allemagne) que des fronts démocratiques doivent se mettre en place et défendre les valeurs qui fondent les démocraties républicaines.
En tout cas, pour ceux qui pensent que tout ceci n’est que de la naïveté, l’important est de savoir qui nous sommes et qui nous voulons être.
Le Centre et les centristes, attachés au Centrisme, savent que rien ne peut remplacer la démocratie républicaine, même avec ses défauts.
Dès lors, la lutte contre ses ennemis est un impératif politique et moral.
D’ailleurs, comment les Hollande et les Raffarin qui s’inquiètent, à juste titre, de la montée du Front national en France peuvent s’afficher avec de si grands sourires avec monsieur Xi?


mardi 25 mars 2014

L’Humeur du Centriste. Pour le Centre, ni compromission, ni compromis avec l’extrême-droite, l’ennemie de la liberté

Les centristes sont les descendants en droite ligne des libéraux et des démocrates chrétiens avec un cousinage avec les radicaux.
C’est pourquoi ils placent très très haut la liberté ainsi que la solidarité et la tolérance entre personnes égales.
C’est pourquoi leurs adversaires sont ceux qui, à droite comme à gauche, sont les ennemis historiques de la liberté, ceux qui ont lutté contre la démocratie libérale et sociale tout au long des XIX°, XX° et XXI° siècles, à savoir l’extrême-droite et l’extrême-gauche.
Avec ceux-ci aucune compromission mais pas, non plus, de compromis.
Contre eux, toutes les alliances et tous les fronts possibles et imaginables, qu’ils se nomment républicain, démocratique ou humaniste.
C’est la raison pour laquelle il faut saluer les centristes de l’UDI et du Mouvement démocrate qui ont affirmé, dès les résultats du premier tour des municipales, qu’aucune faiblesse ne pouvait et ne devait avoir lieu vis-à-vis du Front national dont la percée est si préoccupante pour la démocratie républicaine.
Il faut saluer cette demande de front républicain consistant à faire barrage, partout, aux listes de l’extrême-droite qui sont en mesure de remporter des mairies dimanche prochain.
Car si, bien entendu, aucune alliance avec le Front national n’est possible, c’est une bataille politique qu’il faut mener contre lui au nom de la démocratie.
Et l’on ne peut être que surpris que des personnalités politiques se disant du Centre et se réclamant du Centrisme comme Hervé Morin, président du Nouveau centre et dirigeant de l’UDI, puissent se déclarer contre l’idée même d’un front républicain et d’une lutte sans faille contre ceux qui véhiculent des idées liberticides et remettent en cause les fondements de la démocratie libérale.
S’il est bien un combat emblématique des centristes tout au long de leur histoire, c’est bien celui de la défense de la liberté et de la démocratie au nom des valeurs libérales et chrétiennes.
Ceux qui tentent de l’oublier ne s’appellent tout simplement pas des centristes.

Centristement votre.

Le Centriste


lundi 24 mars 2014

Une Semaine en Centrisme. Municipales: les bons résultats de l’UDI et du MoDem légitiment-ils l’alliance avec l’UMP

Les partis centristes ont eux aussi largement profité de la déconfiture du Parti socialiste aux élections municipales avec de nombreux candidats élus ou réélus dès le premier tour ainsi que de grandes chances pour le second tour.
Que ce soit l’UDI ou le Mouvement démocrate, les résultats sont très positifs.
Evidemment, pratiquement à chaque fois où la tête de liste est centriste, c’est la constitution d’une liste d’union avec la droite, en particulier l’UMP, qui a permis ces bons scores.
Même si les personnalités et le travail accompli pour les maires sortants ont joué, il est néanmoins difficile d’affirmer ce qui se serait passé si les candidats centristes étaient partis seuls au combat et avaient eu face à eux, systématiquement, des listes UMP.
Reste qu’il est indéniable que la stratégie d’union entre le Centre et la Droite a été un succès pour ces élections où les partis centristes partaient dans l’inconnu avec la crainte de se prendre quelques belles gamelles.
Dès lors, doit-il en être de même dans le futur?
On sait que l’UDI et le MoDem regroupés sous la bannière de l’Alternative, iront tous deux seuls aux élections européennes.
Ce sera un bon moyen de répondre à cette question.
Un bon score lors de ces élections donnera une dynamique à l’Alterrnative et un poids certain dans les négociations futures avec l’UMP.
Un score décevant et l’on peut penser que l’UMP rappellera à ses «amis» centristes tout ce qu’ils lui doivent dans leurs succès aux municipales.
Mais, quoi qu’il arrive, si cette alliance qualifiée de «naturelle» par Jean-Louis Borloo a un sens électoralement parlant, il faudra également qu’elle en est politiquement parlant et que les centristes établissent rapidement un projet et un programme commun entre les deux composantes de l’Alternative puis qu’ils les confrontent au projet et au programme de la Droite.
De même, il leur faudra se poser la question de la compatibilité de certaines factions de cette même Droite.
Ainsi, la droite dure est-elle centro-compatible ou l’est-elle plus qu’une gauche social-démocrate voire un centre-gauche?
Ces questions ne sont pas anodines car elle touche à l’essentiel, à l’identité du Centre et à ses valeurs.
Ne pas confronter les idées et les programmes, les positions et les positionnements reviendrait, in fine, à ne conclure que le pire des accords électoraux, celui où l’on cherche seulement des élus et des prébendes et non un projet pour le pays.
Voyons ce qu’il en sera, déjà, des visions de chacun des partenaires sur l’Europe, l’Union européenne et le fédéralisme européen.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC

dimanche 23 mars 2014

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Approfondir la démocratie sans la détruire

Il semble qu’une remise en cause de la démocratie libérale caractérise cette deuxième décennie du XXI° siècle.
Une remise en cause interne par la conjonction d’une revendication libertario-hédoniste d’une autonomie individuelle sans borne et d’une affirmation que le système démocratique serait incapable d’accomplir de manière satisfaisante ses missions de protection du peuple en matière économique, sociale et sociétale, notamment de produire de la croissance et de l’emploi.
Une remise en cause externe avec les régimes autocratiques qui, de la Russie à la Chine en passant par l’Iran ou le Venezuela, prétendent que les règles de la démocratie libérale ne sont rien d’autres que de la faiblesse et la porte ouverte à toutes les dérives qui minent la civilisation mondiale par une culture démocratique qui serait par principe dévoyée et produirait du désordre dans tous les domaines.
Une analyse superficielle de la situation des démocraties occidentales pourraient laisser à penser que cette double remise en cause n’est pas sans fondement.
Voilà des pays riches et avancés qui sont incapables de contenter leurs populations de plus en plus revendicatives dont la défiance du fonctionnement de la démocratie augmente, accusant leurs élus d’incurie et de corruption tandis qu’elles manquent de fermeté face à leurs ennemis extérieurs.
Plus profondément, la démocratie produirait elle-même sa contestation interne notamment par le relâchement du lien social et la montée des comportements égoïstes et égocentriques d’individus qui rejettent, et le principe de solidarité et celui de tolérance, qui sont des piliers du vivre ensemble démocratique.
Ce tableau inquiétant est brandi par tous ceux qui refusent d’envisager les réformes nécessaires pour renouveler le modèle démocratique mais aussi qui s’opposent aux avancées indéniables de la démocratie actuelle dans une posture réactionnaire et passéiste.
Ce n’est pas la vision du Centre et du Centrisme.
Explications.
La démocratie n’a jamais été et ne sera jamais le système parfait. Il est le meilleur système par le compromis qu’il établi entre liberté, égalité, solidarité, tolérance mais aussi par le fait qu’il donne une prééminence à la majorité (ou des majorités) tout en garantissant les droits de la minorité (ou des minorités).
Mais, pour être pérenne, la démocratie ne doit surtout pas être un système figé qui la condamnerait à une mort certaine. Il lui faut donc se réformer sans cesse et s’adapter à la réalité du présent tout en préparant l’avenir et se reposant sur les acquis du passé.
Concrètement, la démocratie est un processus constamment en construction et en progression qui se nourrit de ce qu’il a édifié tout en approfondissant ses mécanismes et s’attaquant aux défis qui se présentent à lui.
Pour cela, il faut des dirigeants et des citoyens responsables, capables de s’appuyer sur un consensus démocratique qui ne souffre aucune ambiguïté, ce qui est de moins en moins le cas actuellement.
Or, comme l’écrivait Alexis de Tocqueville, «pour qu’il y ait société et, à plus forte raison, pour que cette société prospère, il faut que tous les esprits des citoyens soient toujours rassemblés et tenus ensemble par quelques idées principales».
Néanmoins, le fait que, tous les sondages le confirment, les Français soient très majoritairement attachés à la démocratie, à la liberté et au droit de vote, laisse de l’espoir.
Cependant ils ne doivent pas oublier que «tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité». (*) Surtout, que «l’expérience d’une vie réussie n’est pas à l’aune de la victoire, mais dans le sentiment et la conscience d’avoir été à la hauteur de ses responsabilités».
Belle maxime de Nelson Mandela qui devrait être celle de tout citoyen d’une démocratie.
Car, oui, la responsabilité nous fait réfléchir à nos actes et nous permet de ne pas faire des erreurs dangereuses ou des imbécillités que nous payons cash.
Elle est aussi, dans nos sociétés avancées du XXI° siècle, une condition sine qua non d’une démocratie approfondie qui ne sombre pas sous les coups du «chacun pour soi» et d’un consumérisme politique populiste et démagogique.
Au moment où la montée des extrêmes se confirme dans les résultats du premier tour des élections municipales, il est bon de le rappeler.


(*) citation de Victor Hugo

samedi 22 mars 2014

Une Semaine en Centrisme. L’axe gaullo-centriste Juppé-Bayrou est-il crédible?

Ils s’aiment bien, c’est le moins que l’on puisse dire.
Depuis des années, François Bayrou et Alain Juppé se font des compliments réciproques et s’affichent souvent ensemble.
Même aux pires moments des relations Mouvement démocrate-UMP, où François Bayrou n’avait pas de mots assez durs pour fustiger Nicolas Sarkozy et son comportement, Alain Juppé n’a pas déterré la hache de guerre comme le reste des responsables du parti de droite.
Et François Bayrou lui a toujours rendu hommage en louant le maire de Bordeaux et son travail ainsi qu’en faisant même alliance avec lui dans la capitale girondine, sans oublier son travail en tant que ministre de… Nicolas Sarkozy.
Pas étonnant, dès lors, que dès que le président du MoDem a annoncé qu’il comptait se présenter à Pau pour les municipales, il ait reçu le soutien d’Alain Juppé alors que l’UMP se prononçait pour une candidature d’un ses siens contre le «traitre» Bayrou.
Encore moins étonnant que ce dernier lui renvoi l’ascenseur en déclarant, après avoir affirmé qu’il ne comptait pas se présenter à la présidentielle de 2017, qu’il verrait bien Juppé en candidat unique de l’opposition droite-centre droit alors même que le maire de Bordeaux n’a rien annoncé de tel.
Et les lieutenants d’entonner le même refrain comme Robert Rochefort.
Sans doute que François Bayrou, comme l’ont noté nombre de commentateurs politiques, se verrait bien en premier ministre d’un président Juppé.
On ne se refait pas…
L’ancien premier ministre de Jacques Chirac (dont le ministre de l’Education nationale était… François Bayrou) a du, devant un tel empressement du MoDem, publié sur Twitter un démenti sur ses intentions en 2017.
Bien entendu, celui-ci est faux, Alain Juppé se verrait bien à l’Elysée mais le chemin est encore semé d’embûches (retour ou non de Sarkozy, implosion de l’UMP, crédibilité de la candidature de François Fillon, etc.).
Quoiqu’il en soit, voit-on se dessiner un axe gaullo-centriste (un oxymore pour beaucoup de centristes et de gaullistes historiques!) avec à sa tête le duo Alain Juppé-François Bayrou?
Il est évidemment trop tôt pour se prononcer mais ce rapprochement et cette alliance seraient bénéfiques pour les ambitions que l’on prête aux deux hommes.
Cela permettrait à Alain Juppé de rassembler dès le départ au-delà de son camp en crédibilisant sa possible candidature élyséenne.
Cela permettrait à François Bayrou de se poser une nouvelle fois en rassembleur et de court-circuiter les caciques de l’UDI dont Jean-Louis Borloo pour se (re)placer dans la course à Matignon (celle à la présidence de la république semblant lui être quasi-définitivement fermée).
Pourquoi François Bayrou a-t-il fait ces déclarations maintenant, juste avant les municipales et sans en avertir, semble-t-il, Alain Juppé, au risque de le gêner?
Tout simplement pour donner encore quelques gages de son appartenance à l’opposition à François Hollande et au Parti socialiste à l’électorat de droite de Pau mais aussi afin de prendre date pour l’après-municipales et l’après-européennes.
Pourquoi Alain Juppé s’est cru obliger de démentir avec vigueur?
Tout simplement parce qu’il n’est pas encore bien vu à l’UMP d’avoir François Bayrou comme soutien et que tout mouvement de sa part pour les présidentielles actuellement ne ferait qu’ajouter à la cacophonie de la formation de droite et lui interdirait, sans doute, de se poser en recours contre celle-ci justement, en étant le candidat du consensus et de la raison, sondages de popularité à l’appui.
Reste que cet axe Juppé-Bayrou peut devenir crédible aux yeux du pays demain.
Pour autant, cela voudrait dire que, soit les centristes partiront une nouvelle fois divisés à la présidentielle (si l’UDI présente un candidat), soit les centristes renonceront une nouvelle fois de partir à la mère des batailles politiques de la V° République (si l’UDI se rallie à Juppé).
Un mauvais coup pour le Centre.
Les prochains mois apporteront une première réponse, celle sur le sérieux des déclarations de François Bayrou.
En tout cas, ce possible pacte Juppé-Bayrou a beaucoup fait réagir à droite (parfois avec virulence, «Trop c'est trop, il ne s'excuse pas, il ne regrette pas, et en plus, Alain Juppé va le soutenir» dixit Henri Guaino) et a fait le buzz dans les médias.
Ce qui était, bien entendu, l’effet recherché.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


mercredi 19 mars 2014

L’Humeur de Centriste. Un Bayrou de casé à Pau ne fait pas un Borloo à l’Elysée

«A question directe, réponse directe: est-ce que j'envisage de me présenter aux élections présidentielles? Non».
Oui, c’est bien François Bayrou qui a dit sur les ondes d’Europe 1 que s’il est élu maire de Pau, il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle de 2017.
Voilà bien une bombe médiatique… dans le petit univers actuel des centristes.
Sans doute que le président du Mouvement démocrate a compris que son rêve élyséen était une chimère, lui qui n’a rassemblé sur son nom qu’un peu plus de 9% des voix en 2012.
Notons, cependant, qu’il n’a pas dit ce qu’il ferait s’il n’était pas choisi par les Palois pour être leur édile mais on peut aisément comprendre qu’incapable d’être élu devant quelques dizaines de milliers d’électeurs, il aurait beaucoup de mal à justifier la légitimité d’une candidature devant des millions…
Reste qu’en politique, François Bayrou sait plus qu’un autre qu’il ne faut jamais dire jamais.
D’ailleurs, certains commentateurs politiques ont noté qu’il avait employé le verbe «envisager» ce qui lui permet de se laisser une opportunité de changer d’avis.
D’autant qu’en politique, les déclarations et les serments passent et les comportements ainsi que les ambitions retrouvées se calquent sur la réalité historique du moment.
Une leçon que le président du Mouvement démocrate a sans doute apprise d’un de ses maîtres, Charles de Gaulle.
Car, sa vision personnelle de la situation de la France et de l’Europe qui lui fait annoncer depuis des années des catastrophes pourrait faire en sorte, si le monde ne tourne plus très rond dans trois ans, de lui redonner une image de recours à la mode gaullienne.
Comme on dit, on attendra de voir pour le croire ou encore qui vivra verra.
Au-delà de ces lieux communs, admettons cependant que cela soit le cas, que Bayrou ait vraiment renoncé à sa drogue présidentielle, ne voilà-t-il pas que le MoDem est déjà prêt à renvoyer l’ascenseur à celui qui a permis à son président d’être le favori pour le fauteuil de maire de la cité paloise, en l’occurrence le maire de Bordeaux, Alain Juppé.
Ce dernier n’a pas du tout annoncé quoi que ce soit pour 2017.
Mais au vu des démêlés judiciaires de Nicolas Sarkozy (et des sondages où les Français disent majoritairement qu’ils ne veulent pas qu’il revienne), la transparence de François Fillon et la détestation populaire de Jean-François Copé, Juppé a une sérieuse chance de pouvoir prétendre être le candidat de l’UMP, voire de toute la droite et du centre-droit où se trouve désormais, faut-il le rappeler, la formation de François Bayrou, ancien ministre de l’Education sous l’ère de Jacques Chirac de l’actuel premier magistrat de la capitale de la Gironde (et, pourquoi pas, son futur premier ministre…).
Des voies s’élèvent d’ores et déjà au Mouvement démocrate pour dire que le Bordelais serait un bon choix.
Toujours est-il que Bayrou casé à Pau serait une aubaine pour de nombreux centristes qui redoutent encore qu’il puisse être un handicap dans le développement d’un Centre unifié.
Certains d’entre eux voient même dans ce désistement de Bayrou la voie ouverte pour une candidature de Jean-Louis Borloo à la prochaine présidentielle.
Voilà qui doit faire beaucoup rire les notables de l’UDI!

Centristement votre.


Le Centriste

Actualités du Centre. François Bayrou affirme qu’il ne sera pas candidat à la présidentielle de 2017

François Bayrou a annoncé au micro de la radio Europe 1 à la question d’une auditrice, qu’il ne serait pas candidat à la présidentielle de 2017 au cas où il serait élu à la mairie de Pau lors des municipales dont le premier tour à lieu ce dimanche.
Il a ajouté qu’en devenant maire du chef lieu des Pyrénées-Atlantiques, il renoncerait à se présenter à toute autre élection, que ce soit les européennes ou les législatives.
Il n’a, en revanche, pas précisé ce qu’il ferait s’il était battu mais on peut penser que la porte des présidentielles serait alors définitivement fermée, lui qui a déjà perdu son siège de député en 2012 après une présidentielle où il n’avait pu que réunir 9,13% des suffrages au premier tour, arrivant en cinquième position.
Pour certains, ce renoncement permettrait une candidature de Jean-Louis Borloo.
Néanmoins, rien ne dit que le président de l’UDI ait envie de se présenter, ni qu’il ait les reins assez solides pour le faire.
De plus, le Mouvement démocrate semble avoir trouvé un meilleur candidat en la personne d’Alain Juppé.
Le maire de Bordeaux et ancien premier ministre d’un gouvernement où François Bayrou était ministre de l’Education, a mis tout son poids politique dans la balance pour que le président du Mouvement démocrate soit le candidat unique de l’opposition à Pau, soutenu par l’UMP.

Le soutien du MoDem à sa personne au cas où il serait candidat à la candidature serait, en quelque sorte, un remerciement d’autant que les deux hommes, Juppé et Bayrou, sont depuis longtemps proches.

lundi 17 mars 2014

Une Semaine en Centrisme. Le Centre américain va-t-il faire deux fois l’Histoire de suite?

Après Barack Obama, premier noir à occuper la Maison blanche en 2009, Hillary Clinton sera-t-elle la première femme à s’assoir dans le fauteuil du bureau ovale en 2017?
Si tel est le cas, ce sera l’occasion pour le Parti démocrate de faire deux fois l’Histoire. Mais aussi pour les centristes américains de faire coup double.
Car Barack Obama et Hillary Clinton sont tous deux indubitablement du Centre et s’en revendiquent.
Preuve, parmi tant d’autres: les attaques virulentes et incessantes de la gauche du Parti démocrate qui les trouvent «trop à droite» et celles de la droite du Parti républicain qui les trouvent «trop à gauche»!
Plus sérieusement et plus profondément, si Obama a quelque peu donné une coloration «populiste» (qui signifie aux Etats-Unis, plus proche des revendications sociales du peuple, plus à gauche) à son discours depuis sa réélection face à l’intransigeance des républicains radicaux, il n’en demeure pas moins un homme du Centre.
Il a maintes fois prouvé, par son positionnement avant et après son élection, qu’il défendait les valeurs et la vision centristes.
En ce qui concerne Hillary Clinton, elle est depuis encore plus longtemps une femme du Centre, l’ayant constamment démontré par son action politique comme première dame des Etats-Unis pendant la présidence de son mari, Bill, comme sénatrice de New York, lors de sa campagne électorale de 2008 et lors de son passage à la tête du département d’Etat dans l’administration Obama.
Les Pères fondateurs des Etats-Unis (ceux qui mirent en place le système politique et rédigèrent la Constitution) avaient dans l’idée de faire une démocratie centriste où le consensus devait systématiquement l’emporter afin d’éviter qu’un camp ne profite du pouvoir de manière outrancière et protéger les droits de la minorité par tout un mécanisme de pois et contrepoids que l’on appelle «check and balances».
Si des hommes comme Franklin Roosevelt (démocrate, gauche) ou Ronald Reagan (républicain, droite) ont réussi, comme quelques autres présidents (de même que certaines législatures dominées par la gauche du Parti démocrate ou la droite du Parti républicain), à déplacer le curseur mis en place par les créateurs de la démocratie américaine, il est vrai que c’est le gouvernement «au centre» qui l’emporte dans la durée.
Néanmoins, un gouvernement «du Centre» a été plus rare avec des personnalités comme Théodore Roosevelt (républicain) ou Bill Clinton (démocrate).
Depuis le virage à droite du Parti républicain à la fin du XX° siècle, les centristes se trouvent essentiellement au Parti démocrate où ils sont bien représentés même si l’aile droite de ce dernier (les «blue dogs», courant de centre-droit) est en perte de vitesse.
Quant à Hillary Clinton, les choses semblent se présenter sous des auspices que l’on pourrait qualifier de plus qu’encourageants.
Largement en tête tant dans les baromètres de popularité que dans les sondages d’intention de vote, elle a déjà derrière elle de nombreux supporters qui s’organisent et organisent la machine de guerre électorale même si elle n’a pas encore dévoilé ses intentions pour la présidentielle de 2016.
Ces dernières semaines, les médias ont encore un peu plus parlé d’elle puisque le temps électoral aux Etats-Unis est devenu quasi-permanent …
Quoi qu’il en soit, elle semble être, non seulement la grande favorite, mais ne pas pouvoir être battue.
Néanmoins, nous sommes encore à plus de deux ans et demi avant la prochaine élection et il peut se passer beaucoup de choses qui pourraient casser cette évidence.
Rappelons qu’en 2008, elle était l’archi-favorite de la primaire démocrate ainsi que de l’élection présidentielle et qu’elle a trouvé sur son chemin un certain Barack Obama…
De même, elle cristallise sur son nom la haine tenace de très nombreux républicains ultras, ce qui pourrait multiplier, lors de la prochaine campagne, le nombre de coups tordus, ces fameuses «boules puantes», à son encontre et dont on peut avoir un avant-goût de temps à autre.
Il faudra également qu’elle soit à la hauteur. Même si cela semble une évidence pour une femme qui maîtrise la politique comme elle, rien n’est jamais gagné d’avance dans une élection présidentielle.
Pour autant, Hillary Clinton a de fortes chances de devenir la première présidente des Etats-Unis (on ne voit pas qui pourrait, en tant que femme au jour d’aujourd’hui, avoir autant de chances qu’elle).
Et si c’est le cas, l’on sera alors assuré d’avoir une vraie centriste à la Maison blanche dont un des proches conseillers sera un autre vrai centriste, un certain Bill Clinton…
Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC

samedi 15 mars 2014

Refondation du Centre. La nécessaire clarification centriste après les municipales et les européennes

L’Alternative est bancale. Cela, nous le savions dès sa mise en place. C’était même sa marque de fabrique et il ne pouvait en être autrement puisque la refondation du Centre dont elle se veut le facilitateur est en fait, à l’origine, un simple outil de prise du pouvoir par l’un (UDI) ou l’autre (Mouvement démocrate) bord de l’espace centriste.
Ce qui est le plus gênant dans cette initiative, c’est qu’elle demeure une sorte d’union ad minima et sans lendemain au même titre que celle que deux partis passent uniquement pour une séquence électorale où ils se sentent en danger.
Mais même cette interprétation de l’accord Bayrou-Borloo semble «optimiste».
Car, comme le notait France Info récemment, l’Alternative n’existe pas dans 19 des 25 plus grandes villes françaises.
Ce qui signifie dans ces cas (et beaucoup d’autres) pas d’union entre les deux formations centristes mais, pire, qu’elles sont des adversaires.
Une hérésie si l’on considère que la charte qu’elles ont signé stipulait, «Nous nous présenterons ensemble à toutes les élections, nationales, régionales et européennes».
Ensemble, dans le langage bayrou-borlooiste ne semble pas vouloir dire la même chose que dans le dictionnaire de la langue française: «l’un avec l’autre» et non «l’un contre l’autre»…
La constitution des listes pour les européennes a été également une lutte de tous les instants et l’impression désagréable demeure que cette union, dans ce cas précis, est d’éviter une débâcle et de faire réélire les sortants.
Dès lors, on est bien dans une situation qui appelle obligatoirement une explication entre les deux «partenaires» une fois que les élections seront passées où l’on espère dans les états-majors des deux partis centristes que les électeurs seront assez indulgents pour ne pas sanctionner cet artifice assez grossier pour ne pas dire cette combine assez irrespectueuse très éloignée des valeurs du Centre.
Le porte-parole de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde estime fort justement qu’«à la sortie de cette séquence (électorale), il faudra faire le bilan. A ce moment-là, soit le MoDem clarifiera sa règle et on poursuivra l'aventure, soit on arrêtera là».
Le problème, c’est que l’on ne comprend pas pourquoi l’UDI n’a pas demandé au Mouvement démocrate de la clarifier avant les élections!
Toujours est-il que l’on est bien circonspect. Voilà deux partis qui ont beaucoup en commun, notamment une vision politique assez proche et qui devrait ainsi pouvoir nouer une alliance dans la clarté et la confiance.
Au lieu de cela, chacun avance masqué avec la volonté de prendre sans donner et de pouvoir, avant tout, contenter certaines ambitions politiques comme on l’a vu dans le duel Sarnez-Yade à Paris.
C’est vraiment dommage pour ne pas utiliser un gros mot.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

mardi 11 mars 2014

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le Centre face au fiasco de la société vis-à-vis de sa jeunesse

«No future», le slogan le plus célèbre du mouvement punk, né dans les années 1970, est-il en train de se confirmer pour cette jeunesse du XXI° siècle de plus en plus marginalisée dans les sociétés occidentales et où, en France, elle ne n’aperçoit plus d’avenir avec un taux de chômage record et un manque flagrant d’intégration de la part de la société qui semble avoir baissé les bras face à son incapacité à offrir de l’espoir à ses enfants.
Ainsi, au lieu de faire les gros titres pour ses succès et son dynamisme, la jeunesse française les fait pour son désœuvrement, pour son renoncement, pour sa violence ou pour son exil à l’étranger en quête d’une vie meilleure.
Prenons l’exemple de cette fameuse violence que l’on reproche aux jeunes. A chaque élection nationale, on ne parle que de cela et on fait évidemment de la répression un argument électoral.
Mais si, aujourd’hui, le mal être de la jeunesse s’exprime parfois de façon violente, n’est-ce pas aussi parce que la société a failli dans la tâche d’accueillir les enfants puis les adolescents en de leur permettre de grandir et développer leurs personnalités et leurs capacités dans un environnement sain sûr.
La simple énonciation de cette question fait bondir les tenants du tout répressif (surtout lorsque les échéances électorales se rapprochent…). Pourtant, elle se doit d’être posée et mérite, c’est là l’essentiel, que l’on y réponde concrètement, non pas en multipliant les centres d’éducation fermés et les déclarations fracassantes et anxiogènes mais en ouvrant grand les portes du futur à la jeunesse.
En incitant, à tous ceux ricanent à ces propos en mettant en avant cette soi-disant violence endémique qui ne cesse de progresser, à rouvrir leurs livres d’histoire pour y lire ce qu’était la violence des jeunes il y a juste quelques décennies où l’on parlait des méfaits des loubards, des voyous et autres blousons noirs tout en se rappelant qu’il y a à peine cent ans, il n’était pas du tout raisonnable d’aller se promener à la tombée de la nuit au-delà des «barrières» qui délimitait Paris de sa proche banlieue pour ne pas tomber sur des bandes de jeunes malfamées…
Ce qui n’est évidemment pas une excuse pour les violences et les incivilités d’aujourd’hui mais il est important de ne pas utiliser un discours hystérique et stigmatisant qui ne produit rien de bon et divise sur une question aussi essentielle du devenir de notre jeunesse.
Les partis centristes qui se réclament du Centrisme, qui est un humanisme intégral, devrait s’en saisir prioritairement et y donner une réponse forte, adéquate à l’enjeu et au défi qu’elle représente. Car c’est à l’accueil et à la place faite aux enfants et aux adolescents que l’on juge une société.
Cela ne veut pas dire qu’il faille faire preuve d’angélisme et d’excuser tous les actes délictueux des jeunes à cause de ce «no future» tout en accusant uniquement une société qui serait responsable de tout et n’importe quoi.
Néanmoins, se défausser de nos manquements évidents en la matière sur cette jeunesse soi-disant incontrôlable et dangereuse pour la paix civile et sociale est tout autant irresponsable et permet en présentant quelques mesures chocs de faire croire que l’on s’attaque au problème et que l’on va tout régler d’un coup de baguette magique alors que l’on ne fait que l’aggraver avec de la poudre de perlimpinpin.
Il n’est pas dans ce propos de vouloir récupérer la révolte de la jeunesse ce qui serait, à la fois, stupide et démagogique. Celle-ci a toujours existé et il est bon qu’elle continue à exister parce qu’elle remet en cause de manière salutaire un ordre établi en le faisant souvent progresser positivement.
En revanche, la société doit donner toute sa place à la jeunesse, à ses capacités, à ses idées et faire en sorte que les jeunes se sentent impliqués dans un projet global et non pas rejetés à la marge par un dédain à leur égard, par le fait que celle-ci n’est pas capable de leur trouver un emploi et par la crainte rampante de leur révolte possible avec un remake brutal et sanguinaire de Mai 68.
Et le Centre doit ainsi être à l’avant-garde de cette intégration et non d’une récupération en élaborant un plan national pour les jeunes qui doit être d’une priorité absolue dans toute action d’un gouvernement responsable.
Les partis centristes doivent aussi incorporer dans leurs rangs le plus de jeunes possibles.
Le dire est chose facile, le réaliser est beaucoup plus compliqué puisque l’on sait que le désir d’absolu et de refaire le monde de la jeunesse la porte le plus souvent à endosser des idéologies extrêmes voire extrémistes plutôt qu’à se tourner vers une vision centriste.
Il faut ainsi leur démontrer que le romantisme de la révolution est un mensonge criminel, une chimère qui ne produit rien de positif et est un fossoyeur de leurs bonnes idées et de leurs bonnes volontés.
En revanche, le réformisme permanent que prône le Centrisme permet à ceux qui veulent vraiment s’investir pour améliorer de manière significative le monde, qui souhaitent se battre concrètement pour un humanisme respectueux et cette liberté chérie dans la différence qui donne un sens à chaque existence, de trouver de quoi contenter leurs désirs et stimuler leurs forces vives.
En retour, il faut évidemment que la jeunesse se pense respectée, prise au sérieux et que ses rêves d’un monde meilleur ne se fracassent plus sur le cynisme et le manque de convictions de ceux qui nous gouvernent.
Le pire c’est de lui montrer que tout ce qu’elle propose finira dans les poubelles et les oubliettes de nos propres renoncements.
Nous avons toujours à la bouche le fait que nous bâtissons l’avenir pour nos enfants, que rien n’est plus important que de leur offrir un monde meilleur et que nous sommes prêts à tout sacrifier pour eux.
Malheureusement, ce discours est souvent creux parce que rien de concret ne vient l’étayer.
Dès lors, nous ne devons pas nous étonner que la jeunesse ressente une profonde désillusion et une grande méfiance vis-à-vis de ses aînés qui prodiguent des bons conseils que bizarrement ils ne s’appliquent pas eux-mêmes et qui ont une propension à faire la morale sans jamais se regarder dans la glace.
Sans cette implication de la jeunesse dans le projet de la société, non seulement nous nous coupons de la force la plus vive de la communauté mais nous l’enfermons dans un ghetto où s’évapore ses espérances présentes et futures.

Ne nous étonnons pas ensuite des réactions violentes de certains, de l’exil d’autres, d’une ambiance de défiance largement répandue mais surtout de ce sentiment d’être abandonné qui est, plus que tout, destructeur pour les jeunes et leur avenir mais aussi pour celui de toute la communauté.

mercredi 5 mars 2014

L’Humeur du Centriste. Le conseiller Buisson, le président et les centristes

Le président Nicolas Sarkozy n’aimait pas les centristes, tout le monde le savait.
Un de ses plus proches conseillers, Patrick Buisson, non plus.
Et ils n’ont pas changé d’avis.
Venu en droite ligne de l’extrême-droite et de ses journaux haineux, monsieur Buisson a toujours eu le plus grand mépris pour ceux qui veulent réunir plutôt que diviser, ceux qui parlent de consensus plutôt que de confrontation, ceux qui cherchent le juste équilibre avant les clientélismes.
Dans les enregistrements que ce dernier a fait en secret pendant ses cinq ans passés à l’Elysée avec Nicolas Sarkozy et qui viennent de commencer à être dévoilés dans la presse, on peut voir que les attaques contre les centristes volaient au ras de la moquette au plus haut sommet de l’Etat.
Pour Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo n’a jamais eu l’étoffe d’un premier ministrable alors qu’il lui a fait croire pendant des mois, qualifiant même sa possible entrée à Matignon de «grotesque».
Pour Patrick Buisson, un des ministres les plus «calamiteux» était Michel Mercier lorsque ce dernier était Garde des Sceaux parce qu’il n’était pas assez pressant auprès des magistrats.
Et quand Buisson discute avec son ami et publicitaire de Sarkozy, Jean-Michel Goudard, la pire insulte qu’ils trouvent pour caractériser Sarkozy est qu’il est… «giscardien».
Tout cela devrait faire réfléchir les centristes sur leurs rôles et leur utilité pour les gens de droite (comme pour ceux de gauche, d’ailleurs).
Sont-ils (ou veulent-ils être) les «idiots utiles» des partis de droite et de gauche ou doivent-ils être les adeptes d’une politique de respect et de juste équilibre qui les distingue des extrêmes?
Bien évidemment, seule la deuxième solution donne une légitimité à l’existence d’un espace centriste.
Tant que ce ne sera pas le cas, les «bons mauvais mots» sur leurs personnes continueront à fleurir dans les discussions de ceux qui, d’abord et profondément, sont leurs adversaires.
Aux centristes de savoir si ceux-ci les amusent également.
Reste que l’on n’ose pas penser un seul instant qu’ils veulent surnager dans cette boue comme si de rien n’était.

Centristement vôtre.

Le Centriste


mardi 4 mars 2014

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Chroniques d’une haine (politique) pas ordinaire

Il suffit de se promener dans nos villes pour voir les murs couverts d’affiches haineuses, la plupart du temps contre le gouvernement en place et sa majorité socialiste.
Elles sont collées par des partis d’extrême-droite mais aussi par ces fameux mouvements qui se disent «populaires» et ne sont souvent que populistes, voire séditieux, comme Jour de colère, les Bérets rouges, les Vestes jaunes et autres Printemps français.
Bien sûr, à chaque fois que la gauche est au pouvoir, l’extrême-droite déverse son fiel contre elle, comme à chaque fois que la droite est au pouvoir, c’est l’extrême-gauche qui s’y colle dans cette entreprise traditionnelle hautement… imbécile réduisant le débat démocratique à des slogans insultants et des soi-disant «bons mots».
Pour autant, l’atmosphère politique actuellement pas très saine participe de ce délitement dont cet affichage n’est en quelque sorte que l’illustration.
Sans jouer à «autrefois c’était mieux» parce que c’est totalement faux, il est non moins évident que tout cela rappelle de bien mauvais souvenirs historiques.
De leur côté, les médias participent à la curée en se délectant des attaques virulentes des responsables politiques, les uns contre les autres, qui pullulent dans les colonnes des journaux, sur les ondes radiophoniques ou à partir de plateaux de télévision.
Ils participent même à la curée, certains étant devenus de simples instruments de propagande pour un camp quand ce n’est pas contre le camp adverse avec cette mauvaise foi qui caractérise la malhonnêteté intellectuelle que pourtant doivent refuser déontologiquement les journalistes et que l’on retrouve sur les affiches précitées.
Il ne s’agit pas d’édulcorer ou d’émasculer le débat politique mais il serait de bon ton de lui donner le sérieux nécessaire avec un fond qui aurait enfin le dessus sur la forme, où le respect de son interlocuteur serait la règle et non son dénigrement systématique, où l’insulte ne serait plus l’argument principal.
De ce point de vue, les centristes ont le devoir en vertu des valeurs qu’ils défendent de demander et d’être les garants d’un débat politique assaini ce qui ne veut pas dire sans aspérité et sans défendre ses convictions néanmoins vidé de cette haine qui gangrène actuellement les fondements de la démocratie représentative.
Cette dernière ne peut exister sans la liberté de parole et d’opinion mais elle ne peut exister, non plus, sans un minimum de consensus, de compromis et de respect.

Et pour cela, il faut une classe politique responsable.

dimanche 2 mars 2014

Refondation du Centre. L’Alternative, un outil commun au service de Bayrou?

Rappelons cette évidence: l’Alternative n’a pas été créée pour sauver le soldat Bayrou mais pour sortir du marasme les partis centristes qui ne parvenaient pas à susciter une quelconque appétence auprès des électeurs.
Ce rappel est utile, à la fois, pour dire aux membres de l’UDI que l’accueil d’un Bayrou en voie de marginalisation n’était pas de leur part un geste humanitaire mais une démarche éminemment politique (voire politicienne pour certains critiques de la création de cette Alternative) et pour ne pas oublier que l’objectif réel était un deal gagnant-gagnant entre un Borloo englué dans une UDI sans dynamisme et un Bayrou à la recherche d’un nouveau souffle.
Nous avons dit ici que cette «organisation coopérative» était un «objet politique non-identifié», à la fois, d’alliance et de compétition où chacun pouvait y mettre ce qu’il voulait et s’en servir comme il en avait envie.
A ce jeu, c’est François Bayrou qui vire en tête mais les membres de l’UDI ne peuvent s’en vouloir qu’à eux-mêmes si le président de Mouvement démocrate a su utiliser cet outil mieux qu’eux pour se redonner, si ce n’est encore un avenir politique, en tout cas une visibilité médiatico-politique évidente.
Les récriminations des leaders de l’UDI (en l’absence de leur chef) sont de ce point de vue, au mieux, hypocrites, au pire, pitoyables.
Car ils savaient, dès novembre dernier, qu’ils faisaient entrer le loup dans leur bergerie déjà bancale.
Que François Bayrou soit plus malin qu’eux, mais n’était-il pas leur chef voilà peu?!
Qu’il ait réussi à imposer – pour l’instant puisque l’accord n’est pas définitivement scellé –quatre têtes de liste MoDem sur sept et la moitié des candidats éligibles pour les européennes pour le ticket commun avec l’UDI, est incontestablement une victoire pour lui.
Tout comme est une victoire l’acceptation par l’UDI de sa théorie des alliances à la carte aux municipales qui permet au Mouvement démocrate d’être l’allié ici de l’UMP, là du Parti communiste, ailleurs du Parti socialiste ou de… l’UDI!
Si cette dernière se sent flouée, elle n’a qu’à battre sa coulpe et réfléchir à son fonctionnement de confédération (ou à son faible leadership) face à un Mouvement démocrate entièrement dévoué à François Bayrou (moins les quelques dissidents qui ont rejoint les rangs socialistes).
Le risque, in fine, est que l’Alternative se disloque, ce que certains à l’UDI espèrent secrètement dorénavant.
Néanmoins, si cela survient, ni le Mouvement démocrate, ni l’UDI n’en sortiront gagnants et indemnes.
Encore moins l’espace politique centriste.
Pour autant, si les relations entre les deux bords continuent à être du même acabit, le spectacle qu’offriront les deux formations aux Français risque de les couler pour de bon.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC